+ Moché a demandé à Hachem la capacité de parler :
"Et j'ai imploré Hachem à ce moment-là en disant" (Vaét'hanan 3,23)
-> Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique la signification du mot "lémor" (en disant - לֵאמֹר) en citant la guémara (Béra'hot 9b) qui précise que les mots que nous disons en introduction à la Amida : "Hachem chéfataï tifta'h" (Hachem, ouvre mes lèvres) ne sont pas considérés comme une interruption entre la "guéoula et la téfila" (la bénédiction de "gaal Israël" et la 1ere bénédiction de la Amida).
La guémara explique que, puisque nos Sages ont instauré la récitation de ces mots, il s’agit d’une "téfila ari'hta" (une extension de la prière - תְפִלָּה אֲרִיכְתָּא).
Le rabbi de Berditchev explique que ces mots ne faisaient pas initialement partie de la Amida, qui a été composée par les Anché Knesset Haguédola (Sages de la Grande Assemblée).
Cependant, nos Sages ont plus tard recommandé de les réciter comme une extension de la prières.
Ces paroles étaient inutiles à l'époque des Tanaïm et des Amoraïm, car au regard de leur très haut niveau spirituel, leurs prières étaient certainement acceptables. Ils n'avaient donc pas besoin de prier pour que Hachem leur ouvre les lèvres et les aide à prier.
Cependant, les générations suivantes, n'étaient pas à ce niveau et devaient commencer leurs prières par cette introduction.
On voit ainsi qu'il y a 2 parties dans la prière : 1°/ La prière en elle-même ; 2°/ Une prière d'introduction, dans laquelle nous demandons d'avoir l'aide et la capacité de prier correctement. [Hachem, ouvre mes lèvres!]
Bien sûr, toutes les prières de Moché étaient du plus haut niveau, et cette introduction n'était pas nécessaire. Cependant, à ce moment, il constata que ses prières n'étaient pas acceptées. Il lui fallait donc que cette prière d'introduction, pour que ses prières pour lui permettre d'entrer en terre d'Israël, soit dite correctement afin qu'elles soient acceptées.
Par conséquent, le verset dit qu'il priait Hachem "pour dire" (lémor), c'est-à-dire qu'il priait pour pouvoir prier correctement. Bien qu'il n'en ait pas habituellement besoin, il a compris que c'était nécessaire cette fois-ci.
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-> Le 'Hatam Sofer (Drashot 'Hatam Sofer - p.224) écrit également que les mots "Hachem chéfataï tifta'h" sont une prière que nous récitons avant la Amida (moment phare de la prière quotidienne), par laquelle nous demandons à Hachem de nous aider à prier correctement.
Il explique cette nécessité en expliquant qu'avant de parler au Roi des Rois, on peut être effrayé et confus, et donc incapable de s'exprimer. On peut être si effrayé qu'on ne peut même plus parler. [en réalisant la grandeur de ce moment, d'être en entretien privé juste en face du Roi des Rois, on en vient à perdre nos mots. ]
C'est pourquoi nous demandons à Hachem d'ouvrir nos lèvres afin de pouvoir nous exprimer, malgré la grande crainte et la terreur que nous ressentons.
Il cite la Haflaah qui dit que c'est le sens du mot "lémor". Le verset rapporte que Moché a demandé à Hachem de pouvoir formuler sa requête, malgré la grande peur qu'il ressentait.
-> Le 'Hatam Sofer se demande ensuite pourquoi Moché n'a eu besoin de formuler une telle requête qu'une seule fois. Il répond que Moché ne priait pas pour pouvoir entrer en terre d'Israël, qui possède une sainteté inimaginable. Moché sentait que cette sainteté dépassait même la sainteté qu'il avait ressentie lors de son ascension au Ciel pendant 40 jours, car la terre d'Israël est encore plus sainte que le Ciel en dehors d'Israël.
Par conséquent, il se sentait incapable d'ouvrir les lèvres pour prononcer sa prière et il devait implorer l'aide d'Hachem.
[l'idée est incroyable : on croit en apparence que la terre d'Israël est une terre comme une autre. Mais en réalité, lorsqu'on est en terre d'Israël, on est dans un lieu qui est plus saint que le Ciel en dehors d'Israël.
Moché, qui a été au Ciel pendant 40 jours, malgré cela lorsqu'il voyait vraiment la sainteté de la terre d'Israël, il en était si impressionné qu'il en perdait ses mots, et devait prier Hachem : "Hachem chéfataï tifta'h" (Hachem, ouvre mes lèvres!). ]