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"Voici les paroles que Moché adressa à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Le Rabbi de Lelov disait que chaque personne avait le sentiment que les paroles de Moché n'étaient destinées qu'à elle et à nulle autre.

-> Le Rabbi de Kassov disait : "Chaque fois que je parle à un groupe d'individus, je ne m'adresse à personne en particulier.
Toutefois, si quelqu'un a le sentiment que mes paroles le concernent tout spécialement, c'est qu'elles lui étaient réellement destinées."

-> Le rav Avraham Twerski de nous dire :
"Nous n'avons plus le privilège d'avoir des prophètes pour nous communiquer des messages de D.
Aujourd'hui D. nous parle à travers diverses personnes.

Lorsque nous entendons quelqu'un parler de défauts de caractère, de la nécessité de s’élever, de s'affiner spirituellement et que nous avons le sentiment que ces paroles s'adressent à nous en particulier, nous pouvons être sûrs que c'est bien le cas.

Quelque part, tout au fond de nous, nous avons bien conscience de ce qui nous manque sur le plan spirituel."

"Celles-ci sont les paroles (דברים)." (Dévarim 1,1 - élé aDévarim)

Rachi fait remarquer que le discours d'adieu adressé par Moché aux enfants d'Israël (avant sa mort), qui commence dans la présente paracha, passe en revue tous les événements au cours desquels ils ont irrité D. dans le désert.

Par respect pour le peuple, Moché ne parle qu'allusivement de ces péchés, même si l'intention de notre dirigeant était, par ses remontrances, de l'inciter à améliorer sa conduite.

Le rav Michaël Dov Weissmandel note que si la nation juive prend à cœur ces admonestations et observe fidèlement la Torah et les mitsvot, les calamités décrites dans les sections de Ki Tavo, Vayélé'h et Haazinou seront transformées en bénédictions.

Si l'on compte 613 lettres à partir du ב (bét) de דברים (dévarim), on aboutit à un ר (réch).
Si l'on compte 613 lettres à partir de celui-ci, on atteint un כ (kaf), puis 613 lettres plus tard, un ה (hé).

C'est ainsi que le mot ברכה (bénédiction) est épelé par "bonds" successifs de 613 lettres, correspondant aux 613 mitsvot de la Torah.

Source (b"h) : dvar Torah issu "Talelei Orot" du rav Yissa'har Dov Rubin

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-> Les paroles de remontrance de Moché ont un but.
Si les juifs accomplissent la Torah et les mitsvot comme il convient, alors ils mériteront la bénédiction, et les malédictions se changeront elles aussi en bénédictions.
La bénédiction qui est attachée à l'observance de la Torah et des mitsvot se trouve en allusion ici dans Dévarim, où par intervalle de 613 lettres, se forme le mot : béra'ha (bénédiction).
[Massé 'Hémed]

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+ "Voici les paroles qu'a dites Moché à tout Israël" (Dévarim 1,1)

Le rav Chlomo Levinstein (dans son Oumatok haOr) fait remarquer que l'on trouve dans ce verset une allusion aux noms des parachiot du livre de Dévarim :
Moché dit au peuple juif : Voici les "Dévarim", les paroles que je prononce.
"Vaét'hanan" = je vous en supplie (mit'hanèn) de m'écouter.
"Ekev" = parce que, "Réé" = tu verras (tiré) la situation : il y a des "Choftim", des juges, D. nous jugera sur tout, si bien que : "Ki Tétsé", quand tu sortiras (tétsé) de ce monde, et "Ki Tavo", quand tu viendras (tavo) dans le monde à Venir, tu devras payer pour tes actes.
C'est pourquoi : "atem nitsavim hayom", vous vous tenez tous aujourd'hui, mais demain, vous connaîtrez : "Zot haBéra'ha), cette bénédiction.

"Et vous voici aujourd'hui, en multitude, comme les étoiles des cieux." (Dévarim 1,10)

-> Dans la guémara (Yoma 22b), nos Sages posent la question suivante :
Il est écrit (Ochéa 2,1) : "Le nombre des enfants d'Israël sera comme le sable de la mer ...", ce qui laisse entendre qu'ils pourront être recensés, puis ce verset se poursuit : "... [il] ne pourra se mesurer ni être compté".
Comment résoudre cette apparente contradiction?

Nos Sages de répondre que la dernière partie du verset s'applique à l'époque où Israël accomplit la volonté de D., tandis que la 1ere vise celle où il ne la respecte pas.

-> Le 'Hida de nous donner l'explication suivante :
Quand Israël se soumet à la volonté de D., chacun de ses membres est considéré comme constituant plus d'une personne.

C'est ainsi que Yaïr ben Ménaché était considéré comme valant à lui seul autant que la majorité du Sanhédrin (selon la guémara Sanhédrin 44a ; et également indiqué dans la guémara Baba Batra 121b).
[On peut également ajouter comme exemple :
- Rav El'hanan Wasserman rapporte que le 'Hafets 'haïm, qui est un symbole d'humilité, disait fréquemment qu'il portait la responsabilité pour le bien-être spirituel de toute la génération.
- Rav Israël Salanter disait qu'il avait les capacités de 1000 personnes, ce qui impliquait qu'il devait agir comme 1000 personnes.
- De même, Moché rabbénou était considéré comme autant que l'ensemble du peuple juif de la génération de la connaissance (dor déa), dont aucune autre n'aura un tel niveau jusqu'à la venue du machia'h.]

=> Lorsqu'un peuple se compose d'être vertueux, il n'existe plus aucun moyen de le recenser car on ne dispose pas des instruments permettant de jauger la véritable valeur de chacun de ses membres.

Source (b"h) : dvar Torah issu "Talelei Orot" du rav Yissa'har Dov Rubin

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+ Hachem a promis aux juifs de devenir comme les étoiles (selon le Méam Loez - Dévarim) :

1°/ Dans le ciel, les étoiles brillent d'une extrémité du monde à l'autre.
De même, si les juifs sont méritants, ils brilleront d'une extrémité du monde à l'autre dans le monde futur.
De plus, les visages des hommes qui enseignent la Torah aux enfants dans ce monde-ci brilleront comme les étoiles dans le monde futur.

2°/ Chaque nuit, D. fait sortir les étoiles et les couvre en les comptant, comme il est écrit : "Il fait sortir Son armée par nombre, Il les appelle par leur nom" (Yéchayahou 40,26).
De même, D. compte les juifs à tout moment. Comme un homme riche sait combien il possède mais compte sans cesse ses pièces par amour de l'argent, D. compte les juifs. Il les a dénombrés à plusieurs reprises : après la sortie d'Egypte, après l'épisode du veau d'or et à l'érection du Michkan.

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-> Le Méam Loez enseigne également que :
Hachem a donné 3 bénédictions au juifs : de devenir comme la poussière, comme le sable et comme les étoiles. Parallèlement, le peuple juif a reçu 3 couronnes : la couronne de la Torah, celle de la prêtrise et celle de la royauté.
Les juifs sont comparés à la poussières de la terre, les Lévi'im au sable de la mer et les rois (issus de la tribu de Yéhouda) aux étoiles.
Chacun de ces 3 groupes a reçu la bénédiction de se multiplier.

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-> b'h, également au sujet des étoiles : https://todahm.com/2018/12/08/7616-2

"Ce fut, lorsque tous les hommes de guerre eurent péri du milieu du peuple par la mort." (Dévarim 2,16)

La Torah nous apprend qu'en punition du péché des explorateurs, tous les hommes âgés de plus de 20 ans ont été condamnés à mourir dans le désert sans pouvoir entrer en terre d'Israël.

Le midrach (Eikha Rabba) relate que chaque année, la veille du 9 Av, tous les enfants d'Israël se préparaient des tombes.
Une fois que celles-ci étaient creusées, ils s'y allongeaient pour y rester toute la nuit.

Le matin venu, on annonçait : "Que les vivants se séparent des morts!"
Ceux qui étaient encore en vie se relevaient de leur sépulture ; mais 15 000 personnes, chaque année, n'en sortaient plus ...

On continua de respecter la tradition jusqu'à la veille du 9 Av de la 40e année.
Personne, cette fois-là, ne mourut dans la nuit.
Certains, croyant qu'ils s'étaient trompés de date, y sont retournés la nuit suivante, et ainsi de suite jusqu'au 15 du mois.

C'est alors que, voyant la pleine lune, ils comprirent qu'ils n'avaient commis aucune erreur de calcul et que le décret de mort avait été abrogé.

=> Ils instituèrent le 15 Av comme jour de fête pour les générations à venir.

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+ Bonus :

Le 15 Av, on se trouve à 45 jours de Roch Hachana.
45 est la valeur numérique du mot Adam (homme - אדם) et du mot : "ma"(Quoi? Que suis-je? - מה) :

A partir du 15 Av, nous disposons de 45 jours pour se poser en toute humilité et honnêteté les questions sur notre vie, afin de mériter ce titre d'homme juif, lorsque nous nous présenterons devant D. à Roch Hachana.

Pour approfondir l'importance du "ma" chez l'homme : https://todahm.com/2014/04/01/pessah-ma-ma-ma

"Car le jugement est à D." (Dévarim 1,17)

Le Gaon de Vilna d'expliquer :
"Quand un juge est attentif à ne pas accepter de présents corrupteurs ni à se laisser influencer, D. vient à son aide en lui permettant de discerner lequel des plaideurs dit la vérité et lequel profère des mensonges."

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+ "N’ayez pas peur devant l’homme, car la justice est à Hachem" (Dévarim 1,17)

Ce verset signifie que le juge ne doit redouter aucun homme.
Cela fait également allusion à une autre idée. En effet, le juge pourrait penser que puisque finalement, il n’est qu’un homme et qu’en tant qu’homme il est faillible et peut se tromper, alors il pourrait craindre de s’être trompé dans son jugement.
Néanmoins, il pourra se rassurer en prenant conscience qu’Hachem est présent avec les juges et les aide à rendre une véritable justice.

Cela est en allusion dans ce verset :
- "N’ayez pas peur devant l’homme" que vous êtes = c'est-à-dire que les juges n’ont pas à redouter le fait qu’ils ne sont que des hommes et risquent donc de se tromper.
- "Car la justice est à Hachem" et Il est présent aux côtés des juges pour les aider à rendre un jugement équitable.

['Hatam Sofer]

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-> Moché dit littéralement : "Je les placerai à votre tête" (Dévarim 1,13).
L'expression "je les placerai" se dit en hébreu : vaassimem (וַאֲשִׂימֵם), de la même racine que : chémama, qui signifie destruction.
Le verset pourrait se lire : "Je placerai leur destruction sur votre tête" = Nommer des juges incompétents cause la destruction dans le monde et D. punira les responsables.
[...]
Moché recommande aux juges de ne craindre personne parce que "le jugement appartient à D." (Dévarim 1,17).
Hachem est le Maître du jugement et Il protégera le juge de tout mal. Le juge est comparable au messager d'un roi qui parle en son nom ; il n'a à craindre de punition de personne.
De même, si le juge n'invente pas ses décisions mais applique toute ce qui est écrit dans la Torah, le Maître du jugement [Hachem] le protégera.
[Méam Loez - Dévarim 1,17]

"Jusqu'au grand fleuve, le fleuve de l'Euphrate." (Dévarim 1,7)

Rachi explique qu'il est qualifié de "grand", parce qu'il est évoqué avec la terre d'Israël.

Le Rav 'Haïm Shmoulevitz fait observer que, selon le Mizra'hi, l'Euphrate est le plus petit des fleuves mentionnés dans la Torah.
Son appellation de "grand" par celle-ci nous montre l'importance de ce qui est associé à la terre d'Israël.

Celui qui y observe les mitvot atteint un degré d'élévation et de dignité auquel il est impossible d'accéder hors de ses frontières.

Si nous n'en sommes pas conscients, c'est parce que nous sommes inaptes à apprécier la sainteté inhérente à la terre d'Israël.

Nous trouvons un concept identique dans le midrach selon lequel, si Yossef a mérité d'être enterré en terre d'Israël, c'est parce qu'il s'est associé à elle en se présentant comme : "ich ivri" (homme hébreu -> Béréchit 39,14).

Moché, en revanche, est appelé : "ich mitsri" (homme égyptien -> Chémot 2,19), raison pour laquelle il n'a pas été enterré en terre d'Israël.

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Le verset suivant : "Vois, J'ai mis le pays devant vous." (Dévarim 1,8)

Le Or ha'Haïm fait observer que ce verset commence par un verbe au singulier (réé = vois) et se poursuit au pluriel (lifné'hém = devant vous).
Pourquoi cela?

Pour regarder le pays, ils étaient tous égaux et formaient comme un seul homme, d'où l'emploi du singulier.
En revanche, pour l'apprécier et le comprendre, pour concevoir leurs sentiments à son sujet, chacun à réagi à sa manière, selon sa personnalité et son niveau.
Voilà pourquoi la suite est au pluriel.

Tâchons d'avoir un regard qui ne cherche qu'à mettre en avant le positif d'Israël ...

Source (b"h) : compilation personnelle de dvar Torah issus "Talelei Orot" du rav Yissa'har Dov Rubin

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-> "Hachem a donné au peuple juif 3 magnifiques cadeaux, cependant chacun d'eux doit être acquis par le biais de souffrances. Il s'agit de : la Torah, la terre d'Israël et le monde à venir (olam aba)."
[Rabbi Chimon bar Yo'haï - guémara Béra'hot 5a]

Pourquoi cela?

Selon le Ben Ich 'Haï (Bénayahou), les souffrances sont en réalité un moyen de déterminer si nous méritons ces cadeaux.
Par exemple, si une personne traverse des moments difficiles, et que malgré tout elle continue à étudier, elle atteste alors qu'elle étudie uniquement parce que telle est la volonté de D.
En effet, si elle le faisait uniquement pour acquérir de belles connaissances, elles aurait abandonner dès que cela serait devenu difficile, désagréable.

Il en est de même pour la terre d'Israël et le monde à venir.

"Onze journées depuis 'Horev." (Dévarim 1,2 - 'Horev = le lieu d'acceptation de la Torah)

Le Kéli Yakar signale que les 11 jours cités ici sont une allusion aux 11 jours pendant lesquels nous pleurons la destruction du Temple : 9 jours au mois d'Av, le 17 Tamouz et le 10 Tévét.

"Hachem votre D., était avec vous, vous ne manquiez de rien." (Dévarim 2,7)

Le rav Twerski rapproche ce verset des paroles du roi Salomon : "Celui qui désire l'argent n'est jamais satisfait de ce qu'il possède" (Kohélet 5,9).
Ainsi, en est-il de toutes les recherches physiques. Elles sont insatiables.

=> Moché nous dit, dans le verset ci-dessus, que plus nous sommes proches de D., moins sont ardents nos désirs et nos besoins.
Si nous sommes loin de D., nos désirs et besoins peuvent alors devenir insatiables.

[le fait de se satisfaire de ce que l'on a, est une grande richesse dans la vie ...]

Yéhochoua – l’importance de servir un sage par rapport à apprendre de lui

"Yéhochoua fils de Noun, qui se tient devant toi, lui y viendra ; fortifie-le, car lui le fera hériter à Israël" (Dévarim, 1,38)

-> Moché Rabbénou rappelle comment Hachem lui a annoncé qu’il n’entrerait pas en terre d'Israël et qu’il serait remplacé par Yéhochoua bin Noun. Le Baal Hatourim rapporte un enseignement de nos Sages pour expliquer ceci : "Le fait de servir un grand homme (en Torah) est plus grand que d’apprendre de lui."
Le rav Moché Sternbuch (Dévarim 1,38) explique que l’emploi des mots du verset : "qui se tient devant toi", plutôt que "celui qui apprend de toi" montre que le service de Yéhochoua fut un élément clé, celui qui lui octroya le mérite de devenir le dirigeant du vertueux peuple de l’époque.

Les commentateurs prouvent par ailleurs que Yéhochoua n'était pas l’homme le plus éminent du peuple juif (Michbétsot Zahav - Yéhochoua).
Le Ramban écrit que les 12 explorateurs furent énumérés par ordre de vertu spirituelle : Yéhochoua est le 5e de la liste ; il y avait donc 4 personnes plus prestigieuses que lui. De plus, le Ramban (introduction Yad 'Hazaka) décrit Yéhochoua comme le disciple de Moché, après Elazar et Pin’has, laissant sous-entendre que ceux-ci étaient plus élevés.
Toutefois, le midrach (Bamidbar rabba 24,14) affirme que Yéhochoua eut le mérite de succéder à Moché, parce qu’il le servit en déployant toutes ses forces et pouvait donc servir de dirigeant pour le peuple juif. C’est pourquoi, parmi toutes les qualités et les bonnes actions de Yéhochoua c’est le fait qu’il servit Moché qui est retenu par le Navi.

Ce n’est pas la seule fois que l’on constate que celui qui se met au service d’un grand homme mérita d’atteindre un niveau supérieur à celui d’individus qui auraient, sinon, été plus grands. Le Navi (prophète) raconte qu’Eliyahou était sur le point de monter aux cieux. Cinquante autres prophètes, appelé "Bné haNévi'im" demandèrent à Elicha ce qu’il advenait d’Eliyahou.
Rachi (sur Méla'him II 2,3) souligne qu’en parlant de ce dernier à Elicha, ils l’appelèrent "Adonékha" (ton maître) et non "notre maître".
Ceci nous prouve qu’ils étaient au même niveau qu’Eliyahou et qu’ils auraient donc dû bénéficier d’un niveau de prophétie supérieur à celui d’Elicha. Alors pourquoi mérita-t-il de prendre sa suite, et non eux?

Le Béer Moché (rapporté dans Michbétsot Zahav - Mélakhim II,p.24.) explique qu’Elicha mérita cet honneur parce qu’il excellait dans le domaine du Chimouch 'Hakhamim (se mettre au service du Sage). D’ailleurs, quand nos Sages rapportent l’adage "Chimoucha Guédola Milimouda" (le fait de servir un Sage est plus que d'aprendre de lui), ils prennent l’exemple d’Elicha qui sert Eliyahou. Le verset affirme qu' "il [Elicha] se leva et suivit Eliyahou et devint son serviteur" (Mélakhim I 19,21).
Le Tana déBé Eliyahou (chap.5) souligne que le verset ne dit pas qu’Elicha "apprit" d’Eliyahou, mais qu’il le "servit" ; or le fait de servir un homme sage est plus important que d’apprendre de lui. C’est la raison pour laquelle il mérita de diriger le peuple plutôt que les Bné haNéviim, bien que ceux-ci fussent d’un niveau supérieur au sien.

La Michna de Pirké Avot (6,5) prouve que le Chimouch 'Hakhamim est fondamental pour réussir dans la Torah, c’est l’une des 48 façons de l’acquérir.
Cela signifie que même si quelqu’un étudie constamment, voire devient apte à enseigner, il ne peut atteindre son plein potentiel en Torah s’il ne se met pas, d’une certaine manière, au service des ’Hakhamim (sages en Torah).
Le rav Yaakov Emden (Léchem Chamaïm - Pirké Avot 6,5) explique pourquoi le Chimouch ’Hakhamim est tellement important. Il écrit : "Par ce service, on ne se détache pas du maître, comme il est écrit, au sujet de Yéhochoua : "Il ne bougea pas de la tente". Ainsi, on voit et connait toutes les conduites de son maître. De même, dans le dére'h érets (façon d’agir dans la vie de tous les jours), rien ne lui est caché et même les "paroles futiles" des érudits en Torah sont analysées. C’est pourquoi, dans les générations antérieures, où les juifs craignaient et tremblaient devant les paroles d’Hachem, même un sujet "banal" et des discussions mondaines, entendus de leurs maîtres leur étaient chers."

Le rav Emden nous enseigne que le Chimouch ’Hakhamim ne signifie pas seulement "les servir", mais, à travers leur service, passer du temps avec eux et observer chacune de leurs actions et de leurs paroles. Il semble que cette qualité élève les Guédolim au-dessus de certains érudits en Torah, bien qu’étant de grands Matmidim (assidus à l’étude), ils se dévouaient invariablement et consacraient autant de temps que possible avec leurs éminents maîtres.

Le rav El’hanan Wasserman personnifiait cette vertu de l’élève qui fit tous les efforts possibles, non seulement apprendre de son maître, le ‘Hafets ‘Haïm, mais aussi à le servir et à l’observer. Tandis que les autres disciples apprenaient la Torah du ‘Hafets ‘Haïm, le rav El’hanan le considérait comme un Séfer Torah vivant et s’efforçait d’apprendre de chaque mot et de chaque acte. Dès qu’il entendait que quelqu’un parlait avec son Rav, il demandait à cette personne de lui révéler ce qu’il avait dit (si ce n’était pas secret), selon la version exacte. Son dévouement était tel qu’il devint une nouvelle personne en servant et en observant son maître.

Nous ne pouvons pas aspirer à atteindre le même niveau de Chimouch ’Hakhamim que ces grands hommes, mais les exemples de Yéhochoua, d’Elicha et de Rav El’hanan Wasserman nous montrent qu’il ne suffit pas d’étudier la Torah, sans tenter de servir et d’apprendre de la conduite d’un érudit en Torah.
Malheureusement, il est courant que cet aspect de la Avodat Hachem soit mis de côté, parce que l’on n’a pas conscience de son importance. On peut trouver difficile de se lier à un érudit en Torah, ce qui est certes vrai, mais plusieurs personnes ont prouvé qu’avec suffisamment d’efforts, ceci est possible et ces personnes atteignent souvent des niveaux plus élevés que leurs contemporains, qui sont peut-être plus intelligents et plus Matmidim.
[rav Yéhonathan Gefen ]

Les enfants que nous mettons au monde

"Qu’Hachem, le D. de vos pères, ajoute sur vous mille fois, comme vous, et qu’Il vous bénisse comme Il vous a parlé" (Dévarim 1,11)

-> D’après Rachi, les Bné Israël dirent à Moché : "Tu nous as accordé une bénédiction limitée [à 1 000], alors qu’Hachem a déjà promis à Avraham que sa descendance serait comme la poussière de la terre, qui est innombrable".
Moché leur répondit qu’il donnait, dans le verset précité, sa bénédiction personnelle, mais que celle faite par Hachem leur serait également accordée. Moché leur expliquait donc qu’il les avait bénis au mieux de ses capacités. Mais on ne comprend pas en quoi cette bénédiction supplémentaire fut bénéfique au peuple juif, s’il avait déjà reçu celle, illimitée, d’Hachem.

Le "Hatam Sofer précise que Moché testait les Bné Israël. Il voulait savoir pourquoi ils désiraient avoir des enfants. L’individu peut vouloir une progéniture, car elle lui sera utile (ex: dans les travaux de la maison, pour aider à subvenir aux besoins de la famille, pour servir de compagnie et d’assistance dans son vieil âge, ...). Mais il peut, par ailleurs, désirer mettre des enfants au monde, parce que chaque vie contient une étincelle divine, chaque nouvel être est créé "bétsélem Élokim" (à l’image de D.) et constitue un cadeau inestimable de la part d’Hachem.

Ainsi, Moché mit le peuple juif à l’épreuve. Il le bénit en lui souhaitant une progéniture multipliée par mille. Si les juifs désiraient avoir des enfants pour leur propre bénéfice, ils auraient estimé qu’une telle bénédiction suffisait, plus que cela aurait été inutile, voire une charge trop lourde.
Mais ce n’est pas ce qu’ils souhaitaient, car ils demandèrent des enfants "trop nombreux pour être comptés".
Pourquoi voulaient-ils tant d’enfants? Bien évidemment, ils ne cherchaient pas à satisfaire leurs besoins matériels ou émotionnels, mais visaient la bénédiction illimitée que chaque enfant mis au monde apporte. Ils se prouvèrent ainsi dignes de la bénédiction d’Hachem.

Plusieurs siècles plus tôt, ces attitudes contradictoires opposèrent Yaakov à son frère Essav. Ce dernier voulait profiter de ce monde tandis que Yaakov aspirait au monde futur. Quand celui-ci revint de son voyage en dehors de la terre d'Israël, Essav vint à sa rencontre. Il remarqua immédiatement la famille nombreuse qui suivait Yaakov et lui demanda qui étaient ces personnes. Yaakov répondit qu’ils étaient les enfants qu’Hachem lui avait donnés.

Le Pirké Dérabbi Éliézer détaille ce dialogue entre Yaakov et Essav et nous révèle leur débat sous-jacent. Essav demandait à Yaakov pourquoi il avait tant d’enfants, car ceux-ci représentaient, à ses yeux, le monde matériel ; or Yaakov était censé hériter du monde futur uniquement.
Sa question provenait donc de l’idée qu’il se faisait du rôle des enfants, ils sont là pour assister l’individu dans le Olam Hazé.
Yaakov répondit qu’il ne partageait pas l’opinion de son frère à ce sujet, les enfants ont une âme, une étincelle divine, ils représentent une opportunité de se rapprocher d’Hachem, de transformer le Olam Hazé (ce monde-ci) en mission spirituelle et de la mener à bien.
En revanche, Essav les considérait comme un moyen de profiter de la matérialité (les enfants sont là pour traire les vaches et participer aux nombreuses tâches ménagères qui doivent être quotidiennement remplies).

Les descendants de Yaakov et d’Essav, le peuple juif et le monde occidental, héritèrent de cette différence d’approches.
Certes, de nombreux changements survenus dans le monde provoquèrent des distinctions encore plus drastiques à ce sujet. Tandis qu’à l’époque d’Essav, les enfants étaient considérés comme un avantage, comme une aide financière pour la famille, ceci n’est plus le cas de nos jours. Nous ne vivons plus dans une société agricole et au lieu de travailler pour subvenir aux besoins de la famille dès leur plus jeune âge, les enfants passent de nombreuses années à vivre pour eux-mêmes, et à coûter très cher à leurs parents.
Ils sont donc considérés comme une lourde charge financière, sans compter le temps passé à s’occuper d’eux ainsi que les soucis qu’ils occasionnent. Il est certainement plus facile d’avoir peu d’enfants, ou de ne pas en avoir du tout. Quant à ceux qui estiment que les enfants sont de bonne compagnie, ils peuvent facilement satisfaire ce besoin avec des animaux domestiques, moins coûteux et moins tracassants.
Ainsi, au fil du temps, le taux de natalité a considérablement diminué dans le monde occidental et continue à dégringoler, la plupart des familles ont deux enfants, au maximum, et il n’est pas rare de rencontrer des couples sans enfants, et ce, de leur plein gré.

Ceci contraste énormément avec la conception du judaïsme authentique. Un juif pratiquant sait bien que les enfants ne sont pas mis au monde pour son profit, ni pour lui rendre la vie meilleure. Chaque enfant a une mission spirituelle, il a en lui une étincelle divine, et nous a été confié, pour être guidé, pour accomplir la volonté divine, et avoir une part au monde futur. Par conséquent, les familles nombreuses sont bien plus fréquentes dans le milieu pratiquant, bien qu’il soit plus "facile" de vivre avec moins d’enfants. [la contraception peut être justifié, mais ce n'est pas le sujet ici, voir cela avec un rav expérimenté]

On dirait pourtant que l’idéologie d’Essav à ce propos s’infiltre parfois chez les juifs orthodoxes. Un parent oublie parfois l’objectif ultime de sa noble tâche et considère ses enfants comme une source de plaisir. Évidemment, il n’y a rien de mal à se réjouir des réussites de nos enfants, mais si telle est l’attitude générale, nous traverserons inévitablement des périodes difficiles, où les défis liés à l’éducation nous sembleront trop grands.
D’ailleurs, le rav Noa’h Orlowek enseigne qu’il ne faut jamais s’imaginer que les enfants sont des "machines à Na’hat (satisfaction/plaisir)", censés nous combler de satisfaction. Non seulement cela nous mènera forcément à certaines déceptions, mais cela va à l’encontre de l’approche prônée par Yaakov Avinou.

Puissions-nous tous mériter de nous inspirer de l’exemple de Yaacov, dans notre rôle de parents.
[rav Yéhonathan Gefen]