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"Et le peuple commença à agir de façon immorale avec les filles de Moav ... Israël s'est attaché à baal péor et la colère d'Hachem s'enflamma contre Israël" (Balak 25,1-3)

-> Rachi explique que la pratique de ce culte consistait à se dévêtir devant la statue pour ensuite déféquer.

=> Quel est le sens de ce culte idolâtre de baal péor d'après la kabbale?

Nous avons reçu de nos maîtres les Mékoubalim que le fondement de l'idolâtrie réside dans le fait de transmettre de la force de sainteté au sitra a'hra. Aussi, pour comprendre ce phénomène mystérieux du culte de baal péor, nous devons comprendre le secret de la nutrition.

Le Arizal (taamé mitsvot Yitro) nous enseigne qu'il existe dans chaque aliment une force de vie spirituelle, des étincelles de sainteté. Puisque le corps de l'homme est fait de matière, la nourriture qu'il consomme est également matérielle.
Lorsque l'homme se nourrit, les éléments nutritifs qui renferment ces forces vives, étincelles de sainteté, sont absorbés par le corps tandis que les déchets qui ne contiennent plus de forces vives vont être expulsés à l'extérieur. Après la digestion, les résidus expulsés dans les selles ne contiennent plus aucune
étincelle de sainteté.
Ainsi, aucune étincelle de sainteté n'est transmise aux forces du sitra a'hra.

=> D'après ce que nous venons de dire, le peuple n'a donc transmis aucune force au mal. Dans ce cas, pourquoi est-il interdit de faire ses besoins devant une effigie d'avoda zara?

-> Il est écrit dans la guémara (Sanhédrin 64a) un enseignement de Rav Yéhouda rapporté au nom de Rav : une fois, une femme non-juive était très malade. Elle promit que si elle guérissait, elle pratiquerait tous les cultes idolâtres existant dans le monde. Elle se rétablit et commença à pratiquer tous les cultes idolâtres comme elle s'était engagée à le faire.
Lorsqu'elle se présenta devant les prêtres de baal péor, elle leur demanda en quoi consistait ce culte et ce qu'elle devait faire. Ils lui expliquèrent qu'elle devait manger des téradine (Rachi explique que c'est un aliment qui libère les intestins) et boire de l'alcool.
Elle déclara : il est préférable pour moi de retomber malade plutôt que de pratiquer un culte idolâtre aussi répugnant!

La raison pour laquelle les prêtres demandèrent à cette femme de manger des téradine réside dans le fait que ces derniers accélèrent le processus de descente des aliments dans les intestins sans les digérer complètement, c'est-à-dire avant que le corps ne puisse trier entre les forces vives qui doivent être absorbées et les détritus qui doivent être expulsés.
Il se trouve donc que le tri n'ayant pas été réalisé totalement par le corps, des forces vives, étincelles de sainteté, restent encore dans les aliments expulsés.
C'est le secret de cette pratique idolâtre qui détourne les étincelles de sainteté vers le sitra a'hra.
[rav Yaniv Cohen - roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El]

Nazir = s’élever au niveau d’Adam avant la faute

"Car la couronne de son D. est sur sa tête, durant toute la période de son statut de nazir, il est saint pour Hachem" (Nasso 6,7-8)

-> Le Alchikh haKadoch nous éclaire sur le statut de nazir. Il nous explique que Hachem a souhaité nous enseigner que chaque juif, même s'il n'appartient pas à la descendance des Cohanim, a le potentiel de grandir en sainteté jusqu'à atteindre le niveau de sainteté du Cohen Gadol.

Voici ses paroles :
"Hachem a distingué parmi Son peuple saint, la tribu de Lévi, et parmi ses membres, la descendance d'Aharon, et parmi eux, le Cohen Gadol qui fut distingué parmi tous ses frères. Ne viens pas croire que le niveau de sainteté dépend de nos ascendants car D. vient nous enseigner ici qu'il n'en est pas ainsi.
En effet, il appartient à chaque homme de s'écarter de la matérialité du monde et de se sanctifier jusqu'au niveau qu'il s'est fixé.

Il est écrit au sujet du Cohen Gadol une précision importante : "Pour son père et sa mère, il ne se rendra pas impur ... car le sacre de l'huile d'onction de son D. est sur lui" (Emor 21,21).
Le Cohen Gadol prend ses fonctions suite à l'onction qu'il reçoit. C'est donc un facteur extérieur à lui qui va déterminer son statut contrairement au nazir.
En effet, un nazir ne se rendra pas non plus impur pour ses parents mais ce niveau de sainteté dépend de lui, de sa volonté sincère et de son amour pour Hachem et il est écrit à son propos : "Car la couronne de son D. est sur sa tête" (Nasso 6,7)."

=> Lorsque nous analysons les paroles du Alchikh Hakadoch, nous sommes amenés à comprendre que la sainteté du nazir est plus élevée que celle du Cohen Gadol.
Le Cohen Gadol atteint ce niveau de sainteté par le statut qu'il endosse après avoir reçu l'onction tandis que la sainteté du nazir provient d'un choix personnel de se mettre en retrait de la matérialité de ce monde même sans avoir reçu l'huile d'onction.

[ il est à noter que : Rabbi 'Haïm Vital témoigne qu'il a entendu de son maître le Arizal, que les commentaires du Alchikh haKadoch sur la Torah représentent une des 70 explications enseignées dans les mondes supérieurs.]

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=> Approfondissons les enseignements du Alchikh haKadoch : au-delà du choix personnel d'endosser le statut de nazir, en quoi la sainteté de ce dernier peut-elle dépasser celle du Cohen Gadol?

-> Le Chlah haKadoch (Torat Ohr - Nasso 11) enseigne :
"Nos Sages (guémara Béra'hot 63a ; Sota 2a) disent : "pourquoi la section du nazir est-elle juxtaposée à la section de la femme soupçonnée d'adultère (la sota)? Ceci pour nous apprendre que quiconque voit la femme soupçonnée d'adultère dans son humiliation, qu'il se sépare, qu'il s'abstienne de boire, du vin."
On explique : il devra s'abstenir de consommer tout ce qui provient de la vigne qui est selon certains avis le fruit de l'arbre de la connaissance.
En effet, 'Hava pressa du fruit défendu, qui était une grappe de raisin, à Adam et le midrach (Béréchit rabba 19,5) nous enseigne que ce vin le mit en état d'ébriété ...
A cause du vin qu'elle a servi à son mari, la mort frappa le monde. Si Adam n'avait pas fauté en s'abstenant de consommer du fruit de la vigne, il aurait conservé son niveau de sainteté et son vêtement de lumière.
Cependant après la faute, il fut revêtu d'un vêtement de peau jusqu'à ce qu'Aharon vienne réparer cette profanation par l'intermédiaire de l'onction sainte.
[le 'Hatam Sofer explique que le fruit de l'arbre de la connaissance, la vigne, aurait été permis le jour du Shabbat si Adam avait patienté. En effet, il aurait sanctifié le kidouch avec le vin. ]

Lorsque le nazir s'écarte du vin de son propre gré, il dévoile son intention profonde de revenir au niveau d'Adam Harichon avant la faute, c'est-à-dire de réparer ce qui causa la perte du vêtement de lumière d'Adam.
Ainsi, lorsqu'un homme prononce le vœu de devenir nazir, il exprime son désir de s'écarter des plaisirs de ce monde de toutes ses forces et il fixe une période spécifique en fonction de ce que son corps peut accomplir. Il se contente alors de satisfaire les besoins élémentaires de son corps et s'écarte des envies superflues.
[ le mot nazir signifie "s'abstenir", "renoncer" tandis que le mot nézer signifie "couronne", "diadème". ]

C'est le sens des mots de la Torah : "Car la couronne de son D. est sur sa tête" = c'est-à-dire qu'il s'est placé au niveau d'Adam Harichon avant la faute, car il était couronné par D. lui-même sans l'intermédiaire de l'onction.
Cependant, lorsque la période de son vœu se sera écoulée, il redeviendra comme tous les autres hommes et sa couronne se retirera de sa tête, et c'est la raison pour laquelle il devra apporter un sacrifice tout comme Adam Harichon qui dut apporter un sacrifice après sa faute, comme l'ont enseigné nos Sages : "Adam Harichon apporta en offrande un taureau" (guémara Shabbath 28b).
Ainsi le nazir amène un sacrifice pour la même raison."

-> "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21).
Les sages du Midrach (Béréchit rabba 4,8) expliquent à propos de ce verset qu'à l'origine, la fonction de prêtrise (Cohanim) revenait aux premiers-nés qui réalisaient des sacrifices jusqu'à ce que la tribu de Lévi hérite de la couronne de la prêtrise.
Adam Harichon en tant que premier-né de l'humanité, apporta un sacrifice, comme il est écrit : "plus agréable à Hachem qu'un taureau aux grandes cornes et aux puissants sabots" (Téhilim 69,32).
Il se vêtit pour ce faire des habits du Cohen Gadol, comme il est écrit : "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21) = il s'agissait de vêtements précieux que les premiers-nés pouvaient revêtir.
Avant de mourir, Adam transmit ses vêtements à 'Hét, qui les transmit à Métouchela'h, qui les transmit ensuite à Noa'h. Comme nous l'explique la Torah, Noa'h se leva et réalisa un sacrifice pour Hachem : "Il prit de tous les animaux qui étaient purs" (Noa'h 8,20).

Rabbénou Bé'hayé nous fait remarquer que la Torah utilise exactement le même terme "vayalbichem" (revêtir - וַיַּלְבִּשֵׁם) au sujet du Cohen Gadol (Tsav 8,13) mais aussi au sujet d'Adam Harichon (Béréchit 3,21).
De plus, le verset : "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (וַיַּעַשׂ יְהוָה אֱלֹהִים לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ כָּתְנוֹת עוֹר וַיַּלְבִּשֵׁם - Béréchit 3,21) contient huit mots faisant ainsi allusion aux huit vêtements du Cohen Gadol.

-> Le rav Pin'has Fridman conclut ce développement ainsi :
D'après ces explications, si Adam n'avait pas consommé de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, il serait devenu le roi de toute la création sans même les 8 vêtements de prêtrise que Hachem lui confectionna après la faute.
En effet, avant la faute, Adam n'avait pas de vêtements de prêtrise (Cohen), c'est uniquement après cette dernière qu'il perdit la couronne de la royauté et que Hachem le revêtit des habits de prêtrise pour lui permettre d'évoluer dans ce monde ici-bas.

Nous comprenons de quelle façon le nazir peut s'élever à un niveau de sainteté équivalant voir supérieur au Cohen Gadol puisqu'il peut s'élever au niveau d'Adam Harichon avant la faute.
Il est écrit dans la Michna : "Tout le monde n'est pas apte à prendre cet éloge" (Béra'hot 16b), en l'occurrence de formuler le vœu de nézirout et de s'élever au niveau de sainteté d'Adam Harichon avant la faute.
Pour y parvenir, il faut que l'intention de l'homme qui en émet le vœu soit dirigée vers Hachem. En maîtrisant les envies de notre corps, en y prenant conscience et en dédiant cette élévation au Maître de l'univers, nous devenons comme ce nazir qui cherche à s'élever en sainteté et à prendre part à la réparation de la faute originelle.

"Moché les envoya du désert de Paran sur la proposition de Hachem ; c'étaient tous des notables (anachim), chefs des enfants d'Israël étaient-ils" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi explique l'utilisation du terme "anachin", comme signifiant qu'au moment où ils sont partis ils étaient des justes et ils n'avaient aucune intention de parler négativement de la terre d'Israël.

Regardons de plus près les mots que Rachi utilise : "béota chaa kéchérim ayou".
=> Il semble nous signifier que les explorateurs étaient encore des justes pendant 1 heure après leur départ? Sur quoi se base-t-il pour affirmer cela?

Nous allons voir la belle réponse apportée par le rav Eizel Charif, alors qu'il n'avait que 8 ans.

-> "Selon le nombre de jours où vous avez exploré la terre, 40 jours, un jour pour une année, un jour pour une année, vous porterez vos iniquités, 40 ans, et vous saurez ce que [signifie] se détourner de Moi" (Chéla'h Lé'ha 13,34)

On a :
1 jour d'exploration = 1 année dans le désert ;
24 heures = 1*12 mois
=> 1 heure d'exploration = 1/2 mois dans le désert, soit 15-16 jours.

-> Le peuple juif a quitté l'Egypte le 15 Nissan, 1er jour de Pessa'h.
Il est entré en terre d'Israël le 10 Nissan (cf.Yéhochoua 4,19), ce qui correspond à 5 jours en avance par rapport au décret des 40 années dans le désert.

-> Rachi écrit (Dévarim 1,2) que si les juifs avaient mérité de traverser le désert directement pour aller en Israël (sans faire aucun détour), il aurait fallut 11 journées.
Cette période ne doit donc pas être comptabilisée dans la punition des explorateurs (40 ans d'errance).

=> Suite à ce constat, il ressort qu'il manque une période de 1/2 mois (16 jours) sur les 40 années.

Afin de résoudre cette difficulté, Rachi a conclu qu'ils avaient de bonnes intentions pendant la 1ere heure de leur mission, ce qui justifie la réduction de la peine pour cette durée.

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-> "Ils allèrent et revinrent trouver Moché et Aharon" (Chéla'h Lé'ha 13,26)

Rachi explique : "C’est pour comparer leur départ à leur venue. De même que leur venue était dans une mauvaise intention, leur départ était dans une mauvaise intention".

Apparemment c’est difficile, car Rachi lui-même (v.13,3) a expliqué qu’à ce moment-là ils étaient honnêtes
L'Admour rabbi Avraham Méïr de Gour donne l'explication suivante : nos Sages (guémara (Kidouchin 40) disent que Hachem joint une bonne pensée à l’acte, alors qu’il ne joint pas une mauvaise pensée à l’acte.
D’après cela, au moment où Moché a envoyé les explorateurs, même si leur départ était a priori dans une mauvaise intention, la mauvaise pensée n’avait pas encore été ajoutée à l’acte, donc à ce moment-là ils étaient honnêtes.
Mais une fois qu’ils ont mis leur mauvaise pensée à exécution et ont dit du mal de la terre d'Israël, la mauvaise pensée a déjà été ajoutée à l’acte, et c’est ce que dit Rachi : "C’est pour comparer leur départ à leur venue".

"Moché les envoya du désert de Paran sur la proposition de Hachem ; c'étaient tous des notables (anachim), chefs des enfants d'Israël étaient-ils" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi fait remarquer que le qualificatif "anachim" (notables), révèle qu'au moment de leur départ en mission, ils étaient tous des justes.

[Il apparaît qu'ils n'avaient alors aucune intention de médire sur la terre d'Israël]

=> Comment comprendre que des personnages si importants ont si rapidement et radicalement mal tournés?

-> Le Maharal (Gour Aryé Dévarim 1,22) enseigne que le peuple juif dans son ensemble avait peur de la population résidant en Israël, au point qu'il ne pensait pas pouvoir la vaincre pour prendre possession du pays.
Les explorateurs ont été envoyés en tant que représentants du restant de la nation, et le principe est qu'un envoyé (chalia'h) devient influencé par les intentions de ceux qui l'envoient en mission.

La guémara (Kidouchin 41b) dit : "l'envoyé d'une personne est comme cette personne" (chlou'ho chel adam kémoto).

Bien qu'il y ait à ce sujet des débats en terme de loi juive, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Chéla'h Lé'ha 13,2) explique que cela peut se comprendre de façon littérale.

Lorsqu'une personne accepte une mission et est d'accord d'en être l'émissaire, elle devient spirituellement connectée à celle qui l'a mandaté et influencé dans ses objectifs.

Ainsi, bien que les espions étaient eux-mêmes des justes dès qu'ils ont été envoyés en exploration, devenant les émissaires de toute la nation, ils se sont transformés pour devenir comme ceux qui les ont envoyés.

-> Par exemple, le 'Hafets 'Haïm a envoyé le rav Méïr Shapiro pour le représenter au 2e Knéssia Gédolah (congrès mondial de Torah - en 1929), ne pouvant pas s'y rendre personnellement.
Les rabbanim ont voulu l'honorer en le faisant intervenir en 1er, mais le rav Shapiro leur a demandé de passer à la fin afin de pouvoir bénéficier de l'influence du 'Hafets 'Haïm (l'ayant mandaté pour cette tâche), le plus longtemps possible.

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que la Torah appelle parfois un émissaire par : mal'akh (un ange).
Pourquoi cela?

Si l'émissaire est influencé par celui qui l'a envoyé en mission, à plus forte raison lorsque l'initiateur est Hachem.
Ainsi, une personne agissant comme émissaire de D. mérite d'être dénommée : un ange (mal'akh).

"Nous avons crié vers Hachem et Il a entendu notre voix ; il a envoyé un émissaire (mal'akh) et nous a fait sortir d'Egypte" ('Houkat 20,16).

Il s'agit de Moché (cf.Rachi), et puisqu'il agissait comme un émissaire de D., il a mérité d'être appelé un : mal'akh.

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Cependant, la Torah est claire sur le fait qu'ils ont dû rendre des comptes pour ce qu'ils ont fait, au point de mourir tragiquement (v.14,36-37).
=> Puisque leur faute provenait de l'influence négative du peuple, pourquoi ont-ils été punis? Que pouvaient-ils faire d'autre?

Le 'Hidouché haRim explique qu'avant de partir, les espions n'auraient pas dû se voir comme des représentants de la nation, mais plutôt comme des émissaires de Hachem et de Moché.
Cette faute va avoir des conséquences décisives et fatales.

-> Le Sfat Emet enseigne que nous devons appliquer cela à notre vie quotidienne.
En effet, normalement nous faisons nos choix en fonction de ce qui nous semble être correcte et logique.
Cependant, lorsque nous nous engageons à ne pas agir selon nos motivations personnelles, mais uniquement parce que Hachem souhaite que nous le fassions, nous méritons alors une bénédiction et un succès énormes, car grâce à cela nous devenons, dans chacune de nos actions, des anges représentants Hachem.

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-> "Envoie pour toi des hommes" (Chéla'h Lé'ha 13,2)

-> Moché envoya les explorateurs pour visiter la terre sainte. Quand ils revinrent, ils présentèrent au peuple un rapport de leur visite. Quand on analyse le texte, on peut s'apercevoir qu'ils ne firent que dire ce qu'ils ont vu. Apparemment, ils n'ont fait que dire la vérité, ce que leurs yeux ont vu.
=> Où était donc la faute?

-> Le Rabbi Mendel de Kotsk explique que dire la vérité ce n'est pas se contenter de décrire la réalité telle qu'elle est. Car ne pas modifier la réalité c'est simplement ne pas mentir. Mais ce n'est pas encore dire la vérité. Ainsi, quelqu'un peut ne pas mentir, en décrivant la réalité telle qu'elle est, mais sans qu'on puisse encore affirmer qu'il dise la "vérité".
En fait, la vérité, c'est lire et interpréter la réalité en conformité avec la Parole d'Hachem. Si quelqu'un décrit une situation sans rien modifier à la réalité, mais que ses yeux humains lui laissent interpréter les faits de façon différente à la Parole d'Hachem, alors si c'est un homme de vérité, il fournira tous les efforts nécessaires pour s'ingénier à l'interpréter en conformité avec la Parole Divine, et pas selon ce que ses yeux humains le laissent comprendre.

Ainsi par exemple, un homme qui a travaillé durement et à reçu en rétribution un grand salaire, s'il se dit que c'est son travail qui lui a permis d'avoir ce salaire, ce ne sera pas la vérité, même si c'est ce qui paraît de la réalité. Car la vérité c'est qu'Hachem a béni son travail et c'est Lui Qui lui a envoyé le salaire, comme il est dit : "Il bénira toutes les actions de tes mains".

=> Certes, les explorateurs n'ont fait que décrire la réalité de ce que leurs yeux ont vu lors de leur visite de la terre, mais malgré tout ils ont commis en cela une grave faute. Leur erreur a été de ne pas avoir voulu investir des efforts pour mettre en accord cette réalité qu'ils ont vue avec la Parole d'Hachem qui avait dit que cette terre était une bonne terre. Ils ont décrit ce qu'ils ont vu, les géants, les fruits énormes, les nombreux enterrements, ..., ce qui a débouché à la conclusion évidente qu'ils ne pourront pas conquérir une telle terre.
Ce qu'on leur reproche c'est de ne pas s'être efforcé d'interpréter les mêmes faits, mais selon la Vérité de la Parole d'Hachem, comme l'ont fait Yéhochoua et Kalev qui proclamèrent : "Cette terre est très très bonne".
Ne laissons pas les apparences de nos yeux humains diriger notre jugement. Au contraire, c'est la vérité de la Torah qui doit orienter notre lecture de tous les événements de nos vies.

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+ Quand le mensonge se déguise en Vérité :

-> La paracha Chéla'h Lé'ha s'étend sur la faute des explorateurs. Rachi explique que le peuple se réunit autour de Moché et lui demanda d'envoyer des hommes pour explorer la terre Sainte. En cela, les Hébreux commirent une faute et leur requête déplut à Hachem. En effet, Il avait déjà annoncé que ce pays est une bonne terre. L'envoi d'explorateurs n'était donc pas justifié. Seulement, on peut s'interroger.
=> Pourquoi le peuple désirait-il tant envoyer ces hommes? N'avait-il pas confiance en Hachem qui avait promis que cette terre était bonne? Une telle hypothèse révélant un manque si grand de confiance en Hachem n'est pas envisageable!
D'autre part, il est dit (dans la paracha de Dévarim v.1,23) que cette demande du peuple plut même à Moché (qui dit : "La chose fut bonne à mes yeux"). Comment comprendre une telle chose? Surtout s'il s'agissait d'un manque de confiance en Hachem clair et évident?
Tout cela nous conduit à dire que la faute d'envoyer des explorateurs était bien plus fine que ce que l'on peut penser.

-> En fait, on sait bien qu'un peuple qui désire conquérir un pays et entreprendre une guerre, envoie au préalable des espions dans ce pays, pour identifier les différents chemins et déterminer la stratégie la plus adaptée pour cette conquête. Telle est la voie naturelle des choses.
Seulement, à l'époque, les Hébreux étaient accompagnés continuellement par la Présence Divine, qui réalisait pour eux des miracles constants. Certes, généralement la Torah demande à ce que l'homme adopte la voie naturelle, tout en plaçant sa confiance en Hachem qui est le Seul qui peut sauver. C'est ce que l'on appelle la Hichtadlout. Cependant dans la situation des Hébreux dans le désert, qui étaient entourés par des miracles manifestes d'Hachem, pour eux, exceptionnellement, ils devaient placer exclusivement toute leur confiance en Hachem sans procéder à aucune Hichtadlout.
C'est là que le peuple se trompa, en pensant que même à leur niveau, il fallait également procéder à une certain Hichtadlout. En effet, Hachem aime diriger le monde selon l'ordre naturel, pour préserver le libre arbitre de l'homme. De la sorte, quand Il réalise un miracle, Il cherche à le diminuer au maximum et à lui laisser le plus possible une apparence naturelle. Les juifs pensaient que dans leur démarche d'envoyer des explorateurs, ils suivaient cette Volonté Divine de cacher au maximum le miracle. Et en cela, ils pensaient même réaliser une mitsva.

Seulement, le fait que nos Textes voient dans leur démarche une erreur, cela révèle qu'au plus profond de leur coeur, de façon même imperceptible, ils manquaient quelque peu de confiance en Hachem et leur demande découlait en vérité d'une certaine tendance enfouie dans leur coeur à agir naturellement, non pas pour la mitsva, mais pour se rassurer, pensant que par là, ils sécuriseraient un peu plus la réussite de la conquête. Mais ce mauvais calcul relevait du subconscient. Ils étaient loin de s'avouer tout cela. Pour eux, dans leur esprit, ils pensaient réaliser leur mitsva de Hichtadlout pour cacher le miracle.
Il s'agissait donc d'une très fine erreur d'appréciation dans l'équilibre entre Hichtadlout et confiance en Hachem. Ils croyaient que leur Hichtadlout était louable, alors qu'en réalité, elle était superflue et venait pointer un léger manque de confiance en Hachem duquel ils n'étaient pas conscients.
Mais en réalité, ce n'est pas tout. Leur démarche était encore bien plus profonde que cela. Car, ils ne pensaient pas qu'il fallait procéder à une démarche naturelle (Hichtadlout) simplement pour connaître les chemins les plus adaptés pour la conquête. Ce n'est pas en cela qu'ils se trompèrent en pensant qu'il fallait agir. Car pour cela, ils avaient une totale confiance en Hachem et savaient fermement qu'Il allait les aider. Ce n'est pas en cela que leur mauvais penchant allait les induire en erreur. Il était sûr de ne pas réussir.

L'erreur d'appréciation était encore bien plus fine que cela. Le Midrach explique que quand le peuple demanda à Moché d'envoyer des explorateurs, Moché leur en demanda la raison. Alors ils expliquèrent qu'Hachem leur avait promis de leur faire hériter les richesses du pays. Mais, sachant que les Hébreux s'apprêtaient de conquérir le pays, les habitants risqueraient de cacher tous leurs trésors. Et cela risquait de compromettre la réalisation de cette Promesse Divine. Il convenait donc d'envoyer des explorateurs qui allaient identifier les endroits secrets et connaîtraient les lieux susceptibles de contenir les trésors. Et ainsi, cela permettra de réaliser la Promesse Divine et Son Honneur restera conservé.
Au niveau conscient, toute la démarche du peuple d'envoyer des espions était d'éviter une faille dans la sanctification du Nom d'Hachem, dans le cas où on ne trouverait pas les trésors. Ce n'était même pas de perdre l'occasion de s'enrichir qui les perturbait. Tout leur souci n'était que de préserver l'Honneur d'Hachem.
Entendant tout cela, Moché donna bien sûr son accord. Cette démarche lui plut.
Et malgré tout, Hachem identifia une faute. Car en réalité, Il perçut qu'au très fond de leur coeur, leur aspiration provenait d'un manque très fin de confiance en Hachem et d'une volonté imperceptible d'agir naturellement pour assurer leur conquête, pensant inconsciemment que leur action naturelle les aidera. Il s'agissait bien, à un niveau microscopique, d'un léger manque de confiance en Hachem. Et ce manque était si fin, que même Moché n'identifiait pas la faille. Tout paraissait provenir des intentions les plus pures.
Personne n'avait réussi à percevoir qu'une intention négative très fine se cachait.

=> Tout cela montre combien un défaut peut se dissimuler au point que même Moché puisse ne rien remarquer.
De plus, nous voyons aussi que la faute du peuple était d'une finesse telle qu'en apparence tout paraissait être une très grande mitsva, celle de rechercher à augmenter l'Honneur d'Hachem. Le peuple était à un niveau spirituel si haut que pour le tromper, le mauvais penchant (yétser ara) devait leur présenter l'erreur comme une grande mitsva. Car le penchant sait s’immiscer en finesse dans le coeur, présentant une Hichtadlout erronée comme si elle était voulue par Hachem. De plus, ne tentons surtout pas d'expliquer les fautes du peuple juif de l'époque de la Torah selon notre échelle, pensant que ces hommes pouvaient avoir des considérations simples et comparables aux nôtres.

==> Mais tout cela nous mène à nous interroger. S'il est possible de commettre des erreurs si fines sans s'en rendre compte, le danger est donc très grand. Comment pouvons-nous déterminer la vérité? Comment identifier l'erreur si tout peut paraître si parfait?
C'est qu'en fait, chaque homme est effectivement capable de connaître la vérité des choses, s'il le veut vraiment. En scrutant le fond de son coeur avec un regard authentique, en voulant vraiment connaître la vérité, on arrivera à l'identifier. Car le mauvais penchant ne peut pas recouvrir complètement la vérité. Même s'il peut présenter le mensonge comme une vérité, malgré tout, au fond de lui-même, l'homme sait que le droit chemin est encore plus vrai. Dans Sa Bonté, Hachem n'a pas permis au penchant de cacher totalement la vérité. Chacun peut, s'il le désire vraiment, discerner dans son coeur, la vraie vérité.

[ basé sur un enseignement du rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliahou) - rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

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+ Grâce à la droiture, on se préserve de tout mal :

-> "Moché les envoya depuis le désert de Pharane sur l'ordre d'Hachem, tous des personnages considérables, chefs des Bné Israël" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi : "A chaque fois que les versets comportent le terme ‘personnage’ (Ich), cela signifie qu'il s'agit d'une personne importante. A ce moment-là, ils étaient (encore) irréprochables".

=> Ce commentaire de Rachi est a priori étonnant : si les explorateurs étaient véritablement irréprochables, au point que la Torah elle-même en témoigne, comment se fait-il qu’ils tombèrent ensuite d’un niveau tellement élevé jusqu’aux extrémités de la bassesse?

-> Le Chem miChmouël (année 5677) rapporte l'explication suivante :
Rachi lui-même commente le verset "Sois droit avec Hachem ton D." (Choftim 18,13) : ‘Va selon Lui avec droiture, espère en Lui, et ne sonde pas l’avenir, mais tout ce qui t’arrivera accepte-le avec innocence (sans calcul). Et alors tu feras partie de Son peuple et tu seras Son partage’.
Le Chem miChmouël écrit que l'on peut donc en déduire, que l’inverse est aussi vrai : en ne se conduisant pas avec droiture, un juif s’exclut lui-même du peuple et du partage d’Hachem ...
Si les Bné Israël n’avaient pas perdu cette ‘Témimout’ (innocence et droiture) mais avaient poursuivi leur périple à travers la terre d'Israël, sans chercher à savoir comment ils parviendraient à la conquérir, il est certain qu’ils auraient réussi
, comme l’affirme Rachi (paracha Dévarim) : ‘S’ils n’avaient pas envoyé des explorateurs, ils (les Bné Israël) n’auraient pas eu besoin de leurs armes’.

Néanmoins, du fait qu’ils perdirent leur ‘Témimout’ et qu’ils tentèrent de sonder l’avenir, ils n’étaient désormais plus avec Hachem (‘Son peuple et Son partage’) et il n’est plus surprenant de voir à quelles extrémités ils arrivèrent ...
Car, sans l’aide d’Hachem, l’homme n’est en mesure de faire face à aucune épreuve.

-> Le Chem miChmouël écrit :
"il est écrit : "Sois droit avec Hachem ton D.", et Rachi d'expliquer : ‘alors tu seras Son peuple et Son partage’.
Une des conditions de la ‘Témimout’ est de ne pas (chercher à) sonder l'avenir et de ne pas s'ingénier à suivre son intelligence, mais de se soumettre à la volonté d'Hachem, à l'instar des Bné Israël lorsqu'ils s'écrièrent devant la Mer Rouge : ‘Nous ne comptons que sur les paroles du fils d'Amram (Moché)’.
Il est compréhensible qu'en disant : ‘Envoyons des hommes devant nous et ils espionneront la Terre pour nous’, ils s'écartèrent du chemin de la ‘Témimout’, et le Nom d’Hachem qui était avec eux, se retira d’eux".

-> Cela rejoint également ce que le ‘Hatam Sofer explique à propos du châtiment qu’Hachem décréta pour la faute des explorateurs :
"Dans ce désert ils finiront" (Chéla'h Lé'ha 14,35) = cela signifie qu’ils devraient s’attarder pendant 40 ans dans le désert jusqu’à redevenir droits, comme ils l’étaient au début, avec Hachem (l’expression "ils finiront" employée dans le verset est ‘itamou’ (יִתַּמּוּ) qui a la même racine que ‘Témimout’).
Cette ‘Témimout’ consiste également à savoir et à être convaincu que tout ce qui se déroule dans le monde est le fruit de la volonté Divine. Elle nous enjoint par conséquent à ne nous reposer que sur Hachem.

-> Les commentateurs de la ‘Hassidout (comme le Imré Emet et le Beit Israël) ont largement développé cette paracha des explorateurs. Elle nous enseigne qu’un homme ne doit jamais compter sur ses propres forces ni sur ses mérites personnels, c’est-à-dire sur ses mitsvot et ses bonnes actions dans le domaine spirituel, ou ses forces physiques dans celui matériel, et penser que grâce à eux, il pourra parvenir à ses fins.
Il devra enraciner profondément en lui-même le sentiment qu’il est entièrement démuni de toute force personnelle et ne peut rien accomplir sans décret céleste préalable, et que tout dépend de la volonté Divine.
Celui qui ne se repose que sur Hachem méritera son aide dans tous les domaines et tout ce qu’il entreprendra réussira. En revanche, l’homme qui ne se repose que sur lui-même est voué à l’échec.

C’est l’enseignement que l’on peut tirer des explorateurs. Ces derniers étaient les chefs des Bné Israël tant dans le domaine spirituel que matériel, et nous n’avons aucune notion de leur niveau : le Ramban (verset 4) écrit que la Torah les a énumérés selon leur importance en ordre décroissant.
Il en ressort d’après cela que Kalev Ben Yéfouné n’était que le troisième. Quant à Yéhochoua Bin Noun, il n’est mentionné qu’en cinquième position. Par ailleurs, ils étaient dotés d’une force physique hors du commun (cf. ce qu’explique le Ibn Ezra sur le verset 2), et ils se reposèrent sur la force de leur poignet pour conquérir la terre d’Israël. Néanmoins, lorsqu’ils y entrèrent et la parcoururent de part en part, ils furent saisis de crainte et tellement terrifiés qu’ils déclarèrent : "Il n'y a rien (à faire) car le peuple (de ses habitants) est fort et il est plus puissant que nous".
Seuls Yéhochoua et Kalev se considéraient comme insignifiants et savaient qu’ils ne possédaient rien par eux-mêmes, comme l’explique le Targoum Yonathan Ben Ouziel (sur le verset 13,16) : ‘Lorsque Moché vit l’humilité de Yéhochoua, il lui changea son nom de Hochéa en Yéhochoua’.
De même, Kalev alla se prosterner sur les tombeaux des patriarches afin de solliciter la miséricorde Divine, car il sentit qu’il ne possédait aucun mérite personnel et qu’il devait faire appel à celui de ses ancêtres.
Ce fut uniquement parce qu’ils se reposèrent sur Hachem qu’ils eurent la témérité de tenir tête aux autres explorateurs et d’affirmer courageusement : "Nous y monterons et nous la conquerrons car nous le pourrons".
Finalement, ce furent les seuls parmi les 600 000 Bné Israël de la génération du désert qui eurent le mérite d’entrer en terre d'Israël.

-> Le ‘Hidouché haRim explique que :
"L’intention des explorateurs avait uniquement pour but le bien des Bné Israël. Ils virent que ces derniers résidaient dans le désert dans une situation idéale : ils étudiaient la Torah auprès de Moché, n’avaient aucun souci matériel, ni de nourriture, ni de vêtement, et ils se consacraient seulement au service d’Hachem en vivant du pain Céleste.
Craignant qu’en entrant en terre sainte, les Bné Israël se retrouvent plongés dans les soucis matériels inhérents à l’exploitation des champs, les explorateurs se mirent en danger pour eux en oeuvrant afin qu’ils s’attardent encore 40 ans dans le désert et puissent ainsi continuer à se nourrir de la manne.
Néanmoins, leur attitude ne trouva pas grâce aux yeux du Ciel, car un homme n’a aucun conseil à donner à Hachem et il doit présumer que la manière dont il est dirigé est la meilleure pour lui."

-> Dans la suite de son commentaire, le 'Hidouché haRim ajoute les mots qui suivent :
"Ce qui leur fut imputé comme une faute est qu'ils innovèrent des raisonnements de leur propre initiative alors qu'ils auraient dû suivre le chemin de la droiture et s'efforcer de se soumettre en suivant la voie de la ‘Témimout’, sans faire de calcul. Ils auraient dû penser qu’un homme doit servir Hachem de l’endroit où Il l'a placé".

"Envoie toi-même des hommes pour explorer le pays de Canaan" (Chéla'h Lé'ha 13,2)

Il y a une ressemble entre : "chéla'h lé'ha" et "lé'h lé'ha".
Rachi commente Lé'ha : "Pour ton bonheur et pour ton bien." (Lé'ha lé'ha 12,1)

=> Il semble que le fait d'envoyer les espions, qui a fini en désastre (morts + errance de 38 années supplémentaires dans le désert), a été en réalité quelque chose de positif, d'avantageux pour le peuple juif.

Comment comprendre cela?

b'h, Nous allons voir une réponse du rabbi David Feinstein.

-> "Le peuple pleura cette nuit-là" (Chéla'h Lé'ha 14,1)

Ces larmes ont eu des conséquences : "[D. dit : ] Vous avez pleuré sans raison ; J'établirai pour vous une raison de pleurer [ce jour là] pour les générations à venir."
[guémara Taanit 29a ; ainsi que Rachi sur Téhilim 106,27]

Cette nuit du rapport des explorateurs était celle du 9 av, et c'est ce jour là que les 2 Temples ont été détruits et que beaucoup d'autres tragédies touchèrent le peuple juif à travers l'histoire.

-> Le Baal haTourim fait remarquer que la guématria de : chéla'h (שלח) est de 338, et c'est une référence à l'année 3338 de la Création, durant laquelle le 1er Temple a été détruit.

-> "Mizmor de Assaf. Ô D., des païens ont envahi ton héritage, souillé ton Temple saint, réduit Jérusalem en un monceau de décombres." (Téhilim 79,1)

Un mizmor est normalement un chant pour exprimer notre gratitude et nos louanges à Hachem.
Ce Téhilim abordant la destruction du Temple, devrait plutôt être une "kina", une expression de notre tristesse et une lamentation.
Pourquoi le commencer par "mizmor"?

Nos Sages (midrach Béréchit rabba 42,3) enseignent que Hachem "a laissé éclater Sa colère sur le bois et les pierres", ce qui signifie qu'au lieu de détruire les juifs pour leurs fautes, Il a redirigé Sa colère sur le Temple et a expié nos fautes par sa destruction.

=> Ceci explique pourquoi Assaf a fait un chant de louanges à Hachem.

En reliant tout cela, rabbi David Feinstein dit que puisque cette destruction du Temple nous a été si bénéfique, et puisque qu'elle a été déclarée en raison de la faute des explorateurs, le terme lé'ha témoigne bien de : cela est à notre avantage.
[cela nous a évité de subir directement la colère de D.]

"La Tente d'Assignation (Ohel Moèd), le camp des Lévi'im, voyagera au centre du camp" (Bamidbar 2,17)

-> Le Ohel Moèd contenait le Aron (avec les Tables de la Loi), et il était au centre du camp.
Cela symbolise le fait que la Torah doit toujours être placée au centre de notre vie.

-> Le 'Hafets 'Haïm compare la Torah au cœur, qui pompe le sang dans tout le corps.
De même, la Torah fournit le sang spirituel, la force vitale, à toute la nation juive.

-> Le rav Yits'hak Hutner enseigne que le plus grand bienfait que l'on peut apporter aux juifs, c'est de s'asseoir et d'apprendre la Torah.
En effet, en étudiant la Torah, nous devenons une partie du cœur du peuple juif, et nous fournissons alors de la vie spirituelle pour tout le monde.

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-> "De même qu’ils campaient, ainsi ils partaient ..." (Bamidbar 2,17)

Nous rencontrons souvent des gens qui observent les 613 mitsvot, étudient la Torah, et font même très attention à tous les détails de leur conduite, mais dans quelles conditions?
Quand ils sont chez eux tranquillement installés, car alors ils peuvent organiser leur vie. Mais ce n’est pas le cas quand ils se trouvent en voyage, loin de chez eux, où ils n’ont pas la tête à tout cela.
Alors, ils risquent même de négliger de nombreuses mitsvot et de délaisser l’étude, car ils se trouvent des permissions à eux-mêmes.

La Torah nous dit ici :
"De même qu’ils campaient, ainsi ils partaient" = cela ne suffit pas d’être un juif intègre "quand on campe", quand on se trouve tranquillement à la maison, il faut aussi être un juif intègre et observer toutes les lois de la Torah au moment où l’on part.
Même dans ses voyages, l’homme doit se conduire de la même façon que chez lui. C’est là-dessus que la Torah (passage repris dans le Shéma) dit : "Tu en parleras quand tu es installé dans ta maison et quand tu marches en chemin" = quand tu marches en chemin tu dois être comme quand tu es installé dans ta maison.

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-> Souvent, les gens maintiennent leurs bonnes conduites et la rigueur dans leurs actions quand ils sont dans leur milieu habituel. Mais, quand ils sont en déplacement, loin de leur entourage, ils se permettent alors d'alléger certaines choses. Il est plus difficile de tenir à toutes ses exigences en voyage que chez soi.
Le verset fait allusion à cela. "Comme ils camperont, ainsi ils voyageront". Le comportement en voyage, quand on n'est pas dans son milieu, doit être le même qu'en campement, quand on est chez soi, sans baisser dans la rigueur de la pratique.
[Ateret Yéhochoua]

[on peut éventuellement commenter : "Comme ils camperont" = lorsque l'on est en public, face aux regards des gens que nous connaissons = nous avons tendance à agir extérieurement avec entrain, car les gens nous observent!
"ainsi ils voyageront" = lorsque nous sommes seul, sans ce regard des gens que nous connaissons, est-ce que nous allons garder ce même entrain dans l'accomplissement des mitsvot.
En effet, dans les 2 cas, Hachem nous observe de la même façon, mais est-ce que nous agissons pour Son honneur, Sa gloire, ou bien pour la nôtre (qu'est-ce qu'on va dire de nous!)?]

"S'il offre comme offrande de remerciement (תּוֹדָה)" (Tsav 7,12)

-> Le mot en hébreu pour "remerciement" (hodaa), signifie également : "reconnaissance".

Le rav Yits'hak Hutner explique qu'une expression de remerciement est le fait de reconnaître que nous ne pouvons pas tout faire soi-même, que nous avons besoin de l'aide d'autrui.

-> A ce sujet, le rav Chlomo Wolbe fait une observation intéressante.
Nous n'avons pas de difficulté à lire un journal, un roman ou une autre littérature, et ce pendant une longue période.
Cependant, lorsqu'il s'agit de la prière, dès que le Sidour est ouvert, notre esprit se disperse : toutes sortes de plans et de pensées viennent nous distraire, et rendent quasiment impossible de se concentrer.

Pourquoi cela?

Le rav Wolbe explique que la prière nous fait réaliser à quel point nous sommes dépendants de Hachem, et nous ne sommes pas confortables avec cela.
Notre esprit joue alors toutes sortes d'astuces, et créé des distractions pour nous éviter une telle reconnaissance.

Il peut également en être de même avec autrui, car il n'est pas "agréable" et évident de reconnaître notre dépendance à l'autre [cela va à l'encontre de mon "moi je n'ai besoin de personne", de mon égo dominateur].

"La nuée s'éloigna d'au-dessus de la Tente, et voici que Myriam était affectée d'une tsaraat comme de la neige. Aharon se tourna vers Myriam et voici, elle était affectée de tsaraat." (Béahaloté'ha 12,10)

-> La guémara (Shabbath 97a) dit à ce sujet :
Rabbi Akiva enseigne que puisque le verset dit : "la colère de Hachem s'enflamma contre eux (Myriam et Aharon)" (v.12,9), cela signifie que Aharon a également été touché par la tsaraat.

Rabbi Yéhouda ben Bétéra a dit à Rabbi Akiva : "Que cela soit correct ou non, tu devras en rendre des comptes.
En effet, si cela est vrai que Aharon a été touché par la tsaraat, la Torah nous a caché ce fait. Pourquoi alors le révéler?
Si cela n'est pas vrai, tu est coupable de répandre de fausses rumeurs au sujet du tsadik Aharon."

La guémara apporte ensuite une béraïta qui est d'accord avec Rabbi Akiva : Aharon a également été atteint par de la tsaraat.

=> Pourquoi la Torah nous cache ce fait?

b'h, Nous allons voir quelques réflexions sur ce sujet.

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-> Myriam a été atteinte de tsaraat car c'est elle qui a commencé à faire la critique de Moché.

Rachi (v.12,1) fait remarquer que si elle a été punie alors qu'elle n'avait nullement l'intention de rabaisser Moché, à plus forte raison doit-on faire attention de ne pas médire son prochain.

-> "Nous voyons ici la sévérité de la faute du lachon ara. Regarde ce qui est arrivée à Myrian la prophétesse qui a parlé "légèrement" (des paroles en apparence insignifiantes) à l'encontre de son frère, Moché."
[le Chla haKadoch]

-> Le midrach (Yalkout Chimoni 741) rapporte que lorsque Aharon observait Myriam, la tsaraat se développait ; et lorsqu'il se regardait lui-même, la tsaraat le quittait.

Selon le Sifté Cohen, c'est parce que Myriam a initié le lachon ara, causant Aharon de fauter avec elle.

Le midrach haGadol de dire : "Lorsque Hachem s'est mis en colère contre eux : Myriam et Aharon ont été atteint par de la tsaraat, cependant Aharon en a été guéri ... Myriam est celle qui a commencé à parler, et ainsi elle est celle dont la Torah met l'accent".

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-> Aharon a été un métsora (suite à sa tsaraat) pour un très court instant et il a immédiatement été guéri.
Aharon aurait réellement dû être métsora comme l'a été Myriam, mais puisqu'il représentait la Kéhouna, il a été guéri tout de suite.
[Emek Anétsiv]

-> Il n'est pas convenable que le Cohen gadol soit atteint par la tsaraat.
[le Rokéa'h]

[Il en a été épargné en raison de sa position]

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-> Myriam était bouleversée et le sang s'écoulait de son corps en raison de sa grande souffrance.
[Haémek Davar]

-> Selon le Baal Chem Tov, si une personne voit son prochain fauter, le fait qu'elle en est témoin montre qu'elle a un lien avec lui.
Lorsque Aharon a vu que Myriam avait de la tsaraat, il s'est souvenu de sa part dans la faute, et il en a été angoissé.

Le midrach (הבאור) dit en ce sens que si Aharon avait la tsaraat, il ne pouvait pas amener les sacrifices sur le mizbéa'h.
A la place, la vision de sa sœur atteinte par la tsaraat, va lui servir de réprimande.

Aharon avait tellement d'amour pour son prochain, qu'il ressentait l'état et la souffrance qu'avait sa sœur comme si lui-même était dans cette situation.

Puisqu'il ressentait exactement la même douleur, il n'était pas nécessaire qu'il en soit atteint.

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-> Seulement un Cohen peut déclarer une tsaraat pure ou impure.
Cependant, un Cohen ne peut pas examiner la tsaraat d'un membre proche de sa famille. Or, les seuls Cohanim étaient : Aharon et ses fils.
Ainsi, comment Myriam est-elle devenue pure ou impure?
Hachem Lui-même a déclaré sa tsaraat impure (tamé), et plus tard, c'est Lui qui l'a déclaré pure (tahor).
[le Sifri]

-> Le midrach (Vayikra rabba) enseigne :
L’homme peut vérifier toutes les plaies, sauf les siennes. Rabbi Méïr dit : Il ne doit pas voir non plus les plaies de ses proches.
Qui alors vérifiait les plaies de Myriam?
Si l’on dit que c’était Moché, quelqu’un qui n’est pas cohen ne peut pas vérifier les plaies. Et si l’on dit que c’était Aharon, un proche ne peut pas vérifier les plaies.
Hachem a dit : "Je suis cohen, c’est Moi qui l’ai fait mettre à l’écart, c’est Moi qui la déclarerai pure".
Ainsi qu’il est écrit : "Le peuple ne partit pas jusqu’à ce que Myriam puisse revenir" (v.12,15).
Rabbi Shimon a dit : "Le peuple était avec la Présence Divine, et la Présence Divine l’attendait".

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-> Le midrach (Bamidbar rabba 17,4) enseigne que lorsqu'une personne faute et mérite la tsaraat, elle va d'abord avoir de la tsaraat sur sa maison.
Si elle ne fait pas téchouva, la tsaraat viendra sur ses vêtements.
Si elle ne fait toujours pas téchouva, son corps en sera alors atteint.

=> Pourquoi Myriam a-t-elle été directement atteinte sur son corps?

Nos Sages enseignent que lorsque Hachem veut amener des souffrances sur un tsadik, pour des raisons connues par Lui seul, il doit y avoir une petite trace de faute.

C'est pourquoi, Hachem prépare pour le tsadik une "faute légère" et cela donne de la force à l'attribut de justice. En conséquence, le tsadik recevra les souffrances que Hachem souhaite lui donner.

Ainsi, la cause des souffrances n'est pas réellement la faute, mais une raison connue uniquement par Hachem.
La faute n'est qu'une "excuse".

Myriam a fait une "faute légère", qui a donné à l'attribut de justice le pouvoir de la frapper par de la tsaraat sur son corps, une punition difficile, [dont la raison est] connue uniquement par Hachem.

[le Divré Yoël]

-> La Torah a dissimulé la tsaraat de Aharon afin de nous faire savoir que les raisons profondes des actions de Hachem nous sont cachées.
Au final, tout ce qu'Il fait est forcément pour le bien.

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-> "Myriam et Aharon parlèrent de Moché" (Béaaloté'ha 12,1)

-> Il existe une mitsva de se souvenir du sort de Myriam. Cette mitsva fait partie des six souvenirs mentionnés explicitement dans la Torah, comme il est écrit : "Souviens-toi de ce qu'a fait Hachem ton D. à Myriam" (Ki Tétsé 24,9). Rachi explique : souviens-toi de ce qui a été fait à Myriam, qui fut affectée par la lèpre (tsaraat). Ne profère pas de médisance!

Myriam se trouvait à côté de Tsipora la femme de Moché lorsque ce dernier fut averti que Eldad et Médad prophétisaient dans le camp. En entendant cela, Tsipora s'exclama : "Malheur aux femmes de prophètes! Ils se sépareront d'elles tout comme mon mari s'est séparé de moi!" [Sifri]

D'après le sens littéral, il faut expliquer que l'intention de Myriam était au Nom du Ciel. En effet, son argument allait dans le sens de la halakha : un homme accomplit la mitsva de procréer s'il a au moins un garçon et une fille (guémara Yébamot 61b). Moché avait engendré 2 garçons, mais n'avait pas encore engendré de fille. Comment pouvait-il donc se séparer de sa femme sans avoir accompli la mitsva de procréer?

Cependant, ce que Myriam ne savait pas c'est que Moché fit cela sous la directive du Maître de l'univers.
Certains avis soutiennent qu'il se sépara de Tsipora lorsqu'Hachem lui dit : "Et toi, tiens-toi ici avec Moi" (Chémot 3,5). Il est bien rapporté de manière explicite dans la guémara (Shabbath 87a) que Moché s'est séparé de sa femme sous l'ordonnance d'Hachem.

=> Nous voyons à quel point les calculs divins sont impénétrables et que nos perceptions restent relatives et imparfaites. C'est le sens de l'injonction du Maître du monde à notre égard quant à la mitsva de se souvenir du sort de Myriam.
[d'une certaine façon plus que le lachon ara, c'est sa source que nous devons combattre = s'immiscer dans les calculs d'Hachem, se croire plus intelligent, plus savant, que D. Lui-même. ]

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"Voici que Myriam fut lépreuse comme la neige. Aharon se tourna vers Myriam, et voici qu’elle était lépreuse" (Béaaloté'ha 12,10)

Pourquoi répéter à 2 reprises que Myriam était lépreuse? Et pourquoi la 2e fois, il n’est pas dit : "comme la neige"?

En réalité, un tsadik a la capacité d’apporter la guérison juste en regardant la personne. Ainsi, Aharon aussi aurait pu guérir Myriam par son regard.
Cependant, Aharon n’a pas réussi à le faire, car lui aussi avait une part, avec Myriam, dans cette médisance qu’ils prononcèrent sur Moché. Mais malgré tout, il réussit à atténuer la blancheur de la lèpre.
Au début, après avoir médis sur Moché, "Myriam fut lépreuse comme la la neige", mais quand "Aharon se tourna vers Myriam" et la regarda, sa lèpre se réduisit, "et voici qu’elle était lépreuse", mais plus comme la blancheur de la neige.

[Sar Shalom de Belz]

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"Pendant 7 jours, Myriam resta en quarantaine hors du camp ; le peuple ne partit pas avant que Myriam ne fût rentrée chez elle. Puis le peuple quitta 'Hatsérot et campa dans le désert de Parane." (Béaaloté'ha 12,15)

-> Hachem accorda cet honneur à Myriam, mesure pour mesure, parce qu'elle avait attendu au moment où Moché, encore nourrisson, fut jeté dans le Nil.
Pendant 4 heures, elle attendit de voir ce qu'il adviendrait de lui, jusqu'à ce que la fille de Pharaon arrive et l'emporte.
[...]
Le peuple apprit que ce retard était dû à Myriam de la façon suivante :
Hachem souleva la nuée au-dessus du Michkan, ce qui constituait le signe habituel du départ.
Les juifs commencèrent donc à se préparer au voyage en chargeant leurs animaux. Mais, une fois prêts à se mettre en route, ils virent la nuée se déployer et retourner à sa place.
De plus, lorsqu'ils se mirent en quête de Moché et de Aharon, sans lesquels ils ne pouvaient partir, ils ne les trouvèrent pas. Lorsqu'ils cherchèrent le puits de Myriam pour voir s'il les suivait, ils ne le virent pas non plus.

Ils se mirent donc à poser des questions et apprirent que Myriam avait été frappée de tsara'at pour avoir critiqué Moché et qu'il fallait attendre sa guérison pendant 7 jours.
Ils retournèrent donc à 'Hatsérot et y séjournèrent 7 jours, comme il est dit : "Le peuple ne partit pas avant que Myriam ne fût rentrée chez elle".
En d'autres termes, bien que les juifs se fussent déjà préparés au voyage, ils ne se mirent pas en route par respect pour Myriam et attendirent sa guérison.
[Méam Loez - Béaaloté'ha 12,15]

"Telle est la loi de l'offrande d'élévation" (Tsav 7,37)

-> La guémara (Ména'hot 110a) tire de ce verset que : "quelqu'un qui étudie les lois d'un sacrifice, c'est comme s'il l'apportait en pratique."

-> Rav Yonathan Eibeshitz explique que selon certains commentateurs (comme le Ramban), le fait d'apporter un sacrifice est une expérience nécessitant de l'humilité, et c'est cela qui expie la faute.

De même, lorsque nous étudions la Torah, il nous arrive de poser des questions utiles pour comprendre, où l'on se sent un peu "bête" (du fait de ne pas savoir).
Nécessitant des moments d'humilité, la Torah expie également nos fautes.

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+ "Tel est le loi relatif à l’holocauste, à l’oblation, à l’expiatoire et au délictif, à l’offrande inaugurale" (Tsav 7,37)

-> Rabbi Yo’hanan dit (Zohar - Vayéra 100,1) : "Lorsque Hachem détailla les sacrifices, Moché dit : “Maître du monde, ceci est bien tant que le peuple juif est sur sa terre, mais qu’adviendra-t-il lorsqu’il en sera exilé?”
Il lui répondit : “Ils étudieront la Torah et ceci leur apportera le pardon plus encore que tous les sacrifices du monde, comme il est dit : ‘Tel est le loi [litt. : la Torah] relatif à l’holocauste, à l’oblation, à l’expiatoire et au délictif, à l’offrande inaugurale.’”"

=> Autrement dit la Torah équivaut à tous ces sacrifices.

-> "Quiconque s’efforce d’étudier la Torah, c’est comme s’il avait offert tous les sacrifices du monde devant Hachem".
[Zohar III 159a]

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-> "Telle est la loi de l'offrande d'élévation (l'holocauste), de l'oblation, à l'expiation et au délictif ..." (Tsav 7,37)

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk explique que certaines personnes atteignent, par la Torah, le niveau "d’holocauste et d’oblation" (la'Ola vélaMin'ha), c’est-à-dire le sommet de la perfection. Ceci, en étudiant la Torah de manière désintéressée et en sanctifiant D. par leurs actions et leur comportement agréable.
D’autres en revanche, n’acquièrent par leur Torah qu’un statut "d’expiatoire et de délictif" (la'hatat vélaacham), car en ne se conduisant pas comme il convient, ils lui font outrage.
[en effet, ils sont liés à un acte négatif : "Korban 'Hatat" = suite à une faute ; "Korban Acham" = suite à un délit]

Nos Sages (guémara Shabbath 88b) disent que la Torah est "un élixir de vie pour ceux qui se tiennent à sa droite et un poison pour ceux qui se tiennent à sa gauche".
Il est fait allusion à cette idée dans cette expression. Ceux qui se tiennent à sa droite sont les personnes concernées par l’holocauste et l’oblation, mentionnées à droite du verset.
Ceux qui se tiennent à sa gauche sont au contraire concernés par l’expiatoire et le délictif, cités à la gauche du verset.

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-> "Telle est la loi de l'offrande d'élévation (l'holocauste), de l'oblation, à l'expiation et au délictif ..." (Tsav 7,37)

Le Ben Ich ‘Haï interprète ainsi ce verset :
"Nous trouvons ici une allusion à un principe de base du service Divin.
Le terme zot (tel est - זֹאת) équivaut numériquement aux mots : tsom (jeûne), kol (voix) et mamon (argent), trois éléments qui sont utiles pour remplacer les sacrifices.
En effet :
- lorsqu’un homme jeûne, il sacrifie sa graisse et son sang.
- par sa voix, c’est-à-dire quand il étudie la Torah, c’est comme s’il apportait un sacrifice, ainsi que Rabba l’a expliqué (Mena’hot 110a).
De même, il est écrit : “nous voulons remplacer ces taureaux par cette promesse de nos lèvres”, et : “fais grâce entière à la faute, agrée la réparation (tov)” : le mot tov se référant toujours à la Torah.
- celui qui donne la tsédaka accomplit un acte supérieur à tous les sacrifices, comme il est dit : “Pratiquer la charité et la justice est plus agréable à D. que le sacrifice”.
De même, Daniel dit à Nabuchodonosor : “Rachète tes péchés par la charité” (Daniel 4,24).

Tel est le sens des mots zot haTorah (tel est la loi - זֹאת הַתּוֹרָה) = tsom, kol et mamon, qui ont la même valeur numérique que le terme zot, à savoir 408.
Ces 3 éléments permettent le maintien de la Torah et sont considérés comme l’apport d’un sacrifice, ainsi que l’indique la suite du verset : “à l’holocauste, à l’oblation, à l’expiatoire et au délictif”. Par l’effet de la grâce divine, ils nous permettent d’expier nos péchés, dans une génération où le Temple n’est plus là.

Grâce à ces 3 éléments, le Machia’h descendant de Yossef et celui descendant de David viendront, comme l’indique la valeur numérique de : méchi’him (le pluriel de machia'h pour celui de Yossef et celui de David - משיחים), s’élevant elle aussi à 408.
Si on perfectionne ces 3 domaines, la délivrance surviendra, et le dommage causé par le péché d’Adam sera réparé. Simultanément, les lettres hé, vav et aleph qui manquent au Nom et au trône divin – comme il est écrit : “puisque sa main s’attaque au trône (kess) de Hachem”, au lieu de kissé – seront restituées.
[voir à ce sujet : https://todahm.com/2019/10/03/10901-2 ]."

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°997) ajoute :
"Au sujet des sacrifices de Kippour, il est écrit : "Voici comment (bézot) Aaron entrera dans le sanctuaire : avec un jeune taureau comme expiatoire" (A'haré mot 16,3). Le mot bézot (בְּזֹאת) équivaut en valeur au mot kadoch (410).
Or, comme nous le souligne le Ben Ich ‘Haï, le mot zot équivaut à : kol, tsom et mamon.
De ces 2 parallèles, nous pouvons déduire qu’il convient de se sanctifier dans ces 3 domaines, en s’élevant par paliers, obligation d’autant plus importante que nous vivons dans une génération dépravée."

"Ne bois pas de vin enivrant ... afin de distinguer entre le sacré et le profane, ainsi qu'entre l'impur et le pur" (Chémini 10,9-10)

-> Un adolescent a demandé au rav Moché Feinstein si la Torah avait un avis sur le fait de fumer de la marijuana ou toute autre drogue.

Le rav lui a répondu que quelques soient les interdictions inhérentes à l'utilisation de la drogue, nous devons reconnaître que le plus grand cadeau donné à l'homme par Hachem est la capacité de distinguer entre ce qui est bon et ce qui est mauvais.

Dans ce verset, la Torah insiste sur ce point, et nous interdit de prendre des substances qui altèrent notre possibilité de faire la "havdala" : de séparer le sacré du profane, l'impur et le pur.

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-> "Tu ne boiras pas de vin ni de liqueur forte" (Chémini 10,9)

Les Sages (guémara Pessa’him 109a) ont dit : "Il n’y a de réjouissance qu’avec du vin".
=> Pourquoi les Cohanim ont-ils reçu l’ordre de ne pas boire de vin ni de liqueur forte, puisque cela diminue ainsi leur joie dans le service de Hachem?

Le Rabbi de Peschis’ha explique que justement, comme l’abstinence de vin est une mitsva qui leur a été ordonnée, le fait même d’accomplir la mitsva dans tous ses détails leur procure une grande joie.
Il est écrit : "Les ordres de D. sont droits, ils réjouissent le cœur" (Téhilim 19,9).
=> Du fait qu’on observe les mitsvot, le cœur se réjouit.

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-> "Ne bois ni vin ni liqueur forte" (Chémini 10,9)

=> Pourquoi la Torah a-t-elle totalement interdit de boire du vin, qui réjouit D. et l’homme, et joue le rôle d’une mitsva quand on dit le kidouch dessus le Chabat et les fêtes?
Il conviendrait plutôt d’interdire l’ivresse, et non la consommation de vin.

Rabbi Chlomo Tsaddok (Choul’han Chlomo) donne l'explication suivante :
Comme la tendance à l’ivresse n’est jamais loin, outre la raison d’établir des barrières, la Torah ne veut pas que la joie dans le Temple provienne d’un facteur extérieur, comme la consommation de vin, mais de quelque chose qui éveille une joie de mitsva et de sainteté, comme les sacrifices rémunératoires qui poussent à une élévation spirituelle, après l’acte de soumission envers D. par le sacrifice.
Le vin n’a donc pas sa place dans le Temple, mais il doit être versé uniquement en libations sur l’autel.

[une mitsva permet d'être plus proche de D., un sacrifice offert sur l'autel répare les dégâts de nos fautes. Tout cela fait que le Temple permet d'être beaucoup plus proche de D., et il n'y a pas de plus grande joie que d'être éternellement en proximité avec notre papa Hachem.]