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Une acceptation de la Torah contre nature

+ Une acceptation de la Torah contre nature :

-> L’offre de la Torah par Hachem aux nations a été refusée.
Les descendant d’Essav (עשו) demandèrent ce que contenait la Torah et se virent répondre : "ne tuez pas" (לא תרצח). C’était là un défi insurmontable pour eux car Essav était un chasseur (איש יודע ציד) et sa bénédiction était : sur ton épée, tu vivras ( על חרבך תחיה).
En fait, Essav est appelé un homme des champs (ich sadé - איש שדה), "sadé" étant l’acronyme pour : שופך דם האדם (chofé'h dam aadam) = celui versant le sang de l’homme (c’est-à-dire le meurtre ). [Rabbénou Efraïm - Toldot 25,27]
De leur côté, les descendants d’Ichmaël refusèrent à cause de l’interdit de l’adultère (לא תנאף).

=> Comment se fait-il que lorsque l’on offrit la Torah aux juifs, on ne leur donna pas ce qui constituait pour eux un défi (à l'image de ne pas tuer pour Essav, et de ne pas commettre d'adultère pour Yichmaël)?

-> Le Avné Nézer explique pourquoi la première mitsva commandée aux juifs au mont Sinaï était la mitsva de la Hagbala, le fait de fixer des limites autour de la montagne de Sinaï.
C’était pour ne pas donner d’argument aux nations du monde qui prétendraient avoir refusé la Torah car certaines mitsvot heurteraient leur nature, et non celle des juifs. Ils pourraient prétendre : si Hachem avait donné aux juifs une mitsva qui était contre leur nature, ces derniers non plus n’auraient pas accepté la Torah. Par conséquent, la mitsva de la Hagbala fut la première mitsva parce qu’elle heurtait la nature des juifs qui aspirent tant à la proximité avec Hachem, or en l’espèce, on leur ordonna de garder une distance.

Rachi (Yitro 19,9) cite l’expression : "notre volonté est de voir notre Roi" (מלכנו את לראות רצוננו). C’est pourquoi des limites ont été fixées, afin que nous ne montions pas sur la montagne, ni n’en touchions le bord (Yitro 19,12), car nous avons comme une sorte d’attraction magnétique vers Hachem.
Et nous savons qu’un homme ne peut voir D.ieu et survivre (Ki Tissa 33,20).

Ceci est comparable à celui qui place un aimant près du métal qui est alors attiré. De même, si Hachem se révélait à nous, notre âme nous quitterait à cause de l’attraction "magnétique".
Il est écrit : "Tu maintiendras le peuple tout autour, en disant (lémor - לֵאמֹר)" (Yitro 19,12), et on peut noter que ce terme לאמר est l’acronyme de : "rétsonénou lir'ot ét mal'houto" (מלכנו את לראות רצוננו).

=> ainsi comme avec chaque autre nation du monde on a proposé la Torah au peuple juif, avec la condition d'accepter quelque chose de contre nature.
Pour certaine il s'agissait du meurtre, pour d'autre de l'adultère, ... et pour le peuple juif il s'agissait de renoncer à son désir très intense de proximité avec Hachem, en acceptant de rester à distance lors du don de la Torah.
Cela implique que l'essentiel d'un juif est de faire la volonté d'Hachem sienne.

Témoigner notre amour pour Hachem

+ Témoigner notre amour pour Hachem :

"Tu aimeras Hachem, ton D., de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes possessions" (Vaét'hanan 6,5)

-> "Tu dois aimer Hachem, ton D." = [cela signifie] que le Nom Divin devienne aimé [par les autres] grâce à tes efforts.
[guémara Yoma 86a]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Intro - 'Homat haDat) écrit :
Être vigilant à ce que les autres observent les lois d'Hachem, c'est l'essence même du commandement positif d'aimer Hachem, que nous déclarons chaque matin et chaque soir [dans le Shéma].

-> Rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma'h - aava) enseigne :
Tout comme notre ancêtre Avraham a promulgué la croyance [en Hachem] par un grand amour, nous devons L'aimer au point d'amener les gens à Lui et les attirer à Le servir.

[d'une certaine façon, l'effort que fait un juif pour inciter par amour autrui à renforcer sa relation avec Hachem, est une indication importante de son amour d'Hachem.
Plus tu aimes Hachem, plus tu as envie qu'autrui en vienne à l'aimer (ex: je me travailles pour parfaire mes traits de caractère, pour être toujours joyeux, agréable, ... comme cela j'attire par l'exemple autrui vers une vie selon la Torah). ]

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-> Selon le Rambam (Séfer haMitsvot - commandement positif n°3) :
Nos Sages ont enseigné que cette mitsva ("Tu dois aimer Hachem, ton D.") inclut l'appel à l'humanité entière à servir Hachem et à croire en Lui.
En effet, de la même manière que lorsque vous aimez une personne, vous la louez et appelez les autres à se rapprocher d'elle, de même, si vous aimez vraiment Hachem, par votre compréhension et votre réalisation de Sa véritable existence, vous répandrez certainement cette connaissance véritable que vous connaissez aux ignorants et aux insensés.
[Nous voyons que cette mitsva inclut la diffusion de l'amour d'Hachem aux autres, comme il l'enseigne ] le Sifri : " 'Tu aimeras Hachem' = c'est-à-dire Le rendre aimé des créatures, comme l'a fait ton ancêtre Avraham, comme il est écrit : " Les âmes qu'ils ont transformées en 'Haran (Lé'h Lé'ha 12,5)".

Le sens de ce Sifri est qu'Avraham, suite à sa profonde compréhension d'Hachem, a acquis l'amour pour Hachem, comme en témoigne le verset : "Avraham, qui m'a aimé". Cet amour puissant l'a donc poussé à appeler toute l'humanité à croire en Hachem.
De même, vous devez L'aimer au point d'attirer les autres vers Lui.

[ si une personne aime vraiment Hachem, elle s'assurera de partager ce plaisir avec d'autres, tout comme elle partagerait toute bonne chose avec un ami ou un être cher.]

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-> Le 'Hovot haLévavot (chaar aavat Hachem - chap.6) dit :
Voici les indices qui montrent qu'une personne aime vraiment Hachem ... Parmi eux, il y a le fait qu'elle dirige et guide [les autres] pour servir Hachem, que ce soit par la douceur ou par la ténacité, selon le moment et le lieu, le groupe de personnes et leur statut, qu'il s'agisse de l'élite ou des gens du peuple.

-> Selon le 'Hovot HaLévavot (chaar aavat Hachem - chap.6) la preuve de l'ahavat Hachem d'une personne est qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour guider et enseigner aux autres la Torah et l'avodat Hashem.
Le rav Avraham Tabor explique : Hachem souhaite que chaque personne juive établisse un lien avec Lui en étudiant la Torah et en observant les mitsvot. Si vous aimez Hachem, vous pouvez, pour ainsi dire, l'aider à atteindre cet objectif en aidant d'autres juifs à apprendre la Torah.

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat - Vaét'hanan 6,5) rapporte le rav Isser Zalman Meltzer :
À ce sujet ("Tu dois aimer Hachem, ton D.") ... puisque, malheureusement, aujourd'hui, il y a tant de [juifs] qui sont éloignés du vrai chemin, nous sommes absolument tenus de nous engager à les rapprocher de servir Hachem ou à soutenir ceux qui le font.
Bien qu'autrefois, ce rôle était exclusivement réservé à des personnes spéciales et nobles qui se sanctifiaient pour accomplir cette mitsva, aujourd'hui, tout le monde peut prendre part à cette occasion de démontrer son amour pour Hachem.

-> Selon le rav Aryeh Kaplan (Reaching out - p.2) :
Quel est le verset le plus important de la Torah?
Il s'agit du Shéma (Vaét'hanan 6,4), "Écoute, Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un".
La plupart d'entre nous sait qu'il s'agit de la déclaration la plus fondamentale de la foi juive. Nous nous exclamons que nous croyons en D., qu'Il s'intéresse à nous et qu'Il est Unique.
Avant de faire cette déclaration, la plus importante de toutes, nous prononçons une autre courte phrase : "Écoute, Israël". Il ne suffit pas qu'une personne déclare : "Hachem est notre D., Hachem est Un". Nous devons appeler et proclamer cette vérité à tout Israël (tous les juifs) : "Écoute, Israël."
Si une personne croit vraiment en D., alors elle ne peut pas rester indifférente lorsque d'autres ne partagent pas cette croyance. Quand une personne est en possession d'une grande vérité, alors elle veut la partager avec les autres. Lorsque l'on a accès à la plus grande Vérité du monde, ce partage devient impératif.

[chaque juif à son niveau peut permettre à ce que d'autres aiment davantage Hachem. Par contre, il faut faire attention à se mettre à la place d'autrui, non pas en Lui imposant quelque chose, mais plutôt parlant à son coeur, et en l'attirant vers quelque d'agréable, de sublime.
La Torah est constituée de nombreuses facettes, car ce qui peut être incroyable à mes yeux est quelconque aux yeux d'un autre, et inversement.]

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-> Le Rambam (Moré Névou'him - par.2, chap.51) écrit :
[Hachem dit : J'ai accordé une attention particulière à Avraham] "Parce que je sais qu'il commandera à ses enfants et à sa famille après lui" =cela signifie que le but de tout le travail [des Patriarches] était de diffuser le monothéisme à travers le monde et de préparer les gens à aimer Hachem. C'est la raison pour laquelle ils ont mérité ce niveau élevé.

-> Le rav El'azar Grunberger commente :
Avraham a transmis son ADN spirituel à ses descendants. Un aspect important de cet ADN unique est la responsabilité d'aider les autres juifs à connaître Hachem et à développer une relation d'amour et de Le servir.
Atteindre des niveaux spirituels élevés est en fin de compte un cadeau d'en-Haut. Nos ancêtres ont mérité ce cadeau en raison de leur dévouement à l'accomplissement de la mission de diffusion de la connaissance et de l'amour d'Hachem. Nous devons faire de même.

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-> Une fois que l'on s'est suffisamment développé, c'est un privilège et un mérite particuliers, si l'on en a la capacité et la possibilité, d'enseigner la Torah aux autres et de les encourager et de les guider dans la avodat Hachem.
Le 'Hovot haLévavot (chaar aavat Hachem - chap.6) va jusqu'à dire que même si une personne a travaillé sur elle-même jusqu'à ce qu'elle devienne presque aussi grande qu'un navi (prophète), ses mérites n'approchent pas ceux d'une personne qui enseigne [la Torah, comment servir Hachem, ...] aux autres.

Cependant, certains hésitent à consacrer leur temps précieux à l'enseignement aux autres. Bien entendu, une telle décision ne peut être prise qu'avec les conseils d'un véritable grand en Torah, mais il convient de citer les paroles enflammées du Pélé Yoetz (chaar Torah) :
"Les personnes qui hésitent à étudier avec leurs enfants ou avec d'autres jeunes talmidim parce qu'elles considèrent que c'est un bitoul Torah font une erreur. Elles prétendent que lorsqu'elles apprennent seules, elles sont capables de couvrir de nombreux pages de guémara et de Poskim (Décisionnaires) et d'écrire tous leurs 'hidouchim, mais si elles doivent enseigner, cela prend beaucoup de temps de tout répéter encore et encore jusqu'à ce que le talmid ne comprenne plus, et cela implique une quantité énorme de labeur et d'efforts extrêmes.
Cependant, cela ne dérange pas quelqu'un qui agit pour l'amour d'Hachem et qui veut apporter de la satisfaction à Hachem, et apporter de la satisfaction/plaisir (na'hat roua'h) à Hachem devrait être le seul but de notre vie. Cette personne choisira ce qui apporte le plus de na'hat roua'h à Hachem.
Et Hachem reçoit beaucoup plus de satisfaction vous enseignez à l'enfant de quelqu'un ou à votre propre enfant, même si vous leur enseignez seulement le aleph-beis, qui est l'étude pur de quelqu'un qui n'a pas commis de péché, que si vous apprenez vous-même Néguaïm et Ohalot [deux traités très difficiles discutant d'impureté et de pureté (touma et de tahara)]".

La signification de la prière est qu'elle est une connexion et un attachement ; à travers elle, l'homme peut se connecter à Hachem.
L'homme est fini, tandis qu'Hachem est infini. Il en ressort donc que par la prière, l'homme s'élève du niveau du fini au domaine de l'infini.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Vayé'hi]

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Le rabbi de Berditchev commente le verset (Chémot 2,25) ainsi :
-> "vayar Elokim ét Bné Israël" = Hachem a vu qu'ils avaient crié ;
-> "vayéda Elokim" = le terme "vayéda" peut dire " connaître", mais également se connecter/lier, comme dans : "véa'Adam yada ét 'Hava ichto" (Béréchit 4,1). [yada = fait référence à l'intimité dans un couple, où ils sont le plus intimement liés. ]
=> Ainsi, le verset nous enseigne qu'en Egypte le peuple juif a crié d'une manière qui a formé un pont vers l'infini, permettant à Hachem de se connecter à leur douleur et d'être ému pour les aider (vayéda Elokim).

[ainsi, lorsque nous prions de tout notre cœur et de toute notre âme, avec une supplication déchirée et authentique comme un fils devant son père, nos paroles forment un pont entre notre monde fini et l'infini. Par ce portail, Hachem descend dans notre douleur et répond par un salut rapide.]

Le message du récit de la sortie d’Egypte = tout ce qu’Hachem accomplit est pour le bien!

+++ Le message du récit de la sortie d'Egypte = tout ce qu'Hachem accomplit est pour le bien!

"Hachem dit à Moché : ''Va chez Pharaon, car j'ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin d'opérer tous ces prodiges en son sein. Et afin que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils ce que J'ai comploté contre l'Egypte"." (Bo 10,1-2)

-> Rachi commente : "J'ai comploté" = Je me suis ri (de l'Egypte)."

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché) explique longuement en quoi consista cet ''amusement'' par lequel le Hachem se rit des égyptiens :
Lorsque nos pères se trouvaient en Egypte, esclaves du cruel Pharaon, toutes sortes de questions et de contradictions auraient pu leur venir à l’esprit, telles que :
"Comment le peuple d'Israël, qualifié par Hachem Lui-même de Mon fils premier-né, peut-il être ainsi asservi totalement par les égyptiens, d'une manière qui donne tout à penser qu'ils demeureront, eux et leurs descendants jusqu'à la fin de toutes les générations, esclaves de Pharaon en Egypte? (En particulier, quand on se rappelle que Pharaon est un descendant de Canaan qui fut ainsi maudit pour son péché : "Que Canaan soit maudit (...) et que Canaan soit leur esclave." (Noa'h 9,25-26) Et comment se peut-il que ses descendants asservissent les descendants de Chem?)
De plus, comment se fait-il que tout l'argent et l'or du monde entier soit parvenu en Egypte durant les années de famine, lorsque, des 4 coins du monde, les gens vinrent alors y acheter de quoi subsister? Tout cela suggère que "la servante aurait hérité de sa Maîtresse"!"

Néanmoins, lorsque les Bné Israël sortirent d'Egypte, il s'avéra à quel point Hachem s'était ri des Egyptiens : en effet, Il leur avait donné, durant toutes ces années, l'impression d'amasser pour eux-mêmes, des biens et une richesse incommensurable.
Alors qu'en vérité, tout cela n'avait pour seul et unique but de remettre cette fortune entre les mains des Bné Israël, pour que s'accomplisse ainsi la promesse du Créateur selon laquelle : "Et après cela, ils sortiront avec de grands biens" (Lé'h Lé'ha 15,14).
Ce fut, d'ailleurs, la raison pour laquelle les Bné Israël descendirent en Egypte et y furent asservis par les égyptiens, pour qu'au terme de cet exil, ils sortent avec de grandes richesses et dépouillent l'Egypte pour la rendre "comme un filet vide de poisson" (Béra'hot 9b). Il s'avéra donc finalement que tout ce voilement apparent de la présence Divine et cet esclavage avaient uniquement un but bénéfique.

Et c'est la visée du récit de la sortie d'Egypte : montrer comment Hachem s'est ri des Egyptiens. Car toute cette histoire (la famine et l’abondance qu’elle permit d’amasser, l'asservissement des Hébreux) s'étala sur une durée d'environ 320 ans, pendant lesquels, nombre de Bné Israël naquirent et moururent sans jamais voir son dénouement bénéfique.
Et pourtant, le véritable croyant est convaincu que le Créateur ''a toujours existé, existe, et existera à tout jamais'', et que tout est soigneusement calculé.
=> C'est pour cela qu'il nous incombe de faire le récit de la sortie d'Egypte : afin d'enraciner dans le cœur des Bné Israël, dans toutes les générations, que lors de chaque épreuve ou voilement de la face Divine, ils soient convaincus que Hachem met tout en œuvre pour leur bien. Et même si, à ce moment là l’homme n’est pas en mesure de comprendre les voies d'Hachem, son travail consiste à garder confiance que tout est pour le bien et à attendre que Sa bonté se manifeste.

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+ Toute souffrance dans ses moindres détails provient d'Hachem, et nous est bénéfique :

-> L'esclavage en Egypte a été extrêmement éprouvant, avec des souffrances énormes.
En faisant le récit de la sortie D'Egypte et en essayant de le vivre, nous devons développer en nous l'idée que chaque souffrance, aussi minime soit-elle, est bénéfique, et que tout est minutieusement calculé, pas même une goutte de souffrance n'est perdue. [rien ne peut se produire sans un décret d'Hachem en ce sens]

-> Le Saba de Kelm explique que les premiers-nés méritèrent d'être dotés d'une sainteté particulière car lorsque Hachem frappa ceux des égyptiens, les premiers-nés des Hébreux eurent très peur de périr également, et la souffrance morale que cela leur causa leur fit mériter ensuite cette sainteté particulière. Et en y réfléchissant bien, on comprendra aisément que ce ne furent pas seulement les premiers-nés qui furent dans la crainte, mais chacun des Bné Israël lors des autres plaies et ils méritèrent aussi grâce à cela une certaine sainteté, comme il est dit : "Israël est consacré pour Hachem" (Yirmiyahou 2,3).
Néanmoins, puisque les premiers-nés subirent un supplément de souffrance, ils méritèrent également un supplément de sainteté.

-> "Et le sang sera, pour vous, un signe sur les maisons où vous vous trouverez, Je verrai le sang, Je passerai sur elles, et le fléau n'aura pas prise sur vous lorsque Je frapperai la terre d'Egypte" (Béchala'h 12,13).
Rabbi Zalman Sorotskin (Oznaïm La Torah) explique : Car ce sang constituait un signe et un rappel qu'ici, dans cette maison, le sang juif fut versé lors de l'esclavage d'Egypte, et ce furent ces mêmes coups et ces mêmes souffrances qu'ils endurèrent alors qui les protégèrent du fléau destructeur.

-> "Et sous Ses pieds se trouvait comme une brique faite de Saphir" (Michpatim 24,10)
Rachi commente : "(Cette brique) était devant Lui au moment de la servitude afin de se souvenir de la souffrance des Hébreux [en Egypte] qui étaient asservis à faire des briques.''
Le rav Chlomo Kluger écrit : A priori, cela peut paraître surprenant : quel rapport existe-t-il entre le Saphir, qui est une pierre précieuse, et ces briques, qui suggèrent la dureté de leurs souffrances?
C'est que chaque peine et chaque souffrance que subit Israël possède une valeur énorme dans le Ciel. C'est pourquoi ces ''briques'' y rayonnent d'un éclat splendide comme celui du Saphir.

Pourquoi le peuple juif est-il compté dans la Torah? Ne sont-ils pas sans nombre?
La Torah nous enseigne que chacun d'entre eux (chaque juif) est un numéro [unique], il est spécial [aux yeux d'Hachem], et qu'il n'y en a pas deux qui peuvent accomplir la même tâche.
[Sfat Emet]

Se souvenir de la sortie d’Egypte

+++ Se souvenir de la sortie d’Egypte = comment se rappeler et intégrer la foi dans la providence individuelle :

"Souviens-toi de ce jour où tu es sorti d'Egypte" (Bo 13,3)

-> Le Téchouat 'Hen (paracha Vaéra) enseigne :
"L'exil de l'Egypte était le fait qu'ils croyaient au hasard. Car Pharaon, souverain absolu, niait que le monde fût dirigé par une providence individuelle, suivant le droit et la justice, mais prétendait qu'il était conduit par les lois de la nature.
Or, les Bné Israël étant soumis à sa souveraineté, furent abreuvés par cette vision des choses. Et, à dire vrai, nous ne nous sommes toujours pas entièrement purifiés de cette souillure, et ce yétser ara danse encore parmi nous, et instille dans notre cœur des pensées qui nous incitent à croire au hasard.
C'est afin de sortir de cette confusion que nous sommes tenus de mentionner quotidiennement la sortie d'Egypte et d'enraciner en nous la émouna absolue que tout provient d’Hachem.
Un homme ne peut recevoir ne serait-ce que le moindre coup sur son doigt dans ce monde sans que ce ne soit décrété auparavant dans le Ciel.
C’est Hachem qui dirige les pas de l'homme selon une intention Divine qui nous échappe".

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk (Pri haArets - paracha Bo) explique pourquoi Hachem appesantit le cœur de Pharaon et de ses serviteurs pour ensuite les punir :
"Tout avait pour but que les Bné Israël parlent des prodiges d'Hachem et qu'ils sachent qu'Il est le vrai D., qu'il n'y en a pas d'autre que Lui, et que le monde est dirigé par une providence individuelle et minutieusement calculée.
Et en vérité, le cœur des réchaïm est loin de concevoir une telle providence, à savoir que l’homme ne peut recevoir le moindre petit coup, un brin d'herbe ne peut sécher ou être déraciné, une pierre ne peut être projetée, si ce n'est en temps et en lieu voulus par Lui.
Tous les mouvements, grands ou petits, depuis le "timtsoum" originel jusqu'à ceux des créatures les plus basses de ce monde, sont le fait d'Hachem, selon Sa Sagesse infinie, pour la gloire de Son Nom, et ont pour but que se dévoilent Sa Divinité, Sa Sagesse et Sa manière de diriger le monde."

[le ''timtsoum'' est un concept kabbalistique selon lequel, lors de la création, D. ''contracta'' sa présence pour permettre au monde d'exister.]

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-> "Et à partir des grands et célèbres miracles (comme ceux de la sortie d'Egypte et de la mer Rouge, au cours desquels Hachem bouleversa les lois naturelles des cieux et de la terre), l'homme reconnaît les miracles cachés qui constituent le fondement de toute la Torah. Car l'homme n'a pas de part dans la Torah de Moché Rabbénou tant qu'il ne croit pas que tout ce qui nous concerne et tout ce qui nous arrive sont des miracles et non le fruit de la nature ni l’ordre naturel du monde."
[Rambam - fin paracha Bo]

Adoucir l’amertume de notre vie

+++ Adoucir l'amertume de notre vie :

"Ils arrivèrent à Mara et ne purent boire les eaux de Mara car elles étaient amères, c'est pourquoi on l'appela du nom de Mara ... il (Moché) cria vers Hachem et Hachem lui montra un bois qu’il jeta dans l’eau et les eaux devinrent douces" (Béchala'h 15,23-25)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
L’étape de Mara, qui fut l’une des 42 étapes des Bné Israël dans le désert, représente un enseignement pour nombre de nos frères juifs, qui eux aussi, parviennent à une étape de l’existence nommée Mara (l’amertume), à D. ne plaise. [parfois, ce qui ne devait être qu’une étape se prolonge durant une très longue période. ]
Ils ont alors le sentiment de se noyer dans ces eaux sans pouvoir en supporter l’amertume, et il leur semble qu’Hachem les a définitivement abandonnés (si l’on peut dire).
Où peuvent-ils alors puiser une source d’encouragement?

En prenant exemple sur ce qui arriva à nos pères durant cette épreuve : "Hachem lui montra un bois qu’il jeta dans l’eau et les eaux devinrent douces" = ils dévoilèrent alors que ces eaux étaient douces, mais que leur douceur était dissimulée jusqu’à ce qu’Hachem la leur fasse découvrir.
Il en est de même pour chacun d’entre nous : le Maître du monde est à l’origine de tout ce qui arrive, et dirige nos pas à chaque instant afin de finalement nous prodiguer du bien.
Seulement, pour l’heure, ce bienfait demeure caché jusqu’au jour où il se dévoilera au grand jour.

Dès qu’un homme intériorise cette vérité, il ne ressent déjà plus autant l’amertume de ses épreuves, et sur le champ, les eaux amères s’adoucissent.

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-> "La fin d’une chose est préférable à son début, la patience est meilleure que l’emportement" (Kohélét 7,8)

Le Maguid de Zlozitch (dans son Amta’hat Binyamin) s’interroge sur ce verset : apparemment, les 2 sujets évoqués sont sans rapport.
Il écrit que néanmoins, on peut l’appliquer de la manière suivante : il est parfaitement insensé de se plaindre au moment où une épreuve survient, car il est très possible que celle-ci soit destinée à expier les fautes commises et il est préférable qu’un homme souffre dans ce monde plutôt que de recevoir un châtiment dans le monde futur.
De plus, il est possible que de ce malheur germe un immense bienfait, comme on le voit dans la vente de Yossef : au moment où il fut vendu, il pouvait certes sembler qu’il n’y avait pas de plus grand malheur que celui-ci, alors qu’en réalité, il fut envoyé en Egypte pour sauver la vie de sa famille. Et s’il n’y était pas descendu, il n’aurait pas accédé au poste de vice-roi et n’aurait pas été en mesure de nourrir son père et ses frères durant les années de famine. En outre, il en découla un bénéfice spirituel immense, comme le rapporte le midrach (Vayikra rabba 32,5) : "Yossef descendit en Egypte et se garda de la débauche. Par son mérite, les Bné Israël se gardèrent de la débauche."

Dès lors, un homme doit accepter tout ce qui lui arrive avec joie.
Et c’est ce qu’exprime le verset : "La fin d’une chose est préférable à son début", car le bienfait qui se révèle à la fin est déjà contenu dans le commencement.
Pour cette raison, le verset continue en disant : "la patience est meilleure que l’emportement" : il est préférable d’attendre patiemment le dénouement d’une épreuve sans se plaindre plutôt que de se laisser emporter par la colère du moment.

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-> b'h, également sur ce verset (Béchala'h - 15,23) : https://todahm.com/2015/02/16/2767-2

Hachem apprécie notre émouna

+++ Hachem apprécie notre émouna :

"Et les Egyptiens sauront que Je suis Hachem" (Béchala'h 14,4)

=> ces égyptiens dont il est question sont sur le point d’être noyés dans la mer. Dès lors, que signifie "les Egyptiens sauront"?

Le Ibn Ezra répond qu'il s’agit de ceux qui restèrent en Egypte, mais aussi de ceux qui se trouvèrent dans la mer avant de mourir, eux aussi "sauront que Je suis Hachem", dans les courts instants avant leur mort.
Nous voyons à quel point le Créateur bouleversa toutes les lois de la nature, tout cela afin d’intégrer la émouna dans le coeur de ces réchaïm avérés, ne fût-ce qu’un seul instant.

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-> "La valeur de la émouna n’a pas de limite : un seul instant de émouna dans ce monde a une importance incommensurable aux yeux d’Hachem et Lui est très cher."
[rabbi Ména’hem Mendel de Riminov]

[on voit à quel point Hachem a modifié les lois de la nature pour quelques secondes de émouna de la part de réchaïm (les égyptiens) qui avaient torturé Ses enfants adorés (les juifs).
Alors à combien plus forte raison, Hachem est impatient et prend un énorme plaisir lorsque nous Lui témoignons de la émouna. ]

Le talmud Yérouchalmi et Bavli = les premières et secondes Lou’hot

+ Le talmud Yérouchalmi et Bavli = les premières et secondes Lou'hot :

-> Le rav Yaakov Emden (Zaharei Yaavets - p.123) écrit que le niveau élevé du Talmud de Jérusalem (Yerouchalmi) et l’incroyable lumière qui en ressort ont motivé ses éditeurs à le présenter dans un langage difficile qui empêche le public d’en comprendre les profondeurs.
Le langage du Talmud Bavli est clair et accessible, contrairement à celui du Yérouchalmi, plutôt étrange et presque incompréhensible.
La raison de cette différence est que le Yérouchalmi serait "impénétrable" pour les nations et que les réchaïm n’auraient pas accès à ses richesses. Il ne fait aucun doute que cela fut fait intentionnellement, avec une grande sagesse, comme toutes les décisions prises par nos Sages.

-> Le Nétsiv (Haémek Davar - Ki Tissa 34,1) délimite les distinctions entre le Bavli et le Yérouchalmi.
Il assimile ce dernier aux 1eres Lou’hot (Tables de la Loi), qui nous ont été donnés avant que nous ne fautions avec le Veau d'or.
La sainteté des 1eres Tables était plus grande que celle des secondes. Si les 1ères Tables n’avaient pas été brisées, il aurait été [relativement] facile d’arriver à des décisions finales par des moyens logiques et des comparaisons. Cependant, une fois que nous avons péché, nous avons eu besoin de plus d’efforts et d’une analyse plus poussée. Pour cela, les secondes Lou’hot étaient préférables.

Cette dichotomie est similaire à celle des 2 Talmud. La sainteté du Yérouchalmi est plus grande que celle du Bavli en ce sens que les Amoraïm [qui l'ont compilé] étaient antérieurs (voir guémara Shabbath 134b), ce qui les a d’autant plus rapprochés de la vérité.
[le 'Hida (Midbar Kedmot - 2) écrit que les générations précédentes étaient composées d’âmes plus élevées qui étaient capables de sonder les profondeurs sans effort ni débat énormes.]
De plus, le fait que le Talmud de Jérusalem ait été compilé dans la sainte terre d'Israël (et non à Bavél) a élevé ce Talmud au niveau des 1eres Lou’hot.

"Hachem détourna le peuple par le chemin du désert, en direction de la Mer Rouge, et les Bné Israël montèrent armés du pays d'Egypte" (Béchala'h 13,18)

-> Le Divré Yisroel note que les lettres du mot "vé'hamouchim" (armé - וַחֲמֻשִׁים), peuvent être réarrangées pour s'écrire "vésamé'him" (et ils étaient joyeux - ושמחים).
[quelle était l'arme des juifs à la sortie d'Egypte? leur joie! ]
Cela fait allusion au fait qu'une personne peut mettre de côté tous ses problèmes grâce au pouvoir de la joie, tout comme les juifs ont quitté l'Égypte avec joie.

Si c'est le cas, pourquoi le verset dit "vé'hamouchim", plutôt que de dire explicitement "vésamé'him"?

C'est parce que le mot " 'hamouchim" fait également allusion au fait qu'ils avaient quitté les 50 niveaux ('hamichim) d'impureté. Ainsi, ils étaient joyeux parce qu'ils quittaient ce lieu d'impureté, et non pas à cause de la quantité considérable d'or et d'argent qu'ils avaient acquis des des égyptiens.

[Plus nous faisons la volonté d'Hachem (nous agissons alors en accord avec notre intériorité [âme]), plus nous nous purifions, plus nous nous rapprochons de Lui, et alors plus nous avons de joie.
Car il n'y a pas de joie plus parfaite que celle d'être à proximité de papa Hachem! ]

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-> Le Maguid de Zlotchov disait qu'on peut avoir toutes les raisons d'être tristes, de pleurer, lorsque nous sommes dépendants d'un ou des être(s) humain(s). Mais nous avons toutes les raisons d'être joyeux lorsque nous sommes dépendants [et confiants] uniquement en Hachem [qui est au-dessus de tout et qui peut tout].
[ainsi lorsque les Bné Israël ont quitté l'Egypte, ils étaient armés ('hamouchim) de l'idée qu'en toute situation ils pourraient compter sur leur papa Hachem, et c'est la meilleure arme qui existe! Cela se manifestait par leur joie (sémé'him).]

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2018/01/01/5998-2