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"Ils trébucheront, un homme par son frère" (Bé'houkotaï 26,37)

Selon la guémara (Shavouot 39a) cela signifie : "une personne [trébuchera] sur les fautes de son frère. Cela nous apprend que tous les juifs sont responsables les uns des autres" (kol Israël arévim zé bazé).

-> Le Maharcha (guémara Sanhédrin 27b) précise :
Il est écrit : "ils trébucheront", un langage au pluriel, et non pas la nation juive [comme une unité].
Plutôt, [cela fait référence] uniquement à ceux qui ont l'opportunité de protester. A propos d'eux, il est écrit qu'une personne va trébucher sur les fautes de son frère, si elle ne proteste pas.

-> Selon le Maharal (Nétivot Olam - Nétiv haTo'hakha) :
"Tous les juifs sont responsables les uns des autres" puisqu'ils sont une seule nation ...
C'est semblable à une personne qui est blessée à l'un de ses membres, tous les autres vont le ressentir, puisqu'ils font partie d'un même corps.
De même, lorsqu'une personne faute, toute la nation juive le ressent".

[ Le Maharal (Nétiv Hatokh’ha 2) écrit : Cette règle ("les juifs sont garants les uns des autres") est fondée sur le fait que, contrairement aux autres Nations, les juifs sont unis les uns aux autres par un lien "organique" ; de même que le dérèglement d’un organe vital a des répercussions sur l’ensemble du corps, tous les Bné Israël sont affectés par la transgression de l’un des leurs. ]

-> Le Ritva explique : "Car ils sont comme un seul corps et comme un garant payant la dette d’un autre".

-> Selon le Arou'h haChoul'han (Yoré Déa III,14) :
Le concept [de la responsabilité conjointe] est similaire à une personne qui est composée de nombreux membres du corps, chacun ayant sa propre vitalité. Cependant le sang de chaque membre dépend d'un seul organe, le coeur.
Il en est de même pour la nation juive à travers les âges. Même si chaque personne maintient sa propre vie, puisque nous provenons de la même source, nos âmes sont taillées de sous le Trône Divin et notre racine est dans la sainte Torah, ce qui fait qu'en définitive nous sommes comme une personne qui est divisée en plusieurs membres.

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-> Le rav 'Haïm Vital (Ets 'Haïm - chaar asli'hot) rapporte :
"Mon maître [le Arizal] était habitué à dire tous les détails de la confession des fautes (vidouï) ...
Il expliquait que même si toutes les choses qui sont mentionnées [dans la confession (vidouï)] ne peuvent être trouvées chez une seule personne, on doit quand même dire la confession ... et c'est pourquoi la structure est à la forme plurielle (ex: nous avons fauté ['hatanou]), plutôt qu'au singulier : "j'ai fauté" ('hatati).
L'explication est que tous les juifs sont un seul corps et chaque juif est un membre.
Ceci est la clé de la responsabilité que l'on entretient envers son prochain [juif] qui pèche. Par conséquent, même si une personne n'a pas commis un péché précis, il doit quand même le confesser puisque lorsque son collège [juif] l'a violé, c'est comme s'il l'avait transgressé lui-même."

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-> La guémara (Roch Hachana 29a) aborde le concept qu'on peut acquitter autrui d'une bénédiction, même si on est soi-même déjà quitte. [voir le texte pour avoir les précisions halakhiques]

-> Le Ran (Dafé haRif - guémara Roch Hachana 8a) explique :
La raison à cela est parce que tous les juifs sont responsables les uns les autres de [l'accomplissement] des mitsvot.
En ce sens, si son prochain [juif] ne s'est pas encore acquitté [de son obligation], il ne l'a également pas fait.

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (Nitsavim 29,28) :
Le principe est que chaque juif peut décharger un autre de son obligation d'observer les mitsvot, même s'il a lui-même déjà accompli cette mitsva, comme la [récitation] du kiddouch et écouter le Shofar, ... [c'est parce que] si son ami est manquant dans la réalisation d'une mitsva, c'est comme si lui aussi est manquant.
De même, l'obligation de chaque personne d'empêcher autrui de transgresser un commandement négatif est parce que s'il ne parvient pas à le retenir de fauter lorsqu'il en a les capacités, alors il sera lui aussi puni.

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-> "Il est fondamentalement faux de dire : [Je n'ai pas besoin de veiller à ce que les autres fassent les mitsvot puisque] cela est suffisant que je sois un bon juif et que je marche dans les chemins de mes ancêtres".
['Hafets 'Haïm]

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-> "Celui que les créatures apprécient, est apprécié de D. ; mais celui que les créatures n’apprécient pas, n’est pas apprécié de D." (Pirké Avot 3,10)

-> Le rav Avraham Azoulai ('Hessed léAvraham - Avot 3,10), le grand-père du 'Hida, écrit :
"Celui que les créatures apprécient" = peut être expliqué comme signifiant que les autres obtiennent le plaisir du monde à Venir car il aura facilité le fait qu'Hachem aura du plaisir d'eux.
"celui que les créatures n’apprécient pas, n’est pas apprécié de D." = cela fait référence à celui qui dit : "Ma famille et moi-même servent Hachem. pourquoi devrais-je me déranger à guider les autres et à leur apporter du mérite?"
Une telle personne, qui ne facilite jamais le mérite spirituel d'autrui, n'est pas appréciée par Hachem puisque Hachem ne trouve grâce que chez ceux qui promeuvent les mérites spirituels d'autrui".

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+ "Vous vous tenez debout aujourd’hui tous ensembles, devant Hachem votre D. : vos chefs de Tribus, vos anciens, vos agents, chaque citoyen d’Israël" (Nitsavim 29,9)

-> Le Midrach (Yalkout Chimoni Dévarim 940) commente :
"‘Vous vous tenez debout’. Quand? Lorsque vous formez ‘aujourd’hui tous ensembles’ un seul groupe (agouda a'hat ). Ainsi, trouvons-nous qu’Israël n’est délivré que lorsqu’il ne forme qu’un seul groupe ...
Même si J’ai placé pour vous des chefs [de Tribu], des juges et des agents, tous sont identiques devant Moi, comme il est dit : ‘chaque citoyen d’Israël’...
Autre explication: Vous tous êtes garants l’un envers l’autre."

"Regarde! Je place devant vous aujourd’hui, la Bénédiction et la Malédiction" (Réé 11,26)

-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que le mot "aujourd’hui" (hayom - היום) de notre verset peut apparaître superflu, car le texte pouvait aussi bien dire : "Regardes! Je place devant vous la Bénédiction et la Malédiction".

Il répond qu’il y a, dans le calendrier juif, essentiellement 5 jours de fêtes ordonnés par la Torah : Roch Hachana, le premier jour de Souccot, le jour de Chemini Atséret, le premier jour de Pessa’h (le dernier jour n’étant pas une nouvelle fête) et le jour de Shavouot.
Si Israël avait respecté scrupuleusement ces 5 jours de fêtes, il aurait été épargné de 5 autres jours de malheur : le jeûne de Guédalya (3 Tichri); le jeûne du 10 Tévet, le jeûne du 17 Tamouz, le jeûne du 9 Av et le 10 Av (jour où la majeure partie du Temple brûla).
C’est l’allusion que fait le verset : "Regarde! Je place devant vous aujourd’hui (היום)", la Bénédiction et la Malédiction" : Je place devant vous "cinq" [ה] jours [יום], qui peuvent être aussi bien la Bénédiction (les 5 jours de fête) que son contraire (les 5 jours de malheur).

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-> Moché indiqua aux Bné Israël : "Seulement Aujourd'hui (היום), 40 ans après le Don de la Torah [juste avant leur entrée en terre d'Israël], vous pouvez saisir parfaitement [c’est le sens de mot "Regarde" (réé)] que le chemin de la Torah mène à la Bénédiction, tandis que le chemin de la transgression conduit à la Malédiction". En effet, nos Sages enseignent : "Un homme ne peut véritablement cerner la pensée de son maître qu’au bout de 40 ans" [guémara Avoda Zara 5b].

-> Le mot "Aujourd’hui" (היום) fait allusion à Roch Hachana, [à noter que la paracha de Rééh est lue habituellement le Shabbath qui précède Roch ‘Hodech Eloul, le mois consacré à la préparation au Jour du Jugement], comme l’explique le Zohar à propos du verset "Vous êtes tous debout aujourd’hui" (atè nitsavim ayom - Nitsavim 29,9).
Ainsi, Moché a-t-il mis en garde les Bné Israël : "Réfléchissez et faites téchouva à l'approche de Roch Hachana afin de sortir méritant au Jour du Jugement et bénéficier de la Bénédiction, car si vous êtes fautifs, le Jugement vous sera défavorable et la Malédiction s’abattra sur vous".
[Likouté Torah de Rabbi Yissa'har]

-> Le mot "Aujourd’hui" (היום) signifie que les mitsvot d'Hachem doivent être à nos yeux comme "un décret royal nouveau vers lequel tous accourent pour l’accueillir" [voir Rachi sur Vaét'hanan 6,6].
C’est ainsi, que l’on se réjouit en D. et que l’on mérite la Bénédiction. En revanche, le respect des mitsvot de façon routinier n’engendre pas la joie et cause la Malédiction, comme il est dit : "[Toutes ces Malédictions – de Ki Tavo – s’abattront] parce que tu n’auras pas servi Hachem, ton D., avec joie et contentement de coeur".
[‘Hatam Sofer]

-> "Aujourd’hui" (היום) désigne ce Monde-ci [voir Rachi sur Vaét'hanan 7,11], ainsi : "Dans ce Monde-ci (היום), nous trouvons la Bénédiction et la Malédiction, mais dans le Monde futur, nous trouverons que la Bénédiction".
[Tossefot]

"Vous êtes les enfants d'Hachem, votre D. : ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l’honneur d’un mort" (Réé 14,1)

-> Le Baal Chem Tov enseigne (voir Hayom Yom du 24 Av) : "‘L’Amour d’Israël’ (aavat Israël - אהבת ישראל) c’est le sens de ‘l’amour de D.’ (aavat Hachem - אהבת ה׳), car il est dit : ‘Vous êtes les enfants d'Hachem’ : Celui qui aime le Père, aime aussi Ses enfants".

-> De même l’Admour Hazaken (Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi) rapporta un enseignement du Maguid de Mézéritch, qui le tenait du Baal Chem Tov [voir HaYom Yom du 12 Av] :
"‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ (Vayikra 19, 18) est un commentaire et une explication de ‘Tu
aimeras Hachem ton D.’ (Dévarim 6, 5). En effet, lorsque l’on aime un juif, on aime Hachem. Car chaque juif porte en lui [véritablement] une parcelle de Divinité (voir Séfer HaTanya I, 2 sur Iyob 31,2).
Ainsi, lorsque l’on aime un juif, lorsque l’on aime la partie profonde de son être, on aime Hachem".

-> Le lien étroit entre "l’amour de D." et "l’amour du prochain" est confirmé par la guématria.
La valeur numérique du Commandement d’aimer D. : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.

Par ailleurs, la valeur numérique du mot וְאָהַבְתָּ (VéAhavta - Tu aimeras) [414] est égale à 2 fois la valeur numérique du mot אוֹר (Or – lumière) [207] faisant ainsi allusion aux 2 composantes de l’amour ("l’amour de D." et "l’amour du prochain") [à noter que la "Lumière אוֹר (Or)" a été créée le premier jour de la Création, jour relatif à l’Attribut de ‘Hessed (Bonté) qui s’apparente à l’Amour.]
Le mot אורֹ (Or – lumière) désigne également la Torah, comme il est dit : "Car la Mitsva est une lampe et la Torah une lumière" (Michlé 6,23). Aussi, "l’amour de D." et "l’amour du prochain" [désignés par le mot וְאָהַבְתָּ (VéAhavta – Tu aimeras)] correspondent-ils aux 2 Tables de l’Alliance (les deux "Lumières") : Les 5 Commandements de la première Table, relatifs au rapport "entre l’homme et D.", se réfère à "l’amour de D.", tandis que les 5 Commandements de la seconde Table, relatifs au rapport "entre l’homme et son prochain" se réfère à "l’amour du prochain" (voir Kli Yakar sur Kédochim 19,18).
Or à propos des "Tables" (לוחות - Lou’hot), il est écrit: "D. donna à Moché ... les 2 Tables (לֻחֹת) du Témoignage..." (Ki Tissa 31,18) et Rachi de remarquer : "Le mot Lou’hot est écrit sans Vav (לֻחֹת) [comme s’il était au singulier].
Cela signifie qu’elles étaient toutes les deux identiques (dans la mesure)."
Peut-on y voir aussi une allusion à peine voilée que les 2 dimensions d’amour : "l’amour de D." et "l’amour du prochain" finissent par se confondre.

-> On raconte (voir Hayom Yom du 28 Nissan) que des ‘Hassidim demandèrent à l’Admour Hazaken : "Quelle est la forme du Service divin la plus élevée, l’amour de D. ou l’amour d’Israël?"
Il répondit : "L’amour de D. et l’amour d’Israël sont tous deux incrustés dans les trois parties de l’âme (Néfech, Roua’h et Néchama) possédée par chaque juif. Le verset dit clairement: ‘Je vous ai aimé, dit Hachem’ (Mala'hi 1,2). Il en découle que l’amour d’Israël est plus élevé, car on aime ceux qu’aime Celui que l’on aime."

"Car Hachem ton D. se déplace au sein de ton camp pour te délivrer et livrer tes ennemis dans ta main, ton camp doit être saint afin qu'Il n'y voit pas de chose indécente et qu'Il se détourne de toi" (Ki Tétsé 23,15)

-> Les Livres Saints ne ménagent pas leurs mots pour appeler à la vigilance en ce qui concerne la sainteté du peuple d'Israël et de chaque juif en particulier, car c'est d'elle que dépend la Présence Divine parmi nous.

-> Le Sfat Emet fait remarquer que la forme grammaticale employée par le verset pour exprimer qu'Hachem "se déplace" au sein du camp d'Israël est le passif. C’est comme s'il était écrit, si l'on peut dire, qu'Hachem se fait déplacer et qu'Il se fait conduire par les Bné Israël selon leur niveau de sainteté. Il leur donne ainsi la possibilité de fixer à quel niveau, où et quand Hachem se déplace avec Son peuple selon la sainteté de sa conduite.

Elloul = préparation à Roch Hachana

+++ Le mois d'Elloul comme préparation à Roch Hachana :

"Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis" (Ki Tétsé 21,10)

-> Le Imré Elimélé'h tire de ce verset l'importance particulière attribuée au fait que chacun doit commencer son propre travail spirituel dès le mois d'Elloul.
Il écrit : "Ce verset, fait allusion à la bataille qui sera livrée le jour de Roch Hachana, le Jour du Jugement, où tous les anges viendront faire part de leurs griefs sur les hommes.
Il est certain que la phrase "Lorsque tu sortiras en guerre" n’est pas appropriée à ce jour car l'homme est alors au beau milieu de la bataille. Il est donc clair qu'il doit sortir en guerre avant le Jour du Jugement, qui est lui-même le jour de la guerre, et mettre déjà en place un front à l'aide du repentir, de la prière et de la bienfaisance.
Grâce à cela, il pourra obtenir la victoire et sortir méritant au Jour du Jugement. C'est pourquoi, il est écrit "Lorsque tu sortiras en guerre", ce qui évoque le moment où l'on sort avant la guerre, c'est-à-dire au mois d'Elloul qui sont des jours propices ...
La Torah promet alors (dans la suite des versets) : "Hachem, ton D. te la livrera dans ta main", pour dire que tu sortiras victorieux le Jour du Jugement, et que tu seras en mesure de faire incliner le verdict du côté de la miséricorde à ton avantage."

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"Lorsqu'un homme aura un fils rebelle" (Ki Tétsé 21,18)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 71b) nous enseignent à son sujet : "Le fils rebelle est jugé aujourd'hui en fonction de sa situation future (car il deviendra inéluctablement un meurtrier). Mieux vaut donc qu'il meure lorsqu'il est encore méritant plutôt que lorsqu'il sera coupable."

-> Le Saba de Kelm donne une explication à partir de cela : on voit ici comment la Torah considère quelqu'un qui a commencé à mal se conduire et qui s'est un peu écarté de sa voie. Bien qu'il ne soit pas encore passible de la peine de mort pour cela, néanmoins, lorsqu'il est jugé au Beit Din, même la miséricorde exige qu'il soit exécuté dès à présent alors qu'il est encore méritant, plutôt que d’attendre qu'il se rende coupable de la peine capitale (à cause des graves fautes qu'il fera inéluctablement si l'on attend).

Le Saba de Kelm dit : "On peut en déduire, qu'à l'inverse, celui qui commence tout juste à améliorer ses actes, bien qu'il n'en soit encore qu'au début, même les anges accusateurs seront d'accord de l'inscrire dès à présent dans le Livre de la Vie, afin qu'après de nombreuses années, il puisse mourir méritant. Ayant commencé à se repentir, il est en effet certain qu'il deviendra finalement un juste parfait.
Dans le Ciel, on le considère donc dès à présent comme s'il était parvenu à son niveau ultime (par exemple, quelqu'un qui aurait pris sur lui d'étudier chaque jour une page de guémara serait dès à présent compté parmi ceux qui auraient achevé tout le Talmud).
Cela constitue un formidable encouragement pour prendre un nouveau départ, corriger les travers de notre existence et mériter ainsi d'être inscrit dans le Livre des justes parfaits."

"Que Hachem, D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux encore et vous bénisse comme Il l'a promis à votre sujet" (Dévarim 1,11)

-> Comme Moché avait dit aux Bné Israël : "Hachem votre D. vous a fait vous multiplier et vous voici aujourd'hui aussi nombreux que les étoiles du Ciel", il craignait de donner l'impression d'avoir attiré sur eux le mauvais œil.
Il ajouta donc immédiatement la bénédiction : "Que Hachem, D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux encore".

Moché priait : "Que la volonté de D. soit de vous multiplier et de rendre 1000 fois plus nombreux que les 600 000 hommes que vous êtes aujourd'hui".
[...]

Hachem avait béni les Bné Israël qu'ils deviennent comme le sable du rivage et la poussière de la terre. Or la bénédiction de Moché est comprise dans celle-ci. Par conséquent, en quoi Moché les avait-il bénis?
La bénédiction de D. allait se réaliser à condition que les Bné Israël soient vertueux. Celle de Moché, par contre, allait se réaliser même si les Bné Israël ne le méritaient pas.
[...]

Moché décrit les Bné Israël comme aussi nombreux "que les étoiles du ciel" visibles à l'homme, et non "que les étoiles" invisibles. La bénédiction Divine qui se réaliserait dans le futur était que les Bné Israël deviennent aussi nombreux que les étoiles que l'œil humain ne peut pas percevoir.
[il y a un nombre infini de constellations d'étoiles invisibles de nos yeux d'humain]
[Méam Loez]

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+ "Que Hachem, le D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux" (Dévarim 1,11)

-> Si Hachem a déjà donné une bénédiction infinie à Avraham, pourquoi est-il nécessaire à Moché de donner au peuple juif une bénédiction?

La bénédiction d'Hachem était dépendante du fait que les juifs accomplissent la Torah et les mitsvot.

La bénédiction de Moché était inconditionnelle.

Par ailleurs, la bénédiction de Moché ne consiste pas en une multiplication par 1 000.

En hébreu, le verset est : "yossef alé'hem ka'hem éléf péamim" = cela implique que l'on doit doubler mille fois leur nombre (600 000 * 2 = 1,2 million ; 1,2 *2 = 2,4 millions ; ...).

Il en découle que la bénédiction de Moché est également quasiment infinie.
[rabbi Akiva Eiger]

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-> Moché bénit les Béné Israël dans les termes suivants : "Veuille Hachem, D. de vos pères, vous rendre 1 000 fois plus nombreux encore" (Yossef alé'hem ka'hem élef péamim) et vous bénir comme Il vous l’a promis!" (Dévarim 1,11).

=> Quelle est la signification de cette bénédiction?

On peut rapporter les réponses suivantes :
1°/ Rachi demande : "Que veut dire la répétition : ‘Et vous bénir comme Il vous l’a promis’? Ils (les Bné Israël) lui avaient dit : ‘Moché! Tu imposes une limitation à nos Bénédictions! Car Hachem a déjà promis à Avraham : ‘Que si un homme peut compter [le caractère indénombrable d’Israël]’ (Lé'h Lé'ha 13, 16).
Ce à quoi il a répondu : ‘Ceci est ma Bénédiction [‘mille fois plus nombreux encore’], mais Lui, ‘vous bénira comme Il vous l’a promis’."

2°/ Puisque D. les bénit de façon illimitée, à quoi sert la Bénédiction limitée de Moché ("Mille fois")?
Nos Sages dirent : "Hachem n’a pas trouvé d’ustensile conservant la Bénédiction pour Israël comme la paix" [fin de Ouktsine]. Lorsque les Bné Israël maintiennent la paix entre eux, la Bénédiction peut reposer sur eux. C’est pourquoi Moché leur dit : "Ceci est ma Bénédiction à moi" - cette Bénédiction limitée, je vous la donne aujourd’hui alors que vous ne vivez pas dans la paix et l’unité ("le fardeau, la responsabilité et les disputes") et ne méritez pas la Bénédiction parfaite.
Mais lorsque la paix règnera parmi vous, D. "vous bénira" de sorte que la Bénédiction parfaite pourra reposer sur vous et que se réalisera la promesse divine : "Si un homme peut compter la poussière de la terre, ta descendance pourra aussi être comptée".
[Binyane Ariel]

3°/ Le midrach enseigne : "Rabbi Eliézer a dit : La Bénédiction de Moché couvre l’Univers car il n’est pas dit : ‘Elef Paam’ mais ‘Elef Péamim’ (mille fois, fois étant au pluriel)". [midrache rabba].

"Elef Péamim" (mille fois) est un nombre limité. Pourquoi le midrach dit-il que la Bénédiction de Moché "couvre l’Univers"?
En fait, "Elef Péamim" ne veut pas dire soixante myriades (600.000) multipliées par mille mais que chaque chiffre est à multiplier jusqu’à mille : soixante myriades multipliées par un, soixante myriades multipliées par deux, ce résultat est à multiplier par trois – soit six fois le nombre des enfants d’Israël ; six multiplié par quatre – vingt-quatre, vingt-quatre multiplié par cinq – cent vingt, cent vingt multiplié par six et ainsi de suite jusqu’à mille. Cela donne, effectivement, un chiffre incalculable. [Bina Léittim]

Le camp d’Israël, dans le désert, s’étendait sur une surface de trois Parsaot. Si nous multiplions trois par deux fois mille (car «Elef Péamim» veut dire «Paamayim Elef», deux fois mille), le résultat est de six mille Parsaot. Six mille Parsaot est la surface du Monde entier, comme le dit la guémara (Pessa'him 94a) : "Le Monde mesure six mille Parsa [une Parsa mesure environ 4 km]".
La Bénédiction de Moché couvre donc bien l’Univers. [Yad Moché]

4°/ A quelle époque cette Bénédiction s’est-elle réalisée?
Les propos de Moché concernent le Monde futur, l’époque à propos de laquelle le prophète dit : "Le petit deviendra mille et le jeune, un peuple nombreux" (Yéchayahou 60,22). Le peuple juif qui est aujourd‘hui "petit et jeune" sera multiplié par mille, selon la Bénédiction de Moché. [Binyane Ariel]

"Di Zahav" (דִי זָהָב - Dévarim 1,1)

-> En mentionnant : "di zahav" (assez d'or), Moché voulait faire comprendre aux Bné Israël : "Vous avez irrité D. en fabriquant le veau d'or parce qu'Il vous a donné plus qu'assez d'or et d'argent".
"Je lui ai donné de l'argent en abondance et de l'or elle a fait une idole" (Ochéa 2,10) = à cause de la grande quantité d'or et d'argent que Je vous avais donnée, vous avez fabriqué le veau d'or.

Hachem considère la faute du veau d'or comme la plus grave de toutes nos autres péchés. Nous avons dit que le veau était capable de créer le monde en 6 jours, d'étirer les 4 points cardinaux du monde [comme D. l'a fait lors de la Création] et de vous donner les 10 Commandements.

Moché y fait allusion en employant les mots : "véDi Zahav" (et assez d'or - וְדִי זָהָב).
Le mot : "védi" (et assez) s'écrit : וְדִי :
- le vav a une valeur de 6 car les Bné Israël prétendirent que le veau aurait pu créer la terre en 6 jours.
- le dalet a une valeur de 4, correspondant à l'allégation que le veau aurait pu étendre les 4 directions du monde.
- le youd, valeur de 10, rappelle la prétention que le veau aurait pu leur donner les 10 Commandements.

La Torah dit donc : "Di Zahav" (assez d'or) = "La faute du veau d'or qui avait mis D. très en colère aurait suffi pour qu'Il nous anéantisse".
[...]

Moché a dit à Hachem : "... Quelle est leur faute? Tu leur as donné tant d'or et d'argent qu'ils en avaient plus qu'assez. C'est pour cela qu'ils ont fabriqué le veau d'or.
L'abondance de richesses entraîne les hommes à oublier la crainte de D.
Un lion rugit lorsqu'il a devant lui un morceau de viande mais pas un tas de foin. Lorsqu'il a à manger, il rugit et fait trembler le monde entier. Mais s'il ne dispose que de foin, son coeur est humble et il garde le silence ...

On dit qu'un homme au ventre plein est prêt à commettre toutes sortes de méfaits et à oublier D.
La Torah emploie donc l'expression "Di Zahav" (assez d'or). Moché disait : "Le fait même que Tu leur aies donné tant d'or les a conduits à fabriquer le veau".
[...]

Après avoir réprimandé les Bné Israël (début Dévarim), Moché avait l'intention de leur expliquer toute la Torah. Cela nous apprend que pour D. ne prenne pas en compte la faute du veau d'or, le remède est l'étude de la Torah. Tant que nous nous investissons dans l'étude, nous n'avons pas à craindre le châtiment pour la faute du veau d'or, comme il est écrit : "Un remède pour la langue est l'arbre de vie" (Michlé 15,4).
Le remède contre les mauvaises paroles : "Voici tes dieux, Israël" (lors de la faute du veau d'or) est l'étude de la Torah appelée "un arbre de vie".
[Méam Loez]

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-> Les Sages de la maison d'étude de rabbi Yanaï apprennent du verset (Dévarim 1,1) : "Di Zahav" que Moché s'est "dressé" contre Hachem. Selon eux, Moché a dit à Hachem : "Maître du monde, c'est à cause de l'argent et de l'or (zahav) que Tu as donné à profusion aux enfants d'Israël, jusqu'à ce qu'ils disent : "daï" (די - c'est assez!) qu'ils ont fait le veau (d'or)."
[Hachem a accepté ces arguments de Moché affirmant que le Ciel était essentiellement responsable du veau d'or par cause de l'excès de richesses accordées]
[guémara Béra'hot 32a]

-> Hachem a gratifié les juifs de tant d'argent et d'or à la sortie d'Egypte qu'ils ont dit : "ça suffit! c'est assez!" (daï). En effet, ils ont emmené dans le désert la richesse "empruntée" aux égyptiens avant leur départ d'Egypte, ainsi que l'énorme butin récupéré sur le bord de la mer après l'engloutissement de tous les égyptiens. [Maharcha]

-> Un homme est en général insatisfait de sa part et désire toujours plus d'argent, car il lui semble toujours avoir des manques.
En effet, nos Sages enseignent : "Un homme ne quittera ce monde qu'avec la moitié de ses désirs dans sa main" (midrach Kohélét rabba 1,13).
Celui qui possède 100 en désirera 200 ; s'il obtient 200, il en désirera 400 ...

=> Comment alors les juifs ont-ils pu dire : "c'est suffisant!" (daï) à la quantité d'argent et d'or qu'ils possédaient (alors que par nature un homme n'est jamais satisfait par ce qu'il a)?

Nous pouvons répondre que la convoitise d'argent et l'insatisfaction permanente de notre situation économique ont pour origine la souillure (zouama) que le serpent (symbole du yétser ara) a communiqué à 'Hava et à ses descendants.
Or, il est dit dans la guémara (Shabbath 146a) que lorsqu'Israël s'est tenu au mont Sinaï, avant le don de la Torah, cette souillure a cessé (puisqu'Israël a retrouvé le niveau d'Adam et 'Hava avant leur faute) et n'est revenue qu'après la faute du veau d'or.

C'est pour cela qu'avant le don de la Torah, ils ont pu dire : "ça suffit (daï) [aux richesses]".
[rav Wasserman - Kovets Biour Aggadot 8,6]

=> On voit de là, à quel point dans sa nature, un homme n'est pas satisfait de ce qu'il a, désirant toujours plus.
Un juif doit travailler son caractère, au point d'en arriver à toujours se satisfaire de ce qu'il a. [tendre vers cet état d'avant la faute de Adam et 'Hava!]

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-> b'h, issu du : https://todahm.com/2019/01/12/jalousie-savoir-se-satisfaire-de-ce-que-lon-a

"Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne ensemble" (Ki Tétsé 22,10)

-> Le Daat Zékénim méBaalé haTossafot apporte la réponse suivante.
Le bœuf est un ruminant (mâchant les aliments avant de les avaler), tandis que l'âne ne l'est pas.
Lorsque le bœuf et l'âne sont attelés ensembles, et que l'âne voit que le bœuf rumine, il pense qu'il est en train de manger quelque chose. L'âne en devient alors jaloux, car il pense que le bœuf a été nourri et pas lui.
[en les faisant labourer ensemble, l'âne entendrait que le boeuf est encore en train de mâcher son repas, ce qui pourrait le faire souffrir que son maître aurait donné une portion plus importante à son "compagnon de travail" ]

En réalité, ils ont chacun la même quantité de nourriture, mais puisqu'il doit la mâcher, il donne l'impression qu'il a triché pour en avoir plus.

=> Pour éviter une telle souffrance émotionnelle à l'âne, la Torah de les atteler ensemble.

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz dit que si la Torah fait tellement attention aux sentiments d'un animal, combien à plus forte raison elle l'est concernant les êtres humains.
On apprend de là qu'il faut être vigilant lorsque l'on raconte autour de nous à quel point on a passé de belles vacances, à quel point notre femme est incroyable, combien nos enfants sont brillants, ...
Si la Torah veut éviter que l'âne devienne jaloux, nous devons tout faire pour que notre prochain ne le soit pas à cause de nous!

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"Ne laboure pas avec un boeuf et un âne, attelés ensemble" (Ki Tétsé 22,10)

-> Rachi précise : "Il en va de même pour toutes les espèces existantes qui sont différentes. Et il en va de même si on les mène harnachés par paires pour transporter quelque fardeau". [guémara Baba Métsia 8b]

On peut donner les raisons suivantes :
1°/ Le Rambam écrit : "Il me semble aussi que la défense d’associer ensembles deux espèces, pour n’importe quel travail, a pour motif de nous éloigner de l’accouplement de deux espèces ; si donc il est dit : ‘Ne laboure pas avec un boeuf et un âne attelés ensemble’, c’est parce que, réunis ensemble, ils pourraient quelquefois s’accoupler l’un avec l’autre". [Moré Névou'him III,49]

2°/ La première raison, explique le Ibn Ezra, est qu’Hachem, qui est miséricordieux envers toutes Ses créatures, a pitié de l’âne, dont la force n’est pas celle du boeuf. Conséquence : quand le boeuf et l’âne vont labourer ensemble, le boeuf, dont la force est plus grande, va labourer plus rapidement, et donc forcera l’âne à labourer au-delà de sa capacité, c’est de la cruauté animale.

3°/ A cette dernière explication, le ‘Hizkouni rajoute : "Le boeuf rumine continuellement et mange, tandis que l’âne ne rumine pas. Conséquence : l’un mange et l’autre jeûne, c’est de la cruauté animale."

4°/ Le Daat Zékénim des Tossafistes écrit de même : "Car le boeuf rumine et l’âne souffre quand il entend manger le boeuf."

5°/ Le Ben Ich 'Haï nous dit que le boeuf (animal pur) symbolise le yétser hatov tandis que l’âne (animal impur) symbolise le yétser ara. L’interdiction de "labourer ensemble le boeuf et l’âne" signifierait donc, du point de vue allégorique, qu’il est malsain de chercher un compromis entre nos 2 Penchants, disant : "Je vais à la synagogue pour prier (satisfaisant ainsi mon yétser haTov) cependant, je parle inutilement et prononce du lachon ara autour de moi (satisfaisant ainsi mon yétser ara)."

6°/ Le Rama de Pano (Assara Maamarot, Chikour Dine, II,8) écrit (au nom du Tikouné Zohar [V, 142a]) à propos du Veau d’Or : "On dit de lui que sa moitié supérieure avait la forme d’un boeuf broutant de l’herbe, et sa moitié inférieure avait la forme d’un âne. Ceux-ci représentaient deux éléments de la Klipa (forces impures du Mal) ... Et sur cet hybride, ils ont dit: ‘Voici tes dieux, ô Israël’ (Chémot 32, 8)."
Le Zohar [Béchala’h 84b-85a], concernant la raison profonde du Commandement : "Ne laboure pas avec un boeuf et un âne attelés ensemble" enseigne de ce fait qu’il est interdit de lier les deux forces impures, à savoir le "boeuf" et l’"âne", car, dit-il : "Quand elles se joignent, le monde ne peut subsister."

Aussi, le Mégalé Amoukot (Vaét’hanan 71) expliquant le commentaire du Zohar, écrit-il: «Ichmaël, superflu d’Abraham dont l’attribut est la Bonté (‘hessed), désigne la Bonté côté Klipa, celle de l’"âne", qui chapeaute 35 Nations à droite. Essav, superflu d’Its’hak dont l’attribut est la Rigueur (Guévoura), désigne la Rigueur côté Klipa, celle du "boeuf", qui chapeaute 35 Nations à gauche.
C’est pourquoi la Thora a interdit : ‘Ne laboure pas avec un boeuf et un âne, attelés ensemble’, car il y a un grand danger à les lier, étant donné qu’il s’agit là de la source de toutes les forces impures des 70 Nations du monde."
La Torah s’inscrit alors comme la principale arme efficace contre les Klipot du "boeuf" et de l’"âne". Aussi, y trouvons-nous y une allusion dans les propos de nos Sages (guémara Avoda Zara 5b) : "On enseignait à l’école d’Eliyahou : la parole de la Torah doit être pour nous comme ce qu’est le joug pour le boeuf et la charge pour l’âne qui la porte."
De plus, lorsque les Bné Israël affirmèrent leur acceptation inconditionnelle de la Torah : "Naassé véNichma" (nous ferons et nous écouterons - נעשה ונשמע), ils obtinrent en conséquence, pour eux et pour les générations futures, l’assurance de la protection divine face aux 70 Nations (35 à Essav עשיו et 35 à Ichmaël ישמעאל ), ainsi que la promesse de l’annulation de leurs forces maléfiques. Aussi, pouvons-nous remarquer que le mot נעשה (Naassé – Nous ferons) a la même racine que le nom עשיו (Essav), et que le mot נשמע (Nichma – Nous écouterons) a la même racine que le nom ישמעאל (Ichmaël).
Par ailleurs, les lettres communes aux mots נעשה et נשמע sont עשן (Achane - fumée) et les lettres restantes sont מה (Ma - 45 : valeur numérique du mot אדם Adam qui désigne Israël – "Vous, êtes appelés Adam" [guémara Yébamot 61a]), ceci pour faire allusion à la disparition (en fumée) du Mal des Nations et à l’éternité d’Israël. [Gaon de Vilna]

"Ainsi vous bénirez les enfants d'Israël en leur disant" (Nasso 6,23)

-> On déduit de ce verset que les Cohanim doivent se tourner vers le peuple pour les bénir. Mais apparemment, il aurait peut-être été plus logique qu'ils se tournent vers Hachem pour Lui demander qu'Il bénisse le peuple.
Le Maguid de Douvno propose le récit d'un père, qui voit son fils se dévoyer et décide de le sortir de sa maison sans ressource, pour le pousser à réfléchir et se ranger. Un jour, un proche se mit à sensibiliser le père et lui dit : "Ton fils est en train de tourner dans les rues, sans même un pull malgré le froid de l'hiver. Puis-je te demander au moins de lui faire parvenir un habit chaud?"
Le père lui répondit : "J'entends ta requête, mais moi je souhaiterai te demander de me permettre de lui faire parvenir ce pull".
Voyant qu'il ne comprenait pas, le père expliqua : "J'aime mon fils et je ne souhaite que l'aider. Mais je suis contraint de sévir pour le pousser à changer. Si tu l'aides à s'arranger, je ne demanderai pas mieux que de le rapprocher!"

=> De même, Hachem n'attend que de pouvoir accorder Ses Bénédictions à Israël. C'est leurs mauvais comportements qui bloquent.
Ainsi Hachem dit aux Cohanim : ""Dites leur!" Je vous en prie, adressez-vous à Mon peuple pour les diriger sur la bonne voie. Parlez-leur! Et Moi, Je les bénirai sans attendre".

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+ "Ainsi vous bénirez les enfants d'Israël en leur disant (amor laèm)"

=> Les mots "en leur disant" semblent superflus, le message aurait était compris sans. Si les Cohanim bénissent les juifs c'est forcément qu'ils vont dire ces mots.
Ainsi qu'est-ce que la Torah souhaite nous enseigner par cela?

-> Le Maguid de Koznitz explique que les juifs sont appelés : "les enfants d'Hachem" (Réé 14,1), et ainsi envers Ses enfants Hachem ne désire que pouvoir les combler de Son amour et de toutes Ses bénédictions, car le monde n'a été créé que pour les juifs (voir midrach Vayikra rabba 36,4).
Qu'est-ce qui empêche de recevoir de telles bénédictions et de vivre tout le bien que Hachem désire nous donner?
C'est notre mauvais penchant, nos sentiments et pensées négatifs.
Le roi David écrit : "Je suis avec lui dans le malheur" (Téhilim 91,15) = pour ainsi dire, Hachem est peiné lorsque nous ne sommes pas capables de recevoir les bénédictions qu'Il désire nous donner.

Le Maguid de Koznitz dit que c'est pour cela que Hachem a répété à la fin du verset : "amor laèm" (lit. dites-leur!).
Au premier abord, il semble que ces mots font référence à la mitsva de birkat Cohanim, mais cependant ces mots introduisent une autre mitsva. Hachem ordonne à Aharon le Cohen Gadol et à ses enfants de "dites-leur!" = rappeler aux Bné Israël à quel point Hachem peut et désire leur donner tellement de belles choses. Ils devaient les renforcer et les inspirer à continuer d'observer Ses mitsvot et à étudier la Torah, car grâce à cela les juifs se rapprochent de Lui. [encore plus qu'un parent, Hachem est peiné de nous voir éloignés de Lui par cause de nos avérot]
Ce n'est qu'une fois que les juifs comprennent et reconnaissent à quel point ils sont précieux aux yeux d'Hachem, que Aharon et ses enfants [les Cohanim] peuvent les bénir. En effet, c'est l'état de nos récipients et des conduits qui va nous permettre de recevoir les infinies bénédictions dont Hachem désire nous combler.

[plus nous reconnaissons que tout ne vient que d'Hachem (émouna en Lui), plus nous faisons téchouva (forte aspiration à vouloir être meilleur), et plus nous faisons de notre mieux pour agir selon Sa volonté, alors le plus nous sommes aptes à provoquer et réceptionner les flux Divins de bénédiction dont papa Hachem souhaite tellement nous donner.
A l'inverse, en fautant, nous causons de la peine à Hachem qui nous voit s'éloigner de Lui, et qui pourra alors moins nous donner de bonnes choses, et si l'on peut dire, c'est une chose terrible pour Lui! ]

Ainsi, la birkat Cohanim doit nous rappeler à quel point Hachem nous aime, à quel point nous sommes précieux à Ses yeux.
Lui qui a tout et peut tout, ne désire que nous combler du meilleur (matériellement et spirituellement). A nous de jouer!

+ Lorsqu’Israël est attaché à la Torah, la bénédiction Divine fait en sorte que son "dénombrement" devient illimité dans le sens qu’il n’est plus celui de "ce monde ci" (olam azé), un nombre qui décrit la quantité du corps, mais celui du "monde à venir" (olam aba), un nombre qui décrit la qualité de l’âme.
C’est le sens du verset : "Si Hachem vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous" (Vaét'hanan 7,7).
[Chla haKadoch]