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"Toute l'assemblée se souleva, émit sa voix ; le peuple pleura cette nuit-là ..." (Chéla'h Lé'ha 14,1)

A leur retour, les explorateurs semèrent la peur au sein du peuple.

Une des questions fondamentales qui se pose est pourquoi furent-ils si effrayés? Cela faisait plus d’un an qu’'Hachem réalisait pour eux de merveilleux miracles quotidiennement.
La manne tombait du ciel, un puits les accompagnait, ils étaient protégés par les nuées de Gloire. Pourquoi n’ont-ils pas placé leur confiance en Hachem qui leur réalisait des miracles au jour le jour?

-> Le Noam Elimélé'h (rabbi Elimelé'h de Lizensk) explique que l’homme s’habitue à tout.
Certes, Hachem fit pour Israël des prodiges remarquables, mais ces miracles se produisaient déjà depuis plus d’un an. Ils s’en sont déjà accoutumés!
L’effet d’émerveillement qu’ils devaient opérer dans le cœur du peuple a déjà eu le temps de s’altérer. A la limite, c’est s’ils voyaient à présent le blé pousser de la terre qu’ils y discerneraient un miracle.
La perception de tous les miracles a cessé d’impressionner le peuple qui fut apeuré par la description des explorateurs.
=> Même la plus grande merveille, si elle se produit régulièrement, elle perdra tout son effet. Il n’y a pas plus grand miracle que la nature. Mais l’homme n’y voit plus l’œuvre du Créateur du fait de sa répétition constante.

-> Le rav Moché Feinstein explique qu’il n’est pas suffisant de vivre les miracles pour avoir une foi suffisante. Il faut en plus effectuer des efforts importants pour intégrer profondément le miracle et ne plus être un simple spectateur des Prodiges Divins.
Certes, le peuple voyait des miracles à longueur de journée, mais il leur manquait tout ce travail et ces efforts pour ancrer durablement la foi dans leur cœur. Ainsi, la crainte des géants, de l’énormité des fruits, ... a eu raison de leur confiance en Hachem.
Leur foi n’étant pas intégrée par un travail personnel, ils la perdirent lorsqu'ils perçurent un danger auquel ils n’étaient pas habitués.

-> Le rabbi de Loubavitch explique que certes, le peuple était toujours conscient et sensible aux miracles d’Hachem, cependant les juifs pensaient que ces merveilles étaient liées à l’état surnaturel de la vie dans le désert. C’est là qu’Hachem transcende les règles de la nature et n’est pas affecté par celles-ci.
Mais quand les juifs rentreront en Terre d’Israël, ils devront alors commencer à mener une vie naturelle. Tous les miracles cesseront et la nature prendra le relais. C’est ici que se situait la peur des explorateurs.
S’il est vrai qu’Hachem peut réaliser tous les miracles qu’Il souhaite, malgré tout, c’est Lui-Même qui a décidé de cesser les miracles et d’enclencher le mode naturel par l’entrée en Terre d’Israël.
Et là, une fois placés sous la direction naturelle des choses, ils ne pourront plus en sortir vainqueurs. Naturellement, la bataille était perdue d’avance. Hachem Lui-Même les placera sous les règles de la nature en Terre Sainte, et selon ces règles ils ne pourront que perdre.
=> L’erreur de ce raisonnement est qu'Hachem n’est pas limité par cela. Il pourra leur donner une victoire surnaturelle, même s’Il dirige les événements selon les voies naturelles.

Ce qui montre encore plus Sa Force est qu’Il peut diriger les événements naturellement, tout en accordant une victoire surnaturelle à Son Peuple.
C’est le surnaturel qui se vêtit dans des apparences naturelles. Là est Sa Grandeur.
Il ne subit aucune limite ni aucune contrainte. Il n’est pas obligé de neutraliser la nature pour faire des miracles. Ses Merveilles se manifesteront en même temps que la nature s’appliquera!

-> Le Messekh ‘Hokhma explique que les juifs pensaient que tous les miracles dans le désert ont été produits par la force spirituel de Moché.
Mais, le peuple savait que Moché n’allait pas les faire entrer en Terre Sainte. Les 2 prophètes Eldad et Médad ont déjà annoncé que Moché allait mourir et Yéhochoua allait les faire entrer en Israël.
Mais alors, les juifs pensaient que la mort de Moché allait être synonyme de la fin des miracles. Sans Moché, Hachem n’allait plus leur réaliser toutes ces merveilles. Ils en ressentirent donc de la peur car dans ces circonstances, la victoire n’était plus assurée.
=> D'où cette crainte qu’ils ressentirent malgré tous les miracles qu’ils vivaient jusqu'à présent.

-> Le rav Ayzik Cher explique que les explorateurs craignaient que pour mériter les miracles de la conquête du pays, il faudra être constamment attaché à Hachem.
Le niveau de piété et d’élévation morale devaient être très haut. Une faute minime ou un petit écart dans l’attachement à Hachem pouvaient leur faire perdre l’indulgence Divine et la victoire pouvait être compromise.
Pour eux, l’exigence morale à laquelle se conformer était tellement élevée qu’ils craignaient ne pas pouvoir être à la hauteur. Ils perdraient alors le mérite de bénéficier des miracles d'Hachem et ne sauraient obtenir la victoire.

Les miracles du désert ne pourront donc pas servir de gage pour assurer les miracles lors de la conquête du pays.
Le devoir de perfection est beaucoup plus important en Terre d’Israël que dans le désert. La Torah ne dit-elle pas que ce pays "vomit" ceux qui commettent des fautes?
Les explorateurs étaient emplis de la crainte de ne pas être suffisamment à la hauteur pour mériter de vivre en Israël et de réussir la conquête.
Ce qu’ils redoutaient tant c’est que le moindre écart allait les priver du Secours Divin.

[dvar Torah du rav Mikaël Mouyal]

"La voix, c'est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le midrach (Béréchit rabba 65) interprète : Lorsque la voix de Yaakov est entendue, celle de la prière et celle de l'étude de la Torah, les mains d'Essav n'ont aucun pouvoir sur les descendants de Yaakov.

C'est pourquoi, se basant sur cette bénédiction d'Its'hak, les opposants aux sages de l'époque de la destruction du 2e Temple, étaient assurés que par le mérite de l'étude de la Torah de leur génération, les juifs pourraient vaincre les romains par la guerre.

Cependant, les sages (rabbanan) ont prévenu les opposants qu'ils ne réussiraient pas à vaincre militairement les romains qui assiégeaient Jérusalem, car la voix de Torah de Yaakov n'a plus de pouvoir dans une génération qui pratique le lachon ara qui vient réduire à néant la voix de la Torah.

La guémara (Guitin 56a) dit : "L'empereur envoya Vespassien (en remplacement de Néron) qui assiégea Jérusalem durant 3 ans."
Pourquoi cela?
A part l'exil, les juifs ont dû subir un siège de 3 ans, avec les souffrances de la famine, parce la faute de la génération était la haine "gratuite" ou lachon ara qui est compté au moins autant que [la réunion] des 3 transgressions (idolâtrie, inceste et meurtre) qui ont conduit eux à la destruction du 1er Temple [alors que le lachon ara seul a suffit à provoquer la destruction du 2e Temple, avec un exil très long qui dure encore!].

[d'après le Ben Ich 'Haï - guémara Guitin 56a]

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+ Contexte :

[Avant la destruction du 2e Temple, cette guémara rapporte que 3 hommes très riches avaient les moyens de nourrir tous les habitants de Jérusalem pendant 21 ans, permettant au rabbanim de négocier la paix (car en raison du lachon ara les juifs ne pouvaient pas gagner militairement).

Cependant, ceux qui voulaient combattre empêchaient les sages de sortir de la ville pour négocier, et ils ont mis le feu aux réserves de blé et d'orge (et autres ressources) et se fut la famine. En effet, ils désiraient obliger le peuple à prendre les armes.

Selon le Sforno, si les opposants avaient obéi à rabbi Yo'hanan ben Zakaï et aux Sages de leur génération, le 2e Temple n'aurait pas été détruit par les romains, et il n'y auraient pas eu l'exil du peuple d'Israël.]

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-> "La voix est la voix de Vaakov, mais les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

-> Les Sages (midrach rabba Toldot 65) font une remarque sur ce verset : "Puisque la voix est celle de Yaakov, il est alors évident que les mains ne sont pas celles d'Essav"
Et d'expliquer : lorsque la voix de Yaakov est audible, c'est-à-dire la voix de la Torah, les mains d'Essav n'ont aucune emprise sur Yaakov. Par contre, lorsque la voix de la Torah s'affaiblit, les mains d'Essav se renforcent et nous dominent.

-> Le Rabbi de Loubavitch disait à ce sujet :
"Pour notre grande souffrance, la moitié du proverbe s'est déjà réalisée par la destruction de Jérusalem, puisque ce sont par les mains d'Essav (l'Occident) que le Temple fut détruit, comme l'explique le prophète Jérémie : "Pourquoi ce pays est-il dévasté? C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Torah et Mes lois" (Yirmiyahou 9,11-12).

Le Rabbi de Loubavitch continue et explique :
"A notre époque, il nous faut accentuer l'étude de la Torah "la voix de Yaakov" car en ajoutant de l'étude dans le monde, nous créons une force qui permet d'annuler la raison de la destruction du Temple "les mains d'Essav", et par conséquent, précipite l'avènement de sa reconstruction".

"J'ai supplié Hachem en ce moment-là" (Vaét'hanan 3,23)

Ce verset parle de la prière que Moché adressa à Hachem pour pouvoir entrer en terre d'Israël.
Le Texte dit qu'il pria ''en ce moment là'', qui se dit en hébreu : "baét ahi'' (בעת ההיא).
Le terme : "baét" (en ce moment - בעת) s'élève à la valeur numérique de 472.

Ce nombre correspond au total de mots dans les passages des Tefilin et le passage des Tsitsit dans la Torah :
- les 4 paragraphes de la Torah qui mentionnent les Tefilin (que l'on retrouve dans les parchemins des Tefilin) sont constitués d'un total de 403 mots.
- le paragraphe des Tsitsit (le 3e paragraphe du Shema) est composé de 69 mots.
=> Ce qui fait bien un total de 472 mots.

Cela fait allusion au fait que Moché adressa ses prières à Hachem quand il était enveloppé du Talit et qu'il portait les Tefilin. En effet, nos Sages disent que les prières que l'on adresse à Hachem quand on porte le Talit et les Tefilin, sont encore plus acceptées par Hachem.
Ainsi, pour que ses supplications soient encore plus efficaces, Moché les formula quand il portait Talit et Tefilin.

[Rabbi Tzvi Elimelech de Dinov (le Bné Yissa’har) – dans son Agra DéKalla]

"Hachem bénit la maison de l'égyptien (Potifar) à cause de Yossef" (Vayéchev 39,5)

-> Le Ben Ich 'Haï (guémara Kétouvot 66b) enseigne :
Dans toute action, il y a une part d'intériorité et une part d'extériorité.
Lorsque les juifs accomplissent la volonté d'Hachem, ils intègrent la sainteté due à l'intériorité de leurs actions ; quant à la part d'extériorité, elle est rejetée comme des excréments dans le monde inférieur.

Il y a une allusion à cela dans le verset : "Hachem bénit la maison de l'égyptien (Potifar) à cause de Yossef" (Vayéchev 39,5). En effet, certains commentateurs ne lisent pas dans ce verset le mot : "biglal" (à cause de - בגלל), mais lisent plutôt : bégalal (avec l'extériorité - בגלל), c'est-à-dire que la part d'extériorité des actions louables de Yossef était la source de la bénédiction de la maison de son maître Potifar.

"Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Rachi (v.1,1) : "Etant donné que ce qui va suivre est constitué par des remontrances, et que le texte énumère ici tous les lieux où ils ont irrité Hachem, il les dissimule et ne les cite que par allusions, afin de ménager l’honneur d’Israël."

=> Moché ne voulait pas être trop dur avec le peuple et il ne les réprimanda que par allusion, pour leur honneur. Ainsi on peut se demander pourquoi dans la suite du livre de Devarim, on trouve que Moché revient sur ces réprimandes et les explicite de façon très claire, et pas seulement de façon allusive.

-> Le Mizra'hi explique que le problème d'expliciter les réprimandes ne se situe qu'au début de la paracha, où Moché réprimande (par allusion) le peuple pour toutes les fautes commises. Et effectivement, ce serait trop dur et trop humiliant que de réprimander clairement le peuple, pour toutes ces fautes, une après l'autre, sans interruption.
En revanche, dans la suite du texte de la Torah, les réprimandes explicites ne s'enchaînent pas. Le fait qu'il y ait des interruptions entre une réprimande et l'autre, sans que les paroles de morale s'enchaînent, cela est bien moins humiliant.
=> Ainsi, dans la suite du texte, Moché s'est donc permis de formuler des réprimandes explicites, parce qu'elles ne sont pas successives. Ce n'est que lorsqu'il a enchaîné toutes les remarques, qu'il les a formulées par allusion.

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-> Le Gour Aryé explique que Moché ne voulait pas commencer son discours, au début du livre de Dévarim, par des réprimandes explicites, car il convient toujours de débuter ses propos par des paroles positives et pas par des critiques.
Ainsi, pour ne pas commencer le livre de Dévarim justement par des réprimandes, Moché trouva donc bon de voiler et dissimuler ses réprimandes et les exprimer par allusion, au travers de la mention des différents lieux.
En revanche, par la suite, Moché reprit les réprimandes et les formula de façon explicite. Car dès lors qu'on se trouvait au milieu du livre, et non à son début, il n'y avait donc plus de problème à exprimer des paroles dures de morale.

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-> Selon le Maskil léDavid, lorsque Moché parla trop durement au peuple, notamment lorsqu'il leur dit : "Écoutez rebelles!", lors de l'épisode du rocher, il en fut sévèrement puni.
Dès lors, Moché redouta de réprimander le peuple avec sévérité, de peur de ''se brûler'' une nouvelle fois.

Quand avant sa mort il se devait de les réprimander, il prit peur et ne le fit que par allusion. Hachem, Qui remarqua cela, le rassura et lui dit que cette fois-ci il est bon de réprimander le peuple, et même de façon explicite.
En effet, comme il se trouvait juste avant sa mort, le peuple serait réceptif et ses propos pourront avoir toute leur efficacité. Il était bon désormais, compte tenu de la situation, de réprimander clairement le peuple.
=> C'est ainsi que Moché se permit par la suite de formuler des propos de réprimandes clairs et explicites.

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-> Le rav Moché Feinstein dit que pour avoir son effet, la réprimande doit être comprise par l'auditoire.
Ainsi, comme l'élite du peuple, les personnes les plus élevées, étaient en mesure de comprendre les allusions de Moché. Pour eux Moché se permit de formuler des réprimandes allusives, car pour eux, même de telles réprimandes auront leur impact, car ils les comprendront.
En revanche, les gens simples du peuple ne comprirent pas ce message crypté de Moché. Ainsi, c'est pour qu'eux aussi puissent comprendre le message et que celui-ci ait toute son efficacité, que Moché dût reprendre les réprimandes et les exprimer clairement. Car sinon, le message n'atteindrait pas son but, car les gens simples ne le comprenaient pas.

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-> Celui qui donne une remontrance doit parler à chacun d'une manière qui lui est adaptée.
On ne doit pas faire un reproche adressé qui englobe tout le monde.
C'est pourquoi, lorsque Moché commença ses mots de réprimande aux Bné Israël, il démarra par le érev rav, qui les a rejoint en Egypte et qui était particulièrement entêté. Ainsi, il leur a parlé : "bamidbar" = mot qui est la combinaison de 2 mots : "bédibour mar"(d'un ton vif, critique).
Cependant, au restant du peuple, il a parlé : "bé'arava" (agréablement).
Moché a réprimandé le reste de la nation juive d'une manière gentille et agréable, afin que son message puisse entrer dans leur cœur et susciter l'engagement et le dévouement souhaités.
[Sifté Cohen]

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-> Le Imré Elimelekh rapporte l'enseignement des Sages qui dit que quand une personne se repent de ses fautes par amour d'Hachem, alors ses fautes se retrouvent transformées en mérites.
Ainsi, au départ Moché a réprimandé le peuple en allusion pour les fautes commises, car eut égard à l'honneur du peuple, il ne voulait pas expliciter leurs fautes.
Comme ils comprirent le message, ils se repentirent sincèrement de toutes ces fautes et les regrettèrent par amour pour Hachem. Dès lors, toutes ces fautes devinrent des mérites.

=> Moché se mit alors, par la suite, à détailler et expliciter tous ces péchés. Car à présent que les fautes étaient devenues des mérites, détailler et s'allonger sur le détail de ces fautes revenait en fait à s'étendre et à développer les mérites du peuple.
Il convenait donc bien d'en parler clairement.

"Pin'has, fils d'Eléazar, fils d'Aaron haCohen, a détourné ma colère de dessus les enfants d'Israël, en se montrant jaloux de ma cause au milieu d'eux, en sorte que je n'ai pas anéanti les enfants d'Israël, dans mon indignation." (Pin'has 25,11)

-> Rachi commente : Étant donné que les tribus se moquaient de lui : "Avez-vous vu ce fils de Pouti, celui dont le grand-père maternel, [Yithro], engraissait (pitém) des veaux pour l’idolâtrie, tuer le prince d’une tribu d’Israël !", le texte retrace ici sa généalogie depuis Aharon.

Ainsi, pour faire taire ces railleurs, la Torah le présente d'après le côté qui remontait à Aharon et non à Yitro.

=> En quoi le fait de dire qu'il descendait d'Aharon ferait taire les railleurs, car ces derniers pourraient toujours continuer à dire qu'il était aussi descendant d'un ancien idolâtre, ce qui était réellement le cas.

-> De nombreux commentateurs expliquent que le culte idolâtre imprègne l'homme de cruauté. Cela se reflète par le fait d'engraisser des veaux, qui est en soi un acte cruel. Or, Pin'has venait de commettre un meurtre. Il venait de tuer Zimri, chef de la tribu de Chim'on.

Le meurtre est bien évidemment un acte cruel. Aussi, le peuple était tenter de suggérer que si Pin'has tua Zimri, cela provenait de gênes spirituels ancrés en lui de par son ancêtre Yitro, et qui le poussaient à la cruauté, du fait de ses origines idolâtres.

Dès lors, cela rabaissait Pin'has à avoir pratiquer un meurtre poussé par des tendances meurtrières, et non pas du fait d'un zèle sacré pur et désintéressé, comme ce fut réellement le cas.

Ainsi, pour corriger cette erreur, la Torah remonte Pin'has à Aharon. En effet, ce dernier est décrit par nos Sages comme un homme de paix, qui aime ses semblables. Ce que la Torah veut ainsi suggérer, c'est que Pin'has a agi sous l'influence de ses origines du côté d'Aharon.

Dans son acte, il ne recherchait que la paix et le bien-être du peuple. La faute d'immoralité commise par Zimri a entraîné une épidémie qui avait déjà décimé 24000 personnes. En tuant Zimri, Pin'has a mis fin à l'épidémie.

=> Pin'has, en tant que descendant d'Aharon, homme de bonté, ne cherchait en réalité qu'à obtenir le bien pour le peuple, et il n'a aucunement agi par la moindre trace de cruauté lui venant de son origine idolâtre, du côté de Yitro.

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-> Le Chem Michemouël quant à lui, rapporte un enseignement de nos Sages selon lequel dans sa débauche, Zimri avait de bonnes intentions.

Même si en surface, son acte paraissait comme impur et mal, mais en profondeur, il avait de bonnes intentions et cherchait à réaliser des réparations spirituelles. Et le peuple avait bien compris cela.

Quand Pin'has le mit à mort, le peuple commença à le critiquer en disant qu'il n'a pas cerné le fond de l'intention de Zimri. Il ne s'est arrêté qu'à la superficialité de l'acte et non à sa profondeur, qui était bonne.

Ce regard superficiel lui vient de son ancêtre Yitro, ancien idolâtre, car l'idolâtrie met en avant l'aspect extérieur des choses. Et la preuve, c'est qu'ils engraissent des veaux, pour les voir extérieurement plus gras et corpulents.

Or, cela n'est que superficiel. Pin'has, héritier de cette philosophie, n'a vu dans l'acte de Zimri, que l'aspect extérieur, qui semblait mal. Mais il n'était pas capable d'en voir la profondeur qui était bonne.

Pour faire taire ces rumeurs, la Torah remonte Pin'has à Aharon.

En tant que Cohen Gadol, il était le seul (à part Moché) à pouvoir pénétrer le saint des saints, qui était le lieu le plus sacré et le plus profond du Michkan. On l'appelle d'ailleurs aussi ''l'intérieur de l'intérieur''.

Par cela, la Torah veut souligner qu'en réalité, non seulement Pin'has ne s'est pas arrêté à la superficialité de l'acte de Zimri, mais il a vu encore plus en profondeur que le reste du peuple.

Pin'has a bien vu que Zimri avait de bonnes intentions, mais, en voyant encore plus en profondeur, il ressortait que ses motivations n'étaient en fait pas si bonnes.

=> Seul Pin'has, descendant d'Aharon, qui pénètre l'intériorité la plus profonde, a pu discerner cela.

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-> Le Sfat Emet explique que par l'acte de zèle qu'il réalisa devant tout le peuple, Pin'has a réussi à imprégner tout le peuple d'un feu sacré, pour rechercher à venger l'Honneur d'Hachem.

Cela est en allusion dans le verset : "Il vengea ma vengeance en leur sein" = c'est-à-dire que son acte imprima le désir de venger l'Honneur d'Hachem en eux. Dès lors, quand tous ressentirent cet ardeur en eux, ils se dirent qu'il convenait plutôt à eux de venger l'Honneur Divin et de tuer Zimri. Chacun se sentit poussé par cet élan.

Mais ils ne savaient pas que cet ardeur leur venait de par l'acte de Pin'has. Ainsi, ils pensèrent que cette vengeance sacrée ne revenait pas d'être faite par Pin'has, qui avait des ancêtres anciennement idolâtres.

Pour répondre à cet argument, la Torah remonte Pin'has à Aharon. En tant que Cohen Gadol, Aharon était l'émissaire de tout le peuple.

=> Ainsi, la Torah veut suggérer qu'à l'instar d'Aharon qui représente le peuple, Pin'has aussi est l'envoyé du peuple. La Torah vient révéler par là que si tout le peuple ressent à présent cet ardeur pour Hachem, au point que chacun veuille venger Son Honneur en tuant Zimri, cela leur venait en fait de Pin'has. C'est lui qui les représente et qui a imprégné en chacun ce feu sacré.

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-> Selon le Kli Yakar, la Torah rapporte les ascendants de Pin'has pour nous enseigner qu'en agissant pour rétablir le kavod de Hachem, Pin'has a mis de côté toute honte et insulte que cela pourrait engendrer. Quelqu'en soit le prix sur son honneur personnel, pour lui l'essentiel était l'honneur d'Hachem.
[le père de Pin'has avait épousé une des fille de Yitro, l'ancien prête de Midian]
Ainsi, Pin'ha savait que certains diraient : "Qui es-tu pour tuer Zimri qui a pris une femme de Midian? Ton père est marié avec la fille d'un idolâtre [Yitro] et elle a servi un idole, elle aussi.
Pourquoi es-tu si concerné par ceux qui pratique l'idolâtrie alors que ton propre grand-père [Aharon] a aidé à construire le Veau d'or!"

[par son geste Pin'has a sauvé de très nombreuses vies. Ainsi, pour souligner sa valeur, Hachem l'appelle "descendant de Aharon", un homme qui a excellé dans l'amour d'autrui et la poursuite de la paix.
Plus encore, D. le récompense (v.12 : "Je lui accorde Mon alliance de paix") et fait de lui un Cohen ce qui témoigne d'une alliance de paix et non de mort (guémara Sanhédrin 82b).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°735) écrit :
On connaît l’enseignement suivant de la guémara (Sota 4b) : "Rabbi Yo’hanan a dit au nom de Rabbi Chim’on bar Yo’haï que tout orgueilleux est considéré comme un idolâtre, car il est dit ici : ‘Tout homme orgueilleux est une abomination pour D.’ et ailleurs ‘Tu n’apporteras pas d’abomination dans ta maison’", l’orgueil et
l’idolâtrie sont donc désignés sous le même nom d’abomination.

D’après la guémara, on aurait pu croire que bien qu’étant le petit-fils d’Aharon et d’Yitro, aujourd’hui converti sincère, Pin’has avait tué le prince d’une tribu d’Israël par orgueil et pour se procurer de la gloire.
On aurait pu penser que l’origine de ses actes se trouvait dans son lien avec Yitro, qui avait engraissé des veaux pour l’idolâtrie. Or l’orgueil est équivalent à l’idolâtrie et bien qu’Yitro ait été à ce moment-là un converti sincère, il avait auparavant servi des idoles, et c’est donc là que Pin’has aurait puisé le potentiel pour agir ainsi.

Mais c’est pour démentir cette opinion que le texte l’a affilié à Aharon : le verset cherche à signifier que bien au contraire, Pin’has est le petit-fils d’Aharon, qui était un homme très humble (en effet, il avait dit "et nous, que sommes-nous", Béchala'h 16,7).
De même, Pin’has était empreint de cette modestie et a vengé l’honneur de D. sans y mêler ni orgueil ni poursuite des honneurs.

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-> "Il a vengé Ma Vengeance en eux" (Pin'has 25,11)

-> Rabbi Mena'hem Mendel de Kotsk commente :
L'acte héroïque de Pin'has a été réalisé avec tant d'ardeur et de bonne volonté que l'impact de cet acte s'est transmis à toutes les personnes qui étaient présentes. Il a ancré le zèle pour l'Honneur d'Hachem dans le cœur de chacun.
Cela est en allusion dans ce verset : "Il a vengé Ma Vengeance en eux" = l'impact et les effets bénéfiques de son acte, de ne pas supporter la faute, se sont imprégnés "en eux", à l'intérieur de leur cœur.

Questions/Réponses – Paracha Chéla’h Lé’ha

+ Questions/Réponses - Paracha Chéla'h Lé'ha :

1°/ Avant d'envoyer les explorateurs, Moché a ajouté la lettre "youd" à Hochéa (הוֹשֵׁעַ), de sorte que ce prénom débute par les lettres du Nom de D. (יה) en devenant : Yéhochoua (יְהוֹשֻׁעַ), qui signifie : "D. sauve(ra)".
Moché fit la prière suivante : "Que D. te sauve [Yéhochoua] du complot des explorateurs.
[Rachi (13,16) ; guémara Sotah 34b]

=> Pourquoi Hachem a-t-il prié uniquement en faveur de Yéhochoua, plutôt qu'un autre explorateur?

-> Le Maharal explique que Yéhochoua était l'élève le plus proche de Moché, et s'il en venait à fauter les gens auraient fait l'association avec son maître Moché, lui causant une mauvaise image, comme le fait qu'il était responsable de la foi chancelante de Yéhochoua.

Selon le Gour Ayé, cela était important pour Moché non pas à titre personnel, mais uniquement pour garantir son statut de prophète de Hachem. En effet, si une mauvaise attitude de Yéhochoua entraînait une perdre de foi en Moché, alors obligatoirement cela aurait remis en cause la Torah que les juifs ont reçu .

-> Le Kéhilat Its'hak répond que Moché a été conseillé par Hachem pour sélectionner chacun des espions, chacun étant de grandes personnes, et il avait confiance dans le fait que même s'ils pourrait être tentés de dire du mal sur la terre d'Israël, ils arriveraient à surmonter l'épreuve.

Cependant, Moché était préoccupé que Yéhochoua ne surmonte pas cette épreuve, car lorsque Eldad et Meidad ont prophétisé que Moché allait mourir et que Yéhochoua allait diriger le peuple en terre d'Israël, Yéhochoua en a été mécontent et il a dit : "Mon maître Moché, emprisonne-les" (Béaaloté'ha 11,28).
C'est pourquoi Moché avait peur que Yéhochoua puisse en venir à dire du mal de la terre d'Israël, afin de repousser l'entrée en Israël dans une finalité d'empêcher la mort de Moché.
[si l'entrée en Israël implique la mort de Moché, alors inconsciemment il était prêt à fauter pour permettre à Moché de vivre davantage en repoussant l'entrée en Israël]

=> Moché a prié spécifiquement pour lui, pour qu'il n'en vienne pas à agir ainsi (dépassé par l'émotion de perdre son maître!)

-> Le Targoum Yonathan traduit le verset (13,16) : "Quand Moché a vu l'humilité de Yéhochoua" = la modestie de Yéhochoua risquait de le rendre vulnérable aux instigations des autres explorateurs.
C'est pourquoi Moché a jugé bon de le protéger en priant pour lui.

En ce sens, le Imré Emet explique que même si Moché pouvait suspecter les autres explorateurs de pouvoir peut-être fauter, malgré tout, connaissant bien son disciple, il était certain que Yéhochoua n'allait pas se fourvoyer. Néanmoins,
Moché avait constaté que Yéhochoua était tellement humble, qu'il pourrait avoir tendance à s'effacer et ne pas s'imposer et se démarquer des autres. Ainsi, même si Moché savait que Yéhochoua n'allait pas fauter, il craignait néanmoins que du fait de son humilité, il s'efface et n'exprime pas fermement son désaccord envers les autres.
Moché craignait que même s'il n'est pas d'accord avec eux, que Yéhochoua suive la masse et ne s'impose pas contre tous les autres. C'est pourquoi, il pria pour lui, pour ne pas que son humilité lui joue des tours.

-> Le 'Hafets 'Haïm dit que Moché savait que Yéhochoua s'opposerait ouvertement aux explorateurs, ce qui l'exposerait à leur hostilité. C'est pourquoi il a prié pour lui.
Il savait que Kalev se ferait discret afin de démasquer leurs plans et défendre ensuite Moché. Puisqu'il cachait son jeu, il ne courrait pas de danger, et n'avait donc pas besoin de bénédiction.

-> Moché craignait qu'en voyant le peuple de Amalek qui habitait en terre d'Israël (Canaan), les explorateurs en soient effrayés, comme se fut d’ailleurs réellement le cas puisqu'ils soulignèrent : "Amalek réside dans le sud".
Or, celui qui a été désigné pour combattre Amalek c’était Yéhochoua, comme se fut le cas dans le passé, après la sortie d’Égypte.
Ainsi, tous les explorateurs pouvaient avoir peur, mais pas Yéhochoua, qui ne pouvait pas en venir à baisser les bras, car c'est lui seul qui devait avoir le courage de mener la bataille.
C’est pour cela que Moché pria particulièrement pour lui.
[Messé’h ‘Hochma]

-> Du fait que 'Hour, fils de Kalev, avait sacrifié sa vie par Kiddouch Hachem en protestant et en s'opposant à tous ceux qui voulaient confectionner le veau d'or, Moché en a déduit que son beau-frère Kalev n'écouterait pas lui aussi, comme son fils 'Hour, l'avis des explorateurs contraire à la volonté d'Hachem.
C'est pourquoi Moché n'a pas eu besoin de prier pour Kalev.
[Tiféret Tsion]

-> Moché a prié en faveur de Yéhochoua seulement, car il craignait que ce dernier, issu de la tribu de Efraïm, suive les voies de son ancêtre Yossef qui avait "médit" de ses frères auprès de Yaakov.
Pourquoi alors Moché n'a-t-il pas prié pour la même raison en faveur de Gadi ben Soussi, l'explorateur qui représentait la tribu de Ménaché fils de Yossef?
C'est parce que Moché pensait que le chef de la tribu de Ménaché suivrait les voies de Yéhochoua, chef de la tribu d'Efraïm qui était le plus éminent des 2 frères.
[Kli Yakar]

Pour prolonger cela, il peut être intéressant de rapporter le commentaire du rav Yonathan Eibschutz sur le verset : "Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché, Gadi ben Soussi" (Chéla'h Lé'ha 13,11).
=> Pourquoi le verset évoque-t-il Yossef pour la tribu de Ménaché mais pas pour la tribu d’Efraïm?
Le rav Eibschutz explique que Ménaché avait reçu son héritage de l’autre côté du Jourdain, il n’y avait donc aucune raison pour qu’il médise d’un pays dans lequel il n’avait aucune part. Alors pourquoi est-il tout de même tombé dans cette faute? Uniquement parce que s’est attaché à lui quelque chose de la faute de Yossef, qui avait dit du lachon hara sur ses frères.
C’est pourquoi quand le verset vient évoquer Menaché dans le contexte de la faute des explorateurs, il l’attribue justement à Yossef.

-> Le Ohr 'Hadach apporte l'enseignement de nos Sages selon lequel "lorsque la majorité des années de vie d'un homme s'est déjà écoulée sans qu'il n'ait commis de faute, il sera dès lors assuré de ne plus fauter".
A cette époque Yéhochoua avait 40 ans.
Or, il est écrit : "La durée de notre vie est de 70 ans, et, à la rigueur, de 80 ans" (Téhilim 90,10). Puisque la vie de l'homme est en moyenne de 70 ans, Yéhochoua avait déjà atteint la majorité des années de la vie d'un homme (la majorité de 70 ans étant 36 ans). De ce fait, puisque Yéhochoua n'avait jamais encore fauté, il pouvait être certain de ne pas fauter.
Néanmoins, nos Sages disent que quand une personne meurt avant son heure, ses années manquantes sont transférées à la vie des gens humbles.
Ainsi, quand Moché vit l'humilité de Yéhochoua, il en conclut que sa vie sera certainement allongée du fait de sa modestie. Il n'a donc peut-être pas encore atteint la majorité des années de sa vie et n'a donc pas non plus l'assurance d'être protégé de la faute.
C'est pourquoi, Moché trouva bon de le bénir pour qu'Hachem le protège du complot des explorateurs.

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-> "Moché appela Hochéa Bin Noun : Yéhochoua" (Chéla'h Lé'ha 13,16)

-> D’après nos Sages, Moché donna une bénédiction spéciale à Yéhochoua : "Qu’Hachem te sauve du complot des explorateurs". Mais pourquoi Moché bénit-il spécialement Yehochoua
Lorsque Yossef reconnut ses frères descendus en Égypte chercher de la récolte, il leur dit : "Vous êtes des espions (méraguelim)". Yossef en fait vit par prophétie que les âmes de ses frères allaient dans le futur intégrer le corps des méragélim, les explorateurs partis examiner la terre d’Israël. En effet, les explorateurs risquaient fortement de fauter et de dire du mal de la terre.
Sachant cela, Hachem voulut que les néchamot (âmes) des tribus, qui étaient très élevées, protègent les explorateurs par leur grand niveau de sainteté, et les empêchent de fauter. Il y avait un explorateur par tribu, sauf la tribu de Levi qui n’avait pas son représentant, car la tribu de Levi n'avait pas d’héritage dans la terre.
Concernant les deux tribus issues de Yossef, Efraim et Menaché, la Torah mentionne ici d’abord la tribu de Menaché en disant : "Pour la tribu de Yossef, pour la tribu de Menaché : Gadi Ben Soussi".
=> Cela est curieux, car d'ordinaire, Yossef est représenté en priorité par son fils Efraïm et pas Ménaché. Pourquoi cette différence dans la façon de présenter les deux tribus issues de Yossef?

C’est parce que la néchama de Yossef est descendue pour accompagner Gadi ben Sousi de la tribu de Menaché.
Mais alors, il manquait dans le compte des néchamot des tribus qui étaient venues protéger les explorateurs, une âme pour accompagner et protéger Yéhochoua, de la tribu d’Efraim. C'est pour cela que Moché lui a donné une bénédiction particulière.
Grâce à cette prière, Moché a entraîné que la néchama de Levi, qui manquait dans le compte, car il n'avait pas de représentant parmi les explorateurs, puisse s'associer à Yehochoua. En effet, puisque Moché est de la tribu de Lévi, il put entraîner que la néchama de Levi vienne dans le corps de Yehochoua, son fidèle disciple. Car, l' élève étant considéré comme le fils de son Maitre, Yehochoua était considéré comme le fils de Moché et pouvait prétendre recevoir la néchama de Levi, par l'intermédiaire de cette prière formulée par Moché.
[Chaar haPésoukim]

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-> Le saint Zohar (III, 158) enseigne : "Comment les explorateurs, qui étaient des hommes justes et à la tête du peuple, ont-ils pu calomnier la terre?
En réalité ces hommes-là ont prétendu : "Dans le désert, nous avons le mérite d’être des chefs mais ce ne sera plus notre cas une fois entrés dans le pays. Si nous nous installons en terre d’Israël, nous perdrons notre rôle et Moché désignera d’autres chefs à notre place."

Le rav David Pinto (la voie à suivre n°731) ajoute :
C’est pour cette raison que Moché a prié pour Yéhochoua, comme cela est expliqué par nos Sages (guémara Sota 34b) : "Que Y-A-H te sauve du complot des explorateurs!"(יה יושיעך מעצת מרגלים).
Or les lettres formant le mot "Y-A-H" (יה) ont la même valeur numérique que le terme : "gaava" (orgueil - גאוה).
En d’autres termes, Moché a prié pour que Yéhochoua ne soit pas entraîné par l’orgueil des chefs de tribu et ne cherche pas à garder sa fonction, impliquant de ce fait un séjour prolongé des bnei Israël dans le désert ou une médisance sur la terre.

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-> Rabbi Yo'hanan a été profondément impacté par la mort de Rech Lakich.
La guémara (Baba Métsia 84a) rapporte :
"Rabbi Yo'hanan dit : "Lorsque j'avançais une affirmation, il [Rech Lakich] me répondait par 24 objections auxquelles je présentais 24 réponses et notre étude était féconde ..."
Rabbi Yo'hanan déchirait ses vêtements et disait en pleurant : "Où es-tu fils de Lakich? Où es-tu fils de Lakich?"
Ses plaintes et son chagrin furent si violents qu'il en perdit la raison.
Les Rabanan prièrent alors pour lui et il rendit l'âme."

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Si'ha 40) écrit :
Le Rambam (Halakhot Rotséa'h) écrit : "La vie d'un Sage sans Torah est considérée comme la mort (sur le plan spirituel)."
Ainsi, rabbi Yo'hanan n'a pas pu retrouver un compagnon d'étude du niveau de Rech Lakich et Rambam dit : "La vie d'un élève sans son Rav, ainsi que la vie d'un rav sans son élève sont considérées comme la mort".
C'est pourquoi rabbi Yo'hanan était inconsolable : il fut atteint d'un grand chagrin jusqu'à en perdre l'esprit.
Il est possible que ce soit pour cette même raison, lors de l'envoi des 12 explorateurs en terre de Canaan que Moché pria pour le salut de son fidèle élève Yéhochoua assidu (et lui a même ajouté la lettre youd).
Moché a ainsi pris conscience que, malgré son haut niveau, sa propre vie sans la présence de Yéhochoua, aurait été considérée comme une mort sur le plan spirituel.

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-> Le Ben Ich 'Haï explique que le nombre de lettres qui constitue les noms des 12 tribus, telles qu'elles figurent sur le pectoral du Cohen Gadol est de 49, alors que les lettres des noms des 12 explorateurs sont de 48. On comprend pourquoi Moché a ajouté une lettre en plus à Yéhochoua, afin de lui donner de la force et l'aide entière des Tribus.

Il est à noter que le nombre 49 est la guématria de : "lavéta'h" (en sécurité).

Moché ajoute un youd au prénom Yéhochoua, qui provient du youd que Sarah avait perdu lorsque Hachem changea son prénom (de Saraï à Sarah).

De plus, pour faire le nom Yéhochoua, il faut également en dessous de ce youd : 2 points, pour faire le son : "é" (de yé -hochoua).
Le Kéhilat Moché rapport que ces 2 points proviennent du mot : "ben" (possédant 3 points : un ségol) à qui on a enlevé 2 points (il lui reste donc un point). On comprend alors pourquoi nous disons : "Yéhochoua BIN noun", et non pas : "Yéhochoua BEN noun".

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-> Moché changea le nom de Yéochoua de הושע (Hochéa) à יהושע (Yéhochoua).
Rav Chimchon Rafael Hirsch explique que ce changement de nom véhiculait pour lui et ses compagnons, un message implicite, car chaque fois qu’ils s’adressaient à lui par son nouveau nom, ils devaient eux aussi se souvenir du message contenu dans son nom et ne pas le perdre de vue dans l’accomplissement de leur mission.
Ce nom leur indiquait que הושע est יהושע = celui qui nous a sauvés dans le passé (הושע est au passé) nous sauvera aussi dans le futur (יהושע est au futur).

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-> Le Baal haTourim dit que les dernières lettres de "Chela’h lekha anachim" (envoie pour toi des hommes - שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים) forment le mot : ‘hakham (sage), c’est-à-dire qu’ils doivent être des sages et des justes.

Le rav David Pinto (la voie à suvire n°628) enseigne :
"Hachem a dit à Moché : "Envoie pour toi des hommes sages", or on sait qu’un sage est préférable à un prophète (guémara Baba Batra 12a). Il voulait que leur sagesse et leur vertu leur permette de comprendre rapidement comment conquérir le pays et vaincre les Cananéens par des moyens naturels, bien que ce peuple soit fort et possède des citadelles fortifiées, en dépit du fait que ce n’était pas du tout nécessaire, puisque D. lutterait pour eux et que la conquête se ferait de façon miraculeuse ...
Ils auraient dû, en tant que chefs de tribus et dirigeants des bnei Israël, leur expliquer qu’il n’y avait aucune raison de partir en exploration, puisqu’il y avait une promesse de D. que le pays était bon, et que les Cananéens seraient vaincus facilement.
Par conséquent, au moment même où Hachem a demandé à Moché d’envoyer des hommes sages, c’était avec l’intention qu’ils comprennent dans leur sagesse, avant de partir explorer, que cela n’avait aucun sens d’y aller.
[...]
En ce qui concerne l’envoi de Yéhochoua avec eux, Moché voulait que même si les autres explorateurs s’égaraient, il y ait quelqu’un pour le leur reprocher, défendre l’honneur du Ciel et proclamer ouvertement que la parole de Hachem est vérité et ne change pas.
Cette idée se trouve en allusion dans la lettre "youd" que Moché a ajoutée à son nom, et qui a (quand elle est écrite pleinement : יוד) la valeur numérique de 20, exactement comme les initiales de : "Erets Zavat ‘Halav Oudevach" (une terre où coulent le lait et le miel)."

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-> "ces hommes, qui avaient débité de méchants propos sur le Pays, périrent frappés par le Seigneur. Yéhochoua, fils de Noun, et Calev, fils de Yefouné, furent seuls épargnés (חָיוּ - ‘Hayou – littéralement [sur]vécurent), entre ces hommes qui étaient allés explorer le Pays" (Chéla'h Lé'ha 14,38)

-> Yéhochoua et Calev, qui ne s’étaient pas associés aux dix méchants Explorateurs, furent largement récompensés.
Rachi commente : "Que veulent dire ces mots : ‘ils vécurent de ces hommes-là’? Cela nous apprend qu’ils ont recueilli la part des Explorateurs dans le Pays [Erets Israël] et qu’ils y ont pris leur place pour y vivre" [voir Baba Batra 118b].

-> Par ailleurs, les parts des 10 Explorateurs dans le "Olam aba" (monde à Venir/Futur), furent attribuées à Yéhochoua (יהְושֹֻׁע). La Lettre "Youd" (symbole du "Monde futur" et dont la valeur numérique est dix) fut ajoutée à son nom originel, Hochéaַ (הושֵֹׁע), pour signifier qu’il avait mérité la récompense spirituelle des 10 Explorateurs.
[midrach Bamidbar rabba 16,7]

=> Pourquoi Hachem récompensa-t-il Yéhochoua plus que Calev?

L’ampleur de la récompense est proportionnelle à la difficulté de résister à la tentation.
Calev descendait de Yéhouda, qui maîtrisait sa langue. Il était donc enclin à résister au Lachone Hara, sans avoir à faire beaucoup d’efforts (néanmoins, il pria sur les tombes des Patriarches afin d’obtenir l’assistance divine, car il était en compagnie de Réchaïm, ce qui représente un danger même pour un Tsaddik).
Yéhochoua, en revanche, était un descendant de Yossef, qui avait fait du lachon ara sur ses frères (voir Béréchit 37,2). Il avait donc une faiblesse inhérente quant à ce péché.
Parce que Yéhochoua, son descendant, a su résister à la tentation de la médisance, sa récompense fut d’autant plus grande.
[Tiféret Tsion]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/10/11/29038-2

-> ainsi que : https://todahm.com/2017/09/26/5592-2

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2°/ "Vous prendrez des fruits de la Terre" (Chéla'h Lé'ha 13,20)

=> N'est-ce pas du vol que de prendre des fruits qui ne leur appartiennent pas?

-> Le rav Aharon Leib Steinman suggère qu'ici Hachem, le Maître du monde, leur a donné une permission exceptionnelle et unique d'agir ainsi.

-> Le Mérafsin Igri, cite la guémara (Avoda Zara 53b), qui enseigne que la terre d'Israël appartient légalement en héritage au peuple juif depuis que Hachem l'a donné à notre Patriarche Avraham.
C'est pourquoi les espions avaient le droit de prendre les fruits même avant que les juifs entrent et prennent possession de la terre.

-> Le rav Yéhouda Assad enseigne qu'en réalité Moché ne leur a pas demandé de prendre des fruits, mais plutôt de les acheter à leur propriétaire.

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-> "Vous vous renforcerez et vous prendre des fruits de la terre, et c’était l’époque des prémices de la vigne» (Chéla'h Lé'ha 13,20)

On trouve dans les écrits du Ari zal que les prémices (bikourim) ont pour but de réparer la faute des explorateurs.
En effet, comme ils ont dédaigné un excellent pays, la mitsva des prémices a été donnée pour manifester l’amour à la terre d’Israël, en apportant des sept espèces qui en font la gloire.

C’est pourquoi rabbi Mena’hem Zemba (dans son Amira Yaffa) dit que la Michna sur les bikourim (prémices) évoque précisément les 3 espèces que les explorateurs ont apportées : "Quelqu’un voit une figue arrivée à maturité, une grappe de raisin arrivée à maturité, une grenade arrivée à maturité".
Cela correspond à ce qui est dit sur les explorateurs : "ils ont coupé de là une branche et une grappe de raisins et l’ont portée à deux sur un bâton, et des grenades et des figues".

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-> "La période de l’année (où les explorateurs ont été envoyés) était celle des prémices des raisins" (Chéla'h Lé'ha 13,20)

-> Un midrach explique "Pourquoi les explorateurs ont-ils fauté? Parce qu'ils furent envoyés dans la période des prémices des raisins (Bikouré Anavim)". Comment comprendre ce midrach?

En fait, ces prémices surviennent aux mois de Tamouz et Av, une période dans laquelle le Satan est très fort, et comme on le sait cinq choses terribles pour Israël sont survenues dans chacun de ces deux mois.
Nos Sages enseignent que Le nom du Satan, c'est ס-מ-א-ל .
Si on prend les lettres qui viennent juste avant les lettres du mot "ענבם (les raisins)" dans l'ordre alphabétique, on retrouve exactement les lettres ס-מ-א-ל.
Les explorateurs fautèrent, car ils partirent en expédition dans la période de l'année où le Satan est dominant. C'est la période des "Prémices des Anavim (raisins)", allusions aux lettres qui viennent juste avant celles du mot Anavim, qui en sont les prémices.
Parmi toutes les hypothèse concernant la nature du fruit défendu que le premier homme a consommé, il y a celle qui propose qu’il s’agissait justement du raisin. Le raisin donne du vin, qui renforce le yétser ara en endormissant la conscience de l’homme.
[rabbi Chimchon d'Ostropoli]

"On trouva un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

La Torah juxtapose le passage de cet homme qui transgressa Shabbat, au passage des tsitsit.
Le midrach explique qu’en semaine, les juifs portent les téfilin, pour les protéger de la faute, mais le Shabbat, où il n’y a pas les téfilin, ils n’ont pas cette protection. D'où la faute de celui qui a transgressé Shabbat en ramassant du bois.

C’est ainsi qu’Hachem dit : "Ils auront les tsitsit pour les rappeler à l’ordre de ne pas fauter!"
Mais pourquoi la mitsva de Shabbat et sa sainteté ne suffiraient-elles pas pour protéger de la faute?

On voit de là que c’est surtout le fait d’avoir une mitsva à accomplir dans l’action qui rappelle à l’homme de ne pas fauter. Certes Shabbat est le jour le plus saint, mais sa sainteté vient d’Hachem, et l’homme n’a aucune action à accomplir pour amener sa sainteté.

=> Cela ne suffit donc pas pour le protéger. Hachem désigna donc la mitsva des tsitsit, qui est un acte à accomplir, car c’est l’action qui a la force de rappeler à l’homme de ne pas fauter.

[Sfat Emet]

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-> La guémara (Shabbath 96b et aussi 73b) cite plusieurs opinions relatives à la nature de l'ouvrage interdit accompli par cet homme :
- selon certains, les branches étaient éparpillées et il les a rassemblées (méamér) ;
- selon d'autres, il les a transportées sur une distance de 4 coudées (ou plus) dans un domaine public (otsa'a) ;
- selon d'autres encore, il a arraché des brindilles aux arbres (kotsèr).

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+ "Les enfants d'Israël étaient dans le désert et ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat" (Chéla'h Lé'ha 15,32)

-> Pourquoi le verset spécifie que les juifs étaient dans le désert?

Un désert a un statut de : "karmélit" (espace ouvert) et y porter dans une distance de 4 amot est une interdiction uniquement de nos rabbanim (midérabbanan).
Cependant, à l'époque où le peuple juif était dans le désert, le désert avait un statut de "réchout arabim" (domaine public : plus de 600 000 personnes y passaient chaque jour dans ce lieu non recouvert).
Le fait d'y marcher une distance de 4 amot est passible de mort par la Torah (mida déOraïta).

=> C'est uniquement parce que les juifs étaient : "dans le désert", que le mékachéch (celui ramassant le bois) devait mourir pour avoir porté pendant Shabbath.

-> Qu'en est-il pour les 2 autres explications (rassemblé, arraché)?

Il a agit à 100% pour Hachem (léchem chamayim).
Lorsque suite au rapport des explorateurs, il a été décrété que tous les hommes âgés de 20 à 60 ans allaient mourir dans le désert, certains en sont venus à penser que puisqu'ils devaient de toute façon finalement mourir dans le désert alors cela impliquait qu'ils étaient exempts des mitsvot.

Sachant qu'il allait mourir, le mékochéch a quand même agit afin de montrer clairement au peuple juif qu'ils devaient respecter Shabbath et ainsi que le restant de la Torah.
[en voyant concrètement sa condamnation à mort, cela réveillerait la crainte et la nécessité de faire les mitsvot]

Le verset précise que les juifs étaient : "dans le désert" pour nous enseigner que ses motivations étaient pures. [Tossafot - guémara Baba Batra 119b]

[Pné Yéhochoua]

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-> La guémara (Shabbath 96b) rapporte que Rabbi Akiva a dit que le mékochéch était Tsélof'had.
Rabbi Yéhouda ben Bétéra a dit à Rabbi Akiva que d'une manière ou d'une autre, il devra rendre des comptes pour ce qu'il a affirmé.
Si c'est bien Tsélof'had, alors qui t'as donné le droit de révéler ce que la Torah a caché?
Et s'il n'est pas coupable, alors tu diffuses une fausse rumeur.

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - guémara Shabbath 96b) vient nous expliquer cela, en se basant sur l'enseignement du Pné Yéhochoua que nous venons de voir.

Pour rabbi Yéhouda ben Bétéra, la faute du mékochéch était d'avoir transgressé l'interdit de porter dans un domaine public.
La Torah précise : "midbar" (désert) pour nous apprendre qu'alors le désert avait le statut de domaine public (réchout arabim).
Il en découle de tout cela, qu'il n'a pas agit 100% pour Hachem (lechem chamayim), et ainsi il était interdit de révéler son identité.

Cependant, rabbi Akiva était d'avis que le mékochéch avait arraché des brindilles (ou les avaient rassemblées), et la Torah précise : "midbar" pour nous enseigner qu'il avait agit 100% en l'honneur de Hachem.

=> Le mékochéch a été prêt à donner sa vie afin d'enseigner au peuple juif que même dans le désert (avec pour certains une mort certaine, sans espoir d'entrer en Israël), tout le monde se devait d'adhérer à la Torah.
[on comprend mieux pourquoi Rabbi Akiva a révélé son identité!]

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-> Puisque c'était Shabbath, le mékochéch ne portait pas de téfilin sur sa tête et sur son bras, dont la vision lui aurait permis de faire téchouva, et à cause de cela il en est venu à profaner Shabbath.
Hachem a alors demandé à Moché, de transmettre aux enfants d'Israël la mitsva des tsitsit, une mitsva que l'on peut accomplir tout le temps, même durant Shabbath et Yom Tov, et qui leur rappellera ainsi toutes les mitsvot.
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.26 ; midrach Yalkout Chimoni 703]

[Même le mékochéch a fauté, il s'est sacrifié pour assurer la réalisation de la volonté de Hachem.
Les tsitsit nous servent de rappel perpétuel au fait que nous devons servir D. avec amour, quelque soit notre situation dans la vie]

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+ Les tsitsit - corde de sauvetage

-> "Afin que vous vous rappeliez et que vous faisiez toutes Mes mitsvot, et vous serez saints" (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Le midrach Yilmédénou enseigne :
On peut comparer cela à un naufragé dans la mer. Le capitaine du navire lui tend la corde en lui recommandant de bien s’y accrocher sans la lâcher, car il y va de sa vie.

De même, Hachem dit à Israël : "Tant que vous êtes liés à Moi, vous êtes sanctifiés et les créatures vous craignent. Mais si vous vous détournez des mitsvot, vous vous profanerez."

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+ Un jour, un homme pieux ('hassid) vit (pendant Shabbath) une brèche dans la clôture de son champ. Il prit la décision de la réparer, puis se souvient que c'était Shabbath et il renonça (pour toujours) à réparer sa clôture.
En récompense de son attitude, un miracle lui advint ; un câprier poussa (à l'endroit de la brèche) et grandit.
Ce câprier lui fournit sa subsistance et celle de tous les siens.
[guémara Shabbath 150b]

=> Qui était ce 'hassid et la réparation (tikoun) de qui a-t-il réalisé?

-> Ce 'hassid était rabbi Yéhouda ben Ilaï, venu dans ce monde essentiellement pour réparer la faute du bûcheron (mékochéch) qui avait profané le Shabbath publiquement, pendant le séjour des juifs dans le désert, selon le verset : "Dans le désert, ils trouvèrent un homme ramassant du bois le jour de Shabbath" (Chéla'h Lé'ha 15,32).

Ce coupeur de bois, qui a été condamné à mort, était Tsélof'had, d'après rabbi Akiva et d'autres commentateurs, et rabbi Yéhouda ben Ilaï était la réincarnation (guilgoul) de Tsélof'had.

En étant sévère avec lui-même, même pour une simple pensée involontaire durant Shabbath, ce 'hassid a réussi à réparer l'acte de profanation volontaire du Shabbath du bûcheron Tsélof'had.
[Likouté haShass]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La récompense de l'attitude exemplaire de ce 'hassid, sous forme d'un câprier qui a bouché la brèche et qui a été sa source de subsistance durant le reste de sa vie, prouve qu'il a bien réussi la réparation (tikoun) en transformant l'acte prémédité de Tsélof'had en un mérite.
Le câprier unique (tslaf é'had - צלף אחד), qui a poussé, fait allusion au nom : Tsélof'had (צלפחד), pour indiquer qu'il a bien réussi sa mission de guilgoul.

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-> Le midrach raconte que Tsélof'had profana volontairement le Shabbath dans un but de Kiddouch Hachem, afin que sa mort ait un effet de crainte sur le reste de la population qui s'abstiendrait ainsi de transgresser le Shabbath.

Cette bonne intention et sa pensée, qui étaient nobles, lui ont été utiles dans ce guilgoul.
Ainsi, ce 'hassid a respecté Shabbath sur les 3 plans de l'action, de la parole et de la pensée, et c'est pourquoi Hachem a créé miraculeusement pour lui un câprier qui porte 3 espèces de nourriture.
[le fruit principal (les câpres ; les enveloppes des câpres ; et les branches tendres)]
[Tossefta - guémara Baba Batra 119b]

-> Le bûcheron, qui a été vu ramassant du bois coupé d'un arbre le jour de Shabbath, a été condamné à mort par lapidation avec des pierres, comme dit le verset : "La communauté le lapida (le coupeur de bois), et il mourut" (Chéla'h Lé'ha 15,36).

Maintenant, ce 'hassid, son quilgoul a honoré le Shabbath en refusant de mettre à exécution sa pensée initiale de colmater avec des pierres sa barrière ébréchée.
Sa récompense a été la création d'un câprier qui est un arbre.

=> Ainsi, le couple bois-pierre associé respectivement à la faute et à la sanction du bûcheron s'est traduit, après le tikoun, par le même couple inversé pierre-bois associé respectivement à la faute (à son niveau) et à la récompense du 'hassid.
[Ben Ich 'Haï]

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-> Le Arizal (séfer haguilgoulim) explique que Rabbi Yéhouda bar Ilaï était la réincarnation de Tsélof'had, profanateur du Shabbath (ramassé du bois en ce jour), et la faute de Tselof'had fut réparée par Rabbi Yéhouda qui avait un niveau très élevé de dévouement et de respect du saint Chabbat.
[צלף (tsélaf) et le chiffre un en araméen se dit : חד, d'où צלפחד (un câprier).
De plus, la guémara (Baba Kama 103b) enseigne qu'à chaque fois qu'est rapporté une histoire avec un 'hassid anonyme, il s'agit de Rabbi Yéhouda ben Baba ou bien Rabbi Yéhouda bar Ilaï. ]

-> "Telle était l'habitude de Rabbi Yéhouda bar Ilaï : la veille du Chabbat, on lui apportait un baquet rempli d'eau chaude. Il se lavait le visage, les mains et les pieds puis il s'enveloppait d'une cape de lin avec des tsitsit et il s'asseyait, tel un ange d'Hachem, le D. des armées"
[guémara Shabbath 25b]

C'est ainsi que le Rambam (Hilkhot Shabbath 30,2) trancha la halakha : "En l'honneur du Shabbat, l'homme a une mitsva de se laver le visage, les mains et les pieds avec de l'eau chaude, la veille de ce saint jour. Il s'enveloppera de tsitsit et s'assiéra avec concentration pour recevoir le Chabbat comme s'il sortait à la rencontre du Roi."

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
Ainsi, nous pouvons expliquer que Rabbi Yéhouda bar Ilaï accueillait le Shabbat enveloppé de ses tsitsit afin de réparer la néchama (âme) de Tsélof'had qui mourut en transgressant le Shabbat dans le désert, afin de faire grandir son importance aux yeux du peuple et par conséquent, entraîna que le Maître de l'univers transmit la mitsva des tsitsit à Israël afin qu'il puisse observer parfaitement le Shabbat qui est équivalent à toutes les mitsvot, tout comme la mitsva des tsitsit (cf. Rachi - Chéla'h Lé'ha 15,32).

Nous pouvons également expliquer la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilai prenait soin de se laver le visage, les mains et les pieds avant d'accueillir le Shabbat. En effet, lorsqu'il transgressa le Chabbat, Tsélof'had fit en sorte que tout le peuple puisse voir son visage. Lorsqu'il sortit de sa tente pour transgresser le Shabbat avec ses pieds, il endommagea ses pieds et lorsqu'il ramassa le bois avec ses mains, il endommagea ses mains.
C'est la raison pour laquelle Rabbi Yéhouda bar Ilaï se lavait le visage, les mains et les pieds en l'honneur du Chabbat afin de réparer le dommage qu'il causa à ses trois membres.

Moché dit à Hachem : "Mais alors, l'Egypte, du sein de laquelle Tu as fait monter cette nation par Ta puissance, entendra et dira .... et pourtant tu as tué ce peuple comme un seul homme" (Chéla'h Lé'ha 14,13-15)

=> Pourquoi Moché ne se soucia-t-il que de ce que se diront les égyptiens, et non les autres nations?

Moché pensait que si les autres nations voient la défaite des juifs contre les Cananéens, ils se diront que certainement le peuple d’Israël a fauté et a donc été puni.
Mais les égyptiens, parmi lesquels les juifs ont vécu de nombreuses années, savaient qu’en Égypte, les juifs avaient atteint des niveaux très bas d’impureté (49e niveau sur 50). Ils avaient presque même atteint le fond, et pourtant Hachem les a sauvés.
Ainsi, ils ne penseront pas que c’est parce que les juifs ont fauté qu’ils ont été punis.
C'est donc leur jugement que Moché redoutait le plus, et non celui des autres peuples.
[rabbi Israël Salanter]

"Quand tu feras monter les bougies" (Béaaloté'ha 8,2)

Rachi explique que la Torah utilise l’expression de "tu feras monter" pour parler de l’allumage de la Ménora pour 2 raisons :
1°/ pour indiquer qu’il faut allumer chaque bougie jusqu'à ce que la flamme "monte" d’elle-même et n’a plus besoin de celui qui l’allume pour briller ;
2°/ pour nous apprendre qu’il faut placer une marche devant la Ménora sur laquelle on "montera" pour allumer.

=> Quel est le lien entre ces 2 points ?

La Ménora symbolise la lumière de la Torah. Ainsi, l’allumage fait référence à l’enseignement de la Thora.
Le message de ce passage est que le maître doit mener ses élèves vers l’autonomie dans l’étude : les éclairer et leur transmettre jusqu'à ce qu’ils "montent d’eux-mêmes" et n’aient plus besoin de leur maître.

La Ménora mesurait 3 coudées, soit moins de 1m50. Ainsi, même sans cette marche on pouvait atteindre les lampes. Quelle est donc l’utilité de la marche?

C’est que la Torah souhaite que l’on puisse bien examiner et observer chaque lampe pour bien la nettoyer et l’allumer, et pour cela, il fallait monter sur la marche.
De même, le maître devait avoir son enseignement tellement clair et limpide, le maîtriser parfaitement comme s’il le voyait de haut, de "sur une marche".
Seulement avec une telle clarté et une telle maîtrise de sa Torah, il pouvait permettre à ses disciples d’acquérir une vraie autonomie.

[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

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+ "Ceci est l’ouvrage de la Ménora en or battu" (Béaaloté'ha 8,4)

Le terme : "mikcha" (battu - מקשה) signifie que la Ménora était faite d’une seule pièce que l’on a battu. Mais le midrach le rapproche de : "kaché" (קשה), signifiant difficile, car Moché avait du mal à la fabriquer jusqu'à ce qu’Hachem lui montre une Ménora en feu.

On peut expliquer ce midrach en comparant le corps de la Ménora au Maître, qui enseigne la Torah à ses élèves, représentés par les branches de la Ménora qu’il doit allumer et éclairer par son enseignement.

Cependant la Torah dit que toute la Ménora devait être faite d’une seule pièce, allusion au fait que les élèves doivent avoir la même motivation que le Maître, ce qui n’est pas souvent le cas. C’est ce que Moché trouvait difficile (kaché).
=> Comment obtenir ce résultat?

Hachem lui montra une Ménora en feu, symbolisant l’enthousiasme et l’ardeur.
Par cela, il lui expliqua que si le Maître enseigne à ses élèves avec amour et enthousiasme, alors il pourra obtenir l’attention de ses disciples qui aimeront de cette façon eux-aussi la Sagesse tout autant que le Maître.

[le Imré Fi]

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-> En fabriquant la Ménora, Moché devait concevoir un objet si saint qu’il pourrait faire rayonner la lumière de la volonté au sein de tout Israël. Ainsi, chaque juif, dans toutes les situations de sa vie qu’il traversera, dans tous les ténèbres qu’il vivra, pourra se renforcer par la force de la volonté pour être éclairé et pouvoir surmonter toutes les épreuves. Et il est clair que concevoir un tel ustensile si merveilleux est une affaire très difficile. [d'où la nécessité que D. l'aide]
[...]

Pour faire briller la force de la volonté, la Ménora devait être composée d’éléments qui faisaient allusion à des réparations spirituelles extraordinaires.
En effet, elle contenait 7 branches, 11 boutons, 9 fleurs et 22 coupes, soient un total de 49 éléments auxquels s’associait le corps même de la Ménora réunissant le tout d’une seule pièce, pour obtenir le nombre de 50.
Or, nos Sages enseignent qu’Hachem a créé 50 portes de compréhension.

De son vivant, Moché en a atteint 49. La 50e ne lui fut dévoilée qu'à sa mort.
Le Zohar explique que Moché s’éleva de ce monde (à sa mort) dans un niveau appelé : "volonté des volontés". Cette dimension correspond à la 50e porte qu’il atteint justement à sa mort.
C’est pourquoi, par ses 50 éléments, la Ménora relève de ce 50e niveau (le plus élevé), appelé "volonté des volontés". Elle pourra ainsi introduire la force de la volonté dans le cœur de chaque juif pour l’éclairer dans tous les moments d’obscurité.

=> Puisque Moché n’a pas atteint cette 50e porte de compréhension de son vivant, il ne pouvait donc pas concevoir la dimension de la Ménora émanant justement de ce niveau.
[Rabbi Nathan de Breslev - Likouté Halakhot]