Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

La prière de Min’ha

+ La prière de Min'ha :

-> Its’hak était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation (lassoua’h - לָשׂוחַּ) à l’approche du soir" ('Hayé Sarah 24,63)

-> Rachi commente ainsi le terme : lassoua’h : "Ce mot a le sens de prier".

-> Il est écrit dans la guémara (Béra'hot 26b) :
"Rabbi Yossé fils de Rabbi Hanina enseigne : les Patriarches ont institué les prières ... Avraham institua la prière du matin (Cha’harit) ... Its’hak institua la prière de l’après-midi (Min’ha), comme il est dit : "Its’hak était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation à l’approche du soir", or la méditation désigne la prière, comme il dit : ‘Prière du pauvre ... Il épanche sa prière devant Hachem’.
Yaakov institua la prière du soir (Arvit)".

-> A propos de l'importance de la prière de min'ha, la guémara (Béra'hot 6b) enseigne:
"Rabbi Halbo a cité Rav Ouna en disant qu’il faut être attentif à la prière de Min’ha comme nous l’apprenons au sujet du Prophète Eliyahou qui n’a été exaucé qu’à la prière de Min’ha.

Il est écrit : ‘A l’heure de Min’ha, le Prophète Eliyahou s’avança en disant ... Exauce-moi Hachem, Exauce-moi, afin que ce Peuple reconnaisse que c’est Toi le vrai D.’ (Méla'him I 18,37)"

-> Le Kli Yakar ('Hayé Sarah 24,63) commente : Bien que les autres Patriarches (Avraham et Yaakov) aient été exaucés également à la suite de leur prière (de Cha'harit et de Arvit), seul Its’hak a été exaucé immédiatement après avoir prié (au moment de Min'ha - dès qu'il a terminé, il a aperçu sa future femme sur un chameau, accompagnée de Eliézer).

[nos Sages voient en cela, une preuve que nos prières à Min'ha sont exaucées plus rapidement que celles de Cha'harit et de Arvit.]

<--->

-> "A l’heure de Min’ha, le Prophète Eliyahou s’avança en disant ... Exauce-moi Hachem, Exauce-moi (anéni Hachem, anéni), afin que ce Peuple reconnaisse que c’est Toi le vrai D." (Méla'him I 18,37)

La guémara (Béra'hot 6b) explique que Eliyahou haNavi a fait 2 prières : "Exauce-moi (anéni) que du feu descende du ciel, et exauce-moi (anéni) qu'ils [les juifs] ne disent pas que je fais de la sorcellerie [en faisant descendre du ciel du feu].

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Béra'hot 26b) enseigne :
Nos Sages (guémara Taanit 8b) disent qu'une personne ne doit pas prier pour 2 choses à la fois.
Si c'est ainsi, pourquoi Eliyahou haNavi a-t-il prier pour 2 choses (que le feu descende du ciel, et que les gens ne disent pas que c'est de la sorcellerie)?

Mais plutôt c'est parce que Min'ha est un moment très propice pour la prière, plus que les autres moments, et on peut demander à ce moment même pour 2 choses à la fois.

C'est pourquoi la guémara apporte particulièrement cette dracha où Eliyahou haNavi a demandé pour 2 choses, et cela afin d'attester que Min'ha est un moment très spécial pour la prière.

<--->

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan - Kora'h) donne une autre explication sur pourquoi les prières de Min'ha sont répondues plus rapidement que les autres prières.

Il se base sur la guémara (Shabbath 89b) suivante :
Dans le futur, Hachem dira à Avraham : "Tes enfants ont fauté contre Moi".
Avraham répondra : "Ils doivent être détruits, en raison de Ton saint Nom".
Avraham sera si bouleversé que les gens fautent contre Hachem, qu'il va conseiller qu'ils soient détruits, même s'ils sont ses descendants.

La guémara relate après un dialogue similaire entre Hachem et Yaakov.
Mais ensuite, Hachem va dire à Its'hak : "Tes enfants ont fauté contre Moi"
Its'hak va répondre : "Maître du monde! Est-ce qu'ils sont mes enfants et non pas Tes enfants? Tu les as appelés : "Mes enfants premiers-nés, Israël" (béni bé'hori Israël). Et maintenant Tu dis qu'ils sont mes enfants et non pas Tes enfants?"
Les arguments de Its'hak font sauver au final les juifs.

Le rav Yonathan Eibschutz ajoute que c'est pour cette raison que Its'hak aimait Essav.
Il avait tendance à prier pour les réchaïm, afin de les aider [à se débarrasser du mal en eux, et qu'ils mettent au grand jour leur beauté intérieure].

Le rav Yonathan Eibschutz écrit que c'est l'unicité de Min'ha.
Its'hak a établi Min'ha, et ainsi même si une personne a fauté et n'est pas méritante, ses prières dites à Min'ha seront quand même exaucées.

Dans les mots, il écrit :
"Nos Sages nous ont dit d'être vigilant avec Min'ha car Eliyahou haNavi a été répondu à Min'ha.
Cha'harit et Arvit ont été instaurées par Avraham et Yaakov, qui n'ont pas prié pour les réchaïm.
Ils disaient qu'ils doivent être détruits, en raison du saint nom d'Hachem [qu'ils ont souillé par leurs fautes].
Mais Its'hak a prié pour les réchaïm.
C'est pourquoi, lorsque Eliyahou haNavi a prié pour le peuple juif, bien qu'ils ne soient pas méritants, Hachem a répondu à ses prières à Min'ha."

<--->

-> Selon le rav Shlomo Yossef Zévin :
Le guémara enseigne que la prière la plus importante, à laquelle il faut être le plus vigilant, c'est min'ha.
La raison en est qu'elle est prononcée l'après-midi, quand l'homme est encore affairé à son travail. En revanche, Cha'harit est récité le matin, avant le travail, et Arvit, le soir, quand on est de retour à la maison.
Pour prier Min'ha, il faut arrêter son travail parfois même en plein milieu, ce qui peut être difficile, d'où son importance.

A l'époque, le travail le plus courant était l'agriculture. Ainsi, la valeur de Min'ha, c'est qu'elle est récitée quand on est encore dans le champ : "Its'hak sorti dans les champs pour se livrer à la méditation (= la prière)", c'est bien Min'ha.

-> Le Tour dit également que Min'ha est difficile à faire car elle tombe en pleine journée de travail.
Comment alors se rappeler de prier Min'ha? Surtout qu'il est dur de quitter le travail pour cela!

C'est justement parce qu'elle est plus difficile à accomplir, qu'elle est plus précieuse, et que les prières récitées à ce moment sont davantage exaucées.

[le fait d'être la tête sous l'eau, dans la routine, de notre travail pour obtenir notre subsistance, fait qu'on en oublie que rien ne peut nous arriver sans Hachem. Plus ou moins indirectement, on pense : c'est bon Hachem je gère! ... J'ai ma paie qui tombe chaque mois! Mon intelligence fait que je gagne tout seul ma vie! ...
Min'ha c'est ce moment où l'on arrête tout, où l'on atteste que : certes je fais des efforts nécessaire pour masquer la réalité (ma hichtadlout), mais la réalité c'est que tout me vient que grâce à Toi! ]

<--->

-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach a déclaré un jour que la lecture des Korbanot avant la prière de Min’ha possède la propriété miraculeuse d’épargner à celui qui s’y adonne d’avoir recours aux médecins.
On comprendra aisément d’après cela l’inanité de l’argument de ceux qui se dérobent à cette Mitsva en prétendant qu’ils n’en ont pas le temps. Car il en faut moins pour la lire que pour attendre son tour à une consultation médicale.

<--->

+ Le nom Min'ha :

-> Le Maguen Avraham (Choul’han Aroukh Ora'h 'Haïm 232), dans son introduction aux Lois relatives à la prière de Min’ha, se demande [au nom du Tossefot dans Pessa’him 107a] : pourquoi la prière de l’après-midi est-elle appelée Min’ha (Offrande).

Il répond : "Puisqu’Eliyahou Hanavi a été exaucé à ce même moment de la prière de Min’ha, lorsqu’il offrit lui-même une ‘Offrande’ (Min’ha) à D., c’est pour cela que cette prière porte ce nom de Min’ha, par rapport à l’Offrande d’Eliyahou Hanavi ; offert au cours d’un ‘moment propice’ (ét ratson - עת רצון)".

-> Le Séfer ha'Haïm (le frère du Maharal) explique que Its'hak a été mis sur l'autel (lors de la Akéda), et il était comme un korban ola.
Puisqu'un korban ola a besoin d'être accompagné d'un min'ha (une offrande de farine), alors Its'hak a complété cette partie de son korban par des prières.

-> Le Baal haTanya rapporte la guémara (Ménou'hot 104b) citant que le seul korban avec le mot : "néfech" (âme) qui lui est écrit à proximité est le korban min'ha. Comme il est écrit : "néfech ki tak'riv min'ha l'Hachem" (Vayikra 2,1).
=> Pourquoi est-ce spécialement ce korban?

C'est parce que Hachem dit : "Qui est-ce qui apporte un korban min'ha? Il s'agit de quelqu'un qui est pauvre et qui ne peut se permettre d'amener qu'un peu de farine avec de l'huile.
Je considère cela comme s'il m'avait offert son âme (néfech) devant moi!"

De même, lorsqu'on interrompt son travail en plein milieu pour prier Min'ha, il y a un aspect de messirout néfech (don de soi), et c'est pourquoi cette prière s'appelle : min'ha.
Ainsi, lorsque l'on sacrifie tout pour aller prier Min'ha, alors Hachem dit : "Je considère comme si vous avez offert votre âme devant moi".

-> Le Ramban explique que cette prière porte ce nom, car "Min’ha" vient du mot "Ménou’ha", qui signifie repos ; c’est en fait le début du "repos" (coucher) du soleil de cette même journée.

-> Le Kédouchat Lévi enseigne : la prière de l’après-midi est appelée "Min’ha" qui signifie "cadeau", car nous n’avons pas l’obligation de prier à ce moment-là, contrairement aux autres prières de la journée.
En effet, le matin nous devons remercier Hachem de nous avoir fait revenir en nous notre âme que nous Lui avions prêtée la veille.
De même le soir, nous devons implorer Hachem de bien vouloir nous restituer, à notre réveil, notre âme que nous allons lui confier pour la nuit

<--->

-> b'h, au sujet de Min'ha de Shababth : https://todahm.com/2020/07/20/minha-de-shabbath

"Lorsqu'un homme volera un bœuf ou un agneau, puis l'égorgera ou le vendra, il donnera 5 pièces de gros bétail en compensation du bœuf, et 4 ovins en compensation de l'agneau" (Michpatim 21,37)

-> Rachi rapporte les paroles de rabbi Yo'hanan ben Zakaï (guémara Baba Kama 79b) : "Hachem traite ses créatures avec des égards. Pour voler un bœuf, qu'il suffit de tirer pour le faire avancer, l'homme n'a pas à se rabaisser et à le porter sur l'épaule : il devra alors payer 5 fois son prix.
Mais pour dérober un mouton, il faut se rabaisser et le porter sur l'épaule : le voleur n'aura à payer que 4 fois sa valeur."

-> Le rav Eliyahou Lopian s'interroge :
"Cet homme, dépourvu de toute dignité, n'a pas eu honte, après avoir volé cet agneau, de le transporter sur ses épaules au vu de tous : pourquoi la Torah le prend-elle donc en pitié et diminue-t-elle sa punition?"

Il répond que chaque homme est formé d'un corps (partie matérielle de son être) et d'une âme (sa partie divine). Ce voleur, que ne rebute aucune humiliation, a néanmoins ressenti au plus profond de lui une certaine incommodité : c'est pourquoi Hachem, soucieux de l'honneur de chacun, en a tenu compte et a réduit sa punition d'un cinquième.

Le rav Lopian conclut que s'il en est ainsi à propos de cet acte méprisable, à plus forte raison en est-il des mitsvot : un homme qui multiplie efforts et fatigue pour les accomplir, et ne fait pas cas de ceux qui se moquent de lui, verra la valeur de ses actions décuplée.

<--->

-> Le Saba de Kelm enseigne de façon similaire :
La Torah considère la fatigue du voleur, qui a transgressé une mitsva de la Torah, en amoindrissant sa punition pour l'effort qu'il a fourni.
Combien plus Hachem augmentera al récompense pour celui fournira des efforts afin d'accomplir les commandements de la Torah, et à plus forte raison tout celui qui fournira des efforts pour un commandement établi par les sages.
A plus forte raison, combien sera grande la récompense de celui qui s'imposera des barrières afin de s'éloigner de la faute.

<--->

-> Le rabbi Bounim de Pshischa enseigne que nous apprenons 3 choses du voleur que nous devons appliquer dans le service divin :
1°/ le voleur n'est pas feignant, que ce soit le jour ou la nuit, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, il accomplit sa besogne.
2°/ S'il ne réussit pas la première fois, il retentera sa chance et recommencera autant de fois que nécessaire jusqu'à ce qu'il réussisse.
3°/ Il ne néglige pas les petites choses ; même dans le cas d'un petit vol, il ne peut pas s'en empêcher.

L’importance de ne pas être jaloux d’autrui

+ L'importance de ne pas être jaloux d'autrui :

-> Le Agra déKala écrit :
"Il est connu que les 10 Commandements sont un synopsis de toute la Torah, et que le dernier des 10 Commandements : "Tu ne convoiteras pas" (lo ta'hmod) est un résumé de tous les 10 Commandements.
[Ainsi, "Tu ne convoiteras pas" est l'essence de toute la Torah.]
"Tu ne convoiteras pas" signifie que nous devons être satisfait de ce qu'Hachem nous a donné, même s'Il se retient de nous accorder quelque chose de bien qu'Il a donné à d'autres.
Nous devons être satisfaits du fait que seulement Hachem sait ce qui est véritablement bien pour chaque personne. Et par conséquence, il n'y a aucune raison d'être jaloux de notre prochain."
[et cela constitue le résumé de toute la Torah!]

-> Le rabbi Méïr de Prémichlan disait que l'essence de toute la Torah est de faire du 'hessed, d'aimer les autres juifs (ahavat Israël), et d'avoir de bonnes midot. Etre jaloux d'autrui est l'exact opposé de ce qu'est la Torah.

Tout juif a une part dans la Torah

+ Tout juif a une part dans la Torah :

-> Les 10 Commandements commencent par "Je suis Hachem, ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage" (Yitro 20,2).
=> Pourquoi n'est-il pas plutôt écrit : "Je suis Hachem qui a créé le monde"?

-> Le 'Hatam Sofer (Drachot Shavouot 5562) écrit :
"La Torah n'a pas été donnée à des individus en particulier, elle a été donnée à tout le peuple juif, à la fois la 'helbéna (les personnes les plus bas) ensemble avec les béssamim (les tsadikim).
Cela a été fait de façon intentionnelle pour permettre à chaque juif d'obtenir une part dans la Torah ...
C'est la raison pour laquelle nous avons reçu la Torah peu après la sortie d'Egypte, bien que nous n'étions pas encore méritant du don de la Torah.
Cela nous enseigne qu'on ne doit jamais perdre espoir d'acquérir une part dans la Torah.
Et même si nous sommes à un niveau très bas, nous sommes équivalent au plus grand".

-> A la sortie d'Egypte, les juifs étaient arrivés au 49e niveau d'impureté (sur 50), les anges ont même dit à la mer Rouge : "Pourquoi les juifs doivent-ils être sauvés alors que les égyptiens se noient? Les juifs ont également vénéré des idoles!"
Si la Torah a pu leur être donnée, il est évident que la Torah peut également nous être donnée. Chaque juif a un droit à l'étude et à l'observation de la Torah.
[rav Elimélé'h Biderman]
[c'est notre yétser ara qui nous pousse à penser que Hachem ne nous désire pas tant que ça, qu'Il n'accorde pas d'importance à notre étude de la Torah, comme cela on ne s'y investit pas pleinement. Or, la réalité est totalement opposé à cela!
On peut l'illustrer avec les paroles du Steïpler : https://todahm.com/2018/10/10/agir-au-maximum-de-ses-capacites ]

<--->

-> "Ils se tinrent debout au bas de la montagne" (Yitro 19,17)
Le Beit Aharon (roch 'hodech Sivan) dit que ce verset fait allusion au faible niveau de la nation juive lorsqu'ils ont reçu la Torah.
Il écrit : "Tout le monde peut recevoir la Torah, peut importe ce qu'il est. Même ceux au niveau le plus bas peuvent recevoir la Torah.
C'est le sens du fait que la Torah a été donné aux juifs alors que "ils se tinrent debout au bas de la montagne".

-> Le Zohar (vol.2, 68) écrit : "Yitro était un prêtre respecté de premier rang. [A l'époque, ] il était comme "le pape" pour tous les types de cultes d'idoles.
Lorsqu'il loua Hachem en disant : "maintenant je sais que Hachem est plus grand que tous les autres dieux" (ata yadati ki gadol Hachem mikol élokim), alors l'honneur d'Hachem a été augmenté dans tous les mondes, en-haut et en-bas".

Nos Sages rapportent que de nombreux prêtres d'idolâtries attendaient de voir la réaction de Yitro face aux miracles de la mer Rouge. En effet, Yitro était le responsable spirituel des non-juifs de cette époque, et ils agiraient en fonction de ce qu'il ferait.
C'est pourquoi lorsque Yitro loua Hachem pour les miracles de l'ouverture de la mer Rouge, ils ont suivi son exemple, et ils ont également loué Hachem.
Cela a créé un énorme kidouch Hachem.

=> Dans la Torah, le don de la Torah suit le récit de Yitro qui rejoint le peuple juif.
Quelle est la signification de cet enchaînement des choses?

Rabbi Leibele Eiger (Torat Emet - Yitro) explique que la Torah veut encourager chaque juif à accepter la Torah. Personne ne doit ressentir qu'il n'est pas assez méritant, car peu importe à quel point il a pu chuté [spirituellement], il n'est pas tombé plus bas que Yitro. [qui avait essayé toutes les adorations d'idoles possibles, et était la référence, le chef mondial des idolâtres]
Si Yitro a pu recevoir la Torah, alors nous aussi.
[quoiqu'il puisse faire, un juif sera toujours appelé : "fils adoré d'Hachem", et par ce lien (à l'inverse des non-juifs) nous avons toujours énormément de valeur aux yeux d'Hachem!]

<--->

-> Le midrach (Tan'houma - Dévarim) écrit :
"Hachem a proposé la Torah à toutes les nations du monde, mais elles l'ont refusée.
Alors, Hachem a proposé la Torah aux Bné Israël, qui l'ont acceptée."

-> Le Imré Emet (5667) souligne que Hachem aurait véritablement donné la Torah aux non-juifs s'ils l'avaient acceptée.
Ainsi, si même un non-juif peut potentiellement étudier et observer la Torah, alors à combien plus forte raison un juif, qui a en lui une partie d'Hachem [beaucoup plus élevée que les non-juifs] et qui est un descendant des Patriarches [et Matriarches], peut lui étudier la Torah et observer les mitsvot.

<--->

-> Il est écrit : "Je vous ai portés sur l'aile des aigles, Je vous ai rapprochés de Moi" (Yitro 19,4)

L'aigle est un animal non cashère, impur.
Le Sfat Emet (rapporté par son fils le Imré Emet - Yitro 5691) explique que Hachem nous a porté sur un oiseau non casher afin de nous enseigner que même celui qui a beaucoup fauté (et qui est à l'image d'un animal impur, non casher), s'il étudie la Torah alors il sera rapproché d'Hachem.
En effet, peu importe le niveau où l'on est, l'étude de la Torah a la faculté de nous élever à de très hauts niveaux.
C'est ce qui s'est passé en Egypte : les Bné Israël étaient au 49e niveau d'impureté, et Hachem les a amené très proche de Lui jusqu'à ce qu'ils soient aptes à recevoir la Torah, qu'Il leur parle directement.

De plus, la nature d'un aigle est de muer/renouveler ses plumes chaque année, et il devient alors comme un tout nouvel oiseau (voir Rachi - Téhilim 103,5).
Ainsi, Hachem nous a pris sur les ailes d'un aigle pour nous apprendre à être comme l'aigle, qui recommence toujours à nouveau.
[à l'image de l'aigle qui perd ses plumes pour de nouvelles, de même nous devons savoir se renouveler (avoir un regard neuf, frais), toujours s'améliorer, faire téchouva (en quittant nos mauvaises habitudes, comportements - à l'image de l'aigle qui perd ses plumes et devient comme un nouvel oiseau), ... ]

<--->

-> Les 10 Commandements commencent par "Je suis Hachem, ton D., qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, d'une maison d'esclavage" (Yitro 20,2).
=> Pourquoi n'est-il pas plutôt écrit : "Je suis Hachem qui a créé le monde"?

Les Richonim expliquent que la sortie d'Egypte est en réalité une meilleure source pour renforcer notre émouna que la Création du monde, car en plus de la émouna, la sortie d'Egypte nous renforce dans la Providence divine (hachga'ha pratit) constante et également à quel point Hachem aime le peuple juif.

La lecture des 10 Commandements

+ La lecture des 10 Commandements :

1°/ Prendre conscience de l'importance de toute lecture de la Torah :

-> Le Shévet Moussar (34,19) décrit ce à quoi nous devons penser lorsque nous entendons une lecture de la Torah :
"Imagine que la bima est le mont Sinaï et que tu reçois la Torah du mont Sinaï.
Pense que Hachem et Ses anges sont présents, comme cela l'a été au don de la Torah.
Visualise que c'est Moché Rabbénou qui lit la Torah et que toute la nation [juive] se tient autour du mont Sinaï pour écouter la Torah de sa bouche".

-> La Michna Broura (146,19) écrit :
"Selon la halakha, il est permis de s'asseoir lorsque l'on écoute la lecture de la Torah, mais le Maharam de Rothenbourg dit qu'il est bien d'être debout. La raison est que lorsque nous écoutons la lecture du Séfer Torah, on doit s'imaginer comme si l'on écoutait la lecture de la Torah au mont Sinaï, et au mont Sinaï tous les juifs étaient debout."

=> Il en découle de cela qu'à chaque fois que la Torah est lue, c'est réellement et concrètement un petit don de la Torah.

-> Avant de se rendre à la synagogue le matin de Shavouot pour réciter la prière de Cha'harit, le rabbi de Berditchev s'écria : "Je vais rencontrer Hachem!"

<--->

2°/ La lecture des passages relatifs au don de la Torah :

-> Le midrach (Psikta 12 ; Yalkout Chimoni Yitro 271) enseigne :
"Hachem dit à la nation juive : 'Mes enfants lisent cette paracha [du don de la Torah] chaque année, et Je considérerai cela comme s'ils se tenaient devant Moi au mont Sinaï et qu'ils recevaient la Torah".

-> Nous lisons 3 fois par an les 10 Commandements : à Shavouot, le Shabbath de la paracha Yitro, et celui de Vaét'hanan.
[ainsi, le don de la Torah au Sinaï n'est pas un événement lointain, il se reproduit réellement 3 fois par an!]

-> Le Beit Avraham en explique la raison :
Les patients très malades ont besoin de médicaments puissants, mais leur corps est trop faible pour les supporter.
C'est pourquoi, le médecin va administrer les médicaments en 2 ou 3 doses. [plutôt qu'en une seule]
De la même façon, nous acquérons de fortes doses de émouna lorsque nous lisons les 10 Commandements. Mais l'expérience spirituelle qui vient de la lecture de ce passage de la Torah est très intense et peut être trop puissante pour nous qui sommes faibles [spirituellement parlant].
C'est pour cela que l'impact est divisé en 3 portions (à Shavout, à Yitro, à Vaét'hanan), pour qu'ainsi nous puissions absorber son message.

<--->

-> Le rabbi de Satmar explique "Naassé véNichma" comme signifiant : si une personne se prépare elle-même en faisant de bonnes actions (naassé), alors elle va mériter d'entendre (nichma) Hachem qui dit "ani Hachem Eloké'ha" (c'est le début des 10 Commandements - Yitro 20,2).
[plus nous agissons de notre mieux pour Hachem, plus nous nous permettons de pouvoir entendre et internaliser l'énorme message d'émouna des 10 Commandements]

-> En ce sens également, un vendredi soir de Shabbath Yitro, rabbi Lévi Its'hak de Berditchev a dit : "Demain lorsque les 10 Commandements seront lus, les gens avec des oreilles saintes entendront Hachem dire les 10 Commandements".

-> A ce sujet que la perception du don de la Torah est propre à chacun, on peut citer le Méam Loez (Yitro 20,1) :
"Chaque personne entendit la voix de D. selon sa capacité personnelle.
Par exemple, les femmes enceintes perçurent une voix très douce afin que la frayeur ne provoque pas de fausse couche ...
Au Sinaï, la voix de D. était si puissante qu'elle fit trembler toute la terre. Cependant, les personnes faibles l'entendirent comme une voix douce et délicate pour pouvoir la supporter et la comprendre.

Chaque personne présente au Sinaï saisit la Torah selon sa connaissance préalable.
Certains la comprirent au niveau de la guémara (analyse logique), d'autres au niveau de la michna (les lois), tandis que d'autres ne la comprirent qu'au niveau de la Torah (selon son sens littéral).
Certains saisirent la signification externe des mots tandis que d'autres en perçurent les mystères kabbalistiques plus profonds.

Le jour où la Torah fut donnée, tout dépendait de la préparation spirituelle individuelle de chacun".

<------------>

-> Le 'Hidouché haRim (Shavouot) enseigne :
"Hachem nous a donné a Torah comme un cadeau, et nos Sages (guémara Baba Batra 65a) nous disent que lorsque quelqu'un donne un cadeau, il doit le donner avec un bon œil (généreusement)".
De même, lorsque Hachem nous a donné la Torah, Il nous l'a donnée avec un bon œil. Cela signifie qu'Il nous a donné les forces et la sagesse nécessaires pour comprendre la Torah."

"Et Hachem descendit sur le mont Sinaï" (Yitro 19,20)

-> Le midrach (Bamidbar rabba Nasso 13) enseigne :
Rabbi Chmouël bar Na'hmani enseigne que lors de la création du monde, Hachem désira avoir une demeure pour résider parmi les créatures du monde d'en-bas.
Lorsqu'Adam et 'Hava fautèrent, la Présence divine se retira du monde d'en-bas pour remonter dans le premier firmament. Puis, lorsque Caïn tua Hével, la Présence divine quitta le premier firmament pour remonter au second.
A l'époque d'Enoch, Hachem s'éloigna jusqu'au 3e firmament.
La génération du Déluge quant à elle, éloigna la Présence divine au 4e firmament.
La génération de la tour de Bavél l'éloigna jusqu'au 5e.
Les habitants de Sodome l'éloignèrent jusqu'au 6e.
Enfin, arrivèrent Amrafel et ses proches qui éloignèrent le Maître du monde jusqu'au 7e firmament.

Que fit Hachem?
Il "replia" les générations jusqu'à Avraham qui accomplit la volonté du Créateur et rapprocha Sa Présence divine jusqu'au 6e firmament.
Its'hak, par son service divin irréprochable, rapprocha Hachem jusqu'au 5e firmament.
Yaakov jusqu'au 4e et la tribu de Lévi jusqu'au 3e firmament.
Amram la rapprocha jusqu'au 2e firmament, tandis que Moché replaça la Présence divine au 1er firmament.
Enfin, lorsque tout le peuple reçut la Torah d'un cœur entier, la Présence divine descendit dans notre monde et Se rapprocha jusqu'à une hauteur de 10 téfa'him de notre monde.

<--------------->

-> "Hachem descendit sur le mont Sinaï, sur la cime de la montagne ; Hachem appela Moché sur la cime de la montagne ; Moché monta" (Yitro 19,20)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Le mot montagne en hébreu se dit Har (הַר), il s’écrit Hé et Rech, si on prend les lettres qui précèdent Hé et Rech dans l’alphabet, on obtient Kouf et Dalet, si on les rajoute à Hé et Rech on obtient le mot Kdérah, une marmite.
Pour nous enseigner en allusion que le Har Sinai était comme une marmite, dans laquelle on met de la viande crue, pas très ragoutante ni consommable en l’état, puis on en sort un met délicat et appréciable. Les Bné Israel au Har Sinai ont perdu l’impureté enracinée au fond d’eux depuis la faute d’Adam Harichon avec le serpent. C’est pour ça qu’ils devaient rester au pied de la montagne, comme s’ils étaient à l’intérieur de la marmite en train de se transformer en met de choix.
Par contre Moché, né pur et déjà prophète, sans aucune imperfection, lui n’a pas besoin de cette transformation. C’est pour ça qu’Hachem l’appelle près de lui et au dessus de la marmite, au point que le Arizal dira à propos du verset : "Moïse parlait et Hachem répondait dans la voix (littéralement)" (Yitro 19,19).
Les mots "répondait dans la voix" se lisent "répondait deux voix" (ב קול – deux voix à la place de בקול – dans la voix) pour nous dire que la prophétie de Moché était si grande que les deux voix s’habillaient et se mélangeaient.

"Aharon vint ainsi que tous les anciens d'Israël, pour manger du pain avec le beau-père de Moché devant D." (Yitro 18,12)

-> Rachi demande où se trouvait donc Moché pendant ce temps?
Il se tenait debout et les servait.

=> Pour quelle raison Moché ne mangea-t-il pas avec eux et se tenait-il debout en les servant?

-> Le verset suivant est : "Ce fut le lendemain, Moché s'assit pour juger le peuple ; le peuple se tint debout près de Moché depuis le matin jusqu'au soir" (Yitro 18,13).
Selon Rachi : il s'agissait du lendemain du jour de Yom Kippour.
Le rabbi Shalom de Belz explique qu'ainsi le repas qui fut organisé était le jour même de Yom Kippour.
Les Bné Israël n'avaient pas encore reçu la Torah et ne connaissaient pas les lois de Yom Kippour. Cependant, Moché les connaissaient et c'est la raison pour laquelle il ne mangea pas avec eux.

-> D'après le Ramban, ce repas était en l'honneur de la conversion de Yitro qui s'immergea dans un mikvé et fut circoncis.

-> D'après la Mékhilta, ce repas était en l'honneur du remariage de Moché et de Tsipora.
En effet, lorsque Moché partit pour libérer les Bné Israël d'Egypte, il divorça de son épouse, comme il est écrit : "Yitro, le beau-père de Moché, prit Tsipora la femme de Moché, après qu'il l'eût renvoyée" (Yitro 18,2).
Concernant le guét, qui est le contrat de divorce ordonné par la Torah, il est écrit à son sujet : "Il écrira pour elle un contrat de divorce et le lui donnera dans sa main et la renverra dans sa maison" (Ki Tétsé 24,3).
Ainsi, en juxtaposant les 2 versets de la Torah, nous comprenons que Moché divorça de Tsipora en la renvoyant chez elle avant de rentrer en Egypte pour délivrer le peuple juif.
Tsipora avait la possibilité de se remarier mais elle décida d'attendre jusqu'à ce que Moché fasse sortir le peuple juif d'Egypte.
Moché n'ayant pas reçu le statut de Cohen Gadol qui fut attribué à son frère Aharon, il resta un Lévi et put donc épouser une femme divorcée.
Ainsi, tous les anciens honorèrent le remariage de Moché et de Tsipora par une 'houpa et des kidouchin et firent un festin avec les 7 bénédictions durant une seule journée, car en cas de remariage les festivités du mariage ne durent qu'une seule journée au lieu de 7.
[Dorèch Tsion]

"Lorsqu'ils rencontrent un problème, il vient vers moi, et je juge entre un homme et son prochain" (Yitro 18,16)

=> A priori, il aurait été plus juste que la Torah s'exprime ici au pluriel : "ils viennent vers moi" puisque devant chaque litige, il est nécessaire de faire comparaître des témoins.
Pourquoi le singulier est-il employé ici : "il vient vers moi"?

-> Le Maharal explique que seules 2 personnes réussirent à juger correctement, sans l'aide de témoin, durant toute l'histoire de l'humanité. Ce furent Moché Rabbénou et le roi Chlomo.
Moché avait la capacité de connaître la vérité grâce à son niveau de prophétie, tandis que Chlomo y parvenait grâce à son niveau de sagesse.

Cependant à l'avenir, lorsqu'arrivera le machia'h, il jugera le peuple grâce à son odorat comme il est écrit : "Il sentira avec la crainte de D., il ne jugera point selon ce que ses yeux verront, il ne décidera pas selon ce que ses oreilles entendront" (Yéchayahou 11,3).
Il n'aura pas besoin d'entendre les différents partis, comme Moché et n'aura pas besoin de les voir, comme le roi Chlomo mais il n'aura qu'à le sentir pour discerner qui est honnête et qui ne l'est pas.

D'après ceci, nous pouvons comprendre la réponse de Moché dans la Torah lorsque Yitro vint le conseiller pour éviter qu'il ne se fatigue trop par la multitude de jugements à réaliser seul.
Moché lui répondit à ce sujet : "Lorsqu'ils rencontrent un problème, il vient vers moi" = lorsqu'il y a un jugement à réaliser, la prophétie vient vers moi et me fait savoir comment juger. Je n'ai donc pas à me fatiguer tant que cela pour arriver à déceler la vérité.
C'est la raison pour laquelle il est écrit au singulier : "il vient vers moi" qui désigne la prophétie.

"Et tu feras le candélabre en or pur, c'est d'une seule pièce que sera fait le candélabre" (Térouma 25,31)

-> Rachi commente : Moché rencontrait des difficultés à le réaliser, Hachem lui dit : "Jette le Kikar (le morceau d'or) dans le feu et il se formera de lui-même."

-> Le Divré Chmouel voit dans ce commentaire une allusion à la voie à suivre pour acquérir la émouna : lorsqu’une personne est confrontée à un obstacle ou une épreuve dans le domaine de la subsistance évoquée par le Kikar (litt. morceau de pain) et que, écrasée par le poids des vicissitudes de l’existence, elle désespère de voir sa situation s’améliorer, elle se jettera entièrement avec l’épreuve qui la tourmente dans le feu (allusion à D. qualifié dans la Torah de ‘feu dévorant’).
En agissant de la sorte, "il se formera de lui-même" (son épreuve se solutionnera d’elle-même), comme il est dit : "Transmets à Hachem le joug (de ta subsistance) et Il te nourrira" (Téhilim 55, 23).

"Tu feras la table en bois de Chittim ... et tu lui feras 4 anneaux en or" (Térouma 25,23-26)

-> Le Kli Yakar rapporte l'allusion suivante :
"Les anneaux sont ronds, ils viennent par-là évoquer que l'homme doit se rappeler que la réussite dans ce monde est une roue qui tourne comme cet anneau.
Dès lors, il se souviendra de faire participer les nécessiteux à "sa table" en pourvoyant à leurs besoins.
En effet, lorsqu'il pensera en permanence que tout son argent et tous ses biens ne sont qu'un don du Ciel et qu'Hachem peut à Sa guise les lui reprendre, cela l'incitera à utiliser son argent pour faire du bien autour de lui.
Hachem l'aidera alors à conserver cet argent qu'Il a lui-même entreposé dans ses mains."