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"Un pays de blé, d'orge, de raisin, de figues et de grenades, un pays d'olives huileuses et de miel [de dattes]" (Ekev 8,8)

Le Méam Loez commente sur ce verset :

-> Outre leur nombre abondant [en quantité], les fruits de la terre d'Israël étaient énormes [en taille].
Le blé avait la taille d'un rein, et l'orge, la taille d'un noyau d'olive. Mais bien entendu, les fruits atteignaient ces dimensions miraculeusement seulement lorsque les juifs obéissaient à la volonté de D.

Dans la paracha Chéla'h Lé'ha, il est dit qu'il fallait 8 hommes pour soulever une grappe de raisons cueillie en terre d'Israël (cf. Rachi Chéla'h Lé'ha 8,8 : "Huit d’entre eux ont pris la grappe, un a pris une figue et un une grenade").

A l'époque de Chimon ben Chéta'h, les lentilles étaient aussi grosses que des dinars.

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-> Il est écrit dans la guémara (Kétoubot 112a) :
Rabbi Yéhochoua ben Lévi est arrivé en terre d'Israël après la destruction du Temple. Il a aperçu des grappes de raisins si grosses qu'il les a prises pour un groupe de veaux attachés.
Lorsqu'il s'est rendu compte de son erreur, il s'est lamenté : "Oh! Vigne! Pour qui produis-tu ces raisins? Pour les païens qui, à cause de nos nombreuses fautes, habitent cet endroit à notre place? Perds tes raisins immédiatement!"

Un an plus tard, rav 'Hiya est passé par le même endroit et a vu que les grappes de raisins avaient diminué et ne ressemblaient plus qu'à un groupe de chèvres.
Il a posé la même question que rabbi Yéhochoua une année plus tôt mais les habitants de la région l'ont supplié de ne pas prononcer de phrase qui puisse causer une réduction supplémentaire de la taille des raisins.

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-> Il est également rapporté dans cette guémara que :
Le vin qui provenait des raisins de la terre d'Israël était de qualité supérieure.
Le miel coulant des dattes était si abondant qu'il formait des rivières.

Rami bar Yé'hezkel a raconté qu'il était entré dans un village de la terre d'Israël et avait vu des chèvres brouter sous un palmier. Le lait ruisselant des pis des chèvres se mêlait au miel qui coulait des dattes.
Ce spectacle confirmait qu'il s'agissait bien "d'un pays ruisselant de lait et de miel" (Chémot 3,8).

Rech Lakich a décrit une [impressionnante] rivière de miel et de dattes de 16 mil sur 16 mil qui coulait à travers la ville de Tsippori.

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-> Le Méam Loez (Ekev 8,9) nous enseigne :
"Chaque nation a un ange gardien, mais le peuple juif est gardé par Hachem. La Torah nous dit : "La part de D. est son peuple, Yaakov est la part de Son héritage" (Haazinou 32,9).

Pourquoi Hachem n'a-t-Il pas choisi de nourrir Israël de la manne en terre d'Israël, comme Il l'a fait dans le désert?

Lorsque les juifs ont reçu la Torah, D. les a sanctifiés par les mots : "Vous serez pour Moi un royaume de Cohanim et une nation sainte" (Yitro 19,6).
Comme le désert se trouve hors de la terre sainte [d'Israël] et était impur, la manne (cet "aliment des anges") sanctifiait les juifs.
Lorsque le peuple d'Israël est entré en terre sainte, la sainteté de la manne a pénétré dans les produits agricoles.
C'est pourquoi les juifs n'avaient plus besoin que la manne descende du ciel pour être sanctifiés."

"Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, tu béniras Hachem, ton D., pour ce bon pays qu'Il t'a donné" (Ekev 8,10)

b'h, Nous allons voir une compilation de commentaires du Méam Loez sur ce verset :

-> Il existe un principe bien connu selon lequel, avant d'avoir récité une bénédiction, la nourriture que nous nous apprêtons à consommer appartient à Hachem. En effet, c'est uniquement après la bénédiction que l'aliment est considéré comme le nôtre.
Après avoir exprimé notre gratitude à D. en Le remerciant par une bénédiction, nous pouvons considérer la terre comme la nôtre.
[tu béniras Hachem => ce bon pays qu'Il t'a donné]

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-> "C'est parce qu'il récitait scrupuleusement les bénédictions sur la nourriture avant et après consommation que Yossef a mérité de nourrir le monde entier lorsqu'il est devenue vice-roi.
[Sifté Cohen]

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-> Nous devons nous laver les 2 mains avant de prendre un repas de pain, même si elles sont tout à fait propres.
Les mots de la bénédiction récitée après l'ablution sont : "al nétilat yadaïm" (nous a ordonné l'ablution des mains - על נטילת ידיים). Les initiales de ces mots composent : "ani" (עני - pauvre) ; ceci nous indique que la négligence de cette mitsva conduit à la pauvreté.

Quiconque ne se lave pas les mains avant le repas, son âme sera noyée dans les eaux impétueuses, dans le monde à venir (olam aba).
[...]

Procéder à l'ablution des mains avant le repas rend l'homme semblable à un ange ...

A la table de chaque juif sont assis 2 anges, l'un s'appelle : "Tov Ayin" (généreux) et l'autre "Ra Ayin" (avare).
Si un homme respecte les lois de l'ablution des mains, l'ange Tov Ayin s'exclame : "Cette table est la table de D.!"
Et si un homme néglige cette mitsva, Ra Ayin affirme : "Cet homme m'appartient!"
[...]

Ce sont le roi Salomon et son Beith Din qui ont institué l'ablution des mains avant le repas.
En retour, une voix céleste a exprimé son approbation en citant les paroles de Michlé (23,15) : "Mon fils, si ton cœur est sage, mon cœur sera heureux aussi" (guémara Erouvin 21b).

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-> Avant le repas, il faut poser du sel à table.
Pendant que tous les convives terminent l'ablution, le Satan risque d'accuser ceux qui sont déjà assis à table de n'accomplir aucune mitsva. Nous plaçons donc du sel sur la table pour que l'alliance de sel nous protège.
Quelle est cette alliance?

Au moment de la Création, l'eau s'est plainte à D. : "Maître du monde! Le monde est partagé en 3 : le désert, les régions habitées et la mer. La Torah va être donnée aux juifs dans le désert, le Temple sera construit dans une région habitée, mais la mer n'a reçu aucun mérite!"
Hachem a alors promis à la mer qu'après la construction du Temple, on verserait toujours du sel sur les sacrifices.

Comme la table est comparable à un autel et la nourriture aux sacrifices (korbanot), nous devons saler le pain après avoir récité la bénédiction de haMotsi.

Dans le verset (Vayikra 2,13) décrivant l'offrande (korban min'haté'ha), la Torah mentionne le sel à 3 reprises. On trempe donc 3 fois le pain dans le sel.

Ensuite, on prend le pain de ses 2 mains en y apposant les 10 doigts dessus. Ceci évoque les 10 mitsvot que nous avons reçues concernant la nourriture (ex: bikourim, lékét, chikha, péa, 'halla, masser, ...)
[...]

La bénédiction sur le pain est : "... amotsi lé'hem min aaréts" (qui fait sortir le pain de la terre).
C'est difficile car c'est le blé, et non le pain qui sort de la terre ...
Une explication est liée à notre foi qu'à la venue du machia'h, nous n'aurons pas à peiner pour produire le pain, mais qu'il nous sera donné tout prêt.

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-> Si un homme mange et boit dans sa maison et ne réjouit pas les pauvres, le Satan l'accuse.
En effet, les pauvres sont la part de D. ; Il veut qu'ils se réjouissent.

Lorsque D. voit que l'on ne s'occupe pas des pauvres, Il désire détruire le monde.
Les anges interviennent : "Aie pitié et ne détruis pas le monde!"
Hachem leur répond : "J'ai créé le monde pour que les hommes soient charitables les uns envers les autres. A présent regardez! Ils ne font pas la charité aux pauvres!"

A ce moment-là, les anges admettent : "C'est vrai. Regardez un tel et un tel qui mange et boit sans rien donner aux pauvres".
Alors le Satan vient et profère des accusations. C'est pourquoi, lorsqu'une dispute éclate à table, c 'est un signe que le Satan accuse.

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-> Pendant le repas, on peut accomplir 2 mitsvot : chercher à inviter un pauvre pour accomplir la mitsva de charité, et entretenir des discussions de Torah.
Ces habitudes donnent à la table où nous mangeons le statut d'un autel.

D'une part, la nourriture que nous donnons aux pauvres est équivalente à un sacrifice apporté à D. sur l'autel.
D'autre part, les paroles de Torah remplissent le rôle des lévi'im qui chantaient des louanges à D. lors du service au Temple.
Cependant, comme tous les juifs ne sont pas capables de parler de Torah, nos Sages ont composé des zémirot, des hymnes pour accompagner le repas.
Chanter des zémirot correspond au service des lévi'im dans le Temple, ce qui renforce la comparaison de la table à un autel.

Il existe une raison supplémentaire d'étudier la Torah pendant le repas. Manger et boire sont des plaisirs physiques qui si on en abuse peuvent conduire à l'augmentation des désirs et à la faute.
Discuter de Torah et chanter des hymnes sert d'antidote au yétser ara.
[...]

Celui qui parle de Torah à table est accompagné par 2 anges : l'un s'assoit à sa droite et l'autre à sa gauche.
Ces anges rapportent au Ciel les paroles de Torah prononcées à sa table et bénissent la personne qui prend son repas.

La michna y fait allusion : "Si 3 personnes [l'homme et les 2 anges] sont assis à table et étudient la Torah, elles sont considérées comme ayant mangé à la table de D." (Pirké Avot 3,3)

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-> Si l'on a mangé un morceau de pain du volume d'une olive (kézayit), on a l'obligation de réciter le birkat hamazon.
Certes, il est écrit : "Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, tu béniras Hachem, ton D." (Ekev 8,10), impliquant que cette bénédiction doit être récitée lorsque l'on est totalement rassasié.
Pourtant selon la loi juive, il faut dire le birkat hamazon, même après avoir consommé la quantité minime d'un kazayit.

La guémara (Béra'hot 20b) rapporte que les anges ont demandé à D. pourquoi Il favorisait Israël, comme il est écrit : "Que D. te favorise" (yissa Hachem panav élé'ha), alors que la Torah dit : "le D. redoutable qui ne fait pas de favoritisme" (acher lo yissa panim - Ekev 10,17).

Hachem a répondu aux anges qu'un peuple qui va au-delà de ce qu'exige la loi et loue D. même après avoir mangé une si petite quantité de nourriture mérite une considération particulière.

- La 1ere bénédiction du birkat hamazon = elle a été rédigée par Moché en témoignage de gratitude pour la manne que D. a offerte chaque jour à Israël dans le désert (guémara Béra'hot 48b).
Selon le Bayit 'Hadach, c'est pourquoi cette bénédiction précède, celle pour la terre, même s'il paraît plus logique de remercier Hachem en premier lieu pour la terre qui produit la nourriture.

- La 2e bénédiction = elle commence par les mots "nodé lé'ha" (nous Te remercions), est appelée la bénédiction pour la terre (birkat aarets) et a été composé par Yéhochoua (guémara Béra'hot 48b).
Selon le Chibolé haLékét, Yéhochoua, qui avait vu à quel point Moché désirait pouvoir entrer en terre d'Israël et à quel point les Patriarches, par le choix du lieu de leur sépulture, lui étaient attachés, composa cette bénédiction en son honneur lorsqu'il eut le privilège de pouvoir y pénétrer.
La plupart des commentateurs disent que la prescription d'inclure dans le Birkat haMazone des remerciements pour la terre est un commandement de la Torah. Yéhochoua n'a rien fait d'autre que d'en formuler le texte.

- La 3e bénédiction (celui qui reconstruit Jérusalem) = elle est la dernière de celles qui ont été instituées par la Torah. Elle a été composée successivement par le roi David et son fils Salomon.
David, qui avait conquis Jérusalem, y fit référence à Israël : "Ton peuple, et à Jérusalem".
Salomon, après avoir construit le Temple, ajouta : "Ta grande et sainte maison" (guémara Béra'hot 48b).
Selon le Arou'h haChoul'han, leur bénédiction constituait pour que D. maintienne la paix dans le pays.
Après la destruction et l'exil, elle devint une prière pour la restauration du pays, du Temple et de la dynastie de David.
Déjà avant la conquête par Yéhochoua, elle s'était présentée sous une autre forme : une prière pour que D. ait pitié de Son peuple.

Ces 3 bénédictions trouvent leur source dans la Torah : "Lorsque tu auras mangé et que tu seras rassasié, tu béniras Hachem, ton D., pour ce bon pays qu'Il t'a donné" (Ekev 8,10)
La 1ere bénédiction = "Lorsque tu auras mangé" + "tu béniras" ; la 2e bénédiction = "ce pays" ; la 3e bénédictions = "bon" (= Jérusalem et le Temple) ...

- La 4e bénédiction = il s'agit de "atov véamétiv" (bon et bienfaisant), qui a été instituée par les élèves de rabban Gamliel, comme une expression de gratitude envers Hachem pour avoir gardé intacts les corps des victimes massacrés par les romains à Bétar, et pour avoir ensuite permis leur inhumation (guémara Béra'hot 48b).

Sous le règne de l'empereur Hadrien, Bétar fut le centre stratégique de la révolte malheureuse de Bar Korhba.
Lorsque les romains écrasèrent l'armée juive, les vainqueurs se vengèrent de sa résistance en massacrant des centaines de milliers d'habitants de Bétar et en interdisant leur inhumation.
Des années plus tard, rabban Gamliel et son académie jeûnèrent et prièrent longtemps, et rabban Gamliel épuisa sa fortune à satisfaire la cupidité des des postes romains.
On lui accorda finalement la permission d'enterrer les morts : les cadavres étaient miraculeusement demeurés intacts.
Les rabbins instituèrent alors une bénédictions pour remercier Hachem de Sa double bonté : "atov" (Celui qui est bon) = pour avoir gardé intacts les restes (les corps ne se décomposant pas) ; "amétiv" (et bienfaisant) = pour leur avoir permis de recevoir les derniers honneurs (être enterrés). [guémara Béra'hot 48b]
Le Aboudraham dit qu'ils ont incorporé cette bénédiction dans le Birkat haMazone, parce que les repas sont toujours associés aux événements heureux.

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-> Après le repas et avant de prononcer la bénédiction sur la coupe de vin, on dit : "koss yéchouot essa ouvé'chem Hachem ékra" (Je lève la coupe de délivrance et j'invoque le Nom de D.).
=> A quelle coupe le roi David fait-il allusion dans ce verset des Téhilim? Dans quel contexte faut-il le comprendre?

La guémara (Pessa'him 119b) nous en donne l'explication : après la venue du machia'h, D. fera un festin pour les tsadikim.
Il demandera à Avraham de conduire le birkat haMazon [en disant la bénédiction sur la coupe de vin].

Notre Patriarche refusera en expliquant qu'il a donné naissance à Ismaël.
Its'hak refusera la coupe à cause de son fils Essav.
Yaakov refusera parce qu'en épousant 2 sœurs, il n'a pas observé un commandement, or la Torah est mentionnée dans cette dernière bénédiction.
Moché refusera parce que n'ayant pas été autorisé à entrer en terre sainte [d'Israël], il ne pourra pas dire le passage relatif à la terre d'Israël.
Yéhochoua refusera aussi car mentionner le Temple dans le birkat haMazone serait humiliant, car il n'a pas eu de fils qui comme David aurait pu commencer la construction du Temple.

Lorsqu'on demandera à David de prendre la coupe, il acceptera cet honneur.
Telle est donc "la coupe de délivrance dont parle David dans les téhilim ...

Le pluriel "délivrances" fait référence à la délivrance personnelle de David (expiation totale de sa faute avec Batchéva) et à la délivrance du peuple juif à l'époque du machia'h.

Il existe des raisons supplémentaires au choix de David pour conduire le birkat haMazone parmi les tsadikim de toutes les époques : David était destiné à mourir à sa naissance mais Adam, qui devait vivre 1 000 ans, lui a donné 70 ans de sa vie. David pourra donc être considéré comme le plus âgé des convives présents au banquet.
De plus, il a ainsi été un invité ou un voyageur en ce monde-ci, et on donne toujours à l'invité l'honneur de réciter le zimoun.

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-> Après le birkat haMazone, tous les convives goûtent du vin.
Il faut balayer les miettes de pain tombées au sol car marcher sur des aliments est un marque de mépris pour la nourriture.
Quiconque montre du mépris pour le pain ou le jette aux convives au lieu de le poser devant eux deviendra pauvre (Zohar - Pin'has 244).

La guémara ('Houlin 105b) raconte l'histoire d'un homme poursuivi par l'ange responsable de la pauvreté. L'ange ne parvenait pas à appauvrir cet homme car ce dernier veillait scrupuleusement à ne jamais laisser traîner de miettes à terre.

Un jour, l'homme a mangé sur l'herbe et l'ange s'est dit : "Ah! Maintenant, cet homme va tomber entre mes mains!"
Cependant à la fin de son repas, l'homme a pris une sarclette, a nettoyé l'endroit et a jeté les miettes à la rivière.
L'ange de la pauvreté s'est alors exclamé : "Malheur à moi! Je vais partir d'ici car cet homme m'a chassé de son domaine et il m'échappe constamment!"

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-> Comment bénir D. alors qu'Il est Lui-même la source de toutes les bénédictions?

En réalité, les "bénédictions" que nous prononçons sont une forme de louange et de remerciement à D. pour Sa bonté envers nous.

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+ L'essence de la nourriture :

-> Le Arizal explique que chaque objet, chaque être physique doit son existence à une étincelle sacrée enfouie au fond de lui.
L'âme humaine habite le corps et elle se nourrit tout autant des aliments qu'il consomme que de la Torah qu'il étudie et des bonnes actions qu'il accomplit.
Lorsque nous mangeons, nous extrayons des aliments les vitamines et les produits minéraux dont nous avons besoin, mais ce ne sont pas eux qui nous maintiennent en vie, car si l'âme devait nous quitter, nous ne serions pas plus animés que la pierre ou le sable.
Notre âme retire de l'aliment étincelle de sainteté qui y est enfouie et c'est celle-ci qui nous maintient en vie.

La manne était une substance matérielle que les hommes pouvaient à ce titre toucher, préparer, mâcher et manger. Mais dans son essence elle était sainteté ...
D'après le Sifté Tsadik, la grande leçon de la manne est : l'homme ne vit pas de pain, de sa farine, de son eau, de son levain, de ses calories, de ses vitamines, ... il vit de ce qui émane de D. et qui est enfoui dans chaque tranche de pain.

-> Après la faute, Hachem confectionna pour Adam et 'Hava après leur faute comme étant : des vêtements de lumière (kotnot or - midrach Béréchit rabba 20,12).
Le Chla haKadoch explique que cela nous donne une définition de la véritable finalité de l'existence humaine : l'homme vient au monde et passe sa vie vêtu de "vêtements de peau" (Béréchit 3,21) = il lui incombe de maîtriser son corps et de faire rayonner son âme, d'extraire les étincelles de sainteté qui gisent dans tout ce qu'il rencontre, de transformer son pain quotidien en une manne, le pain des anges.
S'il y parvient, il revêtira vraiment des "vêtements de lumière", car il aura ainsi illuminé les ténèbres qui obscurcissent la sainteté, ce qui constitue en fait la seule justification de son existence.

[les bénédictions, dont le birkat haMazone, permettent ainsi d'extraire pleinement les étincelles de sainteté présentes dans ce que nous mangeons.]

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-> b'h, au sujet du birkat hamazone, voir également : https://todahm.com/2013/12/01/birkat-hamazone

"Observe les commandements (mitsvot) et les statuts ('houkotav) de D. que je te prescris aujourd'hui pour que tu jouisses du bien" (Ekev 10,13)

-> Israël doit observer toutes les mitsvot : celles dont la Torah donne la raison et les 'houkim (statuts) dont le sens ne nous est pas révélé.
Il faut les considérer toutes aussi importantes les unes que les autres afin de jouir du bien, car c'est l'homme qui bénéficie de l'observance des mitsvot, et non D.
S'il les néglige, Hachem ne subit aucune perte.

[Méam Loez]

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-> "Si les juifs gardent les mitsvot, ils seront gardés contre leurs ennemis et contre toutes les forces du mal."
[Méam Loez - (sur Ekev 11,23)]

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+ "Optez les clôtures de votre cœur et cessez d'être opinâtes" (Ekev 10,16)

-> Moché enseigne aux juifs que l'amour et la crainte de D. ne peuvent être acquis qu'en dominant le mauvais penchant qui forme une barrière entre l'homme et D.
Lorsqu'on domine son mauvais penchant (yétser ara) et que l'on ne se laisse pas aller à l'écouter, alors cette clôture est brisée et l'on parvient à la crainte de D. authentique.
[Méam Loez]

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-> Vous circoncirez le prépuce de votre coeur" (Ekev 10,16)

La Torah enjoint : "Vous circoncirez le prépuce de votre coeur et vous n'endurcirez plus votre nuque".
=> Mais que signifie circoncire le coeur? De même, que signifie le fait que vous n'endurcirez plus votre nuque?

-> Rabbi Meir de Prémichlan explique que le monde est rempli de questions et d'objections sur la foi en Hachem et Sa Torah. Les doutes et les pensées envahissent les esprits, semant le doute et niant la vérité de la Torah.
Mais en fait l'origine de ses pensées et de ses doutes viennent du "prépuce du coeur". Le coeur de l'homme est dur. Il y a comme un coquille, comme une pierre, qui bouche le coeur et lui ferme l'accès aux ressentis spirituels, aux sentiments de foi, d'amour, de crainte d'Hachem, et d'émerveillement devant Sa Grandeur ...
C'est ce bouchon que l'on appelle "le prépuce du coeur". Et il est formé par l'accumulation des fautes, des mauvais comportements liés aux mauvais traits de caractère, et rend l'homme insensible à la sainteté et la spiritualité.

La Torah demande à l'homme de circoncire le prépuce du coeur, de briser sa dureté et plier son orgueil et sa rigidité. Dès lors, "vous n'endurcirez plus votre nuque". Les mots ''vous n'endurcirez plus'', qui se disent ''Lo Takchou'' peuvent aussi se traduire par ''vous n'aurez plus de questions''.
Si on parvient à briser la pierre et le prépuce du coeur, on se rendra alors compte que toutes nos questions, nos objections et doutes sur Hachem et Sa Vérité, se dissiperont d'eux-mêmes. On se rendra compte qu'en fait, la Vérité d'Hachem est simple et que ce sont les questions que l'on avait qui étaient une erreur, elles étaient simplement le fruit de la dureté du coeur.

"Évite avec soin de manger le sang car le sang est [associé] à la vie" (Réé 12,23)

-> L'une des ironies dramatiques de l'histoire juive est que les juifs qui ont toujours veillé très scrupuleusement à ne pas consommer de sang (au point qu'on jette un œuf si une goutte de sang est visible sur le jaune) ont été victimes d'une ignoble diffamation à travers les siècles : les antisémites les ont accusés d'utiliser du sang non-juif pour la préparation des matsot de Pessa'h.
En conséquence de ces terribles accusions, nos frères ont été assassinés et ont subi d'atroces souffrances.

=> Comment réconcilier cet aspect tragique de notre histoire juive avec la promesse mentionnée peu après dans la Torah (v.25) : "Si tu ne le mange pas, toi et tes descendants serez heureux"?

La réponse se trouve à la fin de ce verset : "car vous ferez ce qui est moralement juste aux yeux de D."
La promesse d'une vie heureuse dépend non seulement de la première moitié du verset (s'abstenir de consommer du sang), mais également d'un comportement juste aux yeux de D., c'est-à-dire l'accomplissement de toutes les mitsvot.

=> Ainsi, bien que les juifs aient toujours été très scrupuleux quant à l'interdiction de consommer du sang, leurs failles occasionnelles dans l'observance d'autres mitsvot ont causé de terribles pogroms et des diffamations meurtrières.

[le Méam Loez]

[Hachem met devant nous la vie et la mort, et c'est à nous de choisir la vie. Ainsi, si nous n'agissons pas selon Sa volonté, ne nous étonnons pas d'obtenir de la mort physique et spirituelle, que D. nous en préserve!]

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-> "N'en mange pas (du sang) pour qu'Il (Hachem) te fasse du bien ... car tu fais ce qui es droit aux Yeux d'Hachem" (Réé 12,25)

=> Pourquoi est-ce précisément concernant l'interdit de consommer du sang que la Torah dit que "tu fais ce qui est droit aux Yeux d'Hachem"? Toutes les mitsvot sont considérées comme droites devant Lui!

En fait, la consommation du sang peut paraître en soi répugnante. Ainsi, il est possible de ne pas en manger non pas du fait de la mitsva, mais parce que cela nous répugne. Mais alors, on peut comprendre que dans un tel cas la mitsva n'est pas parfaite.
Cependant, si quelqu'un respecte toutes les autres mitsvot et s'éloigne des interdits de la Torah même quand elles ne le répugnent pas, alors cela prouve qu'il observe réellement les ordres Divins. Un tel homme aura donc toute la récompense, même des interdits qui le répugnent, car il aura prouvé que de toutes les manières, il respecte l'ensemble des mitsvot, même celles qui ne le répugnent pas.

C'est ce que dit le verset : "N'en mange pas", du sang. En récompense, Hachem "te fera du bien". Seulement, toute la récompense ne sera accordée que si "tu fais ce qui est droit aux Yeux d'Hachem", c'est-à-dire que tu respectes toutes les mitsvot.
Ainsi, même situ ne manges pas du sang, malgré tout le fait de respecter toutes les mitsvot prouvera que même cet interdit, tu la respectes pour la mitsva et pas seulement parce que le sang te répugne. Dès lors, tu mériteras la récompense "qu'Il te fasse du bien".
[Chaaré Sim'ha)

"Yitro, beau-père de Moché, emmena Tsipora, épouse de Moché ... ses 2 fils, l'un nommé Guerchom : "car, avait-il dit, je suis étranger, dans un pays étranger". L’autre nommé Eliézer, "parce que le D. de mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon"." (Yitro 1,2-4)

- Le 1er enfant de Moché était Guerchom, qui veut dire ''étranger là-bas'', car il est né alors que Moché était "étranger, dans un pays étranger".
- Et le 2e était Eliezer, qui veut dire ''mon D. m'a aidé'' : "Le D. de mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon". En effet, Pharaon a essayé de tuer Moché quand il a appris qu'il a tué un égyptien, et Hachem l'a sauvé. Or, puisque Moché a été sauvé de l'épée de Pharaon avant de se retrouver étranger à Midiyan, ainsi il aurait dû appeler le 1er Eliezer et le 2e Guerchom.
=> Pourquoi Moché a-t-il choisi l'inverse?

-> Le Sforno explique que tant que le Pharaon qui voulait tuer Moché était vivant, Moché ne se sentait pas complètement sauvé de son épée, car il craignait que s'il retourne en Egypte, ce Pharaon réessaie de le tuer.
Or, après qu'Hachem aie désigné Moché pour libérer le peuple juif d'Egypte, Il lui annonça que ceux qui cherchent à le tuer sont morts, dont ce Pharaon.

=> C'était seulement à présent que Moché se sentait définitivement sauvé de l'épée de ce Pharaon. Et c'est quelques jours après cela, quand il était en chemin pour retourner en Egypte, que son 2e fils fut circoncis.
Seulement alors, il put l'appeler Eliézer, car maintenant, il sentait qu'il était réellement sauvé de l'épée de Pharaon, comme Hachem le lui avait fait savoir

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique la raison du prénom de Guerchom de la façon suivante :
Moché dit : "J'étais étranger dans un pays étranger". La redondance de cette phrase interpelle, et c'est qu'en réalité, tout homme est déjà étranger dans ce monde, car la véritable place de l'âme est auprès d'Hachem.
De plus, Moché était aussi étranger parce qu'il se retrouvait dans un pays étranger, à Midiyan, loin des siens.
Ainsi, non seulement Moché considérait qu'il était étranger, comme toute personne, du fait qu'il se trouve dans ce monde, mais en plus, il se trouve dans un pays étranger.
Bien-entendu, le fait que Moché se trouve étranger dans ce monde, cela a commencé dès sa naissance, avant d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon.

=> C'est pourquoi, il appela son 1er fils Guerchom, par rapport à cette notion d'étranger dans ce monde, qui est bien intervenue avant qu'il n'ait été sauvé de l'épée de Pharaon.

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-> Le Tiféret Yonathan dit que Moché aimait tellement ses frères qui souffraient en Egypte, qu'il ne considérait pas comme un réel bienfait le fait d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon.
En effet, il pensait qu'il eut peut-être même été préférable de mourir entre les mains de Pharaon plutôt que de savoir ses frères tant souffrir et être oppressés.
A quoi bon vivre si son peuple souffre autant.

=> C'est pourquoi, il ne voulait pas nommer son fils Eliézer, car il ne ressentait pas assez le bienfait d'avoir été sauvé, alors que son peuple peine tant.
Mais quand Hachem se révéla à lui au buisson pour lui annoncer la délivrance, à présent il commença à ressentir rétroactivement le bonheur d'avoir été sauvé. Car cela valait bien le coup d'avoir été sauvé, pour pouvoir se réjouir de la Délivrance du peuple juif.
A présent, il pouvait appeler son 2e fils Eliézer, pour remercier Hachem comme il se doit et avec toute la gratitude qui s'impose, de l'avoir sauvé.

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-> Le rav Moché Feinstein (Darach Moché) explique que Moché réfléchit et réalisa qu'Hachem ne l'a pas sauvé en vain de l'épée de Pharaon. Il comprit qu'Hachem l'a sauvé uniquement pour qu'il s'élève spirituellement et se consacre à Son Service.
C'est pourquoi, quand il arriva à Midiyan, il entreprit tout ce qu'il pouvait pour s'investir pleinement dans le Service Divin. Ainsi, il comprit que dans ce pays étranger, loin de ses frères, le risque de se perdre et de s'intégrer dans la population était grand.
Cela mettait en péril son élévation spirituelle.

Pour progresser, il lui fallait se distinguer des Midiyanim. Il ne devait surtout pas se fondre dans la masse. C'est pourquoi, il appela son premier fils Guerchom, pour se rappeler constamment qu'il est et doit rester étranger dans ce pays. Il sentait que c'était cela l'urgence du moment pour se protéger spirituellement.

=> Comme Moché avait compris qu'il n'a été sauvé de Pharaon que pour s'investir dans le Service d'Hachem, et que cela devait passer par le fait de se sentir étranger à Midiyan, pour ne pas s'assimiler, il convenait donc avant tout de nommer son premier fils Guerchom.
Par cela, il se rappellera toujours qu'il n'est qu'un étranger et ne doit pas s'assimiler, et de la sorte, il pourra s'investir dans le Service Divin, même dans un pays hostile à ce service.

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-> Certains commentateurs expliquent que les tsadikim se réjouissent encore plus des souffrances que des bienfaits, car les souffrances expient les fautes, mais aussi élèvent et raffinent encore plus l'homme.
C'est pourquoi, Moché donna encore plus de priorité à l'épreuve qu'il vivait, de se retrouver étranger dans un pays étranger, plus encore qu'au miracle qu'il a vécu d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon

"Si un homme a un fils dévoyé et rebelle, sourd à la voix de son père comme à celle de sa mère et qui, malgré leurs corrections, persiste à leur désobéir" (Ki Tétsé 21,18)

-> "Le cas du fils dévoyé et rebelle ne s'est jamais présenté et n'aura lieu.
Alors pourquoi le verset l'évoque-t-il?

Pour que tu l'étudies et que tu reçoives la récompense [de l'étude].
[guémara Sanhédrin 71a]

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-> La Torah est infinie, pour quelle raison était-il nécessaire de faire mention d'un cas purement théorique?

Rav Israël Salanter (Ohr Israël) répond que la Torah connaît différents degrés d'importance.
Il y a "l'étude réalisée pour l'accomplir", et à un niveau supérieur, il existe celle à laquelle on s'astreint d'étudier uniquement en vertu du décret divin, et ce même si elle ne conduit à aucune application concrète.

=> La Torah évoque le cas de l'enfant dévoyé et rebelle afin d'offrir au peuple juif le mérite de ce formidable degré d'étude : une étude 100% parce que Hachem nous l'a ordonné!!

[nous pouvons étudier des mitsvot qui se feront lorsque le Temple sera reconstruit, mais on ne sera jamais au 100% uniquement pour l'étude de cette mitsva, car d'une certaine façon on a en tête l'idée qu'on pourra les appliquer très rapidement avec la venue du machia'h.]

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-> Lorsqu'un juif étudie la Torah, il unit son esprit à la volonté et à la sagesse infinie de Hachem.
Le lien spirituel qu'il établit avec D. ne dépend pas de l'application du concept étudié.
[Méam Loez]

-> Le Méam Loez cite également l'idée suivante du Maharcha (et du Séfer 'Hassidim) :
Les parents doivent dominer leur sentiments naturels de pitié envers leurs enfants, et les discipliner quand cela est nécessaire.
Bien qu'il n'ait jamais existé de fils rebelle qui ait subi les sévères châtiments mentionnés dans les versets, il y a certainement des moments où nous devons corriger nos enfants plus sévèrement s'ils négligent l'étude de la Torah et son observance.

-> Rabbénou Bé'hayé enseigne :
Ce commandement nous montre le niveau que doit atteindre notre amour pour D.
En attachant son fils Its'hak pour le sacrifier, Avraham a montré que son amour pour D. surpassait son affection naturelle pour son fils.
Les parents d'un enfant rebelle doivent faire preuve d'un amour envers D. semblable à celui d'Avraham.

[de façon plus large cela peut renvoyer à toutes les fois où nous laissons nos sentiments venir impacter nos choix de la vie.
En effet, Rachi (Ki Tétsé 21,22) écrit que les parents du fils rebelle ne gagneront rien à avoir pitié de lui. Lorsqu'il grandira, il commettra des fautes punissables de la peine de mort. Il faut donc l'exécuter tant que, dans une certaine mesure, il est innocent.
=> De même, nous devons parfois savoir sacrifier le fruit de nos désirs dans leur jeunesse, pour nous éviter de commettre des fautes graves dans le futur.]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Sanhédrin 71a) explique que la paracha du "ben sorer oumoré" a été écrite comme moussar pour le peuple d'Israël.

Le yétser ara peut convaincre les juifs en leur disant : "vous êtes les enfants de Hachem votre D." (banim atem laShem Eloké'hem) : quoique vous puissiez faire, Il fermera les yeux et ne vous punira pas.
Cependant, la paracha de l'enfant dévoyé et rebelle vient nous dire qu'un tel enfant est amené par son père et sa mère au beit din et qu'il est condamné à mourir.

La guémara enseigne que toute la paracha s'applique à un "ben" (fils) et non pas à une "bat" (fille).
"Ben" fait référence au peuple d'Israël, et "bat" fait allusion aux autres nations du monde.
Le message est clairement destiné aux juifs qui peuvent penser que leur statut d'enfants de Hachem retire la nécessité de faire téchouva car leur Père au Ciel ne les punira pas.

=> Cette paracha est un message direct aux juifs afin qu'ils fassent téchouva.

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-> Pourquoi est-ce qu'un enfant dévoyé et rebelle (בֵּן סוֹרֵר וּמוֹרֶה) est-il mis à mort?

C'est parce qu'il s'est éloigné du véritable chemin de la Torah.
Il est "moré" (un enseignent - מוֹרֶה), apprenant aux autres à s'en éloigner également.
Or, ce crime est plus grave que le fait de tuer quelqu'un, car la victime a alors droit au monde futur, tandis que celui qui pousse son prochain à la faute, entraîne que sa victime perd à la fois ce monde-ci et celui à venir.

[Rabbi Ména'hem de Kotzk]

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-> Selon Rachi : Le fils dévoyé et rebelle était tué en prévision de son avenir : la Torah pénètre le fond de sa pensée. Elle voit que cet enfant en viendra à dilapider l'argent de son père, et cherchant en vain à assouvir ses passions, il se tiendra à la croisée des chemins et détroussera les passants.
La Torah dit donc : Qu'il meure innocent et q'il ne meure pas coupable!

-> "On ne condamne l'homme qu'en vertu de ses actes présents, comme il est dit [au sujet d'Ichmaël] : "D. a entendu la voix de cet enfant s'élever de l'endroit où il demeure"."
Rachi d'expliquer : "ses actes présents" = même s'il viendra plus tard à se pervertir.

-> On trouve la même idée dans le midrach (Béréchit rabba 53,19) :
"Les anges de service dirent à Hachem : Maître du monde! Cet homme [Ichmaël] viendra un jour à faire mourir Tes enfants par la soif, et Toi, Tu fais apparaître pour lui un puits?"
D. répondit : "Qu'est-il aujourd'hui? Un juste ou un racha?"
Les anges dirent : "Il est un juste".
D. repris : "Je ne juge l'homme que selon le moment présent!"

-> On peut citer un autre midrach (63,11) :
"Lorsque Chmouël vit que David était roux, il fut saisi de crainte et se dit : "Celui-ci sera un meurtrier comme Essav!"
Hachem lui montra alors que David avait de beaux yeux" (Chmouël I 16) : c'est-à-dire que contrairement à Essav, qui tuait selon son bon vouloir, David ne tuerait des hommes que selon les prescriptions du Sanhédrin".

Le roi David était né sous l'influence de Maadim (Mars), et la guémara (Shabbath 156a) affirme que les enfants nées sous ce signe ont une tendance naturelle à être des meurtriers. Nos Sages leur conseillent par exemple de devenir mohalim (circonciseurs) : permettant ainsi de "verser du sang" pour une noble cause.
Hachem rassura donc Chmouël, et lui dit : "Va oins-le, car c'est lui! (Chmouël I 16).

=> Selon le rav Eliyahou Lopian, nous pouvons en dire que l'on ne doit pas juger l'homme selon ses tendances innées, car il peut toujours les utiliser pour le bien.
C'est qu'a fait le roi David, il ne laissa pas sa cruauté le dominer, et il su orienter ses pulsions pour accomplir la volonté de Hachem.

==> Comment comprendre alors qu'on juge l'enfant rebelle en fonction de son présent?

-> Le rav Eliyahou Lopian, au nom du Mizra'hi dit : contrairement à Ichmaël, le fils dévoyé commence dès son jeune âge à commettre les actes qui finiront pas le perdre.

Par son attitude très jeûne, il réduit à néant son libre arbitre, et le dénouement de sa vie est donc connu par avance : il dilapidera l'argent de son père, après quoi il continuera à chercher à assouvir ses pulsions, et lorsqu'il n'y arrivera pas il en viendra fatalement à piller ses semblables et à commettre des meurtres.
C'est pourquoi la Torah le juge dès à présent comme s'il avait déjà commis ces méfaits, sans attendre que les actes justifiant sa condamnation soient concrètement perpétrés.

=> Ceci nous montre l'extrême pouvoir des habitudes : les mauvaises tendances peuvent toujours être corrigées par la force du libre arbitre, mais l'accoutumance à une action assujettit l'homme et le contraint à commettre ce qu'elle lui dicte.
En ce sens le roi Chlomo préconise : "Donne au jeune homme de bonnes habitudes dès le début de sa carrière ; même avancé en âge, il ne s'en écartera pas" (Michlé 22,6)

[c'est sur l'inverse de cela que l'enfant dévoyé a été jugé en avance de ses actions futures]

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+ Comment expliquer la différence de traitement entre Ichmaël (jugé sur son avenir) et l'enfant rebelle (jugé sur son présent)?

-> Le Maharcha explique que pour Ichmaël, ce sont ses descendants, et pas lui en personne, qui vont faire du mal. Lui, personnellement, n’a pas entraîné du mal pour les juifs. Ichmaël a lui-même fait téchouva!

C’est pourquoi, lui, qui est et qui restera toute sa vie innocent, n’a pas été puni par rapport à la faute future de ses descendants.
En revanche, pour l’enfant rebelle, c’est la même personne qui a commencée à mal se comporter et qui finira plus tard par commettre des fautes passibles de mort. Dans ce cas, Hachem l’a jugé par rapport au futur.

-> Le Sfat Emet dit que concernant le jugement du Ciel, Hachem ne condamne une personne que par rapport à sa situation présente. C’est pourquoi, Ichmaël qui a été ici jugé par Hachem, a été innocenté, car dans le présent il n’était pas condamnable.
En revanche, l’enfant rebelle est jugé par le tribunal terrestre, la Torah préconise que les juges doivent le lapider. En effet, en ce qui concerne le jugement humain prévu par la Torah, les juges tiennent compte du futur pour condamner cet enfant dès à présent.

-> Le Rav Ayzik Cher propose une autre explication.
Il a une différence entre la stricte justice et le comportement de miséricorde :
- La justice veut que l’on juge un homme par rapport à son état présent, en faisant abstraction de son devenir dans le futur.
- Le fait de condamner une personne parce qu’il va fauter plus tard, n’est pas juste. En revanche, parfois la miséricorde Divine veut que l’on condamne un homme au présent par rapport à ses fautes futures. En effet, une personne encore innocente pourra être condamnée si on sait qu’il va fauter, pour qu’il meure innocent et non coupable, lui évitant de graves punitions, voir même la perte de son monde futur.
=> Cela est une bonté que lui fait Hachem.

C'est ainsi que :
- Ichmaël qui n’était pas particulièrement apprécié par Hachem, a été jugé d’après la loi stricte, par rapport au présent, où il était encore innocent. Et ce, même si son sauvetage miraculeux a entraîné qu’il ait des enfants qui fassent souffrir les juifs, ce qui lui causera de grandes peines et de graves souffrances.

- le fils rebelle, en revanche, qui est juif et apprécié (malgré tout) par Hachem, est dirigé par la miséricorde Divine.
Hachem préfère qu’il meure innocent plutôt que coupable.

-> En ce qui concerne les mitsvot et les récompenses, Hachem prend en compte le futur. Si un homme n’est pas méritant dans le présent, mais qu’il va le devenir, Hachem peut le sauver et lui donner un mérite, par rapport à ses bonnes actions futures.

Il est écrit : "Les enfants d'Israël allèrent accomplir ce que Hachem avait ordonné" (Chémot 12,28)
Le midrach (Yalkout Chimoni 208) de commenter : "A ce moment, ils ne l'avaient pourtant pas encore accompli. Ceci nous apprend qu'ils prirent la résolution d'accomplir, et la Torah considère à cet égard que c'est comme s'ils l'avaient fait concrètement."

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-> Rabbi Aharon Kotler (Michnat Aharon p.190) rapporte une guémara (Yérouchalmi) suivante : "Hachem vit par avance que la fin de cet enfant serait [...] de dépouiller les hommes, de tuer ses semblables et finalement d'oublier son étude".

Il commente : Si l'on n'avait pas la certitude qu'il en viendrait un jour à oublier son étude, l'espoir que la lumière de la Torah le remette sur le droit chemin aurait persisté, et au regard de cette éventualité, jamais il n'aurait été condamné à mort par anticipation.

Comme le dit le Ram'hal, (Messilat Yécharim), le seul remède que l'on connaisse pour lutter face aux agressions du yétser ara se trouve dans la Torah.
Sans attachement à la Torah, son avenir est scellé et sans espoir, dès aujourd'hui.

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+ "Il n'écoute pas la voix de son père ni la voix de sa mère" (Ki Tétsé 21,18)

-> Selon la guémara (Sanhédrin 71a), les lois sur le fils "dévoyé et rebelle" ne s'appliquent que si les voix de son père et de sa mère s'expriment à l'unisson.

-> Rav 'Haïm Kanievsky fait observer que la conduite des parents dans leur foyer constitue la meilleure éducation qu'un enfant puisse recevoir.

Lorsqu'il voit son père et sa mère se comporter selon les croyances qu'ils professent et qu'ils l'incitent à suivre, on a toutes les raisons de penser qu'il les imitera plus tard.

Mais s'il ne voit chez eux que querelles et hypocrisie, non seulement ne les suivra-t-il pas, mais nous n'avons pas le droit de le juger, car il n'en porte pas la responsabilité.
[d'où la nécessité que ses parents doivent "s'exprimer à l'unisson"]

"Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek sur le chemin ... qu'il a frappé en toi ceux qui étaient en arrière ... et il n'a pas craint D. ... Tu effaceras le souvenir d'Amalek de dessous le Ciel, n'oublie pas!" (Ki Tétsé 25,17-19 ; cf. également paracha Béchala'h)

=> Dans ce verset, il y a une contradiction apparente : effacer le souvenir d'Amalek et "n'oublie pas".

-> Le Ktav Sofer explique la différence :
- "Tu effaceras le souvenir d'Amalek" = nous devons totalement faire disparaître Amalek et tout ce qu'il représente.

[Le Rokéa'h dit que nous devons prier Hachem de supprimer Amalek à l'extérieur et en nous.]

- "N'oublie pas!" = mais cependant, n'oublie jamais ce qui a donné à Amalek la capacité et la force d'attaquer le peuple juif. C'est parce qu'ils se sont affaiblis dans leur étude de la Torah et qu'ils n'avaient pas de crainte de Hachem.

Nous ne devons jamais oublier que nous pouvons être attaqué par d'autres nations du monde à partir du moment où nous abandons la Torah et que nous manquons de crainte de D. En effet, sinon, nous sommes toujours protégés de toutes les nations du monde, quelque soit leur puissance.

-> Le 'Hidouré haRim donne l'explication suivante :
"Tu effaceras le souvenir d'Amalek" = ce qui cause le fait que l'on oublie, c'est notre arrogance, comme il est écrit : "Ton cœur s'enorgueillira-t-il, et tu oublieras" (Ekev 8,14).

Amalek (עמלק) a la même guématria que : ram (élevé - רם).
Ainsi, c'est en supprimer l'orgueil qui est en nous, que nous pouvons en arriver à : "tu n'oublie pas".

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-> Amalek (עמלק) a la même guématria que : "un dieu étranger" (אל אחר - él a'her).

Amalek fait tout pour retirer aux juifs la certitude que Hachem est l'Unique, le poussant petit à petit à croire qu'il y a d'autres dieux.
Nous devons le combattre en renforçant notre certitude que Hachem est l'Unique, infiniment supérieur à toute chose.
[le Imré Yossef]

-> Amalek (עמלק) a la même guématria que : ram (élevé - רם), car il était d'avis que Hachem est tellement élevé qu'il ne va pas se déshonorer en s'abaissant aux problèmes de notre monde, restant plutôt en hauteur (au Ciel).
C'est pour cela qu'il est écrit : "il n'a pas craint D."
[avec cette logique : Puisque papa Hachem est en haut, alors en bas les souris peuvent danser!]

Dans le futur, Hachem démontrera clairement qu'il est responsable de chaque aspect de ce monde, et il donnera au peuple juif le pouvoir de supprimer la mémoire d'Amalek de "dessous le Ciel".
[mesure pour mesure : Amalek a supprimé D. de ce monde, alors Hachem le supprimera et la Vérité deviendra éclatante]

Le pouvoir d'Amalek n'est pas apparent, il réside dans la pensée (du fait que D. est absent).
Pour lutter contre cela, nous devons accomplir de nombreuses actions positives et renforcer notre émouna en Hachem

[Rabbi Zvi Hirsch Friedman - Akh Pri Tévoua]

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+ "Et il dit : "Car la main est sur le trône de D. : Hachem entretient une guerre contre Amalek, de génération en génération"." (Béchala'h 17,16)

En hébreu ce verset s'écrit : וַיֹּאמֶר, כִּי-יָד עַל-כֵּס יָהּ, מִלְחָמָה לַיהוָה, בַּעֲמָלֵק--מִדֹּר, דֹּר
Si l'on prend les 10 mots de ce versets (à l'exception du 1er : "vayomer" - et il dit), nous avons la même valeur numérique que : שְׁמַע יִשְׂרָאֵל ד' אֱלֵֹקֵינוּ ד' אֶחָד (Écoute Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un).

C'est une allusion au fait que la guerre contre Amalek est essentiellement d'ordre spirituel, avec la lecture du Shéma (notre proclamation de foi, de l'Unité de D.).
En effet, lorsqu'une personne a une émouna totale en Hachem, elle a alors les forces pour vaincre le yétser ara, en lui retirer toutes ses forces.

[Amalek a la même guématria que "safék" (doute), ce qu'on n'a plus lorsque nous sommes armés de la émouna!]

[Rabbi Moché Yé'hiel Epstein - Béer Moché]

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+ "Tu effaceras le souvenir d'Amalek de dessous le Ciel" (Ki Tétsé 25,19)

Le Ciel se dit en hébreu : "שמים" (chamayim).
En descendant dans l'alphabet hébraïque, quelles sont les lettres qui viennent "en dessous" (après) celles de שמים?

Dans ce mot, il y a 3 lettres différentes : après le ש vient le ת ; après le מ vient le נ ; et après le י vient le כ.
Cela permet de former : תנך (Tana'h), qui est l'acronyme de : Torah, Névi'im et Kétouvim (תורה נביאים וכתובים), qui comprend toute la Torah Écrite.

=> Ainsi : "Tu effaceras le souvenir d'Amalek", mais avec quoi?
"de dessous le Ciel" : avec ce qui se trouve sous les lettres du mot Ciel (שמים) soit : le Tana'h (תנך).

En effet, par le mérite de la Torah, le nom d'Amalek sera effacé.

[le Adéret Eliyahou]

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+ "Souviens-toi de ce que t'a fait (עָשָׂה לְךָ) Amalek sur le chemin"

-> Amalek fait référence au yétser ara , et il fait en sorte que l'on agisse : "pour toi" (לְךָ), pour soi-même et non pas pour Hachem.

La guémara (Pessa'him 50b) fait remarquer :
- "Ta bonté s’élève jusqu’au Ciel (ad chamayim)" [Téhilim 57,11]
- "Ta bonté s’élève par-dessus le Ciel (méal chamayim)" [Téhilim 108,5]
=> La bonté de D. est-elle au-dessus ou bien en-dessous du Ciel?

Lorsque nous agissons de manière désintéressée (lichma), uniquement parce que telle est la volonté de D., alors nous sommes au-dessus du Ciel.
Tandis le cas contraire, nous restons en-dessous du Ciel.

Le verset dit : "Tu effaceras le souvenir d'Amalek de dessous le Ciel (mita'hat haChamayim)".
=> Il faut supprimer notre yétser ara qui nous pousse à agir au mieux d'une manière intéressée (lo lichma), faisant que nous restons limité sous le Ciel.

Ainsi,nous devons tout faire pour agir d'une façon lichma afin de pouvoir monter toujours plus haut dans le Ciel, exprimer pleinement nos énormes potentialités, et être ainsi toujours plus proches de papa Hachem.

[le Yatsèv Avraham - רבי אברהם צבי גינצלער]

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+ "Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek sur le chemin" (Ki Tétsé 25,17)

-> Le yétser ara fait tout pour que nous soyons tellement occupés par les problèmes de ce monde, que nous n'avons alors plus de temps à consacrer pour Hachem et Sa Torah.

Ainsi, la mitsva de toujours se rappeler de l'attaque d'Amalek, qui est venue en conséquence d'un relâchement dans notre service de D., nous permet de toujours se rappeler de Hachem et de Sa Torah.

[si tu veux éviter que Amalek te rende visite pour te pousser à te rapprocher de D. par ses attaques douloureuses, alors reste proche de papa Hachem dès maintenant!]

Par ailleurs, la mitsva de se souvenir de ce que t'as fait Amalek, est une allusion au fait de constamment observer les conséquences du fait d'avoir écouté notre yétser ara, "sur le chemin" dans cet exil.

[plus on se rend compte de ce qu'il nous a fait perdre de bien (du temps de vie, des mitsvot, ...) et gagner de mauvais (ex: des souffrances en réparation de nos fautes, ...), plus nous pourrons lui répondre la prochaine fois : Non, je ne t'écoute plus. Stop aux dégâts la vie est si courte!! Je perds tellement à t'écouter!!]

[basé sur des écrits du 'Hida]

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+ "Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek ... il a frappé en toi ceux qui étaient en arrière"

-> Amalek a attaqué tous les Juifs. Le verset aurait dû donc dire : "Souviens-toi de ce que vous a fait Amalek".
En fait, la force d'Amalek est d’attaquer les juifs qui se mettent à l’écart de la communauté et se séparent de l’ensemble du peuple.

Selon l’expression de nos Sages, il attaque ceux que les nuées de gloire ont rejeté, c'est-à-dire ceux qui se sont exclus.

C’est pourquoi, le verset dit : "Souviens toi de ce que t’a fait Amalek", au singulier, car Amalek ne peut endommager que ceux qui ne sont plus parmi la communauté, mais qui se sont divisés et qui ont mis leur individualité au-dessus de l’unité juive.

Mais quand tous les Juifs sont réunis et que la communauté est forte, toute entière rassemblée, alors Amalek perd toute sa force.

[Rabbi Bounim de Pchis’ha]

[nos divisions donnent de la force/puissance à Amalek, pour d'une certaine façon qu'il vienne nous unir dans la souffrance.
Nous devons prendre le mal à la racine, en combattant pour que l'unité, l'amour entre les juifs soit présent, plutôt que de se focaliser sur la conséquence : chercher à combattre les expressions de la puissance d'Amalek dans ce monde.]

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+ Pourim et l'unité :

-> "Haman dit au roi A’hachvéroch : Il y a (yéchno) un peuple disséminé et dispersé parmi les [autres] peuples" (Esther 3,8)

Selon la guémara (méguila 13b), les mots : "un peuple disséminé " (Yéchno am é’had) signifient : endormi (yochèn) et négligeant à l’égard des commandements.

Il n'y est pas spécifié quelles mitsvot en particulier, mais le Kli Yakar (Chémot 17,8) et le Sfat Emet (5641) viennent expliquer qu'il s'agit des mitsvot entre l'homme et son prochain, et de l'unité.
D'ailleurs, Haman observe que c'est : "un peuple disséminé et dispersé". Il fait alors remarqué à A'hachvéroch que puisqu'il y manque de l'unité, alors il est possible de les attaquer. (à l'image d'Amalek, dont il était un descendant).

En effet, le Kli Yakar explique que la 1ere attaque de Amalek a immédiatement suivi le lieu de : Massa ouMériva (Béchala'h 17,7) qui veut dire littéralement : "épreuve et querelle".
Dans le sens simple, cela signifie que les juifs se sont rebellés contre Hachem car ils manquaient d'eau, mais le Kli Yakar affirme que cela fait référence aux querelles et disputes entre les juifs.

-> "Israël y campa face à la montagne [de Sinaï]" (Yitro 19,16)
Rachi commente : Comme un seul homme, d’un seul cœur [d’où l’emploi du singulier], tandis que les autres étapes ont eu lieu dans des récriminations et des querelles

=> On voit que si Amalek a pu nous attaquer c'est à cause du manque d'unité, et que si on a pu recevoir ensuite la Torah c'est grâce à notre unité.
D'ailleurs, Hachem dit : "Puisqu’ils haïssent la discorde et aiment la paix, le moment est venu que Je leur donne la Torah." (traité Déré’h Erets Zouta)

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-> Dans le désert Amalek a également attaqué le peuple juif à Réfidim (רפידים), et le Kli Yakar fait remarquer que c'est les mêmes lettres que le mot : פרידים qui signifie : séparés.

Puisque les juifs étaient divisés entre eux, alors Hachem a donné la permission à Amalek de nous attaquer.
[=> se souvenir de Amalek/Haman et vouloir le combattre, c'est se souvenir de la raison qui lui a permis de nous nuire!]

-> Lorsque le peuple juif a combattu Amalek, la Torah rapporte que Aharon et 'Hour tenaient les bras de Moché (lorsqu'ils étaient au-dessus de sa tête les juifs étaient en train de gagner la bataille).
=> Quelle est la signification de Aharon et 'Hour dans ce contexte?

Le Kli Yakar explique que 'Hour était le fils de Myriam.
Myriam est le symbole ultime des mitsvot entre un homme et son prochain. En effet, pendant l'esclavage en Egypte elle était une sage-femme qui passait son temps à aider autrui pour donner la vie, elle a également aidé Moché en le plaçant sur le Nil.

Hillel dit : "Sois parmi les disciples d’Aharon, en aimant la paix et en poursuivant la paix, en aimant les créatures" (Pirké Avot 1,12). Il passait son temps à développer l'harmonie dans le peuple.
D'ailleurs, dans la paracha 'Houkat (21,1), il est rapporté une autre attaque de Amalek contre les juifs.
Rachi commente : "[Amalek] entendit que Aharon était mort et que les nuées de gloire avaient disparu"
Selon le Kli Yakar, Amalek a attaqué car il savait qu'en l'absence de Aharon, l'unité des juifs s'est trouvée affaiblie, les rendant vulnérables.

=> On comprend mieux pourquoi c'était particulièrement ces 2 personnes qui soutenaient les bras de Moché, pendant la bataille contre Amalek.

[Les mains devaient être grandes ouvertes vers le haut pour gagner, symbolisant la nécessité de témoigner de l'amour l'un envers l'autre et de l'unité (mains grandes ouvertes à autrui = tu es le bienvenue mon frère, ta présence me comble de joie!)]

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b'h, sur ce sujet :
-> il y a : https://todahm.com/2015/10/25/3841
-> et également : https://todahm.com/2018/03/05/effacer-amalek-de-nos-jours
-> et aussi : https://todahm.com/2014/08/08/reflexions-sur-la-difference-entre-amalek-et-le-peuple-juif

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+ "Et les bras de Moché étaient pesants ... Aharon et 'Hour soutinrent ses bras ... jusqu'au coucher du soleil" (Béchalah' 117,12)

-> Dans le désert, la guerre contre Amalek n'a duré qu'une journée, jusqu'au coucher du soleil.
Ainsi, plusieurs fois au cours de cette même journée, le peuple d'Israël passait d'un état de confiance envers Hachem à un état de découragement, ce qui se traduisait par des phases successives de victoire et de défaite.
Quelle est l'origine de cette instabilité?

Chaque homme est relié à 2 réservoirs : un réservoir de lumière spirituelle grâce à son âme (néchama) et un réservoir d'obscurité spirituelle à cause de son corps.
Après un élan spirituel intense, induit par les forces de lumière, où ils priaient en manifestant leur confiance totale en Hachem, les forces d'obscurité réagissaient en freinant cet élan spirituel, entraînant un découragement, l'arrêt de leur prière et de la défaite.
Les forces d'obscurité se sont agrippées aux forces de lumière pour les contrecarrer et les chasser.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 2)]

[cela est applicable dans notre vie quotidienne, où le yétser ara ("Amalek") fait tout pour diminuer autant que possible nos élans, notre dynamique spirituelle.
A nous d'en être conscients, et de tâcher que notre "machine" tourne à plein régime, avec le moins possible de pertes de réalisations de notre potentiel par le yétser ara.]

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-> Le 'Hatam Sofer décrit le grand miracle qu'il y a eu pendant cette guerre.
Les juifs n'étaient pas concentrés dans le combat. Leurs pensées n'avaient qu'un but : attacher leur cœur à leur Père au Ciel, et néanmoins, ils ont gagné la guerre.
Généralement les soldats doivent se focaliser de toutes leurs forces pour être réactifs, et bien viser leurs cibles. Mais pendant cette guerre l'esprit des soldats était totalement ailleurs, et malgré cela ils ont gagné le combat grâce à leur dévouement total à Hachem.

"La dégradation des générations provient essentiellement du manque de vigilance des gens pour le vol et la spoliation sous toutes ses formes.

C'est la plus grande accusation pesant sur l'homme, conformément au commentaire de nos Sages (midrach Vayikra rabba 33,3) sur le verset : "Or la terre s'était corrompue" (Noa'h 6,11) : "Ils ont rempli une mesure de fautes, celle du vol étant le principal chef-d'accusation".

[rav Shmouël Wosner - rapporté dans le Omatok haOr
- à propos de la guémara (Erouvin 100b) : "Si la Torah n'avait pas été donnée, nous aurions appris [l'interdiction du] vol de la fourmi".]

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+ "D. dit à Noa’h : "la fin de toute chair est venue devant Moi, car la terre est remplie de brigandage à cause d’eux"." (Noa’h 6,13)

-> Rachi = D. a décidé la condamnation des habitants de la terre à cause du vol.

-> "Viens et vois comment est grande la force du vol.
La génération du déluge a transgressé toutes les prescriptions qui lui avaient été faites (meurtres, incestes, ...), mais finalement, elle n’a été détruite qu’à cause du vol."
[rabbi Yo'hanan - guémara Sanhédrin 108a]

-> Ceci peut être compris à la lumière de l'explication du rav Shimhon Hirsch concernant la raison pour laquelle un éved Ivri (esclave hébreu) fut la première mitsva que Moché Rabbénou enseigna au peuple juif au mont Sinai : "Le vol montre le mépris le plus direct de l'idée du droit de propriété, et une personne qui vole perd son droit à la liberté et est vidée de sa sainteté intrinsèque qui l'élevait au-dessus de la mondanité physique".

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-> "Combien la faute du vol est grave, car du Ciel on se hâte d’écouter le cri de celui qui a été volé, et les portes ne sont pas fermées devant ceux qui crient de cette façon."
['Hafets 'Haïm - Sefat Tamim ch. 3]

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-> "La terre s’était remplie d’iniquité" (Noa'h 6,11)

-> L’auteur du Yalkout haGuirchoni souligne que Hachem, miséricordieux, ne punit pas l’homme directement, mais tout d’abord ses biens : comme par les affections lépreuses qui touchaient en premier lieu les murs de sa maison, puis ses vêtements.
=> S’il en est ainsi, pourquoi n’appliqua-t-Il pas ce principe pour les contemporains de Noa’h, dont Il décréta directement la mort?

Leur argent ne leur appartenait pas, puisqu’ils l’avaient volé ; il était donc impossible de les punir par ce biais.
C’est la raison pour laquelle D. dut les sanctionner en les anéantissant. D’où le sens de cet enseignement de nos Sages : "Leur décret ne fut scellé qu’à cause du vol" : le Créateur dut les détruire par le déluge, car, en tant que voleurs, ils ne pouvaient pas être châtiés autrement.

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-> "La terre s’était remplie d’iniquité" (Noa'h 6,11)

=> Pourquoi les hommes de la génération du déluge, qui transgressaient de graves péchés comme l’idolâtrie et l’immoralité, furent-ils anéantis précisément à cause du vol ?

L’auteur du Pir'hé Chochana, l’un des élèves du ‘Hafets ‘Haïm, rapporte cette réflexion de son Maître :
il répond en s’appuyant sur cet enseignement de nos Sages : "Quand la mesure est pleine de fautes, quel est le principal chef d’accusation? Le vol".
Pourquoi? Dans le traité Avot, il est dit : "Celui qui accomplit une mitsva acquiert un défenseur et celui qui commet un péché acquiert un accusateur". Or, ces anges créés par la mitsva ou la avéra sont le reflet de l’acte étant à leur origine. Par exemple, si une mitsva a été exécutée avec zèle, l’ange qui en découle sera lui aussi zélé, alors qu’une autre faite avec paresse donnera naissance à un ange paresseux.

Or, le vol est généralement entrepris avec effronterie, si bien qu’il engendre un ange effronté.
Lorsque les péchés de l’homme outrepassent la mesure, il a de nombreux accusateurs, mais seul l’un d’entre eux, insolent, prend les devants pour s’empresser de l’accuser : celui créé par le vol.
Les autres cherchent également à l’accuser, mais n’ont pas la même audace. C’est pourquoi, parmi les nombreux péchés perpétrés par l’homme, le vol est son principal chef d’accusation, principe confirmé au sujet de la génération du déluge.

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-> "Car la terre était remplie de violence devant eux (Noa'h 6,13)

-> Rachi : Le décret contre eux n’a été scellé qu’à cause du vol

-> Le Tiféret Shlomo enseigne :
Le midrach rapporte qu’Avraham a demandé à Chem le fils de Noa’h comment ils avaient été sauvés du déluge, et que Chem lui a répondu que c’était par le mérite d’avoir eu pitié des animaux, des bêtes sauvages et des oiseaux qu’eux aussi avaient mérité la pitié du Ciel.

Par conséquent, si les gens de la génération du déluge avaient eu pitié les uns des autres, eux aussi auraient éveillé envers eux-mêmes la pitié du Ciel, et ils auraient été sauvés eux aussi du déluge.
Mais comme ils n’ont pas eu pitié les uns des autres et volaient et se montraient violents envers le prochain, il n’y a pas eu de pitié dans leur jugement, et le décret a été prononcé contre toutes leurs fautes mises ensemble.

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=> Pourquoi la punition de la génération du déluge, qui a été scellée parce qu’ils s’étaient livrés au vol, a-t-elle pris cette forme-là, de la descente d’un déluge, et non celle d’une autre forme de destruction?

Le Kli Yakar explique :
"Comme tout ce qui est volé rentre dans le domaine de quelqu’un d’autre, il est juste de leur infliger des cataractes d’eau, car alors chaque goutte touche l’autre et rentre dans son domaine.
Il est dit à propos des pluies de bénédiction : "Qui a creusé des rigoles à l’averse", d’où l’on peut déduire que chaque goutte a un canal particulier, et il y a de la place entre chaque goutte, pour que l’une ne pénètre pas dans le domaine de l’autre.
Or si quelqu’un a volé en entrant dans le domaine de l’autre, il est juste que les pluies de bénédiction se transforment pour lui en déluge, car alors toutes les gouttes se mélangent."

-> b'h, voir aussi : https://todahm.com/2019/10/02/10801-2

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-> b'h, également sur la notion du vol : https://todahm.com/2014/05/18/vous-ne-volerez-point

"Si tu rencontres en ton chemin un nid d'oiseaux sur quelque arbre ou à terre, de jeunes oiseaux ou des œufs sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée. Tu es tenu de laisser envoler la mère, sauf à t'emparer des petits ; de la sorte, tu seras heureux et tu verras se prolonger tes jours" (Ki Tétsé 22,6-7)

-> Il s'agit de la mitsva de chasser la mère du nid, et elle ne se fait que si la mère est en train de couver les œufs ou les oisillons avant qu'ils ne sachent voler.

-> "Honore ton père et ta mère, comme te l'a prescrit Hachem, ton D., afin de prolonger tes jours et de vivre heureux" (Vaét'hanan 5,15)

A l'exception de toutes les autres mitsvot, pour ces 2 là nous avons connaissance de la récompense ("prolonger tes jours").

La guémara (Yérouchalmi Péa 1,1) fait remarquer qu'elles encadrent l'ensemble des mitsvot : le respect des parents étant vu comme la plus difficile des mitsvot ('hamoura chébé'hamourot), et à l'opposé, le "chiloua'h akèn" est considérée comme la plus facile (kalla chébékallot).

Malgré cela, on peut constater que la récompense promise par Hachem est la même pour les 2 mitsvot, ce qui nous apprend que nous ne pouvons pas savoir qu'elle sera la récompense des mitsvot.
En ce sens, il est écrit : "Sois méticuleux [en accomplissant] une mitsva [apparemment] mineure, comme pour une mitsva conséquente, car tu ne connais pas la rétribution accordée pour les mitsvot." (Pirké Avot 2,1)

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-> On peut se demander pourquoi finalement la même récompense concerne une mitsva très lourde autant qu’une mitsva beaucoup plus légère?

Le Sfat Emet de répondre :
C’est que quand une mitsva paraît légère et semble ne pas avoir beaucoup d’importance, les gens risqueraient de ne pas tellement s’y consacrer. Il est naturel de chercher à faire ce qui est important plus que ce qui l’est moins.
Et cela même, confère une certaine difficulté d’accomplir ces mitsvot plus légères, car on les délaisse naturellement.
=> C’est cette difficulté qui rehausse leur récompense au niveau de celle des mitsvot plus importantes.

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-> Selon le Rambam, cette mitsva vise à nous interdire d'utiliser notre supériorité sur les animaux, au moment où une bête ne peut fuir et se protéger à cause de son instinct maternel qui lui interdit d'abandonner ses petits.

En effet, nous pouvons prendre les oisillons car ceux-ci sont par nature dans une situation de faiblesse, mais pour la mère se serait faire acte de cruauté que de profiter du sacrifice (au lieu de partir elle va rester pour sauver ses petits) pour la capturer.

Par cette mitsva, la Torah cherche à nous inculquer une leçon vitale : si déjà par rapport à un animal dépourvu d'intelligence, qui n'agit que par instinct, nous devons faire preuve de compassion, à plus forte raison sommes-nous tenus de manifester de la considération envers nos semblables.

=> Ainsi, n'exploitons jamais la faiblesse d'autrui, lorsqu'il est incapable de se protéger du fait de sa situation.

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-> "Quiconque dit au sujet de [cette mitsva de] renvoyer la mère : "Ta miséricorde la prend en pitié", on le fait taire". [michna Béra'hot 5,3]

Hachem ne manque pas de moyens pour protéger Ses créatures, sans avoir recours aux actions des hommes.
Ce n'est pas l'oiseau que D. prend en pitié, mais les hommes, pour épurer leurs cœurs de toute cruauté et les gratifier de belles vertus morales.
En effet, en étant cruel avec les animaux, on devient davantage cruel d'une manière générale, même avec les autres personnes.

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-> Rabbénou Bé'hayé, cite le Zohar, rapportant en détails comment cette mitsva réveille la miséricorde Divine sur le monde entier.

En effet, lorsque l'oiseau est envoyé au loin de son nid, il est rempli de chagrin sur la destruction de son nid et de comment il est brusquement séparé de ses oisillons.
Il est tellement bouleversé qu'il a envie de se tuer.
En raison de cette grande tristesse, l'ange en charge des requêtes des oiseaux, va demander de la compassion pour cet oiseau.
C'est alors que Hachem, qui "est bon pour tous, sa pitié s’étend à toutes ses créatures" (Téhilim 145,9), va étendre son abondante compassion sur tous ceux qui souffrent et qui ont besoin de miséricorde.

=> Ainsi, une personne qui va réaliser la mitsva de "chiloua'h haken", va stimuler la miséricorde pour le monde entier, et par ricochet sur elle également.

-> D'une façon similaire, le Sifté Cohen enseigne
La mitsva de chiloua'h haken entraîne un éveil de la miséricorde Divine sur le monde.
Le Zohar dit que lorsque la mère de l'oiseau est chassée au loin, elle s'inquiète et est peinée sur le nid et ses enfants, au point de vouloir se tuer.
En raison de sa grande souffrance, le ministre/ange Céleste responsable des oiseaux va chercher de la miséricorde Divine pour cet oiseau.
Hachem se dit : "Si le ministre/ange recherche de la miséricorde pour ceux dont il est responsable, alors sans aucun doute, Moi qui suis la source de toute la miséricorde/bonté, Je dois témoigner de la miséricorde sur Mes enfants!"
Cela entraîne qu'Hachem a de la miséricorde sur le monde entier.
Ainsi, celui qui accomplit la mitsva de chiloua'h haken est à l'origine de cette grande conséquence positive.

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-> Le Gaon de Vilna (sur Michlé 30,17) dit que chasser la mère oiseau, est un acte cruel et sans cœur, à l'opposé de la mitsva de respecter ses parents, qui est un acte de compassion et d'amour.
C'est ce contraste qui fait que ces 2 mitsvot vont amener la même récompense.

En effet, la pleine mesure d'une personne s'exprime lorsqu'elle réalise une mitsva qui est contraire à sa tendance naturelle.
Certaines personnes sont gentilles de nature : la mitsva de respecter ses parents se fait alors facilement, par contre, il leur sera difficile d'agir avec cruauté, comme dans la mitsva de renvoyer la mère qui est avec ses petits ne sachant pas voler.
Pour d'autres personnes, cela sera l'inverse.

Nous recevons une récompense pour le fait d'avoir agit selon la volonté de Hachem, et non en fonction de notre logique et de nos incitations naturels.
Ainsi, pour être considéré comme un homme entier (adam chalèm) dans sa pratique de la volonté de D., il faut posséder ces 2 traits de caractère diamétralement opposés.

=> Ces 2 mitsvot ont la même récompense, car elle partage un objectif commun : démontrer un attachement total à Hachem.

Selon le Gaon de Vilna, cette mitsva n'a pas été créé pour développer de la compassion, au contraire, nous devons aller contre notre nature, nous devons être insensible à la souffrance de la mère oiseau. Cela témoigne alors que nous n'agissons que selon la volonté de D., peu importe ce que l'on ressent comme compassion.

Le Gaon de Vilna fait remarquer l'appellation de Avraham après avoir passé sa 10e et plus dure épreuve : la Akéda Yitsa'hak : "Maintenant, Je sais que tu es [un homme] craignant D. (yéré Elohim)" (Vayéra 22,12)
=> Est-ce que les 137 années de sa vie avant la Akéda n'ont-elles pas suffit à prouver qu'il était un tsadik?

Le Gaon de Vilna dit que jusqu'à cette épreuve, Avraham était connu pour son hospitalité et sa très grande bonté, mais il n'avait pas été testé sur l'opposé : la cruauté.
Peut-être qu'il ne faisait que suivre son instinct plein de gentillesse à l'écart des autres.

Ce n'est qu'une fois qu'il a été prêt à offrir en sacrifice son fils, un acte cruel et sans cœur, agissant à l'opposé de sa nature, et réalisant l'impensable pour une personne possédant autant de compassion que lui, qu'il a été dénommé ainsi.
En effet, sans hésitation, Avraham a choisi de faire la volonté de Hachem, il y a alors prouvé rétroactivement que chacun de ses actes était motivé par D., et non par sa nature interne, et c'est pourquoi il a été alors appelé : "un craignant D."

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-> Une personne reçoit assurément une plus grande récompense pour la réalisation de la mitsva du respect de ses parents, car elle demande bien davantage d'efforts.
La mitsva de chiloua'h haken, qui survient par hasard, et qui est plutôt facile à accomplir, donne une récompense bien moindre.
[même si les 2 mitsvot offrent une récompense de longue vie = une bonne récompense dans le monde à venir]
Une personne doit placer tout son cœur dans chacune des mitsvot qu'elle réalise, car chacune d'elle la rapproche davantage de Hachem.
['Hen Tov]

[il y a un lien entre ces 2 mitsvot pour nous enseigner qu'à nos yeux une mitsva n'est pas valoriser par la récompense qu'elle amène (on les trie alors selon notre échelle d'importance, nos envies, donc notre égo!), mais plutôt toute mitsva doit être aussi importante, indispensable à accomplir car étant un moyen de pouvoir être éternellement plus proche de D., ce qui est la meilleure des choses!]

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-> La guémara (Yérouchalmi Péah 1,1, basée sur Michlé 30,17) écrit que de même que les mitsvot de respecter ses parents, et de "chiloua'h haken" reçoivent une récompense identique, de même, elles amènent une punition similaires :
- Si quelqu'un ne respecte pas ses parents comme il le faut, des corbeaux, qui sont cruels, vont picorer et déchirer sa chair.
- Si quelqu'un ne réalise pas le "chiloua'h haken" comme il le faut, des aigles, qui sont compatissants, vont festoyer sur lui.

-> Le Gaon de Vilna explique que la punition correspond parfaitement, mesure pour mesure :
- lorsque l'on ne respecte pas ses parents correctement, c'est qu'on a été trop cruel avec eux.
En punition, sa peau est déchirée par des corbeaux, oiseaux pleins de cruauté, puisqu'attaquant sa proie non pas pour manger, mais uniquement par méchanceté.

- lorsque l'on n'a pas réalisé correctement le "chilou'ah kahen", c'est qu'on avait trop de compassion mal-placée.
En punition, sa peau est mangé par un oiseau qui est compatissant : l'aigle, qui mange sa proie afin de se nourrir.

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-> Le Méam Loez écrit que cette mitsva nous donne une leçon quant à nos relations avec nos enfants.
Comme par nature les oiseaux sont effrayés par les hommes, la mère oiseau a peur mais reste sur le nid par dévouement pour ses petits.
Nous devons faire preuve d'un dévouement comparable pour nos enfants.

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-> "Tu ne prendras pas la mère avec sa couvée. Tu es tenu de laisser envoler la mère"

On pourrait avoir tendance à vouloir prendre la mère et l'utiliser comme nourriture ou autre occupation.
Mais la loi de la Torah nous ordonne de considérer le bien-être des autres et de la renvoyer afin qu'elle puisse produire davantage de jeunes (oisillons).
L'observance de cette mitsva enseigne à l'homme de combattre son égotisme (le culte du moi) pour le bien commun (ex: profiter de la mère), et c'est pour cette raison que la récompense pour son accomplissement est si importante.
[Avné Ezel]

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-> Il est écrit dans le Tikouné Zohar et dans les écrits du Arizal que la réalisation de la mitsva de "Chiloua'h haken" rapproche le moment de la guéoula.
[le ‘Hida - Dvach Léfi]

-> Hachem promet : "Si vous renvoyez la mère oiseau, Je réaliserai la prophétie : "Voici, Je vous envoie le prophète Eliyahou" (Mala'hi 3,23)."
[midrach Dévarim rabba 6,7]

-> Si tu "renvoie la mère", quelle sera ta récompense?
"Tu prendras les petits" = c'est-à-dire que tu auras des enfants.
[midrach Dévarim rabba 6,6]

Le Ktav Sofer commente :
Selon nos Sages, nous ne recevons pas la récompense des mitsvot dans ce monde.
Ainsi, en ce qui concerne, la mitsva de chiloua'h haken :
- la récompense est une longue vie [soit une bonne récompense dans le monde à venir] ;
- il s'y ajoute une récompense supplémentaire (matan sechar), qui nous est accordée dans ce monde, et il s'agit d'avoir des enfants.

"Il a témoigné à faux contre son frère. Vous lui ferez comme il a projeté de faire à son frère et tu détruiras le mal de ton sein" (Choftim 19,18-19)

-> On appliquera aux faux témoins (édim zomémim) la peine qu’ils ont voulu imposer à la tierce personne.
Ainsi, par exemple, si leur témoignage avait entraîné que l'on condamne à mort une autre personne, alors les faux témoins seront exécutés.
Cependant, nos Sages expliquent que l'on exécute les faux témoins que si la tierce personne a uniquement été condamnée à mort, mais n’a pas encore été tuée du fait de leur témoignage.
Mais, si le tribunal a déjà mis à mort l’accusé, alors les faux témoins ne seront pas exécutés. En effet, la Torah dit : "On lui fera (au témoin) comme il a voulu faire à son frère", et la Torah orale explique : "Comme il a voulu faire mais pas comme il a fait."

Cette loi paraît très étonnante. Si déjà quand l'accusé a simplement été condamné à mort, alors les témoins seront tués, quand il a été effectivement mis à mort suite au témoignage, la logique voudrait qu'à fortiori les témoins soient tués!
=> Comment comprendre cela?

Nous allons voir b'h quelques réponses de nos Sages.

-> Le Ramban explique que Hachem siège avec les Sages dans le tribunal rabbinique.
Ainsi, si un homme a été exécuté par le tribunal suite au témoignage de 2 témoins, et qu’il s’avère par la suite que les témoins ont été confondus, si le Juge Suprême (Hachem) a laissé faire une telle chose que le tribunal mette à mort un individu, c’est qu’Il a trouvé bon que l’accusé soit tué.

En effet, ce dernier avait certainement commis des actions qui le condamnaient par le Tribunal d’En-Haut. Hachem a donc entraîné que celui-ci soit exécuté.
Ainsi, si le tribunal rabbinique exécute un homme c'est que cela a été décidé par Hachem.

C'est pourquoi, les témoins, même s'ils ont été confondus, ont permis de réaliser la Décision Divine, et ne seront donc pas exécutés.
En revanche, si l'accusé a été condamné à mort, puis les témoins ont été démentis avant l’exécution de l’accusé, alors on mettra à mort les témoins, car le Ciel n’a pas décidé que l’accusé mérite la mort.
En effet, les témoins ont donc réellement mis en place un plan pour tuer un véritable innocent, c'est pourquoi ils seront exécutés.

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-> Le Maguid de Doubno apporte une parabole pour expliquer ce sujet.

Réouven fait convoquer Chimon au tribunal parce que ce dernier l’a giflé.
Le juge tranche alors que Réouven doit rendre une gifle à Chimon, et Réouven proteste : "Voilà que Chimon m'a giflé alors que je ne lui avais rien fait. En revanche, moi je vais lui donner un coup alors qu’il le mérite. La punition ne correspond donc pas à la faute !"

Si les faux témoins ont simplement cherché à entraîner la mort de quelqu'un d'innocent sans être parvenus à leur fin, alors quand on les met à mort, cette punition est équitable. En effet, ils seront tués sans avoir non plus réussi à commettre de faute concrètement.

Mais, si l’accusé est exécuté suite à leur témoignage, alors le fait de tuer les témoins n’est pas une punition équitable. En effet, ils ont entraîné la mort d’un innocent alors qu'eux seront tués suite à un réel crime.
Ainsi, cette punition n’est pas suffisante par rapport à leur si grave faute et ne pourra donc pas réparer cette faute. Or, puisque les peines de la Torah ne viennent que afin de réparer la faute commise (et non pas en tant que vengeance, que D. préserve), quel est donc l’intérêt de tuer ces faux témoins si cette peine ne suffit pas pour compenser et réparer leur faute.

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-> Le Maharal de Prague explique que tant que le mauvais projet des faux témoins n'a pas encore été réalisé et que l’accusé n’a pas encore été exécuté, alors cette volonté sinistre de tuer leur prochain continue toujours a être "collée" à leur âme. Ils restent toujours attachés à cette idée et cherchent encore éperdument à réaliser leur plan.
=> C’est pourquoi, la Thora décrète qu’il faudra tuer les témoins, pour supprimer le mal du sein du peuple juif. En effet, ce mal brûle dans le cœur des témoins et il faut le supprimer.

Mais, si leur mauvais dessein a été réalisé et que l’accusé a été mis à mort, alors le mal et le désir du crime se trouvent séparés du cœur des témoins.
En effet, quand quelqu'un désire commettre une faute, tant que la faute n'est pas réalisée, cette personne "brûle" pour celle-ci. Mais une fois que la transgression a été commise, la personne se "refroidie", se calme, et son mauvais penchant le laisse seul avec sa conscience.

C’est pourquoi, nos Sages enseignent que "les réchaïm sont remplis de regrets", car une fois la faute commise, le mal se détache de leur cœur et les regrets commencent à prendre la place.
=> De ce fait, si les témoins ont entraîné la mort de l’accusé, la Torah tranche qu’on ne les tue pas, étant donné que le mal s’est détaché de leur personne, les tuer ne reviendrait donc pas à supprimer ce mal.

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-> Rabbénou Bé’hayé rapporte une réponse plutôt technique. Il dit que si l’accusé a été exécuté, il se trouve que les 2 témoins confondus s'opposent aux 2 autres témoins qui les ont démentis.
Ainsi, il n’y a que 2 personnes (à savoir les 2 autres témoins) qui s’opposent aux dires des 2 témoins confondus. C’est la parole de 2 personnes contre 2 autres personnes.
Puisqu’il n’y a pas de majorité contre les témoins confondus, on ne peut donc pas les exécuter.

En revanche, si l’accusé n’a pas été exécuté, alors lui aussi s’ajoute aux deux autres témoins pour s’opposer aux témoins confondus et dire qu’ils ont menti.
Ainsi, il y a 3 personnes (les 2 autres témoins et l’accusé) qui s’opposent aux 2 témoins confondus. Du fait d’une majorité qui s’opposent à eux, on peut donc mettre à mort les 2 faux témoins.

[Source : issu d'un dvar Torah du rav Mikaël Mouyal]

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-> Le châtiment infligé par le beth din fournit une expiation pour le fauteur même dans l'au-delà.
Par conséquent, lorsque les Edim zomémim (faux témoins) ont comploté la mort d'un innocent, ils sont condamnés à mort, et cette sentence suffit à expier leur faute.
Cependant, si les faux témoins ont réussi à faire exécuter l'accusé, leur crime est trop grave pour être pardonné.
Nous attendons donc que le beth din céleste administre un châtiment approprié pour le crime effroyable d'avoir calomnié un innocent et d'avoir causé sa mort.
[Méam Loez]