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"Eh bien donc, fuis dans ton pays" (Balak 24,11)

Le Ben Ich 'Haï (Adéret Eliyahou) souligne que le terme béra’h (fuis! - ברח) est composé des mêmes lettres que le terme ‘hérev (épée - חרב).

Balak signifiait ainsi allusivement à Bilam qu’il finirait par tomber par le glaive, celui de Pin’has, comme il est écrit : "Et aussi Bil'am, fils de Beor, le magicien, que les enfants d’Israël avaient fait périr, avec leurs autres victimes, par le glaive" (Yéhochoua 13, 22).

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"Pin’has fils d’Elazar fils d’Aharon haCohen vit, se leva au milieu de la communauté et prit en main une lance" (Balak 25,7)

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°684) enseigne :
Il est dit dans le Zohar (III 237a) sur les mots : "il prit une lance" que le mot roma’h (lance - רֹמַח) fait allusion aux 248 (rama’h - רמח) membres de l’homme, et quand Pin’has s’est enflammé de zèle pour Hachem, il est passé à l’action de tous ses 248 membres.

Cela présente une difficulté, car les livres de moussar et de ‘hassidout nous disent que toute mitsva que l’homme accomplit doit être de tous ses 248 membres et 365 nerfs. En effet, les 248 membres correspondent aux 248 mitsvot positives, et les 365 nerfs correspondent aux 365 mitsvot négatives (guémara Makot 24a), qui ensemble constituent les 613 mitsvot ...
=> Dans ce cas, pourquoi Pin’has, quand il a été enflammé de zèle pour Hachem, n’a-t-il engagé que ses 248 (rama’h-roma’h) membres, à l’exception de ses 365 nerfs?

La vérité est qu’il est effectivement parti accomplir la mitsva également avec ses 365 nerfs, ce qui se trouve en allusion dans les mots "il prit en main (beyado - בְּיָדוֹ) une lance", où le mot "beyado" semble superflu, puisque Pin’has aurait difficilement pu prendre la lance avec ses pieds, alors qu’a-t-on besoin de dire "en main"? C’est que le mot "beyado" (en comptant le mot lui-même) fait allusion aux 365 nerfs, car "beyado" a la valeur numérique de "guido" (son nerf).
"Il a pris en main une lance", "roma’h" comme les 248 membres, et "beyado" pour les 365 nerfs.

Cela représente un très grand principe, à savoir qu’on doit littéralement prendre toutes les mitsvot en main et les accomplir de tout son être, c’est un aspect capital du service divin, et c’est difficile, car tout homme a par nature un peu d’orgueil, et s’il n’annule pas cet orgueil et ne se soumet pas à Hachem avant d’accomplir une mitsva, il l’exécutera de façon incomplète, car il ne l’aura pas accomplie de tout son être.

Pour annuler l’orgueil qui est en son cœur, il doit se préparer convenablement à la mitsva. Ainsi, il sait devant Qui il se tient [le Roi du monde Hachem] et il se soumettra profondément, alors que dans le cas contraire, il ne pourra pas accomplir la mitsva comme il convient, à cause de l’orgueil qui est en lui ...
Quand quelqu’un s’apprête à accomplir une mitsva, dès qu’il commence à s’y préparer il ne détournera plus son attention de la mitsva pour quoi que ce soit au monde. Toute sa pensée se portera uniquement vers elle, jusqu’à ce qu’il l’ait accomplie convenablement, car c’est seulement de cette façon, en réfléchissant à ce qu’il va faire, qu’il saura pourquoi il le fait, alors automatiquement son cœur sera rempli de soumission et il accomplira la mitsva de tout son être.
[...]

C’est pourquoi il était très nécessaire que Pin’has se prépare de tous ses 248 membres et 365 nerfs pour accomplir la mitsva de zèle pour Hachem, sans que rentre en son cœur aucune jalousie ni aucun orgueil individuels. Il s’est donc levé de l’intérieur de la communauté, a pris en main une lance, a vu l’acte et s’est rappelé la halakha. On pouvait croire qu’il avait l’intention d’enseigner une halakha devant son maître, auquel cas il aurait perdu la récompense de la mitsva. C’est pourquoi il est dit de lui qu’il l’a fait de tous ses 248 membres et 265 nerfs, tout cela uniquement pour Hachem.

"Ce peuple résidera seul" (Balak 23,9)

-> Le Panim Yafot explique cette bénédiction de la façon suivante :
Nos Sages disent que lorsque Hachem juge le monde, Il commence par juger le peuple juif avant les autres nations. En effet, cela est un moyen de juger Israël avant que la Colère Divine ne s’éveille.
Car s’Il jugeait d’abord les autres nations, à la vue de leurs fautes, la Colère Divine risquerait de s’éveiller, et quand Il jugera ensuite Israël, Il le fera avec un "fond" de colère.

Pour éviter cela, Hachem juge en 1er le peuple juif, tant qu’il n’y a pas encore de colère.
C’est en ce sens que Bil'am dit : "Ce peuple résidera seul", c’est-à-dire que quand ils comparaîtront devant Hachem pour être jugés, ils seront encore seuls. Les autres nations ne se seront pas encore présentées, et ils seront alors les 1ers à se faire juger, ce qui est une bénédiction.

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-> "Ce peuple résidera seul, il ne se confondra point avec les nations" (Balak 23,9)

Lorsque les juifs n’essaient pas de se confondre avec les autres nations, ils vivent en paix.
Dans le cas contraire, ils perdent alors toute importance aux yeux des non-juifs.
[Haémek Davar – Rabbi Naftali Zvi Yehouda Berlin]

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-> Le mot : "lévadad" (seul - לְבָדָד) a une valeur numérique de 40, pour évoquer les 40 jours pendant lesquels la Torah a été donnée à Moché.
Quand les juifs étudient la Torah qui a été donnée en 40 jours, alors ils deviennent "seuls", dans le sens qu'aucune nation au monde ne peut leur faire de mal, et qu'ils ne se mêlent pas aux nations.
Lorsque les juifs ne prennent pas en considération la culture des autres peuples, ils ne subissent aucun dommage, ni de leurs armes ni de leur influence.
=> Nous apprenons de là qu'il faut toujours préparer un "lieu de Torah" partout où nous allons, c'est notre ancre de sauvetage en tous lieux et en tout temps.
[à l'image de Yaakov qui envoya en avant Yéhouda installer des maisons d'étude en Egypte]
[rabbi David Pinto]

"Balak fils de Tsipor a vu" (Balak 22,2)

=> Qu'est-ce qu'il a vu?

-> Le Zohar explique que Bil'am s’opposait à Moché par sa force de la parole, et Balak s’opposait à Aharon par sa force de l’action.

A présent que Aharon était décédé, Balak a senti qu’il pouvait attaquer Israël. Et en réalité, il pouvait nuire à Israël par sa propre force, car Aharon n’était plus là face à lui.
Cependant, Hachem a “saboté” son plan, et dans Sa Bonté, Il lui a mis dans le cœur de faire intervenir Bil'am pour cela.
Seulement, Bilam ne pouvait pas réussir, car la force de Moché se tenait toujours contre lui.
[Sfat Emet]

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-> "Un ange du Seigneur se mit sur son chemin pour lui faire obstacle" (Balak 22,22)

-> Cette créature était un ange de miséricorde car le verset emploie l'expression "mala'h Hachem" ; ce Nom Divin évoque toujours l'attribut de bonté.
Cependant, pour Bil'am, il se transforma en une force tourmentante, mesure pour mesure.
Comme Bil'am avait voulu usurper la force de parole des Bné Israël ("La voix est celle de Yaakov - Béréchit 27,22) pour les frapper d'une malédiction, l'ange de compassion prit le rôle d'un guerrier.
"Tu as empiété sur leur domaine, aussi j'empiéterai sur le tien, celui de l'épée, comme il est écrit : "Tu vivras par ton épée" (Toldot 27,40).

Le verset poursuit en disant que l'ange se tenait sur la route, l'épée dégainée ('hérev chéloufa).
Le mot chéloufa évoque cet aspect de "mesure pour mesure" dont nous venons de parler.
Il est composé des mots : "chélo" (à lui) et "pé" (la bouche).
L'ange dit : "Tu as pris l'arme qui caractérise Israël, celle de la bouche, ainsi j'ai pris l'épée qui te caractérise".
Bil'am trouva donc plus tard la mort par l'épée, comme il est écrit : "Ils tuèrent aussi Bil'am, fils de Béor, par l'épée" (Mattot 31,8).
[Méam Loez - Balak 22,22]

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-> "Hachem s'est mis en colère car il est allé" (Balak 22,22)

Le 'Hakham Tsvi commente :
Le sens simple de ce verset est que quand Hachem vit que Bil'am partait malgré tout pour maudire les juifs, cela L'énerva. Mais on peut y voir un second degrés.
Nos Sages disent que chaque jour, Hachem se met en colère un court instant. Ceci est nécessaire pour l'équilibre du monde. De plus, Bil'am connaissait le moment où Hachem se met en colère. C'est à ce moment précis qu'il souhaitait maudire Israël, pour causer des dégâts.
C'est pourquoi, pendant toute cette période, Hachem ne se mit pas en colère, pour ne pas que Bil'am maudisse les juifs à ce moment.
=> De ce fait, pourquoi notre verset dit-il qu'"Hachem s'est mis en colère"? Cela était risqué!

En fait, nos Sages disent que quelqu'un qui marche, doit s'arrêter pour prier (la Amida), car on ne peut pas bien se concentrer quand on marche. Or, Bil'am devait beaucoup se concentrer pour identifier précisément l'instant de la colère Divine. Il ne pouvait donc pas le faire en marchant. C'est pour cela qu'"Hachem s'est mis en colère" à ce moment là sans qu'il n'y aie aucun risque.
La raison est donnée par le verset lui-même : "Car il est allé", que l'on peut aussi traduire par : "Car il a marché". Et du fait qu'il marchait, il ne pouvait pas se concentrer. Hachem pouvait donc ''profiter'' de ce moment pour appliquer la colère de ce jour-là.

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-> b'h, pour prolonger cela, cf. divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2019/10/02/10535-2

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"Car je sais que celui que tu bénis est béni et celui que tu maudis sera maudit" (Balak 22,6)

=> Si Balak est conscient de la force de bénédiction de Bilam, tout autant que sa force de malédiction, alors au lieu de lui demander de maudire le peuple juif, pourquoi ne lui a-t-il pas plutôt demandé de bénir son peuple, le peuple de Moav?

C’est que les nations qui haïssent Israël ne cherchent pas leurs propres intérêts et avantages, mais elles ne cherchent qu’à faire du mal au peuple juif.
Encore plus que d’être intéressé à être béni, ce que cherche Balak c’est surtout de maudire le peuple juif.
=> Ainsi, même si parfois par cela, les nations se causent des dégâts à elles-mêmes, ce qui compte pour elles avant tout, c’est de faire souffrir les juifs.
[Beit Rama]

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-> "Car je sais que ce que tu avais bénis était béni et ce que tu maudiras sera maudit" (Balak 22,6)

=> Pourquoi Balak a dit à Bilam "ce que tu avais bénis était béni" au passé, alors que "ce que tu maudiras", il l’a dit au futur.

Le Kli Yakar explique de la façon suivante :
C’est que Bilam le racha savait ce que voulait Hachem et regardait le mazal de chacun.
Quand il regardait le mazal de quelqu’un et voyait qu’il était béni, il s’approchait de lui pour le bénir, et celui-ci constatait que les bénédictions de Bilam se réalisaient, il lui en était reconnaissant, s’attachait à lui, et ne se doutait pas que de toutes façons ces bénédictions figuraient dans son mazal et qu’il n’avait nul besoin des bénédictions de Bilam.
Mais Balak, qui connaissait la sorcellerie et l’escroquerie de Bilam, le lui a reproché ouvertement en disant : "car je sais que ce que tu avais béni était béni" (au passé), c’est-à-dire que tu n’as pas à te vanter de tes bénédictions parce que de toutes façons les gens que tu bénissais étaient déjà bénis dans leur mazal, et ce ne sont pas tes bénédictions qui ont agi, mais je sais que ce que tu maudiras sera maudit (au futur), c’est-à-dire que toute ta grande force est seulement dans la malédiction pour nuire aux gens, c’est pourquoi je veux que tu viennes maudire Israël.

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-> "Et maintenant, viens je te prie me maudire ce peuple" (Balak 22,6)

Le Chla haKadoch (Chné Lou'hot haBrit) écrit :
L’homme doit faire très attention à ne pas dire de paroles imprudentes. Car même s’il parle sans intention, il attire la chose sur lui.
Balak a dit : "Viens me maudire", sa bouche a provoqué qu’en fin de compte, il l’a maudit.

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"J’ai reçu la mission de bénir, Il a béni et je ne puis revenir en arrière" (Balak 23,20)

=> Pourquoi Bilam dit-il qu’à présent que le peuple juif a été béni, il devient impossible de revenir sur cette bénédiction? A priori, pourquoi ne pourrait-il pas désormais essayer de nouveau de maudire?

En réalité, lors d’une des prises de parole passée de Bilam, il a adressé tellement de bénédictions au peuple juif qu’il s’est même souhaité de connaître la même fin que celle qui arrivera à Israël.
["Puisse-je mourir comme meurent ces justes et puisse mon avenir ressembler au leur" (Balak 23,10)]

=> Ainsi, si à présent il maudit le peuple juif et lui prédit du mal, il s’avérera que par cela il se maudira en même temps à lui-même, car il a déjà dit qu’il lui arrivera la même fin qu’à Israël.
Dès lors, il ne peut donc plus revenir en arrière et les maudire, car indirectement, c’est lui-même qu’il maudira.

[Ktav Sofer]

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+ " Il [Bil'ham] déclara sa parabole et dit : ... Viens maudis pour moi Yaakov, et viens éveille la colère contre Israël" (Balak 23,7)

-> Et lorsque je les maudirai, n'est-ce pas moi-même, en fait, que je maudirai? Car Avraham a reçu la bénédiction : "Celui qui te maudira, Je maudirai" (Lé'h Lé'ha 12,3).
La Torah rapporte que Bil'am a employé les mots : "lékha ora li Yaakov" (va maudire Yaakov pour moi - Balak 23,7).
Le mot "li" (pour moi) montre que Bil'am disait : "Si je maudis Yaakov, c'est moi-même (li) que je maudis".
A ce sujet, on remarquera dans la Torah que le mot "li" accompagne chaque rappel de la malédiction.
La Torah souligne que quiconque invoque une malédiction sur le peuple juif se maudit lui-même.
[Méam Loez - Balak 23,7]

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+ "Ceux qui te bénissent sont bénis et ceux qui te maudissent sont maudits" (Balak 24,9)

-> Le Méam Loez commente :
On remarquera que lorsque Its'hak bénit Yaakov, il commença par dire : "Ceux qui te maudissent sont maudits" et termina par : "et ceux qui te bénissent sont bénis" (Toldot 27,29).
Dans notre verset, l'ordre est inversé.
La raison en est que Its'hak aimait son fils , il commença donc par une malédiction afin de pouvoir terminer ses paroles sur une bénédiction.
Bil'am, l'ennemi des Bné Israël, commença par une bénédiction afin de pouvoir finir par une malédiction. En effet, les derniers mots qui sortent de la bouche d'un homme sont l'expression de sa réelle volonté.
Ainsi, parce que le racha Bil'am termina par une malédiction, chaque fois que les Bné Israël commettent des transgressions, les 9 bénédictions qu'il a prononcées se transforment en malédictions.
Cependant, comme la première concernait les synagogues et les maisons d'étude, elle reste intouchable.

[d'ailleurs, D. préserva cette bénédiction par compassion, car Il savait que grâce à elle les Bné Israël pouvaient espérer recevoir les autres (la Torah permet de connaître les lois, et donc d'être guidé sur le bon chemin. Cela évite que les autres malédictions restent en vigueur puisqu'Israël ne faute plus), car D. ne ferme les portes du repentir devant personne.]

"Israël s’installa à Chitim, et le peuple commença à se pervertir avec les filles de Moav" (Balak 25,1)

Quand le peuple juif est appelé : "Israël", cela évoque les grands du peuple. Mais l’appellation : "peuple" évoque les gens simples (la populace).
D'autre part, le terme "Chitim", vient de la racine "Choté" qui évoque la folie.

Ainsi, quand "Israël", c’est-à-dire les grands du peuple, les Sages et les dirigeants, "s’installent à Chitim", et se comportent de façon insensée (avec folie) en diminuant leur investissement dans l’étude de la Torah, alors le "peuple" les gens simples, "commencent à se pervertir".

=> L’essentiel des fautes que commet le peuple, commence par une négligence au niveau des chefs et des Sages, car ce sont eux les exemples. Quand ils se relâchent, cela entraîne une chute spirituelle au niveau du restant du peuple.
Grande est leur responsabilité !

['Hatam Sofer]

[chacun à notre niveau, nous pouvons être considérés comme "modèle" religieux (comme un sage aux yeux d'autrui, car plus pratiquant). Ainsi, si nous baissons dans notre pratique, alors nous risquons d'entraîner que ces autres personnes baissent également dans leur pratique (en effet : si lui qui est si religieux se permet d'agir ainsi, alors à plus forte raison pour moi!).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1194) enseigne :
Nos Sages (guémara Sanhédrin 106a) interprète le verset : "Israël s’établit à Chitim. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav" (Balak 25, 1) : "Que signifie à Chitim? Rabbi Yéhochoua explique qu’ils s’occupèrent de vanités (chtout), suite à quoi ils fautèrent avec les filles de Moav".
Il en ressort qu’ils commencèrent à s’investir dans de vaines occupations, lesquelles les menèrent ensuite à la débauche, ce qui corrobore un autre enseignement de nos Maîtres : "L’homme ne faute que si un vent de folie (chtout) s’est introduit en lui" (guémara Sota 3a).

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-> "Israël s’établit à Chittim" (Balak 25,1)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch écrit :
"Il faut savoir, pourquoi on nous donne cette information ... Il semble qu’elle vienne témoigner de la raison de la débauche. Elle se produisit parce que le peuple sortit se promener à l’extérieur du camp d’Israël ... Là-bas, ils trébuchèrent, et c’est ce qui est écrit : "(Il) s’établit à Chittim", à savoir à l’endroit où ils allèrent se promener en dehors du camp.
Le terme ‘chittim’ évoque la ‘promenade’, comme dans le verset (11,8) : "Le peuple se dispersa (Chattou) pour la recueillir (la manne)" au sujet duquel Rachi explique que le terme employé ‘chayate’ est un langage de promenade.
Ce fut la raison qui poussa le peuple à la débauche".

=> Ce commentaire nous enseigne combien il faut veiller à ne pas fréquenter des lieux qui sont contraires à la sainteté et en particulier à celle du regard.

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"Israël était installé à Chittim quand le peuple commença à fauter les jeunes filles moabites.
[Les jeunes filles] invitèrent le peuple à leurs sacrifices religieux ; le peuple mangea et adora les dieux [moabites]. Israël s'attacha à Baal Péor et D. s'emporta contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Le Méam Loez commente :
Avant de repartir chez lui, Bil'am dit aux anciens de Moav et Midiane :
"Sachez bien que même si vous parveniez à mobiliser toutes les armées du monde contre les Bné Israël, vous ne pourriez pas les vaincre. Etes-vous plus puissants que Pharaon qui prit 600 chars conduits par des guerriers d'élite et tous les corps de chariots accompagnés d'infanterie (Béchala'h 14,7)? Pourtant, il finit par sombrer dans la mer!
Si vous voulez sérieusement vaincre ce peuple et vous débarrasser de cette menace, faites ce que je vous conseille :
Tant que les Bné Israël accomplissent Sa volonté, Hachem combat pour eux ...
Par contre, si les Bné Israël ne Lui obéissent pas, Il les laisse à la merci de leurs ennemis.
D. exècre l'immoralité. Entraînez-les donc à commettre une faute de mœurs!

Exploitez le fait que ce peuple a vécu longtemps en Egypte, ce pays où le coton pousse en abondance.
Ils n'en ont pas vu pendant ces 40 dernières années. Tout au long de leur route, depuis la montagne de Chénir jusqu'à Beit Yéchimon, installez des tentes où des prostituées impudiques vendront du coton.
Les hommes juifs seront attirés par cette marchandises qu'ils n'ont pas vue depuis longtemps et les prostituées pourront les entraîner à la faute. Ainsi, peut-être sera-t-il possible de les vaincre".

Après avoir donné ce conseil, Bil'am rentra chez lui et Balak s'en fut de son côté.
Conformément aux instructions de Bil'am, Balak installa des étals le long de la route des Bné Israël.
A l'intérieur de chaque tente, une prostituée provocante attendait les clients. A l'entrée, des femmes plus âgées exhibaient sur leurs bras des articles en coton. Chaque fois qu'un homme israélites sortait de chez lui, rassasié et de bonne humeur, ces femmes l'appelaient pour vanter leur marchandise.
Bien que les Bné Israël aient perdu tout intérêt pour le coton, ils furent néanmoins attirés vers les tentes pour en acheter ou pour marchander. Lorsqu'ils s'approchaient, une jeune femme aguichante et couverte de bijoux apparaissait à l'entrée, les invitait à l'intérieur et engageait la conversation.
Elles disaient : "Ne sommes-nous pas issus du même ancêtre, Téra'h, le père d'Avraham? Pourquoi cette haine entre nous? Nous vous admirons et vous respectons beaucoup. Ce serait humiliant de vous vendre ces objets de coton. Prends-les donc gratuitement!"

Dès qu'un Bné Israël était attiré à l'intérieur de la tente par les ruses de la prostituée, elle lui offrait à boire et à manger.
S'il refusait et demandait à consommer sa propre nourriture, elle répondait avec obligeance : "Mais bien sûr! Prends donc le bouc ou le mouton que tu désires et égorge-le avec ton propre couteau selon les instructions de ton D.! Je ne voudrais certes pas que tu transgresses Ses commandements. Mange-le comme si tu étais chez toi ; après tout, nous ne sommes pas étrangers l'un à l'autre!"

Elle lui versait du vin. Alors qu'il commençait à boire car à cette époque il n'était pas interdit aux Bné Israël de boire le vin d'un non-juif, son instinct naturel s'éveillait et son désir pour elle grandissait.
Elle le repoussait : "Pourquoi es-tu si impatient? Je suis là quand tu voudras? Pourquoi ne pas commencer par préparer ta nourriture? Pourquoi ne pas prendre cet oiseau et l'égorger avec ton couteau? Et pourquoi ne pas me faire plaisir et l'égorger devant mon idole, Baal Péor? Je t'assure que cela ne te causera aucun mal".
Alors cet homme qui avait bu le vin de la femme cherchant à le détourner du bon chemin et avait été envahi par le poison du désir pour elle égorgeait l'oiseau devant Baal Péor. Après avoir mangé et bu en sa compagnie, il insistait pour avoir des relations avec elle mais elle refusait : "Je ne viendrai pas à toi avant que tu aies adoré cette idole!"
L'homme répondait : "Comment oserais-je faire une chose pareille? Je suis juif, cela nous est interdit!"
Elle disait alors : "Je ne te demande pas d'honorer l'idole ou de te prosterner devant elle! Au contraire, je te demande de l'humilier en faisant tes besoins devant elle".
Puis la femme païenne continuait à refuser ses avances en disant : "Tu ne t'approcheras pas de moi si tu ne nies pas les enseignements de ton maître Moché".
A ce moment-là, totalement dominé par la passion, l'homme faisait tout ce qu'elle demandait.

Comme tout cela était arrivé à cause du vin, Pin'has décréta, après cet épisode, qu'il serait désormais interdit à un juif de boire le vin d'un non-juif.
Cette loi fut proclamée avec l'approbation de notre maître Moché et des 70 anciens qui prononcèrent le Nom explicite de D. inscrit sur les Tables de la Loi.
La sévérité de l'interdiction de boire le vin d'un non-juif est donc renforcée : c'est non seulement un décret de nos Sages (midéRabbanane) mais aussi l'objet d'un anathème invoqué par les tribunaux terrestre et céleste avec le Nom explicite de D.
Aucun anathème de cette sévérité n'a été prononcé pour une autre interdiction.

Cet épisode se produisit à Chittim, l'endroit où les Bné Israël commirent la folie (chtout, même racine que chittim) de se pervertir avec les filles de Moav et de se soumettre au culte humiliant de Péor.
Cette idole portait le nom de Péor parce qu'il fallait découvrir (paar) ses parties intimes devant elle.
[...]

La colère de D. s'abattit sur les Bné Israël et les frappa d'une épidémie. Partout où se trouve l'immoralité, elle entraîne un bouleversement et une destruction qui anéantissent les innocents comme les coupables.

"Qu'elles sont belles tes tentes, Ô Yaakov! Tes demeures, Ô Israël!
Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d'un fleuve ; D. les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord de l'eau" (Balak 24,5-6)

-> Le Min'hat El'azar (rabbi 'Haïm El'azar de Munkatch) d'enseigner :
Selon les guémara (Sanhedrin 105b), les tentes mentionnées dans ce verset représentent les synagogues et les lieux d'étude qui sont disséminés dans le monde. Cela étant, la métaphore les comparant à des fleuves semble inappropriée.
En effet, un bâtiment solide comme une synagogue ou une salle d'étude ne peut pas s'écouler comme un fleuve.

Nos Sages (Méguila 29a) nous enseignent qu'au temps du machia'h, toutes les synagogues et les lieux d'étude seront transportés en terre d'Israël.
Ayant cela à l'esprit, la métaphore prophétique est assez appropriée.
Effectivement, les synagogues et les maisons d'étude s'écouleront en cascade vers la terre d'Israël comme un fleuve, vers Jérusalem en un torrent puissant.
Là, les millions de fidèles et d'étudiants trouveront un vaste espace dans l'étendue sans fin de la cité.
Puisse cela s'accomplir, rapidement de nos jours. Amen!

"[Pin'has] vint ... et le fléau fut arrêté d'au-dessus des enfants d'Israël. Ceux qui avaient péri dans le fléau furent [au nombre de] 24 000." (Balak 25,8-9)

Les Tossafot (guémara Avoda Zara 4b) rapportent que Bil'am avait la capacité de nous maudire durant la seconde chaque jour durant laquelle Hachem se met en colère, en prononçant le mot : kalèm (détruis-les!).

Même si (grâce à D.), il a échoué à nous maudire, il a réussi à générer un fléau faisant 24 000 victimes parmi les juifs.

On trouve une allusion à cela dans le mot : "kalèm" (כלם) en multipliant chacune de ses lettres : 20 (כ) fois 30 (ל) fois 40 (מ), on obtient : 24 000.

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-> "Il (Hachem) fait sentir Sa colère chaque jour" (Téhilim 7,12)

La guémara (Béra'hot 7a) commente : Comment savons-nous que cette colère ne dure qu'un instant?
Parce qu'il est écrit : "Car Sa colère ne dure qu'un instant" (Téhilim 30,6).
Cet instant dure : 1/58888 ième d'une heure, et aucune créature vivante n'a été capable de déterminer cet instant de façon rigoureusement précise à l'exception de Bil'am, qui tenta de profiter de cette fraction de seconde pour maudire les juifs.

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-> Le midrach (Tan'houma - Tsav 1) rapporte que Bil'am offrit de nombreux sacrifices pour détourner la bienveillance de D. des enfants d'Israël, et la diriger vers les non-juifs.
Mais D. rejeta d'emblée ses avances, déclarant : "Hachem prendra-t-Il plaisir à des hécatombes de béliers, à des torrents d'huile par myriades? (Mikha 6,7). Tu te leurres Bil'am! Je ne peux accepter de sacrifices de la part des nations, car j'ai conclu une alliance inébranlable avec Israël et leur ai promis de n'accepter avec bienveillance que leurs seuls sacrifices."

3 Questions/Réponses – Paracha Balak

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Balak :

1°/ Il est écrit : "10 objets furent créés la veille du Chabbat [de la Création] au crépuscule. Ce sont : ... la bouche de l'ânesse [de Bilaam] ..." (Pirké Avot 5,6).

Est-ce que cela signifie que cette ânesse existe depuis la Création du monde, ayant alors plus de 2000 ans?

Rav Yaakov Emden affirme qu'un animal peut vivre autant d'années, et cite le midrach (Béréchit rabba 12,18) rapportant que les taureaux donnés par les chefs de tribu à l'inauguration du Michkan ont vécu jusqu'à la construction du Temple, où ils y ont été offerts en tant que sacrifices, et ce après avoir vécu pratiquement 500 années.

Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que l'âne utilisé par Avraham pour aller à la Akéda, était le fils de celui de Bilam qui avait été créé à la fin de la semaine de la Création.

D'autres Sages comme le Barténoura, ne sont pas d'accords et affirment qu'en cette veille du 1er Shabbath de la Création, ce n'est pas l'âne qui a été créé mais sa capacité de pouvoir parler.

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2°/ Lorsque l'ânesse a essayé d'éviter l'ange sur son chemin, Bil'am s'est énervé contre elle, la frappant et la menaçant de mort (cf.v.22,23).
Pourquoi Bil'am n'a-t-il pas utilisé le pouvoir de sa langue en la maudissant?

Le Baal haTourim rapporte qu'il n'avait pas la capacité de maudire à tout moment.
La guémara (Béra'hot 7a) enseigne qu'il savait déterminer le très bref instant dans la journée durant lequel Hachem est en colère, et il l'exploitait pour maudire.

Au moment de sa confrontation avec l'âne, il avait conscience que D. n'était pas en colère, et il ne pouvait ainsi pas la maudire.
De plus, Bilam souhaitait plus tard dans cette même journée maudire le peuple d'Israël, et en le faisant sur son ânesse aurait utilisé tout son quota ["journalier"], l'empêchant d'agir contre les juifs.

Le Oznaïm laTorah explique qu'une malédiction de Bilam n'avait pas un effet magique.
Il avait la capacité d'exploiter la source d'impureté présente dans une personne afin de la pousser à fauter. Ces fautes commises entraînent alors une punition sur cette personne.

Ainsi, son pouvoir ne pouvait s'appliquer qu'aux hommes, et non aux animaux (qui n'ont pas de libre arbitre).

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-> L'ânesse fut capable de voir l'ange debout sur la route, mais Bil'am ne vit rien. En effet, si un être humain voyait ce genre de choses, il perdrait la raison.
Selon une autre opinion, l'âne ne vit pas l'ange mais la forme d'un homme tenant une épée [ce qui la terrifia et la fit quitter la route]. Cependant, il ne fut pas donné à Bil'am de la discerner afin qu'il s'emporte et frappe l'animal.
[Méam Loez - Balak 22,23]

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3°/ Le 24 mai 1844, Samuel Morse a envoyé le 1er message télégraphique constitué de points et de traits (le morse).
Quel était ce message? Quel est le rapport avec la paracha Balak?

Le message était : "What has God wrought".

Or, lorsque nous prenons une bible traduite en anglais, nous retrouvons ce même message dans la paracha Balak : ma paal El ("ce que D. a accompli" - מַה-פָּעַל, אֵל - Balak 23,23)

=> Quel message approprié provenant de l'inventeur pour reconnaître que la véritable origine de son invention est le Créateur (Hachem).

Bil'am et Balak avaient beau utiliser les moyens de communication les plus efficaces pour maudire Israël, ils ont compris qu'absolument rien ne peut se passer si Hachem n'en a pas donné son accord.

A notre époque où l'on a pu constater énormément d'évolutions depuis la création du morse, combien doit-on voir derrière chaque outil technologique Hachem et non uniquement la main de l'homme.
Combien nous nous devons de remercier Hachem pour tout ce confort de vie (par rapport à nos ancêtres), et combien devons-nous l'utiliser à bon escient, et non pour tuer le temps, voir nous détruire spirituellement parlant.

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+ Bonus :

-> Il y a 5 personnes dans la Torah qui ont mérité qu’une paracha porte leur nom.
Noa’h était un homme juste et droit, c’est pourquoi il a mérité qu’une paracha porte son nom, et il en va de même
de Yitro et de Pin’has, et même Kora’h, qui après tout a péché, faisait tout de même partie de ceux qui portaient l’Arche et il avait l’esprit saint, c’est pourquoi lui aussi a mérité qu’un paracha porte son nom.
=> Mais Balak, qui était un ennemi juré d’Israël, au point d’aller engager Bilam pour maudire Israël, pourquoi a-t-il mérité qu’un paracha porte son nom?

Le rabbi Méïr de Prémichlan explique qu’il est connu que Essav déteste Israël, mais les non-juifs cachent leur haine et la recouvrent par des paroles douces, si bien que l’on ne fait pas assez attention à eux ... alors que Balak était un goy "honnête", qui manifestait sa haine pour Israël devant tout le monde, et un goy "honnête" comme lui méritait qu’une paracha porte son nom.

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-> "Il vit de là les dernières lignes du peuple" (Balak 22,41)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch enseigne :
Or les Sages ont dit (guémara Taanit 9a) que les nuées recouvraient Israël, si bien qu’on ne pouvait pas le voir.
Quand Aharon est mort et que les nuées ont disparu, alors Israël est apparu aux yeux, et les Cananéens ont su où il se trouvait et l’ont attaqué. Ensuite les nuées sont revenues par le mérite de Moché, comme l’ont dit les Sages, donc les bnei Israël étaient recouverts par elles.
=> Alors comment le verset peut-il dire : "il vit de là les dernières lignes du peuple"? Au contraire, Hachem aurait dû redoubler de protection envers eux contre le mauvais œil de Bilam!

Mais il est évident qu’il a pu le voir par sorcellerie, par un certain oiseau qui les révélait.
La sorcellerie a ce pouvoir, comme le disent les Sages (guémara Sanhédrin 67b), que les sorcières révélaient ce qui est caché aux yeux. Et le verset nous informe que c’est seulement les dernières lignes qui se sont trouvées découvertes, et non le coin des tsaddikim et des grands.

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-> Rabbi Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan) écrit que Bilaam essaya toutes sortes de sorcelleries pour faire retourner le peuple d'Israël en Égypte. Toutefois, sa magie noire dépendait du soleil et de son ange et lorsque le soleil était recouvert de nuages, aucune magie n'avait d'emprise.
Les Bné Israël étant recouverts des nuées de gloire, la sorcellerie n'avait pas d'emprise sur eux.

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-> La magie est constituée essentiellement d'actes tandis que les incantations ont pour fondement la parole. Il y a plusieurs sortes de magie : rassembler des démons; faire descendre des influences à partir des étoiles et des signes astrologiques en créant une effigie à des moments précis qui correspondent à la domination de l'Etoile ; attirer un esprit d'impureté provenant directement de la klipa du serpent originel.
Balak était expert en sorcellerie et Bilaam la maîtrisait mais pas autant que Balak. Par contre, il était un expert en incantations et c'est la raison pour laquelle le Zohar (Bé'houkotaï 112b) le compare au serpent dont la force provient essentiellement de la bouche. (:3'p "mpna am) Ainsi, ils s'associèrent pour unir leurs forces.

Il est rapporté dans le Zohar ('hadach Balak 54) qu'il n'y a pas un seul jour depuis le début de la création où Israël a autant eu besoin d'Hachem qu'au moment où Bilaam voulut exterminer le peuple d'Israël par ses malédictions.

-> Le Mégalé Amoukot écrit que Balak envoya ses émissaires à Bilaam à la fin du mois d'elloul.
Et lorsque Bilaam arriva pour maudire Israël, c'était le 29 eloul. Et c'est la raison pour laquelle Bilaam se précipita dès l'aube pour prendre la route et arriver à temps, c'est-à-dire pour Roch Hachana ...
En effet, selon le Zohar (Pin'has 231b), le premier jour de Roch Hachana est un jour de stricte rigueur.

-> Bilaam le boiteux fut tué à 33 ans. [guémara Sanhédrin 106b]
[selon nos Sages, il mourut à la moitié de ses jours, c'est-à-dire qu'il était censé vivre 66 ans. Sa cupidité et ses méfaits ont fait qu'une mort précipitée a été décrétée par le Ciel. ]

"Et le peuple commença à agir de façon immorale avec les filles de Moav ... Israël s'est attaché à baal péor et la colère d'Hachem s'enflamma contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Rachi explique que la pratique de ce culte consistait à se dévêtir devant la statue pour ensuite déféquer.

=> Quel est le sens de ce culte idolâtre de baal péor d'après la kabbale?

Nous avons reçu de nos maîtres les Mékoubalim que le fondement de l'idolâtrie réside dans le fait de transmettre de la force de sainteté au sitra a'hra. Aussi, pour comprendre ce phénomène mystérieux du culte de baal péor, nous devons comprendre le secret de la nutrition.

Le Arizal (taamé mitsvot Yitro) nous enseigne qu'il existe dans chaque aliment une force de vie spirituelle, des étincelles de sainteté. Puisque le corps de l'homme est fait de matière, la nourriture qu'il consomme est également matérielle.
Lorsque l'homme se nourrit, les éléments nutritifs qui renferment ces forces vives, étincelles de sainteté, sont absorbés par le corps tandis que les déchets qui ne contiennent plus de forces vives vont être expulsés à l'extérieur. Après la digestion, les résidus expulsés dans les selles ne contiennent plus aucune
étincelle de sainteté.
Ainsi, aucune étincelle de sainteté n'est transmise aux forces du sitra a'hra.

=> D'après ce que nous venons de dire, le peuple n'a donc transmis aucune force au mal. Dans ce cas, pourquoi est-il interdit de faire ses besoins devant une effigie d'avoda zara?

-> Il est écrit dans la guémara (Sanhédrin 64a) un enseignement de Rav Yéhouda rapporté au nom de Rav : une fois, une femme non-juive était très malade. Elle promit que si elle guérissait, elle pratiquerait tous les cultes idolâtres existant dans le monde. Elle se rétablit et commença à pratiquer tous les cultes idolâtres comme elle s'était engagée à le faire.
Lorsqu'elle se présenta devant les prêtres de baal péor, elle leur demanda en quoi consistait ce culte et ce qu'elle devait faire. Ils lui expliquèrent qu'elle devait manger des téradine (Rachi explique que c'est un aliment qui libère les intestins) et boire de l'alcool.
Elle déclara : il est préférable pour moi de retomber malade plutôt que de pratiquer un culte idolâtre aussi répugnant!

La raison pour laquelle les prêtres demandèrent à cette femme de manger des téradine réside dans le fait que ces derniers accélèrent le processus de descente des aliments dans les intestins sans les digérer complètement, c'est-à-dire avant que le corps ne puisse trier entre les forces vives qui doivent être absorbées et les détritus qui doivent être expulsés.
Il se trouve donc que le tri n'ayant pas été réalisé totalement par le corps, des forces vives, étincelles de sainteté, restent encore dans les aliments expulsés.
C'est le secret de cette pratique idolâtre qui détourne les étincelles de sainteté vers le sitra a'hra.
[rav Yaniv Cohen - roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El]

La haine des nations pour les juifs devient une bénédiction

+++ La haine des nations pour les juifs devient une bénédiction :

"Il (Hachem) consumera les nations qui l'oppriment" (Balak 24,8)

-> Puisque ce sont les nations non juives qui oppriment le peuple juif, le fait que Hachem sauve le peuple juif, en lui conférant des bienfaits matériels, se fait pour Son Nom, c'est-à-dire pour Sa réputation, c'est-à-dire pour que les autres nations ne puissent pas se moquer du peuple juif en disant : "Où est donc leur D.?" (Téhilim 115,2). Comme elles haïssent le peuple juif, elles se réjouissent de sa détresse et le raillent en disant : "Où est donc leur D.?"

[ si Hachem permettait au peuple juif de souffrir, les nations non juives auraient des raisons de penser que D. les a abandonnées, puisqu'elles mesurent le succès à l'aune de la richesse matérielle.
Ainsi, la haine des nations non juives à l'égard du peuple juif est indirectement à l'origine de la richesse matérielle du peuple juif.]

Il s'ensuit qu'à cause de cela (c'est-à-dire parce que les nations non juives les oppriment), le peuple juif est béni par Hachem pour consommer (c'est-à-dire jouir) des bonnes choses de ce monde.

C'est le sens allégorique de l'expression "Il consumera les nations qui l'oppriment" (Balak 24,8), c'est-à-dire que parce que "les nations l'oppriment", le peuple juif consomme les bonnes choses de ce monde.

Hachem, à Son tour, ne retranche pas de leurs mérites les bienfaits qu'il leur accorde en raison de cela, car le salut qu'il leur accorde n'est qu'à cause de Son grand Nom, car "les nations l'oppriment".
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> La haine que les non juifs nourrissent à l'égard du peuple juif est indirectement à l'origine de la richesse matérielle du peuple juif.

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-> La haine des nations envers le peuple juif, peut renvoyer au sujet suivant : Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé, du poursuivi : https://todahm.com/2021/12/12/hachem-se-tient-toujours-aux-cotes-de-lafflige-du-poursuivi

"Puisse-je mourir comme meurent ces justes (yécharim : Avraham, Its'hak et Yaakov - cf. Avoda Zara 25a) et puisse mon avenir ressembler au leur" (Balak 23,10)

Bil'am a apprécié intellectuellement les qualités et le niveau élevé de nos Patriarches et il connaît également l'importance de la vie dans l'au-delà, se souciant de son monde futur en aspirant à la même mort que nos Patriarches et à y vivre avec eux.

Cepednant, dans sa vie, par exemple, il se conduisait d'une façon totalement dépravée et bestiale avec son ânesse.

=> Il était convaincu qu'il pourrait vivre comme un animal et mourir comme nos Patriarches, car sa connaissance demeurait à l'état intellectuel et n'était pas transmis à son cœur (lo sam lev).
Malgré son niveau potentiel élevé (étant l'égal de Moché en prophétie), il se mentait totalement à lui-même.

-> Rachi (guémara Chvouot 5a) donne un exemple caricatural :
"Un individu a appris chez son maître que quiconque touche un des 8 reptiles morts devient impur.
Il sait que ceci est un reptile et il sait qu'il l'a touché, cependant, il n'a pas pu intégrer son cœur qu'il est devenu impur."

=> Il connaît la théorie, mais elle reste déconnectée de sa pratique.

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-> "Les méchants (ou les impies) savent bien que leurs voies les mènent à la mort, ce qui n'empêche pas leurs reins de s'engraisser.
Tu diras peut-être qu'ils ne se préoccupent pas de leur avenir par oubli. Il n'en est rien, car la fin du verset : 'Ils se déclarent, de leur bouche, satisfaits de leur avenir' (Téhilim 49,14). "
[guémara Shabbath 31b]

Rachi d'expliquer : "Peut-être diras-tu que c'est à cause de ces graisses (qui font écran) qu'ils oublient et ils fautent donc par inadvertance?
Le Téhilim (49,14) précise : 'Ils parlent en permanence de leur avenir dans le monde futur et, malgré cela, ils ne changent pas d'attitude (ils ne font pas téchouva)' "

=> Connaissant leur sort peu enviable qui les attend après leur mort, comment peuvent-ils persévérer dans leur attitude, en demeurant insouciants?

La réponse est qu'une telle personne n'intègre pas cela dans son cœur, et fait comme si elle n'est pas concernée par cela (ex: la mort).

-> "Cet homme (racha) marche dans ce monde en pensant que ce monde lui appartient et qu'il va y demeurer de génération en génération (éternellement)."
[Zohar - Nasso 126]

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-> "(Redoute) ceux qui agissent comme Zimri et qui réclament la récompense de Pin'has"
[guémara Sotah 22b]

Comment peut-on accomplir un acte public de débauche (comme Zimri) et demander la récompense de Pin'has qui a agi totalement pour la gloire du Ciel (léchem chamayim)?

Ils trompent autrui, mais aussi eux-même, en pensant dans leur cœur qu'ils ne fautent pas, qu'ils sont purs et se persuadent qu'ils agissent bien.

C'est ainsi que Bil'am s'est menti à lui-même, jusqu'à oser demander la même récompense que celle réservée à Avraham, Its'hak et Yaakov, dans l'au-delà, alors qu'il a mené une vie dépravée et bestiale.

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-> "La stupidité (ou la folie) de l'homme fausse (ou déforme) sa voie et, contre Hachem, son cœur s'emporte" (Michlé 19,3)

Rabbénou Yona d'expliquer :
L'homme stupide ne réfléchit pas avant d'agir et ne surveille pas les voies qu'il emprunte qui peuvent l'amener à fauter.
Il n'a pas l'habitude de faire un examen de conscience de ses actions et n'examine pas ses voies, ce qui empêche tout repentir.
De plus, lorsqu'il est sanctionné, il critique Hachem pour les malheurs qui le frappent, car il pense n'avoir aucune faute à se reprocher.

-> On peut citer l'exemple de Caïn, qui après avoir tué son frère Hével, répond à Hachem : "Suis-je le gardien de mon frère?" (Béréchit 4,9)

-> Tâchons de traquer en nous, cette tendance à appréhender la vie comme Bil'am, afin de nous éviter un réveil bien douloureux dans le monde futur de vérité.
[j'aurai pu faire des choses énormes de ma vie, mais anesthésié dans mes illusions, c'est le néant!]

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-> "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui"
[guémara Sotah 3a]

En quoi consiste cet esprit de folie?
C'est le fait que l'homme ne ressente pas la chute de son niveau suite à sa transgression et se ment à lui-même en pensant que cette faute commise n'a pas affectée à son niveau antérieur.