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"[C'est] un poids parfait et juste [que] tu auras ... car c'est une abomination de Hachem, ton D., quiconque fait ces choses, quiconque commet un acte corrompu" (Ki Tétsé 25,15-16)

Rabbi Samson Raphael Hirsch de nous dire :

"Un juif devient "une abomination de Hachem, ton D.", s'il se dit juif et n'observe pas ce qui est bon et juste, de façon consciencieuse et méticuleuse, dans ses relations avec son prochain."

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-> "N'aie point dans ta bourse 2 poids inégaux, un grand et un petit. N'aie point dans ta maison deux mesures inégales, une grande et une petite. Des poids exacts et loyaux, des mesures exactes et loyales doivent être seuls en ta possession ... Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek" (Ki Tétsé 25,13-17)

-> Rachi explique la juxtaposition des versets ainsi : "Si tu mens dans les poids et les mesures, tu dois craindre l'attaque de l'ennemi."

=> Comment peut-on dire qu'Amalek vient attaquer Israël à cause de l'infraction des poids et des mesures? Il n'y avait pourtant, dans le désert, aucune transaction commerciale nécessitant des poids exacts et il n'y avait, par conséquent, aucune occasion de fauter à ce sujet.
De plus, la guémara (Baba Batra 88b) enseigne que "le châtiment réservé à la faute des poids et mesures est plus sévère que celui réservé à la faute de la débauche" ; en quoi cette faute est-elle si grave au point de l'être plus encore que celle de la débauche?

-> Le Netsiv (HaEmek Davar) explique :
Il faut faire un court préliminaire afin de répondre à ces interrogations : on sait que nos Sages comptent trois fautes capitales : l’idolâtrie, la débauche et le meurtre. Leur intention n’est pas d’enseigner que ces fautes sont particulièrement graves à cause du châtiment qu’elles entraînent. De ce point de vue, la profanation du Shabbat, qui est sanctionnée de la lapidation, est une faute plus grave que la débauche qui est punie de l’étranglement, ou que le meurtre qui est puni de la décapitation. Mais il y a ici un principe fondamental : si l’on réfléchit aux raisons qui peuvent entraîner un homme à fauter, elles sont au nombre de 3 principales :
1°/ L’absence de foi en Hachem et en sa Torah, la faute la caractérisant le plus étant l’idolâtrie.
2°/ L’assouvissement non refreiné du désir, qui s’exprime par excellence dans la débauche.
3°/ La colère et tout ce qui nuit à autrui, dont la faute la plus caractéristique est le meurtre.

Ces 3 raisons sont les racines dont découlent toutes les autres fautes de la Torah : par exemple, la profanation du Shabbat pour gagner sa subsistance découle d’un manque de foi et est donc associée à de l’idolâtrie. Mais si, en revanche, cette profanation provient de la recherche d’un plaisir, elle est alors un dérivé de la débauche.
Parmi les trois fautes citées, la plus grave et la plus fondamentale est l’idolâtrie qui provient d’un manque de foi en Hachem.

D’après ce qui précède, on peut facilement comprendre pourquoi l’utilisation de faux poids et mesures est si grave.
Une personne qui vole un objet peut y être entraînée par le désir d’assouvir un plaisir, ce qui entre donc dans la catégorie de la débauche. En revanche, celui qui ment en utilisant de faux poids et mesures et qui trompe ainsi ses clients, afin de gagner plus, y est conduit par un manque d’émouna en Hachem qui pourvoit aux besoins de toutes Ses
créatures. Cette faute dérive donc de l’idolâtrie.
C’est pourquoi son châtiment est plus sévère que celui de la débauche.

C’est également le sens de ce que nous enseignent nos Sages : "Amalek survient à cause de l’utilisation frauduleuse de poids et mesures" : à savoir à cause d’une faute qui provient de la même racine : Amalek arriva en effet, après que les Bné Israël demandèrent : "Est-ce qu’Hachem existe parmi nous ou non?" (Béchala'h 17,7). Ils doutèrent donc de la Providence Divine qui dirige l’homme en permanence, fût-elle dissimulée et non dévoilée comme lors de la sortie d’Egypte. C’est immédiatement après cela qu’il est écrit : "Et Amalek vint" (Béchala'h 17,8).
Cette faute provient donc de la même racine que celle qui entraîne la falsification des poids et mesures : le manque de foi en Hachem et en Sa providence individuelle : à cause du manque de foi surgit Amalek.

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
De manière générale, toutes les ressources d'une personne sont fixées de Roch Hachana jusqu'au suivant, et tout effort personnel ("Hichtadlout") qui entraîne une transgression (ou qui est superflu), ne servira en rien à augmenter ses gains ne fût-ce que d'un centime de plus que ce qui a été décrété pour elle.
Celui qui possède une réelle émouna dans le Maître de tous les mondes sait que tous les efforts d'un homme pour gagner sa vie et toutes ses entreprises dans ce but, n'ont pour seule raison d'être que d'accomplir le décret que le Roi du monde a imposé sur Ses créatures : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain".
Cependant, il n'existe aucun lien de cause à effet entre cette "Hichtadlout" et la subsistance. La conviction que seul le Créateur assure tous ses besoins prépare le canal même par lequel Il lui déverse ce qui lui est nécessaire en abondance.

Cela ne concerne d'ailleurs pas seulement la subsistance, mais également tout ce qu'un homme entreprend dans ce monde. D'un côté, il est tenu de faire une Hichtadlout (par exemple, de recourir aux services d’un médecin si un de ses proches est malade), mais d'un autre côté, loin de lui doit être la pensée que celle-ci possède une 'force' intrinsèque et est en mesure de lui venir en aide.
Il devra s'armer, au contraire, d'une foi intègre que l'aide dont il bénéficie provient d'Hachem qui a créé les cieux et la terre.
Et par le mérite de cette conviction, Hachem lui enverra effectivement toute l'aide nécessaire à la réussite de ses entreprises.
[...]

Rappelons-nous ce principe : effacer le souvenir d’Amalek consiste à raffermir sa foi dans la providence individuelle et en particulier en ce qui concerne la subsistance.
Car c’est Lui qui nourrit et pourvoit à chaque instant aux besoins de chacun. Il est donc tout à fait inutile de faire des efforts démesurés mêlés d’inquiétude, pour se la procurer, et à plus forte raison d’enfreindre pour cela des interdits. Car de toute façon, cela ne rapportera rien de plus.

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-> L’essence de la crainte de D. consiste, au sens littéral, à fuir la faute et tout ce qui pourrait y conduire. C’est ce que nous enseigne le Sforno au sujet du verset : "N’aie point dans ta maison deux mesures inégales, une grande et une petite" (Ki Tétsé 25,14) = non seulement il est interdit d’utiliser de fausses mesures afin de tromper les acheteurs, mais il est également défendu d’après la Torah de les conserver chez soi : "Après avoir mentionné, écrit-il, les voies par le mérite desquelles la Présence Divine réside au sein du peuple d’Israël, la Torah nous met en garde : non seulement, Hachem hait la tromperie, mais aussi celui qui possède des instruments destinés à fauter.
Il nous incombe de les éloigner de nous, de peur qu’Hachem nous prenne en abomination à cause d’eux, comme il est dit (verset 17) : "Car Hachem ton D. a en horreur quiconque agit ainsi."

"Tu ne détruiras pas ses arbres en abattant sur eux une hache, car c'est d'eux que tu mangeras et tu ne l'abattras pas" (Choftim 20,19)

Bien que ce verset traite d'une situation de guerre, nos Sages l'interprètent comme relatif à l'interdiction générale du "baal tachrit" : l'interdit de gaspiller un bien quelque soit la valeur de la chose, le lieu et le moment.

Le Séfer ha'Hinou'h (mitsva 520) nous enseigne à ce sujet :

"Telle est la voie des personnes justes de valeur : ils aiment la paix, ils se réjouissent du bien qui est [en chaque] personne, et les amènent plus proche de la Torah.

Dans le monde, ils ne détruisent pas même un grain de moutarde, et ils sont attristés par toute perte ou destruction qu'ils voient.
S'ils peuvent sauver quelque chose d'une destruction, ils vont, de toutes leurs forces, tout faire pour l'en empêcher.

Il n'en est pas ainsi du mauvais/méchant, qui sont les "pères" des esprits destructeurs [que D. a placé dans ce monde].
Ils se réjouissent sur la destruction du monde, et ils se détruisent eux-mêmes."

Notre verset renvoie à la notion de Baal Tachrit (le gaspillage) qui concerne tout objet quelque soit sa valeur.

Nos Sages disent que si une personne cherche à éviter la perte d'un petit objet qui est sans vie (ex : un grain de moutarde), elle va sûrement tout faire pour sauver une âme juive "perdue" dans ce monde, en cherchant à la rapprocher de la Torah (lui évitant ainsi de gaspiller sa vie).

 

Source (b"h) : traduction personnelle issue d'un dvar Torah du rav Shimon Finkelman

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+ "Tu ne détruiras pas son arbre, car de lui tu mangeras" (20,19)

-> Le Sforno enseigne :
En général, quand un peuple qui est en guerre contre un autre sent qu'il a des chances de perdre, il se met à détruire ses possessions pour ne pas que l'ennemi, qui se saisira de sa terre, puisse en bénéficier. En revanche, s'il est convaincu de remporter la victoire, alors il veillera à protéger ses possessions, car il sait qu'après la guerre qu'il emportera, il les réutilisera.
Ainsi, la Torah interdit au peuple juif d'abattre les arbres fruitiers au cours d'une guerre. En effet, la Torah demande aux soldats juifs d'avoir une confiance en Hachem telle, qu'ils soient absolument convaincus qu'Hachem, Qui combat à leur côté, leur accordera la victoire de façon sûre. De sorte qu'ils ne puissent pas détruire des arbres fruitiers, forts de leur confiance et de leur assurance que juste après la guerre, ils réutiliseront ces arbres pour manger de leurs fruits.
Car abattre les arbres dénote, d'une certaine manière, que l'on envisage ne plus avoir besoin de ceux-ci. Or, une telle pensée est un manque de confiance en Hachem et cela est donc interdit.
Nous devons au contraire avoir entière confiance en Hachem Qui nous accordera la victoire et nous permettra à nouveau de pouvoir consommer les fruits.

"40 [coups], il le frappera, il n'ajoutera pas" (Ki Tétsé 25,3)

Nos Sages (guémara Makot 22a) nous enseignent que ce verset doit être compris en étant lié avec le dernier mot du verset précédent, qui est : "bémichpar" (avec un compte), afin de signifier : "avec un compte qui mènent à 40 (bémichpar arbayim), il le frappera".

Cela nous apprend que le nombre de coups de fouet que le tribunal donnera à une personne qui aura transgressé un commandement négatif est de 39, et non de 40, comme le verset nous le laisse comprendre.

Il est écrit dans la guémara (Makot 22b) :
"Rava a dit : Que sont stupides les personnes qui se lèvent par respect pour un Séfer Torah, mais qui ne se lèvent pas par respect pour une grande personnalité de la Torah.
Dans le Séfer Torah, il est écrit que [celui qui a fauté devra recevoir] 40 coups de fouet, et nos Rabbins sont venus et en ont enlevé un."

Le Rabbi d'Ostrovtze demande pourquoi Rava cite la loi des 39 coups de fouet comme une indication de la grandeur de nos Sages?
Pourquoi ne pas citer un enseignement similaire, comme en ce qui concerne le compte du Omer, où la Torah nous dit : "vous compterez 50 jours" (Vayikra - Emor 23,16), et en pratique la mitsva est de compter les 49 jours menant à Shavouot (qui est le 50e)?

Le Rabbi répond que le signe de grandeur de nos Sages est de chercher à réduire la douleur et la souffrance de tout juif, même si c'est un fauteur (coups de fouet), autant que possible (même si le résultat sera faible, toute peine retirée à autrui est un acte énorme!).

Cet amour et cette compassion de tout autre juif, quel qui soit, est un véritable révélateur de la grandeur de nos Sages.

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rav Shimon Finkelman

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-> En réduisant cette peine à 39 coups, comment nos Sages se concordent-ils avec la Torah qui dit explicitement "40 coups" ?

Nous allons voir l'avis du Divré Ye'hezkel.
En réalité, un juif qui a fauté, quand on lui afflige sa peine, normalement il doit s’en réjouir, car la sanction a la vertu d’expier la faute.
Ainsi, une fois qu’il a reçu 39 coups et qu’on lui annonce que sa sanction est terminée, dans sa volonté d’effacer complètement son péché, il devrait ressentir le regret qu’il n’y a pas encore d’autres coups, pour que sa faute soit encore plus expiée.
[Dans son désir ardent d'obtenir un pardon complet pour son péché, il est prêt à recevoir même encore un coup si cela pourrait l'épurer encore plus de la tâche de sa faute.]
Or, nos Sages disent que l’intention de faire une mitsva est en soi déjà considérée comme une mitsva. Ainsi, quand l’homme pousse un soupir regrettant que la sanction s’arrête là, cela lui est considéré comme s’il avait encore reçu un coup.
Dès lors, la peine est bien de 40 coups : 39 coups réels, et le 40e coup c’est sa volonté qui lui est comptée.

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-> Le rabbi David de Sochatchov explique à l'inverse, que l'essentiel de l'expiation est obtenue en administrant 40 coups au fauteur.
Cependant, si on lui avait donné 40 coups, il se serait tranquillisé en pensant qu'à présent qu'il a reçu la totalité des coups, il est devenu un Juste (tsadik) parfait et n'a plus du tout à s'inquiéter par rapport à cette faute. Or, cela n'est pas convenable.
En effet, il est préférable que l'homme qui a fauté regrette constamment sa faute, comme le dit le roi David dans les psaumes : "Ma faute est constamment devant moi".

C'est pour cela que les Sages ont diminué le nombre de coups et l'ont réduit à 39. De la sorte, quand il ne recevra que 39 coups, le fauteur sera toujours préoccupé que sa faute n'a peut-être pas été complètement pardonnée puisqu'il n'a pas reçu les 40 coups dont parle la Torah.
De cette façon, il ne sera pas serein, mais continuera constamment à penser à sa faute et à la regretter amèrement. Et c'est justement ce que recherche la Torah, que le pécheur soit constamment soumis et qu'il vive toute sa vie dans un esprit de repentir, en n'en venant jamais à ressentir de l'orgueil en pensant qu'à présent, il est devenu un Juste parfait.

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+ "40 [coups], il le frappera, il n'ajoutera pas ; de peur qu'il n'ajoute un coup à ceux-là et que ton frère (אָחִיךָ) soit dégradé à tes yeux" (Ki Tétsé 25,3)

-> De ce verset, nos Sages apprennent qu'une fois qu'un homme a reçu la flagellation de 39 coups, alors sa faute sera pardonnée et de nouveau il sera considéré comme "ton frère".
Ainsi, le verset doit se comprendre comme : "Quand il sera dégradé" par les 39 coups, alors il redeviendra "ton frère à tes yeux".

Mais on peut expliquer ce verset de façon allusive. En effet, les mots "ton frère" se disent : "a'hikha" (אָחִיךָ), dont la valeur numérique est justement de : 39.
Ainsi, le verset dit que quand un homme recevra le nombre de coups correspondant à la valeur numérique du mot "אחיך", qui est de 39, alors il redeviendra vraiment : "ton frère", et sa faute sera expiée.

[le Na'hal Kédoumim]

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-> Le Ktav Sofer apporte un enseignement similaire :
"Ton frère sera dégradé à tes yeux" = S'il est dégradé par ces coups devant toi, il est donc évident qu’il est dégradé à tes yeux! Qu’est-ce que cela nous apprend?

Nos Sages expliquent que les mots : "ton frère" de ce verset indiquent que même si jusqu’à présent, il était un racha, à présent qu’il reçoit sa sanction, il redevient "ton frère et sa faute est expiée.
Cependant, pourquoi doit-on absolument attendre qu’il reçoive sa sanction pour le voir comme son frère? Puisque la téchouva expie les fautes, alors s’il s’est repenti avant d’être frappé, il redevient ton frère déjà par son repentir?

Seulement, comme le repentir s’effectue dans le cœur de l’homme, et que l’être humain ne voit qu’avec ses yeux, qui ne voient pas les cœurs, c’est pourquoi, on ne peut jamais savoir si le fauteur s’est bien repenti. Il faudra donc attendre qu’il reçoive les coups.

Ainsi, "ton frère sera dégradé" = c’est-à-dire qu’il ne deviendra ton frère que quand il sera dégradé par les coups et pas avant, même s’il s’est repenti.
La raison est : "à tes yeux" = son repentir n’est pas visible "à tes yeux" [d'humain].

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-> Le Méam Loez (Ki Tétsé 25,3) commente :
Les nombres 39 et 40 ont un sens particulier dans la Torah.
Un mikvé contient 40 Séa d'eau. Le peuple juif a passé 40 ans dans le désert pour expier la faute des explorateurs. L'eau du Déluge est tombée pendant 40 jours et 40 nuits.
Selon la tradition juive, les 40 premiers jours de la grossesse sont déterminants pour l'enfant.

Le chiffre 39 est la valeur numérique du mot "tal" qui veut dire rosée. Hachem ressuscitera les morts grâce à la rosée (guémara 'Haguiga 12a).
Les Kabbalistes expliquent que D. possède 13 Attributs de miséricorde.
Le nombre 39 est une triple expression de ces Attributs.

Les deux nombres 39 et 40 évoquent donc la purification d'un état indésirable et la naissance, la flagellation créé un processus similaire de renouveau et de purification de l'âme du fauteur.

La Torah qualifie le condamné de "racha", alors que notre verset le désigne comme "ton frère". Après qu'il ait reçu la flagellation, sa faute est totalement expiée et il redevient "ton frère", semblable à tout autre juif (guémara Maccot 23a).
De fait le mot "a'hikha" (ton frère - אָחִיךָ) a une valeur numérique de 39. [Rabbénou Bé'yahé]
[...]
Les 39 coups étaient administrés par groupe de 3 : un sur chaque épaule et un au centre de la poitrine.
[...]
Avant la flagellation, le tribunal examinait la condition physique du condamné et déterminait s'il était capable de supporter les 39 coups.
Si le beth din le jugeait de faible constitution, il réduisait le nombre de coups par un multiple de 3.
En d'autres termes, si le tribunal estimait le condamné capable de supporter 20 coups de fouet seulement, il réduisait ce nombre à 18 (3*6).
Pendant la flagellation, le juge pouvait encore réduire le nombre de coups. Cependant, jamais il n'en ajoutait au nombre fixé même s'il se rendait compte, aux cours de la flagellation, que le condamné pourrait en supporter davantage.

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-> La raison pour laquelle le coupable est fouetté précisément 39 fois est la suivante : un embryon atteint sa forme humaine en 40 jours.
L'essence d'un être humain est donc symbolisée par le chiffre 40.

[Le condamné aurait dû recevoir 40 coups qui représentent la destruction de sa vie.] Cependant, Hachem par pitié, le dispense du dernier coup [lui octroyant ainsi une dernière chance].
Le nombre de coups est donc de 39, quarante moins un, pour faire comprendre au coupable que s'il se repent de tout cœur, sa faute sera pardonnée et il vivra.
[Mabit - Beth Elohim 3,49]

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-> Le Komets Hamin'ha rapporte le Ramban qui dit que la Torah impose 40 coups en référence à la formation du fœtus. En effet, nos Sages nous apprennent que le fœtus est formé 40 jours après la conception.
Or, quand l'homme commet une faute, il porte atteinte à l'intégrité de sa personne et abîme les forces qu'il a reçues d'Hachem lors de sa formation. La faute dégrade l'homme.
C'est pourquoi, pour réparer la faute, la Torah prévoit 40 coups, pour rétablir la complétude de l'homme qui a été formé en 40 jours et que sa faute a dégradée.
Mais d'un autre côté, si cette peine de flagellation vise à affaiblir l'homme pour le purger de la faute qui a entaché son être, malgré tout, cette sanction n'est pas là pour entraîner sa mort et sa disparition. En cela, la peine de flagellation est différente de la peine de mort.
Or, étant donné que l'homme a reçu toutes ses forces (en potentiel) pendant les 40 jours de sa formation, s'il recevait 40 coups, alors cela aurait quelque part entraîné l'affaiblissement et la disparition totale de toutes ses forces et cela aurait été assimilé à sa mort. C'est pourquoi, les Sages ont réduit la peine à 39 coups, pour ne pas entraîner l'annihilation totale de l'individu.

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Le Yaarot Dvach se base également sur le Ramban, qui ajoute que les 40 coups dont parle le verset, font référence aux 40 jours où Moché s'est trouvé sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah. Or, le pécheur a transgressé les paroles de cette Torah, il recevra donc 40 coups.
Néanmoins, même si le don de la Torah devait avoir lieu le 6 Sivan, et Moché serait alors monté sur le mont Sinaï le lendemain, le 7 Sivan, pour y rester jusqu'au 17 Tamouz. Et de cette façon, Moché serait bien resté 40 jours sur le mont Sinaï.
Malgré tout, nos Sages enseignent que Moché retarda le don de la Torah d'un jour. Il ajouta un jour supplémentaire de préparation.
Dès lors, on a en réalité reçu la Torah le 7 Sivan, puis Moché monta sur le mont Sinaï le 8 Sivan pour y rester jusqu'au 17 Tamouz.

Ainsi, dès lors, dans les faits Moché resta sur le mont Sinaï pendant 39 jours pour recevoir la Torah.
C'est pourquoi, la Torah qui avait prévu 40 jours, parle de 40 coups pour expier la transgression de la Torah. Mais comme Moché, en retardant le don de la Torah d'un jour, finit par ne rester sur la montagne que 39 jours, ainsi les Sages qui sont ses porte-paroles sont venus réduire la peine de flagellation à 39 coups.

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-> Le Kli Yakar rapporte la Michna des Pirké Avot qui dit que l'homme accède au discernement quand il atteint 40 ans.
Or, un homme ne faute que par manque de discernement. Ainsi, les 39 coups (et pas 40) qu'il reçoit du fait de la faute font allusion au fait qu'il a quelque part manqué de discernement par le fait qu'il a commis cette faute.

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-> En instituant 39 coups et pas 40, nos Sages laissent entendre que pour que la réparation soit totale, il faut aussi que nous y mettons tout notre cœur brisé dans la téchouva.
[rapporté par le rav David Touitou]

[certes, ils nous font 39 sur 40, mais cela ne nous dispense pas d'un minimum d'effort personnel]

Le divorce

"Il lui écrira un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,1)

Dans la guémara (Guittin 90b), nos Sages nous disent que lorsqu'un homme divorce de la femme, de son 1er mariage, même l'Autel (du Temple) verse des larmes.

Quelle est la signification de cette symbolique?

Il est dans la nature de l'être humain, dans ses instincts, de ne pas rester indifférent lorsqu'il voit quelqu'un souffrir.

Beaucoup de personnes sont bouleversées, ont un malaise lorsqu'elles voient du sang.
Cependant, un chirurgien ne doit pas avoir d'émotions, continuant à opérer pendant que le sang gicle à profusion.

Contrairement aux hommes, les pierres n'ont pas de sentiments, et c'est ainsi qu'on dit : "avoir un cœur de pierre", pour exprimer l'insensibilité d'une personne.

Sur l'Autel du Temple (lieu des sacrifices), le sang y était versé en permanence, et la pierre "froide" de l'Autel n'exprimait aucune compassion ou émotion.

=> Nos Sages nous disent que le divorce entre un mari et sa femme est une expérience tellement douloureuse/traumatisante que même l'Autel, qui est composé de pierres qui n'ont pas de sentiments et qui voit du sang couler en permanence, va en venir à verser des larmes.

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Guémara Guittin (90b) : "Lorsqu'un 1er mariage se finit par un divorce, l'Autel [du Temple] verse des larmes".

Le rabbi Yissocher Frand demande pourquoi particulièrement l'Autel?

L'Autel est le lieu des sacrifices, qui avaient pour but d'amener les personnes à être plus proches de D.
Dans les relations humaines, les sacrifices/concessions sont obligatoires, spécialement dans le cadre du mariage.

Dans un couple, lorsque le fait d'être "centré sur soi-même" prime sur la volonté de donner, lorsque personne ne fait de sacrifice pour le bien de l'autre (sur l'Autel du couple), il ne peut subsister un lien solide, durable.

L'Autel pleure ainsi sur les personnes qui ne sont pas capables de sacrifices.

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Par ailleurs, il est intéressant de noter que la section de la Torah parlant des sacrifices quotidiens permanents (le korban tamid -> Bamidbar 25,1-8), contient toutes les lettres de l'alphabet hébreu sauf le guimmel et le tét (גט).

Cela est une autre allusion au fait que l'Autel (du Temple), se sent également mal à l'aise avec ces 2 lettres.

 

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam) + dvar Torah du rabbi Yissocher Frand

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-> Il y a 3 choses qu'un homme est obligé de faire à sa femme comme il est dit : chééra (la nourriture), késsouta (l'habillement) et onata (relation conjugale) (Michpatim 21,10).
En revanche, une femme a 9 choses qu'elle doit faire pour son mari, comme le dit la michna (Kétoubot 59b), elle doit moudre le grain en farine, cuire le pain, laver les vêtements, cuisiner, allaiter son enfant, faire son lit et travailler la laine (voir Aderes Eliyahou, Devarim 21,13).
La guémara (Kétoubot 61a) ajoute 2 autres devoirs pour l'épouse : elle doit mélanger une coupe de vin pour lui et lui laver le visage, les mains et les pieds.

=> En divorçant de sa femme, l'homme se libère de 3 devoirs envers sa femme, ceci est représenté par la lettre guimel du mot guét (acte de divorce), car cette lettre a un guématria de 3.
D'autre part, en recevant le divorce, la femme est libérée de neuf devoirs, symbolisés par la lettre tét du mot guét, car cette lettre a un guématria de 9.
[haMaor haGadol - p.375]

"Il lui écrira un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,1)

Le document de divorce s'appelle en hébreu : le gét (גט).
Que pouvons-nous tirer de ce nom?

1°/ Le mot gét (גט) a une valeur numérique de : 12.
Son nom nous apprend qu'en pratique, il doit être écrit en précisément 12 lignes (pas plus, pas moins).

2°/ En utilisant la guématria, le nombre 12 peut être obtenu de différentes façons (ex : beit et youd, dalét et 'hét, ...), mais la combinaison : guimmel et tét (גט) n'est pas un hasard.

On remarque que dans toute la Torah, il n'y a aucun mot dans lequel les lettres guimmel (ג) et tét (ט) sont ensembles.

=> De même que ces 2 lettres sont toujours séparées dans la Torah, elles représentent l'opposé de l'unité et de la paix (d'où l'appellation de : גט).

 

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

"Ne t'écarte ni à droite ni à gauche de ce qu'ils te déclareront" (Choftim 17,11)

-> Rachi de commenter : "Même s'il te dit que la droite est la gauche et que la gauche est la droite et, à plus forte raison, s'il te dit que la droite est la droite et la gauche est la gauche".

-> Le Ramban nous enseigne :
"Voici le sens de ce commentaire de Rachi : même s'il te semble que le sage te dit que la droite est la gauche, et que la gauche est la droite, tu dois lui obéir.
A plus forte raison quand c'est toi qui te trompes et qu'il te dit que la droite est la droite, et que la gauche est la gauche, tu dois lui obéir.

Les paroles des sages correspondent toujours à la vérité.
C'est seulement toi, dont l'esprit est loin de la connaissance de la Torah, qui crois qu'ils se trompent."

[Même si tu es aussi sûr de la justesse de ta position que de ton aptitude à distinguer la gauche de la droite, tu n'es pas moins tenu de suivre la paroles de nos Sages en Torah]

-> Le Maharal (Béer Hagola) nous dit à ce sujet :
"Tous les décrets, les barrières et les coutumes que nos Sages ont imposés dans la Torah orale expriment la volonté de D.
Cette volonté se dévoile seulement au moment propice par l'intermédiaire des sages de chaque génération.

Les sages et les justes de chaque génération sont l'incarnation de la Torah orale, grâce à eux, la volonté de D. passe de la pensée à l'acte."

-> Le Sefèr ha'Hinoukh (commandement 496) nous enseigne sur l'importance de se plier à l'avis des Sages de notre génération :

"On ne s'écartera pas de leurs ordonnances même s'ils ont commis une erreur.
On ne les contredira pas, mais on agira selon leur erreur.

Mieux vaut subir les conséquences d'une erreur et les laisser trancher sur toutes choses que de voir chacun agir selon son opinion personnelle, ce qui conduirait à saper notre foi et à faire disparaître notre peuple."

"Et tu ne prendras pas de don corrupteur (cho'had - שוחד)" (Choftim 16,19)

-> Dans la guémara (Kétouvot 105b), nos Sages demandent : "Qu'est-ce que le שוחד (cho'had)?
Chéou 'had (שהוא חד) : il est un ( = "seul")."

Le Ba'h nous rappelle que la guémara (Shabbath 10a), nous enseigne également, qu'un juge ayant une décision impartiale/neutre est considéré comme un associé de D. dans la Création du monde, car celui-ci repose sur la justice.
Si en revanche, il accepte des dons corrupteurs et ne juge pas équitablement, il n'a pas d'associé : "il est seul" (chéhou 'had)

-> Le 'Hida nous signale que les lettres qui suivent celles du mot : שחד (cho'had) sont : תטה (taté).
Si tu acceptes du שחד ("don corrupteur"), il s'ensuit que תטה ("tu feras pencher" [le jugement]).
[toute acceptation de don corrupteur sera suivie par un détournement inconscient de la justice et de la vérité]

Quant aux lettres qui précèdent שחד (cho'had), elles peuvent former : רגז (la colère - roguèz), ainsi que : גזר (décret - guézar).
=> Quand un juge accepte des dons corrupteurs, D. se met en "colère" et "décrète" une punition.

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+ Rava dit : Pourquoi le "cho'had" est-il interdit?
C'est parce que dès qu'un juge accepte un présent (même le plus minime, même s'il n'en a pas besoin, même s'il n'en a pas conscience, ...), il se sent proche du donateur et fait corps avec lui ; or, un homme n'arrive pas à déceler ses propres torts (ou défauts).
Que signifie le mot "cho'had" (שחד)?
Il ne fait qu'un avec lui (chéou 'had - שהוא חד).
Rav Pappa dit : Un homme n'a pas le droit de juger ni la cause d'un plaideur qu'il aime ni la cause d'un plaideur qu'il hait, car on ne voit ni les torts de ceux qu'on aime ni les mérites de ceux que l'on hait.
[guémara Kétouvot 105a-105b]

-> L'interdiction d'accepter des cadeaux corrupteurs existe même si le juge a l'intention de juger équitablement, et selon les lois de la Torah, les 2 plaideurs. Pourquoi?
C'est parce qu'il est impossible de ne pas se laisser influencer par le plaideur dont on a reçu un présent, en penchant en sa faveur.
[Rachi - Dévarim 16,19]

-> Pourquoi un don corrupteur aveugle-t-il le juge qui l'accepte?
C'est parce que quiconque accepte un cadeau corrupteur, serait-ce un érudit/Sage dans la Torah, son esprit finira par sombrer dans la confusion et il oubliera les Lois qu'il a apprises : la "lumière" de ses yeux s'obscurcira ; cette confusion et cette "obscurité" le détournent de la Vérité et faussent donc son jugement.
[Rachi - Chémot 23,8]

-> Les "pots-de-vin" détruisent le pouvoir spirituel de celui qui les reçoit, c'est-à-dire la clarté d'esprit et la juste compréhension des faits rapportés par les plaideurs.
Ainsi, les dons corrupteurs brouillent la vision claire du cas à juger et altèrent l'objectivité des juges, sans qu'ils ne le ressentent.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

-> Le pot-de-vin aveugle véritablement le juge qui traite l'affaire à juger, comme s'il ne voyait pas les faits, jusqu'à condamner l'innocent même sur témoignage des témoins dont il déformera les paroles à cause du don corrupteur qu'il a reçu.
[Maharcha]

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-> La principale raison de l'interdit de recevoir du cho'had est le risque d'incliner le jugement en faveur du donateur.
Même le juge accepte ce don avec l'intention sincère de culpabiliser le coupable et d'innocenter l'innocent, de même qu'il ne voit pas ses propres défauts et torts, il ne les verra pas chez son donateur.
Même si le juge est un Sage animé d'une volonté de justice, il ne doit pas compter sur ses bonnes intentions et sa raison, car inconsciemment le cho'had reçu l'aveugle et le verdict sera certainement altéré : les lois (halakhot) seront modifiées à ses yeux et il croira que son verdict erroné est conforme à la halakha.
[Méïri]

-> Après qu'un juge ait dévié son verdict de la vérité, même une seule fois, à cause du don corrupteur qu'il a accepté, il aura perdu définitivement le sens de la vérité et demeurera "aveugle" toute sa vie.
En effet, tout son système de pensée est déformé et tous ses verdicts ultérieurs seront entachés d'erreur, même s'il cesse d'accepter du cho'had.
Plus que cela, lorsque se multiplient les juges qui acceptent un don corrupteur, ils auront une influence même sur les juges honnêtes et droits de leur génération.

[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.1,p.54]

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-> Même si un juge ne porte pas de considération ou d'amitié à un plaideur plus qu'à l'autre, cependant il n'aura pas à les juger s'il lui semble que l'un d'entre eux l'aime davantage que le second.
Cette disqualification de juger un conflit entre ces 2 plaideurs est une conséquence de ce verset : "Comme dans l'eau (miroir) le visage répond au visage, ainsi les cœurs des hommes se répondent" (Michlé 27,19).
En effet, si le juge ressent qu'un des plaideurs l'aime plus que l'autre, il lui portera à son tour inconsciemment plus d'attention, d'après le verset cité, et il ne verra pas en lui de culpabilité, et ainsi le verdict prononcé ne sera pas conforme à la Vérité.
[Haflaa]

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"N'accepte pas de présents corrupteurs" (Michpatim 23,8)
Ce verset concerne non seulement l'interdiction pour un juge de recevoir des dons corrupteur en argent, mais également l'interdiction de recevoir des présents corrupteurs en paroles ou actes ("cho'had dévarim") ...
Par exemple, un jour, Chmouel montait sur un bac (pour traverser un fleuve) ; un homme vint lui tendre sa main (pour l'aider).
Chmouel lui demanda : "Pourquoi (te montres-tu si avenant)?"
L'homme répondit : "J'ai un procès en cours".
Chmouel lui dit : "Je suis disqualifié (passoul) pour te juger!" ...

Rabbi Ichmaël fils de rabbi Yossi avait un métayer (exploitant en louage de son verger) qui lui apportait un panier de fruits chaque vendredi, veille de Shabbath.
Une fois, il lui apporta les fruits un jeudi.
Rabbi Ichmaël lui demanda : "Pourquoi ce changement?"
Son métayer répondit : "J'ai un procès en cours et je me suis dit : je profite de devoir venir auprès de toi pour être jugé, pour t'apporter tes fruits".
Rabbi Ichmaël n'accepta pas de recevoir les fruits et s'estima disqualifié (passoul) pour juger ce procès.
Il confia ce jugement à 2 rabbanim.
Pendant le procès, rabbi Ichmaël allait et venait et se disait : pourvu que mon métayer pense à dire ceci et cela (comme arguments de défense)!
Il s'écria alors : Maudit soit celui qui accepte des présents corrupteurs! Si moi qui n'ai pas accepté ces fruits, et quand bien même je les aurais acceptés, j'aurais pris des fruits qui m'appartiennent, j'ai réagi de cette façon impartiale en faveur de mon métayer, à plus forte raison ceux qui acceptent effectivement des dons corrupteurs!
[guémara Kétouvot 105b]

-> Dans ce récit, rabbi Ichmaël fils de rabbi Yossi, qui a ressenti qu'il désirait dans son cœur que le métayer gagne ce procès, a compris que l'unique cause de ce parti-pris était la légère satisfaction d'avoir reçu ses fruits à l'avance.
Il apprit ainsi le secret des forces cachées dans l'âme : la moindre gratification, la plus petite séduction devient un élément corrupteur capable de déformer la perspicacité et d'entraîner le chaos dans tous les détours de la pensée, même chez un gadol (grand).
Pourtant, le tana rabbi Ichmaël fils de rabbi Yossi connaissait la subtilité du préjugé, et c'est pourquoi il refusa d'accepter ses propres fruits un jour plus tôt, et il se dessaisit de ce procès.
Malgré ses efforts, rabbi Ichamël constata que de nombreux arguments en faveur du métayer s'agitaient dans sa tête.
Il comprit alors le danger de toute gratification, si minime soit-elle, même pour un gadol (un grand un Torah), et donc à fortiori pour chacun de nous.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.1,p.53]

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-> Dans la paracha de Pin'has, les filles de Tsélof'had ont demandé à Moché de bénéficier de l'héritage de leur père (son territoire en Israël), suite à sa mort.
Moché s'est retiré de cette décision pour demander à Hachem de décider.
Pourquoi cela alors que quotidiennement il donnait directement une réponse aux très nombreuses questions des juifs?

Le Avné Nézer répond que c'est parce que les demandes des femmes sont souvent accompagnées d'explosions émotionnelles et de larmes, et les larmes sont également une forme verbales de pot-de-vin.

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-> Le rav Yérou'ham de Mir explique :
"Le choh’ad est un grand secret dans la Torah. Il ne s’agit pas d’une notion banale mais d’une faute dont les racines sont l’essence même du Mal. Comme l’explique le Sforno, au début de la Torah en ce qui concerne la première faute : c’est l’ange du Mal lui-même qui chevauchait le serpent afin de faire fauter Adam et H’ava. Cet ange a entraîné la première faute en utilisant la force de l’intérêt personnel et l’amour de soi-même et le désir de profiter.
La Torah est appelée Tov (ki léka’h tov) et les Michpatim d’Hachem sont droites et bonnes (Michpeté Hachem emet tsadekou yah’dav). Le but du dayan (juge) est de permettre au Tov (à ce qui est droit et bon) de régner et de s’installer au milieu des bné Israël même lorsqu’il y a des dissensions.
Le choh’ad : c’est faire rentrer la présence du Mal dont l’essence est la recherche de l’intérêt, ou la réception d’un profit personnel, dans le Tov que sont : les lois de la Torah.

C’est ce que dit la guémara (Sota 47b) : "depuis que ce sont multipliés les baalé anaa (les profiteurs) il n’y a plus de justice, il n’y a plus de bonnes actions, il n’y a plus de na'hat pour Hachem dans ce monde."
Qu’ont fait ces gens? Ils veulent seulement profiter de ce monde-ci!
Mais en réalité, cette ambition qui semble banale est la raison de la première faute de Adam et H’ava, c’est là la force essentielle du yetser ara, et c’est aussi le secret du Mal dans les racines de sa création.

La guémara (Kétouvot 103) raconte qu’à la fin de sa vie, rabbi Yéhouda haNassi a levé ses 10 doigts vers le ciel et a dit : "Hachem, Tu sais que je n’ai pas profité même comme mon petit doigt, de ce monde-ci".
D’après nos paroles, il ne s’agissait pas seulement d’une des qualités spécifiques de Rabbi, mais plutôt avant de quitter ce monde, il a voulu exprimer à Hachem à quel point il s’était toujours efforcé de s’accrocher au Tov et d’être lui-même un Bon homme en s’éloignant le plus possible des racines du mal."

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b'h, sur ce même sujet :
- https://todahm.com/2018/02/19/6181
- https://todahm.com/2019/10/02/10740

"Il donnera au Cohen : l'épaule, les joues et l'estomac" (Choftim 18,3)

Lorsque le Malbim fut nommé rabbin à Bucarest, il constata un laisser-aller dans sa communauté pour l'observance de certaines mitsvot.
Prenant pour la 1ere fois la parole, il formula les remarques suivantes :

"A l'époque où le Temple était en place, le Cohen recevait 3 gratifications : l'épaule [littéralement : l'avant-bras], les joues et l'estomac.
Aujourd'hui, ce sont les érudits en Torah qui occupent la place réservée jadis aux Cohanim, de sorte que je suis en droit de vous réclamer ces 3 dons.

J'insiste en conséquence pour que vous mettiez chaque jour les téfiline sur vos avant-bras, pour que vous ne rasiez pas vos joues avec une lame, et pour que la nourriture que vous introduisez dans vos estomacs soit cachère."

"Si tu observes et pratiques toute cette loi que je te prescris aujourd'hui, en aimant Hachem, ton D. et en suivant ses voies chaque jour (kol ayamim)" (Choftim 19,9)

Le Ibn Ezra comprend les mots : "Kol hayamim" ("chaque jour" ou "tous les jours") dans le sens : "sans manquer d'interruption entre eux".

Un grand principe se cache derrière ces quelques mots : l'élévation spirituelle d'un individu dépend de l'assiduité qu'il manifeste dans son étude de la Torah, ainsi que dans son accomplissement des mitsvot.
Cela vaut également pour une personne qui n'étudierait qu'une heure par jour, l'essentiel étant qu'elle se "coupe", pendant cette heure là, de ses autres activités quotidienne.
(durant le temps fixé pour l'étude, rien d'autre n'existe et ne justifie une interruption - sauf une réelle urgence).

A ce propos, le rav 'Haïm Chmoulévitch nous donne un très bon exemple.
S'il faut 5 minutes pour faire bouillir une casserole d'eau déposée sur un feu, le fait de ne la laisser que 4 minutes, en la retirant ensuite, quand bien même cette opération serait réitérée 10 fois de suite, ne sert à rien.
En revanche, si on la laisse 5 minutes d'affilée, elle bouillira du 1er coup.

=> Il en est de même dans le domaine spirituel : une étude continue reste inscrite dans l'individu, alors que le contraire ne produit que des résultats chaotiques.
Tous les grands en Torah savent ce secret, et c'est ainsi qu'ils atteignent les sommets de la connaissance.

"Tu agiras en toute simplicité avec Hachem, ton D." (Choftim 18,13)

Comme l'explique Rachi : "agir en toute simplicité" avec D., c'est s'en remettre à Lui sans chercher à connaître l'avenir et accepter tout avec amour.

Le 'Hafets 'Haïm d'ajouter : c'est seulement avec D. que cette conduite est de rigueur ; avec ses semblables, il faut parfois recourir à toutes sortes de stratagèmes, comme Yaakov, "un homme simple" qui dut ruser avec Lavan.