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Un renouvellement constant

+ Un renouvellement constant :

"Il était un jeune homme [demeurant] avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa ... Yossef rapportait des paroles médisantes sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

-> Le Beit Aharon de Karlin tire du fait que Yossef est appelé "un jeune homme" (nahar) une leçon importante en matière d'avodat Hachem. Il explique que Yossef a toujours été "jeune homme" dans le sens où, même s'il a vieilli, il est resté frais et jeune dans sa façon de servir Hachem.
Il se renouvelait constamment pour servir Hachem avec vigueur et enthousiasme.

Ce concept est illustré dans le verset : "Ta jeunesse se renouvelle comme l'aigle" (Téhilim 103,5).
C'est également la raison pour laquelle le peuple juif est souvent comparé à la lune, qui se renouvelle chaque mois.

Ainsi, une personne doit se renouveler chaque jour. Il ne faut pas désespérer si l'on a l'impression d'avoir passé une mauvaise journée et d'avoir gaspillé un jour de sa vie, car on peut toujours repartir à zéro le lendemain et commencer à servir Hachem avec énergie et fraîcheur.

"Yossef était comme un monarque sur le pays, car il était le seul à distribuer la nourriture pour tout le peuple." (Mikets 42,6)

Il est rapporté dans les midrachim que, pendant la période de la famine en Egypte, Yossef ne mangeait pas de pain de toute la journée.
Il ne goûtait son pain que le soir, après que le dernier Égyptien ait reçu le sien.

Source (b"h) : le To'hèn Alilot rapporté dans le mayana chel Torah du rav Friedman

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-> Le Sifté Cohen commente ainsi ce verset :
"Bien que Yossef eut de nombreux officiers et serviteurs à sa disposition, il ne leur relégua pas la tâche de distribuer la récolte, mais s'en chargea lui-même, afin de s'assurer qu'il n'y ait aucune injustice et dans le but de donner l'exemple au peuple et de lui démontrer combien il faut s'efforcer de faire preuve de miséricorde pour sauver des hommes de la famine."

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-> En réalité, il avait été décrété que l'Egypte devait connaître une famine durant 14 années. Certains commentateurs disent 28 ans, et d'autres durant 42 ans.
Mais Yossef pria pour que la famine ne dure que 7 ans. Le reste fut réservé pour l'époque prévue par le prophète Yé'hezkiel (Yé'hezkiel 29,9).
[Méam Loez - Mikets 41,37-38]

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-> Quand les années de famine arrivèrent, Yossef n'approcha plus son épouse. En effet, puisque les hommes souffrent, on ne doit pas se réjouir, on doit se soucier des malheurs particulièrement difficiles de la communauté.
C'est pourquoi la Torah met en avant le fait que : "2 fils naquirent à Yossef avant que les années de famine ne surviennent" (Mikets 41,50).
[d'après le Méam Loez]

-> Le Chla haKadoch (Béréchit 41,50) explique que les relations conjugales sont interdites en période de famine.

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+ La finalité de la famine :

-> Rabbi 'Haïm Chmoulevitch (Si'ha 24) rapporte que Yossef, vice-roi d'Egypte, a amassé pour l'Egypte de très grandes sommes d'argent qu'il a placé dans 3 tours d'environ 50m de hauteur et de 50m  de diamètre chacune et entièrement remplies. Il a mis ces sommes colossales à la disposition de la maison royale de Pharaon et n'a jamais rien pris ni pour lui, ni pour ses enfants.

-> Le Sifté Cohen (ainsi que le 'Hatam Sofer) enseigne que la famine a été décrétée afin que l'Egypte devienne fabuleusement riche et que les juifs puissent quitter le pays avec de grandes richesses.
[ainsi d'une certaine façon bien que Yossef n'a absolument rien pris des énormes sommes transitant par lui, il savait qu'au final tout cela irait aux juifs, et non aux égyptiens. Cette argent était bien davantage le sien que celui des égyptiens!]

En effet, Avraham avait reçu la promesse que : "ils la quitteront avec de grandes richesses" (Lé'h Lé'ha 15,14).
Rachi commente : Avec beaucoup d’argent, ainsi qu’il est écrit : "Ils dépouillèrent les égyptiens" (Chemoth 12, 36).

Le Méam Loez (Mikets 41,37-38) écrit :
Lorsque Yossef arriva en Egypte, le pays était très pauvre, et les richesses emportées par Israël auraient été négligeables. Hachem décida donc de frapper le monde par la famine et d'obliger tous les peuples à venir acheter du blé en Egypte. Cette dernière allait s'enrichir considérablement et devenir la nation la plus puissante.
[...]
Ceci nous enseigne également que ce que les juifs prirent en Egypte était justifié. Seul Yossef fut responsable de l'enrichissement de l'Egypte. Sans lui, aucun égyptien n'aurait su comment agir, et tous seraient morts de faim.

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-> Le grain que les gens avaient conservé chez eux se décomposa. Yossef fit annoncer qu'il était prêt à acheter tout le blé endommagé, et le peuple s'empressa de le lui vendre à bas prix. Dès que le grain vendu entra en possession de Yossef, il devint parfait.
Hachem voulait que Yossef puisse le revendre et amasser un trésor dépassant l'imagination.
[Sifté Cohen - v.41,56]

"Ils prirent, et ils le jetèrent dans le puits. Et le puits était vide, il n'y avait pas d'eau." (Vayéchev 37,24)

Le puits ne contenait pas d'eau, mais seulement des serpents et des scorpions., nous apprend la guémara (Shabbath 22a).

Le Gaon de Vilna de dire qu'au-delà de la signification 1ere de cette explication, la guémara nous propose ici un regard approfondi sur la nature humaine.

Le prophète Yéchaya (55,1) s'exclame : "Vous qui avez soif, venez, voici de l'eau!"
La guémara (Baba Kama 82a) explique que "l'eau", c'est la Torah.

Les serpents et les scorpions symbolisent le côté le plus sombre de la nature humaine, ses tendances les plus grossières.

==> La guémara nous enseigne donc que, tout comme un puits ne peut contenir que 2 choses : soit de l'eau, soit des serpents ou des scorpions, de même une personne sans "l'eau" de la Torah pour raffiner son caractère, est rempli/fourmille "de serpents et de scorpions".

Une personne ne doit pas penser qu'elle peut être vide de Torah, tout en ayant par ailleurs d'innombrables qualités. La règle est que : s'il n’y a pas d’eau, de Torah, alors il y a naturellement des serpents et des scorpions, des défauts et des vices.

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-> Pourquoi est-ce que Réouven a proposé à ses frères de jeter Yossef dans un puits qui était à priori rempli de serpents?

Selon nos Sages, la punition pour celui qui parle du lachon ara est d'être mordu par les serpents.

Réouven voulait que ses frères constatent que bien que Yossef était dans un puits avec des serpents, les serpents ne le touchaient pas.
Il espérait qu'ainsi ses frères réaliseraient que Yossef n'avait pas commis la faute de lachon ara lorsqu'il parlait d'eux à Yaakov.

-> Pourquoi est-ce que la Torah insiste sur le fait que le puits était vide d'eau?

Il existe un serpent appelé : "arod" dont la morsure est mortelle.
Cependant, si une victime d'une morsure de ce serpent parvient à atteindre une source d'eau avant que le serpent n'y arrive, elle est sauvée et le serpent meurt instantanément.

S'il y avait de l'eau dans le puits, les frères de Yossef auraient pu se dire qu'il a été sauvé du arod grâce à l'eau présente.
Cependant, Yossef étant dans un puits sans eau, ainsi le fait d'y avoir survécu était la plus grande preuve qu'il n'avait prononcé aucun lachon ara.

[le Birkat Avraham]

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Rabbi Zalman Sorotzkin (le Oznaïm laTorah) commente :
Ce verset vient nous apprendre que le puits dans lequel a été jeté Yossef avait une qualité et un défaut :
- la qualité = il n'y avait pas d'eau dedans ;
- et le défaut = il y avait dedans des serpents et des scorpions.
On remarquer tout le respect que témoigne la Torah à de l'inerte (un puits) = en effet, la qualité est exprimée ouvertement ("il n'y avait pas d'eau"), tandis que le défaut est caché, puisque déduit de la tournure du verset.

=> Le Oznaïm laTorah en conclut :
Si cela paraît évident quand il s'agit d'un puits, à plus forte raison d'un être humain : nous devons faire son éloge clairement, et si parfois il est nécessaire de révéler un défaut, efforçons-nous de le faire par allusion.

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Le Séfer 'Hassidim signale que les initiales de : én bo (il n'y a pas dedans - אֵין בּוֹ) sont : Aval Né'hachim Vékravim Yéch Bo (mais il y a dedans des serpents et des scorpions).
[rapporté dans le Torat Bné Yissa'har]

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+ "Et ils le saisirent, et le jetèrent dans le puits. Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau."

-> Selon une autre opinion, il y avait 2 puits. [C'est pourquoi les frères dirent : "Jetons-le dans un des [2] puits" (Vayéchev 37,20)].
Plus tard, le mur qui les séparait tomba, et ils ne formèrent plus qu'une et même fosse.
L'un de ces puits était pleins de pierres, et l'autre de serpents.
[...]
Le verset : "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau" ... = le mot "vide"] désigne les frères, car ils ne bénéficiaient pas de l'eau de la Torah. Ils ignoraient qu'un verset de la Torah énoncerait : "Celui qui aura enlevé un homme et l'aura vendu ... sera mis à mort" (Chémot 21,16).
S'ils avaient eu connaissance de cette loi, ils n'auraient jamais agi de la sorte.

Dans la Torah, le terme "vayiKa'houhou" (et ils le saisirent - וַיִּקָּחֻהוּ) est écrit sans la lettre "vav". [Comme la Torah ne comporte pas de voyelles, on peut également lire : "vayika'héhou" = et ils le prit]. Ceci sous-entend que seul un des frères jeta Yossef dans le puits, agissant au nom de tous les autres. Il s'agissait de Chimon.
[Plus tard, Yossef demandera que Chimon reste comme gage, alors que ses frères iront chercher Binyamin - cf. Mikets 42,24]
[Méam Loez - Vayéchev 37,24]

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"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s’affairait à créer la lumière du machia’h."
[midrach Béréchit rabba 85,1]

-> Après que les tribus aient jeté Yossef dans un puits, ils l'en ressortirent pour le vendre.
Suite à cela, Réouven, qui était alors absent lors de la vente, revint pour sortir Yossef du puits et le ramener à son père, mais, il ne l'y trouva plus. Alors, il s'écria : "L'enfant n'est plus là, et moi où irai-je?" (Vayéchev 37,30).
Rachi (v.37,29) commente sur : "Réouven revint à au puits et voyant que Yossef n'y était plus, il déchira ses vêtements" : Il n’avait pas assisté à la vente, car c’était à son tour, ce jour-là, d’aller servir son père. Autre explication : Il était occupé, couvert d’un sac, à jeûner pour avoir mis le désordre dans la couche de son père.

Le midrach explique : "Où irai-je à cause de ma faute avec Bil'a?" = Réouven relia la disparition de Yossef avec sa faute avec Bil'a.
[Suite à la mort de Ra'hél, Yaakov a mis sa couche dans la tente de Bil'a. Réouven dont la mère est Léa, a pris parti pour sa mère en disant : "Si la sœur de ma mère a été la rivale de ma mère, faut-il que la servante de la sœur de ma mère soit aussi la rivale de ma mère? C’est alors qu’il s’est levé et a déplacé sa couche [celle de Yaakov, dans la tente de sa mère]" (guémara Shabbath 55b)]

=> Mais quel est le rapport entre la disparition de Yossef du puits et sa faute avec Bil'a?

-> Le midrach explique que Réouven sauva Yossef parce que quand il entendit que Yossef rêva de 11 étoiles qui se
prosternèrent devant lui, il en déduisit que lui aussi fait partie des étoiles. Malgré sa faute, il n'a donc pas été écarté des tribus. En gratitude vis à vis de Yossef qui lui fit réaliser une telle chose, il décida de le sauver.
Mais, à présent qu'il revint près du puits et que Yossef avait disparu, il pensa qu'il était mort et donc que le rêve de Yossef n'était pas un vrai rêve prophétique. Or, si ce rêve n'est pas authentique, si c'est un rêve futile, alors toute la preuve qu'il fait encore partie des tribus, des 11 étoiles, n'est plus valable.
=> C'est pourquoi, la disparition de Yossef lui raviva son inquiétude de ne pas avoir été pardonné de sa faute, et d'être écarté des tribus.

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-> Le Sfat Emet explique que quand quelqu'un commet une faute, il doit s'attacher à un tsadik qui est irréprochable au niveau de cette faute, et cela contribuera à sa réparation.
En effet, quand quelqu'un s'attache et même s'efface devant un tsadik, il bénéficie par cela de la perfection et du travail de ce tsadik.

Or, la faute de Réouven concernait la sainteté de la vie conjugale, puisqu'il se mêla de l'intimité de son père.
Pour réparer sa faute, Réouven décida de s'attacher à Yossef, qui était déjà réputé pour se sanctifier à ce niveau-là. C'est d'ailleurs pour cela qu'il fut justement éprouvé, plus tard, avec la femme de Potifar, pour mettre à jour sa sainteté et son éloignement de cette faute.
=> Ainsi, en s'attachant à Yossef, Réouven espérait bénéficier de sa sainteté et ainsi, cela contribuera à réparer sa faute. Cependant, quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu, il comprit qu'il ne pourrait pas profiter de sa perfection et craignit donc ne plus pouvoir réellement se nettoyer de sa faute.

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-> Le Birkat Pérets explique que quand quelqu'un commet une faute, son repentir consiste à prendre justement le contre-pied de cette faute. Ainsi par exemple, celui qui a profané le Nom d'Hachem, pour se repentir, il devra multiplier les actes où il sanctifiera Son Nom.

Quand Réouven troubla l'intimité et s’immisça dans la vie conjugale de son père, cela provoqua une grande peine et une grande contrariété à Yaacov. Réouven qui en avait conscience, pensa que sa réparation devait être d'entraîner à contrario une grande joie et une satisfaction importante à celui-ci.
Et quand on jeta Yossef dans le puits, Réouven imagina la douleur que son père ressentira en pensant que son cher fils est mort. En parallèle, Réouven savait quelle joie ressentirait son père s'il lui restitue Yossef : il en sera immensément heureux.
=> Par cette joie qu'il lui permettra de ressentir, Réouven pensa réparer la peine qu'il lui provoqua par sa faute.
Mais quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu et qu'il ne pourrait donc plus le rapporter à son père, cela réactiva son inquiétude par rapport à sa faute, car il avait raté une excellente occasion de réparer son acte, en restituant Yossef à son père, avec toute la joie qui en aurait suivi.

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-> Le Panim Yafot fait remarquer que Réouven avait moins de 20 ans quand il commit sa faute. Or, nos Sages enseignent que le Tribunal Céleste ne punit pas quelqu'un qui a moins de 20 ans, ce qui rassura Réouven.
Malgré tout, celui-ci avait quand même un doute, car il se dit que peut-être que les hommes pieux et servant Hachem peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans. Et que ce sont les gens simples qui ne sont punis qu'à partir de 20 ans.

Quand Yossef fut jeté dans la fosse qui contenait, selon nos Sages des serpents et des scorpions, Réouven pensait que Yossef sera épargné. En effet, même si lui aussi avait fauté en rapportant des médisances sur ses frères à leur père, malgré tout il n'avait alors que 17 ans.
Ainsi, puisqu'il avait moins de 20 ans, Réouven pensait que Yossef allait être épargné par le Ciel.
En effet, ses grands mérites justifiaient qu'il bénéficie d'un miracle. De plus, Hachem ne lui tiendrait pas rigueur pour sa faute, car il avait moins de 20 ans.

Mais quand à son retour près du puits, Réouven ne trouva pas Yossef, il pensa que les serpents l'avaient dévoré. Il en conclut que Yossef avait été puni pour sa faute même s'il avait moins de 20 ans. C'est donc bien que les tsadikim peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans.
=> Cela réveilla son inquiétude par rapport à sa propre faute avec Bil'a, car même s'il avait lui aussi moins de 20 ans, il serait quand même considéré comme fautif par le Ciel.

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-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37,21)

Quand Réouven vit que ses frères allaient tuer Yossef, il s'interposa et proposa de le jeter dans un puits plutôt que de le tuer. Son intention était de revenir par la suite le sortir du puits et le ramener à son père. Sur ce verset, le midrach enseigne que si Réouven savait que la Torah allait écrire à son propos : "Il le sauva de leurs mains", il l'aurait accompagné à son père sur ses épaules.
=> Ce midrach paraît étonnant. Réouven cherchait-il à obtenir les éloges de la Torah? Est-ce pour cela qu'il se serait encore plus empressé de sauver son frère? Mais cela manque d'authenticité!

-> Le Divré Yé'hezkel explique qu'en fait, suite à ce qui s'est passé avec Bil'a, Yaakov avait un peu repoussé Réouven et ne se comportait plus avec lui aussi chaleureusement qu'avant. Or, à présent, si Réouven restitue Yossef, le fils bien-aimé de son père, il est clair que Yaakov se montrera extrêmement reconnaissant vis-à-vis de
lui et recommencera de nouveau à le rapprocher et lui témoigner de la bienveillance comme avant. C'est justement cela que Réouven craignait.
En effet, ce qu'il cherchait à présent à faire, c'est de sauver Yossef. Il s'agissait là d'accomplir cette très grande mitsva. Et il voulait la réaliser avec le plus d'authenticité et avec l'intention la plus pure et la plus désintéressée possible. Et il craignait qu'au fond de lui, dans son subconscient, il ne cherche aussi un peu à récupérer l'amour et la considération de son père. Mais alors, sa mitsva de sauver Yossef ne serait pas la plus pure, car se mélangerait dans cet acte son intérêt personnel.

C'est pourquoi, il se méfia de trop s'empresser, soupçonnant que le zèle supplémentaire proviendrait de cet intérêt. Mais s'il savait que la Torah témoignerait sur lui qu'il le sauva des mains de ses frères, puisque la Torah est une Torah de vérité, cela signifierait donc qu'en vérité, sa seule intention était bien de le sauver. Et dans ce cas, il aurait était assuré qu'après avoir scruté son coeur, Hachem avait bien perçu la pureté totale de son acte. Il ne cherchait en rien son intérêt. Et de ce fait, il n'aurait plus hésité à se dépêcher et aurait porté son frère sur ses épaules pour le ramener à son père.

=> Nous apprenons de là qu'un homme doit constamment s'efforcer d'être le plus honnête avec soi-même. Et même, il convient de se suspecter de peut-être chercher un intérêt personnel dans notre comportement, ce qui l'entacherait de l'intérieur. Même quand on accomplit une mitsva, ne soyons pas trop emballé et convaincu de la perfection de notre acte. Car peut-être qu'au fond, plus que la mitsva, c'est notre intérêt que l'on cherche.
Aussi, l'homme doit tendre le plus possible à la pureté de son intention, de se concentrer essentiellement sur la réalisation de la Volonté d'Hachem.

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+ Lien entre Réouven et les lumières de 'Hanoucca :

-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37, 21).
Cela est étonnant car celui-ci conseilla à ses frères de jeter Yossef dans un puits rempli tout de même de serpents et de scorpions. Même si l’on suppose que Réouven ignorait la présence des serpents et des scorpions, pourquoi la Torah attribue-t-elle malgré tout le sauvetage de Yossef à Réouven plutôt qu’à Yéhouda, car en définitive c’est le conseil de Yéhouda qui a maintenu Yossef en vie?

En réalité, le conseil de Réouven de jeter Yossef au puits, était porteur d’une certitude d’un point de vue spirituel, car aucun danger spirituel n’existait dans le puits. Même s’il y avait tout de même un danger d’un point de vue physique, ce danger restait incertain.
De plus, ce danger n’était que temporaire puisque Réouven avait envisagé cette solution seulement afin de calmer les esprits et de revenir plus tard au puits pour sauver définitivement son frère, et le ramener à son père. Par contre, Yéhouda a réellement exposé Yossef à un danger certain d’un point de vue spirituel, car il conseilla de le vendre à des Yichmaëlim qui voyageaient en Egypte, qui était le pays le plus imprégné de débauche.
C’est pour cette raison que la Torah attribue le sauvetage de Yossef à Réouven qui le sauva d’un danger spirituel certain et concret, et non à Yéhouda qui le sauva physiquement, mais qui l’exposa de façon certaine au pire des dangers.

A ‘Hanoucca, les ‘Hachmonaïm se sont battus avec don de soi (messirout néfech) pour défendre leur spiritualité (la Torah), menacée d’anéantissement par les Grecs, et non leur identité physique. Leur identité spirituelle avait beaucoup plus de signification pour eux que leur identité physique, tout comme Réouven.
C'est pourquoi sur le verset : "Les mandragores (doudaïm) répandent leur parfum, et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices" (Chir haChirim 7,14), le midrach (Yalkout Réouvéni Vayetsé) enseigne : "Les mandragores ont donné leur parfum = il s’agit de Réouven ; et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices = Il s’agit des bougies de ‘Hanoucca". [les mandragores citées ici désignent Réouven, car il en avait un jour cueilli pour sa mère Léa (voir Vayétsé 30,14-16)]
Ainsi, le midrach met en rapport Réouven (qui sauva Yossef du danger spirituel) avec les bougies de ‘Hanoucca, symbole de la victoire spirituelle de la Torah sur l’obscurantisme des Grecs.
On peut noter que les mandragores que donna Réouven à sa mère Léa furent cédées à Ra’hel en échange d’une nuit passée avec Yaakov (voir Béréchit 30, 14-18). L’union qui s’en suivit donna naissance à Yissa'har, "le pilier de Torah", symbolisé par la Ménora du Temple, objet du miracle de ‘Hanoucca.
[Kol Yéhouda]

"Comment puis-je faire ce grand mal, je fauterai vis-à-vis d’Hachem" (Vayéchev 39,9)

On peut se demander pourquoi Yossef a-t-il dit à la femme de Potiphar que : "Je fauterai". En effet, elle aussi allait fauter, et il aurait donc dû dire : "Nous fauterons".

En fait, Yossef voulait tellement s’éloigner de cette femme pour ne pas fauter avec elle qu’il s’efforça de ne pas s’inclure avec elle même par la parole.
Il ne souhaitait donc pas "s’isoler" avec elle même par des mots, en disant : "Nous fauterons".
C’est pourquoi, il se sépara d’elle radicalement et dit : "Je fauterai", moi seul, car je suis séparé de toi, même par la parole.
[Rabbi Bounam de Pchis'ha]

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-> Dans sa démarche de se protéger de la faute, Yosseph s'efforça de ne pas exprimer une parole qui l'unira avec cette femme même au niveau de la parole. S'il avait dit : "Nous fauterons", au pluriel, déjà par cette parole il se serait déjà "uni" avec elle. C'est pourquoi, il employa le singulier : "Je fauterai", moi et pas nous. Car il voulait se séparer et s'éloigner d'elle, même déjà au niveau de sa parole. En effet, la parole et les mots qu'on emploie ont une influence et un impact au niveau de son inconscient. Et, sans le savoir, cet impact pourra générer des comportements ou des attirances qu'on ne recherche pas, mais qui nous auront été provoqué par la suggestion d'une formule qu'on aurait employé.
Yossef craignait que s'il associait la femme de Potifar à lui à travers sa parole, cela suggérerait déjà un lien entre lui et elle et créerait une certaine proximité qui risquerait déjà de déboucher à la faute, D. préserve. Yossef souhaitait se prémunir de la faute de toutes ses forces. Aussi, il prit soin de créer une distanciation avec elle, même dans son langage.

=> Cela nous apprend combien la parole a de force. Une simple parole banale peut avoir de lourdes répercussions dans le psychique d'un individu, sans même qu'il ne s'en rende compte. Combien doit-on veiller à soigner son langage et se prémunir de toute suggestion susceptible d'agir sur l'inconscient et générer une déviance morale que l'on voudrait éviter.

"Et ils trempèrent la tunique dans du sang." (Vayéchev 37,31)

Rav El'hanan Wasserman écrit dans le Kovets Maamarim :
"Il est vraiment étonnant de voir combien le peuple juif a toujours souffert des accusations de meurtre rituel.
Il est pourtant de règle qu'un mensonge qui ne contient aucune part de vérité n'est pas crédible (Sota 35a ; Rachi ; Bamidbar 13,27).

Or, quoiqu'elles ne contiennent pas la moindre parcelle de vérité, ces diffamations ont persisté pendant des millénaires, à travers le monde entier, et ce jusqu'à ce jour même.
[n'est-il pas ridicule de penser que les juifs consommenent du sang humain?  - sachant par exemple qu'ils vérifient tout œuf avant utilisation, et que la moindre goutte de sang ne permet plus sa consommation!]

Voilà certainement de quoi s'étonner sur les accomplissements de la Providence divine.

Il ne fait aucun doute que ces fausses accusations constituent une punition, mesure pour mesure, pour un péché commis dans notre passé que nous devons payer génération après génération.

Bien que je n'en sois pas digne, je me permets de suggérer qu'elles sont là pour nous faire expier le péché d'avoir "trempé la tunique dans du sang", faute par laquelle les frères de Yossef ont fait passer aux yeux de leur père, du sang de bouc pour du sang humain. [et lui faire croire qu'une bête l'a dévoré]

Si je me trompe, veuille Hachem me pardonner."

Source (b"h) : "Talelei Oroth" du rav Rubin

"Va donc voir comment vont tes frères" (Vayéchev 37,14)

Le Rabbi de Pchis'ha de commenter :
"Essaie de voir ce qui va bien chez tes frères, leurs qualités et non leurs défauts.
Grâce à cela, tu éviteras la dispute."

Dans la prière du Rabbi Elimélé'h de Lizensk, il est dit :
"Puissions-nous voir les qualités de nos prochains et non leurs défauts."

Source (b"h) : "mayana chel Torah" du rav Friedman

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+ "Va donc voir comment vont tes frères et comment va le troupeau et ramène-moi des nouvelles"

-> "Ceux qui sont envoyés pour faire une mitsva ne subissent aucun dommage" (guémara Pessa'him 8a).

Nos Sages enseignent que celui qui veut aller au loin, que son ami lui donne une pièce de monnaie en lui disant : "Sois mon envoyé, et quand tu arriveras à destination, donne cette pièce à la tsédaka pour moi", et alors il s'appelle "chalia'h mitsva" envoyé pour faire une mitsva), et il ne risque rien en chemin.

Yaakov connaissait lui-même la lutte qui existait entre les frères, et il a eu peur pour Yossef, c'est pourquoi il l'a fait : "chalia'h mitsva" = "va voir comment vont tes frères", il voulait qu'il ait un statut de chalia'h mitsva pour revenir aussi, c'est pourquoi il lui a dit : "ramène-moi des nouvelles", pour que le retour aussi soit considéré comme une mitsva et qu'il ne lui arrive rien de mal.
[Séfer Tvouat Yonathan]

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=> Pourquoi Yossef, en tant que "chalia'h mitsva", n'a-t-il pas été protégé par la mitsva, comme le sont toujours ceux qui sont envoyés accomplir une mitsva?

-> D'après certains, il n'a effectivement pas été blessé et tout ce qui s'est passé s'est finalement avéré être une bénédiction.

-> D'après d'autres, Yossef en a fait plus que ce que son père lui avait demandé (il est allé plus loin que Chékhem et son voyage a duré plus qu'il n'aurait dû).

-> D'autres disent encore qu'après avoir miraculeusement échappé à des chiens et des flèches, Yossef se trouvait en terrain dangereux (chékhia'h hézéka) et aurait dû rebrousser chemin.

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=> Quelle relation relie la vente de Yossef à la durée de l’Exil d’Egypte?

-> Le Zohar (II 276a) enseigne que l’Exil d’Egypte a été causé par la vente de Yossef par ses frères

-> "II (Yaakov) l’envoya (Yossef vers ses frères) de la vallée (מֵעֵמֶק – MéEmek) de ’Hévron" (Vayéchev 37, 14).
Rachi commente : "C’est pour suivre le dessein profond (עמוקה – Amouka) annoncé à ce tsadik qui repose à ‘Hévron, afin de réaliser ce qui a été annoncé à Avraham lors de l’Alliance ‘entre les morceaux’ : ‘Ta descendance sera étrangère’ (Lé'h Lé'ha 15,13) : Yaakov savait que ce départ de Yossef allait marquer le commencement de l’Exil d’Israël (Targoum Yonathan ben Ouziel'.

Ainsi, on peut remarquer :
- "Emek (vallée - עמק) a pour valeur numérique 210, allusion aux 210 ans d’Exil d’Egypte - Baal Hatourim.
- Les premières et dernières lettres des motsּ מֵעֵמֶק חֶבְרוֹן ויַשְִּׁלחָהֵו (méEmek 'Hevron vayichla'héou) totalisent une valeur numérique de 210 [Mégalé Amoukot].

-> Les 10 fils de Yaakov (hormis Binyamin) séparèrent leur jeune frère Yossef de leur père durant une période de 22 années (voir Rachi sur Vayéchev 37,34).
Par ailleurs, Yossef n’avait que 17 ans lors de cette rupture, comme le précise le texte : "Yossef, âgé de 17 ans, menait paître les brebis avec ses frères" (Vayéchev 37,2).

Aussi, ces 2 indications chiffrées (22 années et 17 ans) informent-elles sur la raison pour laquelle l’Exil d’Egypte a duré 210 ans :
1°/ Selon le Yalkout Réouvéni : Chacun des 10 frères de Yossef a contribué à la séparation de Yossef d’avec son père durant 22 ans. Ainsi, de manière réciproque, Hachem a-t-il puni leurs descendants par un Exil [qui s’apparente aussi à une séparation] de durée égale à : 10x22 [220] moins 10 ans, correspondant à une année par Tribu, en raison de l’expiation causée par leur mort.

2°/ Les 10 Tribus ont "abîmé" le Nom divin ineffable [26]. C’est pourquoi ils ont mérité un Exil d’une durée de : 10x26 [260 ans] auquel Hachem a gracieusement retiré 50 ans en raison du mérite de leur acceptation de la Torah qui comporte "50 Portes de l’Intelligence". [Chaaré Chamaïm]

3°/ 17 années constituent exactement 210 mois (17x12 + 6 treizièmes mois supplémentaires d’Adar) en allusion aux 210 ans de l’Exil égyptien. [Mégalé Amoukot]

4°/ 17 années comportent 6205 jours, correspondant aux 6000 ans de ce Monde et aux 4 Exils [Babel, Madaï, Yavan et Edom : אדום בבל מדי יון dont les valeurs numériques totalisent 205] qui découlent de l’Exil d’Egypte et qui sont en allusion dans les 4 ventes de Yossef (du puits à Potiphar). [Mégalé Amoukot]

"Essav dit : "J'ai beaucoup". " (Vayichla'h 33,9)

Alors que Yaakov dit : "J'ai tout", Essav ne dit jamais qu'il a "tout.

Tout ce qu'il possède n'est jamais assez et il désire toujours davantage : "Celui qui a une mesure en veut deux". (=> plus on a, plus il nous manque ...)
Yaakov, quant à lui, est satisfait de son sort : ce qu'il a, c'est déjà "tout" et il ne désire pas davantage.
[Rachi : c'est beaucoup plus que ce dont j’ai besoin.]

Dans le même sens, le Rav Eliyahou Lopian avait l'habitude d'expliquer au nom du 'Hafets 'Haïm, les paroles du roi David : "... ceux qui cherchent D. ne manqueront jamais de ce qui est bon." (Téhilim 34,11).
Comment cela se peut-il? Ne voyons-nous pas souvent des êtres vertueux souffrant de la faim et de nombreux tourments?

La réponse est : tout est affaire d'attitude.
Acceptant leur lot sans récrimination ni plainte, ces gens ne sentent aucun manque.

A ceux qui cherchent véritablement D., rien ne fait défaut.

Source (b"h) : compilation issue du "mayana chel Torah" du rav Friedman et du "Talelei Oroth" du rav Rubin

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+ "Ceux qui aspirent à D. ne manquent de rien" (Téhilim 34,11)

-> Le rav Eliyahou Lopian expliquait :
Il n'a jamais été dit que les hommes fidèles à D. possèdent concrètement tout le bien, puisque la réalité prouve quotidiennement que la plupart d'entre eux n'ont effectivement pas de grandes richesses ... Cependant, selon les Téhilim, ces hommes ne manquent d'aucun bien, car ils savent se satisfaire de leur condition.

C'est en ce sens que le roi Salomon dit (Michlé) :
- "Le tsadik mange et apaise sa faim ..." = c'est-à-dire qu'il se rassasie de ce qu'il possède.
[ Selon la définition des Pirké Avot (1,4) : "Quel est l'homme qui est riche? Celui qui est heureux de ce qu'il possède".
"L'homme est tenu de bénir D. pour le mal [qui le frappe], de la même manière qu'il Le bénit pour le bien" (michna Béra'hot 9,5) = selon rabbi Shmelké de Nikolsbourg, il s'agit d'éprouver un tel contentement de son sort, au point de ne plus voir la difficulté que renferment les épreuves (je suis dans les mains de papa Hachem tout ne peut être que pour mon bien!). ]

- alors que : "... le ventre des réchaïm leur fait défaut" = comme s'il leur manquait un second ventre pour combler leur désir.
Même lorsque toutes leurs convoitises sont comblées, ces hommes restent à jamais insatisfaits, car il leur manquera toujours un "ventre" pour jouir davantage.

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-> Le rav Wolbe (Alé Chour) enseigne que : cela renferme une leçon essentielle pour tout homme intègre dans ses aspirations spirituelles : ne jamais laisser les excès matériels prendre place dans son foyer, afin que ses objectifs ne soient jamais de posséder "beaucoup", mais seulement d'avoir absolument "tout", car ce "tout" signifie vivre à proximité de Hachem, se rapprocher toujours plus de Son Créateur.

"J'ai habité avec Lavan" (Vayichla'h 32,4)

-> Rachi d'expliquer ces paroles de Yaakov : "Et j'ai observé les 613 commandements sans apprendre de ses mauvaises actions."

-> Le rabbi Méir Shapiro de Lublin de dire que Yaakov se plaint intérieurement :
J'ai certes observé les 613 commandements, mais je n'ai pas appris de Lavan à accomplir les mitsvot avec un enthousiasme semblables au sien lorsqu'il commet ses mauvaises actions.

-> On a demandé un jour au 'Hidouchei haRim : "Pourquoi les réchaïm réussissent si bien dans leurs mauvaises voies? Le mensonge ne devrait pas pouvoir exister!"

Il a répondu : "Les réchaïm agissent certes pour le mensonge, mais ils le font avec conviction.
Les bnei Israël, accomplissant les mitsvot, agissent certes pour la vérité mais ils ne le font pas avec toute l'ardeur voulue ..."

 

Source (b"h) : le "mayana chel Torah" du rav Friedman

Remplir nos arrosoirs, afin de faire fleurir les arbres de la vie …

+++ Remplir nos arrosoirs, afin de faire fleurir les arbres de la vie …

+ Il est écrit au début de la Torah (Béréchit 2,5) : "Aucun produit du champ n’était encore dans la terre et aucune herbe ne poussait encore, car D. n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait pas d’homme pour travailler la terre."

Rachi s’interroge : Et pour quelle raison D. n’avait-Il pas fait pleuvoir ?
" Parce qu’il n’y avait pas d’homme pour travailler la terre = il n’y avait pas d’homme pour apprécier les bienfaits de la pluie.
Lorsque l’homme arriva, il reconnut que la pluie était nécessaire.
Il pria pour elle et il plut … "

A l’image de notre journée qui commence par exprimer notre gratitude, remercier D. (modé ani), le début de la Création du monde exprime l’importance suprême de cette notion qui doit précéder toute chose.

Nos Sages disent que des milliers de bienfaits sont destinés à un homme, mais que D. attendra qu’il les Lui demande avant de lui envoyer.
Il suffit alors de prier !!

Nos Matriarches ont eu beaucoup de difficultés pour enfanter.
Nos Sages de dire (guémara Yébamot 64a) : "D. prend plaisir aux prières des justes".

L'histoire vraie suivante va nous aider à appréhender davantage ce concept ...

Pendant de longues années, Yo’haï et sa femme n’arrivaient pas à avoir d’enfant.
Ils priaient de tout leur cœur, mais sans succès.
Même quand "le désespoir se présentait à la porte", ils n’abandonnaient pas et continuaient à espérer, suivant les conseils de la Torah : "Espère en D., renforce et affermis ton cœur et espère en D. (de nouveau)" (kavé el Hachem ‘hazak véya'amets libé’ha vékavé el Hachem).

Un nuit, Yo’haï fit un rêve étrange : il était dans un verger où poussaient de nombreux arbres.
Certains étaient fleuris, portant même des fruits, et d’autres complétement nus, comme en plein hiver.
A côté de chaque arbre sec était posé un arrosoir : certains étaient pleins au trois quarts, d’autres à moitié pleins ou encore presque vides.

Yo’haï s’approcha d’un arbre, prit un arrosoir rempli à ras bord, le versa et vit au même moment que des fleurs, puis des fruits ; commençaient à pousser sur l’arbre …

Il se réveilla, raconta à sa femme ce drôle de rêve, et elle lui révéla qu’elle avait fait le même rêve.
Pour l’interpréter, Yo’haï et sa femme se rendirent chez le sage et juste de la ville : Rabbi Akiva.

Il leur expliqua que tous ces arbres représentent toutes les familles d’Israël, et que les fleurs et les fruits symbolisent leur descendance.
Avant de faire fleurir un arbre, D. attend qu’il y ait assez d’eau dans l’arrosoir.
Cette eau symbolise les pleurs et les prières de chacune des familles.

"Puisque vous n’avez pas perdu espoir et avez continué de prier, votre arrosoir est aujourd’hui plein, et vous aurez aussi une descendance … et pas n’importe laquelle."

L’année suivante la femme de Yo’haï enfanta un fils qu’il appela Chimon, mieux connu sous le nom de Rabbi Chimon Bar Yo’haï.
Cela valait la peine d’attendre …

 

Source (b"h) : compilation & adpatation personnelle de dvar Torah du "Néfech Yéhoudi"

Lorsque Yaakov questionna l’ange pour connaître son identité, l’ange lui répondit : " Pourquoi demandes-tu mon nom ? " (Vayichla’h 32,29)

Quel en est le sens ?

Le Or Yahel de répondre que l’ange a vraiment répondu à Yaakov au sujet de son identité et que son nom est bel et bien : "Pourquoi demandes-tu mon nom" (lama zé tich'al lichmi).
Mais comment est-il possible de porter un nom pareil ?

Le nom de chaque chose en hébreu reflète son essence, et l’ange d’Essav qui n’est autre que le yétser ara (mauvais penchant) a voulu révéler à Yaakov une facette essentielle de sa personnalité : son nom est "pourquoi demandes-tu mon nom", c’est-à-dire pourquoi cherches-tu à connaître mon essence, je n’en ai pas !!

En effet, il n’y a rien derrière tout ce que le yétser ara propose : aucune essence, aucun contenu, rien à demander, rien à espérer.

Toute sa force d’attraction réside dans le pouvoir d’illusion qu’il exerce en trompant l’homme et en lui faisant croire qu’il arrivera à des choses extraordinaires en suivant ses voies.
Il utilise des projections dans notre esprit : promesses, illusions, désirs, … afin que l’on suive ses conseils, alors qu’en réalité tous ses sujets sont vains et illusoires.

Nos Sages le comparent à une personne ayant sa main fermée et attirant autrui en faisant croire qu'il y a un trésor dedans, mais une fois qu'il ouvre sa main, on aperçoit que depuis le début elle était vide.
De même, le yétser ara nous vend du vide pour du rêve ....

Rabbi Na'hman de Breslev explique les manœuvres du mauvais penchant : Sa ruse consiste à ne pas dévoiler ce qu'il a en main. Cette dissimulation entraîne que chacun croit qu'il a en main la chose même dont lui a besoin, c'est pourquoi beaucoup de gens courent après lui et se soumettent à lui. Mais quand le mauvais penchant ouvre la min, tout le monde voit qu'il n'y avait rien dedans.

"Pourquoi demandes-tu mon nom?" = la force du mauvais penchant existe tant qu'il se trouve caché et tant qu'il n'a pas révélé son nom. Si on lui demande son nom, et qu'il révèle ses secrets et sa nature, sa force diminue immédiatement, c'est pourquoi il se cache toujours.
[nos Sages nous demandent de prendre toujours avant d'agir de s'interroger : qu'est-ce que je gagne, qu'est-ce que je perds? Quelle est la volonté de D.?
En effet, c'est seulement ainsi que nous pouvons vivre dans LA Vérité, et non dans celle vendue par le yétser ara.]

-> Afin de sortir de l’obscurité et éviter d’être victime du yétser ara, il faut éclairer son chemin à la lumière de la Torah et de sa réflexion, pour ainsi faire échouer les plans du yétser ara.
[D. nous disant le secret pour s'en sortir : "J’ai créé le pendant au mal, et j’ai créé la Torah comme antidote" - Barati yétser ara oubarati lo Torah tavline ]

-> Rabbi Yéhouda Leib 'Hasman enseigne :
Les désirs de ce monde ne sont qu'imaginations trompeuses qui induisent l'homme en erreur. Tant que les hommes marchent dans l'obscurité, ils jouissent de plaisirs imaginaires.
Mais quand la lumière de l'intellect s'allume en eux, ils voient clairement que c'était un mensonge, sans aucune réalité, et que c'est seulement l'imagination qui les a fait errer jusqu'à présent.
Dans l'intériorité de l'homme, il sent que les désirs sont vanité, et n'ont aucune réalité. Mais quand le désir l'attaque, il l'aveugle, c'est pourquoi il se représente en imagination la douceur du désir.
Pourtant une fois qu'il a accompli son désir et qu'il est passé de l'imagination à la réalité, il voit par son intelligence l'amère réalité et il est rempli de regret.

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-> Sur ce même sujet, le Néfech Yéhoudi rapporte :
Lorsque D. créa le monde, il voulut que l’homme acquière des mérites, et pour cela il plaça en lui le yétser atov (bon penchant) et le yétser ara (mauvais penchant).

Si D. leur avait ouvert à chacun une boutique, il aurait agencé le magasin du Bien avec de jolies couleurs, une odeur agréable, de la belles marchandises à petits prix, des crédits à long terme sans intérêt et un vendeur toujours souriant.

Le magasin du Mal serait sombre, dégageant une mauvaise odeur, où un vendeur peu accueillant leur proposerait des marchandises horribles qu’il faudrait payer comptant.

Bien sûr, le Mal irait se plaindre au Créateur : "Personne ne veut entrer dans ma boutique !! "

=> C’est pour cela que D. fit l’agencement des 2 boutiques différemment, sans en changer aucunement le contenu.
Il donna au Mal une devanture plus attirante, plus voyante, et au Bien une apparence plus sobre et plus discrète.
Le Mal est en apparence plus attirant que le Bien, c’est là sa seule arme.

[Pour que le libre arbitre puisse réellement exister, il faut que le bien et le mal soient à nos yeux aussi attrayant l'un que l'autre ... ]

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"Laissez un intervalle entre un troupeau et l'autre" (Vayichla'h 32,17)

-> Rachi : mettez de l’espace/intervalle : Entre un troupeau et l’autre, aussi loin que puisse porter le regard, afin de satisfaire l’œil de cet impie et de l’impressionner par l’importance du cadeau.

-> Le rav Yé'hezkel Levenstein en déduit un principe important dans le service Divin.
Qu'est-ce qui a rassasié la cupidité de ce racha?

Rien! Simplement du vide.
Or, c'est exactement en cela que consistent les désirs de ce monde : ils ne sont que purs artifices, n'ayant aucune consistance.

C'est peut être pourquoi nous avons l'habitude de mettre les mains sur les yeux lorsque nous récitons le Shéma, afin de prendre conscience du fait que seule la foi en D. est authentique et que tout ce que nous voyons n'est qu'une réalité éphémère et inconsistante, une matière faite de vide et trompeuse.

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-> Yaakov pria : "Maître de l'univers, j'ai laissé un espace entre chaque troupeau. Quand mes descendants seront en exil, laisse un espace entre leurs persécutions. Fasse qu'elles ne s'abattent pas sur eux en même temps, mais qu'elles se produisent les unes après les autres, de façon à ce qu'ils puissent se remettre et survivre après chaque persécution."

Quand Yaakov vit au loin Essav, il se lamenta et implora D. qu'il sauve ses enfants lorsqu'ils seront soumis à leur amer et long exil.
[Méam Loez - Vayichla'h 32,17]

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+ "Il prit ce qu'il avait sous la main comme cadeau pour son frère Essav" (Vayichla'h 32,14)

=> Pourquoi Yaakov a-t-il envoyé à son frère un si beau cadeau : 200 chèvres, 20 boucs, ...?

Rabbi Yaakov 'Haïm Sofer (dans son "Yichma'h Israël") répond que c'est parce que les 400 hommes, Essav les avait certainement payés, ou leur avait dit : "Nous allons tuer Yaakov et prendre son argent, et nous partagerons".

Par conséquent, ce serait difficile pour Essav de faire la paix avec lui, parce qu'il devrait payer les 400 hommes qu'il avait amenés. Mais maintenant, quand il aurait reçu ce cadeau, il pourrait s'en servir pour les payer, et de cette façon cela rapprocherait la paix.

[c'est une grande leçon pour nous : à quel point nous devons nous mettre pleinement à la place d'autrui afin de parvenir à une paix avec lui! (lui évitant par exemple tout sentiment de honte, d'orgueil blessé, ...)]

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-> b'h, voir également le passage sur ce verset (hichtadlout superflue) : https://todahm.com/2019/10/02/10637-2