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"Des agneaux d’un an intègres, 2 par jour, holocauste quotidien" (Pin'has 28,3)

-> Rachi explique que le sacrifice quotidien du matin était abattu au côté ouest et celui du soir au côté est.

-> On peut l’expliquer de la façon suivante.
- Le matin symbolise la réussite, lorsque le jour se lève. Mais celui qui voit la réussite lui sourire risque d’en venir à ressentir de l’orgueil.
Pour s’en prémunir, il faut se rappeler que la roue tourne et que le “soleil” de la réussite peut aussi se coucher et qu’il faut donc rester humble.
=> Pour se rappeler de cela, l’offrande du matin était abattue à l’ouest, point cardinal où le soleil se couche.

- D'autre part, le soir symbolise les échecs. Mais celui qui voit ses entreprises échouées risque de tomber dans le découragement et la tristesse.
Pour s’en prémunir, il doit se rappeler que la roue du malheur aussi tourne et que le soleil se remettra à briller pour lui et il doit donc garder espoir.
=> C’est ainsi que l’offrande du soir était abattue à l’est, point cardinal où le soleil se lève.

[le Vayaguèd Yaakov]

"Ce peuple résidera seul" (Balak 23,9)

-> Le Panim Yafot explique cette bénédiction de la façon suivante :
Nos Sages disent que lorsque Hachem juge le monde, Il commence par juger le peuple juif avant les autres nations. En effet, cela est un moyen de juger Israël avant que la Colère Divine ne s’éveille.
Car s’Il jugeait d’abord les autres nations, à la vue de leurs fautes, la Colère Divine risquerait de s’éveiller, et quand Il jugera ensuite Israël, Il le fera avec un "fond" de colère.

Pour éviter cela, Hachem juge en 1er le peuple juif, tant qu’il n’y a pas encore de colère.
C’est en ce sens que Bil'am dit : "Ce peuple résidera seul", c’est-à-dire que quand ils comparaîtront devant Hachem pour être jugés, ils seront encore seuls. Les autres nations ne se seront pas encore présentées, et ils seront alors les 1ers à se faire juger, ce qui est une bénédiction.

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-> "Ce peuple résidera seul, il ne se confondra point avec les nations" (Balak 23,9)

Lorsque les juifs n’essaient pas de se confondre avec les autres nations, ils vivent en paix.
Dans le cas contraire, ils perdent alors toute importance aux yeux des non-juifs.
[Haémek Davar – Rabbi Naftali Zvi Yehouda Berlin]

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-> Le mot : "lévadad" (seul - לְבָדָד) a une valeur numérique de 40, pour évoquer les 40 jours pendant lesquels la Torah a été donnée à Moché.
Quand les juifs étudient la Torah qui a été donnée en 40 jours, alors ils deviennent "seuls", dans le sens qu'aucune nation au monde ne peut leur faire de mal, et qu'ils ne se mêlent pas aux nations.
Lorsque les juifs ne prennent pas en considération la culture des autres peuples, ils ne subissent aucun dommage, ni de leurs armes ni de leur influence.
=> Nous apprenons de là qu'il faut toujours préparer un "lieu de Torah" partout où nous allons, c'est notre ancre de sauvetage en tous lieux et en tout temps.
[à l'image de Yaakov qui envoya en avant Yéhouda installer des maisons d'étude en Egypte]
[rabbi David Pinto]

"Balak fils de Tsipor a vu" (Balak 22,2)

=> Qu'est-ce qu'il a vu?

-> Le Zohar explique que Bil'am s’opposait à Moché par sa force de la parole, et Balak s’opposait à Aharon par sa force de l’action.

A présent que Aharon était décédé, Balak a senti qu’il pouvait attaquer Israël. Et en réalité, il pouvait nuire à Israël par sa propre force, car Aharon n’était plus là face à lui.
Cependant, Hachem a “saboté” son plan, et dans Sa Bonté, Il lui a mis dans le cœur de faire intervenir Bil'am pour cela.
Seulement, Bilam ne pouvait pas réussir, car la force de Moché se tenait toujours contre lui.
[Sfat Emet]

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-> "Un ange du Seigneur se mit sur son chemin pour lui faire obstacle" (Balak 22,22)

-> Cette créature était un ange de miséricorde car le verset emploie l'expression "mala'h Hachem" ; ce Nom Divin évoque toujours l'attribut de bonté.
Cependant, pour Bil'am, il se transforma en une force tourmentante, mesure pour mesure.
Comme Bil'am avait voulu usurper la force de parole des Bné Israël ("La voix est celle de Yaakov - Béréchit 27,22) pour les frapper d'une malédiction, l'ange de compassion prit le rôle d'un guerrier.
"Tu as empiété sur leur domaine, aussi j'empiéterai sur le tien, celui de l'épée, comme il est écrit : "Tu vivras par ton épée" (Toldot 27,40).

Le verset poursuit en disant que l'ange se tenait sur la route, l'épée dégainée ('hérev chéloufa).
Le mot chéloufa évoque cet aspect de "mesure pour mesure" dont nous venons de parler.
Il est composé des mots : "chélo" (à lui) et "pé" (la bouche).
L'ange dit : "Tu as pris l'arme qui caractérise Israël, celle de la bouche, ainsi j'ai pris l'épée qui te caractérise".
Bil'am trouva donc plus tard la mort par l'épée, comme il est écrit : "Ils tuèrent aussi Bil'am, fils de Béor, par l'épée" (Mattot 31,8).
[Méam Loez - Balak 22,22]

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-> "Hachem s'est mis en colère car il est allé" (Balak 22,22)

Le 'Hakham Tsvi commente :
Le sens simple de ce verset est que quand Hachem vit que Bil'am partait malgré tout pour maudire les juifs, cela L'énerva. Mais on peut y voir un second degrés.
Nos Sages disent que chaque jour, Hachem se met en colère un court instant. Ceci est nécessaire pour l'équilibre du monde. De plus, Bil'am connaissait le moment où Hachem se met en colère. C'est à ce moment précis qu'il souhaitait maudire Israël, pour causer des dégâts.
C'est pourquoi, pendant toute cette période, Hachem ne se mit pas en colère, pour ne pas que Bil'am maudisse les juifs à ce moment.
=> De ce fait, pourquoi notre verset dit-il qu'"Hachem s'est mis en colère"? Cela était risqué!

En fait, nos Sages disent que quelqu'un qui marche, doit s'arrêter pour prier (la Amida), car on ne peut pas bien se concentrer quand on marche. Or, Bil'am devait beaucoup se concentrer pour identifier précisément l'instant de la colère Divine. Il ne pouvait donc pas le faire en marchant. C'est pour cela qu'"Hachem s'est mis en colère" à ce moment là sans qu'il n'y aie aucun risque.
La raison est donnée par le verset lui-même : "Car il est allé", que l'on peut aussi traduire par : "Car il a marché". Et du fait qu'il marchait, il ne pouvait pas se concentrer. Hachem pouvait donc ''profiter'' de ce moment pour appliquer la colère de ce jour-là.

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-> b'h, pour prolonger cela, cf. divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2019/10/02/10535-2

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"Car je sais que celui que tu bénis est béni et celui que tu maudis sera maudit" (Balak 22,6)

=> Si Balak est conscient de la force de bénédiction de Bilam, tout autant que sa force de malédiction, alors au lieu de lui demander de maudire le peuple juif, pourquoi ne lui a-t-il pas plutôt demandé de bénir son peuple, le peuple de Moav?

C’est que les nations qui haïssent Israël ne cherchent pas leurs propres intérêts et avantages, mais elles ne cherchent qu’à faire du mal au peuple juif.
Encore plus que d’être intéressé à être béni, ce que cherche Balak c’est surtout de maudire le peuple juif.
=> Ainsi, même si parfois par cela, les nations se causent des dégâts à elles-mêmes, ce qui compte pour elles avant tout, c’est de faire souffrir les juifs.
[Beit Rama]

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-> "Car je sais que ce que tu avais bénis était béni et ce que tu maudiras sera maudit" (Balak 22,6)

=> Pourquoi Balak a dit à Bilam "ce que tu avais bénis était béni" au passé, alors que "ce que tu maudiras", il l’a dit au futur.

Le Kli Yakar explique de la façon suivante :
C’est que Bilam le racha savait ce que voulait Hachem et regardait le mazal de chacun.
Quand il regardait le mazal de quelqu’un et voyait qu’il était béni, il s’approchait de lui pour le bénir, et celui-ci constatait que les bénédictions de Bilam se réalisaient, il lui en était reconnaissant, s’attachait à lui, et ne se doutait pas que de toutes façons ces bénédictions figuraient dans son mazal et qu’il n’avait nul besoin des bénédictions de Bilam.
Mais Balak, qui connaissait la sorcellerie et l’escroquerie de Bilam, le lui a reproché ouvertement en disant : "car je sais que ce que tu avais béni était béni" (au passé), c’est-à-dire que tu n’as pas à te vanter de tes bénédictions parce que de toutes façons les gens que tu bénissais étaient déjà bénis dans leur mazal, et ce ne sont pas tes bénédictions qui ont agi, mais je sais que ce que tu maudiras sera maudit (au futur), c’est-à-dire que toute ta grande force est seulement dans la malédiction pour nuire aux gens, c’est pourquoi je veux que tu viennes maudire Israël.

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-> "Et maintenant, viens je te prie me maudire ce peuple" (Balak 22,6)

Le Chla haKadoch (Chné Lou'hot haBrit) écrit :
L’homme doit faire très attention à ne pas dire de paroles imprudentes. Car même s’il parle sans intention, il attire la chose sur lui.
Balak a dit : "Viens me maudire", sa bouche a provoqué qu’en fin de compte, il l’a maudit.

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"J’ai reçu la mission de bénir, Il a béni et je ne puis revenir en arrière" (Balak 23,20)

=> Pourquoi Bilam dit-il qu’à présent que le peuple juif a été béni, il devient impossible de revenir sur cette bénédiction? A priori, pourquoi ne pourrait-il pas désormais essayer de nouveau de maudire?

En réalité, lors d’une des prises de parole passée de Bilam, il a adressé tellement de bénédictions au peuple juif qu’il s’est même souhaité de connaître la même fin que celle qui arrivera à Israël.
["Puisse-je mourir comme meurent ces justes et puisse mon avenir ressembler au leur" (Balak 23,10)]

=> Ainsi, si à présent il maudit le peuple juif et lui prédit du mal, il s’avérera que par cela il se maudira en même temps à lui-même, car il a déjà dit qu’il lui arrivera la même fin qu’à Israël.
Dès lors, il ne peut donc plus revenir en arrière et les maudire, car indirectement, c’est lui-même qu’il maudira.

[Ktav Sofer]

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+ " Il [Bil'ham] déclara sa parabole et dit : ... Viens maudis pour moi Yaakov, et viens éveille la colère contre Israël" (Balak 23,7)

-> Et lorsque je les maudirai, n'est-ce pas moi-même, en fait, que je maudirai? Car Avraham a reçu la bénédiction : "Celui qui te maudira, Je maudirai" (Lé'h Lé'ha 12,3).
La Torah rapporte que Bil'am a employé les mots : "lékha ora li Yaakov" (va maudire Yaakov pour moi - Balak 23,7).
Le mot "li" (pour moi) montre que Bil'am disait : "Si je maudis Yaakov, c'est moi-même (li) que je maudis".
A ce sujet, on remarquera dans la Torah que le mot "li" accompagne chaque rappel de la malédiction.
La Torah souligne que quiconque invoque une malédiction sur le peuple juif se maudit lui-même.
[Méam Loez - Balak 23,7]

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+ "Ceux qui te bénissent sont bénis et ceux qui te maudissent sont maudits" (Balak 24,9)

-> Le Méam Loez commente :
On remarquera que lorsque Its'hak bénit Yaakov, il commença par dire : "Ceux qui te maudissent sont maudits" et termina par : "et ceux qui te bénissent sont bénis" (Toldot 27,29).
Dans notre verset, l'ordre est inversé.
La raison en est que Its'hak aimait son fils , il commença donc par une malédiction afin de pouvoir terminer ses paroles sur une bénédiction.
Bil'am, l'ennemi des Bné Israël, commença par une bénédiction afin de pouvoir finir par une malédiction. En effet, les derniers mots qui sortent de la bouche d'un homme sont l'expression de sa réelle volonté.
Ainsi, parce que le racha Bil'am termina par une malédiction, chaque fois que les Bné Israël commettent des transgressions, les 9 bénédictions qu'il a prononcées se transforment en malédictions.
Cependant, comme la première concernait les synagogues et les maisons d'étude, elle reste intouchable.

[d'ailleurs, D. préserva cette bénédiction par compassion, car Il savait que grâce à elle les Bné Israël pouvaient espérer recevoir les autres (la Torah permet de connaître les lois, et donc d'être guidé sur le bon chemin. Cela évite que les autres malédictions restent en vigueur puisqu'Israël ne faute plus), car D. ne ferme les portes du repentir devant personne.]

"Israël s’installa à Chitim, et le peuple commença à se pervertir avec les filles de Moav" (Balak 25,1)

Quand le peuple juif est appelé : "Israël", cela évoque les grands du peuple. Mais l’appellation : "peuple" évoque les gens simples (la populace).
D'autre part, le terme "Chitim", vient de la racine "Choté" qui évoque la folie.

Ainsi, quand "Israël", c’est-à-dire les grands du peuple, les Sages et les dirigeants, "s’installent à Chitim", et se comportent de façon insensée (avec folie) en diminuant leur investissement dans l’étude de la Torah, alors le "peuple" les gens simples, "commencent à se pervertir".

=> L’essentiel des fautes que commet le peuple, commence par une négligence au niveau des chefs et des Sages, car ce sont eux les exemples. Quand ils se relâchent, cela entraîne une chute spirituelle au niveau du restant du peuple.
Grande est leur responsabilité !

['Hatam Sofer]

[chacun à notre niveau, nous pouvons être considérés comme "modèle" religieux (comme un sage aux yeux d'autrui, car plus pratiquant). Ainsi, si nous baissons dans notre pratique, alors nous risquons d'entraîner que ces autres personnes baissent également dans leur pratique (en effet : si lui qui est si religieux se permet d'agir ainsi, alors à plus forte raison pour moi!).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1194) enseigne :
Nos Sages (guémara Sanhédrin 106a) interprète le verset : "Israël s’établit à Chitim. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moav" (Balak 25, 1) : "Que signifie à Chitim? Rabbi Yéhochoua explique qu’ils s’occupèrent de vanités (chtout), suite à quoi ils fautèrent avec les filles de Moav".
Il en ressort qu’ils commencèrent à s’investir dans de vaines occupations, lesquelles les menèrent ensuite à la débauche, ce qui corrobore un autre enseignement de nos Maîtres : "L’homme ne faute que si un vent de folie (chtout) s’est introduit en lui" (guémara Sota 3a).

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-> "Israël s’établit à Chittim" (Balak 25,1)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch écrit :
"Il faut savoir, pourquoi on nous donne cette information ... Il semble qu’elle vienne témoigner de la raison de la débauche. Elle se produisit parce que le peuple sortit se promener à l’extérieur du camp d’Israël ... Là-bas, ils trébuchèrent, et c’est ce qui est écrit : "(Il) s’établit à Chittim", à savoir à l’endroit où ils allèrent se promener en dehors du camp.
Le terme ‘chittim’ évoque la ‘promenade’, comme dans le verset (11,8) : "Le peuple se dispersa (Chattou) pour la recueillir (la manne)" au sujet duquel Rachi explique que le terme employé ‘chayate’ est un langage de promenade.
Ce fut la raison qui poussa le peuple à la débauche".

=> Ce commentaire nous enseigne combien il faut veiller à ne pas fréquenter des lieux qui sont contraires à la sainteté et en particulier à celle du regard.

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"Israël était installé à Chittim quand le peuple commença à fauter les jeunes filles moabites.
[Les jeunes filles] invitèrent le peuple à leurs sacrifices religieux ; le peuple mangea et adora les dieux [moabites]. Israël s'attacha à Baal Péor et D. s'emporta contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Le Méam Loez commente :
Avant de repartir chez lui, Bil'am dit aux anciens de Moav et Midiane :
"Sachez bien que même si vous parveniez à mobiliser toutes les armées du monde contre les Bné Israël, vous ne pourriez pas les vaincre. Etes-vous plus puissants que Pharaon qui prit 600 chars conduits par des guerriers d'élite et tous les corps de chariots accompagnés d'infanterie (Béchala'h 14,7)? Pourtant, il finit par sombrer dans la mer!
Si vous voulez sérieusement vaincre ce peuple et vous débarrasser de cette menace, faites ce que je vous conseille :
Tant que les Bné Israël accomplissent Sa volonté, Hachem combat pour eux ...
Par contre, si les Bné Israël ne Lui obéissent pas, Il les laisse à la merci de leurs ennemis.
D. exècre l'immoralité. Entraînez-les donc à commettre une faute de mœurs!

Exploitez le fait que ce peuple a vécu longtemps en Egypte, ce pays où le coton pousse en abondance.
Ils n'en ont pas vu pendant ces 40 dernières années. Tout au long de leur route, depuis la montagne de Chénir jusqu'à Beit Yéchimon, installez des tentes où des prostituées impudiques vendront du coton.
Les hommes juifs seront attirés par cette marchandises qu'ils n'ont pas vue depuis longtemps et les prostituées pourront les entraîner à la faute. Ainsi, peut-être sera-t-il possible de les vaincre".

Après avoir donné ce conseil, Bil'am rentra chez lui et Balak s'en fut de son côté.
Conformément aux instructions de Bil'am, Balak installa des étals le long de la route des Bné Israël.
A l'intérieur de chaque tente, une prostituée provocante attendait les clients. A l'entrée, des femmes plus âgées exhibaient sur leurs bras des articles en coton. Chaque fois qu'un homme israélites sortait de chez lui, rassasié et de bonne humeur, ces femmes l'appelaient pour vanter leur marchandise.
Bien que les Bné Israël aient perdu tout intérêt pour le coton, ils furent néanmoins attirés vers les tentes pour en acheter ou pour marchander. Lorsqu'ils s'approchaient, une jeune femme aguichante et couverte de bijoux apparaissait à l'entrée, les invitait à l'intérieur et engageait la conversation.
Elles disaient : "Ne sommes-nous pas issus du même ancêtre, Téra'h, le père d'Avraham? Pourquoi cette haine entre nous? Nous vous admirons et vous respectons beaucoup. Ce serait humiliant de vous vendre ces objets de coton. Prends-les donc gratuitement!"

Dès qu'un Bné Israël était attiré à l'intérieur de la tente par les ruses de la prostituée, elle lui offrait à boire et à manger.
S'il refusait et demandait à consommer sa propre nourriture, elle répondait avec obligeance : "Mais bien sûr! Prends donc le bouc ou le mouton que tu désires et égorge-le avec ton propre couteau selon les instructions de ton D.! Je ne voudrais certes pas que tu transgresses Ses commandements. Mange-le comme si tu étais chez toi ; après tout, nous ne sommes pas étrangers l'un à l'autre!"

Elle lui versait du vin. Alors qu'il commençait à boire car à cette époque il n'était pas interdit aux Bné Israël de boire le vin d'un non-juif, son instinct naturel s'éveillait et son désir pour elle grandissait.
Elle le repoussait : "Pourquoi es-tu si impatient? Je suis là quand tu voudras? Pourquoi ne pas commencer par préparer ta nourriture? Pourquoi ne pas prendre cet oiseau et l'égorger avec ton couteau? Et pourquoi ne pas me faire plaisir et l'égorger devant mon idole, Baal Péor? Je t'assure que cela ne te causera aucun mal".
Alors cet homme qui avait bu le vin de la femme cherchant à le détourner du bon chemin et avait été envahi par le poison du désir pour elle égorgeait l'oiseau devant Baal Péor. Après avoir mangé et bu en sa compagnie, il insistait pour avoir des relations avec elle mais elle refusait : "Je ne viendrai pas à toi avant que tu aies adoré cette idole!"
L'homme répondait : "Comment oserais-je faire une chose pareille? Je suis juif, cela nous est interdit!"
Elle disait alors : "Je ne te demande pas d'honorer l'idole ou de te prosterner devant elle! Au contraire, je te demande de l'humilier en faisant tes besoins devant elle".
Puis la femme païenne continuait à refuser ses avances en disant : "Tu ne t'approcheras pas de moi si tu ne nies pas les enseignements de ton maître Moché".
A ce moment-là, totalement dominé par la passion, l'homme faisait tout ce qu'elle demandait.

Comme tout cela était arrivé à cause du vin, Pin'has décréta, après cet épisode, qu'il serait désormais interdit à un juif de boire le vin d'un non-juif.
Cette loi fut proclamée avec l'approbation de notre maître Moché et des 70 anciens qui prononcèrent le Nom explicite de D. inscrit sur les Tables de la Loi.
La sévérité de l'interdiction de boire le vin d'un non-juif est donc renforcée : c'est non seulement un décret de nos Sages (midéRabbanane) mais aussi l'objet d'un anathème invoqué par les tribunaux terrestre et céleste avec le Nom explicite de D.
Aucun anathème de cette sévérité n'a été prononcé pour une autre interdiction.

Cet épisode se produisit à Chittim, l'endroit où les Bné Israël commirent la folie (chtout, même racine que chittim) de se pervertir avec les filles de Moav et de se soumettre au culte humiliant de Péor.
Cette idole portait le nom de Péor parce qu'il fallait découvrir (paar) ses parties intimes devant elle.
[...]

La colère de D. s'abattit sur les Bné Israël et les frappa d'une épidémie. Partout où se trouve l'immoralité, elle entraîne un bouleversement et une destruction qui anéantissent les innocents comme les coupables.

"C’est pourquoi, il est dit dans le livre des guerres d’Hachem" ('Houkat 21,14)

Les nations du monde font la guerre en utilisant des armes, mais les guerres que font les juifs, qui sont "des guerres d’Hachem", ils le font avec "le livre", allusion à l’étude de la Torah.
L’essentiel de la victoire du peuple d’Israël contre leurs ennemis s’obtient grâce à l’étude de la Torah qui se renforce dans notre peuple.

[Rabbi Méir Chapira de Lublin]

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-> Le Méam Loez écrit sur ce verset :
Dans le livre des Guerres d'Hachem, les sages de l'époque consignèrent les grandes batailles et les événements miraculeux.
On appelait ces sages des mochlim, des auteurs de paraboles, car ils écrivaient les faits sous forme de paraboles et de métaphores.
Ce livre s'intitulait le "Livre des Guerres d'Hachem" car toutes les guerres se déroulent suivant le plan de D.

Au début de l'exil, ce livre et de nombreux ouvrages écrits par ces hommes célèbres furent perdus, parmi eux ceux du prophète Nathan, ceux du prophète Ido, les chroniques des rois du royaume d'Israël et les poèmes et paraboles du roi Chlomo.

"Car vous traversez le Jourdain pour entrer au pays que Hachem, votre D., vous donne et pour le conquérir. Quand vous l'aurez conquis et que vous y demeurerez" (Réé 11,31)

-> Les mots : "vous traversez le Jourdain" semblent ici superflus car les juifs ne pouvaient entrer en terre sainte qu'en traversant ce fleuve.

En réalité, la Torah fait allusion au miracle qui allait se produire : le fleuve allait s'ouvrir en deux pour permettre au peuple juif de le traverser à pied sec.
Ce prodige allait être le premier parmi de nombreux autres miracles au cours de la conquête et de l'occupation du pays.
Ce miracle était le signe que le Ciel continuerait à aider les juifs.

Hachem a ordonné de prononcer les bénédictions et les malédictions dès l'entrée des juifs en terre sainte [d'Israël] afin qu'ils se rendent compte que leur existence ne suivrait pas un cours naturel.
En effet, loin d'être déterminés par le hasard, les juifs allaient choisir leur destinée en optant pour la voie de la bénédiction ou celle de la malédiction.

[le Sforno - rapporté dans le Méam Loez]

"Qu'elles sont belles tes tentes, Ô Yaakov! Tes demeures, Ô Israël!
Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d'un fleuve ; D. les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord de l'eau" (Balak 24,5-6)

-> Le Min'hat El'azar (rabbi 'Haïm El'azar de Munkatch) d'enseigner :
Selon les guémara (Sanhedrin 105b), les tentes mentionnées dans ce verset représentent les synagogues et les lieux d'étude qui sont disséminés dans le monde. Cela étant, la métaphore les comparant à des fleuves semble inappropriée.
En effet, un bâtiment solide comme une synagogue ou une salle d'étude ne peut pas s'écouler comme un fleuve.

Nos Sages (Méguila 29a) nous enseignent qu'au temps du machia'h, toutes les synagogues et les lieux d'étude seront transportés en terre d'Israël.
Ayant cela à l'esprit, la métaphore prophétique est assez appropriée.
Effectivement, les synagogues et les maisons d'étude s'écouleront en cascade vers la terre d'Israël comme un fleuve, vers Jérusalem en un torrent puissant.
Là, les millions de fidèles et d'étudiants trouveront un vaste espace dans l'étendue sans fin de la cité.
Puisse cela s'accomplir, rapidement de nos jours. Amen!

"Au bout de 40 jours, Noa'h ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'Arche" (Noa'h 8,6)

-> Le Yichma'h Israël (l'Alexander rabbi) enseigne :
Nos fautes créent un mur qui nous sépare de notre Père Céleste.
Les tsadikim, les hommes saints de chaque génération, à travers leur propre pratique des mitsvot percent ce mur, ouvrant des trous aussi grands que des fenêtres.

Ainsi, sous un angle spirituel, le verset véhicule cette pensée : "Noa'h ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'Arche" = à travers ses prières, Noa'h, le tsadik, fit une ouverture dans le mur qui séparait l'homme à D.

"Le jour même tu donneras sa paie (à ton employé) ..., car il est pauvre ... et il n’implorera pas Hachem sur toi" (Ki Tétsé 24,15)

-> Le sens simple de ce verset est que l’on doit payer le salaire de son employé le jour même, pour ne pas que dans la détresse de sa pauvreté, il n’implore Hachem “sur toi”, c’est à dire contre toi.
Ce verset conclut : "Et ce sera pour toi une faute" = d’avoir entraîné sa détresse.

-> Le Imré Shéfer ajoute que l'on peut expliquer ce verset autrement.
Quand quelqu’un est pauvre et manque du nécessaire, cela le trouble et le perturbe, et il ne peut plus servir Hachem sereinement. Une des conséquences de cela est que ses prières régulières manqueront de ferveur et de clarté, car il sera perturbé par ses besoins qui lui manquent.

Ainsi, la Torah recommande de payer le salaire de son employé le jour même , car comme il est pauvre, s’il lui manque le nécessaire, "il n’implorera pas Hachem sur toi", c’est-à-dire qu’il ne pourra pas implorer Hachem et prier vers lui sereinement.
Puisque sa prière en sera perturbée, alors cela sera “sur toi”, à comprendre dans le sens de “à cause de toi”.

=> A cause du fait que tu ne l’auras pas payé, il sera préoccupé par ses besoins, et à cause de toi, il ne pourra pas prier comme il se doit.
"Et ce sera pour toi une faute" = c’est-à-dire que le fait d’avoir provoqué qu’il ne puisse pas prier convenablement, cela aussi te sera compté comme une faute. Et sur ce détail aussi, tu devras rendre des comptes.

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-> "Le jour même, tu lui remettras son salaire (béyomo titen sékharo - בְּיוֹמוֹ תִתֵּן שְכָׂרוֹ) avant que le soleil se couche; car il est pauvre, et il attend son salaire avec anxiété. Crains qu’il n’implore contre toi le Seigneur, et que tu ne sois trouvé coupable» (Ki Tétsé 24,15).

C’est un Commandement de la Torah que de payer le travailleur dans le jour même où il a effectué son travail. S’il l’a effectué le soir, on a jusqu’au lendemain dans la journée pour lui payer.
On apprend que celui qui retient le salaire de l’employé et comme s’il lui enlevait son âme, la vie ; car pourquoi est-il monté sur l’arbre et a risqué sa vie, n’est-ce pas pour gagner son pain? [guémara Baba Métsia 112a]

Ainsi fera-t-il attention d’accomplir cette mitsva : "Le jour même, tu lui remettras son salaire", car c’est une grande mitsva puisque le travailleur donne son âme pour ce salaire. [‘Hida]

Hachem veut que nous développions en nous les sentiments de pitié et de bonté, afin d’assurer à chaque être humain ce qu’il lui faut, à l’heure du besoin. C’est ainsi que nous mériterons nous-mêmes de bénéficier de ses bienfaits. [Séfer Ha’hinoukh]

Notre verset fait référence à la récompense des Temps messianiques relative au Service Divin accompli dans ce monde-ci : "Puisque chaque juif a la capacité d’amener la Délivrance" (comme l’enseigne le Rambam - Hilkhot Téchouva 3,4 – lorsqu’il écrit que n’importe quelle mitsva peut déclencher la délivrance pour le monde entier), il y a donc aussi aujourd’hui pour chaque juif la récompense qui appartient aux Temps messianiques, et il ne lui reste qu’à la dévoiler à travers l’ajout d’une bonne action" [Likouté Si’hot]
Notre verset indique ainsi à quel point il est vital d’attendre la Guéoula et de réclamer d'Hachem qu’Il hâte notre Délivrance.
En effet, se référant à notre verset, le ‘Hafets ‘Haïm déclare : "C’est plusieurs fois par jour que nous demandons la Délivrance. Toutefois, la seule requête ne suffit pas. Il faut exiger la Délivrance, à l’instar de l’ouvrier qui réclame son salaire. La Loi étant que s’il ne le réclame pas, rien n’oblige à le payer le jour même (guémara Baba Metsia 112a). C’est dans cet esprit que nous devons réclamer notre Délivrance."

Les initiales des trois mots ביומו תתן שכרו ("Le jour même, tu lui remettras son salaire") forment le mot שבת
Shabbath). Ceci indique symboliquement que si l’on s’occupe sérieusement de la Torah en semaine (le Service Divin : Torah et mitsvot), on profite de la נשמה יתרה (Néchama Yétéra – l’âme supplémentaire du Shabbath) – symbole de la récompense Divine. Et c’est le grand avantage du Shabbath, que de faire rayonner sa bénédiction sur les jours de la semaine.

-> On peut rapporter les 2 histoires suivantes :
1°/ On dit au nom du Arizal que, quand il avait un journalier qui travailler chez lui, il faisait l’impossible pour trouver les sommes nécessaires à le payer avant la prière de Min’ha. Il ne la récitait pas aussi longtemps qu’il n’avait pas payé, car comment aurait-il pu réciter la "Amida" (prier devant Hachem) alors qu’il n’avait pas encore accompli cette mitsva.

2°/ On raconte à propos du ’Hafets ’Haïm : un jour qu’il avait prévu de se rendre à Varsovie ville fort éloignée de Radin, sa ville de résidence, les conditions météorologiques s’annonçaient particulièrement difficiles: les routes étaient recouvertes d’une épaisse couche de neige. Soudain, on s’aperçut que son manteau de fourrure était déchiré et devait être réparé pour pouvoir être porté. On demanda à un enfant d’apporter le manteau à un couturier, en lui demandant de spécifier qu’il y avait urgence! Très vite, l’enfant revint avec le manteau recousu. Le ’Hafets ’Haïm l’enfila, se sépara de sa famille et prit la route. Alors que le cocher entrait dans l’enceinte de la gare, à sa grande stupéfaction, le ’Hafets ’Haïm lui demanda de faire demi-tour.
"Mais pourquoi donc, après un chemin si difficile? Le train pour Varsovie est déjà là!" s’étonna le cocher.
Le ’Hafets ’Haïm lui répondit : "J’ai oublié de payer le couturier pour son travail ; nous devons vite faire demi tour afin que je lui donne son salaire et ce, avant que le soleil ne se couche! Notre Thora nous oblige à payer notre dû le jour même".
Le cocher proposa alors d’être l’envoyé du ’Hafets ’Haïm et de remettre l’argent en question au couturier. Mais le ’Hafets ’Haïm refusa ; il voulait en personne accomplir la mitsva selon les termes du verset : "Le jour même, tu lui remettras son salaire".

"Il [Yaakov] eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignit le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)

-> Le Ahavat Shalom (rabbi Ména'hem Mendel de Kossov) de commenter :

Nous sommes tous engagés dans une lutte permanente contre le yétser ara, notre inclinaison au mal.
Parfois, le yétser ara utilise l'humilité comme instrument pour nous détourner de D., essayant de nous persuader qu'à cause de notre nature physique grossière, nous sommes incapables d'atteindre la sainteté.
Alors, nous pouvons signaler fièrement au yétser ara que nous possédons une âme qui est une étincelle Divine. Elle nous permet d'atteindre les plus hauts sommets de la sainteté.

Mais de nouveau, le yétser ara nous gonfle parfois d'orgueil, nous faisant croire que nous sommes un saint parfait. Nous répondons alors en étant conscient de notre nature terrestre inférieure.

=> C'est ce processus sans fin d'alternance entre orgueil et humilité qui est symbolisé par l'échelle.
- Lorsque le yétser ara nous dit que comme l'échelle ("dressée sur la terre") : nous nous tenons sur le sol, nous lui répondons que : "son sommet atteignait le ciel".
- Lorsque le yétser ara veut que nous croyions que nous avons atteint les cieux, alors nous controns en disant : "au contraire, comme l'échelle de Yaakov, je me tiens sur le sol!"

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (Vayétsé 28,16)

-> Que signifie : "Il y a Hachem en ce lieu?"
Cela résulte de : "je ne savais pas", par lequel Yaakov annule sa personnalité, en se rabaissant, car la Présence Divine ne repose que sur celui dont l'esprit est humble.
[Tiférét Chlomo]

[si tu veux que Hachem réside en toi, alors laisse lui de la place, en ne t'enorgueillant pas d'être tout ou bien d'être un moins que rien. Il faut simplement être conscient et fier de ses capacités/qualités, tout en ayant conscience qu'à chaque instant elles nous sont confiées comme cadeau par D., et ce pour que nous en fassions le meilleur usage.]

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-> b'h, citations de nos Sages sur l'humilité : https://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-citations-de-nos-sages
-> b'h, citations de nos Sages sur l'orgueil https://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil et il dit (vayikats Yaakov michénato vayomer - וַיִּיקַץ יַעֲקֹב מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר) : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Les lettres finales de ces mots forment : "tsibour" (public, communauté - צבור), c'et-à-dire que dans il y a une communauté (au moins 10 personnes, un minyan) alors "il y a Hachem en ce lieu", car "Hachem se tient dans l'assemblée Divine" (Téhilim 82,1), et leur prière est [forcément] acceptée.
Mais "moi" = s'il y a une seule personne, "je ne savais pas" = l'homme ne peut pas être sûr que sa prière soit acceptée [car cela dépend du fait d'avoir des mérites suffisants, et d'une perfection dans la récitation de la prière du début à la fin].
[Afiké Torah ; Baal haTourim]

-> Le Mégalé Amoukot ajoute que צבור a la même guématria que : רחמים (ra'hamim - la miséricorde).
En effet, lorsque nous prions avec un minyan cela éveille la miséricorde d'Hachem, et cela permet à nos prières d'être exaucées.

-> b'h, au sujet du fait de prier avec la communauté : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute

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+ "Yaakov s'éveilla de son sommeil" 

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 69,7) interprètent ainsi :
Rabbi Yo'hanan a dit qu'il ne faut pas lire : "michnato" (de son sommeil - מִשְּׁנָתוֹ), mais "mi-michnato" (de son étude).

Yaakov qui était le pilier de la Torah, passa toute son existence à servir D., et même lorsqu'il s'arrêtait d'étudier pour assumer ses besoins matériels, son âme restait complètement attachée au Créateur et à la Torah.
Quand il mangeait, c'était pour donner des forces à son corps, de sorte à pouvoir accomplir son service Divin.
Ainsi, il ne dormait pas pour le plaisir, mais pour reprendre des forces afin de continuer à étudier avec davantage de vigueur.
=> Toutes ces actions faisaient pour lui partie intégrante de son étude. C'est pourquoi lorsqu'il se réveilla de son sommeil, c'était comme s'il se réveillait de son étude.
[issu d'un cours du rabbi David Pinto]

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-> Yaakov a rêvé d'une échelle se tenant au sol et atteignant le ciel (Vayétsé 28,12).
Lorsqu'on vit une vie de divinité, on produit de la Torah même lorsque l'on dort.
[rabbi Barou'h de Médziboz]

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas"

Yaakov a eu un rêve prophétique avec une révélation extraordinaire, où Hachem va lui promettre la protection, des bénédictions, des enfants, ...
Cependant si Yaakov avait su la sainteté de cet endroit (lieu futur du Temple), il n'y aurait pas dormi.
Le Sfat Emet dit que cela nous enseigne que la crainte d'Hachem (yirat chamayim) est plus importante que tout.
En effet, Yaakov était prêt à renoncer à une sublime révélation Divine et aux bénédictions (pour lui et sa descendance : tous les juifs de l'histoire). En effet, aucun gain ne peut justifier le fait de faire quelque chose d'interdit par Hachem.

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-> Rabbi Nissm Yaguen (Nétivé Or) commente également en ce sens :
Yaakov s'approchait des 80 ans ... il s'allonge et s'endort, et voilà que Hachem se dévoile à lui en disant : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je te la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre ; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, Je suis avec toi ; Je veillerai sur chacun de tes pas et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne veux point t'abandonner avant d'avoir accompli ce que Je t'ai promis" (Vayétsé 28,13-15).
Des nouvelles tellement merveilleuses et joyeuses! Exactement ce qu'il espérait, après avoir investi toutes ses forces dans le service Divin, lors de son départ pour l'inconnu.

On aurait pu attendre de Yaakov qu'il respire à plein poumon, qu'il se réjouisse et qu'il ait un merveilleux moral.
Mais non, plutôt : Assurément, Hachem est présent en ce lieu et moi je l'ignorais" (v.16), et saisi de crainte, il ajouta : "Que ce lieu est redoutable" (v.17).

Si on nous avait annoncés de telles nouvelles, on aurait été dans un état de joie indescriptible. Mais Yaakov ne prête pas attention aux promesses à son profit, il n'est pas joyeux pour tout le bien promis, la seule chose qui l'intéresse : gare à moi, je me suis endormi dans la maison d'Hachem ...

La crainte des Cieux ressemble à cela : avoir peur d'Hachem à chaque instant, peut-être je ne me conduis pas convenablement, peut-être pas comme il fallait, ressentir une grande honte du fait du doute d'une faute minuscule. Ceci est la vraie crainte d'Hachem (yir'at Hachem), et cette crainte est en mesure de renforcer l'homme dans toutes les situations.

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-> "Yaakov s'éveilla de son sommeil et dit : il y a bien Hachem en ce lieu, et je ne savais pas" (v.28,16)

Rachi (v.11) rapporte que pendant 14 années à la maison d'étude d'Ever, il n'a pas dormi la nuit, puisqu'il étudiait non stop.
Le rabbi Yéhochoua de Belz explique que pendant ce premier sommeil en 14 ans, Yaakov a découvert les hauts niveaux de vision prophétique que l'on peut atteindre durant notre sommeil.
[selon la guémara (Béra'hot 57b) : "un rêve à 1/60e de la prophétie"]
Néanmoins, il a dit (v.17) : "én zé ki im bét Elohim" (אֵין זֶה כִּי אִם בֵּית אֱלֹהִים) = ce n'est pas ce que Hachem veut.
En effet, Hachem désire notre travail, nos efforts, et non pas que nous soyons des endormis de la vie. [anesthésiés par notre yétser ara!]
[à notre niveau c'est une mitsva de dormir pour avoir les forces de faire la volonté de D., néanmoins l'idée est qu'Hachem aurait pu nous mettre dans notre tête toute la Torah, mais ce qu'Il veut c'est que nous peinons pour l'acquérir.]

-> "Des messagers divins [des anges] montaient et descendaient le long de cette échelle" (Vayétsé 28,12)
Selon le midrach : les anges dansaient (montaient et descendaient dans une danse) sur Yaakov, car ils étaient si heureux de lui.
Le 'Hidouché haRim commente : "si un juif savait les hauteurs que son service Divin (avodat Hachem) atteint, il ne raterait aucune occasion de faire une bonne action."

=> Nous devons avoir conscience qu'il en est de même pour chaque juif : les anges se réjouissent à chaque fois que nous faisons des bonnes actions, et c'est nous qui n'en n'avons pas conscience.
Si nous en avions conscience de cela, nous prendrions alors davantage la mesure de ce qui nous apparaît comme une simple action et qui est en réalité quelque chose aux conséquences énormes et infinies (une mitsva impacte positivement les mondes supérieurs & inférieurs, et nous octroie une récompense infinie en quantité et en durée), et cela nous pousserait à courir après chaque opportunité d'en réaliser une.
[on comprend que Yaakov qui avait conscience de cela, a pu se dire : ce n'est pas ce que Hachem veut = je ne peux pas rester à rien faire, il faut courir de mitsva en mitsva!]

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-> Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne :
Lorsque Hachem amène une néchama (âme) dans ce monde, Il l'envoie par le biais d'une longue échelle qui va du Ciel à la terre.
Après que l'âme atteint la terre, Hachem reprend l'échelle et dit : "Maintenant grimpe de nouveau par toi-même"
[à l'image d'un parent qui dit plein d'amour à son fils apprenant à marcher : "Maintenant viens vers moi!"]

L'homme s'interroge alors sur comment peut-il grimper vers le ciel sans échelle?
Certaines âmes abandonnent. Certaines âmes sautent vers le ciel, puis retombent au sol, et alors elles abandonnent.
D'autres, sautent encore et encore, jusqu'à ce que Hachem a de la miséricorde et les amènent jusqu'au ciel.
En effet, lorsqu'une personne essaie, alors Hachem l'aide.

-> Le rabbi Mendel de Kotzk dit également :
Quand on se tient sur une échelle, on prend soin de vérifier, avant de continuer à monter, que l'on ne risque pas de tomber.
Eh bien c'est ainsi que l'on doit se conduire dans le service de D. : on doit gravir progressivement échelon après échelon.

[cela implique de connaître sa place sur l'échelle de la vie et nos capacités d'évolution. Dans tous les cas, on doit être content de ce que l'on a (que l'on soit haut ou bas sur l'échelle, car on est là où D. nous a placé pour réaliser notre vie), et agir du mieux que nous pouvons, sur la durée, pas à pas, vers papa Hachem!
Au final, on nous jugera personnellement : combien d'échelons as-tu pu monter sur le nombre total que tu aurais potentiellement pu faire?]

[le yétser ara parfois va nous pousser à faire un énorme bon spirituel, mais qui va ensuite nous conduire à être peu efficace. Il nous donne un grand gain immédiat, pour que sur la durée on obtienne moins que ce qu'on aurait pu avoir en agissant avec constance.
Par exemple, il va nous pousser à se coucher tard pour étudier, mais ensuite on va être fatigué et faire une prière bâclée, moins bien étudier, ...

Le Baal Chem Tov enseigne : "Quand le mauvais penchant échoue à pousser un homme au péché, il le convainc de se livrer à des jeûnes et à des mortifications. Il veut ainsi l'affaiblir et réduire ses forces au point de l'empêcher de servir D. comme il convient". ]

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-> "Certainement, Hachem est présent dans cette endroit et je ne le savais pas" (Vayétsé 28,16)

Rachi explique que ce que voulait dire Yaakov c'était que s'il avait su que cet endroit était saint et bénéficiait de la Présence Divine, alors il ne se serait jamais permis d'y dormir du fait de sa sainteté. Dans cette vision prophétique qui se révéla cette nuit-là à Yaakov, Hachem lui montra tout le devenir du peuple Juif au long de son histoire. De plus, Hachem lui fit de merveilleuses promesses. Et malgré toute cette vision si élevée qu'il vécut, Yaakov s'inquiéta et se demanda si le fait d'y avoir dormi n'était pas une faute et un manque de respect vis à vis de la sainteté de cet endroit.

-> Le Baal Chem Tov fait remarquer que cette attitude de Yaakov nous apprend comment réagir lorsque l'on accède à des perceptions spirituelles ou des ressentis dans le service d'Hachem que nous ignorions jusque là. L'homme pourrait, face à une telle élévation d'âme en ressentir une satisfaction et une fierté, se sentant plus élevé que le commun des mortels qui n'ont pas eu le mérite d'un tel dévoilement. Mais ce n'est pas ainsi que Yaakov a réagi. Au moment où il vécut cette élévation d'âme, il se mit aussitôt à réfléchir sur lui-même, à se remettre en question et se demander s'il était vraiment apte à une telle grandeur, s'il n'a pas commis d'erreur qui serait en contradiction avec ce dévoilement Divin. Et immédiatement, il se reprocha d'avoir dormi dans ce lieu sacré.

C'est ainsi qu'un Juif doit réagir quand il ressent une proximité particulière avec Hachem, quand il sent une élévation d'âme et un élan de spiritualité le portant vers de plus hautes perceptions que d'ordinaire. Il ne doit surtout pas s'en enorgueillir, se sentant plus digne et plus méritant que les gens "simples".
Au contraire, toute proximité supplémentaire avec Hachem doit faire accéder à plus d'humilité et une plus grande remise en question, s'interrogeant sur son mérite et se demandant si son comportement est suffisamment correct et raffiné pour mériter cette élévation. Et dans le cas échéant, on doit s'efforcer de s'améliorer et de corriger encore plus ses erreurs et ses défauts pour pouvoir être digne de cette plus grande proximité avec Hachem.

Telle est la grandeur du peuple juif par rapport aux autres nations. Quand ils s'élèvent et sentent la Bienveillance d'Hachem, ils savent se faire plus petits et se travailler pour être à la hauteur de ce rapprochement d'Hachem. Plus on grandit, plus on se rapproche d'Hachem, plus on s'élève vers des niveaux spirituels, et plus on doit se repentir, se remettre en question, et se sentir plus petit devant cette Bonté Divine Qui se dévoile à soi.