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"Si Essav vient contre un camp et le frappe, le camp restant sera sauvé" (Vayichla'h 32,9)

-> Rachi explique que Yaakov se prépara à la rencontre avec Essav à l'aide de 3 éléments : le cadeau, la prière, et la guerre.

-> Le Sfat Emet commente :
Les 3 éléments de préparation de Yaakov, à propos de la rencontre avec son frère, apparaissent en allusion dans la paracha du Shéma Israël.
Ceci afin de permettre à chaque juif de savoir comment atteindre un niveau très élevé dans le service Divin : "Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir" (Vaét'hanan 6,5).

- "de tout ton cœur" = c'est le service Divin que l'on a dans le cœur, c'est-à-dire la prière. (cf. guémara Taanit 2a)
- "de toute ton âme" = c'est la guerre que l'homme mène contre son mauvais penchant.
- "de tout ton pouvoir" = ce sont les cadeaux, c'est-à-dire la tsédaka et les actes de bonté.

"Les fils de Yaakov étaient douze" (Vayichla'h 35,22)

-> Selon Rachi : Nos maîtres ont expliqué que le texte vient nous enseigner qu’ils étaient tous égaux et qu’ils étaient tous des justes (tsadikim), Réouven n’ayant pas péché.

=> Comment le fait d'être inscrit avec ses frères prouve qu'il est égal à eux et qu'il n'a pas fauté?
Peut-être qu'il a fait téchouva, et qu'après il soit devenu aussi égal à eux?

-> Le Adérét répond que si Réouven avait fauté, il aurait été bien plus grand que ses frères, car d'après nos Sages (guémara Béra'hot 34b) : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".
Ainsi, Réouven n'a pas fauté, et il n'a pas non plus fait téchouva.

=> Nous ne devons jamais rechercher à transgresser la volonté d'Hachem, mais si nous sommes tombés dans la faute, alors nous devons faire téchouva, et nous deviendrons plus grand par cela.
Nous pouvons alors atteindre un niveau plus important que si n'avions pas fauté.

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-> "Or, tandis qu'Israël résidait dans cette contrée, Réouven alla et cohabita avec Bilha, la concubine de son père, et Israël [l'] entendit" (Vayichla'h 35,22)

-> Après la mort de Ra'hél, Yaakov fixe sa résidence principale dans la tente de Bilha, la servante de Rachel. Réouven y voit un affront pour Léa, sa mère, et déclare : "Si Rachel, la sœur de ma mère, a été sa rivale, la servante de la soeur de ma mère sera-t-elle la rivale de ma mère?" Pour défendre l'honneur de sa mère, Réouven décide alors de déplacer le lit de Yaakov et de le porter dans la tente de Léa.
La Torah décrit sa conduite en termes très durs, comme si Réouven avait commis une faute très grave. Cela correspond à l'affirmation de nos Sages selon laquelle les grands hommes sont jugés avec une très grande gravité, même pour des transgressions mineures, car leur conduite est évaluée selon des critères infiniment plus élevés que les nôtres.

Selon le Maharcha, c'est pour honorer la mémoire de Ra'hél que Yaakov a installé sa couche dans la tente de Bilha. En effet, il avait travaillé 14 ans pour pouvoir épouser Rachel et elle était le pilier de sa maison. Pour lui rendre hommage, il a honoré sa fidèle servante qui, après être devenue elle-même l'épouse de Yaakov, avait fidèlement continué à servir Ra'hel.
Il se peut aussi que Yaakov se soit installé chez Bilha parce que c'est elle qui élevait Yossef, âgé de 8 ans à peine, ainsi que le nouveau-né, Binyamin, qui n'étaient pas seulement ses enfants les plus jeunes, mais aussi les seuls souvenirs vivants de son épouse bien-aimée. ['Houmach Artscroll]

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-> Le Arizal (Likouté Torah - Vayé'hi) explique :
"Réouven tu es mon premier-né" (Vayé'hi 49,3). Yaakov savait déjà parfaitement que Réouven était la réincarnation de Caïn et c'est la raison pour laquelle il fut nommé Réouven = ראו בן (réou bén) qui signifie "regarde le premier fils de l'humanité qui versa le sang dans le monde".
Réouven répara sa faute lorsque ses frères souhaitèrent tuer Yossef et qu'il s'y opposa en souhaitant le ramener à son père. Néanmoins, Réouven ne répara pas la faute qu'il commit avec la sœur jumelle d'Hével lors de son guilgoul (réincarnation) précédent.
Et c'est le sens des paroles : "Réouven tu es mon premier-né" = Te reviennent naturellement la prêtrise, le droit d'aînesse et la royauté, mais que puis-Je faire ? Tu as profané le lit de ton père!

En effet, le midrach (Béréchit rabba 22,7) nous explique qu'Hével naquit avec deux sœurs jumelles et que Caïn souhaita acquérir la deuxième jumelle d'Hével argumentant qu'il était le premier-né et qu'il avait légitimement droit à une double part.
Hével refusa prétextant qu'elle était née avec lui et que par conséquent, c'est à lui que revenait le droit de l'épouser, ce qui poussa Cain à le tuer.

Le Arizal (chaar apéssoukim Vayichla'h) explique que Bilha était la réincarnation de la deuxième sœur jumelle d'Hével.
Il explique ceci en s'appuyant sur le verset suivant : "Et ce fut alors qu'Israël séjournait dans ce pays, Réouven alla et cohabita avec Bilha, la concubine de son père. » (Vayichla'h 35,22).
Le Ari Zal nous fait remarquer que le nom de Bilha (בלהה) est composé des mêmes lettres que le nom Hével (הבל) avec la lettre hé (ה) en plus faisant allusion à la deuxième sœur jumelle de Hével.
En empêchant son père de s'unir à Bilha, il réitéra le dommage que Caïn avait causé en empêchant Hével de s'unir avec sa deuxième sœur jumelle.

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach) s'appuie sur cet enseignement lorsqu'il écrit :
Réouven était la réincarnation de Caïn tandis que Yossef était la réincarnation d'Hébel. Réouven souhaitait réparer le dommage causé par Caïn qui avait assassiné son frère et c'est la raison pour laquelle il fit tout ce qui était en son pouvoir pour ramener Yossef à son père. Cependant, il échoua concernant la deuxième sœur jumelle qui était revenue en guilgoul dans Bilha et c'est ainsi que Yaakov dit à son sujet : "Impétueux comme l'eau, tu ne prendras pas davantage" (Vayé'hi 49,4).

Il est rapporté dans la guémara (Shabbath 55b) : "Tout celui qui dit que Réouven a fauté se trompe, comme il est écrit : "Les fils de Yaacov furent douze"."
Ceci vient nous enseigner que Réouven était un Juste parfait. Cependant, il n'a pas réussi à parachever la réparation de la néchama de Caïn car le temps n'était pas encore venu pour que la promesse d'Hachem à Rivka ne s'applique : « Et le grand servira le plus jeune" (Toldot 25,23).
Nos Sages (guémara Kétoubot 103a) nous ont enseigné au sujet du verset : "honore ton père et ta mère" (כַּבֵּד אֶת אָבִיךָ וְאֶת אִמֶּךָ - Yitro 20,11) que la lettre vav (ו) fut ajoutée pour nous apprendre que ce commandement inclut le respect du grand frère.
Si Réouven avait réussi à compléter la réparation de l'âme de Caïn, il aurait certainement réussi à user de son pouvoir de premier-né pour influencer tous ses autres frères et les obliger à faire la paix avec Yossef empêchant ainsi sa vente aux égyptiens. Cependant, après l'épisode de Bilha, il perdit son leadership de premier-né vis-à-vis de ses autres frères et ne réussit donc pas à les convaincre.

-> Le Zohar (Vayétsé 155b) explique que Yossef reçut le droit d'aînesse de façon tout à fait légitime.
En effet. lorsque Yaacov se maria avec Léa pensant s'unir à Ra'hel, les prémices de sa semence, qui provenaient de ses pensées, firent descendre la néchama de Yossef. Cependant, Hachem, selon Son plan divin, conserva cette première pensée qui devait engendrer Yossef pour ne la lui restituer qu'au moment précis où Ra'hel devait engendrer Yossef.
Dans l'absolu, Yossef est bel et bien le premier-né des douze tribus comme il es écrit : "Au premier-né son taureau, la splendeur est à lui" (Massé 33,17).

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-> Rabbi 'Helbo posa cette question à rabbi Chmouël bar Na'hmani : "Pourquoi Yaakov a-t-il retiré à Réouven son privilège d'aîné et l'a donné à Yossef?"
Rabbi répondit : Tu demandes pourquoi? C'est écrit : "Réouven ayant profané la couche de son père, son droit d'aînesse fut attribué aux fils de Yossef" (Divré haYamim I 5,1).
Rabbi 'Helbo reprit : "Ma question est : pourquoi est-ce Yossef (et non pas un autre fils de Yaakov) qui en a bénéficié?"
Rabbi Chmouël répondit par une parabole : "Un homme (Yossef) a élevé un orphelin (Yaakov) dans sa maison. Plus tard, cet orphelin s'enrichit et se dit : Je vais faire bénéficier mon bienfaiteur de ma richesse".

Rabbi Chmouël dit à rabbi 'Helbo : Si Réouven n'avait pas fauté, Yaakov n'aurait-il rien donné à Yossef? Ton maître rabbi Yo'hanan n'a-t-il pas dit que c'est Ra'hél qui devait donner naissance à l'aîné (de Yaakov), d'après le verset (Vayéchev 37,2) : "Voici les générations de Yaakov, Yossef", mais Léa l'a devancée par ses prières.
Cependant, en récompense de l'humilité de Ra'hel, Hachem restitua le droit d'aînesse à son fils (Yossef).
[guémara Baba Batra 123a]

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=> Le transfert du droit d'aînesse de Réouven à Yossef par Yaakov ne s'oppose-t-il pas au verset : "Il ne pourra pas traiter en aîné le fils de la femme préférée"?

-> Réouven, l'aîné de Léa, a manqué de respect à son père Yaakov en déplaçant sa couche pour marquer sa désapprobation au fait que son père avait gardé Bilha, servant de Ra'hel, après le décès de Ra'hel.
Réouven voulait, par ce geste symbolique, défendre de l'honneur de sa mère Léa. Malgré cette faute de Réouven, Yaakov avait-il la permission de transférer le droit d'aînesse de Réouven vers Yossef?
Pourtant le verset stipule : "Il ne pourra pas traiter en aîné le fils de la femme qu'il aime au détriment du fils de la femme qu'il aime moins et qui, lui, est l'aîné" (Ki Tétsé 21,16).

On peut citer 4 réponses qui justifient ce transfert par Yaakov :
1°/ Le Sforno (Ki Tétsé 21,16) explique :
L'interdit du transfert du droit d'aînesse est un cas général. Cependant, lorsque le véritable aîné ne se conduit pas convenablement, il est possible de lui retirer le droit d'aînesse au bénéfice d'un de ses frères.

2°/ Le Tour (Vayé'hi 49,3) écrit :
L'interdit de transfert des privilèges de l'aîné est absolu. Cependant, ici c'est "sur l'ordre de D." (al pi haDibour) que Yaakov a effectué ce transfert de Réouven à Yossef, exceptionnellement.

3°/ Le Ohr ha'Haïm haKadoch enseigne :
Nos Patriarches respectaient déjà la Torah, bien avant qu'elle soit donnée à tous les Bné Israël, parce qu'elle leur était chère. Cependant, du fait qu'elle ne leur était pas ordonnée, ils se sont permis de ne pas l'observer à la lettre dans certaines circonstances, comme par exemple le mariage de Yaakov avec 2 soeurs ou bien le transfert du droit d'aînesse de Réouven (fils de Léa sénoua : dédaignée) avec Yossef (fils de Ra'hel ahouva : aimée).

4°/ Le 'Hatam Sofer dit :
En fait, Yaakov n'a pas transgressé le verset (Ki Tétsé 21,16), car il n'a pas retiré à Réouven la part double de ses biens pour la céder à Yossef. C'est seulement dans le partage de la terre d'Israël que Yaakov va octroyer une part double Yossef, à travers ses 2 fils Ménaché et Efraïm, et une part simple à Réouven. En cela, Yaakov est en accord avec la Loi d'héritage de la Torah selon laquelle l'aîné (Réouven) n'a pas droit à la part double sur les biens (raouï), c'est-à-dire sur des biens à venir plus tard et qui ne sont pas dans le patrimoine du père à son décès. Or, la terre d'Israël conquise et partagée entre les 12 tribus d'Israël était un bien raouï car elle n'était que promise à Yaakov pour ses descendants.

Les fils de Yaakov étaient douze. Les fils de Léa ... Les fils de Ra'hél : Yossef et Binyamin ... tels sont les fils de Yaakov, qui lui étaient nés à Padan Aram. (Vayichla'h 35,23-26)

En réalité, Binyamin est né après qu'ils aient quitté Padam Aram (cf. v.35,16).
=> Comment comprendre l'affirmation de la Torah?

-> Le 'Hizkouni répond que lorsque Yossef est né à Padan Aram, Ra'hél a prié : "Que Hachem m'ajoute un autre fils" (Vayétsé 30,24).
La naissance de Binyamin a résulté de cette prière, et c'est pourquoi la Torah considère comme s'il était né à Padan Aram.

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[c'est le fait de prier pour quelque chose qui rend possible sa réalisation, son obtention.
Ainsi, Binyamin est né lorsque la prière a permis d'accorder sa venue dans ce monde, et la naissance n'a été que sa conséquence ultérieure.
Plus on prie, plus on permet aux bénédictions qui nous attendent en-Haut de descendre sur nous.]

"Il [l'ange d'Essav qui avait combattu Yaakov toute la nuit] lui dit : Laisse-moi partir car le jour se lève!
Yaakov répondit : "Je ne te laisserai pas sans que tu ne m'aies béni"." (Vayichla'h 32,27)

-> Nos Sages ('Houlin 91b) rapportent que Yaakov dit à l'ange d'Essav : "Serais-tu un bandit ou un voleur qui a peur quand arrive l'aube?"
Il lui répondit : "Je suis un ange et depuis que j'ai été créé, ce n'est que maintenant qu'est arrivé le moment où je dois chanter en l'honneur de Hachem."

-> Le 'Hafets 'Haïm rapporte ce que dit Chmouël à rav Yéhouda (guémara Erouvin 54a) : "Saisis et mange, saisis et bois, car ce monde ressemble à une maison de festins".
Le 'Hafets 'Haïm demande : "Bien évidemment, manger et boire signifient ici étudier la Torah et accomplir les mitsvot : mais que signifie "saisis"? De plus, pourquoi ce monde-ci est-il comparé à une maison de festins?"

Pour expliquer cela, il raconte la parabole suivante : un homme riche organisa un festin à l'occasion du mariage de son fils. Il annonça que celui qui voudrait se servir des mets et des délices qui y seraient offerts pourrait le faire à son gré, et que personne ne l'en empêcherait.
Toutefois, le lendemain, les restes du repas seraient présentés sur la table du riche, mais nul ne pourrait y accéder et les déguster à moins d'avoir été invité.

Le 'Hafets 'Haïm conclut que ce monde ressemble à un grand festin : celui qui veut chanter pour Hachem et Le prier est reçu à toute heure avec joie.
Mais, lorsqu'il arrivera dans le monde futur, tout comme les anges, il ne pourra pas le faire quand bon lui semble.
Là-bas, chanter devant Hachem sera une récompense donnée à l'homme selon ses mérites : c'est pourquoi ici-bas il doit "saisir" chaque occasion pour étudier et accomplir les mitsvot.

"Yaakov envoya des messagers devant lui, vers Essav son frère" (Vayichla'h 32,4)

-> Baba Salé donne l'explication suivante :
Yaakov s'est préparé également pour faire la guerre avec son frère, de telle sorte que s'il devait combattre, Yaakov craignait d'avoir éventuellement peut-être commis une faute.

Il se trouve que l'apparence de Yaakov est sculptée sur le trône de gloire d'Hachem (kissé hakavod), or les sages ont enseigné que lorsqu'Israël fait la volonté du créateur, l'apparence de Yaakov brille de lumière sur le kissé hakavod.
En revanche, lorsqu'Israël ne fait pas la volonté de son Créateur, que D. nous en préserve, l'apparence de Yaakov perd son éclat et sa lumière.
Ainsi, Yaakov voulut savoir s'il n'avait commis aucune faute et s'il avait accompli totalement la volonté de son créateur afin de ne pas avoir à craindre une éventuelle faute durant l'hypothétique affrontement.
C'est pourquoi, Yaakov envoya des anges jusqu'au trône de gloire céleste afin de vérifier comment se présentait son apparence. Était-elle pleine de lumière ou assombrie?

C'est le sens du verset : "Yaakov envoya des messagers devant lui (léfanav)", c'est-à-dire : ל-פנו = vers sa face qui est dans les mondes supérieurs.

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-> "Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séïr, dans la campagne d’Edom" (Vayichla'h 32,4)

-> Le séfer Agra déKalla demande pourquoi il est nécessaire de dire que Yaakov a envoyé les messagers "léfanav" (devant lui). Ce mot semble superflu.

Il répond que Yaakov savait qu'il allait se retrouver face à face avec le racha Essav et qu'il devrait s'incliner devant lui. Il ne voulait pas s'incliner devant un racha, tout comme Mordé'haï haTsadik ne voulait pas s'incliner devant Haman, parce qu'il est interdit de montrer de l'honneur à une personne racha.

C'est pourquoi il envoya les messagers, qui étaient en fait de vrais anges, devant lui. Les anges étaient maintenant postés entre lui et Essav. Lorsqu'il s'inclina, il pensait s'incliner devant les anges, mais Essav pensa que Yaakov s'inclinait devant lui.
Comme les intentions de Yaakov étaient bonnes, il mérita l'aide d'Hachem. Hachem lui-même passa devant lui lorsqu'il rencontra Essav et il s'avéra que Yaakov se prosterna devant Lui, et non devant Essav.

La Agra déKalla note que l'idée qu'Hachem s'est tenu devant Yaakov pour qu'il n'ait pas à s'incliner devant Esav se trouve dans le Zohar (171:2). Le verset (33,3) dit : "Il passa devant eux et s'inclina sept fois". Le Zohar dit que cela signifie que la Chékhina est passée devant Yaakov et qu'il s'est incliné devant elle.

Celui qui raconte du lachon ara, des plaies viennent à lui (guémara Arakhin 15b)
[Il devient lépreux]

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique que la raison est qu'en général l'homme dit du lachon ara sur son ami parce qu'il pense que l'autre l'a blessé, a médit sur lui, ou lui a causé du tort.
En répandant sur lui du lachon ara, et en divulguant ses faiblesses, il se blanchit et en sort vainqueur.

On dit à cet homme : "Regarde donc les plaies ... Généralement, lorsqu'elles apparaissent sur la peau, l'homme a tendance à se gratter. Il pense qu'ainsi, elles cesseront de le démanger. Mais en vérité, c'est le contraire. Plus il gratte, plus son état empire.

De là, on tire une leçon : si l'on parle en mal de son ami, on n'en tire aucun bénéfice. Au contraire, ces mauvaises paroles ont des conséquences néfastes, car elles mènent à la discorde et la haine."

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-> A propos du lépreux, il est dit : "il rasera tous ses poils" (Métsora 14,8). Pourquoi cela?

Le Ben Ich 'Haï explique que lorsqu'on observe les cheveux, on a l'impression qu'une centaine d'entre eux poussent à partir du même endroit, l'un sur l'autre, mais lorsqu'on les rase, on voit clairement que chaque cheveu a sa racine bien distincte, comme le disent nos Sages (guémara Baba Batra 16a) : "J'ai créé une multitude de cheveux dans l'homme, et J'ai prévu une racine pour chacun, de sorte qu'il n'y a pas 2 cheveux qui se nourrissent du même emplacement, ce qui risquerait d'être néfaste pour les yeux (provoquant la cécité d'une personne)".

Ainsi, on dit au lépreux, puni pour avoir du lachon ara : "Tu penses que ton ami t'a fait du tort, qu'il a pris de tes biens, qu'il t'a dérangé? Regarde donc la racine des cheveux et tu comprendras que de la même façon que chaque cheveu a sa racine, aucun homme ne peut empiéter sur ce qui appartient à l'autre".

=> Chacun reçoit du Ciel ce qui lui revient, avec une précision extraordinaire, et personne ne peut prendre ce qui est prévu pour son prochain.

[si une personne s'armait de bon sens, il comprendrait que : "Personne ne peut toucher, ne fut-ce d’un millimètre, à ce qui est destiné [du Ciel] à son prochain" (guémara Yoma 38b), et que personne ne peut lui faire concurrence, et il cesserait sur le champ de médire de son prochain.
Les poils donnent l'impression en reposant les uns sur les autres, de se disputer leur place. Néanmoins, lorsqu'on les rase, il s'avère que chaque poil s'alimente d'une racine différente sur le crâne de l'homme.
De même, Hachem peut donner l'infini de bénédictions à chaque personne, faisant que ce que l'autre a ne l'est nullement à mon détriment.]

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"Celui qui prononce du lachon ara, c'est comme s'il reniait D."
[guémara Arakhin 15b - Rabbi Yo'hanan au nom de Rabbi Yossi Ben Zimra ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela signifie que la racine de cette faute est un manque de émouna. En effet, une personne profère du lachon ara (paroles médisantes) sur son prochain seulement parce qu'elle s'imagine que ce dernier lui a causé un dommage, lui a porté préjudice, l'a fait trébucher, lui a fait un affront ou a réussi dans ses entreprises à son détriment, ou à cause d'autres accusations à son égard.
Mais si elle était convaincue que personne au monde n'est en mesure de lui causer le moindre dommage ni la moindre perte, car son sort ne dépend que d'Hachem, elle ne parlerait en mal de personne et cesserait de ressasser jour et nuit des paroles telles que : 'que m'a fait un tel' ou 'qu'a-t-il dit à mon sujet’!
[...]

Ainsi, à quoi lui sert-il de se plaindre de son prochain?
Ce n'est, en effet, pas lui qui lui a causé une perte ou un quelconque préjudice.
Grâce à cette réflexion, on parviendra à se purifier entièrement de la faute de la médisance.
Car tel est le fondement d'une émouna pure : à chaque créature est octroyée par le Ciel, sa subsistance et tout ce dont elle a besoin. Chacun possède une source particulière dont il tire sa vitalité.
Aussi, pourquoi devrait-il s’évertuer à courir jour et nuit pour acquérir sa subsistance puisque de toute façon, elle lui a déjà été préparée? Quoi qu'il fasse, ses efforts ne lui rajouteront rien. Alors, à quoi bon se fatiguer en vain?
Il ne lui incombe que de faire sa part d'efforts personnels pour se rendre quitte de son devoir (hichtadlout).
De plus, même après l’avoir accomplie, il devra rester convaincu que ce ne sont pas ses efforts qui vont lui apporter sa subsistance mais qu’elle est le fruit du décret Divin.

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-> "Vint 'Habakouk et établit toutes les mitsvot sur une seule, comme il est dit : "Et le juste vivra par sa foi" ('Habakouk 2,4) (guémara Makot 24a).

=> Le prophète 'Habakouk est-il venu pour nous exempter de toutes les mitsvot?

-> Le Toledote Yaakov Yossef (paracha Kora'h) répond que pour parfaire son âme, il serait nécessaire que chaque juif accomplisse la totalité des mitsvot de la Torah. Or, cela est impossible en pratique, car certaines mitsvot sont à accomplir par le Cohen, d'autres par le Lévi, d'autres encore par Israël, et on n’a encore jamais vu un Cohen qui est à la fois Lévi et Israël ...
Néanmoins, lorsque les juifs sont unis, chacun acquitte son prochain de son devoir et ils se complètent les uns les autres.
Malheureusement, cette union est impossible lorsque [par exemple] Réouven hait [par exemple] Chimon parce que ce dernier lui fait concurrence dans son activité commerciale, que Lévi garde rancune à Yéhouda, parce que celui-ci lui a fait rater son Chidoukh, lorsqu'un autre ne cesse de dénigrer jour et nuit celui qui a eu ‘l’impudence’ de ne pas lui accorder la montée à la Torah 'qui lui revenait' ...

C'est à ce propos que le prophète 'Habakouk est venu fonder toute la Torah entière sur la émouna : grâce à elle, l'homme n'a plus d'ennemi, les juifs s'aiment et se respectent mutuellement.
Ils savent que rien ne peut se produire dans ce monde, même entre un homme et son prochain, sans que cela n'ait été décrété au préalable dans le Ciel et que personne ne peut causer le moindre préjudice à quiconque sans que la main Divine ne l'y ait conduit.

[le 'Hozé de Lublin (Zot Zikaron) dit : "Il est bon de se rappeler qu'absolument tout provient du Créateur, comme la guémara (Taanit 7b) l'affirme : "Une personne ne se cogne pas son orteil si cela n'a pas été décrété du Ciel", et ce même si c'est causé par un être humain qui a le libre arbitre."]
Dès lors, à quoi bon se plaindre de son prochain si celui-ci n'est pas responsable du dommage?

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-> Le Pélé Yoets (Erékh Kina) enseigne :
"Le penchant du cœur de l'homme est mauvais et l'incite à penser qu’il est unique dans sa génération en sagesse, en honneurs et en richesse. C’est pourquoi il souffre lorsqu'une autre personne l'égale ou la dépasse ; il la jalouse, cherche à lui nuire, et profère du lachon ara à son égard.
La haine provoquée par la jalousie est colossale, et le dévore comme un feu indomptable. Celui qui est atteint de ce mauvais défaut est rongé par les tourments durant toute son existence
et n'a aucun ami ; il multiplie les querelles, se réjouit du malheur des autres et désire qu'ils échouent...
Son mal est tellement grand qu'il est inexprimable.
Celui qui désire la vie fuira ce défaut et soumettra son mauvais penchant en ayant des pensées pures. Il réfléchira au fait, par exemple, que personne ne peut toucher à ce qui est réservé à autrui et que même s'il était seul au monde, il ne pourrait gagner plus que ce que le Ciel a décrété pour lui.
Et à l'inverse, même si ses concurrents étaient des milliers de fois plus nombreux, il ne lui manquerait pas un centime de ce qui lui a été octroyé.
Il sera ainsi satisfait de ce qui est la volonté d'Hachem, le Rocher intègre, et il agira favorablement envers chacun."

"Tu craindras Hachem ton D." (Vaét'hanan 6,13)

-> "Un homme, sa mère et son père il craindra" (Kédochim 19,3)
Selon : guémara (Kidouchin 30b) : "Honorer ses parents est similaire à honorer Hachem [puisque la Torah utilise le même langage pour aborder ces 2 commandements].

Au sujet de nos parents, selon la guémara (Kidouchin 31a) : "Qu'est-ce que la crainte? On ne se tiendra pas à sa place".
[on ne s'assira pas à la place (chez soi ou ailleurs) qui est tout particulièrement dédiée à l'un de ses parents, et cela est une application de la crainte qu'on doit avoir envers eux]

-> Le Sfat Emet en conclut qu'on peut comprendre la crainte d'Hachem de la même façon :
l'homme ne doit pas "s'asseoir" à la place du Dirigeant du monde, d'Hachem.
Il ne doit pas observer le monde en s'imaginant qu'il le dirige et le contrôle, qu'il comprend mieux que quiconque ce qui aurait été préférable d'instaurer.

Il est tout à fait inconvenable de vouloir prendre la place de Hachem (se prendre pour D., penser comprendre aussi bien voir mieux que Lui [ex: en critiquant ce qui nous arrive], ...). Cela va à l'encontre du commandement : "Tu craindras Hachem".

"C'est alors que tu solliciteras Hachem de là-bas, et tu Le retrouveras, si tu Le cherches de tout ton cœur et de toute ton âme" (Vaét'hanan 4,29)

-> Le Baal Chem Tov explique :
Tu Le solliciteras de là-bas = de là où vous vous trouvez, dans toute situation vous pourrez Le solliciter, mais à une condition : "Que tu Le recherches de tout ton cœur et de toute ton âme".
Si l'on prie de tout son cœur, alors la prière est exaucée!

"Yaakov sortit de Béer Shéva et alla vers 'Haran" (Vayétsé 28,10)

-> Le verbe employé pour dire que Yaakov "sortit" est : vayétsé (ויצא) qui est l'acronyme de la phrase : "vayéra Yaakov tsourat Aleph" (Yaakov voyait la forme du Aleph - וירא יעקב צורת אלף).

Le Mégalé Amoukot explique que c'est une allusion au fait que dans toutes ses tribulations, Yaakov ne vit jamais ni épreuve, ni souffrance, ni Essav, ni Lavan, ni Dina, ni Yossef, mais seulement la forme de la lettre Aleph (guématria = 1) qui évoque l'Unique : le Maître du monde (le Aloufo [אלופו] chel Olam).

Dans tout ce qui lui arriva, il sut qu’il n’existait rien d’autre que Lui, que tout était uniquement pour son plus grand bien, et de ce fait, Hachem était effectivement avec lui pour le protéger partout où il allait.

-> La lettre aléph (א) est composé d'un vav et de 2 youd, ce qui fait une valeur de 26, soit celle du Nom D. (יהוה) dans son Attribut de miséricorde.
Le roi David écrit : "Je mets constamment Hachem devant moi" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8).
Ainsi quoiqu'il m'arrive je suis certain que cela vient d'Hachem, qui le fait dans Sa miséricorde totale.

-> Le Baal haTanya enseigne :
On observe dans cette lettre un point en haut, un point en bas et une ligne qui les relie (א) = c'est pour nous apprendre que nous devons relier le Haut avec le bas, en ayant conscience que chaque chose qui arrive ici-bas est précédé d’un décret En-Haut.
[Hachem est plein de miséricorde, tout est donc pour notre bien ultime!]

=> Comment parvenir à faire ce lien ?

Grâce à la ligne de la émouna qui doit nous rappeler à chaque instant que le moindre événement dans ce monde, fut-il le plus insignifiant, ne peut se produire sans qu’il ait été proclamé En-Haut.

-> Dans le Séfer Torah, la paracha Vayétsé a la particularité de ne comporter aucun espace entre les paragraphes.
[d'habitude les paragraphes de la Torah qui représentent un sujet en soi sont séparés les uns des autres par des espaces appelés "Pétou'ha" ou "Stouma", et ils sont signalés dans nos 'Houmachim par les lettres פ ou ס. La Paracha Vayétsé ne comprend aucune séparation de ce type]

Le Sfat Emet explique cette particularité par le fait que ces interruptions nous ont été transmises au mont Sinaï afin de nous donner le temps de réfléchir entre chaque sujet écrit dans la Torah.

Néanmoins, la paracha Vayétsé étant une succession ininterrompue d’épreuves affrontées par Yaakov, il n’était pas souhaitable de s’arrêter pour réfléchir entre chaque épreuve tout le temps où elles se succédaient. Il était plutôt préférable d’aller de l’avant armé d’une émouna simple et sans calcul.
C’est seulement après qu’elles soient toutes passées que l’homme pourra réfléchir à toutes les difficultés affrontées, et s’apercevoir alors que tout était pour son plus grand bien.

[le aléph renvoie à cette paracha qui est d'un bloc : nos bonheurs et nos malheurs viennent d'une seule et même source : notre papa Hachem!
On apprend également que lorsque la mer de notre vie est agitée, il faut savoir baisser la tête, laisser passer sans interruption la difficulté, plutôt que de se faire violence en essayant de comprendre ici dans ce monde le raisonnement d'Hachem. (il y aura le monde éternel de Vérité pour cela!)]

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-> Le Michméret El'azar nous enseigne :
Il existe une règle : tout celui qui a une confiance inébranlable que tout ce qu’Hachem accomplit est pour le bien, alors tous les décrets rigoureux le quitteront.

D’après cela, on peut expliquer ce qui arriva à Yaakov :
il se trouva dans l’adversité la plus totale jusqu’à parvenir au stade où la Torah dit à son sujet : "Il se coucha dans cet endroit", ce qui vient évoquer allusivement qu’il était comme incapable de bouger et sans espoir.
Du Ciel, il eut alors une vision : "Voici qu’une échelle était dressée sur la terre", lui signifiant que même si un homme est couché à terre cependant, "sa tête atteignait le Ciel" (il est en mesure de s‘élever).
Tout cela parce que "voici que des anges de Elokim" (Nom Divin lié à la Rigueur) "montaient et descendaient", que la rigueur domine l’homme ou bien qu’elle le quitte, cela ne dépend que de lui-même.
Il est écrit ensuite : "Et voici que Hachem se tenait au-dessus de lui et lui dit la terre sur laquelle tu es couché, Je te la donnerai à toi et à ta descendance", évoquant par cela que l’endroit même où tu pensais avoir perdu espoir (la terre sur laquelle tu es couché) est précisément ce qui te prépare à recevoir tout le bien que Je te destine.

La Torah conclut alors : "Yaakov se réveilla de son sommeil", il se réveilla de cette torpeur (due au manque d’espoir) et il dit : "De fait, Hachem (Nom Divin lié à la miséricorde) réside dans cet endroit et je ne le savais pas", signifiant ainsi que même ce qui semble être le comble du malheur pour un homme se transformera aussi en bien éternel.

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-> Le midrach (rabba, au début de Vayétsé) met en rapport le verset : "Yaakov sortit de Béer Chéva et alla (vayélé'h - וַיֵּלֶךְ) à ‘Haran" (Vayétsé 28, 10) avec celui : "Alors tu iras (télé'h - תֵּלֵךְ) sur ton chemin confiant"(Michlé 3, 23).

Le Sfat Emet explique que, bien que ce départ de Béer Chéva soit une fuite devant Essav, que Yaakov accomplisse par cela l’ordre de sa mère : "Lève-toi et fuis vers Lavan mon frère" (koum béra'h lé'ha él Lavan a'hi - Toldot 27, 43) et que la Haftara témoigne : "Yaakov prit la fuite" (vayivra'h Yaakov - Ochéa 12,13), il n’est toutefois pas écrit dans le verset de notre paracha : "Yaakov fuit de Béer Chéva" mais "Yaakov sortit de Béer Chéva".
Il n’est pas non plus écrit : "Il courut à ‘Haran", mais seulement "il alla à ‘Haran".

Cela pour nous enseigner que, même lorsqu’il fuyait la mort, Yaakov ne perdit pas son sang-froid et il alla en toute sérénité, tranquille et confiant, car il alla s’attacher à son Créateur avec une foi intègre.
Il gardait à l’esprit que cette marche vers ‘Haran n’était que la part d’effort personnel qu’il était tenu d’accomplir, mais sa pensée était constamment tournée vers le Ciel.

[Vayétsé : Yaakov voyait la forme du Aleph, que même si nous sommes en apparence entourés de problèmes, tout n'a qu'une origine première : Hachem, car rien ne peut se passer sans son accord.]

En effet, car de toute façon, rien ne pouvait lui arriver qui n’avait pas été décrété d’En-Haut et, à l’inverse, rien de ce qui avait été décrété sur lui d’En-Haut ne manquerait de s’accomplir.
Dès lors, que pouvait lui apporter de fuir dans la panique?

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-> "Et voici, Je suis avec toi ; Je te garderai partout où tu iras" (Vayétsé 28,15)

-> Le Yétev Lev explique que tant que nous sommes persuadés que Hachem est avec nous (abordant la vie avec émouna), alors nous sommes protégés, et rien de mal ne peut nous arriver.

-> Le rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - Chaar 3, Chap.12) écrit :
"Il existe un moyen miraculeux pour un homme de se débarrasser de tous les mauvais décrets et de les annuler, et d’empêcher également une personne de vouloir lui nuire, de telle sorte qu’elle ne puisse avoir aucune emprise sur lui ni lui faire subir son influence : qu’il fixe dans son cœur les pensées suivantes : ''Hachem est le D. véritable et il n'existe aucune autre force au monde ni dans les mondes. Tout est rempli seulement de Son Unicité la plus simple". Il doit également annuler entièrement toute force et volonté au monde pour se soumettre et attacher la pureté de sa pensée au Maître Unique Béni-Soit-Il uniquement.
Alors, Hachem lui apportera la réussite, et de fait, toutes les forces et les volontés qui pesaient sur lui s'annuleront et ne pourront pas le moins du monde agir à son encontre."

-> Vayétsé : Yaakov voyait la forme du Aleph.
En toute situation, plus nous sommes capables d'y voir Hachem, qui n'est que bontés, plus nous avons la capacité d'adoucir la Rigueur qui est sur nous : en allégeant nos souffrances, voir en les faisant disparaître.

Le Noam Elimélé'h (Vayichla'h) enseigne que le "Din" (le jugement, la punition, Rigueur) peut se transformer en compassion lorsque nous ajoutons devant toute chose le aleph.
En effet, le דין avec un א devant correspond au Nom Divin : אדני.

=> Mettre Hachem dans sa vie, c'est dissoudre la Rigueur qui nous est destinée et la transformer en Miséricorde.

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-> Sur la mézouza il y a le nom Divin Sha-daï, et c'est l’acronyme de : "Shomer Daltot Israël" (Gardien des portes d’Israël).

A chacun de nos passages, cela doit être un rappel que Hachem nous protège en permanence.
Il est écrit : "Donnez de la force à Hachem" (ténou oz lélokim - Téhilim 68,35) = ainsi plus nous consolidons notre confiance en Hachem, plus nous Lui donnons de la capacité de nous sauver, garder de tout mal!

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-> "Le matin arriva et voici que c’était Léa" (Vayétsé 29,25)

Suite à cette tromperie de Lavan, il n’est pas mentionné alors que Yaakov s’irrita (alors que la tromperie était énorme, et d'autant plus émotionnellement, au regard du très fort amour qu'il avait pour Ra'hél).
D'ailleurs lorsqu’il s’adressa à Lavan, ce fut en ces termes : "Il lui dit : pourquoi m’as-tu trompé?"
Le mot employé pour exprimer qu’il lui "dit" (vayomer - וַיֹּאמֶר) est un langage de parole douce, comme si sa question concernait une tierce personne et ne le touchait pas personnellement.

Cela ne fut possible que parce qu’il était convaincu que ce n’était pas Lavan qui se tenait devant lui qui avait interverti Ra’hel avec Léa, mais le Hachem Lui-même.
Vu que tout est pour le bien, il était donc certain qu’un bien immense allait naître de cette situation dans l’avenir.

Et c'est ce qui se passa car cette tromperie entraîna que Ra’hel fît don de sa personne en allant contre sa nature et transmit les signes à sa sœur pour lui éviter un terrible affront. C’est ensuite précisément par ce mérite qu’elle put elle-même donner 2 fils à Yaakov, comme il est écrit : "Et D. se souvint de Ra’hel ... et ouvrit sa matrice." (Rachi explique : Il se souvint qu’elle avait transmis les signes à sa sœur).
[sans cela elle n'aurait peut-être pas eu d'enfants, aucune tribu à la base du peuple juif ...]

De plus, ce mérite intercédera en faveur de sa descendance, lors de la Délivrance finale, puisque D. lui promit grâce à cela : "Tes fils reviendront dans leurs frontières" (Yirmiyahou 31,15)
Il s’avéra donc qu’il n’y avait aucune raison de s’irriter contre Lavan, car par sa tromperie, ce dernier ne faisait qu’accomplir le dessein bénéfique du Créateur pour son peuple et toute sa descendance après lui.

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[Selon le Néféch Yéhoudi, Ra'hel dit à Hachem : voici que moi, j'ai mis de côté ma volonté, j'ai eu pitié pour ma sœur (lui évitant toute honte), j'ai sacrifié ma vie et accepté de voir une autre à côté de mon mari en prenant même le risque de ne jamais l'épouser.

Hachem lui répond : c'est là un mérite qui m'oblige à accepter la situation et à revenir résider parmi les juifs malgré leurs attirances étrangères.
Ce mérite permet à toute époque d'apaiser la "jalousie" d'Hachem, et de lui demander d'être proche de nous, même si nous nous éloignons de Lui.]

"Yaakov eut très peur et fut angoissé" (Vayétsé 32,8)

-> Le Daat Zékénim miBaalé haTossefot explique que l'angoisse de Yaakov était due au fait même qu'il avait éprouvé de la peur [apprenant la venue d'Essav avec une armée imposante prête à l'attaquée] et qu'il ne s'était pas reposé sur la promesse d'Hachem : "Je serai avec Toi et te protègerai partout où tu iras" (v.28,15).
En effet, celui qui se repose sur Hachem bénéficie en retour de Sa protection.
Comme il est écrit (Téhilim 27,3) : "lo yira libi im takoum alaï mil'hama" = mon cœur n'aura pas peur lorsqu'il m'arrivera une guerre. [Comment cela?] ; "bézot ani botéa'h" = en cela [Hachem] je crois [grâce à cette confiance, alors Hachem me soutiendra et me viendra en aide.]

Le Daat Zékénim lit ainsi le verset : "Yaakov eut très peur", et cela a provoqué qu'il "fut angoissé", car il aurait dû avoir une confiance totale dans la promesse d'Hachem.

-> Le Ibn Ezra écrit : Saches que toute faute est d'autant plus grande que celui qui la commet est grand. Une faute légère chez un grand homme s'appelle une grande faute.

Yaakov a eu peur d'avoir fait une erreur dans la pensée de façon involontaire, et à cause de ce manque de perfection dans sa pensée, peut-être qu'Hachem ne sera pas avec lui lors de sa rencontre contre Essav.

Par exemple, le midrach (Béréchit rabba 75,11) dit que Yaakov sera puni d'avoir appelé 8 fois Essav : "son maître", et de s'être appelé lui-même : "ton serviteur".
En effet, Hachem avait béni Yaakov par la bénédiction : "le plus âgé servira le cadet".
Pour les 8 fois où Yaakov a dit "mon maître", il y aura 8 rois chez Essav avant même qu'il y ait un roi en Israël.

-> Par exemple le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 3, chap.12) enseigne que si l'on fixe dans notre cœur que : ''Hachem est le D. véritable et il n'existe aucune autre force au monde ni dans les mondes. Tout est rempli seulement de Son Unicité la plus simple", alors Hachem lui apportera la réussite, et de fait, toutes les forces et les volontés qui pesaient sur lui s'annuleront et ne pourront pas le moins du monde agir à son encontre."

[Ainsi, plus Hachem est grand à nos yeux (même dans nos épreuves), plus nous Lui donnons les moyens de faire de grandes et belles choses dans notre vie!]

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-> Rabbi Its'hak de Volozhin explique que Yaakov a dit : "katonti" = ma émouna et mon bita'hon ont diminué.

Il y a 20 ans lorsque je suis venu à 'Haran, j'ai traversé le Yarden uniquement avec mon bâton, et j'étais certain que Hachem allait me sauvé.
Mais maintenant, je divise mon troupeau en 2 groupes, car j'ai peur d'Essav.

[Yaakov se réprimande car (à son niveau de confiance en D.), il ne devrait avoir absolument aucune peur d'Essav, venant le tuer avec une grande armée équipée.]

[En effet, lorsque Yaakov a reçu les bénédictions, et qu'il a fui Essav, il est écrit :
- dans la haftara de Vayétsé : "Yaakov s'est enfui vers le champs d'Aram" (vayivra'h Yaakov - Ochéa 11,13) ;
- mais lorsque la Torah aborde ce même épisode, elle décrit : "Yaakov est sorti de Béer Chéva et alla à 'Haran" (Vayétsé Yaakov - Vayétsé 28,10).
=> Comment comprendre cette apparente contradiction?

Le Sfat Emet explique que la Haftara décrit comment Yaakov était en apparence, extérieurement on le voyait comme fuyant un grand danger.
La paracha nous parle des sentiments à l'intérieur du cœur de Yaakov : il était calme et baignait dans une parfaite confiance en Hachem.]

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-> Quelques versets après, il est écrit : "Yaakov resta seul" (Vayétsé 32,25).
Le Rachbam explique que Yaakov essayait de fuir, pour éviter de rencontrer Essav.

Dans la suite de ce verset : "un [ange] lutta avec lui".
Le Rachbam explique que l'ange se bagarrait avec lui pour le retarder et éviter qu'il ne s'échappe, afin qu'il puisse voir la réalisation de la promesse d'Hachem qu'Essav ne lui causera aucun mal.

-> En apprenant qu'Essav venait à sa rencontre avec son imposante armée pour l'attaquer : "Yaakov eut très peur et fut angoissé" (v.32,8)

Le Ritva commente que cette crainte déplacée va se terminer par une conséquence : "le creux de la hanche de Yaakov se luxa tandis qu'il luttait avec lui" (v.32,26).
C'est une punition pour ne pas avoir mis toute sa confiance dans les paroles d'Hachem : "Je suis avec toi, Je te garderai partout où tu iras" (ouchmarti'ha bé'hol acher télé'h).

=> Le Ritva affirme que les craintes et la peur attirent sur l’homme la manifestation de la rigueur.

-> "Il vit qu'il ne pouvait le vaincre et frappa aux creux de sa hanche" (v.32,26)
Le rabbi de Zoutchka explique que l'ange ne pouvait faire aucun mal à Yaakov, car Hachem avait promis à Yaakov de le protéger.
Que fit alors l'ange d'Essav, puisqu'il n'avait pas la possibilité/droit de nuire à Yaakov?
Il enserra Yaakov très fort sans lui faire le moindre mal (car il ne lui avait pas été défendu de l'enserrer de la sorte).
Si Yaakov l'avait compris, il n'aurait alors subi aucun préjudice.
Néanmoins, il pensa combattre l'ange et répondit à son geste. Ce faisant, il se luxa la cuisse.

=> C'est pour cela qu'il est écrit : "La cuisse de Yaakov se luxa dans sa lutte avec lui" (v.32,26), car c'est précisément à cause de sa lutte et des mouvements qu'il accomplit, que sa cuisse se compressa et qu'il se provoqua lui-même ce dommage.

[évidemment que nous n'avons aucune conscience du niveau phénoménal de Yaakov et à aucun moment nous ne pouvons émettre un avis sur l'attitude de Yaakov. Cependant, à notre niveau cela doit nous inciter à toujours tendre à avoir 100% confiance en Hachem, et alors nous n'aurons plus rien à craindre quoiqu'il puisse se passer dans notre vie.
En effet, plus nous avons de la émouna, plus nous "donnons" de la force à Hachem d'agir en notre faveur! ]

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-> b'h, davantage sur le fait qu'avoir des pensées négatives, entraîne des choses négatives dans notre vie : https://todahm.com/2020/03/31/13093-2

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-> Le Sforno écrit : "Grâce à son attachement permanent à Hachem, aussi bien dans sa pensée que dans ses paroles, Yaakov était préservé même de l'ange d'Essav.
Dès lors, comment fut-il blessé à la cuisse?

L'ange lui dévoila la faute des dirigeants de son peuple (il lui révéla que ses descendants, ainsi que leurs dirigeants, allaient fauter), et à cause de l'inquiétude qu'il en éprouva, son attachement fut interrompu, et l'ange en profita pour luxer la hanche de Yaakov."

[cela est une autre illustration du fait que Yaakov, "paya" chaque faille de émouna, à son niveau.
De même, la tâche principal de notre yétser ara est d'introduire en nous du désespoir, du manque de émouna en nous (je suis nul, je ne vaux rien), de la manque de émouna en Hachem, ... car ainsi Hachem a alors moins de force pour venir nous aider (que D. nous en préserve). ]