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"Voici les descendants de Aharon et Moché, au jour où Hachem s'adressa à Moché au Mont Sinaï. Et voici les noms des fils d'Aharon ..." (Bamidbar 3,1)

-> Ce passage ne mentionne que les fils de Aharon
Rachi explique que ce verset nous apprend qu'enseigner la Torah à un enfant, c'est comme lui donner la vie, comme l'avoir engendré (guémara Sanhédrin 19b).
Ainsi, en enseignant la Torah aux 4 fils de Aharon, Moché est devenu leur père spirituel, tout comme Aharon est leur père biologique.

-> Le Chla haKadoch ajoute que : "ce n’est pas seulement “comme si” il l’avait engendré, car son père et sa mère lui ont certes donné son corps, mais le Rav a en quelque sorte donné vie à son âme ... Heureux celui qui agit ainsi et apprend la Torah au fils d’un autre – et s’il le fait gratuitement, sa récompense est double."

-> "Tu l'enseigneras à tes enfants" (Vaét'hanan 6,7)
Rachi commente : Il se trouve que les élèves (talmidim) sont très souvent appelés des "fils".

-> Selon le Ohr ha'Haïm et le Kli Yakar, c'est au mont Sinaï que Moché est devenu leur père, quand D. courroucé par la participation d'Aharon à la faute du Veau d'or, s'apprêtait à détruire sa famille (Ekev 9,20).
Par ses prières, Moché a obtenu qu'Elazar et Itamar soient épargnés.
Rachi commente : "J’ai prié aussi pour Aharon" (Ekev 9,20) = [Moché dit: ] Ma prière a été efficace pour obtenir un demi-pardon : Deux [de ses fils] sont morts (Nadav et Avihou) et deux sont restés en vie [alors qu'il avait été décrété que tous les enfants de Aharon devaient mourir].

-> Rachi rapporte la guémara (Sanhédrin 19b) disant que l'on apprend de ce verset qu'enseigner la Torah à un enfant, c'est comme l'avoir engendré.
Les parents donne à le corps à leur enfant, et celui qui leur enseigne la Torah lui donne sa néchama (âme), puisque la Torah est la néchama du peuple juif.
Loué est celui qui apprend et enseigne aux enfants de son prochain la Torah. Celui qui le fait gratuitement reçoit une récompense qui est doublée.
[dans le : דרך חיים תוכחת מוסר - ל"ו]

-> Un élève est appelé "enfant" de son rabbi, par la sagesse qu'il reçoit de son rabbi.
Nous voyons d'ici l'énorme pouvoir de la parole [de la Torah que l'on enseigne], puisqu'elle a la faculté de créer des "enfants spirituels".
[Gaon de Vilna]

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-> "Quiconque enseigne la Torah au fils de son ami, l’Ecriture le lui compte comme s’il l’avait engendré" (guémara Sanhédrin 19b)

Rabbi David Pinto (Pa’had David) commente : Nous voyons de là que l’essentiel de l’engendrement, c’est de donner la spiritualité. Comme l’ont dit nos Sages (midrach Béréchit Raba 30,6) : "L’essentiel des engendrements des tsadikim sont les mitsvot et les bonnes actions". C’est cela le principal.
D’après cela, on comprend parfaitement cet enseignement de nos Sages (guémara Makot 22) : "Combien ils sont stupides, les gens qui se lèvent devant un séfer Torah et ne se lèvent pas en l’honneur d’un talmid ‘hakham", puisque l’essentiel de la Torah et de l’engendrement sont liés, et que tout est nécessaire pour s’élever dans la Torah. Alors évidemment il faut se lever devant un talmid ‘hakham, car c’est lui qui accomplit sa tâche par l’étude de la Torah et les bonnes actions.

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-> "Le fruit du tsadik est un arbre de vie ; et un sage acquiert des âmes" (Pri tsadik éts 'haïm, vélokéa'h néfachot 'hakham - Michlé 11,30)

Le Gaon de Vilna commente :
- "Le fruit du tsadik est un arbre de vie" = cela fait référence aux enfants, car si une personne laisse derrière elle des enfants, c'est comme si elle était toujours en vie ;

- "et un sage acquiert des âmes" = cela fait référence aux élèves (talmidim) d'une personne, qui sont un plus grand accomplissement que ses enfants, car les enfants se rapportent au néfech (la force de vie physique au sein d'une personne), tandis que les élèves se rattachent à la néchama (la force spirituelle intérieure qui va la pousser à être attirer vers Hachem et ses mitsvot).

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-> L'homme sans la Torah n'a aucun avantage par rapport à un animal.
Ce n'est que la connaissance de la Torah qui fait une distinction avec les animaux, et qui rend méritant d'être appelé un homme, car la Torah est l'objectif de la Création.
[Maharcha - guémara Sanhédrin 99b]

[Si les parents donne le titre d'être vivant, l'enseignant octroie celui d'homme.
Si les parents permettent la vie physique dans ce monde, l'enseignant permet d'obtenir la vie éternelle]

-> Nous pouvons réaliser des mitsvot uniquement de notre vivant.
Ensuite, cela n'est plus possible et nous n'avons plus la possibilité d'enseigner la Torah.
Cependant, celui qui a le mérite d'écrire de vrais livres, ne s'arrête pas de produire des "enfants" même après sa mort, puisqu'il a des élèves qui étudient la Torah de ses livres.

[le fait de soutenir l'édification/maintient d'une yéchiva, la publication de livres, ... sont d'autres moyens permettant d'avoir des mérites éternels!]

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+ Pourquoi est-ce que la Torah ne mentionne-t-elle pas également les enfants de Moché?

-> "Un homme de la maison de Lévi alla et prit une fille de Lévi" (Chémot 2,1)
Le Maharal fait remarquer que les noms des parents de Moché ne sont pas mentionnés. Pourquoi?

Moché était un [être humain] tellement spirituel que sa seule véritable connexion était avec Hachem.
Ainsi, en comparaison aux autres, c'est comme s'il n'avait aucun lien avec un être humain, même ses propres parents ou ses enfants. [Ce qui explique que ses enfants ne sont pas rapportés].
[Béer Moché]

-> Les enfants d'une personne, l'aide à se compléter.
Aharon était grand, mais ses enfants l'ont aidé à atteindre sa plénitude spirituelle (chlémout), et c'est pour cela que la Torah les mentionne pour dresser une image complète de la spiritualité de Aharon.
Cependant, Moché a atteint tout seul sa plénitude spirituelle, et il n'est ainsi pas nécessaire de mentionner ses enfants.
[Tsor haMor]

-> Les enfants de Moché ne sont pas rapportés ici, car ils n'ont pas mérité de prendre part à la sortie d'Egypte, et de traverser la mer Rouge avec le peuple juif. [les rejoignant ensuite avec Yitro et leur mère]
[Rabbénou Zé'haria]

-> Tous les juifs étaient considérés comme les enfants de Moché et de Aharon, car à la fois Moché et Aharon ont enseigné la Torah à toute la nation. En effet, Moché disait une halakha, et Aharon la répétait [au peuple].
En raison de cela, le peuple avait peur d'approcher Moché, posant directement les questions à Aharon.
[Sifté Cohen]

[puisque le lien de proximité n'était pas totalement à l'image de ses propres enfants (ex: peur d'approcher Moché), alors ses enfants ne sont pas mentionnés]

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-> "Voici les descendants de Aharon et Moché" (Bamidbar 3,1)

Rachi constate que la Torah ne mentionne juste après que les descendants de Aharon et non ceux de Moché.
Cela vient enseigner que celui qui apprend la Torah à son prochain, c’est comme s’il l’avait fait naître. Les enfants de Aharon étaient donc aussi enfants de Moché.

=> Mais pourquoi cet enseignement n’a été dit que pour les fils d’Aharon alors que Moché avait appris la Torah à tout le peuple?

En réalité, tout l’intérêt de dire qu’enseigner c’est comme enfanter, dépend du principe selon lequel le fils peut donner du mérite à son père. Ainsi, si un élève dépasse son Maître, il pourra aussi faire profiter de sa grandeur à son Maître parce qu’il est considéré comme son fils.

Or, Moché était plus grand que tout le peuple. Personne ne pouvait donc le dépasser. Le fait que tout le peuple, qui ont appris de lui, soient ses enfants n’avait donc pas d’intérêt, car ils ne pouvaient pas lui faire bénéficier d’une grandeur qu’il n’avait pas.
Cependant, Moché reconnut lui même que Nadav et Avihou, les fils de Aharon étaient plus grands que lui et Aharon. C’est donc à leurs propos qu’il est intéressant de signaler qu’ils étaient comme ses enfants, pouvant lui faire profiter de leurs grandeurs.
['Hatam Sofer]

-> Le Sifté ‘Hakhamim enseigne que Moché a reçu l'ordre de Hachem d'enseigner la Torah à toute la nation. Puisqu'il en avait un ordre explicite, il ne pouvait être considéré comme leur ayant donné la naissance en agissant ainsi.
D'un autre côté, il a choisi de lui-même d'enseigner individuellement la Torah aux enfant de Aharon, et pour cette raison ils étaient considérés comme ses enfants.

-> Le Netsiv dit que ce concept où l'on est considéré comme ayant donné naissance à celui à qui on a étudié la Torah, ne s'applique que pour la Torah Orale, qui est l'étude qui fait et créée véritablement une personne.

Moché n'a commencé à enseigner la Torah Orale à l'ensemble de la communauté juive que bien plus tard ("Moché commença à expliquer cette Torah" - Dévarim 1,5), et ceci explique pourquoi à ce moment tous les juifs n'étaient pas considérés comme ses enfants.
Cependant, puisqu'il avait déjà commencé à enseigner en privé la Torah Orale aux enfants d'Aharon, il était déjà considéré comme leur ayant donnés naissance.

-> Selon le Maharal, bien que Moché a enseigné la Torah à tous les juifs, il a sans aucun doute pris davantage de temps dans son emploi du temps surchargé pour étudier avec ses neveux, les enfants d'Aharon. Il a fait pour eux un effort supplémentaire en leur consacrant bien plus de temps et d'efforts qu'avec une personne "normale", en leur expliquant et révisant les leçons de la Torah avec eux.

Le Maharal dit qu'un parent est défini par sa volonté de fournir un effort supplémentaire. Un parent est toujours prêt à faire ce qu'il faut pour son enfant (peu importe le temps, les efforts nécessaires, ...).

Ainsi, le principe qu'enseigner la Torah à un enfant d'autrui, est considéré comme lui ayant donné naissance, ne s'applique que lorsque le rabbi/rav agit au-delà de ses simples obligations [d'enseignement, d'homme] et qu'il devient véritablement comme un parent de cet enfant.

"Les enfants d'Israël camperont, chacun sous sa bannière, selon les insignes de leur maison paternelle, à distance et autour du Ohel Moed, ils camperont" (Bamidbar 2,2)

-> Chaque bannière (de 3 tribus) possédait une couleur distincte [et, d'après le Targoum Yonathan, chaque bannière comportait les couleurs des 3 tribus qu'elle représentait]
Chaque tribu possédait également son propre drapeau, doté lui-même d'un emblème illustrant les traits dominants de son caractère.
Le drapeau de chaque tribau était de la couleur de la pierre la représentant sur le Pectoral du Cohen Gadol.
[Rachi]

-> Le midrach (Bamidbar rabba 2,10) enseigne que le campement d'Israël sur terre est la contrepartie de la Cour Céleste où le trône Divin est entouré de 4 groupes d'anges, à l'instar des 4 camps situés autour du Michkan.

-> "C'est des bannières (dégalim) du peuple juif que les nations du monde ont appris à faire des bannières/drapeaux colorés"
[midrach Bamidbar rabba 2,7 ]

-> Au-delà de l'unité, les bannières étaient le signe d'un amour de Hachem pour son peuple : https://todahm.com/2016/06/30/4611

-> "Les bannières ont cessé quand le peuple s'est dispersé à travers tout le pays pour le conquérir et ne campait plus autour du michkan. Par conséquent, la sainteté du camp d'Israël a cessé d'exister."
[Rachi - guémara Zéva'him 112b]

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-> "Le juste fleurira comme le palmier" (Téhilim 92,13)

"[Le palmier représente le peuple juif car] il ne contient pas de déchets : ses dattes sont mangées, ses feuilles sont utilisées comme loulavim à Souccot, ses branches séchées servent de sekha'h (toit) sur la Soucca, ses fibres sont torsadées pour faire des cordes, ses brindilles sont tressées en paniers et ses longues planches sont rabotées pour en faire des pièces de bois de soutient de la toiture.

De même, Israël ne contient pas de déchets : certains excellent dans la Torah, d'autres dans la michna, d'autre dans la Aggada, d'autres dans l'observance des mitsvot, d'autres dans les bonnes actions."
[midrach bamidbar rabba]

=> Les bannières mettaient en avant les qualités de chacune des tribus.

D'un côté, il faut suivre l'ordre de campement imposé par Hachem, mais d'un autre côté, chacun se doit d'utiliser au mieux ses particularités dans lesquelles il excelle.
Lorsque chacun est à sa place pour accomplir son rôle, n'empiétant pas sur celle d'un autre, ni ne le jalousant, alors la partition est sublime!

Tout comme chaque juif a une mission unique à remplir, chaque tribu a une tâche particulière à assumer.
L'unité du peuple juif et l'intégralité de ce que Hachem attend de nous ne peuvent être atteintes que si chaque individu remplit sa mission personnelle, sans usurper l'espace ou la tâche d'un autre (ex: par orgueil), car la mission de l'un ne correspond pas au caractère et au potentiel de l'autre.
Les bannières aident, par la visualisation, à se rendre compte de cela.

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-> Le rav Yaakov Kamenetsky (Émet léYaakov - Bamidbar 1,1) nous aide à comprendre la signification du Michkan.
Au début de la paracha de Bamidbar, la Torah montre le système d’identification de chaque tribu lors de leurs périples dans le désert. Chacune avait son propre drapeau, représentant son rôle et son caractère. Par exemple, un lion figurait sur le drapeau de Yéhouda, indiquant son statut de roi, le lion étant le roi des animaux.
Rav Kamenetsky souligne que ce système, pourtant simple, ne fut mis en place que lors de la 2e année après la sortie d’Égypte ; pourquoi fallut-il attendre un an entier pour l’instaurer?

Il répond que le Michkan aussi fut établi uniquement dans la 2e année qui suivit la sortie d’Égypte et il était impératif qu’il soit construit avant la mise en place du système des drapeaux. Pourquoi cela?
Le rav Kamenetsky explique que les divers drapeaux mettaient en relief de grandes différences entre chaque tribu. Les diverses couleurs et symboles connotent le mode de vie et les forces particulières à chacune. Par conséquent, le risque que les drapeaux entrainent séparation et divergence au sein de la nation juive était grand.
Chaque tribu avait sa propre philosophie et risquait de la canaliser vers des objectifs disparates, voire d’éventuels conflits entre elles. Pour éviter que cela se produise, il était primordial de garder un point de mire, rappelant aux tribus qu’elles ont toutes le même but : celui de la Avodat Hachem, même si les manières de l’atteindre sont différentes.
C’était l’un des objectifs principaux du Michkan : servir d’élément unificateur pour les divers éléments du peuple juif. Chacun a sa façon de voir les choses et divers rôles sont à remplir au sein de la nation, mais si tout le monde vise la même cible : celle de servir Hachem, nos différences n’ont aucune raison de se transformer en conflit ou en dissension. [au contraire elles sont des richesses, permettant au final d'encore mieux service Hachem]
Le rav Kamenetsky compare ceci au corps humain : les oreilles et les yeux ont des fonctions et des aptitudes très différentes, mais ne sont pas en compétition, parce qu’ils ont un objectif commun : ceux de permettre au corps humain de fonctionner correctement.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Deux leçons primordiales sont à tirer de cela. Tout d’abord l’importance de l’unité au sein du peuple, mais savoir aussi qu’être uni ne signifie pas avoir les mêmes rôles et les mêmes forces que l’autre. Si c’était le cas, le peuple juif n’aurait pas pu remplir les myriades de responsabilités qui lui incombent en tant que Peuple élu. Certaines personnes sont plus aptes à étudier, d’autres à aider, d’autres encore sont douées pour l’enseignement, ...
De même, il existe différentes façons de servir Hachem, comme le montrent les diverses tendances et origines ; les Lituaniens, les ’Hassidim, les Sépharades, ...
Chacune donne sa propre saveur à la nation et contribue à sa Chlémout (perfection).

La guémara (fin du traité Taanit) nous permet de mieux comprendre cette idée. Elle affirme qu’à l’avenir, Hachem formera un cercle avec les hommes pieux (tsadikim). La Chekhina (Présence divine) sera au milieu et tout le monde pointera le centre en disant : "C’est Hachem en Qui nous avons espéré".
Les commentateurs analysent cette ronde formée par les tsadikim. Dans un cercle, chaque point est équidistant du centre. Aucun n’en est plus proche ou plus éloigné. Dans le futur, toutes les vaines discordes feront partie du passé. Hachem formera un cercle et en sera le centre et tous les vertueux de ce cercle, des divers "camps", montreront le centre du doigt et verront qu’ils servaient tous le même D. et en étaient équidistants.
Chaque point a une place différente sur le cercle, mais personne n’est plus rapproché que l’autre du milieu.

["Ils Me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" (Térouma 25,8) = on peut appliquer ce même pouvoir d'unification vers un objectif ultime. Nous devons savoir accepter qu'autrui aborde différemment que nous le chemin pour y parvenir, et en ce sens accepter et apprécier toute forme de service d'Hachem (tant que cela reste dans le cadre de la loi juive).
D'ailleurs, un juif ne doit pas être un robot (reproduisant machinalement ce qu'autrui fait), mais il doit vivre personnellement son judaïsme, en y mettant les sentiments qui font vibrer son cœur pour Hachem. Et en ce sens, chaque juif a à l'intérieur de lui ("Je demeurerai parmi eux") une approche unique, un relationnel unique avec son papa Hachem.]

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-> "Chaque homme selon sa bénédiction, il les a bénis" (Vayé'hi 49,28)

Le Or ha'Haïm haKadoch explique que la façon dont Yaakov a béni chacun de ses fils montre que les bénédictions convenaient à la personnalité et aux actes de chacun car chaque personne a un trait particulier qui la distingue de ses semblables.
Pour certains, ce trait peut être la prêtrise, pour d'autres la royauté, pour d'autres la Torah, la force, la richesse, le succès, ...

En bénissant ses fils, Yaakov inspiré par l'esprit prophétique a donné à chacun la bénédiction qui lui convenait en fonction de ses dispositions positives et négatives sans changer leur destinée.

=> Tâchons d'avancer dans la vie sous la bannière du peuple juif qui nous convient le mieux (être réellement soi-même), afin d'enrichir la collectivité par notre individualité.

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-> b'h, Nous allons voir un dvar Torah du Ben Ich 'Haï (Aderet Eliyahou - Balak 23,10).

Lorsque le peuple d'Israël était divisé selon des bannières, il y avait 4 groupes différents.
Le mot : ישראל a une guématria de 541. Si on le divise par 4, on obtient : 135, ainsi que 1 (représentant le fait que c'est le seul peuple véritablement uni).

Lorsque ces 4 groupes (valeur de 135) se tournent vers l'Unique, il invite le 1, et arrivent à 136, qui est la guématria de : kol (קול).
C'est une allusion au fait que la force d'Israël se tient dans sa "voix" lorsqu'il étudie la Torah (akol kol Yaakov - יעקב קול הקול - Béréchit 27,22).

Il y a 4 groupes de : "kol", comme les 4 niveaux de la Torah : le pchat, le rémez, le drach et le sod.

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+ "Bila'am leva les yeux et vit Israël camper selon ses tribus" (Balak 24,2)

-> "Cela fait allusion aux bannières. Il leva les yeux et dit : 'Qui est capable de toucher à ce peuple? Ils reconnaissent leurs ancêtres et les membres de leur famille! ...
Les bannières étaient à la fois une mesure de grandeur et une frontière pour le peuple juif"
[midrach Bamidbar rabba 2,4]

-> Les 12 tribus étaient répartis en 4 groupes, ayant chacun sa bannière.
Ce système de bannières a été établi par Yaakov, au moment où il a demandé à être enterré en Israël.
Il a alors enseigné à ses enfants l’emplacement de chacun au moment où l’on portera son cercueil.

Lorsque Yaakov a donné ses bénédictions à Ménaché et Ephraïm, il est dit : "II plaça Ephraïm avant Ménaché." (Béréchit 48,20).
Rachi commente : afin de placer Ephraïm avant Ménaché dans la formation des bannières.
C'est ainsi, que l’on trouve dans notre paracha : "La bannière du camp d’Ephraïm, avec ses légions, occupera le couchant … Près de lui, la tribu de Ménaché." (Bamidbar 2,18-20)

-> "[Au moment d'établir les bannières, Hachem dit à Moché :] Je ne dis rien de nouveau : leur place dans le camp leur a été attribuée par leur père Yaakov. Ils disposeront leur camp autour du michkan de la même façon que leurs pères se sont placés autour du cercueil de Yaakov pour l'emporter d'Egypte en terre d'Israël".
[midrach Bamidbar rabba 2,8]

=> La vision des bannières rappelait à chaque juif ses racines et sa généalogie, et cela transmet de la grandeur.
(à la vue de notre bannière, on vient à penser : étant un descendant direct des Patriarches, comment puis-je me comporter ainsi! ; ayant une telle ascendance, c'est sûr que je peux faire de grandes choses dans ma vie!).

Les bannières rappellent que nos désirs égoïstes passent au second plan, et que nos désirs doivent être en accord avec l'objectif commun : témoigner de l'honneur à Hachem.

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-> b'h : Un dvar Torah sur ce sujet : https://todahm.com/2013/10/27/panneau-dinterdiction-de-maudire

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-> "Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël ; c’est en face et autour de la Tente d’assignation (Ohel Moéd) qu’ils seront campés" (Bamidbar 2,2)

Le Ben Ich ‘Haï lit dans ce verset l'allusion suivante : Hachem promet à ceux qui s’impliquent dans la mitsva de tsédaka et veillent à apporter la subsistance à leurs frères pauvres et affamés qu’en retour, Il aura pitié d’eux et les rapprochera de Lui plus que tous.

Cet enseignement s’appuie sur celui de nos Sages (guémara Shabbat 104a) au sujet de la valeur symbolique des lettres Guimel et Dalet, faisant respectivement allusion aux mots gmoul (récompense) et dalim (pauvres).
Tel est donc le sens de notre verset : le terme minégued (en face - מִנֶּגֶד) peut être décomposé en min (de) et Guimel-Dalet, signifiant alors : "de cette sublime mitsva de gmoul dalim", de se soucier du gagne-pain des démunis, on aura l’insigne mérite de camper "autour de la Tente d’assignation", à savoir de jouir continuellement de la grâce et de la Miséricorde Divines.

+ Qu'est-ce qui est si spécial à propos de ceux qui accomplissent la mitsva de la Chemita? Hachem n'a-t-il pas promis qu'Il augmentera Ses bénédictions pendant la 6e année au point où ils auront suffisamment de nourriture jusqu'à la fin de la Chemita.

Cependant, cela nous montre la pleine mesure et pouvoir du yétser ara dans sa bataille contre l'homme et pour pervertir ses pensées ...

Même si un homme possède 3 années de récolte (la 6e année, l'année de la chemita, et l'année suivante où l'on plante avec de récolter), qu'il a conscience de l'énorme miracle de cette bénédiction [Divine], il va quand même regarder son champ qui est en jachère et [se focaliser à] penser combien il est en train de perdre [à cause de la Chemita].

[Rabbi Aharon Kotler - Michnat Rabbi Aharon - Béhar]

=> D'une manière générale, quelques soient les bénédictions dont Hachem nous comble, en tant qu'être humain nous trouverons toujours à nous plaindre, sans apprécier ces bontés énormes.

"Tous les recensements des Lévi’im … chaque mâle âgé d’un mois et au-delà, furent de 22 000" (Bamidbar 3,30)

=> Pourquoi est-ce que la plus sainte tribu des Lévi'im est également la moins nombreuse?

-> Il est écrit : “à mesure qu’ils l’accablaient ainsi il se multipliait” (Chémot 1,12)
Rachi : Plus ils tourmentaient les juifs, plus ceux-ci se multipliaient.
Ainsi, le Ramban explique que puisque la tribu de Lévi était exempte de l’esclavage en Egypte, ils n’ont pas mérité la bénédiction de donner naissance à 6 enfants en même temps.
[n'étant pas persécutés, ils ne se sont pas multipliés de façon surnaturelle.]

-> Dans le texte, le Ramban (Bamidbar 3,14) écrit :
"Le nombre des Lévites est de loin inférieur à celui des autres tribus. Cela est très étonnant! Comment les plus fidèles serviteurs d'Hachem qui furent davantage bénis par Lui ne seraient-ils pas comme toutes les autres tribus?
La question prend encore plus de vigueur en sachant que si toutes les tribus furent recensées à partir de l'âge de 20 ans, les Lévites, eux, le furent à partir d’un mois. Et malgré tout, le compte des autres tribus est de loin supérieur à celui des Lévi'im.
Il me semble donc que cela vient confirmer ce qu'enseignent nos Sages : ‘La tribu de Lévi ne fut pas réduite à l'esclavage et soumise aux durs travaux en Egypte.’ Or, les Bné Israël eurent la vie amère à cause des Egyptiens ils voulaient de cette manière en réduire le nombre. C'est pourquoi Hachem les faisaient se multiplier pour contrecarrer ce décret, comme il est dit : ‘Plus on l'opprimait, plus il se multipliait et débordait’ (Chémot 1,12)
Cependant, les Lévi'im, eux, se multipliaient de façon ordinaire et leur nombre n'augmenta pas miraculeusement comme celui des autres tribus".

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ce commentaire du Ramban constitue un grand principe dans la Torah, qui concerne chaque individu en particulier et la communauté en général : "Plus on l'opprimait, plus il se multipliait et débordait", vient enseigner que les épreuves et les vicissitudes de l'existence sont une préparation à un bien à venir.

-> Le Ohr ha’Haim haKadoch répond que lorsque Pharaon a décrété que tous les bébés mâles juifs soient tués, Amram (le père de Moché et responsable de la tribu de Lévi) a divorcé de sa femme, et le restant des Lévi’im ont suivi son exemple.
Bien que par la suite Amram s’est remarié avec sa femme, il se peut que de nombreux autres Lévi’im n’ont pas procédé de la sorte, et cela a entraîné que leur population était nettement moins nombreuse.

-> Le Beit haLévi suggère que puisque la tribu de Lévi était soutenue par les autres juifs, par le biais de donations de dîme (maaser), Hachem a fait en sorte que leur tribu soit la moins nombreuse pour ne pas accabler le restant de la nation.

[même si Hachem pouvait désirer davantage de juifs étudiant la Torah, cela ne devait pas se faire au détriment des autres juifs qui auraient alors davantage d’efforts à déployer pour venir en aide matériellement à leurs frères Lévi’im]

-> Le Nétsiv (HaEmek Davar) est d’avis que les Lévi’im étaient déjà choisis pour servir Hachem, et ainsi ils étaient jugés avec davantage de sévérité, entraînant que leur nombre global soit réduit en raison de leurs fautes, puisqu'étant punis immédiatement par la peine de mort.
Il commente également : Il y a un principe connu selon lequel toute chose qui est belle et chère, sa croissance dure plus longtemps et il est difficile de la matérialiser. C’est pourquoi la tribu de Lévi, qui était la plus noble, a grandi moins vite, jusqu’à ce qu’on arrive en Erets Israël.

-> Le rav El’hanan Wasserman (Kovetz Maamorim) écrit que Hachem a créé le monde de telle manière que tout ce qui est plus noble est également plus rare [à trouver].
De même que les animaux dépassent en nombre les êtres humains, de même il y avait davantage de non Lévi’im que de Lévi’im.

-> Rachi (Vayétsé 29,34) explique le petit nombre d’hommes de la tribu de Lévi par le fait qu’ils portaient l’Arche sainte et qu’elle causait de nombreux décès.

-> Le rav Its'hak Abrabanel enseigne :
"Il me semble que la quantité des bnei Israël était due à la providence Divine et répondait à un grand besoin. S’ils avaient été peu nombreux, ils n’auraient pas pu conquérir le pays et le cultiver, les bêtes sauvages auraient été plus fortes qu’eux. C’est pourquoi la providence Divine a voulu les multiplier de façon miraculeuse, car c’était une merveille que pendant les 210 ans où ils ont été en Egypte ils se soient tellement multipliés, au point de pouvoir conquérir le pays et l’occuper.
Mais comme la tribu de Lévi étaient destinée à se consacrer au culte sacré, et devait se nourrir du ma’asser car elle n’aurait pas de part dans la terre, la sagesse divine ne l’a pas multipliée autant que les autres tribus, car si les lévi'im avaient été nombreux, ils n’auraient pas eu de pain à manger ni d’endroit où s’installer, c’est pourquoi ils n’ont augmenté qu’en fonction de leurs besoins, c’est-à-dire en fonction de leurs attributions et pas davantage.

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-> Compte les enfants de Lévi ... à partir de un mois tu les compteras" (Bamidbar 3,15)

=> La fonction des Lévi'im étaient de garder le Michkan. Ainsi, comment un nourrisson de un mois peut-il garder quoi que ce soit?

Cela prouve que la garde du Michkan n’était pas une garde physique, par des gens physiquement forts, mais c’était spirituel.
Ce n’était pas par la force de leurs corps que les Lévi'im ont gardé le Michkan, mais par leur sainteté et leur grand niveau spirituel. Or, les Lévi'im disposent de ces dimensions déjà dès leur naissance.
[Avné Ezel]

Ceux qui pensent qu’il est possible de garder les biens de la nation juive uniquement par la force et l’exercice du pouvoir se trompent lourdement. Seule la sainteté des surveillants et leur force spirituelle sont en mesure d’assurer une protection contre toute calamité, dans l’esprit du verset : "Si Hachem ne garde pas une ville, c’est en vain que la sentinelle veille avec soin" (Téhilim 127, 1).

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-> "Ils garderont sa garde" (Bamidbar 3,7)

=> Ce verset indique que les Léviim étaient dénombrés dès l'âge de 1 mois, contrairement au reste du peuple juif, dénombré lui, à partir de l'âge de 20 ans. Les Léviim avaient notamment pour fonction d'effectuer la garde autour du Michkan, d'en assurer la protection. Mais comment un nourrisson âgé de 1 mois pouvait-il déjà assurer une protection quelle qu'elle soit?

Parce que les Léviim disposaient d'une sainteté intrinsèque dès leur naissance. Leur sainteté qui les caractérisait, faisait d'eux les responsables pour démonter, transporter, et rassembler le Sanctuaire sur le prochain campement. Ils avaient donc la responsabilité d'assurer la protection du Michkan.
Ce qui compte le plus pour qu'Hachem fasse résider Sa Présence Protectrice en Israël, est que les juifs se renforcent dans la sainteté. La protection physique est certes nécessaire, comme démarche naturelle pour bénéficier de la Protection Divine. Mais l'essentiel émane de la protection spirituelle. Une fois celle-ci assurée, la protection physique suivra. Sans la protection spirituelle, la protection physique fera défaut.

Même si tous les moyens naturels sont mis en place dans ce but. Mais lorsqu'un homme juif se consacre à l'étude de la Torah, à la prière, aux bonnes actions, tous ses actes spirituels constituent l'essentiel de sa protection.
La protection qu'un homme peut obtenir par sa sainteté, dépasse de loin la protection physique et matérielle (même s'il est armé). Car le Véritable Protecteur d'Israël, c'est Hachem.
De même, concernant la situation en Terre Sainte, il y a certes une nécessité que des soldats assurent la sécurité matérielle. Mais l'essentiel de leur réussite ne peut être obtenue que par le mérite des personnes parmi le peuple, qui veillent à la protection spirituelle. Elles assurent cette protection par un investissement spirituel accompli dans l'étude, la prière et les Mitsvot. Sans cette partie du peuple, la sécurité matérielle du pays ne peut plus être assurée.
[Avné Ezel - rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

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+ "Par tête" (Bamidbar 1,2)

=> En revanche, pour le compte des Lévi'im, il n’est pas dit qu’il soit fait [un compte] "par tête". Pourquoi cette différence?

En réalité, la guémara (Ména'hot 37a) parle de l’existence d’individus qui ont 2 têtes. C’est ce qu’on appelle des siamois.
Seulement, nos Sages disent que ces individus ne peuvent pas vivre plus que 12 mois.

Ainsi, les juifs qui furent comptés à partir de 20 ans, pouvaient être comptés par tête, car ils n’avaient pas le risque d’avoir des siamois. [ne vivant que 12 mois maximum]
Mais les Lévi'im, qui étaient comptés depuis un mois, pouvaient avoir ce risque de compter un bébé avec 2 têtes. C’est pourquoi, il n’est pas dit qu’ils soient comptés par tête, pour ne pas qu’on compte pour deux ce genre de personnes.
['Hatam Sofer]

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-> "Pour ce qui est de la tribu de Lévi, tu ne la recenseras ni n’en feras le relevé en la comptant avec les autres enfants d’Israël" (Bamidbar 1,49)

=> Pourquoi les membres de Lévi ne devaient-ils pas être comptés avec ceux des autres tribus?

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1033) enseigne :
"La Guémara (Baba Batra 121a) explique que la légion du Roi mérite d’être recensée à part.

En d’autres termes, il s’agit de la tribu d’élite, jouissant d’une affection particulière de la part d’Hachem pour ne pas avoir pris part à la faute du Veau d’or. Ils étaient les dirigeants spirituels des Hébreux, ainsi que le souligne Moché : "ils enseignent Tes lois à Yaakov et Ta doctrine à Israël" (Dévarim 33,10).

C’est ce que souligne le Rambam (Hilkhot Chemita Véyovel 13,12) : "La tribu de Lévi a été distinguée des autres pour servir Hachem et enseigner à la multitude Ses voies rectilignes et Ses lois justes, comme il est dit : “Ils enseignent Tes lois à Yaakov”. C’est la raison pour laquelle ils ont été écartés de la vie séculière, ne participent pas aux guerres comme le reste du peuple et n’ont pas de patrimoine [en Terre Sainte], ils ne disposent pas librement de leur corps ; ils représentent la légion d’Hachem, comme il est dit : “Bénis, Hachem, sa troupe” (ibid., verset 11). Mais ils peuvent se prévaloir d’un lien privilégié avec Lui, comme il est dit : “Je suis ta part et ton héritage”."

Ce sont essentiellement les membres de Lévi qui brandissaient l’étendard de la Torah, et c’est pourquoi le Créateur a choisi de leur accorder une plus grande proximité.

Il me semble par ailleurs que le nom de cette tribu en souligne l’essence, puisqu’il est de même racine que le mot livouï, indiquant la notion d’accompagnement. Et, comme le note la Torah lors de la naissance de son père fondateur, "désormais, mon époux me sera attaché ... C’est pourquoi on l’appela Lévi" (Béréchit 29,34).
En d’autres termes, cette tribu, étant la plus honorable, avait droit au privilège d’"escorter" Hachem, de même que seuls les ministres les plus importants, qui occupent les postes-clés au sein du Royaume peuvent prétendre à l’insigne honneur d’accompagner Sa Majesté lors de ses déplacements.

Cependant, le Rambam ajoute, dans le passage cité plus haut : "En fait, ce n’est pas seulement la tribu de Lévi, mais tout homme qui choisit librement de se consacrer à se tenir devant Hachem, à Le servir et Le connaître, se sanctifie au niveau suprême de sainteté". Comme s’il appartenait à la tribu de Lévi ...

Mais comment peut-on le considérer comme tel alors qu’il appartient à une autre tribu?

Du fait de son aspiration intense à porter l’étendard de la Torah et à se consacrer à Hachem ainsi qu’à Sa Torah comme les autres membres de Lévi, il devient dès lors aussi honorable, important et digne d’être enrôlé dans la légion du Roi. Il mérite d’être considéré comme un descendant de Lévi, faisant partie de l’escorte royale."

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=> Pourquoi les Lévi'im marchaient-ils pieds nus?

-> Dans le midrach, nos Sages affirment que la tribu de Lévi était la plus digne du peuple juif, parce que ses membres, qui portaient les ustensiles du tabernacle, marchaient pieds nus, contrairement à ceux des autres tribus qui avaient des souliers.

Rabbi Chmouel Benzaken (Pri Ets Hagan), l’un des Rabbanim de Fès, demande en quoi le fait de marcher pieds nus était louable, alors que, dans la guémara (Shabbat 129a), il est écrit : "Rabbi Yéhouda affirme, au nom de Rav, que l’homme doit être prêt à vendre les murs de sa maison pour s’acheter des chaussures".
Rachi explique : "Il n’existe rien de plus humiliant que de marcher pieds nus dans la rue".

Il répond qu’on ne doit certes pas se mépriser, mais, si on le fait pour l’honneur Divin, alors c’est considéré comme une vertu, conformément aux paroles du roi David devant l’arche d'Hachem : "Et volontiers, je m’humilierai davantage et me ferai petit à mes propres yeux" (Chmouel II 6,22).
Telle est peut-être la signification de l’enseignement de la michna : "Tout celui qui respecte la Torah suscitera le respect des créatures" (Pirké Avot 4,6) = même celui qui bafoue son honneur, s’il le fait pour rehausser celui de la Torah, il en retirera le respect des autres. A l’inverse, quiconque se glorifie devant Hachem ne fait que se rabaisser.

=> C’est pourquoi nos Sages louent les membres de la tribu de Lévi, prêts à se rabaisser en marchant pieds nus, afin d’honorer le tabernacle par égard pour la Présence Divine qui y résidait.

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-> "Les Lévi'im seront à Moi, Je suis Hachem" (Bamidbar 3,45)

Le Ohr ha’Haïm haKadoch écrit que le verset se termine par "Je suis Hachem" parce que "le service de Hachem reviendra aux aînés dans l’avenir", mais avec tout cela, les Lévi'im ne cesseront pas d’être saints pour Hachem.
C’est pourquoi la Torah dit en allusion "les Lévi'im seront à Moi, Je suis Hachem", c’est-à-dire : de même que Mon Nom demeure à jamais, les Lévi'im seront à Moi à jamais.

"Depuis l’âge de 20 ans et au-delà, quiconque part pour l’armée en Israël, vous les compterez" (Bamidbar 1,3)

- Selon le Ramban : avant cet âge de 20 ans, l’homme n’est pas suffisamment fort pour affronter l’ennemi.

- Selon la guémara (Baba Batra 121b) : les hommes âgés de plus de 60 ans n’étaient pas inclus dans le dénombrement.

=> Est-ce que ceux qui étaient malades au point de ne pas pouvoir partir à la guerre étaient inclus dans le compte?

-> Le Sifté ‘Hakhamim écrit que les juifs (entre 20 et 60 ans) qui étaient maladies et incapables d’aller à la guerre, étaient quand même inclus dans le compte.

-> Le Gaon de Vilna et le Nétsiv ne sont pas d’accord, et sont d’avis que la capacité de servir dans l’armée était un prérequis pour être inclus dans le recensement, et cela explique pourquoi les mots : "quiconque part pour l’armé", sont répétés constamment en rapportant les détails du recensement.

-> Le Ohr ha’Haïm haKadoch suggère que ces mots ne sont répétés que pour nous apprendre qu’à ce moment tous les hommes au-delà de 20 ans étaient forts, en parfait santé et donc aptes à servir dans l’armée juive. La question ne se posait même pas!

"Pour la tribu de Réouven : 46 500 ... pour la tribu Chimon : 59 300 ... pour la tribu de Gad : 45 650 ... pour la tribu de Yéhouda : 74 600 ..." (Bamidbar 1,21-26)

Le recensement de toutes les tribus est un multiple de 100, sauf pour celle de Gad qui est un multiple de 50.
=> Est-il possible que chacune des tribus avait un nombre aussi précis, ou bien la Torah a-t-elle arrondi le total du recensement au 50 ou 100 le plus proche?

-> Le Imré Noam (cité dans le Chaaré Aharon 1,21) est d'avis que la Torah n'est pas précise sur les petits nombres, et il suggère que le recensement de chaque tribu a été arrondi à la centaine la plus proche.
Puisque la tribu de Gad avait précisément 45 650 personnes, ce compte ne pouvait pas être arrondi autrement.

Comme preuve que la Torah arrondi les nombres, il cite le commandement de compter le Omer : "vous compterez 50 jour" (Emor 23,16), alors que nous comptons réellement 49 jours.
De même, il est écrit que le tribunal condamnera une personne ayant transgressée un commandement négatif à : "40 [coups de fouet], il le frappera" (Ki Tétsé 25,3), mais en pratique selon nos Sages on doit en donner 39 coups.

Le Messekh ‘Hokhma (Bamidbar 3,16) est également du même avis.

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Déré'h Sichah) rapporte qu'au début il pensait que les nombres du recensement des tribus étaient arrondis, mais lorsqu'il a mentionné cela à son père, le Steïpler, il lui a répondu qu'un nombre écrit dans la Torah se doit d'être exact. Hachem doit avoir une raison au pourquoi Il a miraculeusement causé que chaque tribu était composée d'un tel total de personnes.

"Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël" (Bamidbar 2,2)

-> Le rav Aharon Kotler (michnat Rabbi Aharon) en déduit le principe suivant : toute démarche liée au service divin et aux règles de sainteté exige ordre et structuration.
Si l'ordre ne règne pas, les valeurs spirituelles les plus élevées risquent d'être corrompues.
En témoigne la guémara (Arakhin 11b) qui statue : "Un Lévi dont la tâche est de chanter et qui se chargerait de fermer une porte [rôle attribué à d'autres Lévi'im] serait passible de mort".

Le midrach (Bamidbar rabba 5,1) rapporte que tous les enfants de Lévi souhaitaient participer au transport de l'Arche, si bien qu'on assista à des accrochages entre plusieurs membres de cette tribu.
Une grande confusion s'ensuivit, l'atmosphère perdit en gravité, et l'Arche sainte eu égard à sa sainteté causa la mort d'un certain nombre d'entre eux.

Ainsi, par manque d'attribution des rôles, les lévi'im en vinrent à se disputer le privilège de porter l'Arche, entraînant de l'irrespect à la place de la solennité respectueuse.
L'édifice le plus saint au monde, devint aux yeux des hommes, la cause d'une conduite répréhensible.

=> C'est par le mérite de l'harmonie (suivre la partition Divine de la Torah) qui régnait parmi les enfants d'Israël qu'ils furent jugés aptes à recevoir la Torah .

[face au mont Sinaï : "comme un seul homme, animés d'un même cœur" => chaque juif était à sa place, à l'image d'un corps humain où chaque organe est à sa place, jouant son rôle unique et indispensable pour le bon fonctionnement global.]

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-> "L'absence d'ordre conduit à la confusion. Or, une personne confuse dans sa vie et dans son quotidien le sera aussi dans son service divin."
[rav Zoundel de Salant - rapporté dans le Tnouat haMoussar - tome I p.132]

-> "Dans la yéchiva du Saba de Kelm, l'ordre n'était pas considéré comme accessoire : il s'agissait d'une qualité fondamentale, du reflet de l'état moral de chacun.
Si quoique ce soit dans l'aspect extérieur d'une personne est inadéquat, c'est la preuve qu'elle souffre d'un problème intérieur.

Si ses affaires sont désordonnées, ses pensées le sont donc également.
Si quelqu'un ne veille pas à la propreté de sa maison, c'est qu'il néglige aussi la pureté de son âme.

A cet égard, dans la yéchiva de Kelm, le moindre manquement à l'ordre suscitait de véritables tollés.
Si un élève faisait preuve de nonchalance dans sa conduite, ou s'il n'accordait pas d'importance, par exemple, au fait que l'eau avait été renversée sur le sol, on en concluait qu'il était laxiste par nature, et qu'il ne faisait guère cas de la qualité de ses actes et de ses pensées.

Si untel ne rangeait pas convenablement ses chaussures à leur place, c'était la preuve qu'il était aussi brouillon et désordonné dans ses pensées et dans son comportement.

Un jour, le rav Sim'ha Zissel (le Saba de Kelm) alla rendre visite à son fils rav Na'houm Zéev. On raconte qu'en arrivant dans la ville (proche de Vilna), il se rendit directement à l'auberge où était installé son fils, et il vérifia l'état de sa valise.
C'est seulement après qu'il eut constaté que ses affaires étaient correctement rangées, qu'il alla retrouver son fils.

Le Saba de Kelm ne contrôla pas ses connaissances en guémara, il ne prit pas de renseignements sur sa conduite. En effet, la manière dont il prenait soin de ses effets personnels lui suffit pour savoir que tout allait bien pour lui."

[rapporté dans le Tnouat haMoussar]

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18)

-> Rachi commente : "Rabbi Akiva a enseigné : C’est là un principe fondamental dans la Torah."

-> Selon le Zohar (Chir haChirim maamar 2,51), de même qu’il y a 600 000 lettres dans la Torah, il y a aussi 600 000 âmes [primaires] dans le peuple juif. Ainsi, chaque âme a sa racine dans une lettre de la Torah.

Le Chémen Roch (Vayéchev) explique que chaque juif a le devoir d’aimer son prochain comme lui-même.
Chaque juif ayant sa lettre dans le Séfer Torah, si malheureusement, un juif n’aime pas son prochain, il se trouve qu’il efface une lettre de la Torah et rend tout le Séfer Torah inapte.

[d’une certaine façon notre Torah (personnelle) ne peut être cashère tant que nous n’aimons pas notre prochain!]

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-> "La sainteté de chaque âme juive est littéralement la sainteté du Séfer Torah."
[Rav ‘Haïm de Volozhine – Néfech ha’Haïm 4,11]

-> Il existe 600 000 sources d’âmes pour les juifs. Or la racine des âmes juives est la Torah. Par conséquent, il existe 600 000 interprétations pour chaque verset.
Dans le futur, chaque juif lira la Torah en la comprenant selon l’interprétation par laquelle son âme a été créée.
[Méam Loez – Yitro 20,1]

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-> b'h, également : https://todahm.com/2020/09/21/15116

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-> Rachi commente : "Rabbi Akiva a enseigné : C’est là un principe fondamental dans la Torah."

=> Pourquoi Rabbi Akiva a-t-il ajouté "dans la Torah"?

Rabbi Na'hman de Breslev explique que Rabbi Akiva vient nous enseigner que l’homme a le devoir d’aimer son prochain non seulement dans le domaine matériel, mais que l’essentiel de l’amour est "dans la Torah", lui enseigner la Torah, le moussar et la pure crainte du Ciel.

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-> Le Ben Ich ’Haï affirme que malgré la place prépondérante qu’elle occupe dans la Torah, une grande partie de cette mitsva (’aimer son prochain comme soi-même) est négligée par plusieurs personnes. Selon lui, bien que beaucoup de gens aient conscience qu’elle exige une sollicitude vis-à-vis du bien-être physique du prochain, ils réalisent moins l’obligation qu’elle impose sur le plan spirituel.
Il ajoute que lorsque l’on aide son ami dans la spiritualité, on accomplit la mitsva de façon bien plus parfaite que quand on lui prodigue un bienfait dans la matérialité.

Le Ben Ich ’Haï explique (Péniné Ben Ich ’Haï - Parachat Kédochim) :
"Lorsque l’on soutient l’autre physiquement, on exprime notre préoccupation pour son corps. Mais l’essence de la personne provient du côté divin qui est en elle, de son âme, qui ne tire aucun profit de la matérialité.
Par contre, si l’on réprimande son ami et qu’on l’empêche par là de transgresser les mitsvot d’Hachem, on manifeste un souci pour son âme et l’on montre que notre amour pour son bien-être spirituel est bien plus grand que celui porté sur son aise matérielle."
=> Le Ben Ich ‘Haï nous enseigne donc que pour accomplir au mieux la mitsva d’aimer son prochain, on ne peut pas limiter sa gentillesse à la matérialité, mais il faut s’efforcer de l’aider encore plus dans la spiritualité.

-> Dans le même ordre d’idées, le Or’hot Tsadikim (Chaar Nédivout) nous précise qu’il y a 3 sortes de dons : l’apport d’argent, l’assistance physique (don de soi) et la transmission du savoir.
Il détaille ces 3 formes, puis termine le chapitre en se focalisant sur le fait d’enseigner la Torah aux autres.
Il écrit : "Il faut être particulièrement généreux en ce qui concerne les connaissances en Torah ; instruire autrui et rapprocher son cœur du Ciel. C’est le meilleur don : lui permettre l’accès au Monde Futur."

-> Il existe plusieurs façons d’aider les autres dans ce domaine. Le Ben Ich ’Haï évoque la réprimande, mais dans la génération présente, il est très difficile de faire un reproche correctement, sans causer de tort.
On peut, en prenant moins de risques, partager sa Torah avec les autres. D’ailleurs, nos Sages affirment à diverses reprises que l’enseignement de la Torah est un objectif prioritaire ; la guémara (Roch Hachana 23b) fait savoir que celui qui apprend et qui n’enseigne pas ressemble à un myrte dans le désert.
Le Maharal (Hidouché Haggadot 23b) explique que le myrte est l’arbre le plus parfumé ; il fut créé pour que les gens profitent de son odeur agréable. Un myrte dans le désert ne réalise pas son objectif puisque personne ne jouit de lui. De même, la Torah est là pour être transmise et celui qui y renonce ne réalise pas son but sur terre.

La michna dans Pirké Avot (2,9) déclare : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’enorgueillis pas (Al Ta’hzik Tova Léastmékha), parce que c’est pour cela que tu as été créé."
D’après son sens simple, on comprend de cette michna qu’il ne faut pas se sentir fier de ses réalisations dans l’étude de la Torah parce que c’est le but de la vie.
Cependant, plusieurs commentateurs proposent une interprétation différente et comprennent les mots de la michna au sens littéral. Ils pensent que si quelqu’un a appris beaucoup de Torah, il ne doit pas garder ce bien pour lui-même, mais en faire profiter les autres et l’enseigner. Pourquoi?
Parce que son objectif sur terre est d’apprendre et d’enseigner.
[Rav Yehonathan Gefen]

[issu du divré Torah : https://todahm.com/2020/03/23/12808-2 ]

Hachem dit à Bil'am : ... Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni (lo taor ét aam ki barou'h ou - לֹא תָאֹר אֶת-הָעָם כִּי בָרוּךְ הוּא - Balak 22,12)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Le mot en hébreu utilisé ici pour désigner la malédiction est "ארה" comme dans ארור.  [dans le verset : לֹא תָאֹר = tu ne maudiras point]
Il est intéressant de remarquer que dans ce verset se cache le secret pour se protéger de la malédiction des nations. En effet la différence entre la valeur numérique du mot ארה (malédiction) et du mot ברוך (bénit) est : 228-206=22 ce sont les 22 lettres [de l'alphabet hébraïque] de la sainte Torah.
C’est par le mérite de l'étude de la Torah et de sa pratique que le peuple d’Israël reçoit sa protection divine qui empêche Bil’am de le maudire. Et c’est cette Torah qui a protégé , protège et protégera le peuple d’Israël jusqu’à la venue de Machia’h, Bimhéra Béyaménou, Amen.

Il leur répondit : "Restez ici cette nuit, et je vous rendrai réponse selon ce qu’Hachem m’aura dit". Et les princes de Moav restèrent avec Bil’am" (Balak 22,8)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Dans ce verset, deux éléments paraissent superflus à priori. Tout d’abord, quand Bil’am leur dit de rester dormir, pourquoi préciser "ici", il parait évident qu’il les invite à dormir chez lui et non pas à l’hôtel de quartier.
Ensuite quand le verset précise : "Et les princes de Moav restèrent avec Bil’am" pour quoi nous le dire, vu que plus loin la Torah nous raconte qu’il leur rend compte de la prophétie et qu’il les renvoie bredouille chez eux. S’ils sont là le lendemain matin c’est qu’ils sont restés.

Il nous faut donc comprendre quels sont les enseignements cachés dans ces mots, que la Torah n’a pas écrits pour rien.
A l’époque, il était connu des initiés en sorcellerie et divination que Bil’am recevait un dévoilement prophétique provenant des forces du mal, et pour ce faire il devait s’impurifier avec son ânesse, ce qui le rendait réceptif à ce dévoilement du monde de l’impureté.
Mais ce qui était alors inconnu, c’était que par le mérite des étincelles de l’âme de Hével qui étaient en lui, il pouvait aussi recevoir une prophétie d’origine divine et pure, et c’est justement celle-là qu’il leur propose de consulter, mais comme ils ne le croient pas et qu’ils pensent qu’il n’est capable de prophétiser qu’après impurification avec son aînesse, alors Bil’am leur dit de rester avec lui, concrètement, dans sa propre chambre à coucher. Comme ça ils pourront vérifier qu’il ne va pas approcher son ânesse et que sa prophétie sera divine et pure, et c’est ce qu’ils firent.
"Et les princes de Moav restèrent avec Bil’am" = avec lui, concrètement, pour le surveiller et confirmer la provenance de sa prophétie.