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"Aharon prit comme le lui avait dit Moché, et se précipita au milieu de l'assemblée, et voici que le fléau avait commencé parmi le peuple. Il disposa l'encens et obtint réparation pour le peuple" (Kora'h 17,12)

-> Hachem parla à Moché en disant : "Retirez-vous du sein de cette assemblée et Je vais l'anéantir en un instant!" Il tombèrent sur leur face." (Kora'h 17,10)

Le Maharal Diskin donne l'explication suivante :
Le mot "éromou" (retirez-vous - הֵרֹמּוּ) est dérivé du mot : térouma, qui est la dîmes offertes aux Cohen.
Il y a 3 niveaux pour donner la térouma : on peut décider de donner 1/60e de notre production ; ou bien choisir de donner 1/50e ; et les plus généreux donnaient 1/40e.

Après l'incident de Kora'h et ses partisans, et leur mort miraculeuse, Hachem était furieux sur le fait que la nation juive continuait toujours à se plaindre.
Hachem a décidé de prendre une "térouma", un portion généreuse de gens, pour les tuer comme punition pour les fautes de tous.

Dans la paracha Bamidbar, le recensement a compté 603 550 membres du peuple juif.
1/40e de ce nombre fait : 15 088 personnes qui étaient prévus de mourir dans la plaie.
Cependant, le verset (17,14) rapporte que 14 700 sont morts dans cette plaie.
Si l'on y ajoute 253 qui sont morts avec Kora'h (250 hommes de la tribu de Réouven, plus Kora'h, Dathan et Aviram), il reste toujours une différence de 135.

Le Maharal Diskin fait remarquer que dans toute la paracha le camp d'Israël est décrit par : "éda", sauf dans le verset ci-dessus (v.12) où il est décrit par : "kahal".
Le mot "kahal" (communauté - קָּהָל) a une valeur numérique de 135.

=> "[Aharon] se précipita au milieu de l'assemblée" = Aharon a réussi à sauver 135 personnes en agitant l'encens.

[Rachi (v.11) rapporte que lorsque Moché était monté au Ciel pour y recevoir la Torah, comme cadeau, l'Ange de la mort lui avait révélé que l'encens peut arrêter une plaie.]

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-> "250 des enfants d’Israël" (Kora’h 16,2)

=> Comment parvient-on au nombre de ces 250 partisans de Kora’h?

Le ‘Hizkouni explique que Kora’h prit 23 hommes de chaque tribu, à l’exclusion de celle de Lévi, soit le nombre d’hommes composant un petit Sanhédrin.
Ainsi, 11 fois 23 font 253 ; si on ne compte pas Kora’h, Datan et Aviram, on obtient un total de 250.

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-> "Ils s'opposèrent à Moché avec 250 Bné Israël, des hommes de haut rang dans la communauté, des représentants à l'assemblée, des hommes célèbres" (Kora'h 16,2)

-> Le Méam Loez (v.16,2) commente :
D'importantes personnalités figuraient parmi les hommes qui se rebellèrent contre Moché et Aharon. Ceux qui se laissèrent entraîner dans la querelle furent, notamment, les hommes appelés à participer aux débats d'intérêt communautaire, des hommes célèbres tels que les 12 chefs de tribu ayant apporté les offrandes d'inauguration pour l'autel, et les chefs du Sanhédrin.

Certains commentateurs interprètent le mot "célèbres" (anché chem) comme désignant de grands sages (anché) qui possédaient la connaissance du Nom (chem) Explicite de D.

Selon certaines autorités, les 250 hommes avaient pour intention de former, selon le désir de Kora'h, un Sanhédrin mineur (de 23 hommes) dans chacune des tribus.
Ceci explique le total de 253 hommes représentant les 11 tribus (23*11 = 253) : 250 plus Datan, Aviram et Onn ben Pélet.

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-> Le Méam Loez (v.16,5-7) écrit :
En fait, il existait 3 insurrections différentes contre Moché :
1°/ L'une provenait de Kora'h réclamant la prêtrise, qui selon lui lui revenait.

2°/ La 2e était celle des 250 hommes. Tous étaient des premiers-nés qui autrefois avaient été désignés pour accomplir le service sacré dans le Michkan. Ils pensaient que Moché leur avait retiré ce rôle de sa propre initiative et l'avait transféré à la tribu de Lévi pour rehausser le prestige de sa propre tribu et déprécier la leur.

3°/ La 3e dispute éclata parmi la tribu de Réouven. Ses membres se sentirent lésés par Moché qui avait enlevé le droit d'aînesse (c'est-à-dire l'obtention d'une double part en terre d'Israël) à la tribu de Réouven, le fils aîné de Yaakov.
Il avait transmis ce droit en partie à la tribu de Yéhouda et en partie à celle de Yossef.
Outre ses autres marques d'éminence, la tribu de Yéhouda devint la principale bannière.
Les membres de la tribu de Réouven prétendaient que Moché avait agi de sa propre initiative pour accorder pouvoir et honneurs à son disciple Yéhochoua, issu de la tribu de Yossef.

Dans la Torah, ces 3 controverses sont indiquées par les 3 expressions suivantes : "Kora'h, le fils de Yitz'har (petit-fils de Kéhat et arrière petit-fils de Lévi), commença une révolte ... Ils s'opposèrent à Moché ... Ils s'attroupèrent".
- "Kora'h ... commença une révolte" = désigne la rébellion de Kora'h du fait qu'il était "fils de Yitshar, petit-fils de Kéhat et arrière petit-fils de Lévi". C'est parce qu'il descendait de Lévi qu'il exigea la grande prêtrise à la place d'Aharon.
- "Il s'opposèrent à Moché" = fait référence à la tribu de Réouven qui réclamait son droit d'aînesse ancestral.
- "Il s'attroupèrent autour de Moché et Aharon" = concerne les 250 premiers-nés se plaignant que Moché leur avait enlevé le service Divin pour le transférer à la tribu de Lévi.

Moché répondit à chaque groupe selon sa revendication.
En effet, la Torah dit : "Demain matin, D. fera savoir qui est à Lui et qui est saint, et Il l'approchera de Lui. Il choisira qui [sera autorisé à] Lui présenter des offrandes" (Kora'h 16,5).
- A ceux qui demandaient la prêtrise, Moché répondit : "Demain matin, D. fera savoir qui est à Lui". Le lendemain, D. annoncerait s'Il désire Aharon ou Kora'h comme Cohen Gadol.
- Aux premiers-nés qui exigeaient de reprendre le service Divin, Moché dit : "et qui est saint et Il l'approchera de Lui". Le lendemain, D. désignerait les hommes consacrés : les Lévi'im ou les premiers-nés.
- Enfin, aux descendants de Réouven qui réclamaient le droit d'aînesse, Moché répliqua : "Il choisira celui qui [sera autorisé à] Lui présenter des offrandes".
D. fera savoir qui Il avait choisi : la tribu de Réouven ou celles de Yéhouda et Yossef.

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-> "Moché dit à Aharon : Prends la pelle et mets-y du feu de l'autel. Offre de l'encens et cours vers la communauté pour effacer sa faute. Car la colère Divine a éclaté de devant D. L'épidémie a déjà commencé!" (Kora'h 17,11)

-> Le Méam Loez écrit :
Moché pressa Aharon. Le camp entier allait bientôt être exterminé par les plus violentes forces de destruction formées lorsque les Bné Israël adorèrent le veau d'or, [et qui sont] : kétsef, Af, 'Hema, Mach'hit et 'Harone.
Moché s'écria : "Je vois déjà la colère Divine (kétsef) venir de D." = Il discernait l'ange appelé Kétsef venant de D. pour anéantir le camp.
Par manque de temps, au lieu de prier, Moché ordonna à Aharon de déposer du feu de l'autel sur la pelle, de courir vers le camp et d'y offrir l'encens. L'épidémie s'était déjà déclarée et il n'y avait pas de meilleure protection contre elle que l'encens.

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-> "Les victimes de cette épidémie furent au nombre de 14 700, outre ceux qui étaient morts à cause de la révolte de Kora'h. Quant l'épidémie eut cessé, Aharon retourna vers Moché à l'entrée du Ohel Moed" (Kora’h 17,14-15)

-> Le Méam Loez rapporte :
Comme l'encens avait causé la mort de Nadav et Avihou et celle des 250 hommes, le peuple risquait d'attribuer ces décès à une propriété de l'encens. Pour prévenir cette erreur, D. fit en sorte que l'encens contribue à arrêter l'épidémie. Ainsi, les Bné Israël apprendraient que c'est la faute de l'homme qui cause sa mort.
Ceci explique aussi que cette tâche fut confiée à Aharon et non à Moché. Bien qu'Aharon faisait partie des 250 hommes qui apportèrent l'encens, il ne mourut pas ; de plus, c'est grâce à l'encens qu'il parvint à arrêter l'épidémie.

-> b'h, voir également la paracha Ki Tissa, où l'encens (Kétoret) est un remède efficace contre l'épidémie : https://todahm.com/2019/04/16/8787-2

"Lorsque tu moissonneras ta récolte dans ton champ et que tu oublieras une gerbe dans le champ, tu ne retourneras pas la prendre ; elle sera pour le prosélyte, l'orphelin et la veuve, afin que Hachem, ton D., te bénisse dans toute l'œuvre de tes mains" (Ki Tétsé 24,19)

-> La Torah souligne qu'il s'agit de "ta récolte" et de "ton champ", car la moisson, qui représente le point culminant d'une année de labeur, est la période où l'agriculteur est le plus fier de son bien.
C'est précisément à ce moment-là que la Torah lui demande de partager sa prospérité avec les pauvres.
Plus que la charité ordinaire, ce commandement permet de prendre consciece que les cadeaux que nous offre la terre viennent de D. qui les envoie pour que tous puissent jouir de Sa bienveillance.
[rabbi Shimshon Raphael Hirsch]

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-> "tu oublieras une gerbe dans le champ" :
Cette mitsva de "Chikh'ha" (oubli) consiste à ne pas revenir pour récupérer une gerbe que l'on aurait oublié dans le champ inintentionnellement et sans le vouloir.
Mais comment comprendre cette mitsva, qui est la seule que l'on ne peut accomplir que sans aucune intention ni volonté, alors qu'en général, toute la valeur d'une mitsva dépend de l'intention qui l'accompagne?

En réalité, quand un homme accomplit une mitsva sans y avoir mis sa ferveur, alors cette mitsva ne peut pas vraiment monter et être acceptée par Hachem. C'est pourquoi, Hachem entraîne que l'homme oublie une gerbe dans le champ pour qu'il accomplisse cette mitsva de Chikh'ha. Et par cette mitsva qui n'est réalisée justement que par oubli et manque total d'intention, et que c'est seulement de cette façon qu'elle est accomplie de façon parfaite, par cela toutes les mitsvot qui ont été faites sans l'intention qu'il fallait
viennent se relier à cette mitsva de Chikh'ha pour trouver leur perfectionnement.
=> Ainsi, cette mitsva permet de faire monter et de permettre que soient acceptées les mitsvot que l'on a réalisées sans toute la ferveur et l'intention qui se devaient.
[Agra déPirka]

"Tu verras, parmi les captifs, une femme de belle apparence ... Si un homme a un fils dévoyé et rebelle ... Tous les hommes de sa ville le lapideront avec des pierres" (Ki Tétsé 21,11-21)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 71a) affirment que le fils dévoyé et rebelle n'a jamais existé et n'existera jamais, et que cela n'a été mentionné dans la Torah que pour étudier ce sujet et en recevoir une récompense.

Le rav Yossef Shalom Elyachiv demande : "La Torah est si vaste, avait-elle besoin de nous enseigner ce sujet traitant d'une personne qui n'a jamais existé?"

Dans le midrach Tan'houma (Ki Tétsé 1), nos Sages expliquent que les 2 sections relatives à la femme de belle apparence et au fils dévoyé et rebelle ont été juxtaposées pour nous apprendre que ce dernier est issu du mariage de cette femme.

Le rav Elyachiv écrit qu'en plus des réglementions données par la Torah, il existe également "l'esprit de la Torah" : même si celle-ci autorise le mariage avec une captive de belle apparence, cela n'est pas malgré tout conforme à l'esprit de la Torah.
Ainsi, le rav Israël Salanter dit : "Un homme qui se rend dans un endroit aux odeurs nauséabondes pour être exempté de toute prière et étude de la Torah toute sa vie, même s'il en serait effectivement dispensé, il restera toutefois ignorant et en portera l'entière responsabilité : il aura contrevenu à l'esprit de la Torah".

Une très grande distance sépare la femme juive de cette captive.
La 1ere a été éduquée dans la pureté et la sainteté, tandis que la seconde a grandi dans l'idolâtrie et les abominations.
Leur vision de la vie est totalement différente : ainsi est-il facile de prévoir quels enfants seront issus de l'union de cette captive de belle apparence.

=> Nous apprenons de cette paracha un grand enseignement : celui qui suivra les conseils de son mauvais penchant, même pour quelque chose de permis selon la loi juive, compromettra grandement son avenir.

"Donner, tu lui donneras, et ton cœur ne sera pas mauvais quand tu lui donneras, car pour prix de cette conduite, Hachem ton D. te bénira dans toute ton activité et dans toute entreprise de ta main" (Réé 15,10)

-> Le Maguid de Doubno explique ce verset par la parabole suivante :
en marchant sur une route, un homme perdit les 100 pièces d'or qui étaient dans sa poche. Le lendemain, il trouva sur son chemin 200 pièces.
La joie de cet homme, qui reçut une compensation pour sa perte, ne fut cependant pas complète, car s'il n'avait pas perdu ses 100 pièces, il en posséderait à présent 300!

Un autre homme transportait des sacs de grains : l'un d'eux se déchira et les grains se répandirent sur le sol.
Après un certain temps, il repassa à cet endroit et constata qu'ils avaient germé. Il put ainsi remplir de nombreux sacs de grains.
La joie de cet homme fut complète, et il ne se lamenta pas sur la perte de son sac, car au contraire, tout ce qu'il avait acquis provenait de sa perte : de ce sac qui s'était déchiré et des grains qui s'étaient répandus.

Ainsi, le verset dit : "Et ton cœur ne sera pas mauvais quand tu lui donneras" = Ne crois pas que si tu ne lui avais pas donné, tu aurais économisé ces biens, car toute bénédiction que Hachem te prodiguera par la suite sera une conséquence directe de ce que tu auras donné.

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-> C’est le sens du verset : "Tu ne lui donneras pas à contrecoeur" = ne pense pas que ton argent diminuera à cause de la Tsédaka, mais au contraire, c’est "grâce à cette chose-là, (qu’) Hachem ton D. te bénira dans toutes tes actions et dans toute l’oeuvre de tes mains" = c’est la Tsédaka qui est à l’origine de toute la bénédiction et de toute l’abondance.

-> Ajoutons un commentaire, sous forme de parabole, du Maguid de Douvno à propos de la Mitsva du Maasser :
Il est écrit : "Mettez-Moi, de grâce, à l’épreuve dans cette chose-là si Je ne vous ouvre pas les trombes du ciel" (Malachie 3,10).

Un commerçant était arrivé d’un pays d’outre-mer et il avait en sa possession un bateau rempli d’étoffes de qualité du meilleur tissage. La nouvelle se répandit bientôt dans toute la ville que l’on pouvait, pour l’heure, acheter des tissus de grande valeur pour un prix modique. De fait, en très peu de temps, tous les commerçants de la ville accoururent. Le négociant annonça que chaque rouleau d’étoffe mesurait trente mètres, mais chacun des clients voulut que le vendeur déroule devant lui la bobine qu’il achetait. Que fit notre homme, pressé de reprendre la route?
Il leur dit : "Je n’ai pas tout ce temps, mais je demanderai une chose : choisissez le rouleau qui vous paraît le plus mince, et je le mesurerai devant vous. Vous verrez alors qu’il mesure bien trente mètres et vous pourrez alors en déduire, a fortiori, que les autres rouleaux plus épais contiennent trente mètre sans aucun doute."

Hachem a pitié de nous et nous a prodigué Sa Torah avec ses 613 mitsvot. Le but de toutes les mitsvot est de nous être bénéfiques et de déverser sur nous une abondance de bienfaits. Chaque mitsva et tous les sujets qu’elle contient sont une source de bénédiction.
Néanmoins, l’homme, formé de matière, a besoin de preuve : d’où saurais-je, demande-t-il, que les mitsvot sont une source de bénédiction et que je ne perdrai rien à les accomplir?
[c’est la question de celui qui, par exemple, est pressé d’aller à son travail et à qui il semble qu’il pourra faire plus de bénéfices en abrégeant sa prière et en sortant plus tôt du minyan. Il en est de même pour les autres mitsvot. ]

De ce fait, le Créateur nous a témoigné de Sa bonté, et comme il est difficile de tester toutes les 613 mitsvot, Il nous a dit : "Prenez une mitsva qui semble être plus proche de la perte que du gain, puisque celui qui prélève son maasser diminue l’argent qu’il a gagné, "Et mettez- Moi à l’épreuve dans cette chose-là", prélevez la dîme afin de vous enrichir. Et vous en déduirez ainsi pour toutes les mitsvot qu’un grand bénéfice est dissimulé en elles, et que aucun homme qui M’écoute n’y perd!"

"Que Hachem, le D. des esprits de toute chair, assigne un homme sur la communauté" (Pin'has 27,16)

-> Rachi écrit que Hachem demanda à Moché de donner l'héritage de Tsélof'had à ses filles (v.7), Moché se dit : "Le moment est venu de m'occuper de mes propres intérêts et de demander que mes fils héritent de ma dignité".
Hachem lui répondit : "C'est Yéhochoua qui mérite de recueillir la récompense de sa fidélité pour n'avoir pas quitté la tente".

=> Que pensait Moché : si ses fils n'étaient pas aptes à hériter de sa dignité, pourquoi a-t-il cru qu'ils lui succéderaient? Et si au contraire, ils en étaient aptes, pourquoi Hachem le lui a-t-Il refusé?

Le rav Yossef Tsvi Diner explique que Moché, dans sa grande modestie, croyait que le niveau qu'il avait atteint ne provenait pas de son travail personnel, mais plutôt d'un cadeau que Hachem lui avait octroyé, pour qu'il puisse diriger les Bné Israël.
C'est pourquoi il pensait que, de la même manière, ses fils hériteraient de ce don et pourraient ainsi lui succéder.

Hachem fit alors comprendre à Moché que l'on n'arrive pas à un tel niveau à l'aide de cadeaux, mais uniquement par un travail personnel.
Ses fils, qui n'avaient pas atteint un niveau spirituel suffisant, n'étaient pas aptes à lui succéder, tandis que Yéhochoua, qui n'avait pas quitté la tente et avait fourni de nombreux efforts dans l'étude de la Torah, méritait de succéder à Moché.

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-> "Que Hachem, le D. des esprits de toute chair, assigne un homme sur la communauté"

-> "Un homme sur la communauté" signifie non seulement un homme supérieur en prouesse physique mais un tsadik (juste) qui agit au-delà de ce qu'exige la loi et qui est intègre ; un homme que la Torah appelle "ich 'hamoudot" (Daniel 10,11), admiré ici et en Haut.
Ces 2 versets (Pin'has 27,16 et 17) contiennent 28 mots, qui correspondent au nombre d'années au cours desquelles Yéhochoua a guidé les Bné Israël.
[Méam Loez]

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+ "Qu'Hachem ... nomme un homme (dirigeant) sur le peuple ... Et que l'assemblée d'Hachem ne soit pas comme un troupeau qui n'ait pas pour eux de berger" (Pin'has 27,16-17)

=> On peut s'interroger. Si Hachem nommera un dirigeant, alors automatiquement le peuple aura un berger. Pourquoi donc expliciter cela en disant : "Et que l'assemblée ... ne soit pas comme un troupeau qui n'ait pas pour eux de berger"? Cela semble redondant!

-> En fait, Moché demanda à Hachem que non seulement le peuple puisse avoir un dirigeant. Mais en plus que ce dirigeant ne puisse chercher que l'intérêt du peuple, et jamais son propre intérêt. C'est cela le sens de cet ajout de Moché, que "l'assemblée d'Hachem ne soit pas comme un troupeau qui n'ait pas pour eux de berger".
L'essentiel est que ce dirigeant soit comme un berger dévoué à son troupeau. Le berger devra être "pour eux", pour l'intérêt du peuple, mais pas "pour lui", pas pour son propre profit.
[Ktav Sofer]

"Ces paroles que Je t'ordonne aujourd'hui seront sur ton cœur" (véayou adévarim aélé achér anokhi métsavékha ayom al lévavékha - Vaét'hanan 6,6)

-> Rachi rapporte : "Ces paroles que Je t'ordonne aujourd'hui, tu ne les considéreras pas comme de vieux décrets dépréciés que personne ne respecte plus, mais comme un décret nouveau vers lequel tous accourent".

=> Pourquoi nos Sages ont-ils choisi de nous enseigner ceci dans la section du Shéma Israël plutôt que dans un autre passage de la Torah?

Le rav Its'hak Hutner répond que lorsque nous observons le monde, il semble être mû par un phénomène de répétition perpétuelle : le jour et la nuit, les cycles de la lune, les 4 saisons, ...
Cependant, nos Sages nous révèlent que c'est Hachem qui renouvelle constamment la création (comme nous le disons quotidiennement dans notre prière : "mé’hadech bétouvo tamid" ).
Ainsi, extérieurement il semble que Hachem a créé le monde dans une optique de répétition perpétuelle, mais en fait D. le renouvelle continuellement.
Dans son existence, l'homme doit aussi ressentir un renouvellement, même à l'intérieur du cycle répétitif de la vie.

Le Shéma Israël est la phrase que l'on prononce le plus souvent : tous les matins et soirs dans la prière. C'est justement dans cette section du Shéma, qui symbolise la répétition, que nos Sages nous ont demandé de ressentir, même dans ce contexte de répétition, la fraîcheur du renouvellement.

[notre yétser ara souhaite nous emprisonner dans notre routine, pour nous empêcher de nous remettre en question, pour nous empêcher d'y mettre un vent de fraîcheur afin de faire les mitsvot dans la joie, avec le cœur, et non pas uniquement extérieurement à nous (ex: uniquement les lèvres qui bougent).]

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-> Dans un Séfer Torah, le "Hachem é'had" (ה אחד) du Shéma est écrit avec un dalét (ד) qui est agrandi par rapport aux autres lettres.
Le Baal haTanya enseigne que ce grand ד ressemble à un marteau.
C'est une allusion au fait que nous devons marteler dans notre esprit que Hachem est Un (Hachem é'had).
Il n'est pas suffisant d'y penser superficiellement (de le marmonner par habitude). Nous devons marteler notre émouna, notre conscience d'Hachem dans les profondeurs de notre être.

"Du fait qu'elle n'ait pas crié" (Ki Tétsé 22,24)

-> Le 'Hidouché haRim tire de ce verset un terrible enseignement : celui qui est en mesure de crier et s'abstient de le faire est considéré comme consentant, et ne peut s'acquitter en prétendant qu'il s'agissait d'un cas de force majeur. C'est pourquoi on punit la femme (qui a été prise en flagrant délit d'adultère dans un endroit habité) "du fait qu'elle n'ait pas crié", car elle révèle par cela qu'elle n'a pas commis cet acte en y étant forcée mais qu'elle était consentante.

L'intention du 'Hidouché haRim est de nous enseigner par cela l'importance du devoir de crier vers notre Père Céleste afin qu'Il nous sauve de toutes les tentations du mauvais penchant car notre volonté profonde est d'accomplir Sa volonté. En s'abstenant de prier pour cela, un homme montre ainsi qu'il consentirait sans problème à suivre son mauvais penchant, à D. ne plaise.

-> En revanche, s'il supplie amèrement Hachem d'être délivré de son yétser ara, il est assuré d'être exaucé, comme l'exprime le Sfat Emet : "J'ai entendu de mon aïeul au sujet du verset "la jeune fille a crié mais il n'y avait personne pour la sauver" commenté ainsi par nos Sages : "si quelqu'un était présent pour la sauver de son poursuivant, il la sauve même au prix de la vie de ce dernier" (guémara Sanhédrin 73a), que de même, le sauveur d'Israël, Hachem, est donc tenu de nous sauver même au prix du yétser ara qui nous poursuit, et de le faire disparaître."
[la prière pour être préservé du mauvais penchant est toujours exaucée]

-> Le Séfer 'Hassidim écrit à ce propos :
"Si quelqu'un prie pour quelque chose que l’on accomplit en l'honneur d'Hachem, par exemple pour réussir dans l'étude de la Torah ou pour toute autre requête spirituelle, et qu'il le demande de tout son coeur, Hachem écoute sa prière, même si ses actes ne le rendent pas méritant."

[d'après le rav Elimélé'h Biderman]

"Faites le relevé de toute la communauté des enfants d'Israël" (Bamidbar 1,2)

-> Rachi (v.1,1) : "Du fait de l’amour d’Hachem pour Israël, Il les compte à chaque moment."
[on compte (et recompte) ce qui est cher, ce qui a de la valeur à nos yeux! ]

De plus, Rachi rapporte que du fait de l'interdiction de compter des individus, chacun devait donner une pièce d'un demi-chékel, le représentant.

Le Rabbi de Loubavitch dit que dans un dénombrement, chacun compte pour un. On ne fait pas de différence entre les plus grands et les plus petits.
Par cela, on met en évidence le point le plus profond de sainteté qui réside en chacun. L’intériorité de l’âme de chaque juif est exactement le même pour tous.
Même le juif le plus éloigné de la Torah détient la même étincelle de judaïsme que le plus Saint.

Nos Sages disent que : "Même s’il a fauté, il reste un Israël".
Ce point intérieur est souvent dissimulé et ne s’exprime pas forcément. Le décompte, qui ne fait pas de différence entre les personnes et qui compte chacun comme un, sert à mettre en évidence cette valeur profonde dont chacun dispose.

=> Par ce décompte, Hachem montre Son Amour pour chaque juif, car Hachem l’affectionne, même s’il est très éloigné, parce qu’il détient cette parcelle qui ne peut en aucun cas se séparer de Lui.
[nous ne devons jamais désespérer, déprimer profondément, car nous avons toujours une valeur interne sublime et Hachem nous aimera personnellement quoiqu'on fasse!]

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-> Nous trouvons dans la guémara (Baba Metsia 21a) : "L’homme risque de vérifier ses poches à tout instant ».
Pourquoi cela?
Parce que son argent lui est cher et compte à ses yeux, c’est pourquoi sa pensée ne se détourne pas de vouloir bien garder son argent à tout instant.
De même, les bnei Israël sont chers à D., qui les "vérifie" à tout instant, et les recompte encore et encore ...

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-> Le rav Moché Feinstein (Igrot Moché) enseigne que cela est une bonne leçon d’introduction à Shavouot.
Il y a des gens qui disent : Qui suis-je et que suis-je? Même si j’étudie la Torah, je n’arriverai jamais à un véritable niveau! Et cela les mène à la négligence et à la paresse dans l’étude.

Vient alors ce décompte, montrant que tout juif est égal au plus grand du point de vue de la profondeur de son âme. Le juif le plus simple a tout autant de part dans la Torah que le plus grand et ne doit sûrement pas se décourager et baisser les bras!
Chaque juif a de l'importance et possède sa valeur intrinsèque, et il constitue une entité irremplaçable au sein de la communauté juive .
Chaque juif a une importance, il a une part dans la sainte Torah, et il peut donner de nouvelles explications [uniques] que son âme a reçue au Sinaï.

[chacun a des capacités différentes, mais tout le monde a sa part dans la Torah, et est jugé en fonction de l'investissement qu'il met pour la révéler!
Un grand qui exploite peu ses capacités, "vaut" moins qu'un tout petit qui les utilise au maximum!
Ce qui compte n'est pas l'extériorité, mais le cœur débordant d'amour dans la réalité!]

=> En comptant la collectivité, Hachem exprime à quel point individuellement chaque juif compte et est aimé de Lui! A quel point nous sommes tous indispensables pour combattre spirituellement au quotidien dans l'armée Divine, pour révéler Sa grandeur aux yeux de tous!

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-> Le livre de Bamidbar commence par le recensement du peuple juif.
Rachi commente : C’est l’amour qu’Il (Hachem) leur porte qui L’incite à les compter à tout moment.

=> Quel est l'intérêt de compter la même chose encore et encore?

Rabbi Yérou'ham Levovitz (Daat Torah) répond qu'on ne le fait pas pour connaître le total, puisqu'on le connaît déjà, mais parce qu'en comptant on se le rappelle constamment à l'esprit.
Ainsi, pour ainsi dire, le comptage permet de toujours garder dans l'esprit d'Hachem le peuple juif [et la fraîcheur et la plénitude de Son amour à leur égard!]

-> Le livre de Vayikra se termine avec la notion de la dîme des animaux ("le 10e sera consacré à Hachem" - Bé'houkotaï 27,32)

Le propriétaire faisait passer chacune de ses bêtes devant lui, et chaque dizaine était destinée à D.
Cela permettait de se rendre compte de tout ce que D. nous donne, par rapport au peu qu'Il nous demande de Lui restituer (90% c'est pour nous!).
Cela doit développer de la joie et de la reconnaissance d'être juif, d'avoir un papa Hachem qui nous aime et chouchoute tellement!
[nous avons la tendance à se focaliser sur ce que nous reversons (ex: tsédaka), en oubliant le restant!]

Après cette notion, le livre de Bamidbar commence avec le recensement des juifs, qui sont le "troupeau de Hachem".
Selon le rabbi Shimshon Raphaeël Hirsch, le fait que D. compte chaque juif, témoigne que chaque juif compte, comme un membre unique [et indispensable] de Son troupeau.

A l'approche de Shavouot, nous ne devons pas se dire : moi qui suis si loin du niveau de Moché, suis-je vraiment concerné par le don de la Torah?
La réponse est : oui. Nous avons tous une part unique dans la Torah, une contribution unique à l'Histoire juive.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°881) enseigne :
"Hachem a ordonné à Moché de faire le décompte des tribus des bnei Israël, en commençant par les chefs de tribus, puis les chefs de famille, chacun selon la maison de son père, à partir de l’âge de 20 ans et au-delà. Or la Torah nomme extrêmement longuement avec tout un luxe de détails tous les chefs de famille de chaque tribu, sans se contenter d’évoquer globalement ceux qui sont comptés dans la tribu, mais en prenant la peine de compter chacun individuellement selon son rang, sans en omettre un seul.

Cela suscite un étonnement : les mitsvot du Chabbat sont données par allusion aux travaux du Michkan ; tous les travaux qui étaient nécessaires à la construction du Michkan, il est interdit de les faire le Chabbat (Chabbat 49b), or ces travaux ne sont pas évoqués dans la Torah, mais on les apprend uniquement par allusion ; ce sont les Sages qui nous ont informés de ce qu’il est permis ou interdit de faire le Chabbat.
De même, en ce qui concerne Pessa’h, qui tient une place particulièrement importante et centrale, avec plusieurs mitsvot, la Torah rappelle extrêmement brièvement celles qui se rattachent à Pessa’h, alors que les autres halakhot, dans tous leurs détails complexes, s’étudient dans le traité Pessa’him ...

Il faut comprendre quelle est la différence entre le décompte du peuple d’Israël, qui est rapporté dans les moindres détails, et certaines mitsvot importantes qui ne sont décrites dans la Torah que très brièvement, voire par allusion. Or à cause de leur valeur de ces mitsvot la Torah aurait dû prendre la peine de longuement préciser, alors pourquoi dans le décompte des bnei Israël, qui est apparemment quelque chose de secondaire qui n’a aucune conséquence sur l’avenir, la Torah s’est-elle donné la peine d’en rapporter chaque détail?

On peut expliquer que la conduite des bnei Israël est due au fait qu’ils sont un peuple persécuté par les non-juifs. A chaque génération, nos ennemis se lèvent pour nous anéantir, et Hachem nous sauve de leurs mains. Dans cette difficile réalité de la brutalité des nations du monde envers les bnei Israël et des massacres épouvantables, l’humeur et le courage du peuple d’Israël risqueraient d’être brisés au point de tourner le dos à Hachem et à Sa Torah, parce que la réalité est tellement difficile, nous sommes comme une petite brebis au milieu de 70 loups, et le désespoir pourrait broyer le peuple élu.
C’est pourquoi Hachem a ordonné d’écrire longuement les noms du peuple d’Israël en les précisant avec une grande exactitude, tout cela pour prouver aux bnei Israël qu’ils sont Ses enfants bien-aimés et qu’Il ne détourne pas d’eux Son regard un seul instant. La réalité des persécutions ne doit pas affaiblir l’esprit du peuple ni le faire tomber dans le désespoir, mais au contraire, il doit reconnaître que cela vient de Hachem, et que pour que Son peuple reste bien vivant dans toutes les générations, Hachem a délibérément fait tomber la haine dans le monde afin que les nations cherchent à le tourmenter, ce qui lui évitera de s’assimiler.

Et lorsque les bnei Israël s’apercevront que Hachem n’a pas épargné les versets lorsqu’il s’agit de les compter et d’évoquer les noms de leurs ancêtres, cela les consolera. La longue énumération de ces noms prouve au peuple l’amour de Hachem pour lui, et il comprendra immédiatement que si les non-juifs le frappent, ce n’est pas parce que Hachem ne veille pas sur lui, mais parce que qu’Il a décidé que leur haine est indispensable pour préserver la flamme juive afin qu’elle ne s’éteigne pas.

Hachem a voulu nous montrer qu’au moment où s’est déroulé le décompte, un an et un mois après la sortie d’Egypte, le peuple d’Israël était déjà vraiment un peuple. Or si nous essayons de vérifier l’élaboration de diverses nations dans le monde entier, nous voyons immédiatement que la formation d’un peuple n’est pas quelque chose d’anodin. Il y faut de nombreuses années, parfois même des dizaines et des centaines d’années s’écoulent avant qu’un groupe de personnes s’unisse au point de devenir digne de porter le nom de "peuple".

Or chez le peuple d’Israël, nous trouvons un phénomène extraordinaire qui n’a pas son pareil dans le monde entier : un an et un mois après la sortie d’Egypte, il pouvait déjà s’appeler un peuple, et il fallait les compter.
Certes, ce décompte était évident pour le Créateur, et de Son point de vue, il n’y avait nul besoin de compter, mais Il a voulu montrer à toutes les nations du monde, qui ont demandé ce qu’il y avait d’écrit dans la Torah, que les bnei Israël représentaient un phénomène unique et extraordinaire : ils avaient mériter de s’unir et de devenir un peuple en un temps si court parce qu’ils s’étaient tenus au pied du mont Sinaï et avaient reçu la Torah.
Par ce mérite, ils étaient devenus une partie de la Torah, dont le compte est semblable à celui des bnei Israël, et ils sont devenus le peuple d'Hachem et de la Torah.

Par conséquent, c’est la raison pour laquelle la Torah prend la peine de souligner la date et l’année où s’est passé le décompte. Elle indique aussi le désert du Sinaï où se tient le mont Sinaï, afin de prouver au monde entier que le peuple d’Israël est devenu le peuple élu, dont Hachem Se glorifie (Yéchayahou 49,3).
Tout cela est arrivé en un laps de temps très court, ce qui est unique dans toute l’histoire de l’humanité, et à quoi tout cela est-il dû? Au fait qu’ils ont pris sur eux la Torah avec dévouement, sans rien demander et sans poser de questions."

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+ "Faites le relevé de toute l’assemblée des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons paternelles, (bémispar chémot)" (Bamidbar 1,2)

-> Le 'Hida (Pné David) fait remarquer que celui qui éprouve de la haine à l'encontre d'une personne se garde naturellement de prononcer son nom, le désignant tout au plus par un surnom ou par des sobriquets.
Or ici, Hachem demande à Moché de recenser les juifs "d'après le nombre de noms" = ils étaient si chers à Ses yeux qu'Il a voulu les compter nommément, et a tenu à ce que cette désignation individuelle éveille et amplifie Son affection pour chacun d'eux.

-> Le Baal haTourim explique que mentionner chaque personne par son nom, cela nous rappelle un des plus grands mérites des juifs lorsqu'ils étaient esclaves en Egypte : ne pas avoir changer leur nom (comme l'enseigne le midrach Vayikra rabba 32,5).
Cela a renforcé l'affection que pouvait déjà avoir Hachem pour Son peuple, et par conséquent, Il utilise chaque occasion pour les compter et recompter, comme signe de Son amour pour les juifs.

En ce sens, le rav Yé'hezkel de Kouzmir dit que Hachem nous compte en fonction de nos meilleurs moments de notre vie, et par cela Il garde constamment un amour le plus important à notre égard.

Le Mélo haOmer explique que le fait de ne pas avoir modifier leurs noms en Egypte a préservé les juifs de l’assimilation, car leurs noms leur rappelèrent leur appartenance à une nation sainte et, subséquemment, leur interdiction de se mêler aux Egyptiens impurs.
D’où la redondance de notre verset (Bamidbar 1,2) qui peut sembler en apparence superflue.
L’expression "selon leurs familles et leurs maisons paternelles" indique qu’ils furent fidèles à leur appartenance au peuple juif, tandis que les mots "d'après le nombre de noms" nous indiquent comment, en conservant les noms traditionnels de leurs pères.

L'admour de Miskoltz a l'habitude de dire lors d'une brit mila :
"Nous bénissons le nouveau-né en lui souhaitant que, "de même (kéchem) qu’il est entré dans l’alliance d’Avraham avinou, il puisse entrer dans celle de la Torah, du mariage et des bonnes actions". A travers le mot kéchem, nous pouvons lire une allusion au nom (chem) juif reçu par le bébé lors de sa circoncision et par le mérite duquel il pourra aussi étudier la Torah, entrer sous le dais nuptial et pratiquer de la bienfaisance.
Autrement dit, ce nom juif lui sera d’un grand secours, lui rappelant, où qu’il se trouve, qu’il est juif et se doit de se conduire en tant que tel en restant fidèle à la Torah, en l’étudiant, en craignant D., en se mariant et pratiquant de bonnes actions.

-> Selon le Ramban (Bamidbar 1,45) :
"Si les enfants d'Israël reçurent l'ordre de se faire recenser par Moché et Aharon, c'est parce qu'en se présentant devant eux et en disant son nom, chacun y gagnait mérite et longévité ... car Moché et Aharon (les tsadikim de la génération) allaient prier pour lui."

Ainsi, lorsque Moché et Aharon se présentaient devant la maison de chaque juif (pour les compter), ils posaient leur regard bienveillant sur eux, et ils avaient un tel amour envers chaque juif, qu'ils ont traduit cela en priant pour le meilleur pour cet personne [dont sa descendance!].

=> Ainsi, en plus du fait que la collectivité est importante. Le décompte avait vocation d’apporter une valeur et une importance, une expression d’amour, à chaque individu.
[chaque juif quelqu'il soit a une contribution unique et indispensable à apporter à l'Histoire juive!]

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-> "Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leur maison paternelle"

Le Ben Ich 'Haï (dans son Od Yossef 'Haï) s’intéresse à la précision du langage du verset : "Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël". Le mot "toute" semble ici superflu, puisqu’il est évident que la mitsva de compter inclut tout l’ensemble d’Israël, sans exception. Le texte aurait donc dû dire : "Faites le relevé de la communauté d’Israël", en retirant le terme "toute".
Le Ben Ich 'Haï explique : comme nous le savons, il faut faire très attention à ne pas accuser les bnei Israël devant D., même les plus réchaïm d’entre eux. Certes, l’homme instruit et érudit a l’obligation de réprimander les réchaïm et de leur montrer la bêtise de leur comportement, et il peut leur parler durement afin de les mener au repentir. Mais malgré tout, devant Hachem, il ne les accusera pas, ne les critiquera pas, et parlera au contraire en leur faveur.

"Faites le relevé de toute l’assemblée des enfants d’Israël selon leurs familles, selon leurs maisons paternelles, par dénombrement des noms, tout mâle selon [le décompte de] leurs têtes" (Bamidbar 1,2)

La paracha de Bamidbar commence par le recensement dans le desert. Lorsque Hachem a demandé à Moché de faire ce comptage, Il emploie le terme : légoulguélotam (selon leurs têtes - לגלדלתם).

-> Le Rama miPano (rav Ména’hem Azaria, un des élèves de rabbi Moché Cordovéro) [dans son Assara Maamarot] enseigne que l’utilisation inhabituel de ce terme, vient nous enseigner que lorsque Moché a compté la nation juive, il a regardé chacun des juifs et il a vu par inspiration Divine combien cet individu devra revenir dans ce monde, en tant que réincarnation (guilgoul - גלגול).

Ce concept de transmigration des âmes et de réincarnation, nous apprend que la majorité des personnes dans ce monde ne vive pas pour la 1ere fois, leur âme ayant déjà vécu dans d’autres corps.
Hachem a admis qu’ils n’avaient pas encore atteint la plénitude de leur mission sur terre, et Il a alors décidé de leur donner une nouvelle opportunité de rectifier leurs erreurs et de réaliser ce qu’ils avaient manqué de faire par le passé.

-> Le rav Yissa’har Frand fait remarquer que bien que les profondeurs du concept de la réincarnation sont au-delà de notre compréhension, c’est une notion importante pour nous aider à appréhender des situations paraissant totalement incompréhensibles, comme les tragédies sur de jeunes enfants ou sur des personnes semblant très tsadik.

Nous devons avoir une vision plus large prenant en compte l’ensemble des incarnations de cette personne durant toute l’histoire du monde.
[cela nous est impossible, et nous devons avoir confiance en Hachem!]

Par exemple, la guémara (Guitin 58a) rapporte l’histoire où le fils et la fille de rav Yichmaël ben Elicha, ont été pris en captivité et ensuite vendus à 2 maîtres non-juifs différents.
Par la suite, ces 2 propriétaires se sont rencontrés et en discutant ils ont chacun fait l’éloge de la beauté exceptionnelle de leur esclave respectif.
C'est alors qu'ils ont élaboré un plan de les faire s'accoupler, de sorte que les maîtres puissent profiter de la belle progéniture qui serait engendrée par de si beaux parents.
Ils les ont mis ensemble dans dans une pièce sombre, et leur ont annoncé leur projet pour eux.

Puisqu’il n’y avait pas de lumière dans la pièce, aucun des esclaves n’a pu reconnaître l’autre. Ils se sont assis chacun dans un coin, de la chambre, et l’esclave mâle s’est dit à lui même : “Je suis Cohen, et je suis un descendant des Cohanim Guédolim. Comment puis-je me marier avec une simple esclave?”

De même, sa sœur a pensé à elle-même : “Je suis la fille d’un Cohen, une descendant de Cohanim Guédolim. Comment puis-je avoir des relations avec un esclave?”

Ils ont passé la nuit entière à pleurer jusqu'à ce que l’aube arrive, et qu’ils ont pu se reconnaître l’un l’autre. Ils se sont alors enlacés et ont continué à pleurer sur leur situation difficile, jusqu'à ce qu’ils en meurent.

=> Comment ce peut-il que les enfants du grand rav Yichmaël ont dû subir de telles souffrances, et avoir une fin si cruelle?

Le Rama miPano nous aide à y voir plus clair, en expliquant qu’ils étaient en réalité la réincarnation des enfants du roi David : Amnon et Tamar.
Amnon avait un très fort désir pour Tamar, et il a ainsi arrangé les choses pour être seule avec elle, et à ce moment il l’a forcée avec violence à avoir une relation (cf. Chmouël II 13,1-22).
Afin d’expier et de rectifier cette faute, Hachem les a renvoyés dans ce monde, les plaçant dans une situation similaire, où au lieu de céder à la tentation, cette fois-ci ils sont restés forts et ont sanctifié le Nom Divin.

=> Ainsi sans cette donnée, la situation peut nous sembler être une terrible injustice, alors qu’en réalité c’est une énorme bonté de Hachem, qui leur permet pour l’éternité d’être propre de cette faute, plutôt que de subir une honte publique éternelle.

==> De même dans notre vie nous vivons de nombreuses situations qui nous paraissent injustes, mais il faut prendre du recul en acceptant que nous sommes la réincarnation de plusieurs vies passées, et que certaines situations peuvent venir réparer pour le passé.
C’est certes désagréable sur le moment, mais pour l’éternité c’est un énorme cadeau que nous fait Hachem.

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-> "Tous les mâles, comptés par tête (goulguélotam)" (Bamidbar 1,2)

Le ‘Hida (Pnei David) commente ce verset d’après ce qui est écrit dans l’introduction du Arizal, à savoir qu’en général, les femmes ne reviennent pas en "guilgoul" (réincarnation) après leur mort.
Voici l’explication du verset : "Tous les mâles, "legouluélotam" (par tête)" = "goulguélotam" (לגלדלתם) évoque "guilgoul" (réincarnation), cela ne concerne que les mâles, à l’exception des femmes qui ne se réincarnent pas.

Rabbi Chlomo Amsallem (Bnei Chelomo) fait remarquer que cette idée se trouve également en allusion dans ce que dit la guémara (Béra'hot 17a) : "Grande est la promesse faite par Hachem aux femmes plus que celle faite aux hommes, ainsi qu’il est dit : "Femmes sereines, levez-vous, écoutez ma voix, filles assurées, prêtez l’oreille à ma parole."
Cette promesse aux femmes est qu’elles ne se réincarneront pas, elles resteront en paix dans le monde à venir. Comme le dit Daniel : "Elle se reposera et se lèvera pour son destin à la fin des jours", c’est-à-dire qu’elle se lèvera dans le monde à venir sans être passée par une réincarnation.
C’est cela la promesse aux femmes, qu’elles ne se réincarneront pas.

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-> "Par tête" (Bamidbar 1,20)

-> La Torah écrit clairement que le décompte des tribus de Réouven et Chimon, s'est effectué par tête (légoulguélotam - לגולגלותם), information qui n'a pas été précisée pour les autres tribus. Pourquoi?

En fait, ce terme "légoulguélotam" évoque aussi la notion de "guilgoul" (réincarnation). Un homme qui commet certaines fautes, sa réparation passera parfois par le biais d'une réincarnation de son âme dans une autre vie.
Or, parmi toutes les fautes qui ont été commises dans le désert, deux fautes ont concerné 2 tribus en particulier. La faute de Kora'h qui a détourné un grand nombre de personnes appartenant à la tribu de Réouven. Et lors de la faute de Chitim, la tribu de Chimon a été engagé dans l'immoralité.
C'est pourquoi, ces deux tribus se sont distinguées par des fautes singulières et ont donc dû les réparer. Le terme "légoulguélotam" qui a été dit les concernant, fait allusion à cette réparation, qui devait s'effectuer à travers le guilgoul (la réincarnation).
[Chakh al haTorah]

"Voici les descendants de Aharon et Moché, au jour où Hachem s'adressa à Moché au Mont Sinaï. Et voici les noms des fils d'Aharon ..." (Bamidbar 3,1)

-> Ce passage ne mentionne que les fils de Aharon
Rachi explique que ce verset nous apprend qu'enseigner la Torah à un enfant, c'est comme lui donner la vie, comme l'avoir engendré (guémara Sanhédrin 19b).
Ainsi, en enseignant la Torah aux 4 fils de Aharon, Moché est devenu leur père spirituel, tout comme Aharon est leur père biologique.

-> Le Chla haKadoch ajoute que : "ce n’est pas seulement “comme si” il l’avait engendré, car son père et sa mère lui ont certes donné son corps, mais le Rav a en quelque sorte donné vie à son âme ... Heureux celui qui agit ainsi et apprend la Torah au fils d’un autre – et s’il le fait gratuitement, sa récompense est double."

-> "Tu l'enseigneras à tes enfants" (Vaét'hanan 6,7)
Rachi commente : Il se trouve que les élèves (talmidim) sont très souvent appelés des "fils".

-> Selon le Ohr ha'Haïm et le Kli Yakar, c'est au mont Sinaï que Moché est devenu leur père, quand D. courroucé par la participation d'Aharon à la faute du Veau d'or, s'apprêtait à détruire sa famille (Ekev 9,20).
Par ses prières, Moché a obtenu qu'Elazar et Itamar soient épargnés.
Rachi commente : "J’ai prié aussi pour Aharon" (Ekev 9,20) = [Moché dit: ] Ma prière a été efficace pour obtenir un demi-pardon : Deux [de ses fils] sont morts (Nadav et Avihou) et deux sont restés en vie [alors qu'il avait été décrété que tous les enfants de Aharon devaient mourir].

-> Rachi rapporte la guémara (Sanhédrin 19b) disant que l'on apprend de ce verset qu'enseigner la Torah à un enfant, c'est comme l'avoir engendré.
Les parents donne à le corps à leur enfant, et celui qui leur enseigne la Torah lui donne sa néchama (âme), puisque la Torah est la néchama du peuple juif.
Loué est celui qui apprend et enseigne aux enfants de son prochain la Torah. Celui qui le fait gratuitement reçoit une récompense qui est doublée.
[dans le : דרך חיים תוכחת מוסר - ל"ו]

-> Un élève est appelé "enfant" de son rabbi, par la sagesse qu'il reçoit de son rabbi.
Nous voyons d'ici l'énorme pouvoir de la parole [de la Torah que l'on enseigne], puisqu'elle a la faculté de créer des "enfants spirituels".
[Gaon de Vilna]

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-> "Quiconque enseigne la Torah au fils de son ami, l’Ecriture le lui compte comme s’il l’avait engendré" (guémara Sanhédrin 19b)

Rabbi David Pinto (Pa’had David) commente : Nous voyons de là que l’essentiel de l’engendrement, c’est de donner la spiritualité. Comme l’ont dit nos Sages (midrach Béréchit Raba 30,6) : "L’essentiel des engendrements des tsadikim sont les mitsvot et les bonnes actions". C’est cela le principal.
D’après cela, on comprend parfaitement cet enseignement de nos Sages (guémara Makot 22) : "Combien ils sont stupides, les gens qui se lèvent devant un séfer Torah et ne se lèvent pas en l’honneur d’un talmid ‘hakham", puisque l’essentiel de la Torah et de l’engendrement sont liés, et que tout est nécessaire pour s’élever dans la Torah. Alors évidemment il faut se lever devant un talmid ‘hakham, car c’est lui qui accomplit sa tâche par l’étude de la Torah et les bonnes actions.

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-> "Le fruit du tsadik est un arbre de vie ; et un sage acquiert des âmes" (Pri tsadik éts 'haïm, vélokéa'h néfachot 'hakham - Michlé 11,30)

Le Gaon de Vilna commente :
- "Le fruit du tsadik est un arbre de vie" = cela fait référence aux enfants, car si une personne laisse derrière elle des enfants, c'est comme si elle était toujours en vie ;

- "et un sage acquiert des âmes" = cela fait référence aux élèves (talmidim) d'une personne, qui sont un plus grand accomplissement que ses enfants, car les enfants se rapportent au néfech (la force de vie physique au sein d'une personne), tandis que les élèves se rattachent à la néchama (la force spirituelle intérieure qui va la pousser à être attirer vers Hachem et ses mitsvot).

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-> L'homme sans la Torah n'a aucun avantage par rapport à un animal.
Ce n'est que la connaissance de la Torah qui fait une distinction avec les animaux, et qui rend méritant d'être appelé un homme, car la Torah est l'objectif de la Création.
[Maharcha - guémara Sanhédrin 99b]

[Si les parents donne le titre d'être vivant, l'enseignant octroie celui d'homme.
Si les parents permettent la vie physique dans ce monde, l'enseignant permet d'obtenir la vie éternelle]

-> Nous pouvons réaliser des mitsvot uniquement de notre vivant.
Ensuite, cela n'est plus possible et nous n'avons plus la possibilité d'enseigner la Torah.
Cependant, celui qui a le mérite d'écrire de vrais livres, ne s'arrête pas de produire des "enfants" même après sa mort, puisqu'il a des élèves qui étudient la Torah de ses livres.

[le fait de soutenir l'édification/maintient d'une yéchiva, la publication de livres, ... sont d'autres moyens permettant d'avoir des mérites éternels!]

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+ Pourquoi est-ce que la Torah ne mentionne-t-elle pas également les enfants de Moché?

-> "Un homme de la maison de Lévi alla et prit une fille de Lévi" (Chémot 2,1)
Le Maharal fait remarquer que les noms des parents de Moché ne sont pas mentionnés. Pourquoi?

Moché était un [être humain] tellement spirituel que sa seule véritable connexion était avec Hachem.
Ainsi, en comparaison aux autres, c'est comme s'il n'avait aucun lien avec un être humain, même ses propres parents ou ses enfants. [Ce qui explique que ses enfants ne sont pas rapportés].
[Béer Moché]

-> Les enfants d'une personne, l'aide à se compléter.
Aharon était grand, mais ses enfants l'ont aidé à atteindre sa plénitude spirituelle (chlémout), et c'est pour cela que la Torah les mentionne pour dresser une image complète de la spiritualité de Aharon.
Cependant, Moché a atteint tout seul sa plénitude spirituelle, et il n'est ainsi pas nécessaire de mentionner ses enfants.
[Tsor haMor]

-> Les enfants de Moché ne sont pas rapportés ici, car ils n'ont pas mérité de prendre part à la sortie d'Egypte, et de traverser la mer Rouge avec le peuple juif. [les rejoignant ensuite avec Yitro et leur mère]
[Rabbénou Zé'haria]

-> Tous les juifs étaient considérés comme les enfants de Moché et de Aharon, car à la fois Moché et Aharon ont enseigné la Torah à toute la nation. En effet, Moché disait une halakha, et Aharon la répétait [au peuple].
En raison de cela, le peuple avait peur d'approcher Moché, posant directement les questions à Aharon.
[Sifté Cohen]

[puisque le lien de proximité n'était pas totalement à l'image de ses propres enfants (ex: peur d'approcher Moché), alors ses enfants ne sont pas mentionnés]

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-> "Voici les descendants de Aharon et Moché" (Bamidbar 3,1)

Rachi constate que la Torah ne mentionne juste après que les descendants de Aharon et non ceux de Moché.
Cela vient enseigner que celui qui apprend la Torah à son prochain, c’est comme s’il l’avait fait naître. Les enfants de Aharon étaient donc aussi enfants de Moché.

=> Mais pourquoi cet enseignement n’a été dit que pour les fils d’Aharon alors que Moché avait appris la Torah à tout le peuple?

En réalité, tout l’intérêt de dire qu’enseigner c’est comme enfanter, dépend du principe selon lequel le fils peut donner du mérite à son père. Ainsi, si un élève dépasse son Maître, il pourra aussi faire profiter de sa grandeur à son Maître parce qu’il est considéré comme son fils.

Or, Moché était plus grand que tout le peuple. Personne ne pouvait donc le dépasser. Le fait que tout le peuple, qui ont appris de lui, soient ses enfants n’avait donc pas d’intérêt, car ils ne pouvaient pas lui faire bénéficier d’une grandeur qu’il n’avait pas.
Cependant, Moché reconnut lui même que Nadav et Avihou, les fils de Aharon étaient plus grands que lui et Aharon. C’est donc à leurs propos qu’il est intéressant de signaler qu’ils étaient comme ses enfants, pouvant lui faire profiter de leurs grandeurs.
['Hatam Sofer]

-> Le Sifté ‘Hakhamim enseigne que Moché a reçu l'ordre de Hachem d'enseigner la Torah à toute la nation. Puisqu'il en avait un ordre explicite, il ne pouvait être considéré comme leur ayant donné la naissance en agissant ainsi.
D'un autre côté, il a choisi de lui-même d'enseigner individuellement la Torah aux enfant de Aharon, et pour cette raison ils étaient considérés comme ses enfants.

-> Le Netsiv dit que ce concept où l'on est considéré comme ayant donné naissance à celui à qui on a étudié la Torah, ne s'applique que pour la Torah Orale, qui est l'étude qui fait et créée véritablement une personne.

Moché n'a commencé à enseigner la Torah Orale à l'ensemble de la communauté juive que bien plus tard ("Moché commença à expliquer cette Torah" - Dévarim 1,5), et ceci explique pourquoi à ce moment tous les juifs n'étaient pas considérés comme ses enfants.
Cependant, puisqu'il avait déjà commencé à enseigner en privé la Torah Orale aux enfants d'Aharon, il était déjà considéré comme leur ayant donnés naissance.

-> Selon le Maharal, bien que Moché a enseigné la Torah à tous les juifs, il a sans aucun doute pris davantage de temps dans son emploi du temps surchargé pour étudier avec ses neveux, les enfants d'Aharon. Il a fait pour eux un effort supplémentaire en leur consacrant bien plus de temps et d'efforts qu'avec une personne "normale", en leur expliquant et révisant les leçons de la Torah avec eux.

Le Maharal dit qu'un parent est défini par sa volonté de fournir un effort supplémentaire. Un parent est toujours prêt à faire ce qu'il faut pour son enfant (peu importe le temps, les efforts nécessaires, ...).

Ainsi, le principe qu'enseigner la Torah à un enfant d'autrui, est considéré comme lui ayant donné naissance, ne s'applique que lorsque le rabbi/rav agit au-delà de ses simples obligations [d'enseignement, d'homme] et qu'il devient véritablement comme un parent de cet enfant.