Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Le Maharcha affirme également que la génération du Déluge (dor hamaboul) a été détruite par l'eau parce que ce n'est que grâce à la hachga'hat pratit [providence Divine] que la terre sèche peut exister.
Sans l'ordre d'Hachem de rassembler les eaux et d'exposer la terre (voir Béréchit 1,9) et son implication constante pour maintenir cette séparation, le monde serait naturellement inondé par l'eau des océans.

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-> Le Maharcha ('Houlin 139b) y commente également que la faute de la génération du déluge est qu'elle a nié la hachga'hat pratit, l'implication, la direction et le contrôle d'Hachem sur ce qui se passe dans le monde.
En revanche, en contribuant à la réalisation des plaies en Égypte et à la division de la mer, Moché Rabbénou a montré au monde qu'Hachem contrôle tout ce qui se passe ; il a démontré que "en od milévado", il n'y a personne d'autre que Lui qui contrôle la situation.
Puisque c'est Moché qui a corrigé la fausse perspective de la génération du Déluge plus tard dans l'histoire, la guémara ('Houlin 139b) note que son nom est mentionné dans la Torah dans ce contexte : "Où se trouve [une allusion] à Moché dans la Torah? [dans le verset : ] "lui aussi devient chair. Leurs jours seront réduits à 120 ans" (Béréchit 6,3) [ce verset rapporté par la Torah ne mentionne pas le nom de Moché, mais est un verset faisant référence à la durée de vie des hommes après le Déluge, qui sera alors limitée à 120 ans]."

"Ses frères ne purent lui répondre car ils furent frappés de stupeur à cause de lui" (Vayigach 45,3-4)

-> Le Sfat Emet explique que les frères furent frappés de stupeur de voir sa face (en hébreu le terme employé pour dire "à cause de lui" est מפניו (mipanav),qui signifie littéralement "de sa face").
Ils furent en effet interloqués de contempler son visage, imprégné de l'immense sainteté qu'il avait acquise en Egypte, et ils furent alors stupéfaits et honteux en pensant que si, déjà en Egypte, terre de perversion des mœurs, Yossef s'était tellement élevé, à quel niveau serait-il parvenu s'il était demeuré dans la maison de Yaakov.

Yossef les complimenta en leur disant que, au contraire, c'était précisément parce qu'il était demeuré dans l'impureté de l'Egypte, où il avait dû supporter de dures épreuves, qu'il avait été en mesure de s'élever autant et d'atteindre une telle sainteté et une telle pureté, davantage que s'il était resté au contact de la sainteté qui émanait de son père Yaakov.

"Non! Vous êtes venus voir la faiblesse du pays" (Mikets 42,12)

-> Rachi explique que pour renforcer son accusation que ses frères sont des espions, Yossef s'est appuyé sur le fait que les 10 frères sont entrés en Egypte par 10 portes différentes. En effet, des espions ne rentrent pas dans le pays tous ensemble, pour ne pas que cela paraisse suspect. Mais en réalité, ils ont suivi par là le conseil de leur père qui leur a enjoint d'entrer par 10 portes différentes pour éviter le mauvais oeil (ayin ara).

On peut remarquer que dans toutes les paroles de regrets ou de plaintes qu'ils ont émises sur leur situation dramatique, ils n'ont jamais regretté le fait d'être entrés par 10 portes différentes. Jamais ils n'ont suggéré que cela leur ait entraîné du mal. Et pourtant, l'essentiel de leur malheur venait en apparence de là. C'est à cause de cela qu'ils furent accusés d'être des espions, que Chimon fut emprisonné et que l'homme exigeait de faire venir Binyamin. Et malgré tout, pas une fois ils n'ont formulé le moindre regret d'être entré par 10 portes différentes.
Pourquoi cela?

C'est parce qu'ils savaient que de l'accomplissement d'une mitsva, il ne peut pas y arriver de mal. Or, ils n'ont fait là que respecter leur père qui leur avait donné cet instruction. Aussi, ils étaient convaincus que cela ne pourra pas leur causer du tort. Et cela, malgré le fait que d'après les apparences, tout leur malheur venait de là. Mais leur foi sur le fait que la mitsva ne peut pas provoquer de dommages était plus fort que tout. Ils émirent des regrets sur d'autres choses, mais pas sur cela.

Et effectivement, dans la réalité, ils ne se sont pas trompés. Car finalement, il s'avéra que toute cette accusation d'espionnage n'était qu'un coup monté par Yossef, qui aboutit sur les retrouvailles et Yossef les nourrit pendant la famine. Effectivement, rien de mal n'arriva.
Et même s'ils ne connaissaient pas l'aboutissement à l'avance, ils savaient néanmoins qu'ils ne perdraient pas du fait d'une Mitsva, car une mitsva ne peut aucunement causer de mal. Et même si en apparence ça peut en avoir l'air, on doit savoir qu'en réalité, il n'en ressortira que du positif.

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-> [Hachem nous dit : ] "Personne n’a fait ma volonté et en a été perdant."
[midrach Dévarim rabba 4,5 – en adam shoméa li oumafssid]

-> "Une personne ne sera jamais perdante d’avoir réalisée une mitsva"
[Kohélét 8,5 – shomer mitsva lo yéda davar ra]

"Il les vit qu'ils étaient attristés" (Vayéchev 40,6)

-> Cela faisait déjà dix années que Yossef séjournait en prison, où la vie était très pénible pour lui. Sans compter la souffrance atroce d'avoir été arraché de sa famille. Et voilà qu'un matin, à peine avait il jeté un regard sur ces 2 compagnons de cellule, il avait déjà constaté qu'ils étaient plus triste que d'habitude.
On peut bien-sûr imaginer qu'ils étaient habitués à se sentir démoralisés car ils étaient eux-aussi en prison. Et malgré tout, Yossef constata un léger changement par rapport à l'habitude, ils étaient un peu plus accablés que d'ordinaire. Et Yossef, malgré ses souffrances et épreuves personnelles, il avait tout de suite constaté cette baisse d'humeur. Et chercha de suite à les aider.

Le rabbi de Loubavitch apprend de là l'importance de porter un intérêt à son prochain. Il s'agit tout d'abord d'être capable de remarquer sa joie, sa peine, sa contrariété, sa gêne ... Puis de chercher à l'aider pour le sortir de sa détresse. Et ce, même si on se trouve déjà soi-même dans une situation difficile, comme ce fut le cas pour Yossef.

Porter un intérêt à son prochain est très apprécié d'Hachem et Il le récompense grandement pour cette attitude. Comme on a pu constater que suite à cet intérêt que Yossef porta à ses compagnons de cellule, les événements se sont enchaînés pour déboucher finalement sur le fait que Yossef se retrouva à interpréter les rêves de Pharaon et, de ce fait, fut promulgué vice roi d'Egypte.
Pour s'être intéressé à son entourage, la récompense finit par venir et il mérita que les choses tournent en sa faveur à un niveau inimaginable. Toute sa réussite finale n'a été possible que parce qu'au début, il a su porter de l'intérêt à son prochain, malgré sa détresse personnelle.
Cela montre bien que le fait d'aider son prochain et lui porter de l'intérêt malgré ses propres soucis, est une attitude très appréciée d'Hachem et qui a la force d'éveiller la Bonté Divine et d'attirer Ses Bénédictions, pour nous libérer de nos problèmes au delà de ce que nous pourrions imaginer.

J’ai confiance, donc je vis!

+++ J'ai confiance, donc je vis!

"Voici les années la vie de Sarah" = un homme qualifié de "vivant" est un homme qui ne s'inquiète d'aucune situation et est heureux en toute circonstance!" [grâce à sa confiance en Hachem]
C'est à ce propos que la Torah dit : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19).
[Beit Avraham - 'Hayé Sarah]

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"La vie de Sarah fut (vayiyou 'hayé Sarah ) de 127 années, ainsi fut la vie de Sarah" ('Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi : "Toutes (ses années) furent égales en bien".

-> Le 'Hida fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) peut se lire à l'endroit comme à l'envers.
C’est une allusion au fait que Sarah accepta tous les événements de sa vie avec amour et joie, même lorsque celle-ci se déroulait ''à l'envers'', autrement dit à l'encontre de sa volonté personnelle.
Elle conserva toujours la même conviction qu'Hachem se trouve à ses côtés à chaque instant, à chaque époque, en toute circonstance, et qu'Il prodigue du bien à tous. Toutes ses années furent équivalentes en bien avec la même certitude que tout ce qu'Hachem accomplit est bénéfique.
Même si, momentanément, un évènement peut sembler malheureux, il finira par s'avérer être un bienfait et une bénédiction.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
l'enseignement que l'on peut en tirer est qu'il est impossible de traverser ce monde sans se tenir au pilier de la émouna, comme l'exprime le prophète ('Habakouk 2,4) : "Le juste vivra par sa émouna".
Car celui qui n'a pas encore mérité de jouir de la lumière de la émouna ne perçoit dans son existence que peine et souffrance. Car son cœur s'irrite à chaque évènement, qu'il soit le fait du Ciel ou des hommes. En toute circonstance, il se ronge le cœur en regrettant son attitude, de s’être provoqué à lui-même un préjudice physique, moral ou financier, à cause d'une ''erreur''. Il pense que s'il avait agi autrement, la chose ne serait pas arrivée à cause de lui (bien entendu, tout cela n'est que le fruit de son imagination et ne traduit pas la réalité).
En outre, il est constamment obnubilé par la peur du lendemain, s’investit de tout son être dans la poursuite effrénée de l'argent, et fournit des efforts démesurés dans tous les domaines matériels afin d'assouvir ses besoins physiques.

En revanche, heureux est l'homme qui place sa confiance en Hachem et reconnaît qu’Il est la source de tous les événements passés, présents et futurs, qu’Il nourrit et pourvoit aux besoins de toutes les créatures, et que personne ne peut lui causer le moindre préjudice sans décret Divin préalable. Cet homme lui-même ne peut se faire de dommage ou gagner ne fût-ce qu'un centime de plus que ce qui a été décidé à son égard.
Dès lors, son existence n’est que joie, sérénité et tranquillité. Il est heureux et nullement tourmenté par ses efforts personnels pour subvenir à ses besoins.
[ainsi, quand la Torah nous demande : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19), elle nous demande grâce à notre émouna en Hachem, d'en arriver à ne pas s'inquiéter et à vivre dans la joie en toute circonstance. ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit également :
Il faut savoir que surmonter une épreuve dans une période de difficultés et d’obscurité est ce qui permet à l’homme de s’élever au plus haut point.
L’un des tsadikim de notre époque explique d’après cela le verset : "Avraham se leva de devant son mort (Sarah)" ('Hayé Sarah 23,3) en se référant au commentaire de Rachi d’un autre verset employant le même terme hébraïque.
"Ainsi fut levé (acquis) le champ de Efron" ('Hayé Sarah 23,17). Rachi explique que ‘son champ subit une élévation en passant du domaine ordinaire au domaine du roi (Avraham)’.
Ici aussi ("Avraham se leva"), on expliquera donc que Avraham subit une élévation spirituelle à la suite de la mort de Sarah, car il prit conscience alors qu’elle ne survint que pour l’éprouver et le faire grandir. Et même si elle ne lui semblait être qu’un malheur, elle lui fut bénéfique.

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-> Le Baal haTourim fait remarquer que le mot "vayiyou" (ויהיו) a une valeur numérique de 37, allusion au fait que l'essentiel des années de la vie de Sarah furent les 37 ans qui s'écoulèrent depuis le jour de la naissance de Its'hak, alors qu'elle était âgée de 90 ans jusqu'à sa mort à l'âge de 127 ans.

=> Comment peut-on dire que toutes les années de la vie de Sarah furent équivalentes en bien lorsque la majorité de son existence fut remplie de souffrances et de peines?

-> Le rabbi de Pchevorsk y répond ainsi :
les mots de Rachi : "koulan chavin létova" (toutes égales pour le bien - כֻּלָּן שָׁוִין לְטוֹבָה), ont des initiales qui forment le mot : "chékhél" (l'intelligence - שכל), allusion au fait qu'en vivant avec sagesse et discernement, on peut parvenir à "bien" vivre même les années difficiles. Et dans ce domaine, la plus grande des sagesses est d'avoir la foi dans l’existence d’un Créateur qui dirige le monde et dans le fait que tout ce qu'Il accomplit est fondé.
[en ce sens, une des plus grandes qualités est d'être "tamim" avec Hachem, dans le sens d'aborder la vie avec simplicité (puisse que rien ne peut arriver sans décret d'Hachem pour notre bien final). En voulant être trop intelligent, trop malin, ... alors on s'attire bien des soucis. Pour la belle vie, c'est la émouna! ]

-> Le 'Hazon Ich enseigne :
Tout le monde doit traverser ce monde. Certains le font avec le sourire, tandis que d'autres le font dans la tristesse, les larmes.
Nous avons tous la possibilité de vivre dans le rire, tout dépend de la façon dont nous abordons la vie.

-> A un mariage sous la 'houpa, le 'hatan brise un verre et on lui souhaite immédiatement : "Mazal Tov!" Comment comprendre le lien existant entre ces 2 choses?
L'Admor Ra'hmistrivka explique : c'est que l’on veut en fait nous enseigner que même si [dans ta vie] "un verre s'est brisé", on doit encore proclamer "Mazel Tov'' à voix haute et se réjouir.

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-> b'h, également sur la notion de Sarah & émouna : https://todahm.com/2020/12/27/29765

La valeur essentielle d’une mitsva dépend des efforts que nous y investissons

+ La valeur essentielle d'une mitsva dépend des efforts que nous y investissons :

"Elle remplit sa cruche et monta ... Le serviteur courut à sa rencontre" ('Hayé Sarah 24,16-17)

-> "Parce qu'il vit que l'eau montait vers elle" (Rachi au nom du midrach Rabba 60,5)

-> Le Ramban explique que Rachi, semble-t-il, déduit cette explication du fait qu'il n'est pas écrit dans le verset : "elle puisa et elle remplit", mais : "Elle remplit sa cruche et monta".
Le Ramban dit : "On lui fit un miracle, la première fois, parce qu'après, il est écrit : "Elle puisa" (verset 20)".
Cela signifie qu'après qu'Eliézer lui eut demandé : "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau" et qu'elle l'abreuva, Rivka lui dit : "Pour tes chameaux aussi je puiserai de l'eau". Elle courut alors vers le puits pour la puiser, et à ce moment-là, l'eau ne monta pas vers elle, mais : "Elle puisa pour tous les chameaux", ce qui veut dire qu'elle le fit elle-même.

=> Pourquoi, en vérité, Hachem ne fit-Il pas à la tsadéket Rivka le même miracle que la première fois, afin de lui épargner d'avoir à puiser de l'eau?

-> Le Kédouchat Lévi répond :
Au début, avant qu'Eliézer ne demande à boire, elle avait l'intention de puiser pour elle-même et non pour accomplir une mitsva (puisqu'il ne lui avait encore rien demandé) ; pour cette raison, elle bénéficia d'un miracle et l'eau monta vers elle afin qu'elle ne soit pas obligée de la puiser.
Cependant, ensuite, elle revint au puits afin de prodiguer du bien aux chameaux ; c'est la raison pour laquelle l'eau ne monta pas, cette fois-ci, jusqu'à elle. Car, au contraire, une mitsva a d'autant plus de valeur qu'elle est accomplie avec peine et effort.

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-> Lorsque les trois anges se trouvèrent chez Avraham, l'un d'entre eux lui dit : "Je reviendrai à toi, comme à présent (kaét 'haya - כעת חיה) ,et ta femme Sara aura un fils" (Vayéra 18,10).
Le Séfer Hapardess (attribué à Rachi) fait remarquer que l'on ne trouve nulle part mentionné qu'un ange revint chez Avraham. Et, dès lors, où voit-on que ses paroles se réalisèrent?

Il répond en expliquant que l'intention de l'ange en disant : "kaét 'haya" (כעת חיה - litt. "comme au moment vivant") était d'annoncer à Avraham qu'il reviendrait à un moment où Its'hak aurait besoin d'une vitalité renouvelée, c'est-à-dire au moment du sacrifice, où l'ange revint pour le sauver.
Et en effet, il est écrit plus loin : "L'ange d'Hachem l'appela du Ciel et lui dit : 'Avraham, Avraham!', et il répondit : 'Me voici' ; et il lui dit : 'Ne porte pas ta main sur le jeune homme et ne lui fais pas le moindre mal!'". Et il s'agissait alors du même ange qui lui avait dit : "Je reviendrai à toi".

Il en résulta finalement que le mérite d'Avraham, qui se sacrifia entièrement pour accueillir ses invités/anges, alors qu'il était faible, 3 jours après sa circoncision et qu’il faisait très chaud, fut celui qui, plus tard, permit de sauver son fils Its'hak.

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-> Le rav Eliémél'h Biderman enseigne :
"Telle est la volonté d'Hachem : si un homme se sacrifie pour accomplir précisément ce qui est difficile pour lui (et chacun sait pertinemment ce qui l’est pour lui) en l'honneur d'Hachem, lui aussi méritera la délivrance et la miséricorde Divine dans le domaine où il en a besoin."

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[ ainsi, il existe une manière 'minimale' de faire une mitsva selon la loi juive, mais nous passons alors à côté de ce que nous pouvons réellement obtenir en l'accomplissant.
En effet, l'essentiel de la valeur d'une mitsva provient de l'effort que nous avons pu investir pour la faire.
(ainsi lorsque c'est dur, ce n'est pas que Hachem ne nous aime pas, que ce n'est pas fait pour nous, ... mais plutôt que Hachem [qui sait ce dont nous sommes réellement capables] nous envoie une occasion d'encore plus se rapprocher de Lui par la mitsva, d'encore plus produire de mérites pour nous, nos proches, tous les juifs, ... et cela pour l'éternité).
On peut y ajouter le fait d'avoir une kavana, de la réaliser avec joie, ...
L'essentiel est d'embellir nos mitsvot dans notre intériorité (ex: joie, intention), et dans une autre mesure de le faire dans sa réalisation extérieure (ex: en ayant une belle table/habit pour Shabbath, ...). ]

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-> "Or Its’hak revenait de visiter la source du Vivant-qui-me-voit" (24,62).

Rabbi Enikh Alexander pose la question : "D'où provient la joie qu’éprouve un homme?"
De "la source du Vivant-qui-me-voit", car lorsqu’une personne est convaincue que Hachem la dirige à chaque instant, que même si elle se trouve, pour l’heure, sur la terre aride et désolée du (désert) du Néguev, démunie de tout, Il la protège, L'observe constamment, ce sentiment lui procure de la joie.

[Le nom ''Its'hak'' suggère la joie puisqu'il a été ainsi nommé, pour donner suite à l'exclamation de Sarah : "Ts'hok Assa Li Elokim" (D. m'a donné une joie - Vayéra 21,6)]

-> Le rabbi d'Alexander explique ce pasouk en disant qu'il est connu qu'une personne qui reconnaît qu'Hachem supervise toujours tout ce qu'elle fait sera naturellement heureuse. Ainsi, le verset dit : "véIts'ha ba". Le bonheur vient à une personne. (Le mot "Its'hak" représente le bonheur et le rire, comme le montre Vayéra 21,6).
D'où vient ce bonheur? De "Bé'er la'haï Ro'i" = une personne atteint cette joie lorsqu'elle reconnaît qu'Hachem la regarde. (Même si une personne "habite dans le pays du Néguev", c'est-à-dire un endroit sec, désertique et désolé, et qu'elle ne possède rien, Hachem la surveille toujours.
Lorsque l'on sait cela, on est heureux. En effet, celui qui sait qu'il est constamment surveillé par Hachem (et sous Sa Providence Divine) sera toujours joyeux.

Etre convaincu que sa subsistance provient d’Hachem

+ Etre convaincu que sa subsistance provient d'Hachem :

"L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux ; on apporta ... et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient" ('Hayé Sarah 24,32)

-> "La toilette des serviteurs des patriarches est plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants" (midrach Béréchit rabba 60,5).

=> Quelle importance cette toilette a-t-elle pour être écrite dans la Torah, et plus encore, pour être considérée comme supérieure à la Torah des fils de nos patriarches?

-> Le Arougot Habossem explique que "les pieds" que l’on cite dans le verset font allusion aux efforts personnels de l'homme pour obtenir sa subsistance (hichtadlout).
Or, si certes, l'homme est tenu et a reçu le commandement de faire une hichtadlout, cependant, il est également tenu parallèlement d’être absolument convaincu que tout ce qu'il reçoit lui vient du Ciel et, en aucune façon, de son hichtadlout. Et de même qu'il existe un concept de "Avak Ribit" (la "poussière" de la défense du prêt à intérêt (cf. guémara Baba Metsia 61b)), ou bien encore de "Avak Lachon Hara" (la "poussière" de médisance (cf. guémara Baba Batra 165a)), il existe également celui de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie [ex: le culte de soi-même, du "moi je/j'ai"]).
"La poussière des pieds" évoquée ici y fait allusion : elle consiste à mettre sa confiance dans son hichtadlout (symbolisée par les "pieds") et à penser que c'est elle qui permet de faire des profits.
C’est oublier qu’elle n'est en fait qu'une condition imposée par le Créateur et que la subsistance elle même provient de "Sa main tendue et grande ouverte".

-> Ceci permet de comprendre pourquoi Avraham dit aux anges : "Prenez, de grâce, un peu d'eau et rincez vos pieds" (Vayéra 18,4).
Rachi explique : "Il pensa qu'ils étaient des commerçants arabes qui se prosternaient à la poussière de leurs pieds", ce qui suggère que ces ''commerçants'' croyaient, certes, en Hachem mais pensaient néanmoins que leur hichtadlout dans leur commerce (symbolisée par les "pieds", comme précédemment) les aidait à subvenir à leurs besoins.
En cela ils transgressaient donc l'interdiction de "Avak Avoda Zara" (la "poussière" d'idolâtrie). C'est pourquoi Avraham les envoya se laver de cette faute pour qu'ils prennent conscience et sachent désormais que tout leur venait du Ciel.

-> Ce fut aussi pour la même raison qu'Eliézer eut besoin "d'un peu d'eau pour rincer ses pieds et ceux des gens qui étaient avec lui" ('Hayé Sarah 24,32) = comme ils venaient, en effet, d'investir leurs efforts afin de trouver un parti pour Its'hak, ils risquaient de penser que c'était grâce à cette hichtadlout qu'ils étaient parvenus à trouver Rivka.
Par conséquent, ils se dépêchèrent de "rincer leurs pieds", afin de rester convaincus que ce n’étaient pas leurs ''pieds'' (leur hichtadlout) qui les avaient fait réussir, mais uniquement Hachem.
=> C'est cette "toilette" que nos Sages qualifient de "plus importante aux yeux de D. que la Torah de leurs enfants'' (midrach Béréchit rabba 60,5).

-> Le Arougot haBossem conclut :
"Tirons de cela une leçon de morale dans tous les domaines du service Divin : si ce n’était l’aide donnée par Hachem, l'homme ne serait même pas en mesure de lever le petit doigt. Dès lors, il n'a aucune raison de s'enorgueillir, car tout vient de Lui!"

Le Arougot Habossem explique, d'après ce qui précède, un verset du prophète : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem, et dont Hachem est l'espoir" (Yirmiyahou 17,2).
Cette apparente répétition vient suggérer que la véritable confiance en D. (bita'hon) consiste à mettre entièrement sa confiance en D. sans penser que son hichtadlout a une part quelconque dans la réussite de ses entreprises.
L'homme doit être persuadé que toutes ses actions, son empressement et ses efforts, ne sont que vains et néants, et que tout n'est que le fruit de la parole Divine. C'est pourquoi le verset précise : "Béni soit l'homme qui espère en Hachem", et ajoute aussi : "et dont Hachem est l'espoir", pour exclure celui qui, tout en ayant confiance en Hachem, compte également sur l'empressement de ses actions.

A l'opposé, il est écrit dans le même chapitre du prophète Yirmiyahou (verset 5) : "Maudit soit l'homme qui place son espoir dans un être humain" = cela ne signifie pas seulement un autre être humain, mais inclut aussi l'homme lui-même, celui qui croit dans sa propre force et dans l'œuvre de ses mains, en pensant qu'ils sont la source des bienfaits et de la bénédiction dont il jouit, et qui ignore que tout provient du Hachem.

-> Cette explication rejoint celle du Malbim au sujet de la suite du même verset : "et qui prend pour appui un être de chair " (Yirmiyahou 17,5) = cela évoque celui qui pense que c'est la force "naturelle" du corps qui met sa chair en mouvement, et qui ne se rend pas compte que même les mouvements de sa propre chair ne sont possibles que grâce à la volonté d'Hachem.
Un tel homme ne peut donc voir aucun signe de bénédiction dans ses entreprises.

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-> "Hachem se montra favorable à Hével, mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable" (Béréchit 4,5).

Le 'Hafets 'Haïm explique que Caïn (קַיִן) porte ce nom parce que Eve s'exclama (à sa naissance) : "J'ai (pro)créé (kaniti - קָנִיתִי) un homme [conjointement] avec Hachem" (Béréchit 4,1), ce qui suggère qu'elle créa Caïn avec Hachem et qu'elle fut même son associée dans cette entreprise. C’est pour cette raison que la réussite ne lui sourit pas.
En revanche, le nom "Hével" se réfère au fait de considérer les choses de ce monde comme vaines ("ével avalim" : "vanité des vanités"), autrement dit de prendre conscience qu'il n'y a pas lieu de s'enorgueillir (puisque tout dépend d'Hachem). Ce fut pour cela qu'Hachem le choisit.

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-> Le 'Hazon Ich dit :
"il faut savoir qu'en ce qui concerne la subsistance, ce qui inclut l'argent destiné aux yéchivot, tout a déjà été fixé à Roch Hachana. Seulement, dans la mesure où Hachem nous a donné un devoir d'hichtadlout, celui qui le négligerait pourrait se le voir reproché.
Néanmoins, il semble qu'à propos d'une telle hichtadlout, le Ciel n’aurait rien à reprocher si on s'en s'abstenait".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente ces paroles :
cela signifie que, même si l'homme est tenu d'agir pour obtenir sa subsistance, il est cependant évident que ce ne doit pas être au détriment de la qualité de ses relations avec autrui, ou sur le compte d'un cours régulier de Torah, ou de la prière avec un Minyan, écourtée pour les besoins de la cause.

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-> b'h, également sur la notion de hichtadlout : https://todahm.com/2019/10/02/10637-2

Eliézer, le serviteur d’Avraham

+++ Eliézer, le serviteur d'Avraham :

"Il [Eliézer] dit : je suis le serviteur d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

-> Lorsque Loth et Avraham se séparèrent, Avraham nomma Eliézer administrateur sur tous ses biens et ses serviteurs.
Eliézer était le fils de Nimrot, fils de Kouch frère de Canaan, fils de 'Ham, fils de Noa'h.
Quand Avraham sortit vivant de l'épreuve de la fournaise ardente, Nimrod lui donna son fils Eliézer comme serviteur.
[comme l'a fait Pharaon en donnant comme esclave sa fille Hagar, comme il est écrit : "Mieux vaut pour ma fille être servante dans la maison d'Avraham que princesse dans une autre maison" (midrach Béréchit rabba 45,2).]

Cependant Eliézer était le descendant d'un peuple maudit, c'est la raison pour laquelle Avraham refusa catégoriquement d'unir la fille d'Eliézer avec son fils Its'hak comme il lui dit : "Mon fils est béni et tu es maudit ; le maudit ne s'unit pas avec le béni" (Rachi - 'Hayé Sarah 24,39).

=> Pourtant, lorsqu'Eliezer se rendit chez Lavan, celui-ci l'accueillit et lui dit : "Viens béni de d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31)?
Comment Lavan pouvait-il appeler Eliezer " béni d'Hachem" , alors qu'il portait sur lui le témoignage de la malédiction?

-> En effet, il est à noter que :
A l'époque il était su que toute personne ayant une couleur de peau noire était forcément un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père Noa'h. [midrach haGadol 19,8]
Le guémara (Sanhédrin 108a) nous enseigne : "Ils sont trois à avoir enfreint l'ordre d'Hachem de se séparer de leur compagne durant tout le séjour dans l'arche : le chien, le corbeau et 'Ham le fils de Noa'h. Pour cette action perpétrée dans le noir, 'Ham fut puni mesure pour mesure. Il sortit de l'arche la peau noire et tous ses descendants resteront à jamais avec la peau noire."

-> Le rav Beniahou explique que dans les mondes supérieurs, la décision fut prise qu'Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, soit accepté au sein du peuple élu à la condition qu'il serve Avraham notre patriarche fidèlement et avec foi.
Lorsqu'il arriva chez Lavan afin de prendre Rivka d'après les instructions de son maître, Lavan lui dit : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ?
Nous apprenons qu'il retira tous les objets de culte d'idolâtrie, car Lavan était très riche et avait une grande maison qui disposait d'une pièce entièrement consacrée à cet effet. Il élimina toute trace d'idolâtrie en l'honneur d'Eliezer qui était un très grand juste.
Cette étape entraîna la réparation le "tikoun" (réparation) d'Eliezer. Ce n'est pas anodin si Eliezer qui avait la peau noire, rencontra Lavan, qui signifie littéralement "blanc". Car à ce moment-là, la peau d'Eliezer devint blanche.

[Des sages enseigne qu'un ange est venu et a mis ces paroles dans la bouche de Lavan.
Certains avis soutiennent qu'avant de s'appeler Lavan, son nom était Kouchan Réchatim, il fut appelé Lavan après sa rencontre avec Eliezer qui est devenu blanc.
D'autres avis soutiennent que son nom était Bilam avant de devenir Lavan après sa rencontre avec Eliezer. ]

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=> Si Eliezer, fidèle serviteur d'Avraham, fut accepté parmi le peuple élu de D., comment cela se traduisit-il concrètement?

-> Le Arizal explique qu'Eliezer se réincarnera en Kalev ben Yéfouné, l'un des 12 explorateurs envoyés par Moché en terre d'Israël. Lors de sa venue en Israël, kalev ben Yéfouné se précipita à 'Hebron pour prier au caveau de Makhpela et supplier "son maître" Avraham de ne pas tomber dans la faute avec les autres explorateurs.

Avant la naissance d'Itshak, Avraham parla à D. en disant : "Que me donneras-Tu alors que je m'en vais sans postérité et que l'intendant de ma maison est Eliezer de Damas? ... Tu ne m'as pas donné de descendance ; et voici celui qui est né dans ma maison héritera de moi" (Lé'h Lé'ha 15,2-3).
Avraham vit par prophétie qu'Eliezer son fidèle serviteur se réincarnerait quelques générations plus tard en Kalev ben Yéfouné qui héritera de 'Hebron. Et c'est ce que comprit aussi Lavan lorsqu'il parla à Eliezer en ces termes : "Viens béni d'Hachem! Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison".

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+ b'h, quelques autres enseignements au sujet d'Eliezer :

-> Le Pardes Yossef donne l'enseignement suivant :
"Selon le Pirké déRabbi Eliézer et le midrach Yalkout Chimoni, Eliézer le fidèle serviteur d'Avraham, n'était autre que le géant Og, qui est devenu par la suite le roi de Bachan (Og mélé'h aBachan).
D'après le Rachbam, il était tellement grand, qu'il avait besoin d'un lit spécial fait de fer afin de pouvoir supporter sa taille et son poids incroyables.

On comprend mieux pourquoi Eliézer a demandé à Rivka : "Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous, afin de passer la nuit?" ('Hayé Sarah 24,23).
En effet, il était si immense, qu'il n'était pas certain de pouvoir rentrer dans la maison.
Mais il a été rassuré, lorsque Lavan lui a dit : "Pourquoi te tiens-tu dehors alors que j'ai débarrassé la maison" ('Hayé Sarah 24,31) = maintenant qu'elle est vide, il y a de la place pour toi! "

[selon Rachi : J’ai nettoyé la maison = De toute idole]

-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,67) écrit :
En récompense pour l’accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d’esclave.
[D’après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its’hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis.

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-> On l'appelait Daméssek Eliézer car il était "dolé ou machké mi Torat rabo" : il puisait et abreuvait les autres de la Torah d'Avraham.
La guémara (Yoma 28b) dit même qu'il était à la tête de la yéchiva (roch yéchiva) dans la maison d'étude d'Avraham.

-> L'expression : "qui était maître de tout ce qui lui appartenait" ('Hayé Sarah 24,2), signifie qu'Eliézer, comme son maître Avraham, dominait entièrement son mauvais penchant.
[midrach Béréchit rabba 59,8]

-> Eliézer, jusqu'à ce jour, monte la garde à l'entrée de la caverne de Makhpéla.
[guémara Baba Batra 58a]

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 75a) nous enseignent que pour 3 personnes la terre s'est rétrécie : Eliézer le serviteur d'Avraham, Yaakov notre Patriarche, et Avichaï ben Tsarouya.
D'après le midrach Tan'houma, les explorateurs ont également bénéficié de ce miracle puisqu'Hachem allait les punir à raison d'un jour par année, Il a donc abrégé leur voyage.

Rachi ('Hayé Sarah 24,42) affirme que la terre s'est rétractée pour Eliézer.
De son côté, le midrach (Yalkout Chimoni) nous apprend qu'au lieu de 17 jours de trajet en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage d'Eliézer n'aura duré que 3 heures.

-> Eliézer est l'un des [très] rares individus qui n'est pas mort, mais qui est entré vivant au Gan Eden.
[voir Kalla rabbati chap.3 ; et Déré'h Erets chap.1 de Séder Nézikin]

-> Il est écrit dans le Déré'h Erets Zouta :
10 Justes sont entrés vivants au gan Eden : 'Hanokh, Eliézer le serviteur d'Avraham, Séra'h la fille d'Acher, Batia la fille de Pharaon, le prophète Eliyahou, Eved le roi de Kouch, Hiram le roi de Tyr, Rabbi Yéhochoua ben Lévi, Yavets le fils de Rabbi Yéhouda haNassi, le machia'h.

-> Le Ram'hal enseigne :
"Bien que la purification du corps par l'âme soit l'essentiel de la vie dans ce monde ici-bas ... à cause de la faute d'Adam, toute créature doit passer par l'étape de la mort. [il n'y a aucune possibilité pour une âme de se purifier totalement en ce monde de la faute d'Adam, sans passer par la mort] ...
Si ce n'était à cause de la faute d'Adam, l'âme aurait pu assainir le corps d'une façon complète, au point que l'homme aurait pu entrer vivant dans le monde futur, comme Eliyahou haNavi et 'Hanokh l'ont fait en montant vivants au gan Eden."

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Il est écrit au sujet de 3 personnes, qu'ils avaient un visage ressemblant à celui de Avraham :
- pour Lot (Rachi - Lé'h Lé'ha 13,8) ;
- pour Its'hak (Rachi - Toldot 25,9) ;
- pour Eliézer (midrach Béréchit rabba 60,7). D'ailleurs, c'est pour cela qu'à son arrivée dans la maison de Bétouel et de Lavan, au début, ils pensaient à tort que c'était Avraham.

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+ "Il [Eliezer] dit : Je suis l'esclave d'Avraham" ('Hayé Sarah 24,34)

La Torah rapporte que quand Eliezer s'est assis avec la famille de Rivka pour leur expliquer le but de sa mission, la première parole qu'il tient à dire c'est : "Je suis l'esclave d'Avraham". Comme s'il était impatient de dire cela au point de ne rien pouvoir dire avant.
=> Cela peut paraître un peu étonnant. Ce n'est pas tellement habituel qu'un homme tienne tellement à dire qu'il est un esclave. Cela ne le met pas à son avantage!

-> Rabbi 'Haïm Chmoulevitch rapporte que le midrach enseigne que Eliezer ressemblait physiquement à Avraham. Quand Lavan le vit, il a cru qu'il s'agissait d'Avraham qu'il connaissait puisqu'il était de sa famille.
C'est pour cela qu'il lui dit : "Viens, toi qui est béni d'Hachem", en pensant qu'il parlait à Avraham.
Eliezer, qui avait compris cela, tenait le plus rapidement possible à corriger cette erreur. Et dès que l'occasion de parler lui fut donnée, il s'empressa de préciser qu'il était l'esclave d'Avraham, et pas Avraham lui-même.
Et même si ce n'est pas lui qui a fait croire cette erreur et qu'il n'était pas en faute, malgré tout, le fait que la famille de Rivka puisse penser qu'ils avaient affaire à Avraham, lui conférait un certain honneur, car ils avaient du respect pour Avraham. Et pour Eliezer, il n'était pas possible de profiter d'un honneur illusoire, qui venait d'une erreur. Et il saisit la première occasion pour corriger cela et rétablir la réalité, qu'en fait cet honneur ne lui revient pas.

Parfois, on peut se retrouver face à une situation où quelqu'un nous honore, nous félicite ou nous fait une louange qui n'est pas justifiée. Il commet une erreur pensant que l'on a fait quelque chose qui mérite une louange, mais il s'est trompé.
Non seulement, il ne convient pas de profiter de cette satisfaction illusoire, qui ne nous revient pas, car cela nous égare dans un comportement qui nourrit de l'imaginaire et cela éloigne de la réalité.
Mais Eliezer nous apprend qu'il convient même de s'empresser de corriger cet erreur à la première occasion qui nous est donnée, pour ne pas en tirer profit même pendant une certaine durée.

=> L'homme doit s'éloigner de la recherche des honneurs, encore plus si elles sont illusoires. Il est plus constructif de s'attacher aux vraies valeurs qui nous remplissent profondément, plutôt que de se laisser séduire par des éloges et des paroles mielleuses qui nous bercent d'illusions et ne nous remplissent que de vide.

"Avraham se leva de sur la face de son mort" (vayakom Avraham méal péné méto - 'Hayé Sarah 23,3)

=> A priori le terme : "la face" (péné - פני) est en trop, car il suffirait d'écrire : "Avraham se leva de son mort". Que vient nous apprendre l'ajout du mot : פני (la face)?

-> Le rav Yonathan Eibschutz (dans son Tiférét Yonatan) répond :
il est expliqué dans le Zohar, que tous les tsadikim qui sont enterrés au caveau de Makhpelah quittèrent ce monde par une "néchika" (un baiser de D.), et non par l'intervention de l'ange de la morts.
[la guémara (Béra'hot 8a) explique que la mort par baiser divin est comparable à un cheveun délicatement enlevé d'un bol de lait.
la guémara (Baba Batra 17b) enseigne que les âmes d'Avraham, Its'hak, de Yaakov, Aharon, Myriam et Moché furent toutes prises par le baiser divin de la néchika. (+ les ajouts selon le rav Eibschutz). La particularité est que c'est Hachem lui-même plutôt que l'ange de la mort qui prend l'âme.]

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=> Puisqu'Avraham enterra Sarah dans le caveau de Makhpelah, il devait forcément savoir que son épouse avait quitté ce monde par un baiser divin.
Comment Avraham a-t-il su que Sarah mourut par un baiser divin et non par l'intermédiaire de l'ange de la mort?

Il est écrit dans le guémara (Avoda Zara 20b) :
"Les Sages dirent à propos de l'ange de la mort qu'il est entièrement couvert de yeux. [ce qui signifie qu'il voit partout, en tout temps, d'un bout à l'autre du monde, contrairement aux êtres humains auxquels il suffit de fermer les yeux pour qu'ils ne puissent plus voir]
Au moment où le malade doit mourir, l'ange de la mort se tient debout au-dessus de sa tête. Ce dernier tient dans sa main une épée à l'extrémité de laquelle une goutte de poison est suspendue.
Lorsque le malade voit l'ange de la mort, apeuré, il ouvre la bouche et y reçoit la goutte de poison, ce qui le fait mourir.
Le poison va le putréfier et sa face va devenir verdâtre."

Avraham scruta "sa face" (פני) après son décès et il vit que son visage rosé rayonnait, comme si elle était encore en vie. Il comprit alors que Sarah avait quitté ce monde par un baiser divin et non par l'ange de la mort.
C'est là le sens du verset : "Avraham se leva de sur la face (פני) de son mort" = c'est précisément en observant le visage de Sarah, qu'il comprit comment elle avait rendu son âme et qu'elle pouvait donc être enterrée dans le caveau de Makhpelah.

De plus, les Commentateurs ajoutent sur le verset : "Et Sarah mourut à Kyriat Arba" : Ne lis pas "Kyriat Arba" (בקרית ארבע) mais plutôt "Kriat Arba" (בקריאת ארבע) qui signifie littéralement "avec la lecture des quatre".
En effet, Sarah notre matriarche rendit son âme en récitant les 4 derniers mots du Shéma Israël : "Hachem est notre D., Hachem est Un" (Hachem Elokénou, Hachem é'had).

Comme le dit le Zohar, Sarah mourut en lisant le Shéma Israël, car cette femme, pieuse et vertueuse, ne pouvait mourir par l'intermédiaire du serpent, l'ange de la mort. Son âme la quitta lors de la récitation des 4 derniers mots du Chema.
C'est cela qu'on appelle : "La mort par le baiser divin", comme il est écrit : "Mon âme me quitta par ta parole" (Chir Hachirim 5,6).
C'est par l'authenticité de l'adhésion de son âme à son Créateur que cette dernière la quitta.
[d'après le rav Pin'has Friedman]

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-> "Avraham se leva de devant son mort et il parla au fils de 'Het" ('Hayé Sarah 23,3)

-> Il y a un avis selon lequel la 10e épreuve que devait surmonter Avraham était sa discussion avec les fils de 'Het pour acheter la grotte de Makhpela pour y enterrer Sarah.
Mais on peut s'interroger. Tout d'abord, en quoi est-ce une épreuve de devoir discuter pour l'achat d'un terrain? Toute personne est régulièrement confronté à une telle situation où il doit acheter un terrain. Mais surtout, il est étonnant que cette épreuve vienne après le sacrifice d'Its'hak qui était bien plus difficile. On a du mal à comprendre l’enchaînement logique des épreuves.

En fait, lors de l'épreuve de la Akéda, Avraham devait montrer à Hachem son amour pour Lui, encore plus fort que pour son fils. Ainsi, il a connu lors de cette épreuve un moment d'élévation d'âme d'un très grand niveau. Il était prêt à tout pour démontrer son amour pour Hachem et il s'est attaché à Lui dans son cœur et ses sentiments, pour ressentir un détachement de tout le reste pour se consacrer exclusivement au Divin. Et effectivement, ce sentiment d'extase est très élevé.
Mais Hachem n'attend pas de l'homme uniquement cela. Il y a encore un niveau plus haut. C'est de pouvoir, juste après avoir connu un moment d'une si grande élévation spirituelle, redescendre sur terre et discuter de façon très terre à terre pour négocier l'achat d'un terrain.
La Torah ne veut pas que le Service de D. déconnecte l'homme de la réalité du monde concret et de ses obligations les plus basiques. Dans d'autres religions, on peut prôner le détachement total de la matérialité, pour une vie d’ascétisme et de fascination devant le spirituel. Mais, Hachem a placé notre âme dans un corps et dans un monde matériel, avec des besoins vitaux physiques. Car Il souhaite qu'on arrive à réunir les deux.
Certes, s'élever dans des sentiments d'amour et d'extase spirituels, mais en même temps, prendre en compte les contingences du corps et du monde, et mener une vie conforme à tout cela. C'est souvent ce que certains reprochent au judaïsme. Il y a trop d'exigence d'actes et de concret. On aimerait bien plus de sentiments et de fascination. Mais la Torah cherche à atteindre la perfection. A savoir, faire descendre les sentiments les plus élevés dans des actes et une vie des plus concrets. Car le but n'est pas uniquement l'élévation de son âme, mais aussi l'élévation de son corps et du monde matériel tout entier.
C'est ce que Avraham a su démontrer. Après l'élévation de la Akeda, il a su redescendre dans les affaires de ce monde et discuter de l'achat d'un terrain. Telle est la perfection que demande la Torah, mais si cela peut paraître pour certains moins exaltant. Mais la Torah n'est pas une religion forgée par l'homme, conforme à ce que lui recherche et ce qui le fascine le plus. C'est une Torah Divine, donnant à l'homme le moyen d'atteindre la perfection voulue par Hachem.
[rav Mikaël Mouyal]

Humilité & grâce :

-> "Grâce et gloire sont octroyées par Hachem" ('hen vé'havod yiten Hachem - Téhilim 84,12)

-> "Je ferai grâce à qui je devrai faire grâce" (vé'hanoti ét acher a'hon - Ki Tissa 33,19)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni 395) affirme :
"même si une personne n'est pas méritante, elle peut recevoir [la grâce - 'hèn] comme cadeau d'Hachem" (af chééno raouï véaguoun).

=> Comment pouvons-nous recevoir la grâce ('hèn) en cadeau?

-> Il est écrit : "aux humbles, Il accorde la grâce" (laanavim yitèn 'hen [חֵן] -Michlé 3,34).

-> "Moché était très humble, plus qu'aucun homme se trouvant sur la terre" (Béha'aloté'ha 12,3)
Or, Hachem a dit à Moché qu'Il lui accordera toutes ses demandes "car tu as trouvé grâce à Mes yeux [Hachem]" (ki matsati 'hen bééné'ha - Ki Tissa 33,16).

=> L'humilité signifie être certain que tout ce que nous avons (talents, apparence, argent, ...) est un cadeau d'Hachem pour lequel nous ne pouvons réclamer du crédit ou attendre de l'honneur. [au contraire on va être responsable de l'utilisation des ressources que D. nous a confiés]
[l'humilité = avoir conscience de ce que nous avons, reconnaître que cela vient gracieusement de D., et utiliser tout cela au mieux selon la volonté d'Hachem]
Le plus nous sommes persuadés de cela, le plus nous serons humbles, et le plus de : 'hen [חֵן - "grâce"] nous aurons.

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-> On a vu l'exemple de Moché, on va voir maintenant celui de Noa'h.

-> Hachem a demandé à Avraham "marche devant Moi et sois intègre (tamim)" (Lé'h Lé'ha 17,1).
La guémara (Nédarim 32) enseigne que Avraham n'a été appelé "tamim" qu'après avoir fait sa circoncision.
Cependant, il est écrit : "Noa'h était un homme juste, intègre (tamim)" (Noa'h 6,9).
Comment a-t-il pu être appelé ainsi, sachant que la brit mila a commencé avec Avraham?

Rachi (guémara Avoda Zara 6a) explique que c'est parce que Noa'h était humble, qu'il a également été qualifié de : "tamim".
Hachem dit : "Moi et lui [celui qui est arrogant] ne peuvent pas résider dans le même monde" [guémara Sotah 5a]
=> Ainsi, si une personne est humble, alors elle mérite de toujours évoluer avec Hachem à ses côtés.
[le תוספות אמרות טהורות]

-> La guémara (Sanhédrin 108a) commente qu'à l'origine il a été décrété que Noa'h devait mourir avec dans le Déluge avec ses contemporains, mais il en a été épargné car, comme le relate la Torah : "il a trouvé grâce aux yeux d'Hachem" (Noa'h matsa 'hen bééné Hachem - Noa'h 6,8).

=> On voit de là que quelqu'un peut ne pas mériter d'être sauvé [d'un malheur], mais néanmoins du Ciel on peut l'en sauver en raison du fait qu'il a de la "grâce" ('hen).
[ainsi, plus nous sommes humbles, plus nous sommes "grâcieux" aux yeux d'Hachem, et plus nous sommes préservés de difficultés.]

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-> Plus l'homme se diminue lui-même [en étant humble], plus il possède une force d'attraction importante, autrement dit il peut attirer la Présence Divine dans les mondes inférieurs, afin qu'Il réside avec nous, ce qui est la volonté de D. depuis le jour où Il créa le monde ; mais il peut aussi attirer les gens vers lui, pour les rapprocher de Son service ; également drainer des influx bénéfiques et des bénéfiques sur Israël.
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan - Torah 70]

-> à l'inverse : "L’orgueilleux repousse les pieds de la Présence Divine.
Hachem dit à son sujet : Moi et lui, nous ne pouvons demeurer ensemble!" (guémara Sotah 4b).

-> Par l'humilité, l'individu trouvera grâce aux yeux de tous ...
Par la charité (tsédaka), l'individu trouvera grâce aux yeux de tous.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - 'hen]

-> Hachem dit : "Des yeux hautains et un cœur enflé d’orgueil, Je ne puis les supporter" (Téhilim 101,5).
Le Rambam (Hilkhot Déot 2,3) enseigne que l'orgueilleux refuse d'admettre l'existence de Hachem.

-> "L’homme orgueilleux est livré à son cœur, car du fait que Hachem le tient en horreur, il ne bénéficie d’aucune aide divine."
[Rabbénou Yona - michlé 16,5]

-> Selon le Ma'ané Rakh (chap.14), une personne en colère : sa sainteté l'a abandonné, et il n'est plus soumis qu'à l'esprit d'impureté qui le domine.
[la guémara (Nédarim 22b) enseigne qu'au moment d'une colère, toutes les pensées d'une personne sont : "Il n'y a pas d'Hachem".]

-> Celui qui médit de son prochain écarte la Présence Divine d'Israël et lui fait dire : "Moi et lui ne pouvons vivre dans le même monde".
[Méam Loez - Tétsavé 28,39]