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"Que (מַה) sont agréables tes tentes (ohalé'ha) ô Yaakov, tes demeures (michkénoté'ha) ô Israël" (Balak 24,5)

-> Rachi : Parce qu’il a vu que les entrées [de leurs tentes] ne se faisaient pas face (pour des raisons de pudeur).
[Autre explication : ] Comme sont bons la "tente" de Chilo et le Temple pendant leur existence, parce qu’on y présente des offrandes destinées à leur expiation.

-> Le verset nous enseigne que les tentes d'Israël sont bonnes en raison du "ma" (מַה) : "Que suis-je?", qui fait allusion à la mida d'humilité.
En se comportant ainsi, le peuple juif a mérité de s'attacher ici-bas avec Hachem (michkénoté'ha).
[le Ben Ich 'Haï]

["Ma Tovou" (que sont agréables) : s'il y a l'humilité (ma?), alors on peut se connecter à Hachem et à sa Torah (il n'y a de véritablement bien (tov -> tovou) que la Torah)]

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-> Les "tentes" font référence aux lieux d'étude [de la Torah] ; les demeures font allusion aux Temples et aux synagogues, où le peuple prie à Hachem.
[Sforno]

Selon la guémara (Sanhedrin 105b), les "tentes" font allusion aux maisons d'étude.
[lieux où l'ont y apprend la Torah et les mitsvot, cela va rendre une personne tsadik et cela sanctifie le nom de D. ]

Nos Sages (guémara Ouktzin 3,13) enseignent que Hachem récompense chacun des tsadikim par 310 mondes.
Rabbi David Feinstein fait remarquer que la valeur numérique de : "Que sont agréables tes tentes ô Yaakov"(מַה-טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ, יַעֲקֹב) est de : 310.

Selon le Yatsev Avraham, l'ordre du verset, nous enseigne qu'il est bien d'étudier la Torah avant de prier, car cela donne davantage de kavana et aide à ce que nos prières soient acceptées.

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-> La tente qui est temporaire représente le peuple juif dans le désert, se préparant pour entrer en terre d'Israël.
La demeure qui est permanente représente le peuple juif lorsqu'ils résideront en Israël, et seront alors à un niveau supérieur méritant d'être appelés : "Israël" (passage de : Yaakov -> à Israël).
[le Malbim]

-> Le nom "Yaakov" est à un niveau inférieur que le nom "Israël".
Si nous voulons être spirituellement à un niveau élevé, nous devons voir la Torah et la prière comme une belle demeure, et non comme une tente à l'écart de tout.
[adaptation d'un commentaire du rabbi Zevi Hirsch Friedman]

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-> "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov! Tes demeures, ô Israël" (מַה טֹּבוּ אֹהָלֶיךָ יַעֲקֹב מִשְׁכְּנֹתֶיךָ יִשְׂרָאֵל - Kora'h 24,5)

Le verset est composé de 6 mots, lesquels correspondent aux 6 localisations successives des "tentes", dans le sens de "Sanctuaire" : Nov, Guivone, Guilgal, Chilo et les 2 premiers Temples. [Baal Hatourim]
Par ailleurs, il comporte 26 lettres en allusion au Tétragramme (יהוה) dont la valeur numérique est 26 et qui représente l’Attribut de Miséricorde d’Hachem.

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-> "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov! Tes demeures, ô Israël"

La "tente" exprime l’idée d’une habitation provisoire, tandis que la "demeure" indique l’idée d’une habitation fixe.
D’un côté, le Peuple d’Israël se suffit de peu, dans la mesure où il sait que ce Monde n’est que provisoire (la "tente").
D’un autre côté, le peuple juif est un Peuple de Sages qui, par le mérite de l’Etude et de la Prière, rendent leurs vies saintes, à tel point que leurs maisons deviennent comme de "petits Sanctuaires", où la Présence divine repose de manière fixe (la "demeure").
[le feuillet de la communauté Sarcelles - Balak 5781]

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+ "Tes tentes" :

-> Rabbi David Feinstein enseigne que les lettres du mot : tes tentes (אֹהָלֶיךָ) permettent de former : Ton D. (Elohékha - אלהיך).
En allant étudier la Torah (dans tes tentes), tu y trouveras Hachem, source de bénédictions, te liant toujours plus avec Lui.

Par ailleurs, la façon élevée avec laquelle se comportent les étudiants en Torah, permet de glorifier Hachem (qu'il sont grands ces personnes, et combien est grand leur D.)

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-> Il y a une utilisation à la forme plurielle de : "ohalé'ha (tes tentes - אֹהָלֶיךָ), car Yaakov a résidé dans une tente terrestre et dans une tente céleste sur le Trône de Gloire (de Hachem).
[Baal haTourim]

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-> Le rabbi de Belz enseigne l'idée suivante :
Rachi (Béréchit 4,20) explique la notion de tentes comme étant mobiles (un berger allait planter sa tente ailleurs en fonction des pâturages), à l'opposé d'une maison/demeure qui est fixe.

La guémara (Méguila 29a) dit que dans le futur tous les lieux d'étude et synagogue en dehors d'Israël vont être déplacés jusqu'à Jérusalem.
=> Ceci explique l'utilisation du terme : "tes tentes", car ils ne sont pas installés durablement.

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-> Il est écrit : "Yaakov se construisit une maison, et pour son bétail, il fit des cabanes (Souccot)" (Vayichla'h 33,17)

En ce qui concerne ce monde, qui est celui de la matérialité (son bétail), Yaakov va faire une structure temporaire, car c'est secondaire dans sa vie.
On a ainsi d'abord : "Tes tentes ô Yaakov", faisant référence à l'ordre des priorités de Yaakov dans ce verset.

Par contre, en ce qui concerne le monde à venir (pour lui = sa néchama), il va bâtir une structure solide et permanente, qui demande de s'investir de toutes ses forces pendant longtemps. C'est de la plus haute importance!
On a ainsi d'abord : "Tes demeures ô Israël".
Les lettres du mot : Israël (יִשְׂרָאֵל) permettent de former : yachar El (ישר אל - directement vers Hachem).

[Pné David]

[Nous sommes de passage sur terre dans des tentes éphémères, afin de construire de notre mieux notre maison éternelle, en orientant chacune de nos actions vers Hachem (yachar El).

Par ailleurs, on peut noter qu'en reliant ensemble les tentes et les demeures, cela nous enseigne que même en exil, même de passage dans ce monde éphémère, nous devons trouver cela aussi agréable que d'être dans une demeure.
En effet, c'est la condition pour avoir la tranquillité d'esprit nécessaire pour pouvoir prier et étudier pleinement.
Certes, tout ne va peut être pas comme je le voudrais, mais pourquoi me prendre la tête puisque ce n'est que temporaire. Le fait de déjà penser à notre magnifique demeure future, nous aide à être moins focaliser sur notre tente actuelle.]

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-> "Quelles sont belles tes tentes, Yaakov! Tes demeures, Israël!"

Selon le rav Moché Sternbuch (Taam vaDaat), cette annonce formulée par Bil'am invite les Bné Israël à ancrer dans leur cœur la conscience du caractère éphémère de ce bas monde.
En effet, la "tente" symbolise la précarité : on n'y réside généralement pas de manière permanente, elle n'est qu'un palliatif pour remédier à un problème d'habitation passager.

Ainsi, Bil'am déclare que le peuple juif doit savoir que ce monde-ci est éphémère, et qu'il n'est qu'un vestibule conduisant à notre existence future.
Le prophète souligne ainsi que "ces tentes sont belles" = c'est-à-dire que ce sentiment de précarité doit nous accompagner durant toute notre vie.
[le caractère éphémère de ce monde nous rappelle que notre vie est très courte, que notre mort arrive. Cela génère une grande humilité, responsabilité (le yétser ara ma vie est courte je n'ai malheureusement pas de temps à te consacrer!), ...]

De plus, ce conseil s'adresse à tout un chacun, puisque l’appellation "Yaakov" désigne même les gens du peuple, évoluant à un niveau spirituel ordinaire.
Quant aux hommes d'envergure morale supérieure, ils sont nommés "Israël". Pour leur part, il ne leur suffit pas de ressentir le caractère éphémère de ce monde : encore doivent-ils sanctifier toute leur existence terrestre "tes demeures, Israël" : afin de transformer leurs habitations en des Sanctuaires.

-> En ce sens le 'Hafets 'Haïm a répondu à un riche étonné devant la sobriété de sa maison : "Dans ce bas monde, je me considère comme un voyageur qui ne fait que passer. Ma véritable résidence se trouve dans le monde futur, là où je compte m'installer.
C'est la raison pour laquelle je n'ai pas jugé utile de meubler richement ma maison.
Ici-bas, dans le vestibule de mon existence, je concentre tous mes efforts pour accroître et embellir ma récompense éternelle par mon service du Créateur, afin de pénétrer dignement dans la Salle principale que constitue le monde futur."

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-> On a vu que dans notre verset, on parle des lieux d'étude de la Torah et des lieux de prières (synagogues), on a le verset suivant qui commence par : "Comme des rivières elles se déploient".
=> Quel est le lien entre les 2?

La guémara (Baba Kama 17a) dit que l'eau est une référence à la Torah.
De même qu'une rivière peut purifier une personne d'un état d'impureté (touma) à celui de pureté (tahara), de même pour ces lieux, qui ont un véritable pouvoir d'élévation vers la pureté.
[Béér Moché]

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+ "Combien sont belles tes tentes, Yaacov" (Balak 24,5)

-> Rachi explique que Bilam a prononcé cette bénédiction quand il a vu que les ouvertures des portes (des tentes) n’étaient pas orientées les unes face aux autres (de sorte que d’une tente on ne voyait pas ce qui se passait dans les autres, cela est une mesure de pudeur et de discrétion).

-> Le rabbi Baroukh de Méziboz explique cela d'une façon allusive.
Nos Sages (midrach Chir haChirim rabba 5,6) enseignent que celui qui ouvre une petite "porte" dans son cœur (même : "de la taille d’un chas d’une aiguille"!), pour le service de D., alors Hachem lui ouvrira une "porte" grande comme celle d'un palais.
Ainsi, les "portes" ne sont pas orientées l’une face à l’autre, car la "porte" qu’Hachem exige de l’homme est très petite, et celle qu’Il ouvre en réaction est très grande.
=> Quand Bilam a vu cet immense Amour d’Hachem pour Israël, Il a compris qu’il ne pouvait pas les maudire.

["Combien sont belles tes tentes" =
- d'un côté = avec sincérité, nous faisons une ouverture minuscule à notre "tente" ;
- et de l'autre côté = Hachem nous donne tellement en retour, que d'une façon très imagée c'est comme la différence de taille entre le chas d'une aiguille, et l'immensité d'une entrée d'un palais.
=> Hachem nous aime tellement que pour chaque millimètre que nous faisons vers Lui, nous sommes comblés d'énormes bénédictions.
A la vision de cette réalité, Bilam a compris qu'il ne pouvait rien nous faire!]

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-> "Qu’elles sont bonnes tes tentes, Yaakov, tes demeures, Israël" (Balak 24,5)

Les Sages (guémara Sanhédrin 105b) ont dit : Des bénédictions de ce racha tu apprends ce qu’il avait dans le cœur, il voulait dire qu’il n’y ait pas de synagogues et de maisons d’étude, qu’elles sont bonnes tes tentes, Yaakov ...
Rav Abba bar Kahana a dit : toutes sont redevenues des malédictions, sauf les synagogues et les maisons d’étude.

=> Quelle est la différence entre cette bénédiction et les autres bénédictions, pour que toutes soient redevenues des malédictions et pas celle-ci?
Pourquoi ses bénédictions ont-elles été écrites dans la Torah, alors qu’elles n’ont aucune utilité?

Le rav David Pinto (Pa'had David) explique :
C’est parce que Bil'am le racha, malgré toute sa méchanceté et sa puissante haine envers Israël, quand il a vu les tribus camper autour du Michkan, l’endroit qui les reliait à leur Père du Ciel, et qu’il a regardé comment le peuple d’Israël oubliait la vie de ce monde-ci pour se consacrer entièrement au but de la vie, la vie éternelle, en se tuant dans la tente de la Torah, s’est émerveillé et considérablement ému, au point que son cœur s’est abaissé et s’est brisé en lui, et qu’il n’a pas eu honte de reconnaître "qu’elles sont bonnes tes tentes, Yaakov".
C’est pourquoi comme il avait sincèrement l’intention de dire ce qu’il a dit, cette bénédiction a été écrite dans la Torah.

Et si de loin, quand il a vu les tentes de la Torah, il s’est ému au point que son cœur fonde en lui et qu’il ait béni les bné Israël, au point de se souhaiter à lui-même "que mon âme meure de la mort des justes, et que ma fin ressemble à la leur" (Balak 23,10), il est évident que s’il s’était approché d’un endroit de Torah et s’était assis avec le peuple d’Israël, il aurait été ému jusqu’au plus profond de son âme et serait devenu un autre homme.
Mais l’amour de ce monde-ci qui était en lui l’a empêché de faire ce petit pas, et il a détruit son monde de ses propres mains.
[...]
La raison pour laquelle les autres bénédictions ont aussi été écrites dans la Torah, qui ne contient rien de superflu et dont chaque lettre contient des mystères, est de ne pas fermer devant lui les portes du repentir.
S’il s’était repenti, toutes ses bénédictions se seraient réalisées.
Et de ce passage, nous pouvons apprendre combien nous devons nous rapprocher d’un endroit de Torah et nous attacher à lui pour profiter de la lumière de la Torah. [si même sur Bil'am le racha elle a eu un effet!]
Alors, cette lumière finira par pénétrer jusqu’au plus profond de nous et nous caressera le cœur.

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-> "Qu’elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël!" (Balak 24,5)

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1193) enseigne :
Dans son ouvrage Or Torah, le Maguid de Mézéritch écrit que les portes des tentes des enfants d’Israël sont une allusion aux paroles de Torah émanant de leur bouche, comme dans le verset "Surveille les portes de ta bouche" (Mikha 7,5).
Lorsque Bilam constata que les Bné Israël débattaient de Torah, non pas afin de se contredire et de s’attaquer les uns les autres, mais par amour mutuel et désir de parvenir à la vérité, il comprit pourquoi ils avaient droit à la résidence de la Présence divine parmi eux, leur intention étant d’amplifier l’honneur de la Torah. Il réalisa que les paroles émises de leurs bouches n’avaient pas pour but la démonstration de leur grandeur, mais étaient désintéressées, visaient avant tout à appréhender pleinement la volonté divine.

Rabbi Yonathan Eibechitz explique qu’à ce moment, Bilam comprit que la Torah étudiée par les enfants d’Israël n’était pas uniquement importante pour eux, mais également pour le monde entier, dont elle assure le maintien. Par conséquent, même les nations du monde en dépendent. Ainsi, les bénit-il en disant : "Qu’elles sont belles tes tentes", en référence aux maisons d’étude, soutenant l’ensemble des mondes.

Hachem désirait que nous aussi en prenions conscience, pour que cela ait sur nous un effet bénéfique, de même que Bil'am en vint à nous bénir en le réalisant. C’est pourquoi Il mentionna dans la Torah tout cet épisode, qui aboutit à la bénédiction de Bilam.

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-> "Il vit Israël qui résidait selon ses tribus" (Balak 24,2)

Rachi explique que Bilaam remarqua que les portes de leurs tentes n’étaient pas orientées les unes face aux autres, pour ne pas risquer de regarder dans la tente de l’autre. Alors Bilaam comprit qu’il ne pourrait pas nuire au peuple juif.
=> Mais qu’y a-t-il de si extraordinaire dans cet acte de ne pas orienter les ouvertures des tentes face à face.

-> De façon générale, l’homme cherche à cacher ses biens pour ne pas que les autres puissent regarder ce qui lui appartient et en concevoir de la jalousie car cela risquerait de lui causer des dommages.
Mais Bilaam remarqua que la raison pour laquelle les juifs ne placent pas les tentes face à face, c’est pour ne pas risquer de regarder dans la tente de son prochain. Ce qui les inquiétait encore plus que d’être endommagé par le regard de l’autre, c’est de soi-même être celui qui endommagerait autrui par son propre regard. Et effectivement, cela est bien une attitude d’une noblesse énorme. Chaque juif éloignait sa tente de celle de son prochain pour ne pas risquer de regarder involontairement chez lui et en concevoir une certaine jalousie qui risquerait de lui causer du tort.

Cette leçon est fondamentale dans toutes les relations humaines. La racine de tous les conflits provient du fait que chacun cherche à satisfaire ses intérêts, et quand les intérêts s’opposent, alors naissent les conflits. Mais la Torah demande à l’homme de chercher à combler les intérêts de son prochain avant même les siens.
Il convient particulièrement d’adopter cette conduite dans son couple. Une vie basée sur ce principe est remplie d’harmonie et de bénédictions. En voyant une telle noblesse, Bilaam comprit qu’il ne pourra pas nuire à Israël.
[rav Mikaël Mouyal]

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+ La paix du foyer :

-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) écrit :
Beaucoup payeraient cher pour savoir quelles sont les bases de la paix, et quelles sont les conditions pour vivre en paix, en particulier au sein du foyer. Il ne fait aucun doute qu'en première place vient le fait de savoir se retenir de répliquer en cas de conflit, savoir se taire, et retenir les mots acerbes qu'on a sur le bout de la langue.

On voit une allusion à cela dans la bénédiction de Bilam (Balak 24,5) : "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël".
Rachi explique : "il a vu que les ouvertures n'étaient pas orientées les unes en face des autres".

L'ouverture, c'est aussi la bouche : "les ouvertures n'étaient pas orientées", c'est-à-dire que les bouches ne s'ouvraient pas pour parler contre les autres. Ils savaient retenir les paroles inutiles et pardonner en cas de désaccord ou d'altercation. C'est le secret de la bénédiction de Yaakov.

"Qui peut compter la poussière de Yaakov, nombrer la multitude d'Israël? Puissé-je mourir comme meurent ces justes, et puisse ma fin ressembler à la leur!" (Balak 23,10)

-> Rabbénou Efraïm fait remarquer que les mots : "מָנָה עֲפַר יַעֲקֹב" (compter la poussière de Yaakov) sont équivalents à la guématria de la 1ere lettre du nom de chacune des tribu.

-> Le mot עפר (poussière - afar) a la même guématria que : ערלהע בחול (la orla dans le sable - orla ba'hol).
C'est une allusion au fait que pendant la brit mila, les juifs coupent l'excroissance/prépuce (la orla), qu'ils placent ensuite dans le sable, la terre.
[le Baal haTourim]

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.28) rapporte que lorsque Bil'am a vu que le désert était rempli de Orlot (les prépuces issus de la mila des juifs), il a dit : "qui peut leur résister lorsqu'ils ont le mérite du sang de la brit mila, et qu'ils le recouvrent de terre".

-> Selon le Ktav Sofer, en enterrant le prépuce nous nous assurons de ne pas devenir arrogant d'avoir le mérite de faire une mitsva aussi énorme.
En effet, grâce à elle nous nous différencions des autres nations en étant celle choisie et préférée par Hachem (on passe du statut de simple homme à celui quasi divin de : juif).

=> Bil'am s'interroge : Comment puis-je aller à l'encontre d'une nation qui malgré le mérite d'une aussi grande mitsva ne devient pas arrogant, en enterrant la Orla dans le sol?

[le prépuce est mis dans la terre, comme rappel qu'on le rejoindra un jour, que notre vie est éphémère.
Cette prise de conscience matérialisée est une force pour vivre intensément dans la Vérité, de rester humble, de pas en venir à se disputer (on finira tous au même endroit, sans possession matérielle), ...]

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+ La poussière de Yaakov (suite) :

-> Selon le Zohar (Balak 211a), cela fait référence aux tsadikim qui se considèrent comme de la poussière (afar).

-> Le mot עפר (afar - poussière) peut se décomposer en : ע (chiffre 70) + פר (par - taureau).
Le peuple juif apporte 70 korbanot (de taureaux) au nom des 70 autres nations du monde (guémara 55b).
Ainsi, Bil'am dit à Balak que c'est par le mérite des juifs que les autres nations peuvent continuer à vivre et avoir leur subsistance dans ce monde.
[Rabbénou Yoël]

-> Contrairement aux autres nations, la force du peuple juif ne réside pas dans leur nombre, mais plutôt dans le fait qu'ils servent Hachem comme il le faut.
[Rabbi Chimchon Raphaël Hirsch]

[Même si extérieurement nous pouvons sembler être de la "poussière", en réalité nous sommes imbattables car nous avons D. avec nous!!]

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-> Bil'am voulait vivre comme un goï et être comme un juif dans la mort.
C'est une erreur car le fait d'être un juif tient principalement dans le fait de vivre en tant que bon juif.
[Ohel Yéhochoua]

[contrairement aux autres nations, nous n'avons pas à avoir peur de la poussière d'après la mort, où nos efforts faits pour les mitsvot seront la seule monnaie en cours, et qui plus est Hachem n'a pas de limite de bonté pour nous récompenser d'avoir été fidèles à Sa volonté.
=> Pas étonnant que Bil'am nous envie : "puisse ma fin ressembler à la leur!"]

"On prendra pour celui qui est impur, des cendres de la combustion de [l'animal de] purification" ('Houkat 19,17)

La vache rousse en raison de sa rareté et de son importance dans la vie juive, que lui donne la Torah, devait avoir une valeur/prix très élevée.
Et qu'est-ce qu'on faisait à ce bien si précieux?

On le brûlait, le réduisant en cendres afin de les utiliser pour purifier ceux qui ont été exposés à l'impureté d'un mort.

[seule la procédure de la vache rousse peut rendre pur, celui qui est devenu impur suite à un contact avec un mort. ]

=> Que pouvons-nous apprendre de cela?

-> Selon la guémara (Béra'hot 18b), une personne qui est remplie de fautes est considérée comme morte même de son vivant.

Rabbi David Feinstein explique qu'en effet, puisque l'objectif de la vie est de grandir spirituellement, celui qui est spirituellement mort est considéré également comme mort physiquement, car sa vie est sans but.
Pour en sortir, il faut revoir ses priorités, et se rappeler que la fin de toute personne est de finir en poussière (nous ne garderons rien de nos possessions matérielles).

La vache rousse symbolise cela :
-> Sa valeur monétaire très importante renvoie aux plaisirs matériels de ce monde dont les gens accordent tant d'importance, et pour lesquels ils sont prêts à dépenser tellement de temps, d'efforts et d'argent afin de les acquérir.

-> Mais au final, il ne reste rien de cela.
La vache rousse est brûlée, et c'est seulement ses cendres qui ont une utilité, puisqu'elles vont transmettre cette leçon de la vanité de l'éphémère matérialité, afin que l'on s'investisse pleinement dans l'éternel spirituel.
Cette réalisation/constatation va retirer l'impureté, et restaurer toute la magnifique pureté qui est en nous.

=> En constatant que le temps passant, ce que le yétser ara nous vend comme important n'est en réalité que de la poussière (éfer - אפר), on en vient à se guérir (rapé - רפא - même lettres que éfer) de notre mauvaise vision des choses, à redéfinir nos priorités.
Redevenant alors pur, nous brillons de beauté, de splendeur (péér - פאר - même lettres que éfer).

-> "Et maintenant, voilà, je m'en vais chez mon peuple. Viens que je t'instruise" (Balak 24,14)

-> "Que sont agréables tes tentes ô Yaakov, tes demeures ô Israël" (Balak 24,5).

=> Comment comprendre que Bil'am loue le peuple juif pour sa pudeur, sa moralité, et que peu après il pense réussir en les faisant tomber dans l'immoralité, la débauche?

Bil'am avait la capacité de déterminer le moment exact où Hachem se met en colère (guémara Béra'hot 7a et Sanhédrin 105b).

Les Tossafot affirment que cela ne dure qu'une seconde, durant laquelle il disait un seul mot : "kalèm" (détruis-les).
Le Gour Aryé précise qu'à ce moment, il regardait une partie du peuple (car en regardant tout le peuple cela ne pouvait pas marcher).

=> Pourquoi est-ce que cela n'a pas marché avec le peuple juif?

-> La guémara répond que Hachem se retenait de ce moment de colère pendant la période où Bil'am voulait nous maudire, le privant de son pouvoir.
C'est ce qu'on appelle : "Les bontés de Hachem" (tsidkot Hachem - Mikha 6,5)

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-> D'après la guémara (Béra'hot 7a ; Avoda Zara 4b), la colère d'Hachem ne dure que le temps de prononcer le mot : réga (רגע - instant), c'est-à-dire le temps de dire 2 syllabes.
Bil'am qui était le seul à connaître l'instant précis de la colère d'Hachem, chaque jour, projetait de maudire le peuple juif en prononçant ce mot à 2 syllabes : kalèm (כלם - anéantis-les!) à cet instant.
Cependant, Hachem bienveillant avec Israël ne s'est pas mis en colère ce jour-là, exceptionnellement, pour empêcher la malédiction de Bil'am.
Mieux que cela, Hachem intervint pour changer en faveur d'Israël la malédiction en bénédiction en inversant les lettres de : כלם en מלך (mélé'h - roi), puisque Bil'am a finalement dit : "Hachem, son D., est avec lui (Israël) et l'amitié du Roi le protège" (Bamidbar 23,21).

D'après rabbi Eliyahou, il aurait suffit à Bil'am de commencer sa malédiction à l'instant de la colère Divine, même s'il la termine après cet instant.
[Tossefot - guémara Avoda Zara 4b]

-> Du fait que l'homme doit imiter Hachem dans Ses comportements, et que Hachem se met en colère chaque jour durant un temps très court (1/16e de seconde d'après certains), il est possible qu'il soit demandé à ses créateurs de se comporter avec rigueur (midat hadin) durant un court instant, chaque jour.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou (tome 2,p.236)]

[cela est vrai dans notre relation avec notre prochain, mais également avec Hachem, où nous devons concentrer toutes nos "frustrations" en un moment de prière, où nous demandons alors de tout cœur à l'aide à D., et ensuite nous devons être serein, plus de joie!]

-> Lors de la colère de Hachem, une grande tristesse s'abat sur le monde, durant ce court laps de temps, même chez les animaux.
[Hakotev - dans Ein Yaaakov]

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-> Un être humain a 3 aptitudes fondamentales : la pensée, la volonté et l'action.
Nos Sages nous ont enseigné qu'elles résident dans 3 organes vitaux du corps humain : le cerveau, le cœur et le foie.
Ils ajoutent que cela est en correspondance avec les 3 parties de l'âme :
- la néchama (partie supérieure de l'âme qui réside dans le cerveau, d'où provient la capacité de réflexion de l'homme);
- le roua'h (2e partie, qui réside dans le cœur) ;
- et le néfech (réside dans le foie qui purifie le sang).

-> Nos Sages nous enseigne que le but de la création de l'homme est de faire dominer sa néchama sur la volonté qui provient du cœur. Les désirs du cœur ainsi dominés par la néchama, pourront entraîner le néfech à réaliser la volonté d'Hachem dans l'accomplissement de la Torah et des mitsvot.
Ainsi l'homme pourra agir de façon ordonnée, d'après l'ordre de ses organes : le cerveau, le cœur et le foie qui font référence à la royauté qui elle aussi est toujours strictement structurée de façon hiérarchique.
L'homme doit donc parvenir à gouverner son corps tel un souverain qui gouverne son royaume.
Cette aptitude à laquelle tout juif doit tendre est subtilement contenue en allusion dans les initiales de ces 3 organes : le cerveau (moa'h - מח), le cœur (lev - לב) et le foie (kavéd - כבד), qui une fois assemblées, ces lettres forment le mot roi (mélé'h - מלך).

Cependant, si cet ordre venait à s'inverser, autrement dit si le néfech, qui représente le côté animal de l'homme, dominait la volonté du cœur, cela entraînerait un éveil ardent aux envies primaires de ce monde.
La pensée serait alors utilisée pour assouvir un manque toujours grandissant et asservie à des fins tristement triviales.
Nos 3 organes organisés dans le sens inverse seraient alors : le foie (kavéd - כבד), le cœur (lev - לב) et le cerveau (moa'h - מח). Les initiales de chacun de ces mots forment le terme : kalem (exterminer - כלם), car l'homme qui évoluerait à travers une telle organisation irait inéluctablement à sa perte, aussi bien spirituelle que corporelle.

C'est le sens de la Torah lorsqu'il est rapporté que Bil'am voulut maudire les Bné Israël avec un seul mot : exterminer (kalem), c'est-à-dire que Bil'am voulut inverser cet ordre fondamental afin que le côté animal s'unisse avec le cœur et asservisse la néchama divines aux envie du corps.
[d'après le rav Pin'has Friedman - Shvilei Pin'has - Térouma]

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-> Selon la Kabbala, tout amour que nous pouvons ressentir provient d'une seule source : de Hachem, de l'amour phénoménal qu'il déploie sur le monde.
=> Pourquoi est-ce que Hachem a-t-il besoin de se mettre en colère?

La réponse est que trop d'amour n'est pas une bonne chose.
Sous couvert d'un amour débridé tout peut devenir permis.
Par exemple, en listant les relations interdites, la Torah (A'haré Mot) décrit la relation entre un frère et sa sœur par : 'hessed ou (c'est de la bonté).
[Par amour, je peux en venir à tuer, voler, ...]

L'amour est magnifique, mais s'il ne se maintient pas dans des limites, il peut être destructeur.
C'est pourquoi, Hachem a un bref instant de colère quotidien, afin de contrôler le flux de Son amour pour qu'il soit utilisé comme il le faut, et non pas abusé.

=> Lorsque Bil'am a vu que ses malédictions ne fonctionnaient pas, il a compris que Hachem a du suspendre son moment de colère.
Puisqu'à ce moment il n'y avait pas de contrebalance à l'amour fou de D. à notre égard, il a pensé que les juifs seraient plus réceptifs aux femmes de Midiyan.
Et il a eu raison.

Il est écrit : "la gauche repousse tandis que la droite rapproche" (guémara Sotah 47a).
Dans toute relation d'amour, il faut de la discipline, des limites à ne pas dépasser.
[c'est ce que nous enseigne Hachem à son niveau avec 1 seconde de colère sur 86400 secondes d'une journée]
Nous devons avoir de l'amour de D., mais il est également indispensable d'y ajouter de la crainte de D.!

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-> "Balak fils de Tsipor vit ce qu'Israël avait fait au Emori" (Balak 22,2)

-> Le Ohr Chemouel commente :
Telle est l'habitude de ceux qui haïssent le peuple juif. Certes, ils voient ce que les juifs ont fait au Emori, aux autres nations. Mais, en revanche, ils ne voient pas tout ce que le Emori a fait à Israël!
Cette sélection est un comportement ancré chez les antisémites et s'est vérifié au fil de toutes les générations.

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-> "Balak, fils de Tsipor, a vu" (Balak 22,2)

Qu’a vu Balak ?
D’après le Ba’al Hatourim, il a vu que le soleil s’était arrêté pour Moché.

Mais en réalité, qu’a perçu Balak dans ce miracle, qu’il n’avait pas vu dans les autres miracles réalisés jusque-là?
Le Rabbi de Satmar explique : "Nos Sages ont dit que la force de Bil’am était de cibler le moment où D. Se met en colère chaque jour, comme il est dit ‘‘Le Tout-Puissant fait sentir Sa colère tous les jours.’’ Or, il s’agit du moment où le soleil brille et où les rois de l’ouest se prosternent devant lui.
=> Voilà donc ce que Balak a craint. En voyant que le soleil s’était arrêté pour Moché, il a eu peur que cela ne se reproduise et que Bilam ne puisse plus cibler le moment précis et maudire le peuple d’Israël.

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-> "Parole de celui qui entend les paroles de D. et connaît la connaissance d'Hachem" (Balak 24,15)

-> Rachi explique ce que recouvre "connaît la connaissance d'Hachem" = pour fixer le moment où Il se met en colère.

C’est ce que disent nos Sages (guémara Béra'hot 7a) : Aucune créature ne peut fixer ce moment, à l’exception de Bilam, dont il est écrit qu’il « connaît la connaissance d'Hachem".

-> On a demandé au machguia’h Rabbi Méïr ‘Hadach : Pourquoi Moché ne connaissait pas ce moment mais que Bilam le connaissait?
Il a répondu : Moché lui-même ne voulait pas connaître cela, c’est pourquoi il ne le savait pas.

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2018/08/08/6811-2

"Les morts lors de l’épidémie furent de 24 000 personnes" (Balak 25,9)

Selon le Gaon de Vilna, l’épidémie suite à l’idolâtrie de Péor et la débauche entraîna 24 000 morts, mais Hachem compta parmi eux les personnes qui sont morts naturellement, leur heure étant arrivée.

=> Ainsi, même dans la rigueur et la sévérité, Hachem réalisa une grande bonté.
Certes, il devait y avoir 24 000 morts, mais en comptant parmi eux tous ceux qui sont morts naturellement, cela permit d’épargner beaucoup de personnes.

On voit que même la Rigueur Divine est tempérée par la Miséricorde.

"Hachem ouvrit la bouche de l'ânesse et elle dit à Bil'am : Que t'ai-je fait pour que tu m'aies frappée ainsi à 3 reprises?" (Balak 22,28)

Pourquoi Hachem a-t-il changé les lois de la nature afin d'aider Bil'am?

-> Selon le Sforno, Hachem a fait un miracle si extraordinaire (l'ânesse qui parle) afin qu'il fasse téchouva, réalisant clairement que cela ne pouvait venir que de D.

-> Rabbénou Bé'hayé explique que Bil'am aurait dû être totalement terrifié par ce grand miracle de l'ânesse parlant comme un humain.
Il aurait dû réaliser que Hachem essayait d'avoir son attention, pour qu'il puisse changer d'avis et arrêter cette mission de porter atteinte au peuple juif.

=> Ceci est un réponse à tous ceux qui proclament : "Si seulement Hachem me faisait des miracles clairs et évidents, alors je ferais une téchouva complète et je reviendrais vers Lui".
En effet, nous voyons que des miracles manifestes n'aident pas forcément.

[A nous également, D. a peut être déjà fait d'énormes miracles que nous n'avons pas remarqués, préférant continuer comme si de rien n'était]

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-> A quoi pouvait bien penser Bil'am pour ne pas être réceptif au message de Hachem?

Le rav Shlomo Bussu, petit-fils de Baba Salé, répond : il ne pensait à rien du tout!
Il était tellement focalisé sur lui même qu'il ne pouvait plus consacrer la moindre attention à ce qui l'entourait.
=> Tout son monde tournait autour d'une seule chose : lui-même!

Nous retrouvons ce même égocentrisme avec Pharaon.
Malgré la succession de plaies, toujours plus éprouvantes et miraculeuses, il campait sur sa position de s'attaquer aux juifs.
Malgré la vision des Nuées de gloire entourant le peuple, et d'avoir été témoin de l'ouverture de la mer Rouge, il est quand même allé à leur poursuite en entrant dans la mer avec tous ses hommes armés.
=> A quoi pensait-il à ce moment?

Rav Bussu répond : c'est également un exemple d'à quel point une personne peut être absorbée par elle-même, au point de ne prêter aucune attention à ce qui l'entoure.

Pharaon ne pensait qu'à sa vengeance personnelle contre le peuple juif (vous ne m'échapperez pas!, c'est moi qui aura le dernier mot! C'est moi le plus fort! ; ou comme au casino : certes ils m'ont fait mal ces juifs, mais je vais me refaire et je vais gagner car je suis supérieur à tout le monde!).

=> Ainsi, il était totalement aveuglé par lui-même et il ne pouvait plus voir la réalité qui lui faisait face.

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Bil'am dit : "Puisse mon âme mourir de la mort des justes et puisse ma fin ressembler à la leur" (Balak 23,10).

Le Ohr ha'Haïm rapporte que les réchaïm lui disaient qu'ils étaient intéressés par faire téchouva, mais à la condition de mourir toute de suite après.
Mais faire téchouva, et avoir ensuite une vie vertueuse, ils n'en étaient pas intéressés.

C'est l'origine de l'approche de Bil'am : ne penser qu'à ses désirs personnels, et pouvoir faire ce qu'il voulait.
Le rav Bussu conclut en disant que cette vision égocentrique à également pénétrer le monde juif.

Nous avons tendance à être tellement absorbés par nous-même que l'on ne voit plus nos réels besoins, ni ceux de nos proches, ni les signes que Hachem nous envoie, ...
Le yétser ara nous emprisonne dans une bulle du "moi je", dans laquelle nous pouvons même nous créer notre propre vision de Hachem (en fonction de ce qui nous arrange).

En effet, tant que l'on est ébloui par notre volonté, nous restons éloignés de celle de nos Sages, de ce que D. attend réellement de nous.
Par exemple, notre égo nous pousse à avoir le dernier mot (c'est moi le plus fort!), au prix de n'avoir rien du tout pour l'éternité dans le monde de vérité!

Dans ce monde la salle des trésors du roi Hachem est ouverte afin que nous puissions prendre un maximum de choses éternelles (les mitsvot).
Cependant, au lieu d'en profiter, nous restons discuter avec le garde à l'entrée, ratant l'occasion d'accumuler des trésors d'une valeur inestimable (et après il est trop tard, les portes se referment et nos mains sont vides!).

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-> Rachi (v.22,33) enseigne que Hachem a tué l'ânesse juste après qu'elle ait rempli son rôle afin de préserver l'honneur de Bil'am, car sinon à chaque fois qu'une personne aurait vu l'ânesse, elle se serait rappelée que : "Voici celle qui a réduit Bil'am au silence par ses réprimande et à laquelle il n'a su que répondre!"

=> Au regard d'à quel point Hachem prend soin d'un grand racha du calibre de Bil'am, nous pouvons nous imaginer à combien plus forte raison D. s'occupe de nous : Son peuple élu parmi tous, Ses enfants adorés, et ce quelque soit la quantité de fautes que nous ayons pu faire.

Ainsi, l'idée que Hachem nous a abandonné, nous délaisse dans la vie ne doit pas nous effleurer l'esprit!!
[ce doute provient de notre yétser ara qui souhaite nous voir délaisser D. en pensant qu'Il en a fait de même avec nous!
On se focalise alors que sur même, se laissant aller aux désirs de notre égo! La Vérité devient fonction de notre égo, et non de Hachem!!]

=> D. est constamment avec nous, réalisant le meilleur pour nous!

"Moav eut grand peur du peuple parce qu'il était nombreux, et Moav fut dégoûté face aux enfants d'Israël" (Balak 22,3)

-> Le Yichma'h Moché s'interroge : Pourquoi la Torah a-t-elle écrit : "il était nombreux" au singulier, plutôt que d'utiliser le plus approprié pluriel : "ils étaient nombreux", faisant référence aux millions de juifs composant le peuple d'Israël?

Il répond en citant le midrach (Tan'houma Nitsvaim 1) : "Si une personne tient une botte de roseaux , elle ne peut pas la casser, tandis que si elle les tient séparément, même un petit enfant peut tous les casser.
Il en est de même avec le peuple d'Israël : nous ne serons libérés que lorsque nous serons unis".

Lorsque Balak, roi de Moav, a vu que les millions de juifs étaient totalement unis, il a utilisé : "il" pour exprimer une réalité habituellement plurielle.
Balak a réalisé que lorsqu'il règne l'unité dans le peuple juif, il n'existe pas de moyen naturel pour nous vaincre, c'est pour cela qu'il a fait appel à Bil'am pour l'aider.

L'unité du peuple juif a toujours été notre grande force.
C'est grâce à elle que nous avons reçu la Torah : "comme un seul homme, d'un seul cœur" (Chémot 19,2), et c'est grâce à elle que le machia'h pourra venir : "nous ne serons libérés que lorsque nous serons unis" (Tan'houma Nitsvaim 1).

[ainsi, si nous désirons véritablement la venue du machia'h, alors concrètement nous devons être prêt à faire des concessions dans le but de maintenir la paix/l'union entre les juifs.)]

=> Sachons développer les actes et les paroles qui unissent, et essayons de laisser passer ces moments où l'on a naturellement tendance à s'énerver pour "rien", car il n'y a pas de meilleure bénédiction que d'avoir le shalom.
[cf. b'h, par exemple : https://todahm.com/2019/07/08/la-paix ]

"Sois entier avec Hachem ton D." (Choftim 18,13)

-> "Croire que D. seul connaît le futur et a pouvoir sur toute chose, [comme] ne pas consulter d'astrologue pour chercher à percer les mystères de l'avenir, car D. modifie les décrets Célestes à sa guise.

Plus nous nous élèverons vers D., et plus il sera susceptible de modifier le cours naturel des choses en notre faveur."
[Ramban - Choftim 18,13]

-> "Si tu ne cherches pas à sonder le futur, même par des voies licites, mais que tu te confies seulement en Hachem, alors Il veillera à ce que l'avenir te réserve les plus heureuses destinées."
[Malbim - Choftim 18,13]

-> "Si nous croyons que tout ce qui advient est le fait de D., et que nous faisons téchouva, alors Il changera pour nous le mal en bien."
[Rabbénou Yéhouda (fils du Roch) - Zikrone Yéhouda 91]

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-> Il faut s'habituer à dire : "Tout ce que D. désire s'accomplira".
Ne pas chercher à sonder l'avenir, comme nous l'enseigne la guémara (Béra'hot 10a) : "Qu'as-tu donc à te mêler des secrets du Miséricordieux (Hachem)?"
[Smak - Choftim 18,13]

La hichtadlout

"Hachem ton D. t'a béni dans toutes les actions de ta main" (Dévarim 2,7)

-> Il n’est pas dit : "dans toutes les pensées de ta tête", mais "dans toutes les actions de ta main".
En effet, il ne convient pas d’investir sa tête et toutes ses pensées dans sa profession pour gagner sa subsistance.
L'homme doit simplement s'acquitter de sa dette par un simple travail, où il ne laisse agir seulement ses mains, en ayant une confiance totale que par cela, Hachem lui donnera ce dont il a besoin.

Mais on ne doit pas y investir sa tête et sa réflexion pour trouver des idées et des subterfuges, pensant que cela aidera à gagner plus, car en réalité cela n’ajoutera rien de plus.

=> Ainsi, la tête ne doit pas être placée dans son travail, mais on doit la préserver que pour l’étude de la Torah.

[Rabbi Barou'h de Kossov]

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-> "Un père est obligé d'apprendre à son fils comment nager" (guémara Kidouchin 29a)

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk disait :
Le secret pour nager est de ne jamais laisser sa tête totalement sous l'eau (ou très brièvement).
Nous vivons dans un monde [matériel] qui nous attire vers lui, et nous devons toujours être vigilant à avoir notre tête au-dessus de l'eau, c'est-à-dire à ne pas se permettre d'être totalement submergé par les préoccupations du quotidien.
[de la même façon que lorsqu'on nage, il faut veiller à garder la tête hors de l'eau, il faudra aussi tâcher de garder la tête en dehors, quant il s'agit de la parnassa. Dans notre tête, il ne doit y avoir que la émouna dans le Maître du monde, et donc le labeur de la parnassa ne doit toucher que les mains.]

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=> Comment savoir si notre est effectuée uniquement avec les mains ou également avec la tête?

-> Le 'Hazon Ich disait : Lorsqu'on plante un clou dans un mur, on peut continuer à taper dessus tant qu'il ne se tord pas. Dès qu'il se tord, on sait immédiatement que la mission a échoué et qu'il faut essayer à nouveau avec un autre clou.
Il en est de même pour la hichtadlout. Un homme peut s'occuper de sa parnassa sans souci, jusqu'à ce qu'il remarque que quelque chose devient "tordu".
Par exemple, lorsqu'il se rend compte qu'il manque une prière à la synagogue ou qu'il arrête même sa prière en plein milieu pour les besoins de sa parnassa, c'est le signe que le clou commence à se tordre, et qu'il ne s'agit plus de hichtadlout mais d'hérésie dissimulée.

-> Le rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk apporte une autre preuve sur le fait que la hichtadlout doit faire fonctionner les mains et non la tête :
La michna (Baba Métsia - 1er chapitre, michna 4) dit : "Celui qui voit une trouvaille et tombe dessus, puis qu'un autre vient et s'en saisit, c'est celui qui l'a saisie, qui l'a acquise".
=> Pourquoi celui qui attrape l'objet l'a-t-il acquis, et non pas celui qui s'est couché dessus auparavant?

Le rabbi de Kotzk explique que celui qui s'est couché dessus a fait une hichtadlout "hystérique" qui était inconvenante. Il s'est empressé pour obtenir ce qu'il voulait, car il craignait qu'un autre ne s'empare de la trouvaille s'il ne tombait pas immédiatement dessus.
Or Hachem a tout ce qu'il faut dans Son monde, on a le temps de se baisser doucement et de ramasser. Si c'est prévu pour nous, cela ne peut pas s'enfuir!
Ainsi, l'homme, qui fait une hichtadlout démesurée, démontre qu'il a associé la tête à ses efforts, et pas seulement ses mains, oubliant le rôle d'Hachem dans la parnassa.

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-> "Plus grand est celui qui profite de son labeur, que celui qui craint le Ciel" (guémara Béra'hot 8a)

-> L'un des 'hassidim du rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk lui demanda la raison de cette déclaration de la guémara : "Ce n'est qu'à propos de Moché qu'il est dit que la crainte d'Hachem était facile pour lui, mais pour des gens simples comme nous, la crainte du Ciel est dure à atteindre. Alors comment la guémara peut-elle dire que celui qui profite de son labeur dépasse l'homme qui crainte le Ciel?"

Le rabbi de Kotzk lui répondit :
Il faut préciser que pour appuyer ses dires la guémara rapporte le verset suivant : "Du labeur de tes mains tu mangeras, sois heureux et bien" (Téhilim 128,2).
"Du labeur de tes mains" et pas du labeur de ta tête!

Si l'homme travaille pour sa parnassa uniquement avec ses mains, mais que sa tête demeure toujours dans le Ciel, à s'adonner à la spiritualité, il possède une crainte d'Hachem (yirat chamayim) de haut degré.

Il sait que même lorsque ses mains s'occupent de leur travail, ce ne sont pas elles qui lui apportent la parnassa. Sa tête n'est pas plongée dans la parnassa, ni dans d'autres domaines matériels de ce monde, elle reste réservée au Ciel.

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-> Rabbi Aharon Kotler rapporte le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.21) : "L'homme doit faire une hichtadlout pour sa parnassa, car c'est ce qu'a décrété le Roi Absolu [Hachem]. C'est une taxe que toute l'humanité se doit de payer, et dont on ne peut se défiler".
Le rav Kotler ajoute : lorsqu'un homme fait un effort en effectuant encore une hichtadlout, puis encore une, à quoi cela ressemble-t-il? A celui qui a déjà payé ses impôts, mais revient encore et toujours au guichet pour payer".

-> Rabbi Avraham, le fils du Rambam, écrit dans son livre "Hamaspik léové Hachem" que la hichtadlout est une condition qu'Hachem a placée sur Ses créatures, à cause de la faute d'Adam. Nous sommes obligés de respecter cette condition : chacun doit faire sa hichtadlout à son niveau pour qu'Hachem envoie la parnassa.
Mais si l'homme pense, dans son cœur, que c'est la hichtadlout qui li amène la parnassa, il renie l'existence d'Hachem.

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-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim chap.21) écrit :
"L'homme pourrait aisément rester assis à rien faire et le décret s'accomplirait (à savoir ce qui lui a été octroyé du Ciel), si ce n'était le châtiment de toute l'humanité qui l'avait précédé selon lequel : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain" (Béréchit 3,9).
De ce fait, l'homme est tenu de fournir des efforts dans le but de pourvoir à ses besoins, puisque c'est ainsi que l'a décrété le Roi suprême, et cela constitue comme un impôt que toute l'humanité doit payer et dont elle ne peut s'affranchir. C'est ce que veulent signifier nos Sages lorsqu’ils disent : "Pourrait-on penser que l’homme demeure sans rien faire? C'est pourquoi la Torah écrit : ‘toute l'œuvre de tes mains que tu entreprendras’." (Sifri Dévarim 123).
Cependant, ce n'est pas que la Hichtadlout (les efforts personnels) détermine (sa subsistance) mais seulement que celle-ci est obligatoire. Dès lors, à partir du moment où il a fourni des efforts, l'homme est quitte de cette obligation, il a déjà donné à la bénédiction du Ciel la possibilité de s'accomplir, et il n'a donc désormais plus besoin de gaspiller tout son temps à courir.
Désormais, il ne lui incombe plus que de placer sa confiance dans son Créateur, et il ne doit donc plus du tout s'affliger de ce qui arrive dans le monde."

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-> Lorsqu'un homme se dit : je ferai comme cela, je réussirai et j'obtiendrai tant et tant, de cette manière ses projets n'aboutiront pas.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - Téchouva]

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-> Le rav Yaakov Israël Pozen dit que la dose de hichtadlout varie d'un homme à l'autre, en fonction de son bita'hon.
Plus l'homme a véritablement confiance en Hachem, moins il a l'obligation de hichtadlout.

S'il en fait trop, cette hichtadlout devient superflue : non seulement elle est inutile car la parnassa de l'homme est déjà prévue depuis Roch Hachana, mais elle constitue une faute et met l'âme en danger d'éloignement d'Hachem.

-> En vue de la rencontre prévue de Yaakov avec Essav, Yaakov devance l'arrivée de son frère en lui envoyant un cadeau particulier : "Il choisit, dans ce qui se trouvait en sa possession, un hommage pour Essav son frère" (Vayichla'h 32,14).
"De ce qui se trouvait en sa possession" = c'est-à-dire sans choisir, sans tri particulier, sans avoir examiné la qualité des bêtes envoyées.

=> C'est surprenant. Tout le but de Yaakov était de trouver grâce aux yeux d'Essav, alors pourquoi ne vérifie-t-il pas ce qu'il envoie?

Rabbi Aharon haCohen, le gendre du 'Hafets 'Haïm explique :
Lorsque Yaakov a vu, dans son rêve, que les anges prenaient du bétail du troupeau de Lavan, et le faisaient passer dans son troupeau à lui (Rachi - Vayétsé 31,10), il comprit que toute la hichtadlout qu'il avait effectuée avec les bâtons pour faire multiplier le troupeau, avait été superflue.
Du Ciel, on se préoccupait de se battre pour lui, on arrangeait tout sans son intervention.

Ce troupeau, gagné par sa hichtadlout disproportionnée (au regard de son niveau), était pour Yaakov un rappel constant de sa faute et il en voulait pas en profiter. C'est pourquoi il l'a envoyé à son frère Essav.
C'est donc ainsi qu'il faut comprendre le verset : "Il prit de ce qu'il avait sous la main en offrande à Essav" = ces bêtes qui lui étaient parvenues par ses mains, par ses efforts et sa hichtadlout [superflue], il les a envoyées à Essav.

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-> Le rav Yaakov Israël Pozen dit que le juif, qui est confiant que sa parnassa est décidée par Hachem, ne voit pas de raison de s'inquiéter ou de trop se fatiguer pour elle.
Il sait qu'en aucun cas, il ne pourra recevoir plus que prévu, et que la hichtadlout qu'il fera ne l'aidera pas non plus à recevoir l'argent avant l'heure qui a été programmée.

L'homme, convaincu qu'Hachem pourvoit à ses besoins, est toujours heureux de son sort et ne s'inquiète jamais du lendemain.
A propos de la manne, il est dit dans le verset (Béaaloté'ha 11,8) : "Le peuple errait pour la recueillir, puis on l'écrasait sous la meule ou on pilait au mortier".
Le Zohar haKadoch commente : "Le terme "errait" (chatou) vient de la même racine que "sot" (chatya/choté).
"Le peuple errait pour la ramasser" : ils sont sots, ceux qui se jettent par terre pour ramasser la manne puisque chaque bien de l'homme lui est réservé et viendra facilement à lui, sans même qu'il n'ait à se baisser!"

[on peut citer le Méam Loez (Béchala'h 16,36) :
"La manne tombait dans la maison et dans la bouche des juifs saints [donc ayant un fort bita'hon (en Hachem)] ... La manne leur tombait réellement dans la main, ils n'avaient plus qu'à la porter à leur bouche pour la manger.
Par contre, au sujet des réchaïm [donc ceux ayant peu de bita'hon], la Torah dit : "Le peuple s'éparpilla et ramassa [la manne]" (Bamidbar 11,8). Ce verset implique qu'ils devaient aller loin dans le désert pour ramasser la manne ..."]

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-> Rien ne vaut pour la subsistance que la émouna.
[Divré Israël]

"L'essentiel de la quête de la subsistance (parnassa) consiste à tourner son regard vers le Ciel avec foi et confiance en Hachem ...
Plus un homme dirige son regard vers le Ciel, plus il reçoit, car de la sorte il devient un réceptacle davantage apte à contenir l'abondance qui se déverse".
[Divré Israël - Vayigach 47,12]

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-> Le rav Yaakov Galinsky, au nom du rabbi Moché Rozenstein, enseigne :
Il apparaît une contradiction entre 2 notions dans le judaïsme.
D'un côté, on dit "Je crois d'une émouna entière que le Créateur a fait, fait et fera toutes les actions", et c'est Lui seul que nous devons remercier pour tout.
D'un autre côte, nous avons l'obligation de hichtadlout selon nos possibilités, comme si c'est nous qui agissions et engendrions des résultats, comme si notre hichtadlout était celle qui porte des fruits.
=> Comment concilier ces 2 notions?

La réponse est que toute la hichtadlout n'est valable que pour le futur.
La hichtadlout ne touche pas le passé.
En ce qui concerne le passé, nous n'avons que la conviction qu'Hachem a fait, fait et fera tout.
Celui qui pense que le résultat aurait été différent, s'il avait agi autrement, frise l'hérésie.

Si l'homme n'a pas fait une certaine hichtadlout, c'est le signe qu'il ne devait pas la faire. La réalité n'aurait pas pu être autre!

-> Le rav Yaakov Galinsky continue en disant qu'en vérité, c'est ce que dit expressément le verset : "L'homme est maître des résolutions de son cœur ; mais c'est Hachem qui détient la réponse de la langue" (Michlé 16,1).
Et Rachi explique : "L'homme planifie son projet et ses paroles dans son cœur, mais lorsqu'il vient à parler, Hachem le rend plus intelligent".

Combien de fois l'homme programme-t-il de dire telle ou telle parole, de riposter de telle façon, et finalement les mots qu'il a sur la langue sont avalés et remplacés par d'autres.
Il s'en veut alors : "Pourquoi n'ai-je pas dit cela?" Et il ne comprend pas que l'activité de la langue appartient à Hachem. Il était décidé qu'il parle de cette façon.

Qui avons-nous de plus grand que Rabbi Yo'hanan ben Zakaï, et que lui est-il arrivé?

Vespasien a accepté de répondre à une seule requête, et Rabbi Yo'hanan a demandé de sauver Yavné et ses Sages, au lieu de demander de lever le siège sur Jérusalem. Pourquoi?
Parce qu'il s'est dit que "Si je demande trop, il ne me donnera rien", ou parce que "Il force les Sages de reculer" (Yéchayahou 44,25).
Le Maharcha (guémara Guittin 56b) explique qu'à cause des fautes de la génération, Hachem a fait qu'il réponde ainsi. L'homme ne dit ni n'agit si Hachem ne veut pas qu'il dise ou agisse ainsi!
[...]

Lorsqu'il naît, l'homme pense qu'il va travailler, obtenir, agir et acquérir.
Lorsqu'il meurt et qu'il passe en revue tout ce qu'il a accompli, il comprend que c'est Hachem qui a œuvré et que c'est un grand 'hessed qu'Il nous fait en nous donnant l'illusion que nos actes portent à conséquence : "Oui, Hachem est la bonté, car Tu rémunères chacun selon son œuvre" (Téhilim 62,13).

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-> Le machguia'h rav Yé'hezkel Lévinstein dit qu'il y dans le monde des dizaines de milliers de bêtes qui se nourrissent des poubelles, et l'on a l'impression que personne ne se préoccupe d'elles, et qu'en outre, on les chasse de partout. Pourtant, elles continuent à vivre, à se multiplier, parce qu'Hachem nourrit toute créature, depuis les grands réem jusqu'aux œufs des poux.
=> S'il en est ainsi pour des animaux, à plus forte raison pour les êtres humains, créés à l'image d'Hachem : Hachem ne les abandonne pas sans nourriture.

-> Le "réem" est un animal de très grand taille qui ne lui permet pas de pourvoir seul à sa nourriture, et si ce n'était Hachem, il ne survivrait pas.

Le 'Hida (Midbar Kdémot 100,12) dit avoir trouvé un ancien parchemin de l'année 226 qui explique que le réem était un animal pur dont la gestation dure 12 ans. Durant la 11e année, la femelle bascule sur le flanc et est incapable de se relever.
Hachem la prend alors en charge complétement : une salive particulière sort de sa bouche et fait pousser des plantes autour d'elle, dont elle se nourrit durant les 12 mois qui la sépare de la mise à bas.

A ce propos, nos Sages (guémara Avoda Zara 3b) disent qu'Hachem "est assis et nourrit le monde entier, depuis le réem jusqu'aux œufs des poux", ces espèces-là, de par leur taille, ne peuvent se débrouiller seules pour trouver de la nourriture, soit parce que ces animaux sont trop grands, soit parce que les insectes sont trop petits.
Ils ont des difficultés à subvenir à leurs besoins, alors Hachem se préoccupe d'eux dans Sa grande bonté.

De la même façon, le roi David dit : "Il donne leur pâture aux bêtes, aux petits des corbeaux qui la réclament".
Rachi explique que le corbeau est cruel vis-à-vis de ses petits, et il ne leur donne pas à manger. Que fait Hachem?
"Il a pitié d'eux et leur apporte des moustiques, attirés par leurs excréments, qui se dirigent directement dans leurs bouches".
Cela se renouvelle jusqu'à ce que les petits corbeaux soient suffisamment grands pour être capables de voler et de chercher de la nourriture par eux-mêmes.

=> Si Hachem se préoccupe tellement de chaque créature, à plus forte raison qu'Il abandonne aucun être humain qui lève les yeux vers Lui et espère en son aide.
[d'après un divré Torah du rav Yaakov Israël Pozen]

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-> "Hachem t'a béni dans toutes les œuvres de tes mains ... Il connaissait ta marche à travers ce long désert ... Hachem ton D. était avec toi et tu ne manquais de rien" (Dévarim 2,7)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Dévarim 2 - rémez 808) demande : Que signifie "Il connaissait ta marche"? et il répond : "Il [Hachem] était au courant de ta fatigue, ta souillure, ta peine quand tu t'occupes de ta parnassa".

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Rimanov explique : "Je sais que l'homme se salit avec les inquiétudes de la parnassa et qu'elle le préoccupe et l'inquiète. Quel est le conseil pour éviter cela?
"Hachem ton D. est avec toi" = sache que c'est Hachem qui fait tout, c'est Lui qui te nourrit et qui donne à chaque créature ce dont elle a besoin. Toi occupe-toi simplement de hichtadlout.
De cette façon, "Tu ne manques de rien" = tu es garanti de ne manquer de rien, et également de ne jamais tomber dans le piège de la réussite ou de l'échec qui te rendent fou".

-> b'h, sur ce verset, voir également : https://todahm.com/2019/10/02/10641-2

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-> "Hachem dit à Moché : Je vais faire pleuvoir pour vous une nourriture céleste" (Béchala'h 16,4)
-> "[Hachem] fit pleuvoir sur eux la manne" (Téhilim 78,24)

Le rav Elimélé'h Biderman enseigne que la Torah utilise pour la manne le terme "pleuvoir" pour nous rappeler que : combien nous gagnerons d'argent, quand et comment, cela ne dépend pas de nous à l'image de la pluie. C'est entièrement dans les mains d'Hachem!
Nous ne pouvons rien faire pour avoir davantage de pluie (si ce n'est prier pour cela).
De même, il est impossible d'augmenter notre subsistance (sauf par notre prière). Certes nous faisons notre hichtadlout, mais le montant final obtenu ne changera pas, pas une goutte de plus, pas une goutte de moins.

-> 4 clés sont entre les Mains d’Hachem, qu’Il ne confie à aucun émissaire, pas même à un ange : la clef qui commande les naissances (‘haya – accouchement), la clef qui commande les pluies (guéchamim), la clef qui commande la résurrection des mots (té’hiat hamétim) et enfin la clef de la subsistance (parnassa).
[d’après la guémara Taanit 2a et 2b]

-> b'h, sur la notion que la subsistance est déterminée à Roch Hachana : https://todahm.com/2020/12/26/29603

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-> "Tout ce qui s'est passé à l'époque de la manne [la subsistance], se passe encore aujourd'hui, seulement la Providence d'Hachem était révélée à leurs yeux alors qu'aujourd'hui elle est cachée, quand bien même elle est similaire."
[rav Yérou'ham de Mir]

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-> Le Or'hot Tsadikim (Chaar HaSim'ha) écrit :
"(L'homme) devra être confiant qu'Hachem lui apportera la réussite dans ses entreprises et ne pas placer sa confiance en elles. Il pensera qu'elles ne sont qu'un moyen pour Hachem de lui apporter sa subsistance.
A l'instar du bûcheron qui fend le bois à l'aide de sa hache, bien que cette dernière constitue l'instrument qui coupe les bûches, la force nécessaire provient néanmoins de l'homme qui la saisit en main."

-> "Afin qu'Hachem ton D. te bénisse dans toute l'oeuvre de tes mains que tu entreprendras" (Réé 14,29) = selon nos Sages cela signifie que toute l'abondance dont un homme bénéficie, même s'il a travaillé durement pour l'obtenir ne lui est accordée que grâce à la bénédiction d'Hachem.

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-> "Le décret est vrai et l’empressement mensonger" (Vayéchev 37,15).
Le Rambam explique que cela signifie que l’homme ne gagnera exactement que ce qui a été décrété pour lui et tout empressement dans ce domaine et tout effort supplémentaire ne lui serviront à rien.
Si la richesse est son lot, il s’enrichira, même sans travailler davantage.

-> Le rav Shlomo Auerba'h a dit :
"Celui qui place sa confiance dans son métier et dans ses affaires et qui pense que ce sont eux qui lui apportent sa subsistance et qui pourvoient à ses besoins, ressemble à un idolâtre. En effet, qu’est-ce qui le différencie de ce dernier qui s'imagine que les astres et les constellations ont une influence sur l'abondance de ses ressources?
Il en est exactement de même de cet homme qui place sa confiance dans ses entreprises et dont il devient le serviteur en pensant que c'est d'elles que viendra son salut!"

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Au contraire, l'homme doit être parfaitement convaincu que la réussite de ses entreprises n'est qu'un canal par lequel Hachem lui envoie sa subsistance à chaque instant, et que tout ce qui lui est nécessaire lui parviendra, qu'il travaille ou pas pour l’obtenir.
Il devra toutefois agir selon l'ordre naturel du monde et accomplir sa part personnelle d'efforts afin de faire descendre cette subsistance de la main grande et généreuse du Créateur.

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-> "Tu te souviendras d'Hachem ton D. car c'est Lui qui te donne la force de réussir" (Ekev 8,18)

-> Le Yessod haAvod (2,8) commente :
"On nous enjoint par là à avoir la foi que tous les gains réalisés par un homme et l’obtention de sa subsistance, tout est dirigé par Hachem et n’existe que grâce à Son aide. Ce commandement constitue une des 613 mitsvot.
Grâce à cela, Hachem lui viendra en aide même dans les situations les plus difficiles.
Mais s’il pense : "C'est à la force de mon poignet que j'ai réussi", il ne bénéficiera pas de l'aide du Ciel et par conséquent, il ne pourra réussir dans ses entreprises."

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-> Le rav Pin'has Koritz enseigne que celui qui vit avec une confiance entière en D., Hachem le délivrera par des voies auxquelles il n'aurait jamais songé auparavant.

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-> L'une des raisons pour lesquelles nous devons faire hichhtadlout est de nous tester pour savoir si nous croyons que nous sommes la cause des résultats ou si nous croyons qu'Hachem l'est.
[ 'Hovot haLévavot - chaar HaBitachon 3]

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-> b'h, voir également le développement du rav Biderman dans le divré Torah : https://todahm.com/2022/03/30/36000

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-> Lorsqu'il s'agit de gagner sa vie, il existe 2 lignes rouges à ne pas franchir. II faut veiller à ne pas mettre sa santé en danger, et prendre soin de ne pas endommager son lien à Hachem avec des mensonges et des tromperies.
[Baal HaAkéda]

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-> Lorsqu'un homme atteint ses objectifs, il ne doit pas s'enthousiasmer à outrance en portant aux nues son talent et ses capacités. II doit plutôt être convaincu que toutes ses réussites sont dues à la bienveillance de Hachem.
['Hovot haLévavot - ch.4]

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-> Les efforts que l'on doit fournir à cause de la malédiction "Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front" (Béréchit 3,19) sont négligeables, comparés aux efforts que l'on doit déployer pour obtenir la bénédiction : "Béni soit l'homme qui a confiance en Hachem" (Yirmiyahou 17,7).
[l'Alter de Novardok]

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-> "Et Hachem, ton Seigneur, te bénira dans tout ce que tu feras" (Béchala'h 15,8).
Selon le Sifri, ces mots impliquent que nous devons agir et ne pas compter sur les miracles.
[il nous est ordonné de faire notre part dans notre relation avec Hachem. ]

-> Lorsqu'on a demandé au 'Hazon Ich combien de hichtadlout il fallait investir, il a répondu : "La hichtadlout, c'est comme frapper un clou dans le mur. Tant que le clou s'enfonce, vous continuez à frapper. Lorsqu'il commence à s'enfoncer de travers, on s'arrête".

-> L'obligation de hichtadlout ne s'applique que jusqu'à ce qu'une personne commence à attribuer le succès à ses propres efforts. Une fois que cela se produit, elle doit cesser immédiatement.
[rav Yé'hezkel Levenstein]

-> Le rav Aharon 'Hadach demanda un jour à son père : "Comment une personne peut-elle acquérir le bon équilibre entre le bita'hon et hichtadlout? N'est-il pas plus facile de choisir la solution qui n'exige aucun effort de sa part? Peut-être qu'une personne qui se contente de s'asseoir et de ne rien faire n'est pas vraiment un baal bita'hon. Peut-être préfère-t-elle simplement suivre le courant parce que l'effort est trop pénible".
Son père, rav Meir 'Hadach, répondit : "Le roi David dit dans les Téhilim que l'homme qui s'abrite en Hachem est heureux. Nous voyons ici que si votre choix vous laisse un sentiment de sérénité, c'est du bita'hon.

-> Étant donné que le bita'hon est plus important que le hichtadlout dans la matérialité, nous pourrions aborder la spiritualité avec la même attitude, à savoir que la principale contribution dans la spiritualité est le bita'hon et que le hichtadlout n'est qu'un facteur secondaire.
Cependant, le Sifté 'Haïm souligne qu'il existe une différence cruciale entre les deux : "En matière de matérialité, la hichtadlout requise est une pénalité qu'une personne doit payer, et il n'est pas bon d'ajouter au paiement de la pénalité [c'est-à-dire qu'il doit minimiser sa hichtadlout autant que possible].
En revanche, dans l'avodat Hachem, il doit faire autant de hichtadlout que possible et s'efforcer de toutes ses forces".

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-> Lorsqu'une personne sait avec certitude (à 100%) qu'Hachem va certainement lui fournir ce dont elle a besoin, mais qu'elle attend de voir par quels moyens merveilleux Hachem va le faire, Hachem ne retiendra pas Ses bénédictions, même par des moyens surnaturels.
[Béer Mayim 'Hayim]

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-> Malgré la nécessité de faire des efforts pour se procurer ce dont il a besoin, l'homme doit comprendre que toute sa hichtadlout ne lui sert absolument à rien pour arriver à ses fins, car c'est Hachem qui détermine sa subsistance.
Dans son travail, il doit simplement être comme quelqu'un qui exécute le décret du Roi, car c'est ce qu'Hachem a décrété pour lui : Il ne lui enverra sa subsistance qu'après ses efforts, comme le disent [nos Sages] dans le Midrach en commentant le verset (Iyov 5,7) : "L'homme est né pour l'effort", Hachem a décidé que si [l'homme] ne fait pas d'effort, il n'aura pas de quoi manger.
Après avoir fait ce qui lui incombe et payé sa dette (c'est-à-dire avoir rempli son obligation) en ayant une activité quelconque, l'homme doit avoir confiance qu'Hachem lui procurera sa subsistance, comme il est écrit : "Tourne ta voie vers Hachem, aie confiance en Lui et Il agira" (Téhilim 37,5).
[Beit haLévi - maamar haBita'hon]

-> Selon le rav David Sutton :
La seule chose qui a changé à cause de la faute d'Adam, c'est l'obligation de travailler. Notre subsistance reste fournie par Hachem seul, exactement comme au Gan Eden; la seule différence, c'est qu'à présent, nous devons faire des efforts.
Pour mieux comprendre l'idée que nos efforts ne sont pas la cause de notre réussite financière, nous devons nous rappeler qu'on voit souvent des gens qui travaillent dur dans un domaine mais qui finissent par gagner de l'argent d'une autre source. C'est parce qu'Hachem décide de nos revenus, et nous ne travaillons qu'à cause du décret divin. Il n'y a pas de relation de cause à effet directe entre notre travail et son résultat. (voir Ram'hal - Messilat Yécharim, ch.21 ; rav Eliyahou Dessler * Mikhtav méEliyahou, Vol.1)

La hichtadlout peut être comparée à la peine de travaux forcés. Un prisonnier proposerait-il de faire des heures supplémentaires? Sûrement pas!
Il en est de même pour la hichtadlout. Nous avons l'obligation de faire la hichtadlout nécessaire. Une fois que nous l'avons faite, nous pouvons nous détendre, car nous avons fait notre part.
Celui qui engage une hichtadlout supplémentaire et fait plus d'efforts que nécessaires ressemble à celui qui travaille au-delà des heures de travaux forcés auxquelles il a été condamné.

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-> L'homme doit comprendre aussi que s'il limite son occupation professionnelle et se renforce dans son bita'hon, il aura besoin de faire moins d'efforts, car [Hachem] lui procurera ses besoins par un métier facile et propre.
Par contre, plus un homme accroît son hichtadlout, l'approfondit et la considère essentielle, en conséquence [Hachem] lui fournit sa subsistance seulement après de grands efforts de sa part.
Comme le disent nos Sages, de mémoire bénie (voir Ramban, Chemot 3,13) : D. dit : "Comme tu es avec Moi, Je suis avec toi". Car le libre arbitre est donné à l'homme pour choisir le bien ou, D. en préserve, le contraire, [et l'homme peut choisir dans quelle mesure accomplir la mitsva de bita'hon.
Si un homme choisit d'avoir un haut niveau de bita'hon, il a atteint un haut niveau de « Je suis avec toi » de la part d'Hachem et il n'aura pas à faire une grande hichtadlout. ]
[Beit haLévi - maamar haBita'hon]

-> "Hachem est ton ombre protectrice à ta droite" (Téhilim 121,5).
Le midrach (cité par le Rambam - Chémot 3,3) explique qu'Hachem est comparé à l'ombre de l'homme. De même qu'une ombre bouge suivant les mouvements de l'homme, Hachem agit en fonction des actes de l'homme.

L'Alter de Novardok (Madrégat haAdam - Darké Bita'hon - chap.2) écrit que cette idée évoque le niveau de bita'hon de l'homme. Hachem traite une personne en fonction de son niveau de bita'hon : plus notre niveau de bita'hon est élevé, plus Hachem nous octroiera des bienfaits, mesure pour mesure.

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-> "Celui qui bénéficie du labeur de ses mains est plus grand que celui qui craint le Ciel" (guémara Béra'hot 8a).

=> Cette déclaration est étonnante. Est-il possible que celui qui passe sa journée au travail et n'a pas la crainte du ciel soit supérieur à celui qui a la crainte du ciel?

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - maamarim 1, 69 et 70) explique que les Sages parlent de deux hommes craignant D. : l'un gagne sa vie en travaillant et l'autre non.
Pourquoi celui qui bénéficie du labeur de ses mains est-il considéré comme supérieur?

Le rav Chmoulévitz répond que celui qui bénéficie de son labeur voit clairement, quotidiennement, qu'il ne peut pas compter sur sa hichtadlout. Il constate qu'il investit parfois beaucoup d'efforts dans une certaine entreprise qui ne réussit pas, mais que l'argent lui arrive ensuite par une source tout à fait inattendue. Cet homme voit constamment la façon dont Hachem s'occupe de lui.
Cependant, celui qui ne travaille pas, même s'il a la crainte du ciel, ne bénéficie pas de ces leçons constantes d'émouna et de bita hon.

Il ajoute que cet enseignement ne s'applique pas seulement à l'homme engagé dans le monde du travail, mais aussi à l'érudit de la Torah qui passe sa journée à l'étude. Cet homme voit constamment la présence d'Hachem.
Il reconnaît qu'Hachem lui donne l'intelligence pour comprendre ce qu'il étudie, et qu'Il lui répond lorsque, devant une difficulté dans l'étude, il L'appelle par la prière.
Bien que la hichtadlout fût au départ une punition pour la faute d'Adam, aujourd'hui, dans le monde d'après la faute, c'est une occasion de renforcer notre bita'hon.

-> Rabbi Yossef Dov Soloveitchik (le Beit haLévi - dans son maamar haBita'hon) écrit :
Notre subsistance nous parvient au prix de grands efforts seulement, à cause de nos nombreuses fautes. Car [Hachem] nous envoie notre subsistance couverte sous "l'enveloppe" du travail, c'est-à-dire d'une façon où la subsistance est le fruit de nos efforts, afin qu'il ne soit pas évident aux yeux de tous que c'est le Créateur qui nourrit et subvient aux besoins de tous les êtres vivants.
Mais en réalité, l'effort et le travail ne sont qu'un bandeau sur les yeux demandé à l'homme afin qu'on ne voie pas la grandeur d'Hachem, c'est-à-dire que c'est Hachem, plutôt que nos efforts, qui nous fournit notre subsistance ...

Mais malgré le décret divin nous imposant de travailler pour notre subsistance, notre travail ne sert en réalité à rien, comme le disent [nos Sages - Kidouchin 4,14] : "ni la pauvreté ni la richesse ne proviennent du métier. Seule la bénédiction d'Hachem enrichit" (Michlé 10,22).

Le lecteur ne doit pas penser qu'il n'est pas nécessaire de travailler, car au contraire, la Torah veut que chaque homme jouisse du travail de ses mains, comme le disent nos Sages (guémara Béra'hot 8a) : "Celui qui bénéficie du labeur de ses mains est plus grand que celui qui craint le ciel".
... Un homme doit comprendre que le travail ne peut produire de résultats que par la bénédiction d'Hachem.

"Tu seras un objet de terreur pour tous les royaumes de la terre" (Ki Tavo 28,25)

-> Tout au long de l’Histoire, on a pu constater combien les nations ont pu repousser et éprouver du dégoût pour le peuple juif, à un point qui défie la logique. Il est intéressant de se demander pourquoi Hachem a fait qu’il en soit ainsi.
Le rav Yérou’ham halevi Lévovitch de Mir l’explique en comparaison avec un père qui cherche à protéger ses enfants de jeunes voisins qui pourraient exercer une mauvaise influence sur eux. Malgré les leçons, les mises en gardes et les sanctions, ses enfants persistaient à conserver ces fréquentations. Alors en désespoir de cause, le père alla trouver les familles des voisins et leur annonça que ses enfants ont contracté la maladie des ulcères qui abîme la forme de la peau et qui est très contagieuse. A partir de ce jour, les voisins commencèrent à éviter ces enfants et les fuir comme on fuit la peste. C’est ainsi que le père réussit à protéger ses enfants de mauvaises influences.

Hachem agit de la même façon avec Son peuple qu’Il aime tant et cherche à protéger spirituellement et moralement des dépravations et des comportements légers des autres nations. Quand Il constate que les Juifs ne se méfient pas et se rapprochent un peu trop de personnes étrangères, aux idées et mœurs dangereuses pour leur sainteté, alors Hachem met dans leur cœur l’idée et la conviction que le peuple Juif est répugnant et qu’ils doivent s’en éloigner avec dégoût.
De la sorte, Hachem parvient à préserver malgré tout l’intégrité de son peuple. Si nous ne savons pas nous protéger par nous-même, de Son côté Hachem ne nous laissera pas nous abîmer, et même contre notre gré, Il veillera à notre véritable bien en éveillant la haine et le dégoût des nations envers nous, pour nous éloigner des souillures spirituelles, même contre notre gré. Car même si nous, nous ne connaissons pas quel est notre véritable bien, Hachem Lui le connaît et nous aide à l’obtenir en forçant parfois un peu les choses, par amour véritable pour nous.