Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

La 6e plaie : les ulcères

+ La 6e plaie : les ulcères

-> Hachem a ordonné à Moché et à Aharon de prendre chacun 2 poignées de suie d'une fournaise.
Aharon devra donner ses 2 poignées à Moché qui les prendra en plus des 2 poignées qu'il a prises lui-même, et il lancera toute cette suie vers le ciel [d'une seule main].
[midrach Chémot rabba 11,6]

=> Ainsi, il y a eu un grand miracle : Moché a été capable de tenir 4 poignées de suie en une seule main, sans rien en perdre

-> La suie lancée par Moché vers le ciel, a atteint le Trône de Hachem, dans le 7e et plus lointain Ciel.
[midrach rabba Vaéra 11,10].

=> Ainsi, c'est un autre grand miracle : malgré le fait que c'est une substance légère comme la plume, elle est montée directement au Ciel.

-> 4 poignées de suie ont été suffisantes pour se répandre sur l'intégralité des terres appartenant à l'Egypte, et sont tombées sur tout égyptien et leur troupeau.

Certains de nos Sages affirment que cette suie lancée par Moché s'est répandue sur une surface de 400 parsa, soit une distance d'environ 1800 km.

=> C'est encore une fois un miracle incroyable au regard de la légèreté de cette substance.

-> La suie s'est transformée en poussière, et lorsqu'un de ces grains de poussière entra en contact avec la chair d'un être humain ou d'un animal, elle causera des ulcères extrêmement douloureux [Abravanel].

-> Le Sforno (Chémot 9,8) rapporte que Pharaon a été directement témoin de tous ces prodiges.

Rabbi Ephraïm dit que l'objectif de tous ces miracles est de montrer à Pharaon la puissance de Hachem et Sa capacité de créer ce qu'Il désire à partir du néant.

<------------------------------>

-> Les magiciens, principaux conseillers de Pharaon, sont les premiers à souffrir de la plaie des ulcères.
[Kli Yakar 7,17]

Cette plaie va d'ailleurs marquer la fin de leur influence sur la cour royale.

Selon le Malbim, ils sont incapables de reproduire cette plaie puisqu'ils n'arrivent pas à trouver un seul égyptien en bonne santé sur lequel tenter l'expérience.
Selon le Abravanel, ils n'ont pas la moindre idée sur la façon de créer des ulcères à partir de la suie.

Bien qu'ils n'ont su imiter la plaie des poux, ils pouvaient alors toujours continuer à conseiller Pharaon.
Mais à présent, ils étaient incapables de se déplacer jusqu'à lui, puisqu'étant totalement couverts d'ulcères ils n'arrivaient pas à tenir debout (Rabbi Avraham - fils du Rambam - Vaéra 9,11).

Leur visage difforme les rend méconnaissables, si bien que même s'ils auraient pu se déplacer, ils seraient restés chez eux pour cacher la honte que leur cause leur apparence (selon le Ramban) et leur impuissance totale (selon les Tossefot sur la Torah).

-> Ils ne guériront jamais de leurs ulcères, et nombre d'entre eux finiront par en mourir.
Cette plaie marque la fin des magiciens.
[midrach Yalkout Chimoni 184]

-> Le Maharal (Guévourot Hachem 57) explique que "l'image d'Hachem" qu'Hachem a placée sur l'humanité (l'homme ayant été créé à l'image de D.) a été retirée des égyptiens lors de la plaie des ulcères/furoncles, car les égyptiens, en particulier les sorciers, ont développé de telles difformités à cause de cette plaie qu'ils n'avaient même plus l'air humain.

<----------------------->

-> Selon Abravanel, les animaux achetés par les égyptiens après la peste sont aussi affectés par les ulcères.
Selon Rachi (Vaéra 9,10), ceux qui avaient peur ont rentré leurs bêtes, et elles n'ont pas été touchées.

-> Les ulcères se développent et forment des cloques ayant du pus, qui rongent la peau comme le feu et s'étendent à tout le corps.
[Séfer haYachar]

-> Les nuages de poussière formés par la suie chaude attaquent le corps des égyptiens, brûlent leur peau et forment des ampoules.
[Rabbi Avraham - fils du Rambam]

-> Absolument aucun morceau de la peau des égyptiens n'a été laissé indemne, au point qu'ils ne ressemblaient plus à des hommes.
[Beit Avraham - dans sa Haggada]

-> La chair infectée commence à peler, et les membres exposés se décomposent et se gangrènent.
[Séfer haYachar]

-> Hachem a envoyé sur l'Egypte, les 24 espèces d'ulcères qui existent (midrach haGodel).

Tous ces ulcères exigeaient des remèdes incompatibles les uns avec les autres, de sorte que le médicament utilisé pour soigner une affection aggrave les autres, causant des ravages mortels (guémara Baba Kama 80b).

Les égyptiens ne pouvaient cesser de se gratter à cause des démangeaisons.
Les importantes pertes de sang faisaient qu'ils étaient très faibles.

-> Rien ne pouvait soulager les douleurs.
[midrach haGadol 9,10]

-> Même après le départ des juifs, les égyptiens en souffriront pour le restant de leur vie.
[Siftei Cohen - Vaéra 9,11]

-> Selon le Sforno, si Hachem n'avait pas endurci le cœur de Pharaon (lui donnant la force de résister), il aurait certainement consenti à libérer les juifs, tellement les souffrances causées par cette plaie étaient insupportables.
Mais D. ne voulait pas qu'il abandonne en raison des souffrances, mais bien parce qu'il reconnaissait la puissance et l'autorité divine.

Ainsi, dans Sa grande miséricorde, Hachem a laissé l'opportunité à Pharaon de se sauver des plaies jusqu'à la 5e (la peste).
A partir de cette 6e plaie (l'ulcère), voyant qu'il s'obstinait toujours à refuser de laisser partir les juifs, Hachem a décidé qu'il devait subir toutes les 10 plaies.

<----------------------->

-> "Les magiciens ne pouvaient lutter contre Moché à cause des ulcères" (Vaéra 9,11)

Rabbi Morde'haï Pessa’h de Kobrin a raconté :
Une nuit de Shabbat à minuit, je suis passé à côté de la maison du 'Hafets 'Haïm, dont la voix s’élevait jusqu’à mes oreilles. Je me suis rapproché de la fenêtre, et je l’ai vu assis sur son lit en train de consulter la paracha Vaéra dans le 'Houmach.
Quand il est arrivé au passage des plaies de l’Egypte, il a élevé la voix, et à chaque plaie il faisait entendre un cri d’émerveillement : "Aïe, aïe!"
Quand il est arrivé à la plaie des ulcères, il a lu le verset "Les magiciens ne pouvaient lutter contre Moché à cause des ulcères", et tout à coup il a éclaté d’un rire bruyant comme je n’en avais jamais entendu de lui, il était entièrement rempli d’émerveillement, comme quelqu’un qui voit vraiment les plaies sous ses yeux.

<-------------------------------------->

+ Mesure pour mesure :

-> Les égyptiens ont forcé les juifs à leur servir des bains, à leur chauffer de l'eau et à leur refroidir l'eau bouillante.
Mais le plaisir du bain était seulement le privilège des égyptiens, car ils ne laissaient aux juifs même pas le temps de se gratter.

A présent, ils sont couverts d'ulcères, tout à fait incapables de toucher ni eau froide, ni eau chaude, et les juifs peuvent en jouir à leur aise.
[midrach Chémot rabba 11,6 ; Tana déBé Eliyahou rabba 7]

-> Les égyptiens surchargeaient de travail les juifs, ne leur laissant pas la possibilité de soigner leurs blessures.
Maintenant, ce sont eux qui souffrent d'ulcères qu'ils ne peuvent soulager.
[midach Aggada - Vaéra 9,8]

-> Les égyptiens forçaient les juifs à travailler si difficilement et pendant tellement longtemps, que leur peau se déchirait.
Les ulcères conduisaient à de douloureuses irritations, et à la rupture de la leur peau.
[Shach]

-> Ils ont séparé les hommes juifs de leur femme, et ils ont ainsi été punis par les ulcères, qui avaient pour conséquence de limiter tout contact avec leur femme.
[Kli Yakar]

-> Ils ont forcé les juifs à travailler sans pitié, les laissant souffrir de la chaleur implacable du soleil.
Maintenant, c'est eux qui souffraient de la suie brûlante, qui leur collait à leur peau, provoquant des cloques douloureuses.
[Siftei Cohen - Vaéra]

-> Les égyptiens obligeaient les femmes à accomplir les tâches des hommes, et les hommes celles des femmes, violant les lois de la nature.
De même, ils ont été punis par des ulcères totalement contraires à la naturalité.
[Beit Avraham - dans sa Haggada]

-> Ils ont égorgé des enfants juifs, et en ont vidé le sang afin que Pharaon puisse y prendre son bain (il souffrait de lèpre - tsaraat).
En réponse à cela, ils ont eu des ulcères, entraînant de la lèpre et un versement de leur sang.
[Rabbi Zalman Sorotzkin - haChir véHachéva'h]

-> Ils frappaient aussi les juifs jusqu'à qu'ils soient couverts de blessures. Mesure pour mesure, Hachem a envoyé cette plaie.

-> Les égyptiens étaient punis parce qu'ils avaient mené une campagne de calomnie contre les juifs, les décrivant comme un peuple dégoûtant et dépravé.
Cette plaie rendit les égyptiens encore plus répugnants que leur représentation des juifs.
[Méam Loez - Vaéra 9,10]

-> Les 1ers impactés étaient les sorciers, car ils ont conseillé Pharaon de jeter les nouveau-nés juifs dans le fleuve, et à faire périr Moché, lorsqu'enfant il a enlevé la couronne du souverain.
[midrach Chémot rabba 11,6]

-> Puisque les sorciers de Pharaon ont manqué de respect à Hachem, il est probable qu'ils ont été punis par la plaie des ulcères plus davantage que les autres, afin que les gens en viennent à s'éloigner totalement d'eux. [à l'image de la lèpre, une personne ayant un cas contagieux d'ulcères devait s'isoler pour éviter la propagation.
D'une certaine façon, de la même façon qu'ils essayaient d'éclipser les miracles d'Hachem en essayant de les réaliser par la sorcellerie, magie noire, de la même façon cette plaie va les faire s'éclipser par une mise en quarantaine, et une mise au grand jour de leur incapacités totales face à Hachem.]
"Les sorciers ne purent se tenir devant Moché à cause de l'ulcère" (Vaéra 9,11) [selon le Bechor Shor, ils étaient tellement affectés que littéralement ils ne pouvaient pas se tenir debout face à Moché]
L'ulcère (ché'hin) est la seule plaie où la Torah décrit la souffrance des sorciers de Pharaon.
['Hokhmat Shlomo - Roua'h 'Hen 12]

-> Les sorciers de Pharaon ont essayé d'infliger à Moché des ulcères (ché'hin), mais ils n'y sont pas réussi.
Au buisson ardent, Moché a reçu de la tsara'at ("Il mit sa main dans son sein, l'en retira et voici qu'elle était lépreuse, blanche comme la neige" - Chémot 4,6), et il était ainsi plus susceptible d'attraper d'autres affections de la peau.
Le fait que les sorciers n'ont pas réussi à donner des ulcères (ché'hin) à Moché leur a causé un énorme embarras.
[Messé'h 'Hokhma 9,11]

-> La plaie des ulcères ressemblent à la plaie de la tsara'at qui vient sur celui qui parle du lachon ara.
Puisque les égyptiens ont diffusé des rumeurs et des fausses informations sur les Bné Israël, alors ils ont été punis par les ulcères.
[Sia'h Tsvi - p.187]

La 5e plaie : la peste

+ La 5e plaie : la peste

-> Un aboiement plaintif des chiens a donné le coup d'envoi de cette plaie.
[Sifté Cohen 9,4]

-> En un instant, 90% des bêtes des égyptiens moururent à cause de cette plaie.
[Séfer Hayachar p.287]

-> C'est un miracle que des animaux en bonne santé s'écroulent brusquement sans vie.
[Rabbi Avraham - fils du Rambam - Mochav Zékénim]

-> Lorsqu'un animal (ex: âne, chameau, cheval) mourait de cette plaie, la personne qui était sur elle, mourrait également par l'impact brutal avec le sol.
[michnat Rabbénou Eliézer - pérek 19]

-> Bien que ne menaçant pas directement la vie des égyptiens, la perte des animaux avait beaucoup d'implication au quotidien : perte des moyens de transport, des moyens nécessaires à l'agriculture, une pénurie de nombreux biens (comme le lait, le blé, la laine), ...
L'économie égyptienne, normalement si forte, a été réduite à zéro en un instant.

L'agneau qui était l'espèce la plus idolâtrée par les égyptiens (car ayant des prétendus pouvoirs spirituels), mourrait avec impuissance, ce qui causait beaucoup d'angoisses aux égyptiens (y compris Pharaon).
[Sifté Cohen]

[de même, les chevaux étaient le symbole de la puissance égyptienne, que cette plaie a réduit à néant]

-> Un matin les égyptiens se sont réveillés et ils ont découvert que l'ensemble de leur troupeau avait péri.
Il leur a alors été très difficile d'accepter que celui des juifs était entièrement vivant.

Avant la plaie, certains égyptiens par crainte de l'avertissement de Moché, ont vendu leur bétail à des juifs, et ce en ayant l'intention de le reprendre dès la fin de la plaie.
Ce bétail est mort comme les autres.

Une bête appartenant à un juif, qui était mourante avant la plaie, en sortait totalement guérie.

Un troupeau d'un juif, qui était mélangé dans le même enclos avec celui d'un égyptien, restait sain et vivant, tandis que les bêtes appartenant à l'égyptien mourraient.

Si un troupeau était détenu à la fois par un juif et par un égyptien, il ne mourait pas, car appartenant partiellement à un juif.
[midrach Chémot rabba - chap.11]

-> Pour tenter d'échapper à la dévastation imminente de la plaie à venir, certains égyptiens ont conclu des accords avec des juifs pour leur donner leurs animaux pendant la durée de la plaie.
Une fois la plaie terminée, les animaux devaient être restitués.
Cependant, le Ohr ha'Haïm (Vaéra 9,6) explique que dans un tel cas, Hachem frappait également ces animaux.
Le midrach (Chémot rabba 11,4) écrit que seul un partenariat authentique entre un juif et un égyptien pouvait garantir que les animaux soient épargnés.

<-------------->

-> Selon Rachi (Vaéra 9,10), seul le bétail présent dans les champs est mort, et pas celui qui avait été dissimulé dans les maisons par les égyptiens "craignant la parole de Hachem" (suite à l'avertissement de Moché).

-> Le Séfer haYachar relate qu'ainsi 10% du bétail égyptien a survécu à la plaie, et ce afin que les juifs puissent le prendre avec eux lors de la sortie d'Egypte.

-> A la fin de cette plaie, les égyptiens ne pouvaient se réapprovisionner qu'en achetant des bêtes aux juifs, ce qui a enrichit considérablement ces derniers.
[Abravanel]

<--->

-> Avant la plaie de la peste, le verset écrit : "Hachem fixa le jour en disant : C'est demain que Hachem exécutera cette chose dans le pays" (Vaéra 9,5).
Ce message a été transmis aux égyptiens. En effet, de cette façon ils seraient d'accord de vendre leur bétail aux juifs à un prix pas cher, car sinon leurs animaux allaient mourir pendant la plaie.
C'est de cette façon que les juifs ont fini par avoir une grande quantité d'animaux lorsqu'ils ont quitté l'Egypte.
[Nétsiv 9,5]

-> Le Messé'h 'Hokhma (9,5) est d'accord sur le fait que les égyptiens ont vendu leur bétail aux Bné Israël.
Cependant, il ajoute qu'après la plaie de la peste, les Bné Israël ont décidé de montrer de la compassion, et ils ont rendu tous les animaux aux égyptiens.
Le Messé'h 'Hokhma explique ensuite que c'est pour cette raison que les égyptiens se sont si gracieusement séparés de leurs habits et ustensiles précieux lorsque les juifs les leur ont demandés (Bo 11,3).
Ils ne pouvaient tout simplement plus regarder dans les yeux les juifs et leur refuser cette requête après que les juifs leur aient rendu les animaux qu'ils avaient légalement achetés.

-> Le Ktav Sofer (12,38) explique que Pharaon a laissé de façon intentionnelle aux juifs une quantité importante de bétails, alors même qu'ils étaient esclaves et il ne leur a pas pris leurs possessions.
Ainsi, ces animaux étaient toujours la propriété des Bné Israël.
Pharaon a fait cela car : il savait que la dégradation d'une personne riche qui devient contrainte de faire des tâches d'esclave est largement pire que celle d'une personne pauvre. [la chute est encore plus brutale!]
C'est pour cela qu'il a laissé aux Bné Israël leur richesse afin qu'ils soient des esclaves "riches", les humiliant ainsi bien davantage.

<-------------->

-> "Voici la Main d'Hachem frappera sur ton bétail" (Vaéra 9,3)

=> Pourquoi pour la plaie de la peste, il est employé l'expression : "La Main d'Hachem", ce qui n'est pas le cas pour les autres plaies?

C'est que la peste attaqua 5 types d'animaux : "Sur les chevaux, sur les ânes, sur les chameaux, sur le gros bétail et sur le menu bétail".
On pouvait donc compter ces catégories d'animaux avec les cinq doigts de la main.
De plus cette plaie était la cinquième des 10 plaies.
Pour ces 2 raisons reliant cette plaie au chiffre 5, le Torah parle de la Main d'Hachem.
[Atéret 'Hakhamim]

<------------->

-> Pharaon n'essaie même pas d'appeler Moché, car il n'y a plus rien à négocier (la plaie s'étant terminée en quelques secondes), et qu'il est possible ensuite de racheter des animaux aux juifs.

Par ailleurs, il a entendu parler d'un juif dont son troupeau a été décimé.
Il s'agit en réalité du fils qu'a eu Chelomit bat Divri avec un égyptien, et dont ce dernier a été tué par Moché.
Ce fils était égyptien car avant le don de la Torah, la filiation était établie selon le père.
D'ailleurs, il ne sera considéré comme juif qu'après le don de la Torah, et à partir de ce moment la filiation dépendra de la mère (Ramban - Emor 24,10).

Les égyptiens le considéraient à tort comme juif, puisque sa mère était juive, et selon leur raisonnement erroné, son troupeau n'aurait pas dû mourir.
Pharaon s'en ai servi pour endurcir son cœur, et refuser de libérer les juifs.
[le Malbim]

-> A ce sujet, le Imré Emet rapporte que Pharaon avait volé des milliers d'animaux aux juifs.
Lorsqu'il a vu qu'ils n'étaient pas morts durant cette plaie (car appartenant aux juifs), il a endurci son cœur.

-> Le Netsiv rapporte que Pharaon s'est également appuyé sur l'exemple du bétail appartenant conjointement à un juif et à un égyptien, et qui n'est pas mort durant la plaie, afin d'endurcir son cœur.

<--->

-> "Pharaon envoya (vérifier) et voici que dans le bétail d'Israël, il n'y a pas eu de mort jusqu'à un" (Vaéra 9,7)

Apparemment, le verset aurait dû plutôt dire : "Il n'y a pas eu de mort, même un", et non pas "jusqu'à un (ad é'had)".

En réalité, cela vient signifier que lors de cette plaie de la peste, il se pouvait que dans le bétail d'Israël, il y eut un mort. L'expression : "jusqu'à un", veut ainsi dire "jusqu'à un" exclu, mais un : oui.
En effet, comme dans tous les royaumes, Pharaon a fixé des impôts à son peuple. Aussi, quand quelqu'un avait un bétail, il devait lui en donner une part en impôt.
Disons par exemple que Pharaon prenait un dixième du bétail, sur 10 animaux il en prenait un.
Si un juif avait par exemple 10 animaux, alors Hachem fit mourir une bête de ce troupeau pour qu'il n'en reste que 9 et que ce juif n'ait plus d'animaux à donner à Pharaon en impôt.
De la sorte, cela occasionnait une perte pour Pharaon : la perte de cet impôt, mais ce juif n'avait aucune perte, puisque de toutes les façons, il aurait dû donner cet bête en impôt.
=> Il se trouvait donc que dans le bétail d'Israël, il puisse y avoir un mort.
[Maharil Diskin]

<-------------------------------------->

+ Mesure pour mesure :

-> Lorsqu'ils sont arrivés en Egypte, Yaakov et sa famille étaient des bergers.
Les égyptiens les ont forcés à travailler dans la construction, ce qui a entraîné la mort de leur troupeau puisqu'ils n'avaient alors plus le temps de s'en occuper.
Mesure pour mesure, leur troupeau a également été décimé.
[Kli Yakar]

-> Les égyptiens attelaient les juifs aux charrues à la place de leurs bêtes afin de ménager ces dernières.
[...]
Egalement, ils avaient l'habitude de voler le bétail des juifs.
Hachem les a puni par la mort de leurs bêtes.
[Agadat Zéva’h Pessa’h]

-> Les égyptiens forçaient les juifs à faire le travail de leurs animaux, comme le fait de labourer ou de porter des fardeaux.
Puisque les égyptiens faisaient travailler les juifs comme des animaux, ils furent punis en perdant leur bétail.

-> La plaie de la peste est venue sur les égyptiens en rétribution du fait d'avoir utilisés les esclaves juifs pour labourer les champs comme s'ils étaient des animaux.
[Abarbanel]

-> Après que la plaie de la peste a tué les animaux égyptiens, il n'y avait plus d'animaux égyptiens qui avaient besoin d'être tondus par les esclaves juifs. [alors qu'avant les égyptiens leur en donnés sans répit]
[midrach Yalkout Chimoni 182]

-> Les égyptiens envoyaient les juifs dans les collines et dans le désert pour faire paître leur bétail afin de les empêcher d’avoir des enfants.
[midrach Chémot rabba 11,6]

-> Avant la plaie des animaux sauvages, c'était les enfants des égyptiens qui s'occupaient de leur bétail.
Mais cette plaie ayant entraînée la mort de nombreux enfants égyptiens, ce travail était alors revenu aux juifs.
Hachem les a libéré de ce fardeau, par le biais de plaie de la peste.
[midrach Tan'houma]

-> Les juifs avaient comme instruction stricte de leurs contremaîtres égyptiens de ne pas manger de la viande, comme il est dit lorsqu'ils se sont plaints de la manne : "Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail" (Béaaloté'ha 11,5).
En punition de ne pas avoir permis aux juifs de manger de la viande, Hachem a envoyé la plaie de la peste, qui a tué les animaux des égyptiens.
[Otsar Divré haMeforchim - p.337]

La 4e plaie : les animaux sauvages

+ La 4e plaie : les animaux sauvages

-> Les animaux sauvages du monde entier ont mis 24h pour se réunir en Egypte, au moment exact fixé par Hachem.
[Malbim - Vaéra]

-> Normalement, il existe la loi de la jungle : les plus forts pourchassant les plus faibles.
Durant cette plaie, dans un objectif commun de punir les égyptiens, tous les animaux ont temporairement fait une trêve.
Ainsi, le lion ne recherchait pas l'agneau, ni le loup la chèvre, ...
[Rachi]

-> Selon le midrach, tous les animaux sauvages sont venus avec le sol naturel sur lequel ils sont habitués à vivre (ex : la jungle, la glace, ...).
En effet, lorsqu'ils sont dans leur habitat naturel, c'est là qu'ils sont le plus dangereux et capables d'infliger des dommages importants.
[Rav Itsélé de Volozhin]

-> Les oiseaux bloquaient les rayons du soleil.
Ainsi, ceux qui fuyaient l'attaque d'un animal trébuchaient et tombaient, incapable de voir où ils allaient.
[midrach bé'hiddouch]

-> Selon le Sforno, lorsque les égyptiens s'enfermaient chez eux (pour échapper aux animaux sauvages), le sol de leurs maisons était rempli de serpents.

-> Les abeilles piquaient les égyptiens dans les yeux et volaient dans leurs oreilles.
Ils essayaient de les fuir, mais les abeilles les poursuivaient avec leur dard pointu.
[Séfer haYachar]

-> Il y avait un énorme monstre marin (appelé "silonith" ou, selon d'autres : "sironith"), qui avait de multiples tentacules mesurant chacune plus de 4 mètres de long.
Le monstre parcourait les rues d'Egypte, et par les plafonds et les toits, il plonge ses tentacules à l'intérieur des maisons puis force les verrous.
Les autres bêtes sauvages n'éprouvent alors aucune difficulté à pousser les portes ouvertes et à se précipiter à l'intérieur.
[Séfer haYachar]

-> Les oiseaux et autres rapaces entrent également à leur tour par les portes grandes ouvertes et remplissent l'air d'un battement d'ailes furieux, et poussent de grands cris aigus en fondant sur leurs proies.
[Rokéa'h - Vaéra]

-> Même les animaux non venimeux, non sauvages, sont devenus des chasseurs d'égyptiens.
Hachem a mis dans les glandes de ces animaux du venin et leur a insufflé un instinct de chasser et de tuer.

Les animaux mordaient les arbres, y laissant des gouttes de venin.
Par la suite, lorsque les fruits étaient mangeaient par les égyptiens (se doutant de rien), ils en mourraient alors empoisonnés.
[Or ha'Haïm]

-> Même les animaux domestiques s’attaquèrent aux égyptiens.
[Midrach haGadol Vaéra 8,17]

-> Le 'Hanoukat haTorah nous rapporte que selon nos Sages, il existe une créature parmi les espèces végétales qui ressemble à un être humain.
Elle s'appelle : "avné hassadé" (les pierres du champ) ou "adoné hassadé" (le maître du champ).
Elle se nourrit comme toute autre plante, et dès qu'elle est détachée du sol, elle meurt immédiatement.
Durant cette plaie, ces créatures sont venues avec leur sol, et cela n'empêchait pas les animaux sauvages de l'occuper également.

<--->

-> Même si un égyptien marchait au milieu d'un groupe de juifs, les animaux ne s'en prenaient qu'à l'égyptien.
Si les égyptiens se réfugiaient dans des maisons juifs, ils n'étaient pas préservés des assauts des bêtes féroces.

Dès que les égyptiens virent les animaux approcher, ils condamnèrent leurs fenêtres et verrouillèrent leurs maisons.
C'est alors que d'immenses pieuvres et des calmars géants émergèrent des profondeurs de la mer, escaladèrent les murs des maisons, et grâce à leurs tentacules immenses, en arrachèrent les toits.
Ils introduisirent leurs tentacules dans les maisons, soulevèrent du sol les égyptiens affolés et provoquèrent une destruction complète. [Séfer haYachar]
[Méam Loez - Vaéra 8,20]

<------------------------>

-> Le midrach Tan'houma rapporte un scénario entre un père égyptien de 5 enfants et sa gouvernante juive.

L'égyptien demanda à la juive de sortir ses enfants.
Lorsqu'elle est retournée à la maison, elle n'avait plus aucun des enfants, et le père a alors hurlé : "Où sont mes enfants?"
La gouvernante lui a répondu : "Assieds-toi! Je vais vous raconter ce qu'il s'est exactement passé.

Un groupe d'animaux nous a attaqué : un lion a mangé le plus âgé, un autre l'a été par un ours, un autre par un tigre, encore un autre par un loup, et le plus jeûne a été pris au loin par un aigle. "

<---------->

-> Concernant la plaie des bêtes sauvages, nous trouvons une expression que la Torah n'emploie pas pour les autres plaies : "Je distinguerai en ce jour-là".
Cela signifie que D. fera la distinction entre le pays d'Egypte et celui de Gochen (territoire des juifs) où la plaie ne sévira pas.
Pourtant ceci fut également le cas de toutes les autres plaies qui ne frappèrent pas les Bné Israël, installés à Gochen.
=> Ainsi, pourquoi la Torah n'insiste-t-elle sur cette distinction qu'à propos de la plaie des bêtes féroces?

Hachem a implanté dans la nature une loi selon laquelle l'homme domine sur tout le règne animal et inspire de la crainte même aux bêtes les plus dangereuses et cruelles.
La raison en est qu'est inscrite sur son visage l'image de D., laquelle suscite la criante des animaux, conformément au plan Divin.

Cependant ce principe ne se vérifie que chez l'homme dépourvu de fautes.
Par contre, celui qui s'est souillé par des péchés, ceux-ci portent atteinte à son âme et à l'image Divine inscrite en lui qui se dissipe.
En l'absence de celle-ci, il n'inspire plus de crainte aux animaux auxquelles il ressemble désormais et qui ont dès lors le pouvoir de lui faire du mal.

En Egypte, les Bné Israël endommagèrent grandement l'image Divine inscrite en eux, puisqu'ils déchurent jusqu'à tomber dans le 49e degré d'impureté.
Dans de telles conditions, lors de la plaie des bêtes féroces, celles-ci auraient logiquement dû s'attaquer à eux et les déchiqueter, de même qu'elles firent leur pâture des égyptiens.

Pharaon, conscient de ce fait, se réjouit lorsque Moché lui annonça que cette plaie frapperait son pays, pensant qu'elle sévirait également en Gochen.
C'est pourquoi Hachem lui annonça qu'Il ferait un miracle, dépassant totalement les lois de la nature, en distinguant Gochen de l'Egypte.
Bien que le peuple juif fût alors entaché par de nombreux péchés, une distinction fut faite et leur territoire ne fut pas envahi par les bêtes sauvages. Et c'est sur ce point particulier que la Torah insiste.
[rapporté par le rav David Pinto]

<--->

-> "Je distinguerai, en cette occurrence, la province de Gochen où réside mon peuple, en ce qu'il n'y paraîtra point d'animaux malfaisants afin que tu saches que moi, l'Éternel, je suis au milieu de cette province" (Vaéra 8,18)
=> Pourquoi plus que pour toute autre plaie, la Torah surligne le fait que la terre de Gochen a été mise à part pour ne pas être attaquée par les bêtes sauvages?

Le Maharil Diskin explique :
Puisque la plaie des animaux sauvages impliquait que des animaux étant à l'extérieur d'Egypte entrent dans le pays pour l'endommager, de nombreux animaux ont dû passer par le biais de la terre de Gochen pour atteindre l'Egypte, et malgré cela il n'y a eu aucun dégât.

<--->

=> Comment la plaie des animaux sauvages a-t-elle créé une amitié entre les juifs et les égyptiens?

-> Le Nétsiv (8,19) explique :
Les égyptiens cherchaient refuge des bêtes sauvages dans la terre de Gochen, et de la sorte ils ont tissé des liens d'amitié avec les juifs.
Lorsque Hachem a dit à Moché : "Fais donc entendre au peuple que chacun ait à demander à son ami [égyptien - רֵעֵהוּ - rééou] et chacune à sa amie [égyptienne - רְעוּתָהּ - réouta], des vases d'argent et des vases d'or" (Bo 11,12), il était clair qu'ils avaient des amis [chez les égyptiens].
Cette amitié est venue par le biais de la plaie des animaux sauvages.

<------------>

+ Le zoo de Pharaon :

-> Lorsque Moché a averti Pharaon de l'arrivée imminente de cette plaie, il lui a dit que Hachem allait envoyer des des animaux sauvages pour tourmenter les égyptiens.
Le haKétav véHakabbala explique que l'article défini : "les animaux sauvages" (é'arov - הֶעָרֹב - Vaéra 8,25) vient nous enseigner que Moché faisait référence au zoo de Pharaon : "De même que tu [Pharaon] peux voir tous les animaux [qui existent] en face de toi [dans ton zoo personnel], de même toute l'Egypte sera remplie de tous ces animaux".
Une autre explication est que sur les murs du palais de Pharaon, il y avait tous les animaux qui y étaient sculptés. Moché disait à Pharaon que l'Egypte sera pleine de tous les types d'animaux comme le sont les murs de son palais.

C'est pourquoi Moché a averti Pharaon à propos de la plaie des animaux sauvages dans son palais et non pas au Nil.
Puisqu'il avait besoin de pointer vers les animaux du zoo (en réel) ou bien des animaux sculptés sur les mûrs, et qui étaient dans le palais de Pharaon.

<--------->

-> "Je ferai une distinction entre Mon peuple et ton peuple" (Vaéra 8,19)

-> Le midrach (Chémot rabba 11,2) explique qu'en réalité les juifs méritaient la punition des animaux sauvages, mais Hachem les en a sauvés, punissant les égyptiens à la place.

=> En quoi est-ce juste que les égyptiens aient été puni pour les fautes des juifs?
De plus, pourquoi les juifs méritaient-ils d'être punis par la plaie des animaux sauvages plutôt que par les autres plaies?

-> Le rav Avigdor Miller explique :
les animaux sauvages venaient d'un mélange de toutes les espèces existantes au monde. Ceci est en soi non naturel, puisque les animaux errent généralement seuls ou en meute de leur espèce.
C'est pourquoi cette punition était appropriée aux juifs, qui devaient être une nation demeurant seule (à Gochen), cependant dans l'exil égyptien ils se sont mêlés à la population égyptienne. [Chémot 1,7 ; Chémot rabba 1,8]
Hachem dans Sa bonté a jugé les juifs avec indulgence, puisque l'influence négative des égyptiens a été la source de leur mauvais comportement.

<--------------------------------------------->

+ Mesure pour mesure :

-> Les égyptiens entretenaient de beaux zoos. Pour ce faire, ils envoyaient les juifs afin de capturer des animaux
Les égyptiens envoyaient délibérément les juifs pour les missions les plus dangereuses, souvent dans le seul but de les faire souffrir.
De façon ironique, maintenant ces mêmes bêtes abondaient.
[midrach Tan'houma - Bo 4 ; midrach Chémot rabba]

-> Les gardes égyptiens ont tout fait pour que les juifs ressentent une peur similaire à celle que peut générer une rencontre avec un animal sauvage.
Hachem leur a envoyé ces bêtes afin qu'ils puissent vivre cette même peur, qu'ils ont si facilement octroyé par le passé.

-> Les contremaîtres égyptiens apparaissaient aux juifs comme des animaux, puisqu'ils les effrayés, les terrifiés, sans cesse.
Ils ont été punis avec justesse en étant visités par les animaux sauvages.
[Sifté Cohen]

-> De même que les égyptiens ont pu dominer par la force les juifs, de même ils sont devenus la proie d'animaux sauvages sans pitié.

-> De même, qu'ils se sont réunis ensemble afin de torturer les juifs, de même toutes les bêtes ont convenu de s'unir afin de tourmenter et de dévorer les égyptiens.
[midrach Chémot rabba]

-> Cette plaie était également une punition contre Pharaon pour s'être baigné dans le sang de bébés juifs qu'il obtenait en assassinant 150 enfants le matin et 150 autres le soir.
Hachem avait donné aux animaux la responsabilité de venger ces meurtres délibérés ...
[En effet, ] si un meurtrier n'est pas puni par le tribunal, il le sera souvent par des bêtes sauvages.
Pharaon avait versé tant de sang innocent que sa nation entière fut punie par la plaie des bêtes sauvages.
[Méam Loez - Vaéra 8,20]

[Au-delà du fait que Pharaon était leur dirigeant, il faut se rendre compte que chaque égyptien à son niveau se comportait de la même façon avec les juifs. C'est ainsi que le Méam Loez (Chémot 5,14) écrit :
Les adolescents égyptiens faisaient irruption en bande dans les maisons juives, prétendant être entrés par erreur en se bousculant au cours de leurs jeux. Une fois dans les maisons, ils frappaient les juifs à mort.
Si ces derniers tentaient de les chasser, la police égyptienne les arrêtaient pour avoir maltraité des "enfants".
Les plus jeunes enfants égyptiens étaient tout aussi cruels. Ils erraient à travers les quartiers juifs pour guetter les naissances. Lorsqu'ils entendaient qu'un enfant était né, ils le dénonçaient aux autorités afin qu'il soit noyé dans le Nil.
=> Ainsi, de même qu'ils se sont comportés en animaux sauvages envers les juifs, de même les animaux sauvages envers eux!
Selon le midrach rabba, à chaque plaie (à part la 1ere), le premier à souffrir fut Pharaon. En effet, en tant que roi, il portait la principale responsabilité des souffrances infligées aux juifs.]

-> Pharaon a pris peur durant cette plaie, car même les animaux qu'il avait domptés par sorcellerie [l'Egypte excellait dans la sorcellerie] et placé devant son palais pour le garder se sont attaqués à ses serviteurs, les dévorant. [midrach Chémot rabba 11,11]
Il s'est alors lui-même trouvé en danger.

-> Hachem a amené les animaux sauvages afin de dévorer les enfants égyptiens, car les égyptiens entraient dans les maisons juives et voler les enfants, afin de les mettre à leur service.
[Abravanel]

-> A cause de leur servitude, les juifs n'avaient plus le temps de s'occuper de leurs troupeaux.
Sans berger, les troupeaux juifs étaient mis en pièces par les animaux sauvages.
Une punition semblable fut donc administrée aux égyptiens.
[Méam Loez - Vaéra 8,20]

-> Une raison de cette plaie est l'immoralité déplorable qui régnait parmi les égyptiens.
En effet, ils organisaient des orgies où 10 hommes étaient avec une femme et 10 femmes avec un homme.
Puisqu'ils renversèrent les barrières de la retenue, Hachem renversa également les barrières de la nature.
Etant donné que les égyptiens s'étaient assemblés de façon interdite, Hachem assembla les animaux d'une manière que la loi de la nature aurait normalement empêchée.
[midrach rabba (Bo) - rapporté par le Méam Loez - Vaéra 8,2]

-> Les égyptiens forçaient de façon cruelle les juifs à manger du lait cuisiné avec la viande d'un animal, ce qui est une transgression des lois de cachroute.
Un mélange d'animaux sauvages s'est réuni afin de les punir.
[Tiférét haRichonim]

-> La tribu de Yéhouda est comparée à un lion fort, le symbole de celle de Dan est le serpent, et celle de Binyamin est représentée par le loup.
Les juifs sont comparés à un assortiment d'animaux, qui ont tous envahi l'Egypte afin d'attaquer leurs oppresseurs.
[midrach rapporté par le Shach]

"N'accepte pas de rapport mensonger" (Michpatim 23,1)

-> Selon Rachi, ce verset constitue l'avertissement, adressé au juge, de ne pas recueillir la déposition d'un plaignant en l'absence de son adversaire.

-> Selon le Rambam (Séfer haMitsvot - lo taassé 281) :
"La Torah met en garde le juge de n'entendre les arguments d'aucun plaignant tant que son adversaire ne s'est pas présenté ... pour éviter que ne se dessine dans son cœur une image des faits injuste et erronée."

-> "Qui parle le premier dans un jugement a raison ; viendra la partie adverse, on approfondira ses arguments" (Michlé 18,17)
Le Ralbag de commenter : "Ce verset signifie qu'aux yeux du juge, le premier venu est considéré comme étant dans son bon droit, car il tiendra ses déclarations pour vraies.
Et lorsque le second surviendra et avancera des propos contraires, il n'acceptera d'y croire qu'après une minutieuse enquête.
C'est pourquoi la Torah interdit au juge de recueillir la déposition d'un plaignant avant que son adversaire se présente."

-> "Que désigne-t-on comme un "fourbe rusé"?
Rabbi Yo'hanan dit : Celui qui expose son point de vue au juge avant que son adversaire se présente"
[guémara Sota 21b]

Rachi explique : "Parce que lorsque le bon droit de ce plaignant prend racine dans le cœur du juge, il devient difficile de l'en déloger.
C'est en cela que consiste la ruse de cet homme."

-> Le Rav 'Haïm Chmoulévitch note que la Torah connaît la nature de tout être humain.
Un juge (même si c'est un grand sage!), a beau savoir qu'un autre plaignant viendra ensuite contredire les propos du premier, la version du second n'aura jamais le même poids que celle du premier.
En effet les premières paroles entendues seront désormais imprimées dans son cœur, et le jugement sera obligatoirement faussé!

<------------------------>

"Éloigne-toi de la parole mensongère" (Michpatim 23,7)

-> "D'où savons-nous que si 2 hommes se présentent au Bet Din, l'un vêtu de haillons et le second d'une tunique d'une valeur de 100 pièces, on dit au second de s'habiller comme le premier pour éviter aux juges de corrompre leur verdict?

Du verset qui dit : "Éloigne-toi de paroles mensongères". "
[guémara Chvou'ot 31a]

-> "A tout moment, le juge doit considérer qu'une épée est plantée entre ses jambes et que l'enfer est ouvert sous ses pieds"
[guémara Yébamot 109]

Normalement, le souci premier de tout juge est de prononcer un verdict droit, juste et impartial.

=> Nous pouvons réaliser l'immense pouvoir de nos yeux sur notre conscience.
En effet, selon la Torah, même le plus saint et le plus sage des juges, ne peut s'empêcher d'obéir aux sollicitations de ses yeux (ex: en voyant un plaignant magnifiquement vêtu et un autre au look misérable), et réciproquement, dès l'instant où une image s'efface de sa vue, il reprend aussitôt ses esprits.

[d'où la nécessité que les 2 parties soient habillées de la même façon]

<---------->

-> b'h, également à propos du mensonge : https://todahm.com/2019/02/14/8339

<------------------------>

"N'accepte pas de présent corrupteur, car la corruption trouble la vue des clairvoyants et fausse la parole des justes" (Michpatim 23,8)

-> "Pour quelle raison les pots-de-vin sont-ils interdits?

Parce que dès qu'un homme en reçoit, son esprit se rapproche de celui de son bienfaiteur et le considère comme coupable.
Que signifie le mot "cho'had" (pot-de-vin)?

"Chéou 'had" (il n'est qu'un). "
[guémara Kétouvot 105a]

-> Selon le Slaba de Slabodka (Ohr haTsafoun), lorsqu'un homme reçoit une gratification quelconque, il s'attache tellement à son bienfaiteur que : "le donneur et le bénéficiaire s'unissent en un seul cœur!" (Rachi sur la guémara précédente).

Inconsciemment, le bénéficiaire perd toute lucidité et son esprit ne peut désormais plus condamner le donateur, ses décisions deviennent totalement partiales.

-> La Torah connaît en profondeur la nature humaine, et cela s'applique même aux personnes les plus élevées.
On peut citer :

1°/ Selon Rachi (sur ce verset 23,8) : "Même un sage en Torah, s’il prend un présent corrupteur, son esprit finira par sombrer dans la confusion"

2°/ Selon le Rambam (Hilkhot Mélakhim), quiconque accède au trône est reconnu comme un homme d'une moralité irréprochable.
Mais la Halakha établit qu'on ne peut "demander à un roi de statuer sur l'embolisme" [qui consiste à ajouter un second mois d'Adar à l'année courante], et ceci, ajoute la guémara (Sanhédrin 18) : "à cause des pensions militaires".

Selon Rachi : "comme le roi distribue une certaine somme d'argent à ses armées par an, il est donc intéressé à ce qu'elles soient toutes embolismiques [afin que ses hommes le servent un mois supplémentaire pour le même prix]".

=> Ainsi, même l'un des plus grands justes du peuple juif est susceptible d'être influencé par des calculs pécuniaires.

3°/ Pour être nommé Cohen Gadol, il fallait avoir le roua'h haKodech. [guémara Yoma 73b]
De plus, le Cohen Gadol ne devait pas se lever devant le roi, alors qu'inversement, ce dernier était tenu de se lever devant lui.

Pourtant, ce très haut personnage ne pouvait également pas décider en matière d'embolisme.
Pourquoi?

La guémara (Sanhédrin 18b) répond : "Le froid".
En effet : "De crainte qu'il n'ait intérêt à ne pas déclarer l'année embolismique, pour éviter que le mois de Tichri ne tombe pendant la saison froide, attendu qu'il devait à 5 reprises se tremper dans un mikvé pendant Yom Kippour" (le Rambam - Hilkhot Kidouch ha'Hodech).

=> Ainsi, même si en Israël, au mois de 'Hechvan (environ novembre), il ne fait pas si froid ; et qu'on pouvait ajouter de l'eau chaude au mikvé du Temple, le Cohen Gadol pouvait quand même inconsciemment être enclin à juger l'année embolisme de manière erronée.

<----------------------------------------->

+ Conclusion & implication dans notre vie :

-> On a vu que tout juge doit :

1°/ Ne pas recueillir la déposition d'un plaignant en l'absence de son adversaire ; [v.23,1]

2°/ Avoir les 2 parties habillées de façon identique ; [v.23,7]

3°/ Ne recevoir aucune gratification de la part d'une des parties. [v.23,8]

-> Le rav Israël Salanter (Iguéret haMoussar) disait qu'à chaque instant, nous sommes les juges de notre propre vie.

Toutes les idées et les moindres pensées, les actes et leurs intentions, tout transite inévitablement par le jugement et l'appréciation de la conscience.
Naïvement, les hommes suivent aveuglément "l'opinion" vers laquelle les dirigent leurs innombrables partis-pris (plus ou moins consciemment), sans prendre conscience du piège grand ouvert sous leurs pieds.

-> Ainsi, dans une démarche de sincérité et d'objectivité, par exemple :

1°/ il ne faut pas laisser son yétser ara venir donner seul ses arguments.

A certains moments, on perd le contrôle et le yétser ara prend seul les commandes, souhaitant nous inciter à la faute.
Il faut lui dire qu'en tant que juge, je me dois d'attendre le retour de mon yétser atov, afin de pouvoir arbitrer (yétser ara : patiente donc un peu!).

On doit avoir une attitude pleine d'humilité où l'on ne se refuse pas d'entendre les arguments des autres parties, afin de ne pas s'empêcher de découvrir ses erreurs (sinon on risque de devenir têtu, préférant penser avoir toujours raison, quitte à rester dans le mal).

<---------->

2°/ Le yétser ara est spécialisé pour vendre du rêve, pour nous vendre la faute comme une mitsva, comme une affaire indispensable.
Il faut veiller à ce que nos 2 penchants soient "habillés" pareils : "Qu'est-ce que je gagne? Qu'est ce que je perds?" ; "Qu'est-ce qu'en pense Hachem?".

Nous devons également ne jamais juger quiconque en fonction de son apparence ou de sa condition sociale, mais uniquement en fonction de ses véritables valeurs.

La guémara (Béra'hot 5) préconise : "Que l'homme excite continuellement son bon penchant contre son mauvais penchant."

En s'appuyant sur la suite de la guémara, nous pouvons poursuivre :
- Si tu parvient à vaincre ton yétser ara, tant mieux, sinon si tu t'es laissé séduire par ses belles parures : "qu'il étudie la Torah" et qu'il se délecte de ses merveilleux enseignements.

- Si ce conseil ne suffit pas, parce que le yétser ara est encore "trop beaux" à tes yeux, alors "qu'il lise le Chéma", car en acceptant sur soi le joug divin, l'homme prend conscience de la beauté du judaïsme et de l'Unité de Hachem ;

- Si cela ne suffit pas pour réduire l'attrait du yétser ara à nos yeux, il faudra "se souvenir du jour de la mort", où seulement les mitsvot accompagnent l'homme pour l'éternité (et non son argent).

Rabbi Na'hman dit que toutes les fautes prennent racine dans le fait que nous pensons être immortel.

=> Grâce à cette lucidité acquise en "déshabillant" le mauvais penchant (de ses fausses promesses et tentations), on pourra prononcer un verdict juste et positif.

<---------->

3°/ Seul la vérité doit compter, et aucun présent corrupteur ne doit intervenir.

Les pots-de-vin peuvent avoir de nombreuses formes, comme par exemple le fait que nous nous jugeons nous-même (influence du regard d'autrui, paresse, orgueil, environnement, ...).
A l'image de nos Sages, lorsque nous avons reçu un pot-de-vin, ou bien lorsque la décision sur le problème est trop dure à prendre, il nous faut laisser place à un autre juge, comme par exemple un rav compétent, une personne avisée.

Il faut avoir conscience que personne n'échappe à cette influence, même inconsciemment, et il faudra donc être vigilant dans les décisions que nous prenons en tant que juge de notre vie, pour qu'elle soit la plus réussie possible.

<----------------------->

-> "Fausse la parole des justes" (Michpatim 23,8)

A chaque fois que le mot "tsaddikim" est écrit dans la Torah, c’est sans youd, sauf une fois où il est écrit avec youd, dans ce verset (צַדִּיקִים).
Le verset vient nous enseigner que même un juste parfait (tsadik) peut être tenté d’infléchir la justice à cause d’un cadeau corrupteur.
[midrach ‘Hasserot VéYétérot]

<----------------------->

b’h, sur ce même sujet :
- http://todahm.com/2015/10/24/3805
- http://todahm.com/2019/10/02/10740

"Si tu prêtes de l'agent à un membre de Mon peuple, au pauvre qui est avec toi, ne te conduis pas envers lui comme un créancier" (Michpatim 22, 24)

-> "Si tu prêtes de l'agent à un membre de Mon peuple (ami - עַמִּי) : tu seras avec Moi ('imi), tu mériteras de siéger proche de Moi."
[midrach Tan'houma]

-> "Prêter de l'argent aux pauvres est une grande mitsva, plus grande que la tsédaka" (Choul'han Aroukh - Hochen Michpat 97,1)

-> "Tout homme qui prête de l'argent à son prochain sans prélever d'intérêts, la Torah considère qu'il a accompli toutes les mitsvot."
[midrach rabba - chap.31]

-> "Sache que la mitsva de prêter concerne non seulement le prêt d'argent, mais également le prêt d'objet ou de biens.
Hachem souhaite voir l'homme accomplir des gestes de bienveillance, qui inclut toutes les preuves de bonté que l'homme peut manifester à autrui.
[...]
Que personne ne laisse ces pensées lui traverser l'esprit : "Combien cet homme me pèse, lorsqu'il vient sans cesse m'emprunter de l'argent et me le rembourser ensuite!", car nul ne se plaint des clients qui viennent sans cesse frapper à la porte de son magasin pour lui permettre de réaliser des bénéfices.

Qu'on soit au contraire conscient qu'on accomplit par la une mitsva de la Torah, qui suscitera sur nous la bénédiction du Créateur. "
[le 'Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed]

-> Le Kli Yakar dit en ce sens : "au pauvre qui est avec toi" : le pauvre que tu soutiens est "avec toi", car ainsi, vous devenez partenaires.
Tu lui viens en aide, et lui en te permettant de le faire, te vient en aide. "

[lui te donne des mérites éternels, en échange d'un peu d'argent. Qui doit remercier qui?]

-> Le rabbi Shmelke de Nikolsbourg enseigne :
Parfois une personne se fixe un montant spécifique d'argent qu'elle donne à la tsédaka, mais alors que ses richesses augmentent, ce montant donné va rester le même.
La Torah dit : "ét aani ima'h" ("le pauvre qui est avec toi") = de même que nous avons pu nous enrichir, de même nous devons également enrichir le pauvre qui est avec nous.

-> Le rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk dit :
Selon nos Sages, lorsque nous quittons ce monde, nous ne sommes pas accompagnés par des personnes importantes ou bien par des richesses, mais par notre Torah et les bonnes actions que nous avons pu accumuler dans ce monde.
C'est ainsi que l'argent qui va nous accompagner est celui que l'on aura donné en tsédaka "au pauvre qui est avec toi".

[les pauvres nous permettent d'échanger notre argent éphémère de ce monde, contre de l'argent valable éternellement dans le monde à venir!
Il faut se considérer comme pauvre en mérites (moi = "le pauvre qui est avec toi"), pour ressentir de la joie à donner son argent, car ainsi on s'enrichit pour l'éternité. Quelle affaire, il me permet de faire! ]

-> "Au pauvre qui est avec toi" :
Le Ktav Sofer enseigne que même si nous sommes riches et que nous avons beaucoup d'argent à donner aux autres, il ne faut pas en faire étalage.
Pour nous même, il faut agir comme un pauvre ("au pauvre qui est avec toi"), en sachant se satisfaire de peu, en ne laissant pas libre recours à la matérialité (le superflu). Il faut avoir conscience que si nous avons de l'argent en plus, c'est pour aider les pauvres, car au final ce que j'aurai et que l'on ne pourra jamais m'enlever, c'est ce que j'aurai pu donner.
Pour les autres, je dois avoir une vision riche, large, pour combler au mieux ses besoins.
[on a trop tendance à faire le contraire : voir nos besoins personnels avec des yeux de riches, et ceux d'autrui avec des yeux de pauvres!]

<--->

-> L’interdit de prêter ou d’emprunter d’un autre juif avec intérêt (connu comme l’interdiction de Ribbit) est tellement grave qu’elle touche tous ceux qui sont impliqués dans la transaction : l’emprunteur, le prêteur, le courtier, l’avocat qui rédige le contrat, les témoins, le scribe et toute autre personne associée.
De plus, le prêteur transgresse six interdits et l’emprunteur en transgresse trois.

-> La guémara nous précise que celui qui transgresse cette mitsva de Ribbit risque une grande perte financière, et pire encore, il ne sera pas digne de bénéficier de la résurrection des morts (té'hiyat hamétim).
["Qui prête avec intérêts et accepte le surcroît, il vivrait? Il ne vivre pas" (Yé'hezkel 18,13) = le rav 'Haïm Chmoulévitch commente : D. dit au prophète : celui qui a vécu dans ce monde en prenant des intérêts pour un prêt consenti ne pourra pas vivre dans le monde futur.]

-> Le yétser ara est très fort dès que l’on parle d’argent.
Le Tour (Yoré Déa - Siman 160) écrit : "Il faut faire très très attention à l’interdit de Ribbit".
Le Beit Chmouël souligne que le Tour et le Choul’han Aroukh ne répètent les mots "très très" qu’à 3 reprises, et l’une d’elles est dans la règle précitée. [les 2 autres concernent les interdits de soudoiement et d’immoralité]
Le Beit Chmouël en explique la raison, sur la base d’une guémara (Makot 23b) ; l’individu a un fort désir naturel d’acquérir de l’argent, et il faut donc redoubler d’efforts pour ne pas transgresser les lois de Ribbit.
Sur la base de cette explication, il est probable que la cupidité aveugle les gens quant aux lois de Ribbit, surtout quand celles-ci risquent de causer une dégradation de leur situation financière.

<--->

-> "N’exigez pas de lui des intérêts" (Michpatim 22,25) = Ceci fait référence à l’interdit de ribbit (prêter de l’argent avec intérêt).
Le rav ‘Haïm Chmoulewitz (Si’hot Moussar) rapporte plusieurs paroles de nos Sages qui soulignent la gravité du prêt avec intérêt. Il rapporte par exemple, un midrach affirmant qu’après chaque faute, des anges tentent de vanter les mérites de la personne qui l’a commise, à l’exception du prêt avec intérêt.

Le rav Chmoulewitz ajoute :
(v.22,24-26 : ne pas mettre la pression sur l'emprunteur s'il sait qu'il ne peut pour l'instant rembourser le prêt, ne pas demander des intérêts, rendre les biens en garantie quand l'emprunteur en a besoin, comme par exemple restituer les vêtements nécessaires la journée).
La Torah souligne ici l’importance de faire du ‘hessed de la manière la plus parfaite possible en évitant de causer un quelconque désagrément à autrui. Par conséquent, bien que ce soit une grande mitsva de prêter de l’argent à autrui, le prêteur doit faire très attention à ne pas affadir son bienfait, en faisant, par exemple, pression sur l’emprunteur.

Le rav Chmoulewitz note : Plus la personne attache de l’importance au ‘hessed, plus elle est jugée sévèrement dans le cas où elle commet un manquement quant à cette reconnaissance. Ainsi, celui qui prête et exige des intérêts sera jugé très durement, parce qu’il manifeste une volonté d’aider l’emprunteur, mais décide néanmoins de lui prendre des commissions.

-> Le rav Moché Sternbuch tire un enseignement similaire d’une guémara qui affirme qu’une personne qui entame une mitsva, mais qui ne la termine pas est très lourdement punie.
[la guémara rapporte l’exemple de Yéhouda qui entama la mitsva de sauver Yossef, mais qui ne la termina pas : il perdit, à cause de cela, sa femme et deux fils.]
Ceci semble très difficile à comprendre : une telle sanction n’est pas infligée à celui qui n’accomplit pas du tout une mitsva, alors pourquoi punir sévèrement celui qui se contente de la commencer?

Cette guémara nous apprend que celui qui entreprend une mitsva montre qu’il la valorise. Par conséquent, s’il ne la termine pas, il est jugé plus durement du fait de sa plus grande appréciation de la mitsva. En revanche, celui qui ne commence même pas son accomplissement n’est pas puni, parce qu’il se trouve à un niveau inférieur et est donc jugé avec plus d’indulgence.

Nous apprenons de ces mitsvot concernant le prêt d’argent que lorsqu’une personne fait un ‘hessed à son prochain, elle doit à tout prix s’efforcer de maximiser l’effet positif de son bienfait, sans l’endommager d’une quelconque façon.
[cela appuie les paroles du rav Chmoulévitch : celui qui prête et exige des intérêts sera jugé très durement, parce qu’il manifeste une volonté d’aider l’emprunteur, mais décide néanmoins de lui prendre des commissions.]

-> Dans un sens similaire, quand quelqu’un donne de la tsédaka, il peut le faire avec le sourire ou bien en esquissant une moue. Nos Sages (Baba Batra 9b) affirment que celui qui donne avec joie reçoit 17 bénédictions en récompense de sa mitsva, tandis que celui qui donne sans enthousiasme n’en reçoit que 6.
Le manque de joie diminue donc grandement la portée du bienfait.

<-------------------->

-> "Si tu prêtes ... Ne te conduis pas envers lui comme un créancier (noché - כְּנֹשֶׁה)"

Le Rav Yaakov Beifuss (Léka'h Tov) rapporte que le riche doit prendre conscience que :
- la forme conditionnelle (si tu) implique que si tu possèdes tant d'argent que tu peux le prêter, alors sache que celui-ci revient : "au pauvre qui est avec toi" ;

- il ne faut tirer aucun orgueil de ce fait, car sinon on devient créancier (même émotionnellement!).
Il faut être reconnaissant envers Hachem qui nous a permis d'être dans cette situation.

-> Rav Shimshon Raphaël Hirsch enseigne :
"En prêtant de l'argent à celui qui en a besoin, la Torah nous laisse entendre qu'on s'attache à lui et à son infortune.
Il n'est plus seul car on se trouve à ses côtés pour l'aider à affronter les obstacles et à acquérir son indépendance financière. "

Lorsque papa Hachem voit l'entraide, qui règne entre ses enfants, Il les couvre de bisous (de bénédictions).

<------------------------------------>

"Si tu prêtes de l'agent à un membre de Mon peuple" (Michpatim 22, 24)

-> Le midrach Tan'houma (8) de commenter :
"Hachem éprouve tous les hommes : les riches, s'ils tendent la main aux pauvres, ils pourront jouir de leur richesse et la récompense de la charité accomplie leur sera conservée dans le monde futur.
[...]
Les pauvres [sont aussi éprouvés], car s'ils ne se révoltent pas dans ce monde-ci, ils recevront leur récompense dans le monde futur."

=> Il faut accepter le rôle que Hachem nous a attribué et agir en conséquent.
Par exemple, si un riche ne reverse pas ce qui lui a été donné en dépôt, on peut le lui retirer, et en faire profiter une autre personne.

En effet, nos Sages disent que la tsédaka est ce qui permet de conserver sa richesse, voir d'en avoir davantage.
On peut citer à ce sujet :

-> Le verset suivant : "Or s'il se plaint à Moi, Je l'écouterai car Je suis compatissant" (Michpatim 22,26)
Le Sforno de commenter : "Car en toutes circonstances, lorsqu'il M'implorera concernant sa pauvreté ... Je lui donnerai une part de cet argent superflu que Je t'accordais jusque-là pour subvenir aux besoins d'autrui."
[Je lui donnerai un peu de ce que Je t'aurais donné en plus de ce dont tu as réellement besoin pour vivre et qui est destiné à aider autrui.]

-> La guémara (Témoura 16a) :
"Au moment où le pauvre se rend chez l'homme aisé et lui dit : "Nourris-moi!", si ce dernier le nourrit, tant mieux.
Sinon, "le riche et le pauvre sont sur la même ligne" (Michlé 22,2) : Celui qui (Hachem) a enrichi le premier, le rendra pauvre, et celui qui (Hachem) qui a appauvri le second le rendra riche. "

Rachi de commenter : A chaque instant, D. renouvelle leur situation.

Ainsi, l'état actuelle des choses n'apportent aucune certitude quant à l'instant suivant.
Seul le fait d'assumer notre rôle dans la redistribution des richesses peut nous aider à rester parmi les riches.

<---------------------->

-> Il est intéressant de noter que cela est également vrai pour les richesses spirituelles :

- la même guémara (Témoura 16a) dit : "Mais si le sage (par rapport à une autre personne) refuse de lui enseigner la Torah ... celui qui (Hachem) a rendu le premier sage le rendra sot, et celui qui (Hachem) a fait le second sot le rendra sage".

- Nos Sages disent (guémara Taanit 7a) : "La guerre est déclarée aux érudits qui étudient la Torah en solitaire ... ils en deviennent eux-mêmes sots."

=> Ainsi, aussi bien matériellement que spirituellement, celui qui refuse de partager ce qu'il possède verra ses biens attribués à autrui.

<--------------------------------------->

"Plus le poids des richesses augmente, plus il devient difficile d'ouvrir sa main à la charité"

[le 'Hafets 'Haïm]

=> Il ne faut pas s'excuser en pensant : "J'attends d'être riche avant de donner un maximum à la tsédaka" ou "Si j'avais beaucoup d'argent, alors je donnerai beaucoup à la tsédaka", car en même temps qu'arrive la richesse, il se renforce en nous un yétser ara de ne pas la redistribuer.

<--------------------------------------->

-> Hachem désire nous soyons bons et compatissants afin de mériter le bien qu'Il nous donne. Si les hommes ont pitié les uns des autres, ils mériteront que Hachem ait pitié d'eux et envoie la bénédiction dans tout ce qu'ils font.
Par contre, si les gens n'ont pas de compassion pour autrui, Hachem n'aura pas pitié d'eux.

D. peut venir en aide au pauvre d'une autre façon, nombreux sont les moyens dont Il dispose.
Il peut fournir à l'homme ce qu'Il désire avec une main ouverte. Mais l'homme qui s'abstient d'aider les pauvres perd sa qualité d'agent de D.
S'il avait aidé un être humain à survivre, comme son mérite aurait été grand!
[...]

Le monde est une roue ... Si tu ne deviens pas pauvre, peut-être tes enfants ou tes petits-enfants le deviendront-ils.
Lorsque tu fais du bien tu en profiteras car D. te protégera et ne te laissera pas en arriver à cet extrême.
La Torah te dit de prêter de l'argent "au pauvre avec toi". Lorsque tu prêtes de l'argent, le pauvre n'est pas le seul à en profiter. Tu en bénéfices "avec lui", et parfois encore davantage.
[tu donnes du matériel (tsédaka) en échange d'une récompense éternelle (mitsva), et de plus tu te protèges de devenir pauvre "comme lui", et bénéficies d'une pluie bénédictions pour ton acte!]
[...]

"A part (milvad) l'holocauste du matin" (Chémini 9,17).
Le mot "milvad" (מִלְּבַד) peut être compris comme une abréviation des mots : "malvé léani bécha'at do'hako" = prêter au pauvre dans le besoin.
Ceci indique que consentir un prêt à un pauvre dans le besoin donne autant de mérite qu'offrir le sacrifice quotidien du matin dans le Temple." [Sifté Cohen]
[...]

La guémara (Sanhédrin 76b) enseigne : "A propos de la personne qui prête à un pauvre lorsqu'il est dans le besoin, le verset : "Alors tu appelleras et D. répondra" (Yéchayahou 58,9)."
En d'autres termes, si tu demandes quelques choses à D., Il te le donnera.
Le Sifté Cohen commente que la guémara parle d'un homme qui prête de l'argent alors qu'il est lui-même dans le besoin. Il ne tient pas compte de sa situation personnelle mais prête au pauvre le peu qu'il possède.
Cela dénote un [très] haut niveau spirituel et cet homme mérite que D. lui réponde.
[...]

Selon le 'Houpat Eliyahou, la Torah en employant : "au pauvre avec toi", nous enseigne que si tu prêtes de l'argent à un pauvre, ne le lui remets pas en public. Il aura honte parce que les gens pourraient croire qu'il reçoit la charité.
La Torah précise donc qu'il faut le prêter "au pauvre avec toi". Personne d'autre que le pauvre ne doit se trouver avec toi à ce moment-là.
Il faut faire très attention à ne jamais faire honte à qui que ce soit.
[...]

"Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, au pauvre qui est avec toi" (Michpatim 22,24) = l'argent que tu donnes au pauvre restera avec toi, c'est cela ton véritable patrimoine.
Tu peux compter sur cet argent : personne ne peut te le prendre et il reste éternellement tien.
[ma réelle richesse = ce que j'ai donné à ceux dans le besoin!]

L'homme ne doit pas se vanter de sa richesse. Il doit savoir que dans ce monde, personne ne peut être sûr de sa fortune.
En effet, chaque lettre du mot ani (עני), signifiant pauvre, se trouve juste à côté des lettres du mot "kessef" (כסף), voulant dire argent.
Le ayin est juste à côté du pé ; le noun à côté du samékh, et le youd à côté du kaf.

Nous voyons également que toutes les lettres du mot "achir" (riche) peuvent désigner soit la richesse, soit la pauvreté :
Le ayin peut servir à dire : "ani" (un pauvre) ou "achir" (un homme riche).
Le chin est la 1ere lettre du mot "sar" (un noble) ou "achir" (un homme riche).
Le réch est la 1ere lettre du mot "roch" (la tête) et du mot "rach" (le pauvre).

=> Ceci nous enseigne que le riche et le pauvre sont liés l'un à l'autre : le riche ne peut éviter le pauvre.
Si Hachem donne sa fortune au riche, c'est uniquement pour qu'il soutienne les pauvres. Si le riche réalise le but pour lequel sa richesse lui a été confiée, il sera autorisé à la garder.
Sinon, il doit se souvenir que la pauvreté est toujours à ses côtés.
[Méam Loez - Michpatim 22,24]

<--------------------------------------->

-> "Si tu prêtes de l’argent à quelqu'un de mon peuple" = cela signifie que si tu vois que tu as de l’argent en surplus de tes besoins personnels, et que tu le prêtes à Mon peuple, sache que ce n’est pas ta part, mais celle du pauvre que D. a déposée chez toi pour te donner l’occasion de pratiquer la mitsva de donner.
C’est pourquoi tu dois lui donner ce qui est à lui, et ne pas être envers lui comme un créancier, car il t'est interdit de te sentir supérieur à lui.
En effet, c’est ce qui est à lui que tu lui donnes.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

<---------------->

Rashi explique :
– "A quelqu’un de Mon peuple" par : "Ne te conduis pas envers lui avec mépris quand tu lui prêtes car il est de Mon peuple!"
– "Au pauvre qui est avec toi » par : « considère toi toi-même comme si toi, tu étais le pauvre".

Le Sabba de Kelm expliquait à ce sujet qu’avoir pitié ne suffit pas, la Torah nous demande de ressentir ce que l’autre ressent, lui qui est dans le besoin, à tel point que l’on puisse "s’observer" dans cette situation délicate.
[nos Sages disent par exemple qu'un des objectifs de nos jours de jeûnes et de pouvoir se mettre à la place de ceux qui ont du mal à se nourriture, et ce tous les jours de l'année.
A l'image de Moché en Egypte (avec ses frères juifs esclaves), nous devons pleinement nous mettre à la place des pauvres, et ressentir leur souffrance/douleur physique et psychologique.
Comment ensuite pouvoir rester insensible? Comment ensuite ne pas remercier Hachem de tout cœur d'avoir une vie si agréable en comparaison!! ...]

<--->

– "Ne sois pas pour lui comme un créancier" = Rachi commente : "ne lui réclame pas ce qu’il te doit avec violence. Si tu sais qu’il n’a pas de quoi te rembourser ne sois pas envers lui comme si tu lui avais prêté mais plutôt comme si tu ne lui avais pas prêté, c’est-à-dire ne lui fais pas honte".

<--------------------------------------->

-> b'h, également au sujet de la notion de tsédaka : http://todahm.com/2019/07/07/9542
-> ainsi que : http://todahm.com/2015/10/24/la-charite

<--------------------------------------->

-> "Grande est la charité (tsédaka), puisqu’elle rapproche la guéoula"
[guémara Baba Batra 10a]

-> Les mots : "Si tu prêtes de l’agent à [quelqu'un de] Mon peuple" (Michpatim 22, 24) ont la même valeur numérique que : "Je vous enverrai rapidement le machia'h fils de David".
[Imrot Téhorot]

<--------------------------------------->

"Si tu prends le vêtement de ton prochain en gage, tu le rendras avant le coucher du soleil.
C'est là son seul habit, le vêtement pour sa peau. Avec quoi se couchera-t-il? S'il crie vers moi, J'écouterai car Je suis compatissant." (Michpatim 22,25-26)

-> Hachem dit que si tu prêtes de l'argent à ton prochain et que à l'échéance il n'a pas les moyens de te rembourser, tu peux prendre un objet en gage (machkon).
Si le gage est un vêtement dont il a besoin le jour, tu dois le lui rendre pour toute la journée, et il le gardera jusqu'au coucher du soleil.
A ce moment-là, tu pourras le reprendre mais tu le lui rendras au matin. Tu dois faire cela chaque jour.

De cette façon, tu agiras comme Hachem le fait avec ton âme toutes les nuits.
Chaque nuit, l'âme monte pour rendre des comptes et avouer ses mauvaises actions de toute la journée.
Hachem est compatissant et rend l'âme chaque jour quelle que soit la dette de l'homme envers D. à cause de ses fautes ...

Hachem termine [ce verset] par les mots : "car Je suis compatissant".
Le monde entier a été créé par l'attribut de miséricorde.
Par conséquent, J'ai pitié de ceux qui crient vers Moi. Je t'ordonne d'être compatissant et de rendre le gage au pauvre lorsqu'il en a besoin, en particulier si c'est une chose dont il a besoin pour vivre.
Ainsi, J'ai pitié de ton âme que Je prends en gage chaque soir, Je te la rends au matin. Si tu n'as pas pitié des pauvres, Je n'aurai pas pitié de toi.

Même si le pauvre n'est pas particulièrement un homme de valeur, ne pense pas que Je ne l'écouterai pas.
"Je suis compatissant" = J'aurai pitié du pauvre même s'il ne le mérite pas C'est pour cette raison que Je suis appelé compatissant : le fait que Je l'écoute est un cadeau inconditionnel, indépendant de ses bonnes actions.

Certes, J'écoute parfois les cris des autres hommes et parfois non.
Par contre, lorsque c'est un pauvre qui crie vers Moi, Je m'empresse toujours de l'écouter.

Il est proche de Moi, comme il est écrit : "Hachem est proche des hommes au cœur brisé".
=> Par conséquent, quiconque fait de la peine au pauvre et agit durement envers lui sera sévèrement puni.
Hachem Lui-même s'occupe de lui, Il est un Juge qui n'a besoin d'aucun témoin et qui ne peut être soudoyé.
Hachem ne renvoie le pauvre à nul autre juge : Il arbitre Lui-même sa cause. Le gage que D. prend alors est l'âme de celui qui l'a persécuté.
[Zohar - Yitro 86b]

[Méam Loez - 22,25-26]

[imaginons l'impact positif que peut avoir le cri de joie que va pousser un pauvre après que nous lui ayons donné des mots d'encouragements, de l'intérêt/écoute, de l'argent, ...
"Lorsque c'est un pauvre qui crie vers Moi, Je m'empresse toujours de l'écouter" = toute personne dans le besoin (pauvre) émotionnel, matériel, ... que je peux aider, va m'entraîner à coup sûr de magnifiques bénédictions Divine, de part la proximité du "pauvre" avec Hachem!
Comment alors ne pas sauter sur les occasions de redonner du sourire aux gens, de leur donner de la confiance/valorisation en eux, de les aider financièrement, ... ]

<--->

-> "S'il advint qu'il crie vers Moi, J'écouterai car Je suis compatissant" (Michpatim 22,26)

Le Sforno explique : "J'ai de la compassion pour tout celui qui prie à Moi, lorsqu'il n'a personne qui peut l'aider mis à part Moi".

Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Lorsque nous sommes désespérés, et que nous nous tournons vers Hachem persuadés que c'est le seul qui peut nous aider, alors Hachem va se tenir à notre droite pour nous aider.
Mais tant qu'une personne ressent (même un peu) qu'elle peut gérer toute seule (Hachem n'étant qu'un de ses moyens pour s'en sortir!), alors la compassion d'Hachem ne s'exprime pas totalement.

[nos Sages conseillent de prier comme un pauvre, qui tape à la porte de l'unique personne qui peut l'aider.
L'heure est grave, les espérances sont toutes tournées vers ce "riche", car sinon c'est la mort assurée!
Nos Sages (guémara Béra’hot 30b) disent : "Les premiers hommes pieux ('hassidim) se préparaient à la prière pendant une heure" = en effet, plus nous avons une conscience forte de devant qui nous prions, de notre dépendance à 100% (et pas à 80%, voir moins!), plus nous pouvons espérer obtenir de l'aide d'Hachem.
D'où la nécessité de travailler la conscience de cette réalité avant de prier!]

["N'affligez pas la veuve et l'orphelin" (Michpatim 22,21) = la Torah met particulièrement en garde au sujet de ces personnes car n'ayant personne pour les aider (pas de mari, pas de parents), ils ont davantage tendance à mettre tous leurs espoirs en Hachem, et ils ont donc un énorme pouvoir de prière et peuvent bénéficier d'une grande compassion Divine.
Tandis qu'une autre personne, au moment de sa prière aura également en tête ses plans B, les autres personnes à contacter pour s'en sortir si la prière ne "fonctionne" pas.]

<-------------------->

-> "Si quelqu’un emprunte à un autre" (Michpatim 22,13)

Le Pélé Yoets écrit : "La mitsva de prêter est un acte très charitable. “Abondance et richesse régneront dans sa maison, sa vertu subsistera à jamais.” Même si l’objet prêté s’abîme un peu, le prêteur gagnera plus qu’il n’aura perdu, car Hachem le récompensera pour sa bienfaisance. De plus, son emprunteur le bénira."

Le rav David Pinto dit : Le devoir de générosité inclut de nombreux domaines. Il faut être prêt à aider son prochain physiquement, [moralement], par sa sagesse et par ses conseils.
Nous ne devons pas le priver de tout bienfait que nous sommes en mesure de lui rendre et le faire avec cœur, selon nos possibilités. En agissant ainsi, nous procurons de la satisfaction au Créateur, qui nous rétribuera dûment.

<------------------------------------>

-> La Torah dit au prêteur qu'il doit rendre à l'emprunteur démuni l'objet qu'il veut laisser en gage "car c'est son seul vêtement sur la peau, comment pourrait-il alors dormir, et s'il crie vers Moi, Je l'écouterai car Je suis miséricordieux" (Michpatim 22,26)

-> Le Sfat Emet explique le verset autrement.
Au départ, la Torah s'adresse au prêteur, l'enjoignant de restituer au pauvre son gage, mais par la suite, Hachem s'adresse directement au pauvre et lui dit : "Si tu cries vers Moi, Je t'écouterai car Je suis miséricordieux" = "Pourquoi fais-tu la manche comme un mendiant? Pourquoi t'adresses-tu à cet homme? Tourne-toi vers Moi, car chez Moi se trouve toute l'aide possible! Pourquoi fais-tu une hichtadlout absurde en demandant de l'aide à des êtres humains? Fais la bonne et réelle hichtadlout, prie Celui qui peut vraiment t'aider, et tu verras la délivrance".

<--->

-> "Si tu as pris en gage la tunique de ton prochain, tu la lui rendras avant le coucher du soleil. Car c'est sa seule couverture, c'est le vêtement de son corps, avec quoi dormira-t- il Et lorsqu'il criera vers Moi, Je l'entendrai, car Je suis compatissant" (Michpatim 22,25-26)

-> Le Sfat Emet commente :
La Torah s'adresse ici à la fois au prêteur et à l'emprunteur. Elle dit au prêteur : "Tu dois rendre le gage à l'emprunteur. Tu lui as pris sa seule couverture, c'est pourquoi tu dois la lui rendre."
Mais elle s'adresse aussi à l'emprunteur : "Si tu as un souci, et qu'il te manque la seule couverture que tu avais parce qu'on te l'a prise, ne te tourne pas vers ton créancier pour la récupérer, ce n'est pas la bonne adresse'. Car en réalité, ce n'est pas lui qui te l'a prise ... Tu dois te tourner vers D. directement!", comme il est écrit : "Lorsqu'il criera vers Moi" et pas « vers lui ». Et alors, si tu te tournes vers Moi, "Je t'entendrai, car Je suis compatissant".

-> Le rav Yaakov Israël Pozen ajoute :
Ne te rabaisse pas à quémander auprès de ton créancier, pour le supplier de te rendre ta couverture. Cesse ta course effrénée en quête d'argent, de possession, de salaire ... Investis tes efforts au bon endroit : la prière! C'est là que tout prend sa source.

"Ils Me feront un Sanctuaire, et je résiderai parmi d’eux" (Térouma 25,8)

-> Il est intéressant de noter que le même principe fut énoncé au roi Chlomo : "Cette maison que tu édifies ... et Je résiderai au sein des enfants d'Israël" (Mélakhim I 6,12).

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,4) explique que par "résider en eux", Hachem veut dire aux juifs qu'Il résidera à l'intérieur de chacun d'eux, et rapporte que par ces mots, D. signifie à Moché :
"Ne croyez pas que le but de cette construction soit l'édifice physique qui en résultera.
Par ce Sanctuaire et la fabrication de tous ces ustensiles, Mon intention est que vous vous en inspiriez pour agir de la même manière à l'intérieur de votre personne, pour que Je puisse résider en vous.

Car par vos actes, vous pouvez vous transformer et devenir la copie exacte de ce Sanctuaire et de ses composants".

<--------------------->

-> "Car Hachem, ton D., marche au centre de ton camp ... ton camp devra être saint, il ne faut pas que D. voie en toi une chose malséante, car Il se retirerai de toi" (Ki Tétsé 23,15)

Sur ce verset, Rabbi Chimon bar Yo'haï (rapporté dans le Séfer 'Harédim) dit que le "centre" est le cœur de l'homme, situé au centre du corps humain, et que le "camp" fait allusion aux 248 membres qui le composent.
Ainsi, si l'homme manque de se sanctifier, en quelque sorte, il détruit un "Temple", lieu de réception du Roi du monde.

Notre cœur est une maison consacrée à Hachem, et nous devons tout faire pour qu' "Il ne se retirerai pas de toi".

<--------------------->

-> D'ailleurs, le Néfech ha'Haïm, rapporté ci-dessus, conclut à ce sujet par :
"Lorsque l'homme s'égare en laissant s'insinuer dans son cœur des pensées impures de luxure, c'est comme s'il faisait entrer une prostituée à l'intérieur du Saint des saints d'En-Haut.

Par cela, il consolide les forces de l'impureté dans le Saint des saints céleste, de manière bien plus intense que ce qu'a pu faire Titus (destructeur du 2e Temple) en faisant entrer une prostituée dans le Saint des saints du Temple d'ici-bas.

De même, toute faute et tout esprit de rébellion, que l'homme laisse pénétrer dans son cœur donnent corps au verset : "Notre saint et glorieux Temple ... est devenu la proie des flammes" (le prophète Yéchayahou 64,10). "

-> Hachem a tellement confiance en chacun de nous, qu'Il nous a doté de capacités divine, pouvant être exploitées en bien comme en mal.
L'obligation d'existence d'un libre arbitre, fait que nous n'avons pas conscience de la grandeur des conséquences de chacune de nos actions.
=> Combien devons-nous prendre garde à la pureté et la sainteté de notre Temple intérieur!!

<--------------------------------------->

+ La Torah : le moyen permettant d'accueillir en nous la présence divine

-> Le Ba'h (Ora'h 'Haïm - chap.47) écrit dans son commentaire de la bénédiction sur la Torah :
"Lorsque nous nous consacrons à l'étude de la Torah, afin de renforcer notre âme, nous devenons un Char et un Sanctuaire pour accueillir la présence divine.
Et c'est véritablement à l'intérieur de notre personne que celle-ci élit sa résidence, et la terre entière est alors inondée de Sa splendeur.
[...]
Nous disons dans la bénédiction de la Torah : "Qui nous a choisis" : c'est-à-dire que Hachem nous a amené jusqu'au mont Sinaï pour nous offrir Sa sainte Torah, l'instrument de Son plaisir avec lequel Il se réjouit chaque jour, dans le but de permettre à notre âme de s'attacher à la sainteté de la Torah et à sa spiritualité, afin d'amener à nous la présence divine."

<--------------------------------------->

"Ils me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux" (Térouma 25,8)

-> Le rav Yé'hezkiel Levinstein rapporte que si l'on souhaite réellement acquérir la Torah, il est impératif de laisser dans son cœur, une place pour Hachem.

-> " Où est la place de D.?
Là où on Le laisse entrer!
Le Créateur se trouve partout, Il emplit toute la terre. En vérité, les gens ne cherchent qu’eux-mêmes."
[Rabbi Menachem Mendel de Kotsk]

=> Il faut libérer notre cœur des futilités de ce monde, de notre égo, et laisser Hachem y prendre place.

Nous voulons tous que Hachem réside en nous, mais est-ce que nous Lui avons laissé de la place pour qu'Il y entre? ou bien est-ce complet par les pensées de ce monde et le "moi je" ?

<--->

-> "Ils me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux" = Plus on se rapproche de Hachem, plus nous développons en nous un désir puissant de nous attacher à Lui.
[Rabbi 'Hanoch haCohen d'Alexander]

-> Le rav David Pinto (la Voie à suivre n°766) enseigne :
Le nom "Michkan" (Sanctuaire), est fait des mêmes lettres que "Nimchakh" (attiré).
Cela signifie que par une préparation convenable, on attire la sainteté sur soi d’en-haut et on devient un sanctuaire pour Hachem, et alors la Présence Divine repose véritablement à l’intérieur de soi.

Il est écrit : "Ils prendront pour moi one offrande ... de l’or, de l’argent et du cuivre" (Chemot 25, 2-3)
- Quand quelqu’un s’apprête à prier, il doit se préparer dans un esprit de sainteté et de pureté. Il doit purifier toutes ses pensées de toute préoccupation et de tout souci et prier comme il convient.
Et cela, c’est notre Créateur Qui nous l’enseigne : celui qui s’apprête à prier doit commencer par prendre dans sa pensée tout l’argent et tous les intérêts de ce monde-ci et Me les donner, les donner à Hachem.
Cela signifie que tout homme doit vérifier en lui-même si tout ce qui concerne sa subsistance et les autres intérêts de ce monde appartiennent uniquement à D. et viennent de Lui, s’il n’y a aucune autre force qui lui donne ce dont il a besoin.
Si c’est le cas, lorsqu’il s’apprête à prier il doit purifier ses pensées et vérifier en lui-même qu’il fait confiance au Créateur pour lui donner tout ce qui lui est nécessaire, exactement comme on le Lui demande, sans qu’il y manque rien. Si l’on se conduit ainsi, alors seulement on peut commencer d’un cœur serein et sûr à construire le Sanctuaire de la prière. En effet, la prière est en fait la construction du Sanctuaire pour Hachem, car l’homme qui prie correctement, avec toutes les intentions souhaitables, mérite d’attirer la Chekhina sur lui, et se construit lui-même comme un Sanctuaire pour le Créateur ...

- non seulement on doit construire un Sanctuaire à D. en se préparant à la prière, mais il en va de même dans l’étude de la Torah, avec la préparation qui s’impose. Cela signifie que celui qui rentre au beit hamidrach pour étudier la sainte Torah doit aussi se préparer correctement pour pouvoir construire un Sanctuaire à Hachem.
En effet, le beit hamidrach attire également la Présence Divine et prépare un endroit au Créateur. Car chaque instant où l’on mérite d’avoir la Torah en bouche, on ajoute encore une brique, encore une pierre à la maison de Hachem.
C’est pourquoi même quand on veut construire cette maison, quand on s’apprête à entrer au beit hamidrach pour étudier, on doit se préparer vraiment en sainteté et en pureté, se débarrasser l’esprit de tous les soucis et de toutes les préoccupations de ce monde.
"Ils prendront pour Moi une offrande, de l’or ..." = prendre tout ce qui relève de l’or et de l’argent et Me le donner en intention. Et on vérifiera en soi-même clairement et sans ambiguïté que seul le Créateur veille et continuera à veiller à tous nos besoins, si bien qu’il n’y a plus aucune place au souci.
Et à ce moment-là, quand on dépouillera son cœur de tout le reste, on se mettra à étudier la Torah avec joie, pureté et sainteté, et à chaque instant on construira un Sanctuaire, un petit Temple, une maison au Créateur.

En effet, les Sages ont dit (Méguila 29a) qu’aujourd’hui, la maison d’étude s’appelle un petit Sanctuaire. Et voici la parole de Hachem : Souvenez-vous que tout l’or et tout l’argent sont à Moi, c’est pourquoi ne vous souciez de rien, car Je remplirai vos trésors, restez seulement à étudier. Et par là s’accomplira en vous (Térouma 25,8) "Ils Me feront un Sanctuaire et Je reposerai parmi eux." ...

Selon le ‘Hidouché haRim : Hachem a demandé aux Bné Israël : "ils prendront pour Moi une offrande" = Je vous en prie, donnez-Moi de la tsedaka comme à un pauvre.
Cette offrande fait allusion à la tsedaka qu’on donne avant de prier et avant d’étudier ...
Nos Sages (Baba Batra 10a) enseignent qu’il est très important de donner de la tsedaka avant de prier, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 17, 15) "Je contemplerai Ta face avec "tsedek"."

<--->

-> Le rav David Pinto (la Voie à suivre n°562) enseigne également :
Avant que le Sanctuaire soit érigé, l’homme pouvait étudier la Torah partout. Depuis le Sanctuaire, il n’étudie la plus grande partie de sa Torah que dans le beit hamidrach.
Il est dit dans la guémara (Yérouchalmi Béra'hot 5,1) : "Une alliance a été conclue selon laquelle ce qu’on a appris au beit hamidrach ne sera pas facilement oublié".
C’est pourquoi Il est écrit "Je résiderai en eux", ils doivent étudier toute leur Torah dans le beit hamidrach.

Nos Maîtres ont dit (guémara Kidouchin 30a) : On doit toujours partager son étude en trois : le tiers pour la Torah écrite, le tiers pour la Michna et le tiers pour le Talmud.
C’est pourquoi Il leur a dit : "Je reposerai parmi eux (bétokham)", si on divise le mot "betokham" (בְּתוֹכָם) :
- le "beit" est une allusion à la Torah écrite qui commence par la lettre beit (Béréchit) ;
- le "mem" est une allusion à la Michna qui commence par la lettre mem (Méémataï) ;
- le "tav" est une allusion à la guémara, qui commence par la lettre tav (Tana) ;
- le "vav" est une allusion aux prophètes (Névi'im), qui commencent par la lettre vav (vayéhi a’harei mot Moché) ;
- le "kaf" est une allusion aux Kétouvim, qui commence par les Téhilim.
=> Tout cela nous indique qu’il faut étudier toute la Torah au beit hamidrach.

<---------------------------------------------->

-> "Si l'on compte depuis le verset : "Ils Me construiront un Sanctuaire" (Chémot - Térouma 25,8) jusqu'au verset : "Tout ce que l'Éternel lui avait prescrit, il s'y conforma (Chémot - Pékoudé 40,16), on trouvera 248 "ouvrages" dans la fabrication du Tabernacle et de ses ustensiles, en parallèle aux 248 commandements positifs de la Torah.
[...]
Ces ouvrages correspondent également aux 248 organes du corps humain.
Car de la même manière que le Tabernacle équivaut à l'ensemble de la Création et renferme l'univers entier, il contient également toute la Torah, dans ses 248 commandements positifs, et l'homme, dans ses 248 organes.

Et si ce n'était l'ampleur du sujet, je t'aurai expliqué ce point davantage, car : "Hachem a fait l'un face à l'autre" (Kohélet 7,14). "

[Rabbénou Bé'hayé - Pékoudé 40,16]

<----------->

-> Le midrach (Chémot rabba 33) nous transmet le message suivant de Hachem :
"Je vous ai donné ma sainte Torah. Me séparer d'elle, Je ne peux pas!
Vous dire de ne pas prendre la Torah, Je ne peux pas!
Cependant, où que vous alliez, s'il vous plaît construisez-Moi un lieu afin que Je puisse résider près de la Torah".
Comme il est dit : "Ils Me feront un Sanctuaire (Michkan)" (véassou li mikdach - וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ).

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que le mot : "li" (לִי) est composé de la lettre la plus grande (le lamed) et de la lettre la plus petite (le youd) de l'alphabet hébraïque.
Le lamed représente Hachem, qui est Tout-Puissant, et le youd représente le peuple juif qui obéit à la volonté du Maître du monde.
=> véassou li mikdach (וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ) = nous faisons un Sanctuaire (véassou mikdach) pour "li" (לִי), qui représente à la fois nous (לִ) et Hachem (י).

<----------->

+ Nécessité du Michkan :

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 95) dit à ce sujet : "Nous avons l'obligation de construire un lieu qui est pur et propre au plus au degré de pureté spirituelle, afin de purifier les pensées des personnes et de parfaire leur cœur vers Hachem".

-> Le Sforno (Ki Tissa 31,18) écrit que si le peuple juif n'avait pas servi le Veau d'or, alors il n'y aurait eu aucune nécessité de construire un Michkan.
Les conséquences de cette faute ont tellement fait descendre le niveau des gens, qu'il était alors nécessaire d'avoir une "tente d'oxygène" spéciale afin de pouvoir respirer (spirituellement parlant), et c'était le : Michkan!

=> Nous devons établir des Michkan pour Hachem : notre maison, nos écoles juives, nos synagogues, ... et les remplir de pureté, en y respirant un air pur de Torah sans les pollutions extérieures de ce monde. Grâce à cela, nous pourrons être spirituellement en vie!

<----------->

-> Si la présence divine peut résider au sein de chaque juif, pourquoi était-il nécessaire de construire tout d'abord un Michkan physique?
Le Alshich haKadoch écrit que c'est en raison de la grande unité et fraternité que la construction du Michkan a permis de générer.
En effet, les juifs devaient tous s'unir ensemble pour mener à bien ce saint projet, pour que Hachem vienne les rejoindre.
Le midrach Téhilim (30) nous enseigne que lorsque les juifs se traitent l'un l'autre avec bonté, amour et compréhension, alors cela va amener Hachem plus proche de nous.
Ainsi, tout acte positif permettant de rapprocher les juifs, ouvre la porte pour que Hachem entre en nous.

Nous souhaitons tous bâtir en nous un Mickan où D. réside, mais la condition préalable est de travailler à l'unité avec autrui.
[le Temple a été détruit à cause de la haine, et de même celui à venir sera reconstruit grâce à l'amour entre nous!]

<--->

+ Michkan : unification des singularités du peuple juif :

-> Le rav Yaakov Kamenetsky (Émet léYaakov - Bamidbar 1,1) nous aide à comprendre la signification du Michkan.
Au début de la paracha de Bamidbar, la Torah montre le système d’identification de chaque tribu lors de leurs périples dans le désert. Chacune avait son propre drapeau, représentant son rôle et son caractère. Par exemple, un lion figurait sur le drapeau de Yéhouda, indiquant son statut de roi, le lion étant le roi des animaux.
Rav Kamenetsky souligne que ce système, pourtant simple, ne fut mis en place que lors de la 2e année après la sortie d’Égypte ; pourquoi fallut-il attendre un an entier pour l’instaurer?

Il répond que le Michkan aussi fut établi uniquement dans la 2e année qui suivit la sortie d’Égypte et il était impératif qu’il soit construit avant la mise en place du système des drapeaux. Pourquoi cela?
Le rav Kamenetsky explique que les divers drapeaux mettaient en relief de grandes différences entre chaque tribu. Les diverses couleurs et symboles connotent le mode de vie et les forces particulières à chacune. Par conséquent, le risque que les drapeaux entrainent séparation et divergence au sein de la nation juive était grand.
Chaque tribu avait sa propre philosophie et risquait de la canaliser vers des objectifs disparates, voire d’éventuels conflits entre elles. Pour éviter que cela se produise, il était primordial de garder un point de mire, rappelant aux tribus qu’elles ont toutes le même but : celui de la Avodat Hachem, même si les manières de l’atteindre sont différentes.
C’était l’un des objectifs principaux du Michkan : servir d’élément unificateur pour les divers éléments du peuple juif. Chacun a sa façon de voir les choses et divers rôles sont à remplir au sein de la nation, mais si tout le monde vise la même cible : celle de servir Hachem, nos différences n’ont aucune raison de se transformer en conflit ou en dissension. [au contraire elles sont des richesses, permettant au final d'encore mieux service Hachem]
Le rav Kamenetsky compare ceci au corps humain : les oreilles et les yeux ont des fonctions et des aptitudes très différentes, mais ne sont pas en compétition, parce qu’ils ont un objectif commun : ceux de permettre au corps humain de fonctionner correctement.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Deux leçons primordiales sont à tirer de cela. Tout d’abord l’importance de l’unité au sein du peuple, mais savoir aussi qu’être uni ne signifie pas avoir les mêmes rôles et les mêmes forces que l’autre. Si c’était le cas, le peuple juif n’aurait pas pu remplir les myriades de responsabilités qui lui incombent en tant que Peuple élu. Certaines personnes sont plus aptes à étudier, d’autres à aider, d’autres encore sont douées pour l’enseignement, ...
De même, il existe différentes façons de servir Hachem, comme le montrent les diverses tendances et origines ; les Lituaniens, les ’Hassidim, les Sépharades, ...
Chacune donne sa propre saveur à la nation et contribue à sa Chlémout (perfection).

La guémara (fin du traité Taanit) nous permet de mieux comprendre cette idée. Elle affirme qu’à l’avenir, Hachem formera un cercle avec les hommes pieux (tsadikim). La Chekhina (Présence divine) sera au milieu et tout le monde pointera le centre en disant : "C’est Hachem en Qui nous avons espéré".
Les commentateurs analysent cette ronde formée par les tsadikim. Dans un cercle, chaque point est équidistant du centre. Aucun n’en est plus proche ou plus éloigné. Dans le futur, toutes les vaines discordes feront partie du passé. Hachem formera un cercle et en sera le centre et tous les vertueux de ce cercle, des divers "camps", montreront le centre du doigt et verront qu’ils servaient tous le même D. et en étaient équidistants.
Chaque point a une place différente sur le cercle, mais personne n’est plus rapproché que l’autre du milieu.

["Ils Me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" = on peut appliquer ce même pouvoir d'unification vers un objectif ultime. Nous devons savoir accepter qu'autrui aborde différemment que nous le chemin pour y parvenir, et en ce sens accepter et apprécier toute forme de service d'Hachem (tant que cela reste dans le cadre de la loi juive).
D'ailleurs, un juif ne doit pas être un robot (reproduisant machinalement ce qu'autrui fait), mais il doit vivre personnellement son judaïsme, en y mettant les sentiments qui font vibrer son cœur pour Hachem. Et en ce sens, chaque juif a à l'intérieur de lui ("Je demeurerai parmi eux") une approche unique, un relationnel unique avec son papa Hachem.]

<---------------------------------------------->

-> "Ils Me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" (Térouma 25,8)

-> "Ils me feront" (véassou li - וְעָשׂוּ לִי)
Rabbi Méïr Abou'hatsira enseigne que les 2 lettres du mot : li (pour Moi - לי) sont les acronymes du mot : lachon (langue - לשון) et du mot yessod (brit mila - יסוד).
Ainsi, tout celui qui préservera la sainteté de la langue ainsi que la sainteté de la langue ainsi que la sainteté de la brit mila (circoncision) méritera que la Présence divine réside en son sein.

<--->

-> Les Sages du midrach (Yalkout Chimoni Chémt 25,247a) nous ont enseigné : "A chaque fois qu'il est écrit le mot : li (pour Moi - לי), cela signifie que l'action accomplie durera pour toujours dans tous les mondes.

Le rav Beniahou enseigne : malgré les fautes commises, qui ont entraîné la disparition du Sanctuaire fait de matière, la Présence divine se trouve dans le cœur de chaque tsadik, de génération en génération, et en cela il est éternel.

"Tu la recouvriras d'or pur, à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11)

-> Rav dit : "Tout érudit dont la vie intérieure ne correspond pas à son apparence n'est pas un érudit"
Abbayé ou selon certains Rabba bar Oula, lui répondit : "Il est même appelé immonde"
Rabbi Chmouël bar Na'hmani dit au nom de Rabbi Yonathan : "Malheur aux érudits qui étudient la Torah sans être animés de crainte du Ciel"
[guémara Yoma 72b]

-> Nos Sages nous apprennent que Bétsalel confectionna l'Arche sainte par 3 coffres : 2 en or, avec entre eux un coffre en bois.
C'est ainsi qu'elle avait un intérieur (en bois), qui n'était pas conforme à son extérieur (en or).

=> Pourquoi prendre l'Arche en exemple d'une idée qui semble évidente (être authentique), et qu'elle semble ne pas respecter?

Le rav Pin'has Goldwasser explique ainsi :

-> 1°/ A l'extérieur : il y avait un 1er coffre en or = cela symbolise le fait qu'un érudit, incarnation de la Torah aux yeux des hommes, est tenu de manifester une dignité princière.

Plus un érudit dégagera (et non imposera) extérieurement du respect, plus les messages qu'il dira, auront de l'importance à nos yeux, car venant d'une personne importance.

-> 2°/ Ensuite, il y avait un coffre en bois = cela symbolise la modestie, l'humilité que l'érudit doit posséder.
Il doit être conscient que s'il est "adulé" c'est pour la Torah qui est en lui, que ce n'est qu'un cadeau de D., qu'un "habit" afin de porter au plus fort l'honneur de la Torah.

On doit veiller à ne pas prendre pour nous, le kavod qui revient à Hachem.

-> 3°/ Enfin, il y avait à l'intérieur un coffre en or = derrière sa grande humilité, l'érudit en Torah doit être conscient de sa véritable valeur, car comme le rapporte le Sabba de Slabodka : "l'essence de la modestie est la conscience d'être doté d'un potentiel élevé".

[Je ne suis pas rien, je ne suis pas tout, je suis moi-même et exploitant au mieux toutes les capacités que D. me donne]

C'est pourquoi la guémara (Sota 5a) statue : "L'érudit doit posséder 1/8e d'orgueil".
=> Au fond lui, il doit y avoir de l'orgueil, symbobilisé par ce coffret en or.

==> On comprend maintenant pourquoi l'Arche est prise en symbole de l'harmonie entre notre attitude extérieure et intérieure.

<---->

-> A ce sujet, le Méam Loez (Térouma 25,16) nous enseigne :
"L'hypocrite ne viendra pas devant [Hachem]" (Iyov 13,16).
Ceci enseigne qu'un hypocrite ne méritera pas de contempler la Présence Divine dans le monde à venir.
On enseigne que 4 catégories de personnes ne mériteront pas d’accueillir la Présence Divine : les railleurs (ceux qui se moquent de tout et ne sont jamais sérieux), les calomniateurs, les menteurs, et les hypocrites. [guémara Sotah]

De même, la guémara (Pessa'him) dit qu'il existe 3 catégories de personnes que Hachem hait, et l'une d'elle est celle qui dit une chose avec sa bouche et en a une autre dans le cœur. Le Temple fut détruit à cause de ces hypocrites détestés.

Les prières d'un hypocrite ne sont pas acceptés et sont considérées comme impures au même titre que le sang menstruel.
Cet homme attire la colère Divine sur le monde : même les fœtus dans le ventre de leur mère le maudissent et demandent qu'il soit fait prisonnier.
Cet homme finira par hériter du Guéhinam.
[...]

L'intégrité suppose de ne pas se montrer meilleur que l'on est.
La guémara (Yoma 86b) enseigne : "Il faut faire connaître les hypocrites à cause de la profanation du Nom".
Il s'agit d'hypocrites n'étant pas particulièrement vertueux, mais qui en public se font passer pour des tsadikim.
... [et cela] pour 2 raisons : afin que les gens n'imitent pas ses mauvaises actions (prenant exemple sur une personne qu'il considère comme vertueuse), et pour éviter la profanation du Nom Divin. En effet, lorsqu'un hypocrite est châtié, les gens peuvent dire : "Les bonnes actions n'aident pas l'homme! Voyez cet homme pieux! Son mérite ne l'a-t-il pas protégé?"
[...]

[selon nos Sages, chez lui, un homme peut être aussi pieux qu'il le désire. Mais hors de soi, il faut couvrir sa piété et la dissimuler.
Faire étalage de sa piété est une marque d'orgueil.]
[...]

Nous voyons que l'Arche de bois, relativement dépourvue de valeur, était cachée entre 2 précieux coffres d'or afin d'être recouverte d'or de tous côtés, comme si la chose la plus importante était le coffre de bois, les coffres d'or étant secondaires.
Nous devons honorer un érudit de la Torah même s'il est pauvre. Lui manquer de respect revient à manquer de respect à la Torah.
Il n'existe aucune différence entre riche et pauvre lorsqu'il s'agit d'un érudit : il faut l'honorer parce qu'il étudie la Torah.

[on peut éventuellement ajouter que dans ce monde matériel, les données sont faussées. Généralement, l'or est la valeur cible, et le bois délaissé. Mais avec l'Arche, c'était l'inverse (" comme si la chose la plus importante était le coffre de bois").
De même, dans le monde futur, on se rendra compte que la seule véritable valeur dans le monde est la Torah!]

<--------->

= "Tu la recouvriras d'or pur, à l'intérieur et à l'extérieur"

-> Le Imré 'Hanan (rabbi 'Hanan Lévi) enseigne :
L’Arche symbolise l’homme, qui est doté du bon penchant, symbolisé par l’or, et du mauvais penchant, comparé au bois.
Le bon penchant exige de l’homme qu’il soit parfait dans ses qualités, qu’il ne dise que ce qu’il pense, comme l’Arche qui est recouverte d’or à l’intérieur et à l’extérieur.
En revanche, il faut faire disparaître le mauvais penchant et le soumettre en le recouvrant par le bon penchant des 2 côtés, pour qu’il mette pas a exécution la pensée du mauvais penchant.

-> Rabbi Yossef David de Brisk dit :
Tout talmid ‘hakham est comparé à l’Arche sainte, et le verset l’avertit : ne le recouvrez pas d’or uniquement à l’intérieur et non à l’extérieur. Cela signifie qu’il ne doit pas se préoccuper uniquement de sa subsistance, sans se soucier d’inspirer le respect aussi à l’extérieur et d’avoir des vêtements honorables qui le feront estimer comme il convient.

Quand on donne de la tsédaka, celui qui reçoit devient un objet de mitsva, comme un bel étrog qui réjouit tout le monde et qu’on admire.
[tout juif doit nous apparaître dans son essence, dans son intériorité, comme en or (puisqu'ayant une part Divine en lui), que les fautes viennent dissimuler. De plus, à l'extérieur il doit aussi être comme de l'or car en l'aimant, le respectant, ... ont réalise des mitsvot, et il est ainsi comme un objet de mitsva, comme de l'or à nos yeux!]

<--------->

-> "Tu la revêtiras d’or pur" (Térouma 25,11)

Le Sifté Cohen affirme que le comportement à adopter à table est caché dans le terme "zahav" (זהב), dont les lettres sont les initiales des mots "Zimra" (chant), "Hallel" (louange) et "Barou'h" (bénédiction).
Ceci nous enseigne qu’à table, il faut ponctuer le repas de paroles de Torah, réciter des chants et des louanges et ne pas oublier de prononcer la bénédiction correspondant à chaque aliment que nous consommons.

<-------------------------------------------------------------------->

"Tout élève dont l'intérieur ne correspond pas à l'extérieur, qu'il ne mette pas les pieds dans la maison d'étude"

[Rabban Gamliel le jour où il a été nommé Nassi - guémara Béra'hot 28a]

C'est seulement lorsque que le titre de nassi (responsable) fut transmis à Rabbi Elazar ben Azarya, que le poste de gardien fut supprimé et les portes de la maison d'étude ouvertes à toute personne.
La guémara ajoute qu'en ce jour, on dut ajouter une grande quantité de bancs dans la maison d'étude : 400 selon certains avis, 700 d'après d'autres.

=> Comment à l'époque de Rabban Gamliel, le gardien était -il en mesure de distinguer l'élève sincère de celui dont les apparences cachaient un caractère différent? Sondait-il les pensées?

Le Mayana Chel Torah, rapporte une réponse de l'Admour de Sadigora : le gardien de cette maison n'était autre qu'une grande porte solidement fermée et verrouillée.
L'élève sincèrement désireux d'entrer et d'entendre les enseignements de la Torah mettait tous ses moyens en œuvre pour pénétrer le bâtiment.

S'il n'hésitait pas à grimper, creuser et franchir tous les obstacles, c'était bien la preuve de sa détermination et de sa sincérité.

-> Le Michméret Ariel explique que ce qui fait la différence entre celui qui est "tokho kébaro" (dont l'intérieur correspond à l'extérieur) et celui qui ne l’est pas se trouve dans son désir ardent d’étudier, dans sa disposition à le faire malgré les difficultés ou l’inconfort.
Par exemple, un élève qui est "tokho kébaro" sera prêt à étudier debout, ne cherchera pas à tout prix à s’assoir. D’ailleurs, nos Sages affirment qu’à une certaine époque, les gens étudiaient debout, et à cause du déclin au fil des générations, les gens eurent besoin de s’assoir pour étudier convenablement.
Ainsi, il n’y avait pas réellement de garde à l’entrée de la maison d’étude, mais le "garde", le "filtre" était l’inconfort, le manque de bancs à l’intérieur.
[on pourrait éventuellement avancer qu’un garde était effectivement présent et qu’il prévenait les disciples potentiels du fait qu’il n’y avait pas de banc dans la maison d’étude ; ceux qui n’étaient pas "tokho kébaro" n’entraient pas, parce qu’ils n’étaient pas prêts à subir un tel inconfort.]

<-->
=> Que vient nous apprendre le nombre de bancs ajoutés?

Selon le rav Guédaya Eizman, cela ne souligne pas uniquement le nombre de nouveaux élèves, mais aussi la différence de leur qualité.
En effet, les nouveaux venus, en dépit de leur volonté manifeste d'étudier, n'étaient quant à eux pas prêts à s'y consacrer à n'importe quel prix : il leur fallait des bancs.

Les anciens dont la sincérité était fidèle à leur apparence, ignoraient les difficultés matériels, et étaient satisfaits même sans bancs (tant qu'il y a de la Torah, tout va!).

-> Dans la suite de son explication, le Michméret Ariel enseigne :
A l'époque de Rabban Gamliel, ceux qui n’étaient pas "tokho kébaro" n’étaient pas suffisamment motivés à étudier dans de telles conditions (l’inconfort, le manque de bancs) et restèrent dehors.
Et quand Rabbi Elazar ben Azaria autorisa le retour de tous les disciples, il fallut ajouter des bancs, parce que les nouveaux élèves n’étaient pas au niveau d’étudier debout, d’où l’accent mis par la guémara sur la nécessité d’apporter des sièges.

-> Ainsi, la personne qui n'est pas "tokho kébaro" est celle qui apparait extérieurement comme un tsadik, mais qui s’abstient d’étudier à cause de circonstances pénibles.

Le rav Pin'has Scheinberg insistait beaucoup sur l’importance d’un tel effort. Il dit que nombreux sont ceux qui ne sont prêts à étudier que quand tout va bien (ils ont besoin de chambres spacieuses, d’un climatiseur, le calme, ...), mais si tout ne fonctionne pas comme ils le désirent, ils ne peuvent pas continuer.
Les disciples les plus illustres sont ceux qui poursuivent leur étude en toute circonstance.
C’est le sens de la michna de Pirké Avot (6,4) : "Tel est le chemin de la Torah ; du pain [trempé] dans du sel tu mangeras, tu boiras de l’eau par petites quantités et tu dormiras sur la terre" = cela ne signifie pas que l’on doit vivre ainsi pour pouvoir étudier, mais qu’il faut être capable d’apprendre même dans des situations tellement défavorables.

-> De son côté dans un divré Torah, le rav Yéhonathan Gefen écrit :
Il est important de souligner et de garder à l’esprit que la guémara (Béra'hot 28a) admet que l’approche de Rabbi Elazar ben Azaria était correcte (ex: ajouter du confort, des sièges). Donc même celui qui n’est pas encore "tokho kébaro" doit rester motivé à étudier la Torah. En effet, de l’étude mue par des motivations externes on en arrive à étudier de façon désintéressée (mitokh chélo lichma, ba lichma).
Donc même celui qui ne désire pas encore se dévouer complètement à l’étude (avec messirout néfech) doit s’efforcer d’étudier dans l’espoir de développer cette qualité par la suite.

<--->

-> On a vu que : le poste de gardien fut supprimé et les portes de la maison d'étude ouvertes à toute personne.
La guémara ajoute qu'en ce jour, on dut ajouter une grande quantité de bancs dans la maison d'étude : 400 selon certains avis, 700 d'après d'autres.
Nos Sages rapportent que lorsque Rabban Gamliel a vu combien de nouveaux élèves sont arrivés, il a regretté son action passée (de n'accepter que les élèves dont les actes extérieurs élevés étaient en adéquation avec leur intériorité spirituelle élevée).
Pourquoi cela?

Le 'Hidouché haRim nous explique :
"Lorsque ces élèves dont l'extériorité ne correspondait pas aux hauts niveaux intérieurs de droiture, entraient dans la maison d'étude de la Torah (beit midrach), alors la sainteté du beit midrach les transformait à tel point qu'ils changeaient immédiatement pour le meilleur, et leur extériorité correspondait à leur intériorité.
Lorsque Rabban Gamliel a observé cette transformation, il a été bouleversé de sa décision antérieure, ce qui implique que même à son époque ces disciples auraient dû pouvoir entrer, et alors le pouvoir du beit midrach les aurait également transformé."

[on voit l'importance d'avoir un environnant/entourage qui soit en or spirituellement parlant, afin que cela nous influence à devenir en or dans notre intériorité.
De plus, cela met en avant le pouvoir de la synagogue, du beit midrach : rien que par le fait d'y être on est influencé positivement, au point de devenir une personne avec un intérieur en or.]

<------------------------->

-> La guémara (Yoma 35b) rapporte que Hillel était très pauvre, et il consacré la moitié de ses revenus pour sa famille et l'autre moitié pour écouter les enseignements des maîtres de l'époque : Shémaya et Avtalyon (selon cet avis l’accès aux maisons d'étude était alors payant!).

Une veille de Shabbath, il était incapable de payer les frais d'entrée, il monta alors sur le toit pour assister aux discussions par la lucarne, et on le retrouvera sous une épaisse couche de neige.

=> On se rend compte du caractère indispensable de la Torah à ses yeux, comme de l'oxygène.

<-------------------->

-> "Rava a enseigné que tout érudit dont l'intériorité ne ressemble pas à l'extériorité n'est pas un érudit en Torah" (guémara Yoma 72b).

Ceci provient d'un raisonnement à fortiori : si déjà l'Arche n'entend pas, ne parle pas et ne sait pas ce qu'elle contient en son sein (il est écrit à son propos : "Tu la recouvriras d'or pur à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11), afin qu'elle soit identique à l'intérieur comme à l'extérieur).
A plus forte raison, l'érudit qui voit, entend et sait ce qu'il y a en son for intérieur, devra être à l'intérieur comme à l'extérieur (to'ho kébaro - תוכו כברו).
De plus, nous pouvons remarquer une allusion sur la formule de Rava : les 2 lettres centrales du mot : "to'ho" (intérieur - תוכו) sont וכ et sont identiques à la 1ere et à la dernière lettre du mot "kébaro" (כברו), et les 2 lettres kaf vav (כו) ont une valeur numérique de 26 qui est équivalente au Nom divin (יהוה).

<---------------------->

-> "Tu le couvriras [le Aron] d’or pur à l’intérieur et tu le couvriras de l’extérieur" (Térouma 25,11)

-> Le Kli Yakar souligne qu’Hachem ordonne à 2 reprises de recouvrir l’Arche ; la première fois pour le côté intérieur et ensuite pour l’extérieur. Elle avait donc deux couches d’or. Toutefois, la Torah précise que l’or doit être pur en ce qui concerne le revêtement intérieur, mais pas pour la couche externe.
=> L’or pur état certainement également requis à l’extérieur, alors pourquoi la Torah n’insiste-t-elle que sur l’intérieur en or pur?

-> Le Kli Yakar explique :
C’est pour nous enseigner une leçon importante dans notre avodat Hachem. La couche intérieure d’or fait allusion à l’accomplissement des mitsvot de manière discrète, en privé tandis que la couverture extérieure se réfère aux mitsvot faites en public. Lorsque l’on effectue une mitsva alors que personne ne nous voit, il est plus facile d’avoir de nobles intentions ; on peut donc décrire l’action de "pure". En revanche, quand d’autres personnes sont au courant de notre bonne action, la motivation est probablement moins sublime, puisqu’il y a un risque qu’elle soit faite avec le souhait que notre entourage puisse en témoigner. On ne peut donc pas la qualifier de "pure".

"Tu passeras les barres dans les anneaux sur les côtés de l'Arche, pour qu'elles servent à la porter" (Térouma 25,14)

-> "L'Arche porta ses porteurs et franchit le Jourdain [...] Si déjà l'Arche portait ses porteurs, à plus forte raison se portait-elle elle-même!"
[guémara Sota 35a]

Or le verset dit : "pour qu'elles servent à la porter".
Comment comprendre cette apparente contradiction?

-> L'Arche sainte symbolise la Torah.
Selon le rav Pin'has Goldwasser, ses porteurs devaient utiliser toutes leurs forces pour la soulever, et lorsque ces dernières commençaient à faiblir, alors seulement l'Arche les portait.

Ceci constitue un modèle pour celui qui est désireux de "porter" le joug de la Torah : il devra engager pour elle toutes ses forces et ses moyens jusqu'à ne rien garder pour lui-même.

Nos Sages disent : "la Torah ne se maintient que chez celui qui se sacrifie pour elle!" (guémara Béra'hot 63b).

[ En allant contre sa nature pour porter la Torah de toutes ses forces, nous sommes assurés que finalement c'est elle qui nous portera, puisqu'elle est la source de toutes les bénédictions!
"L'Arche portait ses porteurs ..." ]

<------------------------->

"Les barres resteront dans les anneaux de l'Arche ; elle ne pourront pas en être retirées" (Térouma 25,14-15)

-> D. a promis que celui qui soutient une personne étudiant la Torah, aura une récompense identique à cette dernière, qui s'y consacre jours et nuits.

Le rav Aharon Kotler (Vézot haBérakha 33,18) dit : "Ceux qui ont soutenu la Torah se réjouiront, lorsqu'ils quitteront ce monde, car outre la récompense qu'ils mériteront pour avoir soutenu les érudits, ils savoureront le privilège de connaître et de comprendre tous les domaines de la Torah dont ils auront financé l'étude."

-> En "portant" (symbolisé par les barres) ceux qui étudient la Torah dans ce monde (symbolisé par l'Arche), on est assuré que "les barres ne pourront pas être retirées de l'Arche", qu'on restera lié avec eux pour l'éternité.

C'est ainsi que dans le monde futur, on nous enseignera les sujets étudiés par cette personne, bien que nous ne les ayons jamais abordés de notre vivant.
Nous aurons alors accès à des lieux d'études et des niveaux de proximité avec Hachem, qui nous auraient normalement été inaccessibles.

Au final, c'est bien l'étudiant en Torah que nous portons dans ce monde, qui nous portera pour l'éternité.
["L'Arche portait ses porteurs ..."]

<------------->

-> Le 'Hafets 'Haïm apporte une précision.
En soutenant un étudiant en Torah, nous ne pouvons acquérir un niveau moral identique.
En effet, les barres qui soutenaient l'Arche étaient recouvertes d'or ordinaire, et non d'or pur, comme l'était l'Arche.
Cela témoigne du fait que les étudiants en Torah (l'Arche) auront toujours une qualité spirituelle supérieure à celle de leurs soutiens (les barres).

Par ailleurs, le fait qu'on ne pouvait retirer les barres de ses anneaux, signifie que les donateurs ne doivent pas cesser, même pendant une courte période, de soutenir les étudiants en Torah.

[soutenir la Torah, ne nous dispense évidement pas de l'obligation de l'étudier à chaque fois que nous en avons la possibilité!]

"Parle aux enfants d'Israël et qu'ils Me prennent une offrande" (Térouma 25,2)

-> Le Alchikh pose la question : que signifie l'expression : "prendre une offrande"? Ne serait-il pas plus logique de dire : "donner une offrande"?

-> Le rav Shimshon Raphaël Hirsch note que le terme : "térouma" (offrande - תְּרוּמָה) est à rapprocher de "rom" (רום - élever) : ces contributions élèvent celui qui les offres et lui permettent de mieux percevoir à quoi servent les richesses dont D. l'a gratifié.
=> Ainsi, il est écrit : "prendre une offrande", car le bénéfice qu'on retire de notre acte dépasse de loin ce qu'elle coûte.

-> Le rav Chlomo Gantsfried rappelle que le Sanctuaire et ses ustensiles avaient pour but essentiel de répandre la bénédiciton divine sur les enfants d'Israël, comme nos Sages le disent (guémara Roch Hachana 16a) : "Hachem déclara : Approchez l'offrande du Omer à Pessa'h afin que Je bénisse vos récoltes dans les champs".
=> Ainsi, les offrandes au Temple deviennent des dons que les juifs perçurent pour eux-mêmes, car l'objectif ultime est de recevoir la bénédiction divine.

Le rav Gantsfried dit que c'est la base du : "Nous ferons et nous comprendrons".
Le peuple juif avait totalement confiance en Hachem, et il était convaincu que l'objectif final de chacun des commandements divins est de recevoir la bénédiction divine.
C'est le moyen de fonctionner du monde : l'homme fait un acte, qui entraîne des chutes de bénédictions divines.

-> "J'ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité; choisis la vie!" (Nitsavim 30,19)
Les retombées qui découlent d'une vie juive sont tellement incroyables, que le reste est appelé : mort.

-> "Hachem voulut offrir de nombreux mérites au peuple juif, c'est pourquoi Il leur ordonna de nombreuses mitsvot" [Tana déBé Eliyahou]
=> Avoir des mitsvot n'est pas une punition, mais un cadeau.

-> "C'est un bel enseignement (léka'h tov) que Je vous donne" (Michlé 4,2)
Le Gaon de Vilna dit que ce verset fait référence à l'ensemble des préceptes de la Torah.
Le mot "léka'h" est une allusion au fait de "prendre" (léki'ha), qui n'est en fin de compte qu'une manière de "donner".

=> Ce verset se comprend ainsi : Hachem nous offrit de nombreuses mitsvot, dans le seul but que nous puissions, par leur application, prendre de Lui.

D. n'a qu'une envie : nous combler de bénédictions, mais pour ne pas qu'on ressente un goût de honte à tout recevoir gratuitement ("pain de la honte"), il fait comme s'Il a besoin qu'on lui fasse quelque chose (alors que par définition D. n'a aucun manque).

De notre côté, nous sommes tout content d'avoir pu Lui rendre service, et acceptons alors plus facilement l'énorme récompense qu'il nous octroie.

=> La Torah n'est pas une liste "d'exigences" de D., qui serait une série de punitions, mais c'est en réalité l'unique façon d'agir dans ce monde pour générer des pluies de bénédictions sur nous.
Il n'y a rien de plus rentable que de se donner pour Hachem, car pour chaque petite action, il en découle des retombées phénoménales et éternelles.

La génération de la connaissance (dor déa) a vu que c'était une affaire en or, et s'est exclamé : "Nous ferons et nous comprendrons!"

[quoique nous puissions donner à D., Il nous rendra tellement plus, qu'au final, c'est forcément nous qui "prenons"!!]

<--->

-> Les dernières lettres de "Véyik'hou li térouma" (qu’ils prennent pour Moi un offrande - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה) ont une valeur numérique de 21, comme le nom de Hachem : "Ehyé" (אֶהְיֶה), dans lequel Israël est inclus et qui se réfère toujours au lien et à la proximité entre le peuple et D. : "Je serai (eyé) avec eux" (Or Ha’haïm haKadoch - Chemot 3,14).
Les lettres de ce nom ont la même valeur que les initiales des noms des trois patriarches Avraham, Its'hak et Yaakov, qui sont à l’origine du lien entre le peuple d’Israël et Hachem, et qui eux-mêmes Lui étaient unis et attachés en s’effaçant totalement devant Lui.
[rav David Pinto - La voie à suivre n°662]

<--->

-> "Dis aux Bné Israël qu’ils Me prélèvent une offrande (térouma - תְּרוּמָה) de la part de quiconque y sera porté par son cœur. Vous recevrez mon offrande" (Térouma 25,2)

-> Le Baal Hatourim fait remarquer que le mot תְּרוּמָה (Térouma) est formé des lettres "Torah mem" (תורה מ), allusion à la Torah qui a été donnée à Moché au bout de 40 jours. [ce qui est le temps de la formation de l’embryon : la lettre mem ayant la valeur numérique de 40].
Or, à propos de l’apprentissage de la Torah de Moché, la guémara (Nédarim 38b) enseigne : "Au début Moché apprenait la Torah et l’oubliait, jusqu’à qu’elle lui soit offerte comme un cadeau". Ainsi, l’effort et la fatigue dans l’étude ont donné à Moché le mérite de recevoir en cadeau du Ciel la Torah.
Cette capacité est livrée à chaque juif (car porteur en lui d’une étincelle de Moché Rabbénou), ainsi est-il en mesure, grâce à la fatigue dans l’étude, de recevoir en don du Ciel sa part de Torah, celle-ci ayant déjà été donnée (du moins globalement) à Moché, comme l’enseigne le Midrach (Vayikra rabba 22,1) : "Tout ce qu’un sage assidu va innover dans la Torah ('hidouchim) a déjà été donné à Moché au Mont Sinaï".

C’est le sens caché du verset de notre paracha :
- "Dis aux Bné Israël qu’ils Me prélèvent une offrande (térouma)" = la Torah donnée en cadeau à Moché à la fin des 40 jours sur le Mont Sinaï ;
- "de la part de quiconque y sera porté par son cœur" = Celui qui étudie avec effort et fatigue pour révéler sa part de Torah qui lui incombe.
- "vous recevrez mon offrande" = alors, il recevra de la part d’Hachem, comme ce fut le cas pour Moché, sa portion de Thora en cadeau (pure et authentique).

Dans les dernières générations, les juifs dévoileront la dimension la plus élevée de la Torah : la "50e Porte de l’Intelligence", à laquelle, même Moché, en son temps, n’a pas eu accès (si ce n’est le dernier jour de sa vie), comme il est dit (guémara Nédarim 38a) : "Cinquante Porte de l’Intelligence furent créées, et toutes sauf une ont été données à Moché, car il est écrit: ‘Tu l’as fait de peu inférieur aux êtres divins’ (Téhilim 8, 6)".
En ce sens, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Chémot 3,8) commente : "Sache, que les Bné Israël ont pu atteindre par l’intermédiaire de Moché les 49 Portes de l’Intelligence, et la raison pour laquelle il n’ont pas atteint la 50e Porte, provient du fait que les Bné Israël n’ont pas été plongés dans la 50e Porte de l’impureté, et qu’il n’ont pas eu à la purifier en sortant d’Egypte. Le fait que les Bné Israël ne soient pas entrés dans la 50e Porte de l’impureté, a entrainé qu’ils n’ont pas pu atteindre la 50e Porte de l’Intelligence.
Mais, Hachem nous a promis qu’à la fin des Temps, les juifs entreront dans la 50e Porte de l’impureté et qu’ils pourront grâce à cela, atteindre la 50e Porte de l’Intelligence.
Les Bné Israël en Egypte n’auraient pas pu survivre à la 50e Porte de l’impureté du fait qu’ils n’avaient pas encore reçu la Torah. Mais la génération du Machia’h ne sera pas mise en danger dans l’immersion de la 50e Porte de l’impureté puisqu’ils seront les enfants de la Torah".
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles - n°114]

<--------------->

-> "Parle aux Bné Israël : qu'ils prennent pour Moi un prélèvement de tout homme" (Térouma 25,2)

-> Le Zohar (Térouma 134b) explique le verset : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" = le terme "prélèvement" (térouma) fait allusion à la mitsva de la lecture du Shéma Israël du soir et du matin.

<--------------->

"Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils prennent pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni 364) dit que c'est une mitsva qui s'applique pour l'éternité.

=> Qu'est-ce que ça signifie? Comment comprendre qu'une mitsva dépendante du Michkan, puisse continuer à être réalisée une fois celui-ci disparu?

-> Le Divré Yoël répond que ce verset fait allusion à la Torah.
De même que le Michkan a été construit afin d'avoir la présence divine qui y réside dedans, de même une personne peut avoir la présence divine qui repose en elle par le biais de son étude de la Torah.
Pour cette raison, le verset dit : "qu'ils prennent" et non pas : "qu'ils donnent", car "prendre" a une connotation d'obtenir quelque chose grâce à des efforts, et l'unique façon d'acquérir la Torah est de s'y investir pleinement.
C'est la mitsva qui s'applique pour l'éternité : mettre des efforts dans l'étude de la Torah, et grâce à cela recevoir la présence divine.
[Divre Yoël]

-> "Ils me construiront un sanctuaire pour que je réside au milieu d'eux (Térouma 25,2)
Rabbi Mendel de Kotzk explique : "Tout homme doit ménager dans son être un espace de sainteté où la Présence Divine puisse s'installer".
[Hachem se trouve partout où on le laisse rentrer. Ainsi, une personne orgueilleuse, centrée sur son "moi je veux, moi je suis ..", alors elle ne laisse plus de place à Hachem.
(de même lorsque par nos actions [contraires à la Torah] on met de l'impureté, on salit notre intériorité spirituelle d'ordures, alors D. ne peut pas vraiment s'installer en nous! (ça sent mauvais, c'est sale!))]

-> "Depuis le jour où le Temple a été détruit, la seule chose que Hachem a dans ce monde est les 4 amot de la Halakha" (guémara Béra'hot 8a)
C'est ainsi que dans les périodes où nous n'avons pas le mérite d'avoir le Temple, il existe toujours un moyen pour bénéficier que la présence divine se repose sur ce monde : c'est par le biais de la Torah.
[le Béér Moché]

-> Selon le midrach (Chémot rabba 33,1), le verset : "qu’ils prennent pour Moi un prélèvement" correspond à ce qui est écrit : "C'est un bel enseignement (léka'h tov) que Je vous donne (natati) : n'abandonnez pas ma Torah (Torati)" (Michlé 4,2).
=> d'une certaine façon se donner à la Torah, c'est comme donner au Michkan, puisque dans les 2 cas la résultante est de permettre à Hachem de reposer sur nous!

-> Le mot: "Térouma" (תרומה - un prélèvement/une offrande), contient les mêmes lettres que : תרוה מ (Torah mém) = la Torah a été donnée en 40 jours (guématria du mèm).
Pourquoi Hachem a-t-il donné la Torah à Moché pendant une période de 40 jours? Il aurait pu le faire en une seule journée!

Le Sifté Cohen répond que c'est afin que nous puissions apprendre de l'effort phénoménal que Moché a déployé pour recevoir la Torah (au Ciel, pendant 40 jours et 40 nuits non stop, de toutes ses capacités!).
La guémara (Nédarim 38a) déclare : "Durant 40 jours, Moché a étudié la Torah et ensuite il l'a oublié, jusqu'à ce que finalement Hachem la lui donne comme cadeau".

[léka'h tov = Le mot "léka'h" est relatif au fait de "prendre" (léki'ha)
La guémara (Avoda Zara 19b) enseigne : "Il n’y a pas de bien (tov), si ce n’est la Torah" (én tov ella Torah)
=> il en découle : "ki léka'h tov" = si tu prendras beaucoup de Torah (en y travaillant durement), alors : "natati" (Je vous donne) = alors Hachem te donnera la Torah en cadeau, comme Il a pu la donner à Moché.]

<--->

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°352) enseigne :
Hachem demande une offrande aux Bné Israël : "qu’ils Me prennent une offrande".
Le Créateur les appelle par un langage affectueux et leur dit : Je vous en prie, sachez qu’après 120 ans vous ne prendrez avec vous que l’offrande, "térouma", formée des lettres du mot Torah et de mem (valeur numérique : 40), la Torah qui a été donnée en 40 jours (guémara Mena’hot 43b), et aussi cette mitsva de tsédaka avec le reste des mitsvot de la Torah.
C’est cela seulement que vous prendrez avec vous. C’est pourquoi aujourd’hui, c’est maintenant le moment de rassembler et de ramasser encore plus de mérites pour cette mitsva, car elle vous soutiendra pour l’éternité ...

Nous pouvons dire par allusion que les mots : "li lichmi" (Pour Moi, en Mon Nom - לִי לִשְׁמִי - Rachi sur : "véyik'hou li térouma" v.25,2) forment les initiales de : Lekakhtam Youkhal Leolam Chekoulo Metoukan Yafé (Il pourra les prendre dans le monde qui est entièrement parfait).
Car c’est seulement la Torah et les mitsvot qui accompagnent l’homme dans le monde à venir, et par lesquelles il pourra se relier au Créateur.

<--------------->

"Ils prendront pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi explique que les termes : "pour Moi" indiquent que les dons pour le Michkan (Tabernacle) devaient être apportés "pour Mon Nom", avec une intention pure de faire la Volonté d'Hachem uniquement, sans intérêt personnel.
Une telle intention n'est pas exigée pour les autres Mitsvot. Pourquoi était-elle donc nécessaire pour les dons que le peuple apportait pour fabriquer le Michkan?

Nos Sages enseignent que le Michkan venait contribuer à l'expiation du veau d'or, faute liée à l'idolâtrie.
Or, nos Sages disent que si quelqu'un a des pensées de transgresser un commandement, cela n'est pas considéré comme une faute en soi, et ce à l'exception de l'idolâtrie où la pensée est déjà une faute.

=> Ainsi, puisque le Michkan venait expier le Veau d'or, il fallait également que les pensées et les intentions du peuple dans les prélèvements pour sa fabrication soient pures, pour prendre le contre-pied et expier les pensées
d'idolâtrie concernant le Veau d'or, qui étaient déjà une faute qu'il fallait réparer.
[Chaaré Sim'ha]

<--->

-> "De tout homme poussé par la générosité de son cœur, vous prendrez Mon offrande" (Térouma 25,2)

Il est dit (‘Hagaï 2): "A Moi est l’or et à Moi est l’argent, parole de Hachem".
En réalité, l’homme n’offre pas ce qui lui appartient, car l’argent n’est pas à lui. Qu’est-ce que l’homme peut tout de même donner qui est à lui?
C’est la bonne volonté, la générosité du cœur au moment où il donne. C’est pourquoi celui qui donne par obligation, sans que son cœur soit d’accord avec sa main au moment du don, ne donne en réalité rien du tout!
En effet l’argent, comme nous l’avons dit, n’est pas à lui, et il n’a pas non plus la volonté de donner ...

C’est pourquoi le verset dit: "De tout homme porté par la générosité de son cœur", c’est seulement de celui qui donne de bon cœur que "vous prendrez Mon offrande", de lui vous prendrez quelque chose, sa générosité.
Mais de ceux qui donnent avec hésitation, on ne prend rien.
['Hatam Sofer - Torat Moché]

[d'une certaine façon on peut étendre cela à toutes les mitsvot. Hachem nous donne la vie, la santé, ... et de notre côté nous devons principalement y investir le cœur, les émotions : la joie, le zélé, ... ]

<--->

-> Moché demande aux juifs d’apporter des prélèvements pour la fabrication du Michkan. Ces prélèvements devaient être offerts "de bon cœur" (Térouma 25,2). Cela est étonnant. Toutes les mitsvot sont des ordres que le peuple doit respecter, et il doit le faire même contre son gré.
=> Ainsi, pourquoi ces prélèvements ne leur ont-ils pas aussi été imposés? Pourquoi devaient-ils venir de la bonne volonté de chacun?
Parmi ces prélèvements, les derniers à être cités sont les pierres précieuses. Puisque ces pierres sont les dons qui avaient le plus de valeur, pourquoi sont-elles citées en dernier?

Pour répondre à ces questions, il faut se demander comment le Michkan pourra-t-il contenir la Présence Divine? Hachem n’est absolument pas matériel. Ainsi comment Sa Présence peut-elle résider dans une construction physique et matérielle?
En fait, quand la Torah exprime la mitsva de construire le Michkan, elle dit : "Ils Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux" (Térouma 25,8).
Les commentateurs s’interrogent. En effet, le verset aurait plutôt dû dire : "Je résiderai en lui", c’est-à-dire dans le sanctuaire.
C’est que la Torah veut enseigner qu’Hachem fera reposer Sa Présence parmi tous les juifs, "en eux". Mais si Hachem souhaite résider au sein de tous les juifs, quel est alors le rôle du sanctuaire?

Nos Sages enseignent qu’Hachem aime le cœur. Il apprécie particulièrement les bonnes intentions et les bonnes volontés de chacun.
Ainsi, Hachem ne trouve pas de meilleur endroit pour résider que dans le "bon cœur" de chacun. Plus on accomplit une mitsva avec bonne volonté, et plus la Présence Divine qui résidera dans cet acte sera importante.

Quand Hachem a demandé au peuple de construire un Sanctuaire pour y résider, il fallait donc impérativement pour cela que chacun donne les prélèvements pour cette construction avec bon cœur, et surtout pas sous la contrainte. Car c’était justement dans ces bonnes intentions et dans l’amour que chacun a investi en apportant ces dons, qu’Hachem allait résider. Ce n’est pas dans les matériaux à proprement dits qu’Hachem résidera, car Il n’est pas matériel, mais plutôt dans les pieux sentiments qui les imprègnent, parce qu’ils ont été donnés avec amour.

"Ils Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux " = dans le cœur de chacun, qui se trouve présent dans ce Sanctuaire, parce qu’il a été conçu avec le cœur et la générosité de chacun.
D’après ce principe, plus un matériau a été donné avec cœur, et plus il pourra être apte à attirer la Présence Divine.
C’est pour cela que la Torah dira, dans la paracha de Vayakél, que Bétsalel et Aholiav, les constructeurs du Michkan, sont des "penseurs de pensées". Cela signifie qu’ils devront connaître les intentions et les pensées de chacun. Car plus ils constateront que tel matériau a été donné avec des bonnes pensées et un bon cœur, et plus ils sauront qu’il devra servir à fabriquer les éléments les plus saints.
La sainteté de chaque don dépendra de l’intention avec laquelle il a été donné.

La Torah dira aussi dans Vayakél, que ce sont les chefs de tribu qui offrirent les pierres précieuses. Et nos Sages d’expliquer qu’ils se dirent : "Que chacun apporte sa contribution, et ce qui manque, nous le compléteront".
Quand tout fut apporté, il ne leur restait à offrir que les pierres précieuses. Ainsi, ces pierres précieuses ont été offertes par les chefs de tribu, avec une certaine nonchalance. Ils ne se sont pas empressés pour les offrir, mais les laissèrent pour la fin. Ainsi, ce manque de bonne volonté et de zèle qui caractérisait ces bijoux, entraîna que la sainteté et la Présence Divine qui les imprégnaient furent aussi déficientes.
Ce manque d’empressement et d’amour provoqua un manque de sainteté. C’est pourquoi, même si ces pierres avaient le plus de valeur au niveau financier. Mais ce qui comptait le plus dans le Michkan, c’était la bonne volonté (cette "générosité du cœur") et rien d’autre. Et ces pierres en manquaient dans une certaines mesures, par rapport aux autres dons. Elles furent donc citées en dernier. Car ce qu’Hachem recherche le plus, c’est le cœur et c’est dans le cœur et les bonnes volontés qu’Il réside.
[d'après le rav Mikaël Mouyal]

<--->

+ La paresse se cache derrière tous nos justificatifs :

-> Au début de la paracha Térouma, Moché Rabbénou reçoit l’ordre Divin de demander au peuple d’apporter les matériaux bruts nécessaires à la construction du Michkan : "Et voici l’offrande que vous prendrez d’eux : or, argent et cuivre ; étoffes d’azur, de pourpre, d’écarlate, de fin lin et de poil de chèvre ; peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tahach et bois d’acacia ; huile pour le luminaire, aromates pour l’huile d’onction et pour la combustion des encens ; pierres de choham et pierres à enchâsser, pour l’Éphod et pour le Pectoral." (Térouma 25,3-7)

-> Le Ohr Ha’Haïm haKadoch note que l’ordre des matériaux mentionnés est difficile à comprendre : la pierre de choham et les "pierres à enchâsser" sont les plus précieuses de tous les éléments de la liste, elles auraient logiquement dû être placées en première position. Il répond en rapportant un midrach qui nous apprend le contexte de l’apport des pierres précieuses.
Elles étaient fournies par les nessiim (les princes) après que tout le reste ait été donné. Les nessiim avaient initialement prévu d’attendre que tout le monde apporte sa contribution à la construction du Michkan, et ils voulaient se charger de procurer ce qu’il manquerait. Mais leur projet échoua quand le peuple, dans son grand enthousiasme, donna tout ce qui était nécessaire, à l’exception des pierres précieuses.
Le midrach ajoute qu’Hachem était mécontent, parce qu’ils tardèrent à apporter leur contribution à la construction du Michkan. En "punition", le youd de leur nom fut effacé à un endroit de la Thora.

Le Or Ha’Haïm haKadoch explique que puisque le don des pierres précieuses était lié à une erreur, elles sont mentionnées en fin de liste des matériaux offerts pour le Michkan. Malgré leur grande valeur monétaire, la faille spirituelle qui entraîna le don des nessiim les place à un moindre niveau que tous les autres matériaux apportés.
[ce Ohr ha'Haïm a aussi permis de développer la notion de : la primauté de nos efforts, sur nos résultats : http://todahm.com/2014/02/23/1090-2 ]

-> Le rav ‘Haïm Chmoulewitz souligne qu’il nous faut encore comprendre pourquoi Hachem était insatisfait du comportement des nessiim. Le raisonnement qui expliqua le retard de leur contribution semble très cohérent, pourquoi furent-ils punis pour une "erreur de calcul" apparemment innocente?
[cela pourrait même ressembler à une bonne action : on se retient de donner immédiatement pour que tous les autres juifs puissent donner au maximum.]

Il répond en rapportant le commentaire de Rachi (Vayakel 35,27) concernant leur punition : "Parce qu’ils firent originellement preuve de paresse, ils perdirent un "youd" dans leur nom".
Rachi nous révèle que la véritable raison de leur retard était leur paresse. Leur justification qui semblait tout à fait valable dissimulait une certaine fainéantise.

-> Le Messilat Yécharim développe longuement ce trait de caractère qui empêche la personne de remplir correctement ses obligations. Il écrit : "Nous voyons de nos propres yeux, à maintes reprises, qu’un homme peut être conscient de ses devoirs, et il sait clairement ce qui est nécessaire pour le bien-être de son âme ... pourtant il s’affaiblit [dans sa Avoda], non pas par manque de conscience ou pour une autre raison, mais à cause de la forte paresse qui prend le dessus."

Il ajoute que le grand danger de ce défaut est de réussir à trouver plusieurs "motifs" justifiant son inactivité.
Il écrit (fin du 6e chapitre) : "Le paresseux va prouver par de nombreuses citations des Sages, des versets de la Bible, et des arguments "logiques", qu’il peut alléger son fardeau, sans réaliser que ces considérations proviennent de sa paresse et non d’une réflexion mûre et rationnelle."
Ainsi, lorsque nous sommes confrontés à un choix, nous ne devons pas nous hâter de choisir l’option la plus facile, parce que cette décision découle très probablement de notre paresse.

Le Messilat Yécharim nous enseigne que même le plus "valable" des arguments peut être un voile dissimulant les désirs de la personne qui ne veut pas agir.

-> Le yétser hara de l’oisiveté est si malin et astucieux qu’il peut prendre la forme de la plus admirable des qualités, en particulier la modestie.
Le rav Moché Feinstein (Darach Moché - Nitsavim) parle d’une forte tendance qu’ont certaines personnes à se sous-estimer en prétendant qu’elles sont très peu talentueuses et qu’elles ne pourront jamais atteindre de hauts niveaux. Il écrit que ce genre d’humilité émane en réalité du yétser hara. Cette attitude provient de la paresse, qui est en fait la manifestation d’un désir de confort.

=> Nous apprenons de l’épisode des nessiim que l’élément qui nous empêche le plus de réaliser notre potentiel est le désir de commodité/confort qui découle de la paresse. Celui-ci nous incite à alléguer plusieurs "raisons" qui justifient le fait que nous ne progressons pas comme nous le pourrions.
Or, le Messilat Yécharim nous enseigne qu’il nous faut reconnaître que ces excuses sont très souvent une simple ruse du yétser ara et qu’il faut la repousser et persévérer dans nos efforts pour grandir et agir.

[comme on le voit dans le verset ci-dessus, on a beau être des pierres précieuses, mais à cause d'une paresse sous-jacente on peut en venir à être cités tout à la fin, considérés comme moins de valeur, et tout cela parce qu'on aura moins bien combattu notre paresse naturelle.
Cela est également en lien avec ce qu'on a pu voir précédemment : ce qui donne toute notre valeur ce ne sont pas les capacités que nous avons, mais plutôt le fait de donner tout notre cœur à Hachem, et cela se manifeste par notre capacité à briser notre tendance à la paresse. Lorsqu'on aime vraiment Hachem, qu'on a envie de Lui faire plaisir par nos actions, qu'on a envie d'être proche de Lui par notre comportement, alors on est dynamique, et la paresse n'est pas une option qui peut exister tellement on est en mouvement vers Hachem, qui alors en parallèle réside en nous. ]

-> b'h, voir également : La paresse & la nonchalance : un grand défaut (par rabbi Nissim Yaguen) : http://todahm.com/2021/09/10/la-paresse-la-nonchalance-un-grand-defaut

<--->

-> "Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et airain" (v.25,3)
Rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma’h) affirme que Hachem accorde la richesse à l’homme uniquement afin qu’il l’emploie pour observer les mitsvot.

La source de cette idée se trouve dans le midrach : "Rabbi Chimon ben Lakich dit : le monde ne méritait pas d’utiliser l’or. Pourquoi donc a-t-il été créé? Pour le tabernacle et le Temple, comme le prouvent les versets “l’or de ce pays-là est bon (tov)” (Béréchit 2, 12) et “cette belle (tov) montagne et le Liban” (Dévarim 3, 25), expression se référant au Temple."

<--->

-> Pourquoi ne dit-on pas de bénédiction sur la mitsva de donner?

Le rabbi de Riminov répond : Parce qu’une bénédiction, il faut la dire de tout son cœur, avec joie. Et en général, on ne donne pas la tsédaka avec un désir et une joie véritables.

Le rabbi Bounam de Peschis’ha répond : S’il fallait dire une bénédiction avant de donner la tsédaka, on commencerait par toutes sortes de préparatifs entraînant un retard, comme de se laver les mains, de dire LeChem yi’houd et ainsi de suite, jusqu’à ce que le pauvre ait déjà le temps de mourir de faim.

<--------------->

"Ils prendront pour Moi une offrande" (Térouma 25,2)

-> La superficie du Michkan était de 100 amot sur 50 amot, c'est-à-dire 5 000 amot carrées.
Cette superficie était 1/50e de celle du mont du Temple, qui faisait 500 amot sur 500 amot, c'est-à-dire 250 000 amot carrées.

=> C'est pour cette raison que le Baal haTourim explique que Hachem dit : "Ils prendront pour Moi une offrande (térouma)".
En effet, comme la "térouma guédola qui est de 1/50e en moyenne, le Michkan faisait 1/50e du mont du Temple.

<--------------->

-> L’ouvrage Oumatok Haor fait remarquer que les mots "vayik'rou li térouma" (qu'ils prennent pour Moi un prélèvement - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2) ont une valeur numérique de 821, ce qui est équivalent à celle des 3 termes suivants : "chéfa, bérakha, véats'lakha" (abondance, bénédiction et réussite - שפע ברכה והצלחה).
En d’autres termes, l’homme qui dispense généreusement son argent aux nécessiteux mérite que se déverse sur lui une profusion de bénédictions et jouit de la réussite.

<--->

-> Le Baal haTourim note sur le verset : "chacun donnera le rachat de sa personne" (Ki Tissa 30,12), que le terme : vénatnou (ונתנו – traduit ici par "donnera") se lit identiquement de droite à gauche et de gauche à droite, pour souligner que tout ce que l’homme donne à la tsédaka lui sera restitué, et qu’il ne perdra absolument rien.

-> Si nous appliquons la règle du At-bach (faire correspondre à une lettre, celle qui lui est symétriquement opposée dans l'alphabet) au mot : tsédaka (צדקה), nous retrouvons le mot : tsédaka (צדקה).

-> Le Ben Ich 'Haï, nous explique d'après la guémara : "Celui qui veut conserver son argent doit s'en démunir" = c'est-à-dire que tout celui qui veut assurer son capital, devra donner de la tsédaka.

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï enseigne dans le Zohar (Térouma) : lorsqu'un homme donne de la tsédaka à un pauvre, il s'insuffle de la vie à lui-même et le Créateur lui accordera de très grandes bontés dans ce monde ici-bas.

-> Le Arizal explique que la mitsva de tsédaka est des plus "visibles" dans le sens où la répercussion de celle-ci se perçoit sur le visage de l'homme. La mitsva de tsédaka étant un acte extérieur, contrairement à la mitsva "d'aimer Hachem" qui est un acte intérieur, lorsque l'homme s'habitue à donner aux pauvres, une lumière unique vient éclairer son visage, car l'habitude des hommes et de dévoiler leur visage au monde extérieur. Ainsi, c'est le visage qui bénéficiera de cette lumière spéciale.

"On dit à Yossef : "Voici ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)

-> Le midrach explique comment se fait-il que Yossef n'était pas au courant que son père était malade et qu'il fallait lui envoyer un émissaire pour le lui faire savoir. Mais Yossef n'allait-il pas voir son père régulièrement?
Le midrach explique que Yossef craignait que son père lui demande de lui relater comment il était arrivé en Egypte. Il aurait alors été forcé de lui raconter que ses frères l'ont vendu et il risquait alors de les maudire. Pour éviter cela, Yossef décida de ne pas visiter son père et c'est ainsi qu'il ignorait qu'il était malade et c'est donc un émissaire qui est venu l'en informer.

-> Le rav Leib Friedman fait remarquer la grandeur de Yossef. Après 22 ans de séparation avec son père, on peut imaginer combien il désirait le revoir. L'amour mutuel que Yaakov et Yossef se portaient était très grand. Il est clair que Yossef aurait préféré voir son père régulièrement. Et pourtant, pendant 17 ans, il s'est privé de rendre visite à son père.
Il résista à son amour et à son envie de le voir. Et tout cela, pourquoi? Pour éviter que son père ne lui demande une explication et qu'il soit obligé de raconter ce que ses frères lui ont fait subir et qu'ils ne risquent d'être maudits par leur père.

=> Nous voyons ici, l'estime et l'attention que Yossef portait vis à vis de ses frères. Malgré tout le mal qu'ils lui ont infligé, la souffrance qu'il vécut d'être arraché de la maison de son père, d'être vendu comme esclave à un égyptien dans un pays de débauche et d’idolâtrie, sans compter 12 ans d'emprisonnement. Mais après toute cette souffrance, il fut prêt à résister pendant 17 ans à l'envie brûlante de se retrouver près de son père, pour ne pas risquer de devoir lui relater le mal que ses frères lui ont fait subir.

Nous devons apprendre ici,qu'il faut savoir maîtriser notre envie de raconter le mal que les autres nous ont fait subir. Même si on a pu en souffrir, malgré tout, il existe une comparaison avec la souffrance de Yossef infligée par ses frères.
Efforçons-nous de nous maîtriser pour ne pas répéter ce que telle ou telle personne nous a fait. Yossef a su se priver de voir son père pendant 17 ans alors qu'il aimait de toutes ses forces et de toute son âme. Juste pour ne pas à avoir à rapporter ce que ses frères lui ont fait, aussi par amour pour eux, et ne pas qu'ils soient maudits par Yaakov leur père.

<-------->

-> "On dit à Yosseph : voici ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)

-> Le Gaon de Vilna enseigne :
Nos Sages (guémara Nédarim 39b) enseignent que lorsqu'un homme vient rendre visite à un malade, il lui ôte 1/60e de sa maladie. Mais pour cela, il faut qu'une condition soit respectée : l'homme qui lui rend visite doit avoir la même origine spirituelle que le malade.
Or, Yossef avait la même origine que Yaakov, comme le dit le verset : "Les descendants de Yaakov sont Yossef". Ainsi, avant que Yossef ne vienne le voir, Yaakov avait encore les 60 parts de sa maladie.

C'est ce que dit le verset : "Voici ton père est malade". Le mot "iné" (הנה - voici) a la valeur numérique de 60. Mais quand Yossef vint le voir, il est dit : "Israël se renforça et s'assit sur le lit". Le terme "amita" (המטה - le lit) a la valeur numérique de 59.
=> Grâce à la visite de Yossef, la maladie de Yaakov diminua et il ne lui en restait plus que 59 parts. C'est pourquoi, il se renforça et put même s'asseoir. Tout cela ne fut possible que parce qu'il ne lui restait que 59 parts. C'est ce que conclut le verset : "sur le lit" (המטה de valeur 59).