Aux délices de la Torah

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Le rav David Abou'hatséra a demandé au rav Aharon Leib Steinman : Sur quelle mitsva les gens de notre génération devraient-ils se concentrer?
Le rav Steinman lui a répondu : "Renforcer notre croyance et notre confiance en Hachem, et non dans les gens, qui sont de chair et de sang".

La mézouza

"Chaque fois que quelqu'un entre ou sort de chez lui, et se tient près de sa mézouza, le moment devrait servir à le réveiller de son sommeil et de trébucher dans le vide de ce monde-ci, et cela devrait l'amener à la véritable reconnaissance que rien n'existe pour toujours autre que la connaissance (la conscience et connexion à) Hachem.
Cela le ramènera immédiatement à la raison et lui donnera le pouvoir d'avancer sur le "chemin de la droiture"."
[Rambam - fin des Halakhot de mézouza]

La sainteté du Shabbath

+ La sainteté du Shabbath :

1°/ Shabbath est la source de sainteté de toutes les fêtes juives :

-> Dans l'ordre de la michna appelé Moéd, nous avons le traité Shabbath.
=> Pourquoi parmi les 6 sections/ordres composant la michan, Moéd est le seul qui est au singulier (on a : Zéraïm, Nachim, Nézikim, Kodachim, Taharot)? Cela est d'autant plus étonnant que Moéd aborde les différentes fêtes juives, et il devrait plutôt s'appeler : Moadim.

Le rav Yéhochoua Alt répond : le Séder Moéd est au singulier car il ne fait référence qu'à une seule chose, à savoir Shabbath, et non les autres fêtes juives (Yamim Tovim) qui sont présents dans Moéd.
C'est parce que Shabbath est la source de la sainteté (kédoucha).
[un exemple rapporté par le Shu"t Torah Lichma 436 est : lorsque Roch Hachana et Souccot coïncide avec Shabbath, nous sommes incapables de sonner le Shofar ou de secouer le Loulav. La raison est que nous obtenons ce gain spirituel lui-même par la sainteté du Shabbath, et il n'est pas nécessaire d'accomplir ces mitsvot. ]

Par conséquent, dans la parcha Emor (22,2-3), lorsque la Torah énumère les Yamim Tovim, Shabbath est le premier à être mentionné car Shabbath est la racine de kédoucha pour toutes les fêtes juives (Moadim).
[(Hachem parle ainsi à Moché) ... Les voici, Mes solennités (moadaï) : pendant 6 jours on se livrera au travail ... ce sera le Shabbath d'Hachem" (Emor 231-3)]
Pour cette raison aussi, la première traité de la section Moéd est celui de Shabbath.

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2°/ Mieux que des UV pour notre visage = la sainteté du Shabbath :

-> Le midrach (Béréchit rabba 11,2) nous dit que la lumière du visage de l'homme tous les jours de la semaine n'est pas la même que pendant Shabbath.
[c'est parce que quand Adam a fauté, la lumière a été enlevée seulement après Shabbath.]
=> Pourquoi en est-il ainsi?

C'est en raison de la sainteté du Shabbath. Et même si nous n'avons pas le niveau pour en avoir conscience, la réalité est que plus quelqu'un a de sainteté, plus ce phénomène (lumière du visage) lui est reconnaissable.
Rabbi Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Vayigach 13) explique : ceux qui s'élèvent spirituellement et sont du sanctuaire d'Hachem, et et ceux qui ont un grand désir de sainteté, ils peuvent voir l'éclat du visage des gens le Shabbath.
Rabbi Tsadok haCohen dit que cette idée s'applique particulièrement au 3e repas de Shabbath, parce que c'est après qu'on soit passé par presque tout le jour du Shabbath. Pusique les 3 repas de Shabbath correspondent aux 3 Patriarches, le 3e repas correspond à Yaakov, le 3e des Avot, dont la guémara (Baba Batra 58a) affirme qu'il avait un semblant de [l'incroyable] beauté d'Adam harichon.
[ainsi, en arrivant au 3e repas, non seulement nous avons été purifié par le Shabbath (on est alors plus saints), mais en plus un aspect de ce moment est l'éclat de beauté de Yaakov. C'est ainsi le moment où notre visage est le plus brillant! ]

-> Suivant cette idée, le Sfat Emet explique que c'est pourquoi à un Shabbath de Shéva Bra'hot, des "panim 'hadachot" (personnes assistant pour la première fois à des Shéva Bra'hot de ce couple) sont inutiles puisque nous avons un visage différent le Shabbath.
["panim 'hadachot" - litt. nouveaux visages. Or, la sainteté du Shabbath a tellement d'impact sur nous et notre visage (même si nous n'en avons pas conscience) que tout juif est considéré comme quelqu'un d'autre (ex: nous avons un 2e âme qui vient en nous pour pouvoir absorber toute l'incroyable sainteté qu'il y a en ce jour. Le fait d'avoir un doublement de nos récipient de la sainteté se manifeste par exemple par notre visage transformée, radiant! ). ]

-> Le rav Eliyahou Lopian a décrit son maître, rabbi Sim'ha Zissel (1824-1898) comme ayant un teint pâle pendant la semaine. Cependant, le Shabbath ses joues avaient un aspect rose et vif.
De même le rav Wolbe a dit sur son maître, rabbi Yérou'ham Lévovitz (1873-1936), le machguia'h de Mir, qu'il avait un changement drastique de son apparence le Shabbath.
En effet, un nouvel élève de la yéchiva qui voyait rabbi Lévovitz en semaine ne l'avait pas reconnu le vendredi soir. Il pensait que la yéchiva avait un autre machguia'h pour le Shabbath.
Au bout d'un moment, ce garçon s'est rendu compte qu'il s'agissait de la même personne, mais l'influence du Shabbath altérait son visage.
[Alé Chour 2,p.382]

-> De même, le propriétaire du rabbi 'Haïm Chernovitz (1760-1817), voyait un juif qu'il ne reconnaissait pas entrer et sortir de l'appartement le Shabbath. Il s'aperçut alors que c'était son locataire, rabbi Chernovitz, qui prenait une apparence différente le Shabbath.

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3°/ Shabbath = un jour pas comme les autres :

-> Le Shabbath est une réalité totalement différente à l'image du Gan Eden ou du monde à venir. En effet, selon la guémara (Béra'hot 57b), le Shabbath contient 1/60e du monde futur.
Comme dans la cacherout, la quantité de 1/60e, est la mesure minimale permettant de ressentir quelque chose.
[le Shabbath est décrit comme : "mé'en olam aba" = un avant-goût du monde futur]

-> Le Moharikash (Eré'h Lé'hem) écrit : "Nos Sages ont interdit 39 travaux, en rapport avec les 39 malédictions proférées à l'encontre de Adam et 'Hava, ce qui signifie que celui qui évite de faire ces 39 travaux durant Shabbath est sauvé de ces 39 malédictions."
=> Ainsi, bien qu'en apparence le Shabbath soit un jour comme un autre, en réalité il ne fait pas vraiment partie de ce monde [c'est un semblant du monde à Venir! ].
En conséquence, il n'y a pas de mélakha qui y sont effectué, car elle est d'un autre monde, similaire à celui d'avant la faute d'Adam harichon. [avant la faute d'Adam, il n'y avait pas de mélakha, qui est synonyme de malédiction. Ainsi Shabbath est un moment où l'on peut retrouver cet état de perfection, de sainteté, de bénédictions, ... comme Hachem l'avait originellement créé.]

-> Plus le jour est saint, le moins il est permis d'effectuer de mélakha.
Shabbath est le jour le plus saint suivi de Yom Tov. Par conséquent, il y a plus de choses autorisées à Yom Tov, car comme l'affirme la guémara (Méguila 7b) à Yom Tov le travail nécessaire à la préparation de la nourriture est autorisé.
Ensuite, il y a 'hol haMoéd et Roch 'Hodech, et finalement le jour de la semaine où tout travail peut être fait.

-> "Si tu considères le sabbath comme un délice (vékarata laShabbath oneg), la sainte journée d'Hachem comme digne de respect... alors tu te délecteras dans Hachem et je te ferai dominer sur les hauteurs de la terre et jouir de l'héritage de ton aïeul Yaakov. C'est la bouche de Hachem qui l'a dit". (Yéchayahou 58,13-14)
=> Hachem nous promet qu'en sublimant notre Shabbath, alors en récompense on aura en ce jour une grande proximité avec Lui (tu te délecteras dans Hachem - az tit'anag al Hachem), et donc de sainteté, de joie, de bénédictions, ...
Or, il n'existe aucun plaisir plus grand que d'être proche de Sa source, de Son Créateur.

-> "vékarata laShabbath oneg"
Le rav Eliyahou Lopian fait remarquer que les mots : "néga" (une plaie - נגע) et "onég" (le plaisir - ענג) sont composés des mêmes lettres, et la seule différence se trouve dans le positionnement de la lettre : "ayin" (en hébreu "ayin" veut dire : les yeux).
[Shabbath est un aperçu du monde à Venir, nous avons un doublement de notre âme, ce qui fait que nos 'yeux' spirituels perçoivent mieux la Vérité.
En ce sens, plus ou moins consciemment, Shabbath est un jour de tranquillité, de sérénité, car nos doutes, nos plaies/dégâts spirituels (néga), n'existent plus, et sont surpassés par le plaisir (oneg) de la sainteté et de pouvoir apprécier ce jour de grande proximité avec papa Hachem.

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Vayé'hi 47,28) enseigne :
"Ai toujours en face de tes yeux le jour du Shabbat, le jour de repos que D. a ordonné aux enfants d'Israël, la Néchama supplémentaire que l'on reçoit ce jour-là du fait qu'elle vient d'un endroit spirituellement très élevé, D. nous a ordonné d'écarter de nous la tristesse, la colère et alors le Shabbat sera nommé "les délices du Shabbat".

Le Chla haKadoch commente "vékarata laShabbath oneg" = Shabbath doit être pour toi un 'oneg' (un plaisir/délice). Autrement dit, dans la façon dont nous prions, étudions, ... [cela doit l'être avec joie, plaisir]
[nous devons utiliser nos yeux (ayin) pour en venir à percevoir ce jour de telle façon qu'il soit un délice à nos yeux, et en venir à le vivre en tant que tel. ]

-> De la même manière, le 'Hatam Sofer commente les mots de la prière du Shabbath : "la'hazot bénoam Hachem" (voir la douceur d’Hachem), afin qu’Hachem tire du plaisir de la façon dont nous le servons.
Il y a un concept selon lequel les mitsvot crient à une personne de les accomplir, que ce soit la mitsva de tsitsit, de téfilin et autres. C’est le sens profond de "achré a'ich chéyichma lémitsvoteé'ha" (louable est la personne qui obéit à tes commandements) : louée est la personne qui écoute les mitsvot qui lui sont demandées pour les accomplir.
[ainsi, une journée par semaine le Shabbath nous crie de l'honorer, et nous devons le faire avec joie, ce qui cause du plaisir à Hachem. ]

-> Shabbat a la capacité de nous rapprocher d’Hachem comme il est dit : "Pour moi, la proximité d'Hachem fait mon bonheur" (vaani kirvat Elokim li tov - Téhilim 73,28). Le mot קרבת (la proximité - kirvat), partage la même guématria (soit 702) que שבת (Shabbath).
=> Comment ressent-on la lumière de chabbat? Le rabbi de Lévovitz (Torat Avot - Déra'him) sur : "lévou alaï ... va'ani poréa" (empruntez les fonds nécessaires pour Shabbat ... et moi, Hachem, je rembourserai vos emprunts - guémara Bétsa 15b), explique que לוו (lévou) peut signifier "se connecter" comme dans ילוה אישי (mon mari va s’attacher - yilavé ichi - Vayétsé 29,34).
Alors, Hachem nous dit : à Shabbath connectez-vous avec Moi et puis "va'ani poréa" (פורע ואני) = Je vous montrerai la lumière, car פורע peut signifier révéler comme dans כִּי פָרֻעַ (elle a été exposée - ki paroua - Ki Tissa 32,25).

[ainsi Shabbath est un jour où l'on peut atteindre un grande proximité avec papa Hachem, et il y règne donc une atmosphère de grande sainteté. ]

"Yossef est descendu en Égypte et s'est préservé de l'immoralité, de même tout Israël [en Egypte], par son mérite, s'est préservé de l'immoralité.
Rabbi 'Hiya Bar Aba a enseigné : "Cela valait la peine qu'il se préserve de l'immoralité, car c'est par son mérite qu'Israël a été délivré"."
[midrach Vayikra rabba 32,5]

-> Le rav Pin'has Fridman commente :
Nous apprenons de ce midrach que Yossef traça la voie de la kédoucha (sainteté) pour toutes les générations d'Israël jusqu'à la fin des temps. Tous pourront maintenir leur kédoucha partout où ils se trouvent, même dans les situations les plus précaires, et pourront par ce mérite, être délivrés de leur exil.

L’Attribut Divin de Rigueur est en réalité rempli de grandes bontés

+ L'Attribut Divin de Rigueur est en réalité rempli de grandes bontés :

-> Selon le Zohar (Tikouné Zohar 103b), nos 3 Patriarches se sont attachés à 3 traits de caractère afin d'accomplir leur voie dans le Service Divin. Avraham le fit avec l'attribut de 'hessed (Attribut de Bonté/Miséricorde), Its'hak avec l'attribut de guévoura (attribut de din [Rigueur/Justice]), et Yaakov avec l'attribut de tiféret.

-> Dans son commentaire, Rachi explique que lui fut donné le nom יצחק (Its'hak) qui vient du mot צחוק (ts'hok - rire), car ceci fait référence au rire de Sarah, comme il est écrit : "Sarah rit en elle-même en disant : après être flétrie, aurais-je une peau fraîche, et mon mari est vieux?" (Vayéra 18,12).

-> Le nom d'une personne nous éclaire sur son essence et ses qualités, ainsi qu'il est expliqué dans le midrach : "Nos maîtres racontent : lorsque Rabbi Méir regardait un homme, il apprenait son nom, et de
son nom, il connaissait ses actes" (Yalkout Chimoni - siman תמט).

=> Si Its'hak incarnait la mesure de rigueur, qui est l'attribut de justice, alors pourquoi avoir appelé son nom Its'hak, un langage faisant référence au rire et à la joie, ce qui, à première vue, semble être l'antithèse complète de la rigueur et de la justice?

-> Il est écrit dans la guémara (Shabath 89a) :
"Dans le futur, Hachem dira à Avraham notre patriarche : "tes fils ont fauté envers Moi!" Avraham Lui répondra : "Maître du monde, ils étaient désespérés". Hachem dit : "Je vais me tourner vers Yaakov, lui qui a souffert pour élever tous ses enfants, peut-être sera-t-il un bon avocat pour ses enfants?"
Hachem dit à Yaakov : "Tes fils ont fauté". Yaakov lui répondit : "Maître du monde, ils étaient désespérés ..."
Hachem Se tourne alors vers Its'hak et lui dit : "Tes fils ont fauté envers Moi". Il dira devant Hachem : "Maître du monde, sont-ils mes fils et non Tes fils? Pourtant au moment où ils T'ont devancé et se sont présentés devant Toi en disant : "Nous ferons et nous comprendrons" (Michpatim 24,7), Tu les as appelés "Mon fils premier-né" (Chémot 4,22). A présent Tu dis mon fils et pas Ton fils!".

De plus, combien de fautes peuvent-ils avoir commis? Voici que les années de l'homme sont de 70 ans, ôte parmi elles 20 ans, durant lesquels l'homme n'est pas apte à la punition, il reste 50 ans. Retire également 25 ans de toutes les nuits où il a dormi, il reste 25 ans. Retire parmi elles encore 12 ans et demi de prière, de nourriture et de toilette, il reste parmi toutes les années de la vie de l'homme seulement 12 ans et demi d'années où il est susceptible de fauter, Maître du monde, Tu supportes ces années-là, c'est bien. Et sinon moitié sur moi et moitié sur Toi."

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=> La mida (un trait de caractère) de notre patriarche Avraham est la bonté, celle de Yaakov est tiféret (qui est une association entre le 'hessed et le din, où le 'hessed adoucit le din pour devenir miséricorde), tandis que la mida d'Its'hak est celle de la rigueur et du din.
Comment est-il possible qu'Avraham, dont les traits de caractère sont la bonté et la miséricorde, n'ait pas trouvé le moindre mérite futur pour le peuple juif? En outre, Its'hak notre patriarche, dont le trait de caractère est la stricte rigueur, a su, lui, trouver un mérite pour le peuple juif?

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (dans son Kédouchat Lévi) écrit :
comme nous le savons, dans ce monde ici-bas, la loi (halakha) est comme Beit Hillel, qui représente d'habitude le trait de caractère de la bonté, et non pas comme Beit Chamaï qui incarne plutôt la notion de la rigueur. Le monde n'aurait effectivement pas pu se maintenir si les lois qui le régissaient étaient selon la pleine mesure de rigueur. En fait, le monde [actuellement] ne se maintient que grâce à la pleine mesure de bonté.
En revanche, dans le futur, lorsque le monde sera réparé, et que le mauvais penchant sera complètement anéantit, il n'y aura alors aucunement besoin que la direction du monde s'accomplisse selon la mesure de bonté. Le monde-même conduit selon la mesure de rigueur pourra alors accéder à ce qui est bon, aussi la loi sera comme Beit Chamaï, qui représente la rigueur, et non comme Beit Hillel.

-> Le rav d'Apta (dans son Ohev Israël) ajoute que la mida du din n'est en fait rigoureuse qu'extérieurement (en apparence, à nos yeux et nos sens d'êtres humains).
Intérieurement, à l'intérieur de la mida du din, il y a des lumières de très grand 'hessed, bien plus qu'il ne s'en trouve dans la mida de 'hessed elle-même.

Le rabbi d'Apta écrit : "chez Its'hak notre patriarche, nous trouvons que sa mida était la crainte et la rigueur (mida du din), mais en vérité ... il y a dans la mida du din un très grand 'hessed. Cependant ces lumières et ce grand 'hessed ont été enfouis et cachés ... jusqu'à la venue du machia'h. Alors le Créateur retirera le rideau de l'extériorité et des klipot (forces d'impureté, touma) de tous les mondes ...
Se dévoileront alors les lumières de l'intériorité de la mida du din... et seront adoucis tous les dinim et la notion de rigueur".

=> nous saisissons la profondeur du sujet dont nous parlons. Désormais nous comprenons pourquoi dans le futur, c'est précisément Its'hak - lui qui symbolise la mida du din - qui viendra rappeler les mérites du peuple juif.
À la fin des temps se renforceront énormément les accusateurs. Ces derniers accuseront sans cesse le peuple juif afin qu'il ne puisse mériter la délivrance, que Dieu nous en préserve. L'accusation sera alors tellement forte, qu'Avraham et Yaakov qui symbolisent le 'hessed et le ra'hamim = miséricorde ne pourront trouver de mérite pour défendre le peuple d'Israël, seul Its'hak notre patriarche trouvera des mérites pour Israël. Ceci car, comme nous l'avons dit, dans le futur se dévoilera l'intériorité de l'attribut du din, là où se trouvent de grandes lumières et des grands hassadim, encore plus prodigieux que la mida du 'hessed elle-même.

=> Ainsi, nous comprenons pourquoi dans le futur, c'est précisément Its'hak, lui qui symbolise la mida du din, qui viendra rappeler les mérites du peuple juif.
À la fin des temps se renforceront énormément les accusateurs. Ces derniers accuseront sans cesse le peuple juif afin qu'il ne puisse mériter la délivrance, que D. nous en préserve.
L'accusation sera alors tellement forte, qu'Avraham et Yaakov qui symbolisent le 'hessed (bonté) et le ra'hamim (miséricorde) ne pourront trouver de mérite pour défendre le peuple d'Israël, seul Its'hak notre patriarche trouvera des mérites pour Israël. Ceci car, comme nous l'avons vu, dans le futur se dévoilera l'intériorité de l'attribut du din, là où se trouvent de grandes lumières et des grands 'hassadim (bontés), encore plus prodigieux que la mida du 'hessed elle-même.

On pourrait penser que l'humilité est l'antithèse de la réjouissance, pourtant ... la vraie joie dans l'appréciation du miracle d'Hachem ne peut être atteinte que par [des humbles], des serviteurs d'Hachem, comme il est dit : "Louez, serviteurs d'Hachem" (Hallélou avdé Hachem) ...

L'humilité en elle-même engendre la joie.
Seuls les vrais humbles qui reconnaissent la bassesse de leur situation dans la vie par rapport à la Présence infinie d'Hachem, peuvent se réjouir de leur véritable mission [présente au fond de tout juif] : celle de servir Hachem.
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5635]

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[la joie est ce sentiment interne où l'on a conscience de faire ce qu'il y a de mieux dans notre vie, où notre intériorité (âme divine) est en parfaite équilibre avec nos actions (qui sont selon la volonté de D.) ]

+ Chaque matin, lors de la prière, nous citons le verset : "léodot léchem kodché'ha léichtabéa'h bit'ilatékha" (Pour remercier Ton saint Nom, et se glorifier de Ta louange - Téhilim 106,47),

=> Ne devrait-on pas dire "léchabéa'h" (rendre gloire [à Hachem]), plutôt que "léichtabéa'h" (לְהִשְׁתַּבֵּחַ), se glorifier [soi-même]?

Le Imré Emet répond que lorsqu'un juif fait l'éloge, il est lui-même élevé et la personne elle-même est glorifiée. Il a changé, ouvrant de nouvelles portes dans sa propre perception du monde.
En rendant grâce, on devient une personne différente.

[Hachem n'a besoin de rien, et lorsqu'Il nous demande de Le glorifier, en réalité c'est nous qui nous glorifions, devenant une meilleure version de nous-même, un être plus élevé!
Hachem désire nous combler du meilleur, mais pour nous éviter tout sentiment de honte de recevoir tout gratuitement, alors Il fait comme si c'était nous qui Lui rendions service (ex: par nos prières).]

Pourim – Omission du Hallel

+ Pourim - Omission du Hallel (selon le Sfat Emet) :

-> La guémara (Méguila 14a) note que le Hallel n'est pas récité à Pourim.
Pourtant, elle stipule également que la lecture de la Méguila équivaut à la récitation du Hallel. Cette contradiction apparente peut être résolue en rappelant que le Hallel n'est récité qu'à l'occasion de l'ouverture des portes intérieures du ciel. [voir : https://todahm.com/2022/05/18/le-hallel ]
Le miracle de Pourim, qui s'est produit dans le contexte d'événements naturels, lorsque le nom d'Hachem a été sanctifié dans ce monde, ne répond généralement pas à ces critères.
Cependant, en lisant la Méguila, nous ne célébrons pas seulement l'impact du miracle de Pourim sur terre, mais nous ressentons également son impact céleste.
[Sfat Emet - Pourim 5649]

-> Par ailleurs, le Hallel est récité dans les occasions où l'impact est principalement interne (ressenti dans les recoins de l'âme juive). À Pourim, cependant, nous ressentons la joie à l'extérieur comme à l'intérieur. Non seulement au Ciel, mais aussi sur terre, les juifs sentent que Pourim est un moment joyeux.
[Sfat Emet - Pourim 5644]

La grandeur d’accepter ses souffrances avec amour

"Lorsqu'une personne reçoit avec amour les souffrances et les épreuves qu'elle endure, alors c'est cela leurs remèdes."
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Vayigach 46,7]

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-> "ils vinrent en Egypte : Yaakov et toute sa descendance avec lui. Ses fils et ses petits-fils avec lui, ses filles et ses petites-filles et toute sa descendance, il [les] emmena avec lui en Egypte." (Vayigach 46,6-7)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente : "Ses fils et ses petits-fils" :
Le verset veut nous faire savoir qu'il y a une différence entre les membres de la famille de Yaakov en ce qui concerne la descente en Égypte. En effet, parmi eux, certains sont venus de leur plein gré en ayant accepté le décret divin.
Par contre, d'autres ont hésité à descendre dans cette prison et la Torah nous indique ceux qui sont venus de leur plein gré pour payer cette dette exil.
Et le verset nous dit que les fils et les petits-fils sont venus d'eux-mêmes ("avec lui"), et ensuite la Torah nous énumère ceux qui ne sont pas venus de leur plein gré, comme le verset dit : "ses filles et ses petites-filles il [les] emmena avec lui". Cela veut dire qu'elles ne sont pas venues d'elles-mêmes.

Nos sages (midrach Chémot rabba 1,8) nous enseignent que tout le temps que l'un de ceux qui sont descendus en Égypte étaient vivant, l'esclavage n'avait pas encore commencé.
Peut-être faut-il dire que c'était en récompense pour eux, car ils avaient accepte le décret divin de descendre en Égypte de plein gré. C'est la raison pour laquelle l'esclavage ne les a pas touchés.
Lorsqu'un homme reçoit avec amour les souffrances et les épreuves qu'il endure, c'est cela leurs remèdes.

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-> Selon le le Or ha'Haïm, Hachem attendit pour commencer l’asservissement de l’Egypte la mort de tous les fils de Yaakov, mais n’attendit pas la mort des filles. Car la guémara (Béra'hot 62a) enseigne que "le remède aux souffrances est de les accepter" [litt. "la tradition pour mettre fin à la souffrance est avec le silence (donc en l'acceptant) et la prière"], à savoir que l’acceptation des épreuves avec amour et joie est un remède qui les guérit.
Dès lors, du fait que les fils de Yaakov acceptèrent ce décret avec amour, la souffrance de la servitude leur fut épargnée, à la différence de Yo'héved (la mère de Moché) et de Séra’h (la fille de Acher) dont on n’attendit pas qu’elles meurent avant de commencer l’asservissement des Bné Israël. Celles-ci comptèrent, en effet, parmi ceux qui descendirent en Egypte contre leur gré sans accepter le joug de la servitude.

-> Ce commentaire nous apprend le devoir d’accepter dans la joie et l’amour tout ce qui nous arrive, en sachant que tout est pesé et calculé d’En-Haut. De la sorte, nous accomplissions les termes de l’enseignement de nos Sages : "Le remède aux souffrances est de les accepter" et mériterons d’en être soulagé et délivré et de voir la réussite dans toutes nos entreprises.

Le Sfat Emet exprime la même idée, à propos du verset de notre paracha : "Yéhouda s’approcha de lui (Yossef) et lui dit ‘de grâce mon seigneur’" (Vayigach 44,18).
Les commentateurs s’interrogent, en effet, sur le bien-fondé des arguments que Yéhouda avança à Yossef ("Mon serviteur demanda à ses serviteurs", et, en effet, les versets qui suivent). Ils ne contiennent, en effet, aucun élément nouveau en plus que tous ceux qui avaient déjà été exposés à la fin de paracha Mikets.
Dès lors, pourquoi Yéhouda pensa-t-il qu’il réussirait par cela à éveiller la compassion de Yossef envers ses frères?
De plus, les commentateurs demandent, qu’est-ce qui provoqua effectivement le changement d’attitude de Yossef au point qu’il ne puisse plus se retenir?

Le Sfat Emet explique qu'il est vrai que Yéhouda ne vint rien innover à Yossef. Seulement, depuis leur arrivée en Egypte, Yéhouda mit de l’ordre dans ses idées pour lui-même, afin de bien voir leur enchaînement et enraciner en son cœur que tout s’était déroulé selon la volonté d’Hachem. [il n'est pas resté prisonnier mentalement des galères qui leur arrivaient].  Il accepta avec joie Ses décisions, car si telle était Sa volonté, cela signifiait que c’était la meilleure des choses qui pouvait arriver.
Et de fait, dès qu’il intégra cette idée, la rigueur Divine disparut et put laisser place à l’éclosion de la délivrance.

Le Sfat Emet écrit : "Et cela constitue un conseil valable pour chaque juif se trouvant dans une situation où la face Divine est voilée : qu’il annule sa propre volonté devant celle de D. tout en restant convaincu que, même au milieu de l’obscurité (des difficultés/souffrances), la volonté vivante d’Hachem est encore présente."

-> Rabbi Mordé'haï de Léchovitz explique de manière allusive à ce sujet la Michna (Béra'hot 40a) : "Sur tout, s’il a prononcé la bénédiction Chéakol Niya Bidvaro (qui a tout créé par sa parole), il est quitte" = celui qui dit à propos de tout ce qui lui arrive (même ce qui lui semble être un malheur), "tout est le fait de la parole Divine" est acquitté par cela de toutes les épreuves.
[le sens simple est que si nous ne savons pas quelle est la bénédiction, on peut s'en acquitter par défaut en faisant "chéakol".]

-> Rabbi Moché Avraham Barzovski dit : "j’ai hérité d’une coutume ancestrale selon laquelle celui qui prononce la bénédiction ‘Chéakol Niya Bidvaro’ avec une foi intègre dans le Créateur, bénéficie d’un adoucissement de la midat haDin (la mesure de rigueur d'Hachem)!"

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-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - chap.4) nous garantit que si nous acceptons avec joie ces moments où rien ne semble aller dans notre vie, comprenant que cela nous est envoyé du Ciel et que c'est bénéfique pour nous, alors à ce moment nous déchirons les mauvais décrets et se sauvons des pires soucis qui devaient normalement nous arriver.

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[ainsi, le meilleur remède à nos épreuves réside dans notre acceptation, dans notre joie (par bita'hon en Hachem), malgré les difficultés, nos incompréhensions sur ce qui se passe dans notre vie.
Moins on essaie de tout comprendre, en étant simple (tamim) dans notre certitude que cela ne provient que d'Hachem pour notre bien ultime (on le comprendra dans le monde à Venir de vérité), alors le plus on s'évite bien des galères dans la vie. ]

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-> "Si le fauteur se voit sur le point de subir une épreuve, qu'il la légitime et accepte le châtiment avec amour. Cela constituera une protection contre les nombreuses souffrances qui auraient dues s'abattre sur lui".
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva - chap.4 ]

-> Si une personne proclame en se le répétant : "J'ai confiance dans le fait que Hachem accomplit cela pour mon bien", ce sera une raison en soi d'être préservé de toute épreuve et d'annuler tous les décrets".
[...]

Lorsqu’un juif se renforce dans sa foi que tout est entre les mains du Ciel et accepte le décret Divin, il est capable de provoquer des bouleversements dans tous les mondes par la force de sa émouna.

C’est d’ailleurs un principe fondamental connu rapporté dans le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 3, chap.12) :
"Et véritablement, c’est un moyen miraculeux et une recette extraordinaire pour repousser de soi-même tous les décrets rigoureux et les volontés extérieures, de sorte qu’elles ne puissent nous dominer ni avoir aucune influence sur nous. Lorsqu’un homme enracine dans son cœur que "Hachem est le vrai D. et qu’il n’y a, en dehors de Lui, aucune force dans ce monde ni dans aucun monde, que tout est rempli de son unicité évidente, et qu’il annule entièrement de son cœur, sans leur attribuer la moindre valeur, toute force et toute volonté autres, qu’il soumet et attache la pureté de sa pensée uniquement au Maître unique, Béni-Soit-Il", alors Lui, que son Nom soit béni, fera en sorte, de fait, que toutes les forces et les volontés disparaissent d’elles-mêmes et ne puissent absolument rien lui faire."
[ rav Elimélé'h Biderman ]

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+ Le décret d'Haman est venu comme une punition pour Yaakov qui n'avait pas accepté avec joie la vente de Yossef :

-> Lorsque Yaakov a pensé que Yossef était mort, il a revêtu un sac sur ses reins et a pleuré son fils pendant de nombreux jours (Vayéchev 37,34).
Le midrach (Béréchit rabba 84,20) enseigne : "Parce qu'il a pris un sac (un cilice), celui-ci ne quittera pas sa descendance jusqu'à la fin des générations.
Ainsi, il est dit à propos de Mordé'haï le Juif (Esther 4,1) : "Morde'haï déchira ses vêtements, revêtit un sac (cilice) et se couvrit de cendres ; il sortit au milieu de la ville et poussa un grand cri amer".

Le 'Hatam Sofer (drachot - parachat Za'hor 5554) explique qu'une personne doit s'efforcer d'accepter avec amour et joie tout ce qui lui arrive, certaine que la souffrance la purifie et la rapproche de son Créateur. Grâce à cette acceptation, on passe des difficultés au soulagement et des ténèbres à la lumière.

Yaakov a connu de nombreuses difficultés (Essav, Lavan et Dinah), mais il a tout accepté avec amour.
Cependant, lorsqu'il a dû faire face à l'épreuve de la disparition de Yossef, il savait que sa part dans le monde à venir dépendait du fait que ses fils, les 12 tribus, restent une unité intacte, comme il l'a déclaré : "Car je descendrai au She'ol en pleurant mon fils", et Rashi explique, selon le midrach : "J'ai reçu ce signe de Hachem, que si aucun de mes fils ne mourait pendant ma vie, je serais sûr de ne pas voir le Guéhinam".
Il ne pouvait donc pas supporter la douleur de la disparition de Yossef, et il pleura et revêtit un sac en signe de deuil. Cela entraîna le décret d'Haman, qui incita ses descendants à revêtir eux aussi des sacs et à se couvrir de cendres dans leur chagrin.

La reine Esther comprit que le décret d'Haman avait été pris parce que Yaakov n'avait pas accepté avec amour la disparition de Yossef, et elle reconnut que le salut ne viendrait pas du deuil.
Elle comprit plutôt que l'approche inverse était nécessaire : les juifs devaient se réjouir, accepter tout ce qu'ils traversaient avec une foi sincère que c'était ce qu'il y avait de mieux pour eux, et alors ils seraient sauvés de leur situation difficile.
Elle invita donc le roi A'hachvéroch et le Haman à un festin, démontrant ainsi sa confiance absolue en Hachem et en Son salut.

Voici le message d'Esther : seul la joie et le bita'hon permettraient d'obtenir la délivrance du décret mortel.
Cela a rectifié le deuil de Yaakov, qui savait qu'une acceptation patiente accomplit plus que de nombreuses prières, mais qui a trébuché en pleurant Yossef. Là aussi, Hachem voulait qu'il accepte le décret avec amour et joie, en croyant calmement et de tout cœur que c'était sûrement pour le mieux, comme cela est d'ailleurs devenu clair par la suite.
[rabbi David Abou'hatséra - maamaré Emouna ouBita'hon]

Unité & miracle de Pourim

+ Unité & miracle de Pourim (selon le Sfat Emet) :

-> Lorsqu'Esther est informée du plan d'Haman, elle insiste [à Mordé'haï] : "va, rassemble tous les juifs" (knos ét kol aYéhoudim Esther 4,16). Elle ne demande pas seulement qu'ils jeûnent en son nom, mais qu'ils le fassent dans une atmosphère d'unité totale.

Lors de la bataille contre Amalek, le 13 Adar, le peuple juif s'est rassemblé "pour s'organiser et se défendre (léhikaél vélaamod al nafcham - Esther 8,11), en tant que peuple uni.
En fait, si le rassemblement dans un but sacré n'était pas nouveau pour le peuple juif, il l'avait déjà fait à l'époque du don de la Torah, ce rassemblement était unique à un égard. Il s'est fait totalement de leur propre initiative. Alors qu'au moment du don de la Torah, Moché avait reçu l'ordre de "rassembler le peuple" (hakhel ét aam - Vaét'hanan 4,10), ici [à Pourim] ils ont assumé cette charge par eux-mêmes, comme il est dit : "ils se sont organisés eux-mêmes" (nik'alou - Esther 9,2).

La manière dont nos ancêtres ont accepté la Torah témoigne à nouveau de leur volonté d'unité.
Dans la forme écrite de la Méguila, on a : קימו וקבל (Esther 9,27 - bien que lisons וקבל comme s'il y avait : וקבלו - vékibélou), on peut lire : "ils ont accompli (קימו - kiyémou) et il a accepté" (écrit comme le singulier קבל - kibél) la Torah, et cela démontre que les juifs [à Pourim] sont devenus une nation, unie par la Torah.

L'importance primordiale de l'unité dans la lutte contre Amalek peut être appréciée si l'on considère l'argument d'ouverture d'Haman dans son plaidoyer pour éliminer les juifs : "Il y a un certain peuple dispersé (מְפֻזָּר - méfouzar) et disséminé (מְפֹרָד - méforad) parmi les peuples" (Esther 3,8).
Alors que מְפֻזָּר,le fait d'être physiquement dispersé dans les territoires éloignés d'A'hachvéroch, n'était pas nécessairement mauvais (et a même pu être bénéfique en tant que moyen de répandre le Nom d'Hachem dans la Diaspora et en tant que moyen de susciter des étincelles de sainteté et de les attirer vers la Torah), מְפֹרָד qui implique la dissension et la fragmentation est définitivement néfaste.
Même si nous sommes dispersés (מְפֻזָּר), nous n'osons pas devenir מְפֹרָד.

En exil, plus que partout ailleurs, il est impératif que le peuple juif soit uni.
En exil, nous ferions bien d'imiter l'exemple de notre ancêtre Yaakov qui s'est embarqué pour le 1er exil (Égypte) en tant que "chiv'im néféch" (70 âmes), et non pas "chiv'im néfachot" (70 âmes) (cf. Béréchit 46,27). [néféch est au singulier malgré un nombre de 70, pour souligner l'unité entre les âmes des juifs allant en Egypte]
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Non seulement ce premier Pourim, mais chaque Pourim, nous accentuons le thème de l'unité en participant à la mitsva de michloa'h manot, l'envoi de cadeau à notre prochain, un moyen particulièrement efficace d'encourager l'amour de son prochain juif (aavat Israël).
Par extension, michloa'h manot ne se réfère pas seulement à l'octroi de cadeaux matériels, mais aussi au partage de nos connaissances de la Torah avec autrui.
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Le second Temple, dont la construction avait commencé avant l'histoire de Pourim, mais n'a été reprise qu'après, reposait sur l'existence de l'unité (a'hdout). Il n'est donc pas surprenant que le Temple ait finalement été détruit à cause de la haine gratuite (sin'at 'hinam), l'antithèse même du message de Pourim.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

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-> Pour corroborer la relation entre l'unité juive (a'hdout) et le second Temple, considérons la raison principale de sa destruction finale : la haine gratuite (aavat 'hinam). Le second Temple a été fondé sur les piliers de la "aavat Israël" (amour entre les juifs) et ne pouvait exister que tant que cette vertu restait en vigueur.

En allant plus loin, nous suggérons que les dissensions entre les juifs ne sont pas simplement dues à des différences internes, mais qu'elles sont le résultat final de notre écart par rapport aux normes de la Torah.
La participation au banquet d'A'hachvéroch, un milieu certainement inapproprié pour le peuple juif, peut avoir engendré des discordes internes. En fait, le terme "aavat 'hinam" peut se référer non seulement à la maladie de la haine gratuite, mais aussi à sa cause sous-jacente, le désir de vivre une vie "libre", libre de tout engagement envers la Torah et les mitsvot (cf. Rachi, Béaaloté'ha 11,5 - 'hinam min amitsvot)
[Sfat Emet - Pourim 5649,5652,5661]

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-> La cause de la discorde qui régnait au sein du peuple juif au moment de l'attaque verbale d'Haman ("il y a un certain peuple dispersé et disséminé parmi les peuples" - Esther 3,8) est peut-être en raison une faute majeure qui s'est produite, comme le raconte la Meguila.
En participant et en appréciant le banquet d'A'hachvéroch, qui impliquait une association avec des réchaïm et un mauvais type d'unité, les juif n'ont pas été en mesure de s'unir entre eux.

Le meilleur antidote au fait de collaborer/s'associer avec Amalek (et d'autres réchaïm) [comme au festin] est la haine que nous adressent nos anciens amis. Lorsque Haman et ses acolytes ont tenté de nous exterminer, nous nous sommes rendu compte que, malgré leur participation avec nous au banquet d'A'hachvéroch, ils n'étaient guère nos amis.
Une fois qu'Israël a rompu toute association avec le mal, il est devenu possible de s'unir à nouveau. La relation entre la faute et la discorde est implicite dans le terme "sin'at 'hinam" (שנאת חנם), la haine qui découle d'une vie vide, dépourvue de mitsvot.

Pour illustrer notre nouvel engagement en faveur de l'unité, nous lisons la Méguila, chaque fois que possible en groupe (en minyan), comme le dit la Méguila (9,28) "michpa'ha oumichpa'ha, plutôt que seuls.
[Sfat Emet - Pourim 5653]

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-> En toute équité pour le peuple juif, il est également possible d'interpréter le verset : "méfouzar ouméforad" d'une manière plus salutaire.
Bien qu'ils soient dispersés dans de nombreuses provinces, et fortement tentés de s'assimiler, ils refusent de céder à ces pressions et restent distincts de la population non-juive.
[Sfat Emet - Pourim 5652]

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-> Considérons les nombreuses récompenses qui découlent de l'unité juive.
Tout d'abord, le renouvellement de la relation à la Torah. Au mont Sinaï et à toutes les autres occasions où les juifs se sont rassemblés autour de la Torah, l'unité était une condition préalable essentielle. Comme Hachem le dit à Moshé : "rassemble le peuple auprès de Moi et Je lui ferai entendre Mes paroles" (Vaét'hanan 4,10).
Tout comme l'unité était essentielle pour le don de la Torah (cf. Rachi - Yitro 19,2), l'unité est également une condition préalable au renouvellement de la Torah au moment du miracle de Pourim.

Le célèbre dicton rabbinique : "véaavta léréa'ha kamokha zé klal gadol baTorah" peut être interprété de la manière suivante = le fait que tu aimeras ton prochain comme toi-même est une importante condition préalable pour acquérir une compréhension de la Torah.

Une autre récompense étroitement liée à l'unité juive est la croissance spirituelle.
Si nous nous rappelons que le terme "néfech" (נפש) fait toujours référence aux pulsions instinctives animales de l'homme, tandis que "roua'h"(רוח) représente un niveau plus élevé, nous pouvons déduire la récompense de l'unité des mots "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16).
Ainsi, [les juifs à Pourim] en se rassemblant et en s'unifiant (נִקְהֲלוּ), ils se sont élevés au-dessus du נפש et ont atteint [en récompense de leur unité] le niveau du רוח.
[Sfat Emet - Pourim 5649]

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-> Si l'unité juive est essentielle pour l'acquisition de la loi écrite (Torah chébi'htav), elle l'est encore plus pour la maîtrise de la loi orale (Torah chébéal pé).
Le pouvoir de nos Sages de proposer et d'interpréter la loi orale dépend directement de l'acquisition de traits de caractère exemplaires (midot tovot) par le peuple juif.
L'existence même du second Temple, durant lequel l'étude de la loi orale s'est épanouie, dépendait de l'unité juive.

La relation entre la Torah (en particulier la loi orale) et l'unité (a'hdout) peut être mieux appréciée si nous nous rappelons que différents érudits jouissent de différents domaines d'expertise. Ce n'est qu'en coopérant et en fusionnant les différents domaines de connaissance, et ceci est conditionné par l'unité, que la Loi orale peut être véritablement maîtrisée.
[Sfat Emet - Pourim 5638, 5661]

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-> Dans le même ordre d'idées, nous pouvons interpréter le verset: "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16), à savoir qu'à la suite du rassemblement, le peuple juif a acquis une nouvelle âme collective (néfech akollel).
Une fois en possession de cette identité commune, le peuple juif était prêt pour sa rédemption.
Le roi David note : "Hachem sauve l'âme de ses serviteurs" (podé Hachem néfech [נֶפֶשׁ] avadav - Téhilim 34,23). Si les serviteurs d'Hachem peuvent s'unir pour former une âme collective (נֶפֶשׁ), alors Hachem les sauvera.
[Sfat Emet - Pourim 5642]

-> -> "laamod al nafchan" - Esther 8,11
En se rassemblant et en s'unifiant, le peuple juif a pu découvrir (amod) son âme collective (nafchan), connue sous le nom de : néfech akollel.
Contrairement aux non-juifs qui sont décrits comme possédant de nombreuses âmes divergentes (cf. Vayichla'h 36,6 - nafchot béto - décrivant la famille d'Esav avec néfech [âme] au pluriel), l'âme juive est une âme collective.
En décrivant notre entrée en Égypte, la Torah déclare "béchiv'im néfech" (avec 70 âme(s) - Ekev 10,22), en utilisant le mot singulier néfech comme preuve de notre unité (alors qu'ils étaient 70 personnes physiquement, il n'y avait qu'une seule âme! ).

L'un des moyens les plus efficaces de trouver l'âme unifiée du peuple juif est de suivre le dirigeant de la Torah de cette génération qui, grâce à son approche unique, a su créer un environnement propice à l'épanouissement de l'individu et de la communauté.
Sous la direction et le leadership de Mordé'haï qui était connu comme "ich yéhoudi" (le midrach interprète "ich yéhoudi" comme "ich yé'hidi" - homme unique), il était l'unique juif qui personnifiait leur âme collective, le peuple juif a redécouvert son âme.

Dans cette optique, nous pouvons tirer une signification supplémentaire au verset : "Hachem sauve l'âme (la vie) de ses serviteurs, et tous ceux qui se réfugient en Lui ne seront pas condamnés" (Tehillim 34:23) = Hachem rachète l'âme de Son serviteur (par exemple, Mordé'haï, le leader de chaque génération), et ceux qui se confient en lui = qui suivent cette âme inspirée qui incarne l'unité, ne commettront pas de péché.
[Sfat Emet - Pourim 5642]

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-> La manière la plus efficace d'atteindre l'objectif insaisissable de l'unité juive est peut-être de commencer par se confronter à soi-même.
[Il faut prendre conscience] de l'étincelle divine intérieure (nékouda apénimit) latente dans chaque âme juive. En suscitant d'abord cette étincelle, puis en réalisant que tous les juifs partagent cette étincelle sacrée, on arrive facilement à la conclusion que nous sommes tous semblables et qu'il ne nous reste plus qu'à nous unir.
Avec cette perspective, nous pourrons peut-être mieux comprendre : "véaavta léréa'ha kamokha" (tu aimeras ton prochain comme toi-même) = parce qu'il est comme toi, partageant la même étincelle divine.
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Dans cet esprit, nous pouvons tirer une signification supplémentaire du verset : נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם
Ils [les juifs] se sont rassemblés pour combattre Amalek en retrouvant leurs âmes, et par ce processus sont devenus unifiés.
[Sfat Emet - Pourim 5631]

[les juifs sont infiniment plus forts lorsqu'ils sont unis, qu'une addition cumulée/isolée des forces de chaque juif. En plus de cela, papa Hachem apprécie tellement que Ses enfants soient unis qu'Il nous aide alors avec largesse indépendamment de nos mérites.]