Aux délices de la Torah

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"Ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béchala'h 14,31)

Nos Sages (Zohar - Béchala'h 55) nous disent qu'au moment de l'ouverture de la mer Rouge, les sept cieux se sont ouverts et le peuple juif a pu voir directement à travers. Et : "une servante a vu à la mer Rouge ce que même le prophète Yé'hekel n'a pas vu".

-> Beaucoup d'entre nous ont l'impression qu'il existe un plafond fixe pour notre croissance spirituelle. Nous doutons de notre capacité à devenir vraiment grands et à atteindre des niveaux élevés dans notre avodat Hachem.
On se dit : "Apprendre sans interruption pendant 3 heures d'affilée? Prier avec une attention parfaite, en se concentrant sur chaque mot? Laissons cela aux tsadikim comme le rav 'Haïm Kanievsky. Je ne suis pas ce genre de personne."

L'ouverture de la mer Rouge nous apprend tout le contraire.
La Torah nous dit que l'ouverture de la mer Rouge a servi à renforcer l'émouna du peuple juif ("Ils croyaient en Hachem et en Moché Son Serviteur").

-> Le rav Lévi Its'hak de Berditchev dit : savez-vous ce que cela signifie qu'ils croyaient en "Moché Son serviteur"?
Cela signifie qu'il était parfaitement clair pour chaque juif qu'il pouvait atteindre le niveau de Moché Rabbénou. En regardant à travers les sept cieux vers le domaine spirituel d'en-Haut, chaque juif a réalisé qu'il pouvait en effet être grand, et qu'avec un effort approprié, il pouvait dépasser toutes les barrières dans sa vie pour atteindre des niveaux énormes.

-> Rabbi Na'hman de Breslev n'était pas du tout d'accord avec l'opinion commune selon laquelle les tsadikim atteignent de grandes hauteurs spirituelles en raison de la nature de leurs âmes élevées.
Il a dit un jour à ses 'hassidim :
"Voici votre problème : il vous semble que les principaux accomplissements et réalisations des tsadikim ne sont dus qu'à leur âme élevée. Mais en vérité, ce n'est pas du tout le cas! Chacun d'entre vous a la capacité d'atteindre mon niveau et d'être exactement comme moi ; Tout dépend de l'effort et du travail que vous faites." (Si'hot haRan 165)

-> A un autre endroit, Rabbi Nathan ('Hayé Moharan) écrit :
"La raison pour laquelle nous avons raconté son avoda (à Rabbi Na'hman de Breslev) et sa façon d'agir dans les années de sa jeunesse, c'est pour que tout le monde sache que le choix est libre et que chacun peut mériter, s'il en a seulement le désir, d'atteindre un niveau incroyablement élevé, même s'il peut lui sembler que l'avodat Hachem est extrêmement difficile et que du haut du ciel on l'empêche de franchir les portes, car ses désirs le dominent.
Malgré tout, il faut s'obstiner dans son service et ne pas se focaliser sur tout cela, car à partir de ces histoires sur Rabbi Na'hman, celui qui est sage comprendra que Rabbi Na'hman a fait l'expérience de toutes ces barrières et de tous ces obstacles et qu'il a réussi à les surmonter, grâce à son véritable désir de servir Hachem. Il a résolu de choisir la vie jusqu'à ce qu'il mérite ce qu'il mérite."

=> Ne nous laissons pas abattre par ce qui semble être nos limites spirituelles. Allons jusqu'au bout et réalisons que nous pouvons devenir vraiment grands si seulement nous nous concentrons et faisons les efforts nécessaires.
"Ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" = la mer Rouge nous a appris à croire qu'indépendamment de qu'il est au moment présent, chaque juif peut atteindre de grands niveaux.

[ "au moment de l'ouverture de la mer Rouge, les sept cieux se sont ouverts et le peuple juif a pu voir directement à travers" = chaque juif (même le plus racha) a pu voir à quel point il est précieux/importants, adoré, aux yeux d'Hachem (même s'il fait les pires fautes, cela n'y changera rien).
Chaque juif a pu voir son véritable potentiel, à quel point il peut faire des actions (en apparence simples mais) qui atteignent le 7e Ciel, et qui peuvent changer le monde en-haut, en-bas, et l'Histoire du peuple juif.
Chaque juif a pu voir quelle version de lui-même il pourrait atteindre durant sa vie, si seulement il avait plus confiance et conscience en ses capacités personnelles. Le problème est que le yétser ara nous dévalorise (pour qui tu te prends, tu n'es pas un tsadik n'ont plus!), et alors on limite nos ambitions spirituelles.
Après notre mort, le pire guéhinam est la réalisation du décalage entre ce qu'on aurait pu faire de notre vie, et ce qu'on y a réellement fait. Sachons que nous avons un potentiel illimité (ayant une partie Divine en nous), exploitons-le de notre mieux, et comme cela on se dispensera des regrets éternels, des souffrances sur le fait qu'on est passé tellement à côté de la grandeur spirituelle qu'aurait pu être notre vie. ]

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==> Pendant quelques instants étincelants sur les rives de la mer Rouge, chaque membre du peuple juif a réalisé à quel point il pouvait vraiment devenir grand. Nous avons vu que rien, à part les limites que nous nous fixons nous-mêmes, ne nous empêche de devenir aussi grand que Moché.
Si nous adoptons l'état d'esprit selon lequel notre succès spirituel est entièrement entre nos mains, il sera d'autant plus facile de fournir les efforts nécessaires qui nous mèneront vers les cieux et au-delà.

Quelques réflexions pour un bon mariage (2e partie)

+ Quelques réflexions pour un bon mariage (2e partie) :

-> Le shalom bayit, c'est lorsque les contraires s'entendent.
Cela nous est montré dans les mots qui concluent la Amida : "ossé shalom bim'romav" celui qui fait la paix dans Ses hauteurs). Le Ciel (chamayim) qui correspond à "Ses hauteurs" est la contraction de éch (le feu) et mayim (l'eau), qui sont 2 opposés.
[ainsi pour atteindre des hauteurs dans la vie, il est nécessaire que 2 entités parfois contraires, s'unissent dans un but commun, chacun élevant l'autre. Lorsqu'il y a de la paix dans un couple alors la Présence Divine vient y résider, à l'image du fait qu'elle réside au Ciel (chamayim). ]

En disant : "celui qui fait la paix" (ossé shalom), nous reculons de 3 pas et nous nous inclinons (Chlou'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 123,1). En effet, il faut savoir faire des concessions/renoncer, prendre du recul, prendre sur soi, afin de maintenir la paix.

-> "Hachem dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; Je vais lui faire une aide qui lui corresponde (עזר כנגדו - ézer kénegdo - litt. Une aide qui soit face à lui)" (Béréchit 2,18).
Cela ressemble à un puzzle, en ce sens que la pièce qui s'attache à l'autre doit s'emboîter.
De la même manière, puisque le conjoint d'une personne est son autre moitié, les traits opposés sont nécessaires pour qu'elle soit parfaitement assortie.
Cela nous permet de comprendre pourquoi un chidoukh est : "méHachem yatsa adavar" (une chose émanant d'Hachem - 'Hayé Sarah 24,50), car Lui-seul connaît les traits de caractère correspondants qui sont essentiels. [ce que nous avons besoin en face de nous pour nous travailler et améliorer]

Il est intéressant de noter que "עזר כנגדו" a une valeur numérique de : 360, en allusion aux 360 degrés, qui forment un cercle. Pour préserver notre couple, on a besoin d'être flexible, d'utiliser toute la gamme des degrés pour être prêt à s'accorder avec notre conjoint, et restés unis dans la danse de la vie à deux.
De plus "עזר כנגדו" a la même guématria que "kar vé'hom" (le froid et la chaleur - קר וחום), qui sont 2 opposés.

-> Parfois sur certains aspects ce sont les différences qui sont nécessaires, alors que d'autres fois ce sont les similitudes. Seul Hachem sait ce qui est vraiment bien, nécessaire, en nous destinant un "ézer kénegdo" sur mesure. Nous ne devons pas nous défiler, mais plutôt accepter le travail des midot que D. souhaite que nous fassions dans notre vie. Chaque juif a un programme qui lui est propre, même nos Patriarches et Matriarches.

On peut l'illustrer ainsi :
1°/ nécessité de différences :
on peut rapporter que la caractéristique principale d'Avraham était le 'hessed (la bonté), comme il est écrit : " 'hessed léAvraham" (Mi'ha 7,20).
Sa femme Sarah représente l'opposé : le din (la rigueur/justice stricte), comme le montre le fait qu'elle soit celle qui a renvoyé Hagar et Yichmaël.
Ces 2 traits de caractère ne doivent pas être une cause de friction dans le mariage ; au contraire, ils peuvent fonctionner harmonieusement ensemble, comme nous disons dans le ouva létstion : "pour recevoir l'un l'autre" (oumékabélin dén min dén).
Leur fils Its'hak personnifie le trait de caractère du din (rigueur), tandis que Rivka incarne le 'hessed comme nous le voyons lorsqu'elle puise de l'eau pour les chameaux.
Le Rokéa'h commente que "gamal" (chameau - גמל) fait référence à : guémilout (גמלות) 'hassadim.

Il en est de même avec Yaakov.
Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan - Vayétsé 29,9) explique pourquoi Ra'hél faisait praître les moutons. Lavan savait que les caractéristiques d'un mari et d'une femme doivent se compléter. Puisque Léa était destinée à Essav qui était un "ich sadé" (homme des champs) et qu'elle était une "akérét habayit" (femme s'occupant de la maison), leurs caractéristiques étaient parfaites l'une pour l'autre.
Yaakov, quant à lui, était un "ich tam yochev oalim" (homme assis à étudier toute la journée) et il avait donc besoin d'une personne ayant une qualité opposée. C'était Ra'hél, qui travaillait dans les champs
En fin de compte, Yaakov a également épousé Léa, puisque Lavan ne pouvait pas changer sa vraie nature qui était d'être à l'extérieur, comme Rachi (Vayichla'h 34,1) l'écrit : "Léa aussi avait l’habitude de sortir". Par conséquent, Léa était également un bon chidoukh (complémentaire) pour Yaakov.

[ainsi, même nos Avot et Imaot étaient très différents dans leur nature, et ils ont dû se travailler et faire des efforts au quotidien, pour que cela deviennent une complémentarité élévatrice.]

2°/ nécessité de similitudes :
Moché était si élevé qu'il vivait une existence céleste sur terre ("kimé chamayim al aarets" - Ekev 11,21), séparé de sa femme, ne mangeant ni ne buvant pendant 40 jours, ...
Il a épousé une femme du même genre que lui : Tsipora, qui vient du mot "tsipor" (un oiseau), un oiseau qui vole au-dessus du monde naturel (voir Sanhérin 91a et Moéd Katan 16b). [comme Moché, bien que physiquement sur terre, elle volait spirituellement très haut au ciel]

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-> sur quelques différences entre les hommes et les femmes : https://todahm.com/2017/07/25/5424-2

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-> Il y a 2 opinions contradictoires concernant la façon de placer la mézouza (guémara Ména'hot 33a).
Selon Rachi, la mézouza doit être placée verticalement, tandis que selon rabbénou Tam elle doit l'être horizontalement. Le Tour et le Choul'han Aroukh (Yoré Déa 289) disent de la mettre en diagonale. Il s'agit d'un compromis entre les 2 opinions.
Cela nous indique qu'il est parfois nécessaire de faire des compromis avec notre conjoint. Cette leçon est enseignée par la mézouza car nous la rencontrons avant d'entrer dans notre mézouza.

[de plus, il est inscrit sur la mézouza la lettre "shin" en référence au nom Divin Shadaï, qui renvoie au fait que Hachem a dit stop, a mise des limites lorsque le monde s'est initialement développé, et à l'idée que c'est uniquement Hachem qui peut mettre un terme à toutes nos difficultés (ש־די : chéyomar daï [daï = assez!]). Egalement dans le futur Hachem nous comblera de tellement de bonnes choses, que nous dirons : "daï!"
Ainsi, en embrassant la mézouza, nous devons avoir en tête que lorsque des disputes se développent, on doit savoir être celui qui se dire : "daï!", je ne veux pas que cela prenne des proportions plus importantes.
Il est intéressant de s'interroger : "est-ce que dans 1 an, cela me sera toujours aussi problématique, ou bien c'est mon yétser ara qui me fait m'énerver.
En sachant mettre des limites aux choses, à l'image d'Hachem lors de la Création, alors on aura des bénédictions d'Hachem au point où on Lui dira : "daï! c'est trop!".

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-> A un 'hatan et à une kalla, il est habituel de leur souhaiter de construire une "bayit nééman béIsraël".
Pourquoi une telle bénédiction? Ne serait-il pas plus logique de leur souhaiter de constuire une maison de 'hessed ou bien de Torah?

Le Nétsiv (Haémek Davar - Béaaloté'ha 12,7) explique que "nééman" signifie celui qui a le pouvoir d'agir mais ne le fait pas.
L'exemple le plus typique est celui de Moché, dont il est dit : "bé'hol béti nééman ou" (dans toute Ma maison, il est la personne de confiance - Béaaloté'ha 12,7).
Moché connaissait le Nom d'Hachem (chem haméforach) qui a servi à créer les cieux et la terre, mais à aucun moment il en a abusé.
[dans son commentaire sur la mer Rouge, le Nétsiv rapporte que si Moché le voulait il aurait pu faire de lui même l'ouverture de la mer Rouge, mais il est resté fidèle (nééman) à la volonté de D. en toute situation. ]
En ce sens, il existe l'expression : "le vrai pouvoir, c'est quand on a la capacité d'agir mais qu'on ne le fait pas".

On peut comparer cela à quelqu'un qui a la clé d'un coffre contenant 100 000 dollars et qui peut l'ouvrir, mais qui ne le fait pas. C'est ce qu'on appelle : nééman.
Il en va de même pour un mari et une femme. Chacun d'eux sait ce qui fait tiquer son conjoint.
Chacun d'eux sait sur quels boutons il peut appuyer pour lui nuire. Ils ont la clé pour atténuer la vie de leur conjoint.
[dans un couple il ne peut être plus vrai que : "la mort et la vie sont au pouvoir de la langue" (Michlé 18,21). Chaque conjoint peut donner de la vie ou de la mort à l'autre! ]

=> On bénit donc un couple de construire une "bayit nééman béIsraël", en leur souhaitant que bien qu'ayant le bouton pour envoyer des missiles verbaux à l'autre, ils ne vont jamais l'utiliser.

De même que le peuple juif dépasse ses désirs pour le mal et persévère à ne faire que la volonté d'Hachem, de même Hachem, pour ainsi dire, dépasse les Accusateurs du peuple juif et donne au peuple juif le pouvoir de bénir et de guérir toute l'humanité.
[Sfat Emet]

La Torah est la racine de toutes les âmes juives, et en elle se trouve leur unité.
Et lorsqu'ils sont unis, chacun peut aimer l'autre comme il s'aime lui-même.
[Sfat Emet]

"Il me semble que les 4 mitsvot de Pourim ont une correspondance avec les 4 lettres du Nom divin (יהוה), car la guerre contre Amalek se perpétue de génération en génération et la victoire dépend de l'accomplissement de ces 4 commandements (la lecture de la Méguila, Matanot laEvyonim, michloa'h manot et le festin) ...
C'est par l'intermédiaire de ces mitsvot [à Pourim] que la délivrance se rapproche à chaque génération."
[rabbi Tsadok haCohen de Lublin - Ma'hchavot 'Harouts - ימן ו]

Qui a écrit la Méguilat Esther?

+ Qui a écrit la Méguilat Esther?

-> La Méguila d'Esther fut écrite par roua'h hakodech (esprit prophétique - guémara Méguila 7a).

-> "Mordé'haï mit par écrit ces événements et expédia des courriers à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch" (Esther 9,20).
Rachi explique que c'est Mordé'haï qui écrivit la Méguila telle que nous la lisons aujourd'hui.

Cependant, il est écrit dans la guémara (Baba Batra 15a) : "Les Sages de la grande assemblée ont écrit les livres sacrés de Yé'hezkiel, des 12 prophètes, de Daniel et la Méguila d'Esther".
Rachi précise que les Sages de la grande assemblée sont 'Hagi, Zakaria, Malakhi, Zéroubabel, Mordé'haï et ses compagnons.

=> Pourquoi est-il rapporté que c'est uniquement Mordé'haï qui a écrit la Méguila?

-> L'Admour de Kamarna (Pourim - ot guimel) dit : "Je me suis penché de tout mon cœur pour étudier de manière approfondie cette Méguila qui fut écrite par esprit prophétique. Elle contient de nombreux secrets et des Noms divins extraordinaires qui ont la capacité d'effacer le nom d'Amalek du cœur d'Israël afin qu'il puisse avoir un seul cœur dirigé vers leur Père Céleste."

-> Le rabbi Moché de Kovrin écrit : "La Méguila d'Esther que nous lisons durant Pourim inclut toute la Torah écrite et toute la Torah orale, ainsi que de nombreux Noms divins."

-> Mordé'haï s'est donc associé aux Sages de la grande assemblée cités plus haut : 'Hagi, Zakaria, Malakhi, Zeroubabel et ses compagnons. Ils se sont tous réunis à sa droite pour écrire la Méguila sous forme d'un récit incluant tous les Noms divins afin d'aider les générations des Bné Israël à effacer la force du nom d'Amalek, à s'unir et à s'attacher totalement à Hachem.
Ainsi, lorsque nous lisons : "Mordé'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20) nous devons comprendre que Mordé'haï dirigeait la rédaction de la Méguila car il connaissait les moindres détails du miracle de Pourim.

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-> "Mordé'haï mit par écrit ces événements et expédia des courriers à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch" (Ether 9,20).
=> On peut s'interroger : Mordé'haï aurait donc rédigé la Méguila immédiatement après le miracle de Pourim alors qu'il était encore en dehors d'Israël. Pourtant les Sages nous ont enseigné que tous les écrits sacrés tels que les Rois et les Prophètes furent tous rédigés en terre d'Israël afin qu'ils puissent bénéficier de la sainteté et de l'esprit prophétique dans le but de perdurer à travers toutes les générations.

-> Le rabbi de Brisk explique que l'Ecriture de la Méguila suit 2 impératifs : un premier qui est d'écrire la ,Méguila pour diffuser le miracle et un second qui stipule que les écrits sacrés soient écrits en Israël par prophétie afin d'y introduire la sainteté comme pour tous les autres écrits traitant de nos Rois et de nos Prophètes. (Hilkhot Méguila פ"ה)
Ainsi :
- "Mordé'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20) = il s'agit du premier impératif évoqué concernant la diffusion du miracle ;
- : "Les Sages de la grande assemblée ont écrit ... la Méguila d'Esther" (guémara Baba Batra 15a) = cela correspond à leur retour en Israël où ils écrivirent une seconde fois la Méguila pour lui donner le statut des écrits sacrés.

-> "La Méguila est appelée livre et est également appelée courrier" (guémara Méguila 19a).
Effectivement, elle est appelée courrier lorsque Mordé'haï l'écrivit en dehors d'Israël, puis elle obtint le statut de livre une fois rédigée pour la seconde fois par les Sages de la grande assemblée, par prophétie, en Israël. La sainteté de la terre l'ayant pénétrée et lui octroyant ainsi le statut de livre sacré.

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+ Reçue au mont Sinaï :

-> "Rabbi 'Hiya a enseigné au nom de Rabbi Yo'hanan à propos du verset : "Hachem m'a donné les 2 Tables de pierre, écrites du doigt de D. et sur elles il y avait toutes les paroles que vous a déclarées Hachem sur la montagne" (Ekev 9,10), ce qui vient nous apprendre que Hachem a montré à Moché les moindres détails de l'Ecriture de la Torah et les moindres détails qui seront écrits à l'avenir. De quoi s'agit-il? De la Méguila d'Esther". [guémara Méguila 19a]
Ainsi, la Méguila d'Esther fut dévoilée à Moché mais qu'il ne reçut pas la permission de la dévoiler avant le miracle de Pourim.
[la guémara (Yérouchalmi Méguila 7a) enseigne également : "Hachem a dévoilé à Moché ce qu'écrira Mordé'haï à l'avenir. Ainsi la Méguila d'Esther fut transmise à Moché au mont Sinaï.
Rav, Rabbi 'Hanina, Rabbi Yonatan, Bar kafra et Rabbi Yéhochoua ben Lévi ont tous dit que cette Méguila fut transmise à Moché au Mont Sinaï car la Torah est intemporelle."
La guémara (Taanit 9a) affirme : "Il n'y a pas une chose dans le monde qui ne figure pas en allusion dans la Torah". ]

-> Il est écrit : "וקיבל היהודים" ( vékibel aYéhoudim - Esther 9,23), avec וקיבל (vékibel) qui signifie "il a reçu" est au singulier alors que le mot היהודים (aYéhoudim) qui veut dire "les juifs" est au pluriel.
Pour quelle raison notre verset utilise-t-il un langage singulier?
Ceci pour faire allusion à Moché qui avait déjà reçu cette Méguila au mont Sinaï. [Zohar Ki Tissa 191b]

-> Selon le Mégalé Amoukot (Vaét'hanan), Mordé'haï était la réincarnation (guilgoul) de Moché.
Il apporte une preuve d'après l'enseignement des Sages du midrach : "Un homme juif (ich Yéhoudi) vivait à Chouchan la capitale" (Esther 2,5). Le mot איש (ich - homme) vient nous apprendre que Mordé'haï équivalait à toute sa génération comme Moché dans la sienne et à propos duquel il est écrit : "Et l'homme, Moché était très humble" (Béaaloté'ha 12,3).

-> Le Hida ('Homat Anakh) enseigne à propos de "un homme juif" (ich Yéhoudi - אִישׁ יְהוּדִי - Esther 2,5) que ces termes (renvoyant à Mordé'haï) ont la même valeur numérique que le nom de Moché (avec le kolel).

Ainsi, Hachem choisit Mordé'haï, qui avait les mêmes étincelles d'âme que Moché, pour écrire la Méguila. En effet, son âme (néhchama) avait déjà reçu cette même Méguila au mont Sinaï et vint le moment de la dévoiler.

-> On peut rapporter l'enseignement du Yisma'h Moché (paracha Térouma) :
Lorsque le peuple juif a vaincu Amalek dans le désert, Hachem a dit à Moché : "Ecris ce mémorial dans le livre, et mets-le dans les oreilles de Yéhochoua" (Béchala'h 17,14).
Nos Sages (guémara Méguila 7a) disent que "le livre" se réfère à la Méguilat Esther. Ainsi, Moché a reçu l'ordre de mettre l'histoire de la Méguilat Esther dans les "oreilles de Yéhochoua", en d'autres termes, de lui chuchoter discrètement à l'oreille.
Pourquoi cela devait-il se faire discrètement?

Ce qui s'est passé à l'époque de Mordé'haï et d'Esther nécessita un très grand repentir (téchouva) de la part du peuple comme cela est rapporté dans la guémara (Méguila 12b) : pour quelle raison le peuple d'Israël a-t-il été condamné à l'extermination durant cette génération? Afin qu'il accomplisse un réel repentir durant cette génération.
Si Moché et Yéhochoua avaient dévoilé au peuple, avant la chute de Haman, la Méguila ainsi que la délivrance qui allait suivre, il est évident que le peuple juif n'aurait jamais eu une crainte suffisante du décret de Haman, crainte nécessaire pour éveiller un repentir sincère.
C'est la raison pour laquelle l'enseignement de la Méguila fut caché au peuple et ne fut transmis qu'à Moché qui le transmit à son élève Yéhochoua qui le transmit à son tour aux dirigeants du peuple, et ainsi de génération en génération jusqu'à Mordé'haï.
A présent nous comprenons le verset : "Mordé'haï savait tout ce qui s'était passé" (Esther 4,1) = étant le leader spirituel de sa génération, lui seul reçut cet enseignement, étant établi que le décret d'extermination ainsi que la délivrance qui allait suivre devaient rester secrets. Il se garda donc de le dévoiler au peuple afin que tous se repentent d'un cœur entier.

-> D'ailleurs, se basant sur cela le Yisma'h Moché y explique le verset : "Mordé'haï ayant pris connaissance de tout ce qui s'était passé, déchira ses vêtements, se couvrit d'un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers" (Esther 4,1) :
Bien que Mordé'haï, le grand de sa génération, eût été averti en tant que tel du décret d'extermination ainsi que de la délivrance qui allait suivre, en aucune façon ni à aucun moment il n'eut peur du décret de Haman.
Il entreprit tout pour faire un maximum de bruit en criant, en déchirant ses vêtements ... Tout ceci fut accompli aux yeux du peuple afin d'éveiller son repentir alors que Mordé'haï savait parfaitement comment la situation allait évoluer.

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+ Et Esther? :

=> Puisque Mordé'haï est l'auteur de la Méguila, pourquoi s'appelle-t-elle "la Méguila d'Esther"? N'aurait-elle pas dû s'intituler "la Méguila de Mordé'haï"?
De plus il est écrit : "Puis la reine Esther, fille d'Avi'haïl et Mordé'haï haYéhoudi écrivirent de nouveaux, usant de toute leur autorité pour donner force de loi à cette seconde missive de Pourim" (Esther 9,29). Le Targoum explique que la reine Esther et Mordé'haï haYéhoudi écrivirent ensemble la Méguila.
=> Comment concilier cela avec ce que l'on a vu précédemment?

-> Esther s'est associée à Mordé'haï lors de l'Ecriture de la Méguila afin de lui communiquer les détails qu'il ne pouvait pas connaître sur ce qui s'est passé dans le palais du roi. Ceci est considéré comme si Esther elle-même avait écrit la Méguila.

-> La reine Esther a pesé de tout son poids auprès des Sages pour qu'ils acceptent d'écrire et d'instituer la lecture de la Méguila de génération en génération. (guémara Méguila 7a).
Au départ, les Sages d'Israël ne voulaient pas accepter la requête de la reine Esther visant à imposer la lecture de la Méguila. Puis ils trouvèrent dans la Torah un passage de l'Ecriture sur lequel s'appuyer pour instituer cette mitsva.
[Shvilé Pin'has]

[selon la guémara : une mitsva est appelée uniquement du nom de celui qui l'a initiée.
Ainsi Mordé'haï et les Sages de la grande assemblée ont appelé la Méguila du nom d'Esther parce c'est elle qui fit tous les efforts possibles afin que la Méguila soit écrite et lue de génération en génération.
C'est par son mérite d'avoir su convaincre les Sages que nous la lisons. ]

"De même que lorsque commence le mois de Av nous diminuons notre joie, de même lorsque commence le mois d'Adar, nous augmentons notre joie" [guémara Taanit 29a]

=> Pourquoi nos Sages ont-ils fait une comparaison entre l'augmentation de la joie durant le mois d'Adar et la diminution de la joie durant le mois de Av?

Le Méor Enayim (paracha Térouma) explique que la joie est fondamentalement ressentie lorsque le Maître de l'univers réside parmi nous et étend Sa Présence divine sur nous.
Et c'est l'allusion même du nom du mois d'Adar (אדר) qui est composé des mêmes lettres que א qui représente le Maître du Monde (le Aloufo Chel Olam) [le aléf peut se composer en un vav et 2 youd, soit une valeur de 26, celle du Tétragramme] et דר (dar) qui signifie résider.
En effet, il n'y a pas plus grande joie pour l'homme que lorsque le Maître du Monde [Hachem] étend sa Présence divine sur les juifs.

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-> Le Baal Chem Tov enseigne :
"Si l'homme a parfaitement conscience que Hachem se cache dans n'importe quelle situation aussi étrange soit-elle, alors il ne s'agira en aucun cas d'une dissimulation. En effet, immédiatement, l'obscurité et le mal se sépareront de cette personne pour dévoiler ainsi une lumière divine vivante ...
Cependant, parfois Hachem cache volontairement ce qui est déjà dissimulé, au point que l'homme ne ressente plus aucune vitalité et doute de la présence à ses côtés du Maître du Monde. Dans ce cas il se peut que cette personne se tourne vers d'autres dieux, recherchant d'autres solutions au lieu de se réfugier dans sa foi.
En revanche, à chaque fois que l'homme conservera une foi entière dans le Créateur, il ne lui arrivera aucun mal mais bien plus, il bénéficiera d'un rapprochement et de consolation."

-> De son côté, le Toldot Yaakov Yossef, rapporte au nom du Baal Chem Tov :
Chaque homme doit avoir une foi complète et entière même lorsque Hachem voile complètement sa direction du monde. En effet, grâce à sa émouna, il pourra annuler toutes les rigueurs et toutes les obscurités tout comme le nom d'A'hachvéroch qui fait référence au Créateur car du début à la fin, tout lui appartient comme il est écrit : "Ainsi parle Hachem : Je suis le premier, Je suis le dernier, en dehors de Moi il n'y a point de D." (Yéchayahou 44,6).

Ainsi, même durant les grandes souffrances, Hachem ne retire à aucun moment sa protection rapprochée et son affection à Israël. La preuve en est que durant le festin auquel prit part Israël, Hachem prépara le remède à la maladie car c'est Haman lui-même qui conseilla au roi de tuer la reine Vachti. Ceci eut pour conséquence d'amener Esther sur le trône à sa place et c'est par son intermédiaire que le miracle de la délivrance pour tout Israël se produisit.
Ainsi, même dans les plus grands moments de détresse et de souffrance du peuple juif, Hachem n'abandonne jamais ses enfants et ne renonce à l'amour qu'il a pour eux.

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[de même que l'histoire de Pourim s'est étalée sur des années, sans que sur le moment on n'y voit particulièrement l'intervention d'Hachem (c'est la naturalité des choses, le hasard), en réalité au final on se rend compte d'à quel point Hachem est présent dans notre vie et il gère tout pour le bien ultime.
En ce sens, certains Sages nous recommandent de faire également notre propre méguilat Esther, c'est-à-dire porter un regard sur nos dernières années de vie et de voir à quel point Hachem a été présent (comment tout s'est bien compilé, combien de bonnes choses petites et grandes Il nous a faites), à quel point ce sur quoi on a pu se plaindre en réalité cela n'en valait pas le coup, ... [bien évidemment, on ne se rendra compte de la réalité des choses qu'après notre mort, où alors on deviendra fou de joie on comprenant à quel point Hachem nous comblé du meilleur!]
On en vient alors à ressentir une grande joie, à l'image de Pourim où l'on se rend compte à quel point Hachem (le א) réside (דר) toujours avec nous (même si on fait les pires fautes, la partie Divine reste intacte en nous, et Hachem nous aime toujours!).
C'est ça la joie de Adar : un juif n'est jamais seul, puisqu'il a toujours la Présence Divine avec lui! ]

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-> La Méguila d'Esther a la particularité d'être le seul écrit biblique à ne pas contenir le Nom de D., contrairement aux autres textes que nous possédons de nos prophètes, de nos rois ou des autres Méguilot. En effet, elle est appelée la Méguila d'Esther qui signifie : dévoiler ce qui est caché.
Nous pouvons observer que le prénom de Esther (אסתר) est composé des lettres א-סתר qui signifie littéralement que la lettre א se cache.
Ceci vient nous enseigner que le "Alouf chel olam" (Hachem - le Maître du Monde) se trouve bien derrière chaque détail notre histoire personnelle comme collective, du début jusqu'à la fin.

[d'une certaine façon de même que sans Hachem nous ne pourrions pas vivre une seule seconde supplémentaire, de même Hachem est présent à nos côtés chaque seconde de notre vie, impliqué pour nous permette de passer notre vie éternelle au plus proche de Lui (ce qui est le plus grand plaisir possible!) ]

Yom Kippour et Pourim

+ Yom Kippour et Pourim : [selon le Sfat Emet]

-> Le Zohar met sur le même plan Pourim et Yom Kippour (qui est connu sous le nom de Yom haKippourim dans la Torah). Examinons quelques-unes des similitudes entre ces fêtes apparemment très différentes.

-> À ces 2 occasions, des barrières sont franchies.
À Yom Kippour, le Cohen Gadol entre dans le Saint des Saints, et par extension, chacun d'entre nous abandonne le monde matériel pour entrer dans un royaume plus spirituel.
Au cours des événements qui ont abouti au miracle de Pourim, Esther a pénétré dans le sanctuaire intérieur d'A'hachvéroch sans autorisation préalable. Si nous regardons au-delà de la similitude extérieure, nous pouvons déduire que non seulement de formidables barrières physiques ont été franchies (le Saint des Saints et le sanctuaire intérieur d'Achashveirosh), mais aussi des barrières spirituelles. Les objectifs spirituels de Yom Kippour et de Pourim, inaccessibles toute l'année, peuvent être atteints lors de ces fêtes.
En ce sens, la lumière cachée de la Création, dissimulée toute l'année, est révélée à Pourim.
[Sfat Emet - Pourim 5657]

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-> Ces 2 fêtes sont un hommage au pouvoir de la téchouva et du jeûne.
Au moment du miracle de Pourim, le destin d'Israël était scellé [même au Ciel]. Pourtant, grâce à la téchouva sincère du peuple juif, à ses appels déchirants et à son jeûne de 3 jours, le décret céleste à l'encontre d'Israël a été inversé.
Yom Kippour, bien sûr, est le moment idéal pour faire la téchouva.
[Sfat Emet - Pourim 5636, 5657]

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-> À ces 2 occasions, nous abandonnons ce monde avec toutes ses limites et entrons, au moins temporairement, dans le monde à venir.
Bien que les méthodes pour atteindre cet objectif varient considérablement, à Yom Kippour par le jeûne et à Pourim par le festin, le but est essentiellement le même : entrer dans un monde nouveau, plus spirituel.
[Sfat Emet - Pourim 5635]

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-> L'un des liens les plus puissants entre Pourim et Yom Kippour est le renversement par Hachem d'un décret apparemment irréversible.
L'inquiétude d'Esther à propos de l'entrée dans le palais du roi, "sans autorisation" (acher lo kadat - Esther 4,16), fait référence non seulement à l'intrusion dans le sanctuaire intérieur d'Achashveirosh, mais aussi au déclenchement d'une série d'événements qui amèneront Hachem à revenir sur son décret d'élimination d'Israël.

Nos Sages (guémara Méguila 14a) déclarent : "Plus grand est le [l'impact de] l'enlèvement de l'anneau [d'A'hachvéroch] que les 48 prophètes et les 7 prophétesses qui ont prophétisé au peuple juif ... Car ils n'ont jamais rien ajouté ni retranché à la Torah, à l'exception de la lecture de la Méguila".
À l'époque du miracle de Pourim, Israël était véritablement destiné à mourir et à cesser d'exister en tant que nation. Le retrait de l'anneau (assarat taba'at - טבעת) fait référence non seulement à l'anneau d'A'hachvéroch (qu'il a donné à Haman), mais aussi à un bouleversement de l'ordre naturel (peut-être lié à téva (טבע) - la nature -> lien entre טבע et טבעת) qui était désormais totalement dirigé contre le peuple juif.

Pourtant, Hachem a répondu aux supplications d'Israël et à sa téchouva, et a annulé le décret irréversible qui sanctionnait le destin d'Israël. Il s'agit là d'un changement majeur par rapport aux procédures d'Hachem en matière de gestion du monde. En fait, il s'agissait d'une déviation par rapport au cours normal des événements.
Une lecture attentive de la guémara citée ci-dessus démontre qu'au moment du miracle de Pourim, non seulement des ajouts ont été faits à la Torah, le décret rabbinique exigeant la lecture de la Meguila, mais quelque chose a également été "retranché" (pata'hou), l'arrêt de mort apparemment irréversible qui a scellé le destin d'Israël.
De même, chaque année, à Yom Kippour, lorsqu'il semble que le destin d'Israël est condamné, parce que nos péchés sont beaucoup plus nombreux que nos mérites, Hachem annule néanmoins notre arrêt de mort et épargne Son peuple.
Yéchayahou (1,18) proclame : "Si vos fautes sont comme l'écarlate, ils blanchiront comme la neige", que le midrach (Yalkout Yéchayahou 389) interprète ainsi : même si vos fautes sont aussi anciennes que les années (chanim) ou que la terre elle-même, et même si vos fautes se sont accumulées au fil des ans et n'ont jamais été expiés, Je reviendrai quand même sur Mon décret.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

"Les juifs avaient la lumière, l'allégresse, la joie et l'honneur" (Esther 8,16). [selon le Sfat Emet]

-> Les juifs avaient de la lumière, ne fait pas nécessairement référence à une nouvelle source de lumière. Il s'agit plutôt d'une allusion à la lumière originelle de la Création (cf. Rachi, Béréchit 1:4 décrivant comment Hachem a caché la lumière qu'Il avait créée le premier jour. Bien qu'elle soit réservée aux justes dans le Monde à venir, à certaines occasions, cette lumière filtre dans ce monde), dont a bénéficié le peuple juif après son triomphe sur Haman.
[...]
Si nous contemplons les diverses vicissitudes de cette lumière primitive, nous nous rendons compte qu'elle ne peut se révéler dans ce monde que si Israël en est vraiment digne.
Ainsi, lors du don de la Torah, Israël s'est "prévalu" de cette lumière, mais ce haut niveau spirituel a été de courte durée : 40 jours plus tard, alors que nous vénérions le Veau d'or, cette lumière s'est à nouveau perdue.
Cependant, au moment du miracle de Pourim et de la défaite du descendant d'Amalek, Haman, cette grande lumière a de nouveau filtré jusqu'à la terre.
Cela est particulièrement vrai en raison de la tradition selon laquelle Israël a de nouveau accepté la Torah à l'époque de l'histoire de Pourim. Il s'ensuit que la même lumière spirituelle dont on a bénéficié au Sinaï a été perçue à Shoushan à l'époque de la renaissance spirituelle de la communauté juive.
[Sfat Emet - Pourim 5663]

-> "Les juifs avaient ..." (laYéhoudim ayéta)
Le terme הָיְתָה (ayéta) implique que la Torah (ou la relation d'Israël avec la Torah) a été revivifiée et renouvelée au moment de l'histoire de Pourim (cf. guémara Kidouchin 5a, qui interprète "véayéta" comme "véyatsé'a = se référant au mariage).
Cela peut faire référence au renouvellement de la lumière de la Torah. Alors qu'Hachem donne constamment la Torah ("notèn haTorah" - Il donne [le verbe est au présent] la Torah), sa lumière n'est renouvelée que lorsqu'Israël est digne de la recevoir, lorsque nous agissons comme un réceptacle pour la Torah.

Examinons pourquoi la lumière de la Torah n'a pas pu être révélée lors de la chute d'Amalek.
Dans son introduction à son commentaire sur la Torah, le Ramban soutient que la Torah entière est constituée de noms d'Hachem (dans un ordre brouillé qui est souvent difficile à déchiffrer).
Cependant, on nous dit également que le Nom d'Hachem n'est pas "complet" (c'est-à-dire que Son impact n'est pas pleinement perçu) tant qu'Amalek n'est pas éliminé (cf. Rachi, Béchala'h 17,16).
Ainsi, la Torah (les Noms d'Hachem) est empêchée d'exercer son influence complète jusqu'à la chute d'Amalek.
Ce n'est qu'après les événements de Pourim que la Torah, qui contient les Noms d'Hachem, a pu être totalement appréciée par Israël.
[Sfat Emet - Pourim 5662]

-> Si nous supposons qu'il existe une relation directe entre la présence d'Amalek et la révélation de la lumière de la Torah ("les juifs avaient la lumière" = la Torah - Méguila 16b), nous pouvons en déduire qu'à l'ère messianique, lorsque le dernier vestige d'Amalek sera éliminé, la lumière de la Torah sera pleinement révélée.
La référence de la guémara (Nédarim 8b) à ce jour futur où Hachem libère le soleil de son enveloppe ('hama minartika) et le fait briller sur les justes peut faire allusion à ce jour glorieux final où le mal aura été totalement éliminé.
C'est alors que le grand secret de la Torah (c'est-à-dire le soleil, le luminaire), longtemps retenu dans son enveloppe, sera révélé.
[Sfat Emet - Pourim 5660]

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-> La guémara (Méguila 16b) interprète le terme "la joie", comme se référant à la circoncision (la Mila).
Plus que toute autre mitsva, la Mila est mise à l'honneur en raison de sa propension à aider les juifs à s'attacher à la Torah et à devenir le réceptacle de la lumière de la Torah.
Nous rappelons que les mitsvot sont la lampe (nèr mitsva) qui permet d'entrer en relation avec la lumière de la Torah. Mais les mitsvot n'ont cet effet de lampe à la lumière de la Torah que si le corps juif, qui se compose de 248 membres correspondant aux 248 commandements positifs, est capable d'absorber la lumière de la Torah.
Ce n'est que par la Mila, qui incarne la pureté morale, que le corps juif (ses 248 membres) peut devenir le réceptacle de la Torah.
[Sfat Emet - Pourim 5659]

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-> Alors que le terme [le plus traditionnel] אור (or - lumière) désigne la loi écrite, [l'utilisation de la forme féminine] אורה (ora) se réfère à la loi orale.
Le midrach note que c'est la loi orale (et non la loi écrite qui a été acceptée au Sinaï avec la proclamation retentissante de : nassé vénichma) qui a été acceptée avec enthousiasme pour la première fois à Pourim. Le terme הָיְתָה (ayéta - il y avait) qui implique un sentiment d'être, d'absorber et d'intégrer personnellement la Torah, est une description particulièrement appropriée de la loi orale, qui est le "sang vital" même du juif, comme nous le prions après avoir lu la Torah : "et J'ai implanté la vie éternelle en nous" (vé'hayé olam nata béto'hénou)
[Sfat Emet - Pourim 5656, 5663]

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-> La guémara (Méguila 16b) interprète chacun des termes "ora, sim'ha, sasson, vikar" comme se référant à divers aspects de la vie juive.
La question se pose : Pourquoi le verset n'affirme-t-il pas explicitement que le peuple juif jouissait de la Torah plutôt que d'y faire allusion par le terme mi, qui évoque généralement la lumière?

En adoptant cette approche elliptique, la Méguila nous offre une perspective encore plus puissante que si elle était exprimée explicitement.
Le peuple juif se rend compte que sa lumière est la Torah (ora), que sa joie (sim'ha) est la célébration des fêtes juives, son allégresse (sasson) est le rite de de la brit mila, et sa fierté et son honneur (yékar), les téfillines.
Alors qu'auparavant, avant le retour massif d'Israël à Hachem, ils auraient pu se réjouir d'activités profanes, maintenant, en tant que baal téchouva, ils réalisent que leur lumière spirituelle provient de la Torah, que leur fierté est la mitsva des téfillines, et que leur allégresse provient de la cérémonie sacrée de la brit mila.
[Sfat Emet - Pourim 5648]

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-> "Les juifs avaient la lumière" (laYéhoudim ayéta ora) = cela se réfère non seulement à la Torah elle même mais aussi à la manière dont la Torah a été transmise à Israël.

Il est bien connu qu'au mont Sinaï, la Torah a été transmise au peuple juif "face à face [avec Hachem]" (panim bépanim - Vaét'hanan 5,4).
À la suite du péché tragique du Veau d'or (qui a été fabriqué au moment où Hachem se préparait à donner les tablettes à Moché), ce statut exalté ( de face à face) n'était plus tenable (sauf pour Moché).
Alors qu'Hachem accorde toujours la Torah comme un cadeau sans contrepartie, nous avons perdu l'intimité résultant d'un contact face à face avec le Donneur de la Torah. Au lieu de jouir d'une relation "panim bépanim", faire face directement à notre Créateur, nous nous tenions désormais loin d'Hachem, un statut défini par Daniel (9:7-8) comme "honteux" (bochét apanim).

Tout bénéficiaire d'un don immérité a honte d'affronter son donateur (cf. Zohar : celui qui consomme ce qui ne lui appartient pas a honte de regarder son bienfaiteur).
Ce n'est qu'après le miracle de Pourim et le retour massif d'Israël à la Torah que le peuple juif a retrouvé son statut originel de "panim bépanim".
Comme le dit le verset : "les juifs avaient la lumière" = il n'y a pas de plus grande source de joie que la capacité de percevoir le Donneur de la Torah en "panim bépanim" et de recevoir la lumière (ora) de la Torah directement de son Donneur.
[Sfat Emet - Pourim 5656]

Pourim & humilité

+ Pourim & humilité :

-> La fête de Pourim, le 14 Adar, ne peut tomber que le dimanche (1er jour de la semaine = aléf), le mardi (3e jour = guimel), le jeudi (5e jour = hé) ou le vendredi (6e jour = vav).
Cela forme le mot : גאוה (gaava - orgueil).

-> Amalek représente l'orgueil. En effet, le terme : עמלק (Amalek) a une valeur de 240, soit la même que רם (ram) qui signifie : haut/élevé.
Ainsi, Haman qui incarnait par essence la klipa de l'orgueil a été détruit par l'humilité de Esther et Mordé'haï.
[Shvilé Pin'has]

-> Le rav Shlomo Elkabets écrit que Hachem a fait en sorte que le décret d'Haman tombé précisément au mois d'Adar, période au cours de laquelle nous effectuons la mitsva du demi-Shékel, symbole du fait que l'on doit toujours se considérer comme la moitié de quelque chose et non comme une entité à part entière. Ainsi Haman a été détruit par l'humilité représenté par le demi-shékel.