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"Et vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4)

-> Dans Son immense bonté pour nous, D. nous a donné la Torah et les commandements afin que notre cœur s'attache à Lui.
Comme la flamme est reliée à la mèche d'une lampe, Hachem s'attache à nous à la mesure de notre attachement à Lui.
Un verset dit : "Comme une ceinture attachée aux reins d'un homme, Je suis lié à vous" (Yirmiyahou 13).

"Vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D" : Pourquoi la Torah ajoute-t-elle "votre D."?
Car lorsque nous nous attachons à D., Il devient "notre D." et s'attache à nous en retour.

Bien que D. soit appelé un feu dévorant, quiconque s'attache à Lui voit ses jours se prolonger. Evidemment, un homme ne peut pas trop s'approcher d'un feu mais si une personne se lie à la Présence Divine, D. lui donne la vie, comme il est écrit : "Vous qui êtes attachés à Hachem votre D. êtes tous en vie aujourd'hui".
La Torah nous garantit non seulement la vie dans dans ce monde-ci mais aussi la vie après la résurrection. Ce verset nous promet que les personnes attachées à D. se lèveront à la résurrection.
"Vous êtes tous en vie aujourd'hui" = même lorsque le reste du monde sera mort, vous resterez aussi vivants que vous l'êtes aujourd'hui.

Lorsque les juifs restent fidèles au D. vivant , ils sont vivants pour toujours, mesure pour mesure. Ceux qui se sont accrochés à Baal Péor ont été anéantis mais ceux qui sont restés fidèles à D. vivent dans ce monde et dans le prochain ...

Lorsque Nabuchodonosor a jeté 'Hanania, Michaël et Azaria dans la fournaise ardente (Daniel 3,27), leurs vêtements également sont restés intacts car ils étaient portés par ces tsadikim.
De la même façon, quiconque s'attache à D. se lèvera à la résurrection.

Ce fut aussi le cas des bœufs que les princes ont offert lors de l'inauguration de l'autel (Bamidbar 7).
Ces bêtes ont vécu jusqu'à l'époque de Salomon parce qu'elles étaient liées à la sainteté du Tabernacle. Elles ont vécu 480 ans, jusqu'à ce que le roi Salomon les sacrifice à l'inauguration du Temple.
S'il en est ainsi d'animaux, à plus forte raison de la personne qui s'attache à Hachem.
[...]

"Et vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" = les juifs [directement] sont liés à Hachem et non à un ange comme le sont les autres nations.
[...]

"Et vous (véatem - וְאַתֶּם), qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui"
Le mot : "atem" (vous - אַתֶּם) est composé des mêmes lettres que le mot : "émet" (vérité - אמת) : avec le mot "émet" (vérité), vous êtes attachés à Hachem votre D. et cela nourrit les 248 membres de votre corps.
[...]

"Vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D." : nos Sages enseignent que seuls ceux qui font profiter les érudits [en Torah] de leurs biens connaîtront les bienfaits et les promesses de l'avenir du peuple juif annoncées par nos prophètes.
Faire un cadeau à un érudit, c'est comme offrir un présent à la Présence Divine ou offrir le sacrifice quotidien au Temple (korban tamid). Comme le sacrifice tamid faisait expiation pour les fautes, l'érudit fait expiation pour ceux qui ont fauté.

Si un homme est avare et ne partage pas sa richesse avec les érudits, ses yeux s'empliront de fumée au monde futur. Il ne connaîtra pas la réussite dans ses entreprises.
De là nous déduisons que toute personne faisant profiter un érudit de ses biens mérite la réussite et la bénédiction ...
Toute personne qui soutient financièrement un érudit de la Torah mérite la richesse et le bien dans ce monde ; de plus, sa table est dressée au monde futur.
[en donnant aux érudits en Torah, on se lie à D., et alors "vous êtes tous vivants aujourd'hui" (dans ce monde et dans le monde à venir!).]

"Le don d'un homme lui ouvre un accès facile" (Michlé 18,16). Nos Sages (midrach rabba Réé 4) expliquent que si un homme désire vraiment donner, alors D. lui ouvre les portes pour le lui permettre.
[...]

Comme le Shabbath et les fêtes sont saints, les érudits sont appelés saints et sanctifiés. Si un homme transgresse le Shabbath, s'il dénigre un érudit de la Torah ou l'utilise, il mérite la mort, en particulier si l'érudit a étudié le Talmud et rend des décisions halakhiques.
Puisque ces hommes sont très honorables, quiconque se sert d'eux est sévèrement puni ...

Hachem sauvera de tout malheur toute personne qui veille à [soutenir les érudits en Torah] ; l'attribut de justice ne lui portera pas atteinte. Lorsqu'elle quittera ce monde, non seulement le Satan ne pourra pas la tuer de façon douloureuse mais elle aura un bénéfice supplémentaire : si elle était ignorante, dans le monde futur on lui enseignera la Torah.
[Méam Loez - Vaét'hanan 3,23 ; 4,5]

"Moché désigna alors 3 villes à l'est du Jourdain, au levant, pour servir de refuge au meurtrier qui tue son prochain sans préméditation et sans haine. Il pourra se réfugier dans l'une de ces villes et survivre" (Vaét'hanan 4,41-42)

-> La Torah emploie l'expression : "au levant" pour indiquer qu'il faut éclairer les routes d'accès aux villes de refuge au meurtrier involontaire. Il faut que les directions soient aussi clairement indiquées que le soleil éclaire les hommes et leur permet de trouver leur chemin.
On disposait donc à chaque intersection des poteaux indicateurs en direction des villes de refuge portant l'inscription : "miklat" (refuge).
Ainsi, le meurtrier trouvait-il la route à suivre sans se perdre.

De plus, le tribunal rabbinique avait l'obligation d'élargir les routes et de les maintenir en état. Il fallait les débarrasser de leurs ornières et les aplanir. Si la route passait au-dessus d'une rivière ou d'un lac, on construisait un pont pour que le meurtrier involontaire puisse les traverser rapidement sans être retardé ni tué par le vengeur de sang. On aménageait des routes de 32 coudées de large.
Deux érudits accompagnaient le fugitif afin que le vengeur de sang ne puisse le tuer en route. S'ils rencontraient le vengeur de sang, ils lui disaient : "Ne l'abats pas du fait qu'il a tué [ton parent] involontairement".

Chaque année, le 15 Adar, les tribunaux envoyaient des ouvriers réparer les routes endommagées pendant l'hiver. Si le tribunal néglige de faire réparer les routes et qu'un vengeur de sang tue un fugitif, la Torah considère le tribunal comme coupable. En effet, le mauvais état des routes a permis au vengeur de sang de tuer le meurtrier involontaire.

Voilà pourquoi la Torah dit : "Il pourra se réfugier dans l'un de ces villes et survivre". Nous savons bien que sa fuite dans la ville de refuge a pour but de sauver sa vie, mais la Torah suggère que le tribunal a l'obligation de faire en sorte que le meurtrier puisse survivre dans ces villes.
Elles ne devaient pas être trop grandes : comme un grand nombre de gens y circulent, un vengeur de sang pourrait y pénétrer pour le tuer.
D'autre part, elles ne devaient pas être trop petites pour que le fugitif puisse y trouver un gagne-pain. Elles étaient donc de taille moyenne.

On établissait ces villes dans un endroit irrigué pourvu de marchés afin qu'on puisse y acheter de la nourriture. S'il n'y avait pas d'eau, il fallait prévoir des tuyaux d'irrigation pour apporter l'eau des rivières. La ville de refuge devait aussi être située à proximité d'autres villes.

Elle devait avoir une population assez importante pour que les vengeurs de sang ne puissent entrer en force dans la ville, maîtriser ses habitants et tuer le meurtrier involontaire. Aussi, si la population d'une ville de refuge diminuait, le tribunal devait l'accroître.

Selon certains Sages, il était interdit de vendre des armes dans ces villes pour qu'un vengeur de sang ne pût pas en acheter et tuer le meurtrier.

En règle générale, il fallait aménager ces villes de façon à ce que le meurtrier involontaire puisse vivre en paix et en sécurité.
L'expression : "et survivre" implique la responsabilité du tribunal de faire en sorte que le meurtrier puisse vivre dans la ville de refuge ...

Si un sage tue un homme involontairement, sa yéchiva est exilée avec lui afin qu'il puisse continuer à enseigner la Torah à ses disciples.

Si un meurtrier involontaire meurt avant d'avoir été exilé dans une ville de refuge, ses ossements y sont emportés. S'il meurt dans la ville de refuge, on l'enterre sur place puis à la mort du Cohen Gadol, on déterre ses ossements et on les transfère dans le cimetière familial.
[Méam Loez]

"Et Je voilerais Ma face ce jour-là, à cause de tout le mal qu’il a fait" (Vayélé'h 31,18)

=> Comment est-il possible qu’Hachem nous voile Sa face?

1°/ Le Baal Chem Tov répond par la parabole suivante :
Un jour, un roi voulut se cacher dans son palais, sans que personne ne puisse deviner sa présence. Par de la prestidigitation, il fit apparaître différentes choses à ses enfants tout autour de son palais. On y aperçut des murs de feu, des fleuves, le tout seulement par de la magie. Ceux qui étaient intelligents parmi les enfants du roi se demandèrent : "Comment mon père qui est si sensible peut-il refuser de se montrer à ses enfants?! Il est certain que ceci n’est que de l’effet d’optique dans le seul but de nous tester afin de déterminer notre force et notre volonté à le rejoindre!!"
En effet, les enfants purent se rendre compte qu’il n’y avait aucun obstacle, mais seulement de l’apparence, et lorsqu’ils franchirent le fleuve, celui-ci disparut, et de même pour tous les autres obstacles.
=> Il en est de même pour Hachem ; Il se cache afin de voir notre désir de se rapprocher de Lui, mais en réalité, Il reste totalement proche de nous, et il nous suffit de s’efforcer à nous rapprocher de Lui pour constater que la démarche n’est pas si compliquée!

Un jour, Rabbi Barou'h de Mézibou'h était dans son bureau en train d’étudier, lorsque son petit-fils entra dans la pièce en pleurant. Son grand-père lui demanda : "Pourquoi pleures-tu?" L’enfant répondit : "Je jouais à cache-cache avec mes camarades, et selon les règles du jeu, je dois me cacher afin que mes camarades me cherchent et me trouvent, mais voilà des heures que je suis caché et ils m’ont tous abandonné, aucun ne cherche après moi!!"
Lorsque Rabbi Baroukh entendit les paroles de son petit-fils, il éclata lui aussi en sanglots : "Hachem Lui aussi pleure dans Sa cachette et se lamente : Pourquoi personne ne Me cherche-t-il? Il est effectivement écrit : 'Et Je voilerais Ma face ce jour-là'. Pourquoi se cache-t-Il de nous si ce n’est dans le but que nous cherchions après Lui?! Comme il est écrit: ‘De là-bas vous chercherez Hachem ton D. et tu Le trouveras, car tu L’as réclamé de tout ton coeur et de toute ton âme.’
Hachem dit : ‘Si vous Me cherchez, vous Me trouverez, mais personne ne Me cherche!!' "

2°/ La dissimulation de la face de D. était déjà mentionnée au verset précédant (17) : "Ma colère s’enflammera en ce jour, et Je leur déroberai Ma face et les laisserai souffrir". C’est que D. parlait alors comme un père qui aime tendrement son fils. Quand il ne peut supporter la souffrance de son enfant, Il se couvre le visage afin de ne pas le voir. Il se dit : "Ils admettront alors : 'C’est parce que la Chékhina nous a quittés (à cause de nos pêchés) que ce mal nous a frappés'. Cette pensée fugitive de repentir ne Me contraindra pas à les racheter. Je cacherai plus encore Ma face, comme si Je ne remarquais pas leur souffrance, et J’attendrai leur parfait repentir pour les délivrer de leurs tourments. Ils feront l’expérience de la destruction de leurs Temples et devront supporter l’Exil."
[d'après le midrach]

3°/ "Et Je (Anokhi - אָנֹכִי) voilerais Ma face" = même au cours des périodes où la Présence divine sera la plus cachée, on pourra malgré tout trouver le "Je" (Anokhi = l’Essence de D.).
C’est une promesse que D. nous a fait, d’être auprès de nous dans la dissimulation la plus épaisse et la plus sombre.
[Baal Chem Tov]

4°/ Si nous savons que D. dissimule Sa face, ce n’est plus vraiment une dissimulation et le malheur n’est plus si grave puisque, à ce moment-là, nous nous soumettons et nous nous repentons. Mais la situation devient vraiment mauvaise lorsque cette dissimulation est elle-même cachée, quand on ne sait pas que D. cache Sa face. Lorsqu’on croit que tout est dû au hasard, on ne pense même pas qu’il faille faire Téchouva.
Tel est le sens de la répétition: "Aster Astir Panaï" (הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי - cacher, Je cacherai Ma face) = Je cacherai la dissimulation.
[Sfat Emet]

"Lors des Saints Jours Redoutables, chaque homme a eu une pensée de repentir, et a accepté sur lui un certain bon comportement, chacun en fonction de sa valeur et de son niveau. C’est pourquoi on l’appelle Shabbath Béréchit (au commencement), car on rappelle à l’homme que le passé est le passé, et qu’à partir de maintenant, c’est une nouvelle période qui commence, l’homme devant s’efforcer, de devenir à partir de maintenant, quelqu’un de bien."
[Divré Yé'hezkiel]

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-> Au sujet du Shabbath Béréchit, il existe le dicton bien connu selon lequel le comportement que l’on adopte en ce jour se prolonge toute l’année.
La raison en est qu’il s’agit du moment où s’achève le Service divin exalté des fêtes, marqué par l’élévation spirituelle au-delà des limites de la nature, et où commence celui qui caractérise la vie quotidienne du reste de l’année, lorsque nous sommes confrontés aux défis du Monde matériel. Or, nous savons que le Shabbath bénit l’ensemble des jours de la semaine qui suit.
Ainsi, le Shabbath Béréchit bénit-il les 7 jours de la première semaine du Service de D. "dans le Monde". Et, sachant qu’il s’agit des mêmes 7 jours qui se reproduisent chaque semaine, la bénédiction de cette première semaine se répercute sur toutes les semaines de l’année.
[Likouté Si'hot]

-> "Quel est le sens du verset : 'Les bigdé hasserad [les vêtements de service (des Cohanim)] pour servir dans le sanctuaire' (Vayakel 35,19)?
Il veut dire que sans les vêtements des Cohanim, pas un seul sarid [survivant] ou rescapé ne serait resté des ennemis du peuple juif [un euphémisme pour désigner les Bné Israël].
[guémara Yoma 72a]

-> "Pourquoi la paracha des korbanot est-elle juxtaposée à celle des vêtements des Cohanim?
[Pour montrer que] de même que les sacrifices font expiation, les vêtements des Cohamim font expiation". [guémara Zéva’him 88b]

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-> Rabbénou 'Hananel l'interprète ainsi : les vêtements de prêtrise eux-mêmes font expiation pour le peuple juif.

D'autre part, Rachi explique ainsi la Guemara : ce sont, en réalité, les sacrifices que les cohamim accomplissent en portant les bigdei kehouna qui conduisent à cette expiation.
Cependant, le Panim Méirot (guémara Zéva'him 88b) et le Hida (Pné David - parachat Béréchit 32) questionnent l'interprétation de Rachi, car la guémara dit que "sans les vêtements des Cohanim", le peuple juif aurait été effacé, D. en préserve. Si l'interprétation de la guémara avait été celle que donne Rachi, elle aurait dû dire : 'sans les sacrifices' le peuple juif aurait été effacé.
On peut voir également le commentaire de Rabbénou Elyakim (Yoma 72a) qui dit qu'aujourd'hui aussi, les vêtements de prêtrise, qui existent encore à Rome, font expiation pour le peuple juif, et c'est pourquoi ils sont appelés bigdé basserad, terme dérivé du mot sarid, qui veut dire « survivant ».

-> La guémara dit (Zeva'him 88b) que les bizdé kehouna (vêtements de prêtrise) font même expiation pour des fautes pour lesquelles on n'offre pas de sacrifice : "Il y a 2 choses pour lesquelles nous ne trouvons pas d'expiation par les sacrifices, mais pour lesquelles nous trouvons une expiation par autre chose : le crime et la médisance".
Les vêtements de prêtrise font également expiation pour des mauvaises actions qui ne peuvent pas être résolument qualifiées de fautes, par exemple la fierté.

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=> Quel pouvoir ont les vêtements des Cohanim d'expier la faute, au point d'être même supérieur à celui des sacrifices?

-> Le Maharcha (guémara Shabbath 77b) enseigne : "Les vêtements d'un homme indiquent ses traits de caractère, comme le dit le verset : 'Que tes vêtements soient blancs à tout moment' (Kohélet 9,8)."
[ailleurs (guémara Shabbath 114a), le Maharcha dit également : "Les traits de caractère de l'homme
sont ses vêtements". ]

-> Le rav Its'hak 'Havèr (Ohr Torah, son commentaire sur Maalot HaTorah, par. 7) explique que les traits de caractère de l'homme sont comme les "vêtements" de son âme, et les vêtements utilisés pour se vêtir reflètent la nature des "vêtements" de l'âme.
[le Akédat Its'hak (51) cite pour preuve le fait que le mot "midot" (traits de caractère) peut aussi vouloir dire vêtements, comme dans les versets : "mido bad" (son vêtement de lin - Tsav 6,3), "mita bat lemadar" (sous ses vêtements - Choftim 3,16) et "al pi midotar" (sur le bord de ses vêtements - Tehillim 133,2). ]

-> Il semble donc que les vêtements des Cohanim véhiculent le message que ceux qui les portent ont dirigé leur personnalité et leurs traits de caractère uniquement vers le service de D.
Comme le dit Abarbanel (Tétsavé 28,1) : "Les vêtements des Cohanim ordinaires étaient faits de lin seulement afin de montrer que leur corps était désigné et préparé pour le service sacré, comme si chacun d'eux disait, en enfilant [les vêtements] : 'Tous mes os diront : ô D., qui est semblable à Toi ?'".

-> Le Malbim (Tétsavé 28,2) donne cette interprétation pour expliquer une répétition étonnante : la Torah raconte d'abord que D. dit à Moché (v.28,2.) : 'Confectionne des vêtements sacrés qui soient nobles et superbes pour ton frère Aharon'. Or dans le verset suivant, D. dit à Moché : "Parle à tous les hommes talentueux... afin qu'ils exécutent les vêtements d'Aharon".
Pourquoi le commandement divin de fabriquer les vêtements de prêtrise est-il mentionné 2 fois, d'abord à Moché puis aux "hommes talentueux"?

Le Malbim explique :
"Les vêtements qu'Il a ordonné de confectionner semblent être des vêtements physiques ... mais ils indiquent en réalité les vêtements 'intérieurs' que les Cohanim de D. devaient confectionner pour vêtir leur âme de connaissance, de traits de caractère et d'attributs positifs, qui sont l'habit de l'âme.
Ces vêtements n'étaient pas exécutés par des artisans, et D. a ordonné à Moché de confectionner ces vêtements sacrés, c'est-à-dire d'inciter les Cohamim à améliorer leur âme et leurs traits de caractère de façon à ce que leur âme intérieure soit 'revêtue' de noblesse et de raffinement.
Cependant, les vêtements extérieurs, qui font allusion aux 'vêtements' intérieurs, devaient être confectionnés par des artisans talentueux. Les hommes talentueux au cœur sage cousurent les vêtements d'Aharon pour le sanctifier, car ils comprenaient le symbolisme de ces vêtements, et ils les firent dans l'intention que la sainteté y repose."

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-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) explique :
Ainsi, il ressort un principe selon lequel non seulement les vêtements de prêtrise faisaient allusion aux traits de caractère de ceux qui les portaient, mais ils avaient le pouvoir de changer leurs traits de caractère et c'est pourquoi ils faisaient expiation pour les fautes du peuple juif.

Nous pouvons peut-être ajouter que cette expiation venait du fait que, comme le dit la Torah, ces vêtements étaient destinés à donner la "noblesse et la splendeur". Les vêtements des Cohanim étaient des vêtements qui donnaient à ceux qui les portaient une apparence digne et majestueuse. Or lorsqu'un homme développe un sentiment de respect de soi, il se rend compte que la faute n'est pas digne d'un homme de son niveau. Cette attitude l'empêche de commettre des transgressions. Un homme aux beaux vêtements sent qu'il est une personne plus raffinée, qui ne se souillerait pas par les actes d'hommes médiocres.
[Le Rambam (Hilkhot Klé Hamikdach 8,4, d'après Zeva'him 18b) dit : "La mitsva relative aux vêtements des Cohanim est qu'ils soient neufs, beaux et longs et enveloppants comme ceux des hommes distingués, comme il est écrit : 'nobles et superbes. S'ils étaient sales, déchirés, trop longs ou trop courts, ou si [le cohen] les maintenait par une ceinture, son service était impropre". ]

Lorsque les Cohanim étaient élevés en portant les bigdé kéhouna (vêtements de prêtrise), le reste du peuple s'élevait aussi. Lorsque les Cohanim portaient ces vêtements, c'était comme si tout le peuple juif les portait.
[selon le Maharal ('Hidouché Aggadot - Zeva'him) : "Car tous les Bné Israël sont comme un seul homme, et en portant les bigdé kehouna, le Cohen Gadol fait expiation pour tout Israël, le Cohen est le prêtre de tout Israël et les vêtements du Cohen enlèvent les fautes d'Israël." ]

Ces vêtements donnaient "noblesse et splendeur" aux Cohanim et à tout le peuple juif, en cultivant la sensibilité et le raffinement appropriés au peuple juif. Et lorsque les juifs étaient élevés par les vêtements des Cohanim, cette élévation spirituelle s'attachait aussi aux fauteurs parmi eux.
Même ceux qui avaient fauté étaient élevés, soulevés au-dessus du niveau spirituel auquel ils étaient tombés à cause de leurs fautes et ils étaient transformés.

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+ Porter des habits blancs à Yom Kippour :

-> "A tout moment, que tes vêtements soient blancs" (Kohélet 9,8).
Rabbénou Yona (Chaaré Techouva 2,15) commente ce verset : "La couleur blanche des vêtements symbolise la purification de l'âme par la techouva".]

-> Rabbi Dovid Hofstedter enseigne :
Les vêtements de prêtrise ont la capacité d’élever ceux qui les portent, de les guider pour servir D., et de révéler leur pureté spirituelle intérieure.
Cela peut aussi expliquer la coutume de porter du blanc à Yom Kippour. Les vêtements blancs symbolisent le repentir et la purification, comme il est écrit : "Si tes fautes sont comme un fil écarlate, elles deviendront blanches comme la neige" (Yéchayahou 1,18), et Yom Kippour est le moment propice à cette purification.

Ainsi, le fait de porter des vêtements blancs à Yom Kippour est bien plus qu'un rite superficiel. C'est une forme d'avoda qui atteint les profondeurs de notre âme et dont le but est de nous éveiller à nous repentir et à effectuer un changement authentique.
Les vêtements blancs que nous portons Yom Kippour doivent nous faire prendre conscience que nous ne sommes plus les personnes que nous étions et que nous nous sommes sanctifiés à présent pour nous dévouer entièrement à la volonté d'Hachem.
Lorsque nous portons des vêtements blancs Yom Kippour, nous devons nous tenir devant D. comme les anges, purifiés de toutes nos fautes et ne désirant rien d'autre que d'être proches de Lui et d'être considérés comme purs.

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+ Les vêtements de Shabbath :

-> Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Kédouchat haShabbath 5,1-2) enseigne :
"Le cœur de chaque juif est rempli de sainteté, et durant Shabbath, il se remplit de la kédoucha spéciale de ce jour.
Lorsqu'une personne honore son corps en ayant des vêtements de Shabbath, elle honore en réalité la kédoucha du jour, qui est présente en son cœur.
[...]
De même que Shabbath est un semblant du monde à venir, de même les habits que nous avons durant ce jour, sont un semblant des habits que notre âme revêtira dans le monde à venir (éternel).
[...]
Le service du Cohen n'est valide que s'il est habillé de ses vêtements sacrés (bigdé kéhouna).
Ils sont sacrés par la sainteté que D. transmet au Cohen, lui permettant d'accomplir son service dans le Temple.
Chaque juif, expérimente la même kédoucha à Shabbath, car les habits de ce jour, sont alors l'équivalent de ceux portés par le Cohen.
"

-> "Il enlèvera ses vêtements et portera d’autres vêtements" (Tsav 6,4)
Rachi : Les vêtements avec lesquels il a fait la cuisine pour son maître, qu’il ne les porte pas pour verser à boire à son maître.
La guémara (Shabbath 114), et le Maharcha dessus, nous enseignent :
Il y a là une preuve que l’homme doit changer de vêtements pour Shabbat et porter des vêtements plus beaux.
De même que le cohen ne portait pas pendant son service les mêmes vêtements avec lesquels il faisait sortir les cendres, mais d’autres vêtements, plus beaux et plus propres, le Shabbat il faut porter des vêtements plus beaux et plus propres que ceux qu’on porte la veille du Shabbat pour préparer le Shabbat.

[issu du divré Torah : https://todahm.com/2016/12/26/les-vetements-de-shabbath ]

La force du Shéma : une transformation instantanée

+ La force du Shéma : une transformation instantanée (selon rabbi Dovid Hofstedter) :

-> La lecture du Shéma Israël, la déclaration de prendre sur soi la souveraineté totale d'Hachem (kabbalat ol malkhout chamayim), possède une force particulière.
L'homme qui récite le Shéma de tout son cœur reçoit la capacité d'échapper à toute situation dangereuse et d'atteindre un dévouement total pour D. dans son service divin.

La guémara (Kiddouchin 49b) dit que si un homme fait un acte de kidouchin à la condition d'être un tsadik parfait, les kidouchin sont considérés comme valables même si c'est un racha, car il est possible qu'il se soit repenti à ce moment-là.
Le Agra d'kalla et le Bné Yissas'har (Hodèch Nissan 4,11) se demandent comment c'est possible, alors que la guémara dit par ailleurs (Yoma 86a) que la téchouva seule ne peut pas expier toutes les fautes.
Selon eux, la réponse est que lorsqu'un homme décide sincèrement de se repentir et de se soumettre à la souveraineté de D. (comme nous sommes censés le faire pendant le Shéma), son engagement chasse l'impureté qui l'enveloppait à la suite de ses fautes. Il ne peut donc plus vraiment être qualifié de racha, même si ses fautes n'ont pas encore été expiées.

-> L'injonction essentielle de la lecture du Shéma se reflète dans le commentaire de la guémara (Béra'hot 54a) : l'ordre d'aimer D. "de toute ton âme", c'est-à-dire "même s'Il prend ton âme [ta vie]".
Le Zohar (Bamidbar 195b) dit que lorsqu'on récite le Shéma, il faut s'imaginer livrer sa vie al kidouch Hachem ; celui qui le visualise sera considéré comme l'ayant réellement fait.

A ce sujet, le Ram'hal (Déré'h Hachem 4,4) écrit :
"L'une des conditions de cette mitsva de la lecture du Shéma est que l'homme décide de livrer sa vie pour l'Unité de D. et se soumette volontiers à toute souffrance ou toute forme de mort pour sanctifier Son Nom. C'est considéré comme s'il l'avait réellement fait et avait été tué al kidouch Hachem".

Le Kérèn Ora (Béra'hot 16b) enseigne : "Le but principal d'accepter le joug de la royauté divine est de livrer sa vie pour la sanctification de Son Nom, de déclarer Son unité avec amour ... et de se rapprocher du dévouement à l'Unité de la Source de Vie".

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) poursuit :
Lorsqu'un homme se soumet à la souveraineté de D. au point d'être prêt à livrer sa vie al kidouch Hachem, ce dévouement crée avec son Créateur un lien qui le transforme complètement. Ce niveau d'attachement à D. élève l'homme à tel point que la faute n'a plus de place dans sa vie.
Chaque juif, même s'il a fauté, peut atteindre cette proximité extraordinaire avec D. en l'espace d'un instant simplement en acceptant sincèrement D. comme son Roi.
Cela ne demande pas de préparation longue et intensive. Même un racha peut se transformer en tsadik en un seul instant s'il s'engage pleinement à devenir un serviteur de D. Une fois qu'il a montré son dévouement sincère, c'est D. Lui-même qui changera sa nature.

Rabbi Elazar ben Dourdaya en est la preuve, lui dont la guémara (Avoda Zara 17a) décrit la transformation spectaculaire. La guémara raconte qu'Elazar avait passé toute sa vie plongée dans le péché. A un certain moment, il dépensa une somme d'argent immense, et mit même sa vie en danger, pour aller commettre un acte immoral dans une région éloignée. Alors qu'il commettait cet acte, Elazar se rendit soudain compte de l'abime dans lequel il était tombé. Il éclata en sanglots et pleura amèrement jusqu'à ce que son âme le quitte dans un repentir sincère. A ce moment-là, une Voix céleste annonça : "Rabbi Elazar ben Dourdaya a mérité la vie au monde futur!é
En apprenant cet incident, Rabbi Yehouda Hanassi se mit à pleurer et déclara : "Certains acquièrent leur monde [c'est-à-dire la récompense éternelle] pendant des années et d'autres, en un instant".
Le repentir de Rabbi Elazar ben Dourdaya n'a pas suivi le cours habituel de la téchouva exigeant qu'un fauteur éprouve du remords pour chaque acte qu'il a commis et décide de ne jamais le refaire.
En un court moment d'inspiration, Rabbi Elazar se rapprocha de D. au niveau le plus profond en acceptant de tout cœur Sa souveraineté, ce qui causa sa transformation spirituelle immédiate. Il sauva son âme et devint un autre homme qui, malgré son passé condamnable, mérita le titre de "Rabbi".

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"Quand vous approcherez [du champ] de bataille, le Cohen s'avancera et parlera au peuple en lui disant : 'Shéma Israël' (Ecoute Israël)" (Choftim 20,2-3)

Rachi commente que les propos du Cohen font allusion à ce message : "Même si vous n'avez que le mérite de la lecture du Shéma, vous êtes dignes d'être délivrés".
La guémara (Sota 44b) dit d'autre part qu'un homme coupable de la moindre faute, telle que parler entre la pose des tefilin de la main et celle des tefilin de la tête, était renvoyé du champ de bataille, car la transgression la plus minime d'un soldat pouvait conduire à la défaite de toute une armée.

Cela semble indiquer que les soldats juifs devaient être totalement justes pour mériter la victoire. Comment, dans ce cas, le mérite de la Kriat Chema suffisait-il à leur assurer le succès?

Le peuple juif récitait le verset du Shéma Israël en allant à la guerre, bien qu'on récite le Shéma de toute façon 2 fois par jour. [cela fait aussi allusion à chacun d'entre nous lorsque nous allons en guerre contre le yétser ara]
A la guerre, le peuple juif doit renforcer sa conscience que D. est le seul à posséder un réel pouvoir et qu'Il gouverne sa destinée. Par cette prise de conscience, le juif se rapproche de D. et parvient à se consacrer à Lui.
Lorsque les soldats juifs s'engagent à accepter la souveraineté de D. et décident de progresser en s'attachant à Ses voies, le lien qui se tisse entre eux et leur Créateur opère une métamorphose totale ; même ceux qui avaient fauté se transforment en serviteurs de D.
Ainsi, même si les soldats devaient encore rectifier leurs voies, leur kabalat ol malkhout Chamayim (accepter totalement la Souveraineté/joug d'Hachem) sincère les rendait dignes de bénéficier de miracles.

C'est précisément la raison pour laquelle nos Sages citent l'acte de parler entre la pose des tefilim de la main (chel yad) et celle des tefilin de la tête (chel roch) comme exemple d'une faute pour laquelle un homme ne doit pas aller au combat.
Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3,22) enseigne que la mitsva de téfilin fait partie de l'acceptation du joug de la royauté divine, et c'est pourquoi la Torah l'inclut dans les parachiot du Shéma.
Effectivement, la guémara (Béra'hot 14b) dit : "Lorsqu'un homme récite le Shéma sans tefilin, c'est comme s'il portait un faux témoignage à propos de lui-même".
De plus, en portant les tefilin, l'homme soumet ses actes et ses désirs à D. seul et donc, lorsqu'un homme accomplit la mitsva de teflin de façon imparfaite, son acceptation de la souveraineté divine (telle que l'exprime le Shéma) l'est aussi.

De son côté, le Méiri (guémara Sota 43b) dit : "Le cohen oint pour la bataille doit encourager le peuple par ses paroles ... Pour les encourager à se repentir pour leurs fautes et ne pas renoncer à faire téchouva, il exige qu'ils se repentent et leur dit que] leur téchouva sera acceptée même s'ils se sont rebellés, car il n'est jamais exclu que la techouva soit acceptée au ciel ...
Tel est le sens des mots : 'Ecoute, Israël, vous vous approchez aujourd'hui (bayom) [de la guerre]' = cela fait allusion au fait que 'même si vous n'avez accompli que la lecture du Shéma matin (yom) et soir, vous ne serez pas livrés aux mains [de vos ennemis]'."

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+ Clore Yom Kippour en s'attachant à D. :

Les dernières minutes de Yom Kippour sont essentielles : les portes du Ciel se ferment et le jugement final de chaque juif est scellé. Pendant ces instants culminants du jour saint, nous avons coutume de nous écrier : "Shéma Israël, Hachem Elokénou Hachem E'had" pour proclamer que nous acceptons la souveraineté divine.
Pourquoi fait-on cette déclaration justement quand le jugement final des Yamim Noram est sur le point d'être scellé?

Comme nous l'avons vu, lorsque le peuple juif exprime son acceptation de la souveraineté de D. et son désir de se soumettre à Sa volonté, sa proclamation solennelle l'élève et l'attache à Hachem.
Il convient donc que le jour saint de Yom Kippour se termine par cette déclaration retentissante de soumission à la royauté divine, avec la téchouva et la devékout (attachement) qu'elle implique.
L'attachement profond à D. transforme l'homme en une personne nouvelle, l'élève au-dessus des lois de la nature et du processus ordinaire du jugement divin, et lui évite la punition.

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm3,12) l'exprime ainsi : "Réellement ... un moyen puissant d'annuler tous les jugements ou les désirs d'autrui afin qu'ils ne dominent pas l'homme et ne l'affectent absolument pas est que l'homme implante en son cœur la conscience que D. est le vrai D., qu'il n'existe aucun pouvoir autre que Lui dans le monde, ou dans aucun des mondes, et que tout est uniquement empli de Son Unicité absolue.
Lorsqu'un homme ne tient compte d'aucune autre force ou désir dans le monde, et lorsqu'il soumet et n'attache la pureté de ses pensées qu'au Maître unique, D. à Son tour fera que toutes les forces et les désirs du monde le quittent et n'aient aucun effet sur lui."

Aux derniers instants de Yom Kippour, pendant lesquels le jugement pour l'année à venir est scellé, notre vie est sur la balance.
[la Michna Broura (623,3) écrit : "A la Néila, le jugement inscrit pour les êtres humains à Roch Hachana, en bien ou en mal, est scellé. Un homme doit faire beaucoup d'efforts dans cette prière, car Yom Kippour est le point culminant des 10 jours de téchouva, et la prière de Néila est le point culminant de Yom Kippour. La fin détermine tout, et si ce n'est pas maintenant, quand?" ]

Pendant cette bataille déterminante et ces moments particulièrement opportuns, le peuple juif, élevé par l'expérience du jour saint, proclame d'une voix forte les mots du Shéma et s'emplit de dévouement envers D. au point d'être prêt à livrer sa vie pour sanctifier Son Nom. Pendant ces moments décisifs où le jugement de l'année est scellé, cette proclamation cause une transformation immédiate, de même que les soldats de l'armée juive opéraient en eux-mêmes une métamorphose.
En prononçant les mots du Shéma, ils devenaient dignes de miracles.

=> C'est en acceptant la souveraineté de D. et en nous vouant à Lui que nous serons dignes d'être scellés pour la vie pour l'année à venir.
A la veille de la bataille, le Cohen disait à l'armée juive que le mérite de la lecture du Shéma suffisait à lui seul pour garantir leur délivrance. De même, nous récitons ce verset à la fin de Yom Kippour, quand notre jugement final va être scellé et que les portes du ciel se ferment afin d'être, nous aussi, inscrits pour la vie et scellés dans le Livre de la Vie.

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[cela peut être également une raison pour laquelle on récite le Shéma Israël au moment de quitter ce monde : se lier à D. au moment où l'âme retourne à son Créateur.]

Yom Kippour – Être purifiés devant Hachem

+ Yom Kippour - Être purifiés devant Hachem :

-> "Car en ce jour [Yom Kippour], il fera expiation pour vous, pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés" (A'haré Mot 16,30).

-> "L'expression 'devant D. vous serez purifiés' représente le commandement positif de se repentir, en contemplant et en examinant nos voies et en revenant à D. le jour de Kippour"
[Rabbénou Yona - Chaaré Techouva 4,17]

-> "'Devant D. vous serez purifiés' car Yom Kippour ne fait expiation que pour ceux qui se repentent (guémara Chevouot 13a). Avant que D. n'accorde l'expiation, chaque homme doit se purifier... par la téchouva et c'est ensuite que D. le purifiera par l'expiation"
[Kli Yakar - A'haré Mot 16,30]

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-> "il fera expiation (yé'hapèr-> kapara) pour vous, pour vous purifier (létahèr -> tahara)"

=> Qu'implique les 2 termes : "expier" et "purifier"?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
la kapara (expiation) est l'annulation de la punition encourue du fait de la faute. Quand une personne reçoit la kapara, cela veut dire qu'elle sera épargnée du châtiment divin pour ses fautes, mais la kapara ne l'affecte qu'extérieurement. Même après avoir reçu l'expiation, l'âme ne retrouve pas le niveau de pureté d'avant la faute.
Ainsi, même après avoir obtenu la kapara, l'homme doit encore se débarrasser des défauts spirituels créés par ses fautes.
Ce processus interne est la tahara (pureté), qui débarrasse l'âme du préjudice causé par la faute et la restaure à son état antérieur. La Torah dit donc qu'à Yom Kippour, non seulement le Cohen Gadol "fera expiation pour vous", mais aussi il "vous purifiera" car, même après l'expiation, le fauteur a encore besoin de la "purification" qui lavera son âme.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou vol.2) donne une autre explication :
même après la téchouva la plus exemplaire, il manque encore à l'homme la pureté de cœur qu'il possédait avant sa faute, car l'acte même de transgression diminue la sensibilité de la personne à la gravité de la faute.
Comme l'enseignent nos Sages (guémara Yoma 86b) : "Lorsqu'un homme faute et répète [sa faute], elle lui devient permise" = il commence à considérer que l'acte commis est permis, et il lui sera facile de retomber dans ses fautes même après s'être repenti. La personne qui se repent doit, de plus, retrouver sa "pureté de cœur" et son aversion pour les fautes.

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=> Pourquoi ne suffit-il pas au fauteur que D. le purifie?

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,26) enseigne :
"Si l'homme ne s'éveille pas lui- même, à quoi lui serviront les paroles de réprimande? Même si elles entrent dans son cœur le jour où il les entend, le yétser les lui fera oublier et chasser de son cœur. Lorsqu'un homme entend un reproche, il doit s'éveiller, prendre ces mots à coeur et y penser constamment. Il doit y ajouter de la sagesse, sortir des mots de son coeur et s'assoir seul à l'intérieur des chambres de son esprit. Il doit se répéter le reproche et ne pas seulement compter sur la réprimande de celui qui le sermonne. Il doit se blâmer chaque matin et à chaque moment jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) commente :
Ainsi, selon Rabbénou Yona nous enseigne que la vraie téchouva n'est possible que lorsqu'un homme fait un effort intérieur authentique pour s'améliorer. C'est seulement par ce travail qu'il peut atteindre le stade où sa téchouva est complète, où D. Lui-même atteste que cet homme ne répètera plus jamais sa faute. Une téchouva extérieure ne transforme pas l'âme et ses effets se dissipent rapidement. Seul une téchouva intériorisée, un repentir du cour, crée un changement durable. Aussi, pour effacer les effets néfastes que la faute cause à l'âme, il faut effectuer un vrai repentir intérieur selon les mots de Rabbénou Yona : "jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée".

Tel est l'un des messages de l'enseignement de la Michna : "Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi?" (Pirké Avot 1,15). A moins qu'un homme ne s'éveille lui-même à la nécessité de rectifier ses voies, aucun cours de moussar; aucune parole de réprimande, ne le fera véritablement changer.
C'est pourquoi la Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés". Ce verset enseigne que, pour bénéficier de l'expiation et de la purification de Yom Kippour, nous devons nous purifier et nous sanctifier, nous épurer intérieurement de tout lien avec la faute.

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+ La purification, un cadeau divin :

-> "pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés"

=> Pourquoi le verset commence par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour et seulement ensuite nous ordonne de nous purifier?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
Selon l'approche que nous avons développée (notre purification personnelle est la condition nécessaire à la purification effectuée par D.), il semble que l'ordre aurait dû être inversé.

La Torah veut peut-être nous enseigner ceci : bien que l'homme doive prendre l'initiative de se purifier, le "lavage" spirituel n'est rien d'autre qu'un cadeau de D., car l'homme n'a pas la capacité de réellement "laver" son âme.
Comme l'enseigne le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h Haim 1,14) :
"Sans l'aide de mon Créateur, que serais-je? Sans l'aide de D., l'homme ne pourrait pas vaincre [le yétser ara]. Mais qu'on ne dise pas : 'J'attends l'aide du Ciel [pour me repentir]', car les mesures initiales [de techouva] doivent être prises par l'homme. Hachem lui donnera Son aide en fonction des efforts qu'il investit pour se préparer et se renforcer, comme le disent nos Sages (guémara Shabbat 104a) : 'Celui qui vient se purifier est aidé'. »

La Torah commence donc par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour mais que c'est à nous de faire le premier pas, pour nous taire comprendre que même notre purification de la faute ne peut pas se faire sans l'aide divine.
Tel semble être le message du verset dans lequel D. dit : "Revenez à Moi et Je reviendrai à vous" (Mala'hi 3,7). Par ces mots, le prophète véhicule l'idée que la techouva commence par l'initiative humaine ("Revenez à Moi"), comme le dit rav 'Haïm de Volozhin dans le passage cité ci-dessus.
Une fois que l'homme fait ce premier pas, il reçoit l'aide divine pour achever le processus et laver totalement son âme du dommage causé par ses fautes ("Je reviendrai à vous").

De même, nos Sages enseignent (midrach Chir Hachirim Rabba 5,2) : "D. dit aux Bné Israël : Mes enfants, faites-Moi une ouverture aussi grande que le chas d'une aiguille, et Je vous ouvrirai des portails assez grands pour que des chars et des charrettes puissent y passer" = l'homme doit faire un pas minime vers le repentir pour que D. l'aide à terminer la tâche.
[à l'image d'une aiguille qui est très peu épaisse mais longue : il suffit que notre effort de retour vers Hachem soit petit en amplitude, mais cependant il doit aller dans les profondeurs de notre être (pas superficiel).]

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-> "'Hachem est le mikvé (litt. l'espoir) des Bné Israël' (Virmiyahou 17,13).
De même qu'un mikvé purifie les personnes impures, D. purifie les Bné Israël." [michna Yoma 8,9]

Le mikvé ne purifie la personne que si elle s'y trempe, mais une fois qu'elle pénètre dans l'eau, son impureté la quitte instantanément. C'est exactement la façon dont a lieu le processus de purification de Yom Kippour : l'homme doit commencer le processus de téchouva, mais une fois qu'il l'a entamé, et seulement une fois qu'il la entamé, Hachem le purifie totalement.

Nous pouvons à présent comprendre le message de la Torah dans le verset que nous avons cité plus haut. La Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés" = nous devons commencer le processus pour nous purifier de nos fautes. Mais une fois que nous avons fait le premier pas, aussi petit soit-il, Hachem nous purifie de toute trace de faute afin que notre téchouva soit durable et que nous ne rechutions pas.
Le prophète nous promet : "Je vous donnerai un coeur nouveau et Je mettrai un esprit nouveau en vous ... et Je ferai en sorte que vous suiviez Mes lois et accomplissiez Mes statuts et les fassiez" (Yé'hezkel 36,26-27).
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> "Heureux êtes-vous, Israël! Devant Qui vous purifiez-vous et Qui vous purifie?" (michna Yoma 8,9)

-> Le Panim Yafot explique :
"Avant Yom Kippour, le peuple juif doit se purifier par la confession et le repentir, comme le disent nos Sages, et ensuite, il peut recevoir la pureté par son Père céleste.
Tel est le sens des mots :
- 'Devant Qui vous purifiez-vous ?' = l'homme doit bien se préparer auparavant pour cette purification finale ;
- puis D. le purifiera à Yom Kippour, comme il est écrit : 'Devant D. vous serez purifiés' = cela veut dire qu'avant la purification finale [de Yom Kippour], il faut se purifier pour se préparer à recevoir cette pureté car sans préparation, on n'est pas capable de la recevoir."

-> Une autre explication de cette Michna est offerte par Tossafot Yom Tov : l'homme est parfois incapable de s'éveiller à se repentir et quand cela arrive, D., dans Sa grande bonté, fait que cet homme soit inspiré à se repentir afin qu'il ne soit pas perdu.
Ainsi, selon Tossafot Yom Tov, la Michna veut dire que D. purifie les Bné Israël même s'ils ne prennent pas l'initiative de se repentir.

Prières & étude de la Torah

"[Yaakov] rencontra l'endroit et y passa la nuit parce que le soleil s'était couché " (Vayétsé 28,11)

-> Yaakov quitte Béer Cheva où il vit avec ses parents pour se rendre à 'Haran chez son oncle Lavan. Son motif est double, d’une part, échapper à la colère de son frère Essav qui cherche à le tuer depuis qu’il lui a "usurpé" la bénédiction de son père, et d’autre part, trouver une femme.
La guémara ('Houlin 91b) relate que lorsque Yaakov arriva à ‘Haran, il dit : "Est-il possible que je sois passé à l’endroit où mes pères priaient [le mont Moriah où eut lieu le "Sacrifice" [d’Its’hak] et que je n’y ai pas prié?"
Ainsi, dès qu’il décida de rebrousser chemin, la terre "s’est-elle contractée pour lui". Immédiatement, le verset déclare : "Et il rencontra l'endroit" (v.28,11), indiquant qu’il y arriva miraculeusement et se mit à prier sur le saint lieu.

=> On apprend de cet enseignement du Talmud que Yaakov Avinou connaissait l’importance et la sainteté qui régnaient dans ce lieu, et pourtant décida de ne pas s’y arrêter. Pourquoi cette volte-face une fois arrivé à destination? Et surtout pourquoi il n’y pria pas en y passant?

-> Le rav Moché Sternbuch rapporte l'explication suivante :
Yaakov, en chemin pour aller à la Yéchiva de Éver où il étudia durant 14 années (voir Rachi sur le verset cité), pensa qu’il n’était pas judicieux de s’arrêter prier au mont Moriah, car cela diminuerait le temps à consacrer à l’étude de la Torah. Mais en arrivant à ‘Haran, il revint sur sa décision, car il prit conscience que la prière est nécessaire pour l’étude de la Torah.
Pour cette raison, Yaakov se devait de retourner prier. En effet, l’étude de la Torah n’est pas une science comme une autre mais reflète l’intelligence divine, et sans l’aide d’Hachem, il est impossible de la comprendre véritablement!

Aussi, puisque Avraham et Its’hak s’étaient efforcés de prier en ce lieu (le Mont Moriah), celui-ci devenait-il l’endroit approprié pour qu’Hachem exauce la prière de Yaakov, L’implorant de l’aider dans son étude de la Torah. C’est donc pour cette raison que le Patriarche décida de rebrousser chemin.
Il bénéficia pour cela du miracle du "rétrécissement de la terre" (kfitsat hadérekh) qui exprima alors l’approbation et le ravissement de D.

Cette leçon apparait chaque jour dans notre prière. En effet, nous disons dans la bénédiction "Ahavat Olam" du Shéma de la prière du matin : "Et du fait que nos Pères ont eu confiance en Toi, et que Tu leur as enseigné les Lois de Vie pour faire Ta Volonté d’un cœur entier, aussi, fais-nous grâce, notre Père ... et mets dans notre coeur l’intelligence pour comprendre… toutes les paroles de l’étude de Ta Torah, avec amour".
Cela signifie que nos ancêtres n’ont pas mis leur confiance dans leur propre intelligence et discernement pour comprendre la Sagesse de la Torah, mais "nos Pères ont eu confiance en Toi", et ainsi, ils ont mérité que "Tu leur as enseigné les Lois de Vie pour faire Ta Volonté d’un coeur entier", car il n’est point possible de comprendre la Torah uniquement à l’aide des facultés humaines.

Aussi, prions-nous Hachem qu’Il nous envoie l’aide du Ciel indispensable pour la comprendre. C’est ainsi que nous agissons à l’instar de nos ancêtres et implorons Hachem de "mettre dans notre coeur l’intelligence pour comprendre ... toutes les paroles de l’étude de Ta Torah" afin qu’Il éclaire nos yeux dans Sa Torah.
Sachons prier chaque jour Hachem pour arriver à percer les secrets de Sa Sagesse et ainsi mériter la Délivrance procurée par le mérite de l’étude de la Torah.

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-> b'h, également sur "[Yaakov] rencontra l'endroit" : https://todahm.com/2017/12/11/5836-2

L’importance de désirer la reconstruction du Temple

+ L'importance de désirer la reconstruction du Temple :

"Un héritage ne passera pas d'une tribu à une autre tribu" (Massé 36,9)

-> Le Tiféret Shlomo commente ce verset :
"Cela vient faire allusion à la valeur de la sainteté de la terre d'Israël et de Jérusalem, car chaque homme doit désirer ardemment et de tout son coeur la terre d'Israël et sa sainteté, comme il est écrit : "Recherchez la paix de Jérusalem" (Téhilim 122,6), ou encore "Tsion n'a personne qui la recherche" (Yirmiyahou 30,17) = on en déduit qu'elle a besoin qu'on la recherche (guémara Souca 41a).
Et ce désir en lui-même contribue à la délivrance future.

Si le désir d'un juif s'enflamme pour la terre et la reconstruction du Temple, les Bné Israël seront très rapidement exaucés, car le Temple est déjà construit et se tient prêt En-Haut. Il faut seulement demander à ce qu'il descende … C'est d'ailleurs à cela que fait allusion l'expression "Dévir Bété'ha" (le 'parvis de Ta Maison' - employée dans plusieurs de nos prières comme dans celle de 'Rétsé' de la Amida).
Le mot ''dévir'' (דביר) ) est associé au mot "dibour" (la parole - דיבור), afin de suggérer la nécessité de demander à Hachem qu'il soit reconstruit de nos jours, comme l'enseignent nos Sages : "Celui qui s'afflige sur la destruction de Jérusalem méritera de la voir consolée" (guémara Taanit 30b).
[En ce sens,] chaque juif qui prononce sincèrement dans sa prière les mots "vélirouchalayim ir'ha béra'hamim" tachouv" (et à Jérusalem Ta ville reviens avec miséricorde - Amida dans le rite achkénaze - ולירושלים עירך ברחמים תשוב), agit réellement dans le Ciel pour anticiper la délivrance".

-> Le Tiférète Shlomo ajoute grâce à cela, une explication des versets suivants (Nitsavim 29,21-23) : "Alors, quand viendra la dernière génération, vos descendants qui naîtront plus tard ... et que diront tous ces peuples : 'A quel propos Hachem a-t-Il ainsi traité ce pays? Pourquoi s'est allumée cette grande colère ?' "
On peut en effet se demander pourquoi on précise ici que ce sera seulement "quand viendra la dernière génération", que l'on posera cette question.
Et de répondre que ce sera la génération qui mettra tout son coeur à demander cette question, et qui se lamentera réellement sur la destruction de la terre et de Jérusalem, qui sera la dernière génération de l'exil.
Car ce sera grâce à son désir ardent qu'elle suscitera la délivrance, et "celui qui s'afflige sur la destruction de Jérusalem méritera de la voir consolée".

-> Le ‘Hatam Sofer (dans ses Drachot) affirme que grâce à ce désir intense, l’homme est considéré comme étant déjà présent à l’intérieur du Temple (beit hamikdach) :
""Je me suis réjoui lorsqu’on m’a dit ‘allons à la maison d’Hachem’, nos pieds se trouvaient aux portes de Jérusalem" (Téhilim 122,1), car même à notre époque, lorsqu’un homme a le coeur joyeux et qu’il désire ardemment la reconstruction du Temple, c’est comme s’il l’avait reconstruit.
C’est ce que le verset : "Nos pieds se trouvaient aux portes de Jérusalem" signifie, c’est-à-dire que c’est comme si nous nous y trouvions déjà. Par notre pensée, nous lui conférons déjà sa sainteté".

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+ Les 4 espèces = en souvenir du Temple :

Il y avait une grande différence entre la réalisation de la mitsva du loulav dans le Temple (beit hamikdach) ou bien ailleurs.
Lorsque l'on prenait le loulav dans le Temple, il y avait une mitsva supplémentaire d'être joyeux, comme il est écrit : "vous vous réjouirez [avec les 4 espèces], en présence d'Hachem [c'est-à-dire au Temple]" (Emor 23,40).

=> Pourquoi peut-on ressentir une joie pure uniquement en tenant les 4 espèces à proximité du Temple?

Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo 11,120) explique que cette joie spirituelle est le résultat d'atteindre une unité complète entre les juifs.
Les 4 espèces représentent l'unité des différents groupes de juifs, et l'unique endroit où l'on pouvait arriver à cela à la perfection était à l'intérieur du Temple.

-> Selon la Torah, c'est uniquement dans le Temple que que l'on pouvait prendre le loulav tous les jours de Souccot. Dans tous les autres endroits (en dehors du Temple, ou bien selon une opinion en dehors de Jérusalem), on ne le prenait que le 1er jour.
Après la destruction du Temple, rabbi Yo'hanan ben Zakaï a institué que le loulav soit pris tous les jours de Souccot (à l'exception de Shabbath), partout dans le monde.
La motivation de cela est basée sur le verset : "cette Sion dont personne ne se soucie [de son bien]" (Yirmiyahou 30,17) = cela implique qu'il convient de chercher le bien de Sion en commémorant la manière dont le loulav était pris au Temple. [guémara Roch Hachana 30a ; ainsi que guémara Souccot 41a]

=> Comment rabbi Yo'hanan ben Zakaï a pu promulguer que prendre le loulav à Souccot va encourager les gens à "chercher Sion" et à prier pour son bien?

Le Ram’hal (Messilat Yécharim - chap.19) explique que la commémoration de rabbi Yo'hanan n'a pas était établi comme une fin en soi, mais plutôt son but était que les gens se rappellent de la joie qui existait au Temple et qu'ils soient ainsi inspirés à prier pour sa restauration.

-> Le Sfat Emet (5652) commente ce passage de la guémara :
"cette Sion dont personne ne se soucie [de son bien]" (tsion hi dorech én la - Yirmiyahou 30,17)
[litt. "dorech" = rechercher]. Cela signifie qu'en "recherchant" (dorech) le Temple, nous pouvons atteindre le même accomplissement spirituel que le Temple lui-même fournissait.
Le prophète Yirmiyahou écrit ailleurs : "nos danses joyeuses sont changées en deuil" (Eikha 5,15). Le cri plaintif du prophète peut aussi être interprété dans un sens plus positif : notre deuil sur la destruction du Temple a le même effet sur nos âmes que sa réjouissance pendant qu'il existait.
Ainsi prendre le deuil du Temple de nos jours, nous permet de toujours en ressentir les effets!

Hachem se révèle à l’homme particulièrement dans l’obscurité

+ Hachem se révèle à l’homme particulièrement dans l’obscurité, d’où l’importance de Le servir dans cette circonstance :

-> "C’est dans une vision que Je me révèle à lui" (Béaaloté'ha 12,6)

-> Rabbi Yé’hezkel de Kozmir explique à partir de ce verset que c’est précisément grâce aux difficultés et aux embûches qu’un homme affronte dans son existence qu’il se rapproche le plus d’Hachem, lorsqu’il parvient à les surmonter. Le terme employé pour désigner la ‘vision’ (qui se dit en hébreu מראה - mar'a) et qui signifie aussi ‘miroir’ en est une allusion. Pour en fabriquer un, l’artisan doit prendre une vitre parfaitement transparente à travers laquelle il est possible de voir tout ce qui se déroule devant lui et y colle une feuille d’argent pur, qui la transforme en miroir. Il en ressort que le but recherché par cet artisan est atteint par une opération consistant à boucher son horizon.
Dès lors, la Torah vient suggérer que c’est en obstruant le champ de vision d’un homme (évoqué dans le verset par le mot ,מראה (mar'a) = miroir) que s’accomplit la fin du verset "Je me révèle à lui" = grâce aux difficultés et à l’obscurité, lorsqu’il ressent que tout est bouché et insoluble, l’homme mérite soudain qu’Hachem se révèle à lui.

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-> "Lorsque tu feras monter les lumières" (Béaaloté'ha 8,1)

Le midrach (Rabba 16,7) commente ce verset de la manière suivante :
Rabbi ‘Hanina enseigne : Hachem dit ‘les yeux que tu as en toi contiennent du blanc et du noir, et tu ne vois pas à travers le blanc mais à travers le noir.’
Si tes yeux qui contiennent du blanc et du noir ne te font voir qu’à travers le noir, Hachem qui n’est que lumière a-t-Il besoin de votre lumière (celle du candélabre)?

Certains Tsadikim (comme le Sifté Tsadik sur la paracha Béaaloté'ha) en tirent une leçon de vie :
on sait que les périodes de l’existence ne se ressemblent pas. Parfois, un homme ressent en lui une grande lumière, claire comme le blanc des yeux. Cela est dû au fait qu’Hachem l’éclaire de Sa propre lumière.
A ce moment-là, il mène une existence sereine, Hachem le guide tranquillement, tant spirituellement que matériellement.
En revanche, il perçoit à d’autres moments que son monde s’obscurcit entièrement comme le noir des yeux et qu’il est assailli de toute part d’épreuves interminables, dues soit à son yétser ara qui le poursuit sans cesse, soit aux vicissitudes matérielles de l’existence.
Certains se trompent et pensent que le travail accompli par l’homme et sa valeur se mesurent essentiellement lorsque Hachem l’éclaire de Sa lumière et non pas quand se côtoient la lumière et les ténèbres, et encore moins lors de l’obscurité totale.

C’est à ceux-là que Rabbi ‘Hanina vient objecter en disant : "Tu ne vois qu’à travers le noir des yeux", c’est précisément dans l’obscurité que tu verras Hachem.
Ne crois surtout pas qu’Il désire davantage les périodes lumineuses car "Hachem est tout entier lumière et il n’a pas besoin de vos lumières".
Par contre, c’est de notre travail pendant les moments obscurs dont Il a besoin (si l’on peut dire) car celui-ci, nul ange dans le Ciel ne peut l’accomplir, et il ne peut être effectué que par l’homme ici-bas.

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-> Nos Sages enseignent (midrach Kohélet rabba 2,9) : "La Torah que j’ai étudiée dans l’épreuve, c’est elle qui m’a aidé!"

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-> Le ‘Hidouché haRim (Likouté Harim Tazria) a dit un jour : "Les ‘Hassidim se considèrent souvent comme éloignés d'Hachem et leur plus grand désir consiste à vouloir ressentir une émotion et une ferveur dans le service d’Hachem.
C’est une sottise, car peut-être veut-on dans le Ciel les aider précisément dans l’obscurité!"

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Il n’y a pas de temps plus propice et plus cher à Hachem que celui où l’homme Le sert alors qu’il se sent loin.
Plus encore, un homme doit rendre grâce à Hachem pour ces périodes ‘d’éloignement’, car le prophète a dit : "De loin, Hachem, Tu m’es apparu" (Yirmiyahou 31,2).
C’est grâce à cet éloignement que l’homme méritera une proximité encore plus grande !

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-> "Les épreuves adoucissent les fautes de l'homme (les fautes suscitant la rigueur)" [guémara Béra'hot 5a]
Le Ohr ha'Haïm ('Houkat) explique que ce sont précisément les épreuves et les difficultés qui adoucissent les rigueurs (dinim) [d'Hachem] et qui font disparaître le mal qui plane au-dessus de la tête d'une personne.

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-> "Les épreuves d'une personne sont une préparation, telles les douleurs de l'enfantement, à la joie et à la délivrance dont il a besoin.
Tu pourras me répondre que l'on n'en voit pas les conséquences immédiates. Certes, mais nous devons néanmoins être convaincus qu'il en est ainsi".
[rav Eïsik Cher, roch Yéchiva de Slabodka]

-> Le Rav Chakh a dit :
Regarde cet aliment que l'on nomme le miel, et réfléchis à cette chose merveilleuse : il est l'oeuvre des abeilles qui, par nature, ne cessent de tourmenter l'homme de toute part. Sans lui laisser de répit, elles l'accablent en volant autour de lui de tous les côtés. S'il se trouve sur leur chemin, elles sont capables de le piquer jusqu'au sang, au point de l'envoyer à l'hôpital.
Néanmoins, c'est précisément d'elles que sort le miel, l'aliment le plus doux au monde ...
Il en est de même de nos 'persécuteurs' : ce sont précisément de ceux qui nous rendent la vie si amère que sortira finalement un miel si doux au palais".

=> Cela ne concerne d'ailleurs pas seulement les persécuteurs au sens littéral du terme, mais toutes sortes de soucis et de "piqûres" qui viennent tourmenter un homme. C'est d'eux que sortira le miel qui adoucira, en fin de compte, son existence.

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-> "Les jours nuageux de la vie annoncent une averse de bénédictions d'en-Haut"
[Noda biYéhouda - rabbi Yé'hezkel Landau]

-> Selon le Noda biYéhouda, les nuages lourds sont en fait imprégnés d'une pluie bénie.
Comme le roi David l'écrit : "C’est lui [Hachem] qui couvre le ciel de nuages, prépare la pluie pour la terre, fait pousser l’herbe sur les montagnes" (Téhilim 147,8).
Nos périodes stressantes et incertaines s'avèrent souvent être des bénédictions déguisées.

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Que personne ne dise jamais : "Hachem m'a abandonné".
Chacun doit au contraire avoir confiance que précisément au moment où il est dans l'épreuve, la miséricorde du Père pour son fils est encore plus grande et que plus que jamais, Il veille sur lui et est à ses côtés dans les moments difficiles.

Le Mabit (dans son Beit Elokim - chaar haTéfila - chap.1) explique ainsi le verset : "Vous servirez Hachem votre D. et Il bénira ton pain et ton eau et Je ferai disparaître la maladie de ton sein" (Michpatim 23,25) = à priori, demande-til, il faut comprendre la cause de ce changement de personne entre le début et la fin de ce verset, qui commence par la 3e personne "Il bénira" et se termine par la première personne "Je ferai disparaître la maladie".
La réponse qu'il en donne est la suivante : "On a écrit "Je ferai disparaître" et non pas "Il a fait disparaître" comme au début "Il bénira ton pain", parce que la Providence Divine d'Hachem sur Ses créatures s'exerce de manière plus particulière lorsqu'il s'agit de les délivrer d'une épreuve que lorsqu'il s'agit de leur prodiguer du bien. Dans ce dernier cas, il est en effet écrit "Hachem est bon avec tous" (Téhilim 145,9).
Par contre, lorsqu'Il doit les délivrer d'une épreuve et manifester Sa miséricorde, une providence individuelle est davantage nécessaire. C'est pour cela qu'au sujet de la bénédiction, c'est la 3e personne qui est employée, alors que pour la délivrance et la guérison des souffrances, il est dit "Je ferai disparaître", à savoir ''C'est Moi qui ferai disparaître la maladie de ton sein, de manière à ce que vous sachiez et que vous compreniez d'où proviennent l'épidémie et la maladie, car c'est Moi qui délivre et guéris tous les vivants par Ma Providence qui s'exerce sur chacun d'entre vous en particulier". "

Cela ressemble à un père de plusieurs enfants qui les aime chacun comme s'il était son fils unique, et qui se souvient d'eux constamment à égalité. Néanmoins, lorsque l'un d'entre eux doit subir une opération et qu'il se trouve sous le scalpel du chirurgien, toute son attention sera dirigée uniquement vers lui afin de lui prodiguer tout ce dont il a besoin pour guérir.
Il en est de même (si l'on peut dire) pour nous : tous les Bné Israël sont Ses fils uniques.

Cependant, lorsqu'un juif se trouve dans l'épreuve, le Créateur manifeste une attention toute particulière à son égard.
Le Tana Dé Bé Eliahou (Rabba chap.18) enseigne à ce sujet : "Béni Soit Celui dont la miséricorde pour Israël est immense et éternelle. Bien qu'ils aient fauté et que Lui soit en colère contre eux, malgré tout, Il les prend en pitié chaque jour, comme il est dit : "Je chanterai les bontés d'Hachem éternellement, je proclamai Ta foi par ma bouche" (Téhilim 89,2) et encore : "Dans toutes leurs épreuves, Il est dans l'épreuve, et Son ange est devant Lui pour les sauver" (Yéchayahou 63,9).
Hachem dit : dans chacune des épreuves d'Israël, Je suis (si on peut dire) avec eux, comme il est dit "Il est dans l'épreuve"."

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-> "Moché parla aux chefs de tribus (matot - מטות) et aux Bné Israël en disant : voici ce qu'Hachem a ordonné" (Matot 26,8)

-> Ce verset, explique le rav de Helmenik, peut être interprété allusivement afin de nous enseigner que lorsqu'un juif se voit déchoir (jeu de mots entre le terme "matot" (מטות), signifiant "les tribus" et le verbe "lin'tot" (לנטות) qui veut dire "pencher, déchoir", et également le mot "mata" (מטה) , ''en bas''), il ne devra pas s'en irriter ni en perdre sa confiance en Hachem.
Au contraire, il devra l'accepter avec amour et joie, convaincu "qu'Hachem a ordonné", que c'est précisément ce que la sagesse Divine a décrété pour lui pour son plus grand bénéfice.
Le rav de Helmenik affirme : "Celui qui agit de la sorte, je lui promets qu'il gravira les sommets de la réussite".

-> Le rav Eliyahou Lopian explique dans le même esprit la guémara (Béra'hot 59b) qui enseigne que "le tonnerre n'a été créé que pour redresser les coeurs tordus".
S'il en est ainsi, on peut, en effet, a priori, se demander pourquoi Hachem le fait retentir précisément avant la tombée de la pluie.

La réponse est que D. désire parfois prodiguer l'abondance dans le monde alors que les mérites sont insuffisants. Il fait alors retentir le tonnerre dans le but de redresser et de soumettre le coeur des hommes à leur Créateur.
De la sorte, ils deviennent aptes à recevoir la bénédiction du Ciel et méritent alors les pluies bienfaisantes.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Ce qui précède constitue également un enseignement : il arrive parfois qu'un homme subisse dans sa vie spirituelle ou matérielle toutes sortes ''d'éclairs et de coups de tonnerre'', provenant de l'extérieur ou de lui-même. Il devra se rappeler alors qu’ils n’ont pour but que de corriger ce qui ne va pas en lui.
Lorsqu'il redressera ce qui est tordu et affermira sa émouna, il trouvera immédiatement grâce aux yeux d'Hachem et méritera ainsi d'être délivré de ses épreuves.

Hachem trône dans les cieux, mais néanmoins : "Il scrute par les fentes et veille à travers les fenêtres" (Chir Hachirim 2,9) sur le monde entier et Il dirige toutes Ses créatures par les fils de Sa bonté.
Même lorsque le regard humain ne peut le discerner, en tant que 'croyants fils de croyants', nous savons que tout est dirigé par une providence individuelle s’appliquant à chaque instant, pour notre bénéfice, et que rien n'est le fruit du hasard.
Aucun événement ne se produit sans raison et tout est scrupuleusement calculé.

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-> Le rav Elimélé'h Biderman ('Hayé Sarah) enseigne :
Il faut savoir que surmonter une épreuve dans une période de difficultés et d’obscurité est ce qui permet à l’homme de s’élever au plus haut point.
L’un des tsadikim de notre époque explique d’après cela le verset : "Avraham se leva de devant son mort (Sarah)" ('Hayé Sarah 23,3) en se référant au commentaire de Rachi d’un autre verset employant le même terme hébraïque.
"Ainsi fut levé (acquis) le champ de Efron" ('Hayé Sarah 23,17). Rachi explique que ‘son champ subit une élévation en passant du domaine ordinaire au domaine du roi (Avraham)’.
Ici aussi ("Avraham se leva"), on expliquera donc que Avraham subit une élévation spirituelle à la suite de la mort de Sarah, car il prit conscience alors qu’elle ne survint que pour l’éprouver et le faire grandir. Et même si elle ne lui semblait être qu’un malheur, elle lui fut bénéfique.