Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

La période du Omer – Quelques enseignements

+ La période du Omer - Quelques enseignements :

-> A la différence des autres fêtes de la Torah qui ont une date précise du mois, le commencement de la fête de Shavouot est fixé sur le compte d'un nombre précis de jours depuis Pessa'h (voir "Emor 23,15-16 : "Vous compterez pour vous 7 semaines entières ...").
=> Pourquoi cela?

1°/ Le midrach dit qu'avant que les juifs n’aient quitté l'Egypte, ils étaient semblables à un homme croupissant en prison qui va crier au roi pour qu'il le libère.
Le roi l'informe que non seulement ils sera libéré immédiatement de prison, mais il lui donnera la main de sa fille en mariage à une certaine date.
A sa libération, l'homme va compter avec impatience chaque jour jusqu'au moment fixé pour le mariage.

Il en est de même pour le peuple juif qui attend avec envie le jour où ils vont recevoir la Torah et ils comptent avec impatience chaque jour qui passe.
Puisque les juifs ont démontré leur grand amour pour la Torah en comptant chaque jour, Hachem a institué la mitsva de compter les jours menant à Shavouot pour toutes les générations.
[Aboudraham ; Shibolé haLéket (Shavouot 336)]

[d'une certaine façon imaginons un mariage prévu dans 50 jours, et dont chaque jour le futur marié témoigne d'à quel point il est impatient d'être au mariage, d'à quel point il n'envisage pas de vivre sans elle, ... Et à l'inverse, si la futur mariée ressent que cela n'est pas si important pour lui, qu'il a mieux à faire ...
Imaginons le plaisir qu'a Hachem de nous marier à Sa Torah à Shavouot, et à quel point Il apprécie notre désir et impatience de nous lier à elle, au point qu'Il a institué la mitsva du Omer pour toutes les générations.
Nous avons tous un apport unique à la Torah, et en ce sens nous devons individuellement se travailler à vivre ces moments du Omer dans un état d'esprit où l'on va vraiment se marier avec la Torah, imaginons la joie et la proximité avec papa Hachem tout particulièrement à ce moment!
Et pendant ce temps les non-juifs vivent une vie comme si de rien n'était ... Quelle chance nous avons d'être fils/fille adoré(e) d'Hachem, le Roi des rois! ]

2°/ La fête de Shavouot a lieu lorsque les agriculteurs sont occupés à travailler dans les champs, loin de la ville. Puisqu'ils pourraient être mal informés du moment où est tombé le Roch 'Hodech Sivan (dépendant des 2 témoins observant la lune), ils seraient alors incapables de calculer la date de Shavouot (qui tombe déjà le 6 Sivan, et non vers le 15 [ou après] comme les autres fêtes).
La Torah a ainsi fait que Shavouot soit indépendant d'une date fixe dans le mois, mais plutôt qu'elle soit déterminée en comptant un nombre spécifique de jours. [ainsi les agriculteurs pouvaient être loin des villes et connaître la date de Shavouot en comptant le Omer]
[Shibolé haLéket (Shavouot 336)]

3°/ La période entre Pessa'h et Shavouot est un moment où l'Attribut [Divin] de stricte justice opère dans une mesure forte. C'est pourquoi les élèves de Rabbi Akiva sont morts spécialement durant cette période.
Afin d'empêcher l'Accusateur de nous poursuivre [pour nous faire du mal], nous comptons les jours du Omer pour démontrer notre désir d'accepter la Torah, et par ce mérite de bénéficier de la protection Divine.
[le Rama - rapporté dans le Yalkout Its'hak (mitsva 307)]

<--------------->

=> Pourquoi Shavouot a lieu 50 jours après le début de Pessa'h?

-> Rabbénou Bé'hayé (Béréchit 4,3) commente que Caïn et Hevel ont apporté un sacrifice Min'ha le 50e jour de leur vie. Afin de commémorer cet épisode de Caïn et Hevel, qui démontre les principes importants de providence Divine de récompense et de punition et que Hachem communique avec l'homme via la prophétie, la Torah nous ordonne qu'un sacrifice Min'ha soit offert à Shavouot, qui tombe 50 jours après Pessa'h.

Un autre lien entre le récit de Caïn et Hevel et Shavouot, est que Moché était la réincarnation de Hevel.
Hevel a été tué le 50e jour de sa vie, mais il a été par la suite récompensé pour sa droiture lorsque Moché est monté sur le mont Sinaï, le 50e jour après Pessa'h.
Caïn, qui représente le mauvais penchant (yétser ara), a été maudit le 50e jour de sa vie.
Le 50e jour, on offre un sacrifice Min'ha à Shavouot, qui comporte du 'hamets, ce qui est une métaphore pour le mauvais penchant, afin de faire allusion à l'arrêt de l'influence du mauvais penchant, qui va avoir lieu au "Grand Jubilé" (c'est-à-dire à la Délivrance finale).
[le yovèl (jubilé) est l'aboutissement de 7 cycles de 7 années, de même que Shavouot est l'aboutissement de 7 semaines de 7 jours]

<--------------->

=> Quelle est la signification de compter 7 semaines entre Pessa'h et Shavouot?

-> Le chiffre 7 fait référence au monde à Venir, qui va avoir lieu au 7e millénaire, lorsque le monde va atteindre un état de Shabbath (repos éternel - yom chékoulo Shabbath). [Shabbath étant actuellement le 7e jour de la semaine]
[Rabbénou Yérou'ham (5,4)]

-> Le chiffre 7 correspond aux 7 divisions de la Torah : la Torah ; Névi'im ; Kétouvim ; Michnayot ; Tossefta ; Talmud ; Aggada.
[Rabbénou Yérou'ham (5,4)]

-> Les juifs en Egypte étaient dans un état d'impureté spirituelle. Ils avaient ainsi besoin d'un processus de 7 semaines de purification, similaire à la nidda qui a besoin de compter 7 jours afin d'atteindre la pureté.
[le Tsor haMor - rapporté dans le Yalkout Its'hak (mitsva 307)]

<--------------->

-> "Vous compterez pour vous 7 semaines entières à partir du lendemain du Shabbath [1er jour de Pessa'h]" (Emor 23,15)
=> Pourquoi le compte du Omer ne commence que le 2e jour de Pessa'h? N'aurait-il pas été plus logique de commencer à compter le Omer à partir du 1er jour?

1°/ Le début du compte du Omer consiste à amener un sacrifice d'une quantité d'un omer d'orge.
Nous ne pouvons pas couper les tiges d'orge du champ le 1er jour de Pessa'h, puisqu'il est interdit de faire ce "travail" à Yom Tov.
C'est pourquoi dans le verset ci-dessus la Torah appelle le 1er jour de Pessa'h : "Shabbath", puisque c'est similaire à Shabbath où le travail dans le champ est interdit ces 2 jours.
Le compte du Omer commence donc le 2e jour de Pessa'h, où récolter est permis (en terre d'Israël, où il n'y a qu'un jour de Yom Tov).
[Malbim - Emor 23,15]

2°/ Les juifs en Egypte étaient dans un état d'impureté, comparable à l'impureté de la nidda.
Une nidda doit compter '7 jours de propreté' avant d'être capable de se purifier elle-même pour être permise à son mari. L'impureté spirituelle des juifs en Egypte (qui était bien supérieure à celle d'une nidda) nécessitait qu'ils devaient compter 7 semaines propres/pures avant leur mariage à Hachem au mont Sinaï.
De même qu'une nidda doit compter une période pleine de '7 jours de propreté' avant son immersion [dans le mikvé], de même nous devons compter une période pleine exempte d'impureté de 7 semaines.
Ainsi, nous ne pouvons pas commencer à compter le 1er jour de Pessa'h, puisque les juifs étaient dans un état d'impureté une partie de la journée, puisqu'ils étaient encore en Egypte la 1ere nuit de Pessa'h.
[Zohar vol.3 p.97a ; Ménorat haMaor chap.2 ; Ohr ha'Haïm haKadoch Emor 23,15]

3°/ Le premier jour de Pessa'h doit être totalement dédié à se rappeler de notre libération miraculeuse d'Egypte, qui démontre la grande Vérité d'Hachem comme Créateur du monde, et qu'Il dirige [constamment] le monde avec Sa providence Divine.
C'est pourquoi la Torah n'a pas souhaité présenter toute autre mitsva en ce jour, pour ne pas porter atteinte au message essentiel du jour.
[Séfer ha'Hinoukh - 306]

4°/ Yom Tov diffère de Shabbath dans la mesure où la sainteté céleste de Shabbath descend sur l'homme sans aucun effort de sa part.
En revanche, la sainteté de Yom Tov requiert que l'homme sanctifie d'abord la fête par le beit din qui va sanctifier le nouveau mois avant la fête.
[la date de Yom Tov est libre selon la décision des hommes, tandis que la date du Shabbath est fixe sur celle du 1er Shabbath de la Création par Hachem]
Le 1er jour de Pessa'h est dénommé "Shabbath" uniquement dans le verset (Emor 23,15), car il est similaire à Shabbath dans le sens où Hachem a sanctifié initialement les juifs en les sortant d'Egypte. [la date a été initialement imposée par l'intervention d'Hachem]
Puisque la mitsva de compter le Omer nécessite que les juifs s'élèvent par la force de leurs propres efforts, cette mitsva ne peut commencer qu'après le 1er jour de Pessa'h.
[rabbi Tsadok haCohen - Makhchavot 'Harouts 10 ; Pri Tsadik (Béhar 4)]

<--------------->

-> La guémara (Yébamot 62b) rapporte que Rabbi Akiva avait 24 000 élèves, qui sont tous morts pendant la période du Omer, car ils ne se traitaient pas les uns les autres avec un respect approprié.
=> Il est difficile de comprendre cela : comment ces élèves au niveau spirituel très très élevés n'ont-ils pas absorbé comme il faut le fameux dicton de leur maître Rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c'est un grand principe de la Torah" (midrach Béréchit rabba 24,7).

On peut citer les explications suivantes :
1°/ "Il y avait de la paix parmi les disciples de Rabbi Akiva, et il n'y avait pas de dispute (makhlokét).
Ils n'ont été punis que pour ne pas avoir positivement témoignés de l'honneur les uns envers les autres, ce qui est aussi chose importante".
[ainsi, la période du Omer doit nous renforcer dans la nécessité d'avoir des marques de respect, d'amour envers notre prochain (ex: un mot agréable, un sourire, ...).]
[rabbi Ménaché Klein - Michné Halakhot - vol.11,321]

2°/ Rabbi Akiva considérait initialement que Bar Kochba était le machia'h, et il a appelé ses élèves pour combattre aux côtés de Bar Kochba pour une indépendance de la domination romaine.
Pendant la chute de Beitar, les romains ont tué 24 000 élèves de Rabbi Akiva pendant la période de Pessa'h à Shavouot.
[selon rabbi Eliézer Dunner - Zikhron Yossef Tsvi 493]

Bien que les élèves de Rabbi Akiva se témoignaient d'un respect exemplaire dans le beit midrach, ils leur manquaient de l'unité nécessaire lorsqu'il s'agissait d'aller combattre et d'élaborer des stratégies militaires contre les romains.
[voir rabbi Yossef Stern - Zékher Yehossef - vol.4 chap.33]

Ainsi, selon cette approche les élèves de Rabbi Akiva ont été tués par les romains.
Comment concilier cela avec la guémara (Yébamot 62b) affirmant que les élèves de Rabbi Akvia sont morts de "Askara" (diphtérie)?
Rabbi Eliyahou 'Henkin explique les mots de la guémara sont un euphémisme pour dire : "les romains les ont tués". Nos Sages ne voulaient pas mentionner explicitement le massacre cruel des romains afin de ne pas soulever de la colère chez leurs souverains romains.

3°/ Même avant la mort des élèves de Rabbi Akiva, la période du compte du Omer était un moment difficile, puisque le monde est alors sous la conduite de l'Attribut [Divin] de la stricte justice. [selon rabbi 'Haïm Vital - Pri Ets 'Haïm (Séfirat haOmer - chap.7) ]
Pour cette raison, beaucoup de personnes avaient la coutume (même avant la mort des élèves de Rabbi Akiva), de ne pas se faire couper les cheveux pendant cette période, puisqu'il est approprié d'agir d'une manière contrite durant une période de Rigueur/Justice (din).
Ainsi, la raison principale pour laquelle nous ne nous coupons pas les cheveux et nous limitons le plaisir pendant les jours du Omer est parce que c'est des jours de jugement (yémé din). Après la mort des élèves de Rabbi Akiva, nos Sages ont institué que ces jours soient universellement adoptés comme une période de deuil, et ont attribué la raison à la mort tragique des élèves de Rabbi Akiva. [d'après rabbi Yéchya Tzala'h (Péoulat Tsadik 2,76)]

Puisque l'Attribut [Divin] de stricte justice est opérationnel durant le compte du Omer, les élèves de Rabbi Akiva ont été frappés pour ne pas avoir témoigner de l'honneur l'un l'autre, malgré le fait que cela soit mineur à ce moment. [en période de Rigueur, la justice Divine va être très stricte, et ce qui est un défaut minime va être traité sérieusement (comme si on zoomait davantage, remarquant ce qui ne l'est pas en temps normal)]
[selon rabbi 'Haïm Vital - Pri Ets 'Haïm (Séfirat haOmer - chap.7)]

4°/ Les élèves de Rabbi Akiva ont compris le dicton de leur maître (Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c'est un grand principe de la Torah), comme signifiant qu'on n'a qu'à accorder de l'honneur à son ami dans la mesure où l'on s'accorde personnellement de la valeur, de l'honneur.
Puisque ces élèves pieux dédaignaient l'honneur et le fuyaient dans leur vie personnel, ils ont fait la tragique erreur de penser que puisqu'ils n'avaient aucun besoin d'honneur pour eux-mêmes, alors ils n'avaient aucune obligation d'en proposer à leurs amis.
[rabbi Nathan Watchfogel]

<--->

-> b'h, à ce sujet voir également : https://todahm.com/2018/05/30/6489-2

<--->

+ Petit bonus sur la mort des élèves de Rabbi Akiva :

-> Les kabbalistes écrivent que les 24 000 élèves de Rabbi Akiva étaient les réincarnations des 24 000 juifs de la tribu de Chimon qui ont été tués à Chittim, lors de l'épisode avec les filles de Moav dans le désert.
Puisque les élèves de Rabbi Akiva n'ont pas suffisamment rectifié leur défaillance morale de leur vie antérieure, cela est venu s'ajouter avec leur manque de respect envers leurs pairs, pour les rendre passibles de la mort.
Les 24 000 élèves avaient Rabbi Akiva comme enseignant (maître), car Rabbi Akiva était la réincarnation de Zimri ben Salou, le prince (nassi) de la tribu de Chimon. [Emek haMelekh - chap.69]
Cependant, Rabbi Akiva a pu rectifier la faute de Zimri. [selon rabbi Moché Wolfson (Emunat Itekha)]

Selon d'autres sources kabbalistiques, Rabbi Akiva était la réincarnation de Chimon, le fils de Yaakov.
Rabbi Akiva a perdu ses 24 000 élèves pour expier la faute de Chimon d'avoir tué à tord les 24 000 habitants mâles de Chekhem qui s'étaient circoncis. [Emek haMelekh 40b]

Le voyage existentiel spirituel d’un juif

+ Le voyage existentiel spirituel d’un juif :

-> L’homme entre dans un nouvel état d’existence à chaque instant de ce monde. Chaque instant offre une autre opportunité de développement spirituel. La véritable teneur spirituelle de chaque moment de vie ne sera révélée qu’a posteriori, à titre posthume, après avoir quitté ce monde. La mort scelle la situation spirituelle à laquelle la personne est parvenue, et cet état final existera pour l’éternité dans l’autre monde.

Le terme "métsiout" (מציאות - existence, réalité), est dérivé de "yétsia" (יציאה - une sortie), faisant allusion à la transformation continue de la vie, du potentiel au réel.
Le voyage existentiel, qui implique de voyager d’un endroit ou d’un niveau à l’autre, consiste à vivre sa vie dans un état continu de révélation. Cela transparaît dans les 42 étapes au cours des 40 années de pérégrinations du peuple juif, du désert à la terre d'Israel.
Ce cheminement dans la révélation de soi de la nation est spécifiquement décrit en utilisant le terme "motsaé'ém" (מוצאיהם - leurs sorties - Massé 33,1-49), de la même racine que le mot "yétsia" (יציאה - Massé 33,2).
Tout comme nous avons entrepris des voyages dans le désert jusqu’à ce que nous atteignions la Terre sainte, de même, nous sommes destinés à entreprendre de nombreux voyages dans le "désert des nations", exil après des exil, jusqu’au retour final dans notre patrie.

Le voyage vers notre patrie est en fait une profonde métaphore du passage de la friche stérile que représente ce bas-monde, vers le monde futur. La fin de la vie marque en quelque sorte l’arrivée de la personne en terre céleste et dans la Jérusalem d’en Haut (Yérouchalaïm chel maala), vis-à-vis spirituel du Jérusalem terrestre (Yérouchalaïm chem mata). [selon le Rama de Pano (Assara Maamarot)]

Les 42 stations du désert trouvent leur parallèle dans les 42 voyages d’une personne, depuis sa naissance (l’exode est symbolique de la naissance de la nation juive) jusqu’à son arrivée à sa destination finale et à son héritage éternel, symbolisé par l’entrée en Terre Sainte. [selon le Déguel Ma'hané Efraïm (Massé)]
[Il y a la révélation d’Hachem dans l’univers à travers le Nom divin de 42 lettres. Chaque étape du voyage sert à répandre l’unité divine tout au long de la Création. Il y a ainsi la révélation de l’homme telle qu’elle se manifeste à travers ses 42 étapes de vie, depuis la sortie d'Egypte, en passant par la traversée du désert, jusqu’à l’entrée en terre d'Israël et le passage de ce monde à l’autre.
Ces révélations sont interconnectées car la véritable révélation de "qu’est l’homme" va de concert avec la révélation de "qu’est Hachem" si l’on peut dire. L’homme a été créé pour utiliser son libre arbitre pour révéler Hachem et en le révélant, il révèle la véritable essence de son être, à savoir la sainteté de son âme Divine.]

Le Nom mystique d’Hachem de 42 lettres est le "chem mém-beit" (שם מ"ב - avec מ"ב qui a une guématria de 42).
Ce Nom est lié à la Création, qui est une expression de l’unité Divine. La genèse de l’univers s’est déroulée pendant les 6 jours de la Création, culminant avec le saint Shabbat, le 7e jour.
[le מ"ב est un acronyme pour "maassé béréchit" (מעשה בראשית). En outre, Hachem a créé le monde avec la Torah. La Torah écrite commence par "béréchit" (בראשית), tandis que la Torah orale commence elle par le mot "méémataï" (מאימתי) [Béra'hot 2a). Les initiales de ces deux mots sont מ"ב.]
Le 6 est symbolique du monde physique achevé qui, à son tour, est orienté vers la sainteté du 7. Leur interaction est liée à la révélation complète de 42, comme le laisse entendre le produit de 6 fois 7 qui est 42.
Les 6 jours de la Création, tel le voyage hebdomadaire pour atteindre le Shabbat, le 7ème jour, correspondent aux 6 millénaires d’existence de ce monde, antichambre menant au monde à venir, dont le jour du Shabbat est un avant-goût.

Les 42 voyages dans le désert sont parallèles au Nom divin de 42 lettres et à l’ascension de niveau en niveau, de la préparation des 6 jours de la semaine jusqu’au chabbat. Chaque station correspond à une autre lettre du Nom de 42 lettres.
Le but est de nous élever au niveau de l’énergie spirituelle de cette lettre spécifique.

La révélation de la création en tant que voyage vers un idéal supérieur trouve son expression dans la formulation des 42 mots du Shema. La déclaration de l’unité d’Hachem se poursuit dans les 6 premiers mots du Shéma. L’unité du saint Nom divin doit s’étendre pour imprégner toute la création, liée au Nom de 42 lettres. Ainsi, le 1er paragraphe du Shéma compte 42 mots.
Cela traduit son engagement à cheminer dans ces 42 stations dans le monde physique, au service d’Hachem, dans une ascension continue.

[traduction d'un dvar Torah rav Yéhochoua Alt]

"Ils trébucheront, un homme par son frère" (Bé'houkotaï 26,37)

Selon la guémara (Shavouot 39a) cela signifie : "une personne [trébuchera] sur les fautes de son frère. Cela nous apprend que tous les juifs sont responsables les uns des autres" (kol Israël arévim zé bazé).

-> Le Maharcha (guémara Sanhédrin 27b) précise :
Il est écrit : "ils trébucheront", un langage au pluriel, et non pas la nation juive [comme une unité].
Plutôt, [cela fait référence] uniquement à ceux qui ont l'opportunité de protester. A propos d'eux, il est écrit qu'une personne va trébucher sur les fautes de son frère, si elle ne proteste pas.

-> Selon le Maharal (Nétivot Olam - Nétiv haTo'hakha) :
"Tous les juifs sont responsables les uns des autres" puisqu'ils sont une seule nation ...
C'est semblable à une personne qui est blessée à l'un de ses membres, tous les autres vont le ressentir, puisqu'ils font partie d'un même corps.
De même, lorsqu'une personne faute, toute la nation juive le ressent".

[ Le Maharal (Nétiv Hatokh’ha 2) écrit : Cette règle ("les juifs sont garants les uns des autres") est fondée sur le fait que, contrairement aux autres Nations, les juifs sont unis les uns aux autres par un lien "organique" ; de même que le dérèglement d’un organe vital a des répercussions sur l’ensemble du corps, tous les Bné Israël sont affectés par la transgression de l’un des leurs. ]

-> Le Ritva explique : "Car ils sont comme un seul corps et comme un garant payant la dette d’un autre".

-> Selon le Arou'h haChoul'han (Yoré Déa III,14) :
Le concept [de la responsabilité conjointe] est similaire à une personne qui est composée de nombreux membres du corps, chacun ayant sa propre vitalité. Cependant le sang de chaque membre dépend d'un seul organe, le coeur.
Il en est de même pour la nation juive à travers les âges. Même si chaque personne maintient sa propre vie, puisque nous provenons de la même source, nos âmes sont taillées de sous le Trône Divin et notre racine est dans la sainte Torah, ce qui fait qu'en définitive nous sommes comme une personne qui est divisée en plusieurs membres.

<--->

-> Le rav 'Haïm Vital (Ets 'Haïm - chaar asli'hot) rapporte :
"Mon maître [le Arizal] était habitué à dire tous les détails de la confession des fautes (vidouï) ...
Il expliquait que même si toutes les choses qui sont mentionnées [dans la confession (vidouï)] ne peuvent être trouvées chez une seule personne, on doit quand même dire la confession ... et c'est pourquoi la structure est à la forme plurielle (ex: nous avons fauté ['hatanou]), plutôt qu'au singulier : "j'ai fauté" ('hatati).
L'explication est que tous les juifs sont un seul corps et chaque juif est un membre.
Ceci est la clé de la responsabilité que l'on entretient envers son prochain [juif] qui pèche. Par conséquent, même si une personne n'a pas commis un péché précis, il doit quand même le confesser puisque lorsque son collège [juif] l'a violé, c'est comme s'il l'avait transgressé lui-même."

<--->

-> La guémara (Roch Hachana 29a) aborde le concept qu'on peut acquitter autrui d'une bénédiction, même si on est soi-même déjà quitte. [voir le texte pour avoir les précisions halakhiques]

-> Le Ran (Dafé haRif - guémara Roch Hachana 8a) explique :
La raison à cela est parce que tous les juifs sont responsables les uns les autres de [l'accomplissement] des mitsvot.
En ce sens, si son prochain [juif] ne s'est pas encore acquitté [de son obligation], il ne l'a également pas fait.

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (Nitsavim 29,28) :
Le principe est que chaque juif peut décharger un autre de son obligation d'observer les mitsvot, même s'il a lui-même déjà accompli cette mitsva, comme la [récitation] du kiddouch et écouter le Shofar, ... [c'est parce que] si son ami est manquant dans la réalisation d'une mitsva, c'est comme si lui aussi est manquant.
De même, l'obligation de chaque personne d'empêcher autrui de transgresser un commandement négatif est parce que s'il ne parvient pas à le retenir de fauter lorsqu'il en a les capacités, alors il sera lui aussi puni.

<--->

-> "Il est fondamentalement faux de dire : [Je n'ai pas besoin de veiller à ce que les autres fassent les mitsvot puisque] cela est suffisant que je sois un bon juif et que je marche dans les chemins de mes ancêtres".
['Hafets 'Haïm]

<--->

-> "Celui que les créatures apprécient, est apprécié de D. ; mais celui que les créatures n’apprécient pas, n’est pas apprécié de D." (Pirké Avot 3,10)

-> Le rav Avraham Azoulai ('Hessed léAvraham - Avot 3,10), le grand-père du 'Hida, écrit :
"Celui que les créatures apprécient" = peut être expliqué comme signifiant que les autres obtiennent le plaisir du monde à Venir car il aura facilité le fait qu'Hachem aura du plaisir d'eux.
"celui que les créatures n’apprécient pas, n’est pas apprécié de D." = cela fait référence à celui qui dit : "Ma famille et moi-même servent Hachem. pourquoi devrais-je me déranger à guider les autres et à leur apporter du mérite?"
Une telle personne, qui ne facilite jamais le mérite spirituel d'autrui, n'est pas appréciée par Hachem puisque Hachem ne trouve grâce que chez ceux qui promeuvent les mérites spirituels d'autrui".

<--------->

+ "Vous vous tenez debout aujourd’hui tous ensembles, devant Hachem votre D. : vos chefs de Tribus, vos anciens, vos agents, chaque citoyen d’Israël" (Nitsavim 29,9)

-> Le Midrach (Yalkout Chimoni Dévarim 940) commente :
"‘Vous vous tenez debout’. Quand? Lorsque vous formez ‘aujourd’hui tous ensembles’ un seul groupe (agouda a'hat ). Ainsi, trouvons-nous qu’Israël n’est délivré que lorsqu’il ne forme qu’un seul groupe ...
Même si J’ai placé pour vous des chefs [de Tribu], des juges et des agents, tous sont identiques devant Moi, comme il est dit : ‘chaque citoyen d’Israël’...
Autre explication: Vous tous êtes garants l’un envers l’autre."

"On peut dire qu’à chaque génération, l’homme doit se considérer comme s’il sortait lui-même de Jérusalem [suite à la destruction du Temple]"
[‘Hatam Sofer - drouch du 7 Av 5789]

-> "Toute génération qui n'est pas témoin de la reconstruction du Temple est considérée comme ayant causée sa destruction" (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1).
[ainsi, ne pas assister à la construction du Temple, c’est comme assister à sa destruction! ]

"Regarde! Je place devant vous aujourd’hui, la Bénédiction et la Malédiction" (Réé 11,26)

-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que le mot "aujourd’hui" (hayom - היום) de notre verset peut apparaître superflu, car le texte pouvait aussi bien dire : "Regardes! Je place devant vous la Bénédiction et la Malédiction".

Il répond qu’il y a, dans le calendrier juif, essentiellement 5 jours de fêtes ordonnés par la Torah : Roch Hachana, le premier jour de Souccot, le jour de Chemini Atséret, le premier jour de Pessa’h (le dernier jour n’étant pas une nouvelle fête) et le jour de Shavouot.
Si Israël avait respecté scrupuleusement ces 5 jours de fêtes, il aurait été épargné de 5 autres jours de malheur : le jeûne de Guédalya (3 Tichri); le jeûne du 10 Tévet, le jeûne du 17 Tamouz, le jeûne du 9 Av et le 10 Av (jour où la majeure partie du Temple brûla).
C’est l’allusion que fait le verset : "Regarde! Je place devant vous aujourd’hui (היום)", la Bénédiction et la Malédiction" : Je place devant vous "cinq" [ה] jours [יום], qui peuvent être aussi bien la Bénédiction (les 5 jours de fête) que son contraire (les 5 jours de malheur).

<----->

-> Moché indiqua aux Bné Israël : "Seulement Aujourd'hui (היום), 40 ans après le Don de la Torah [juste avant leur entrée en terre d'Israël], vous pouvez saisir parfaitement [c’est le sens de mot "Regarde" (réé)] que le chemin de la Torah mène à la Bénédiction, tandis que le chemin de la transgression conduit à la Malédiction". En effet, nos Sages enseignent : "Un homme ne peut véritablement cerner la pensée de son maître qu’au bout de 40 ans" [guémara Avoda Zara 5b].

-> Le mot "Aujourd’hui" (היום) fait allusion à Roch Hachana, [à noter que la paracha de Rééh est lue habituellement le Shabbath qui précède Roch ‘Hodech Eloul, le mois consacré à la préparation au Jour du Jugement], comme l’explique le Zohar à propos du verset "Vous êtes tous debout aujourd’hui" (atè nitsavim ayom - Nitsavim 29,9).
Ainsi, Moché a-t-il mis en garde les Bné Israël : "Réfléchissez et faites téchouva à l'approche de Roch Hachana afin de sortir méritant au Jour du Jugement et bénéficier de la Bénédiction, car si vous êtes fautifs, le Jugement vous sera défavorable et la Malédiction s’abattra sur vous".
[Likouté Torah de Rabbi Yissa'har]

-> Le mot "Aujourd’hui" (היום) signifie que les mitsvot d'Hachem doivent être à nos yeux comme "un décret royal nouveau vers lequel tous accourent pour l’accueillir" [voir Rachi sur Vaét'hanan 6,6].
C’est ainsi, que l’on se réjouit en D. et que l’on mérite la Bénédiction. En revanche, le respect des mitsvot de façon routinier n’engendre pas la joie et cause la Malédiction, comme il est dit : "[Toutes ces Malédictions – de Ki Tavo – s’abattront] parce que tu n’auras pas servi Hachem, ton D., avec joie et contentement de coeur".
[‘Hatam Sofer]

-> "Aujourd’hui" (היום) désigne ce Monde-ci [voir Rachi sur Vaét'hanan 7,11], ainsi : "Dans ce Monde-ci (היום), nous trouvons la Bénédiction et la Malédiction, mais dans le Monde futur, nous trouverons que la Bénédiction".
[Tossefot]

"Vous êtes les enfants d'Hachem, votre D. : ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l’honneur d’un mort" (Réé 14,1)

-> Le Baal Chem Tov enseigne (voir Hayom Yom du 24 Av) : "‘L’Amour d’Israël’ (aavat Israël - אהבת ישראל) c’est le sens de ‘l’amour de D.’ (aavat Hachem - אהבת ה׳), car il est dit : ‘Vous êtes les enfants d'Hachem’ : Celui qui aime le Père, aime aussi Ses enfants".

-> De même l’Admour Hazaken (Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi) rapporta un enseignement du Maguid de Mézéritch, qui le tenait du Baal Chem Tov [voir HaYom Yom du 12 Av] :
"‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ (Vayikra 19, 18) est un commentaire et une explication de ‘Tu
aimeras Hachem ton D.’ (Dévarim 6, 5). En effet, lorsque l’on aime un juif, on aime Hachem. Car chaque juif porte en lui [véritablement] une parcelle de Divinité (voir Séfer HaTanya I, 2 sur Iyob 31,2).
Ainsi, lorsque l’on aime un juif, lorsque l’on aime la partie profonde de son être, on aime Hachem".

-> Le lien étroit entre "l’amour de D." et "l’amour du prochain" est confirmé par la guématria.
La valeur numérique du Commandement d’aimer D. : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.

Par ailleurs, la valeur numérique du mot וְאָהַבְתָּ (VéAhavta - Tu aimeras) [414] est égale à 2 fois la valeur numérique du mot אוֹר (Or – lumière) [207] faisant ainsi allusion aux 2 composantes de l’amour ("l’amour de D." et "l’amour du prochain") [à noter que la "Lumière אוֹר (Or)" a été créée le premier jour de la Création, jour relatif à l’Attribut de ‘Hessed (Bonté) qui s’apparente à l’Amour.]
Le mot אורֹ (Or – lumière) désigne également la Torah, comme il est dit : "Car la Mitsva est une lampe et la Torah une lumière" (Michlé 6,23). Aussi, "l’amour de D." et "l’amour du prochain" [désignés par le mot וְאָהַבְתָּ (VéAhavta – Tu aimeras)] correspondent-ils aux 2 Tables de l’Alliance (les deux "Lumières") : Les 5 Commandements de la première Table, relatifs au rapport "entre l’homme et D.", se réfère à "l’amour de D.", tandis que les 5 Commandements de la seconde Table, relatifs au rapport "entre l’homme et son prochain" se réfère à "l’amour du prochain" (voir Kli Yakar sur Kédochim 19,18).
Or à propos des "Tables" (לוחות - Lou’hot), il est écrit: "D. donna à Moché ... les 2 Tables (לֻחֹת) du Témoignage..." (Ki Tissa 31,18) et Rachi de remarquer : "Le mot Lou’hot est écrit sans Vav (לֻחֹת) [comme s’il était au singulier].
Cela signifie qu’elles étaient toutes les deux identiques (dans la mesure)."
Peut-on y voir aussi une allusion à peine voilée que les 2 dimensions d’amour : "l’amour de D." et "l’amour du prochain" finissent par se confondre.

-> On raconte (voir Hayom Yom du 28 Nissan) que des ‘Hassidim demandèrent à l’Admour Hazaken : "Quelle est la forme du Service divin la plus élevée, l’amour de D. ou l’amour d’Israël?"
Il répondit : "L’amour de D. et l’amour d’Israël sont tous deux incrustés dans les trois parties de l’âme (Néfech, Roua’h et Néchama) possédée par chaque juif. Le verset dit clairement: ‘Je vous ai aimé, dit Hachem’ (Mala'hi 1,2). Il en découle que l’amour d’Israël est plus élevé, car on aime ceux qu’aime Celui que l’on aime."

"Car Hachem ton D. se déplace au sein de ton camp pour te délivrer et livrer tes ennemis dans ta main, ton camp doit être saint afin qu'Il n'y voit pas de chose indécente et qu'Il se détourne de toi" (Ki Tétsé 23,15)

-> Les Livres Saints ne ménagent pas leurs mots pour appeler à la vigilance en ce qui concerne la sainteté du peuple d'Israël et de chaque juif en particulier, car c'est d'elle que dépend la Présence Divine parmi nous.

-> Le Sfat Emet fait remarquer que la forme grammaticale employée par le verset pour exprimer qu'Hachem "se déplace" au sein du camp d'Israël est le passif. C’est comme s'il était écrit, si l'on peut dire, qu'Hachem se fait déplacer et qu'Il se fait conduire par les Bné Israël selon leur niveau de sainteté. Il leur donne ainsi la possibilité de fixer à quel niveau, où et quand Hachem se déplace avec Son peuple selon la sainteté de sa conduite.

Elloul = préparation à Roch Hachana

+++ Le mois d'Elloul comme préparation à Roch Hachana :

"Lorsque tu sortiras en guerre contre tes ennemis" (Ki Tétsé 21,10)

-> Le Imré Elimélé'h tire de ce verset l'importance particulière attribuée au fait que chacun doit commencer son propre travail spirituel dès le mois d'Elloul.
Il écrit : "Ce verset, fait allusion à la bataille qui sera livrée le jour de Roch Hachana, le Jour du Jugement, où tous les anges viendront faire part de leurs griefs sur les hommes.
Il est certain que la phrase "Lorsque tu sortiras en guerre" n’est pas appropriée à ce jour car l'homme est alors au beau milieu de la bataille. Il est donc clair qu'il doit sortir en guerre avant le Jour du Jugement, qui est lui-même le jour de la guerre, et mettre déjà en place un front à l'aide du repentir, de la prière et de la bienfaisance.
Grâce à cela, il pourra obtenir la victoire et sortir méritant au Jour du Jugement. C'est pourquoi, il est écrit "Lorsque tu sortiras en guerre", ce qui évoque le moment où l'on sort avant la guerre, c'est-à-dire au mois d'Elloul qui sont des jours propices ...
La Torah promet alors (dans la suite des versets) : "Hachem, ton D. te la livrera dans ta main", pour dire que tu sortiras victorieux le Jour du Jugement, et que tu seras en mesure de faire incliner le verdict du côté de la miséricorde à ton avantage."

<--->

"Lorsqu'un homme aura un fils rebelle" (Ki Tétsé 21,18)

-> Nos Sages (guémara Sanhédrin 71b) nous enseignent à son sujet : "Le fils rebelle est jugé aujourd'hui en fonction de sa situation future (car il deviendra inéluctablement un meurtrier). Mieux vaut donc qu'il meure lorsqu'il est encore méritant plutôt que lorsqu'il sera coupable."

-> Le Saba de Kelm donne une explication à partir de cela : on voit ici comment la Torah considère quelqu'un qui a commencé à mal se conduire et qui s'est un peu écarté de sa voie. Bien qu'il ne soit pas encore passible de la peine de mort pour cela, néanmoins, lorsqu'il est jugé au Beit Din, même la miséricorde exige qu'il soit exécuté dès à présent alors qu'il est encore méritant, plutôt que d’attendre qu'il se rende coupable de la peine capitale (à cause des graves fautes qu'il fera inéluctablement si l'on attend).

Le Saba de Kelm dit : "On peut en déduire, qu'à l'inverse, celui qui commence tout juste à améliorer ses actes, bien qu'il n'en soit encore qu'au début, même les anges accusateurs seront d'accord de l'inscrire dès à présent dans le Livre de la Vie, afin qu'après de nombreuses années, il puisse mourir méritant. Ayant commencé à se repentir, il est en effet certain qu'il deviendra finalement un juste parfait.
Dans le Ciel, on le considère donc dès à présent comme s'il était parvenu à son niveau ultime (par exemple, quelqu'un qui aurait pris sur lui d'étudier chaque jour une page de guémara serait dès à présent compté parmi ceux qui auraient achevé tout le Talmud).
Cela constitue un formidable encouragement pour prendre un nouveau départ, corriger les travers de notre existence et mériter ainsi d'être inscrit dans le Livre des justes parfaits."

"Que Hachem, D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux encore et vous bénisse comme Il l'a promis à votre sujet" (Dévarim 1,11)

-> Comme Moché avait dit aux Bné Israël : "Hachem votre D. vous a fait vous multiplier et vous voici aujourd'hui aussi nombreux que les étoiles du Ciel", il craignait de donner l'impression d'avoir attiré sur eux le mauvais œil.
Il ajouta donc immédiatement la bénédiction : "Que Hachem, D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux encore".

Moché priait : "Que la volonté de D. soit de vous multiplier et de rendre 1000 fois plus nombreux que les 600 000 hommes que vous êtes aujourd'hui".
[...]

Hachem avait béni les Bné Israël qu'ils deviennent comme le sable du rivage et la poussière de la terre. Or la bénédiction de Moché est comprise dans celle-ci. Par conséquent, en quoi Moché les avait-il bénis?
La bénédiction de D. allait se réaliser à condition que les Bné Israël soient vertueux. Celle de Moché, par contre, allait se réaliser même si les Bné Israël ne le méritaient pas.
[...]

Moché décrit les Bné Israël comme aussi nombreux "que les étoiles du ciel" visibles à l'homme, et non "que les étoiles" invisibles. La bénédiction Divine qui se réaliserait dans le futur était que les Bné Israël deviennent aussi nombreux que les étoiles que l'œil humain ne peut pas percevoir.
[il y a un nombre infini de constellations d'étoiles invisibles de nos yeux d'humain]
[Méam Loez]

<-------->

+ "Que Hachem, le D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux" (Dévarim 1,11)

-> Si Hachem a déjà donné une bénédiction infinie à Avraham, pourquoi est-il nécessaire à Moché de donner au peuple juif une bénédiction?

La bénédiction d'Hachem était dépendante du fait que les juifs accomplissent la Torah et les mitsvot.

La bénédiction de Moché était inconditionnelle.

Par ailleurs, la bénédiction de Moché ne consiste pas en une multiplication par 1 000.

En hébreu, le verset est : "yossef alé'hem ka'hem éléf péamim" = cela implique que l'on doit doubler mille fois leur nombre (600 000 * 2 = 1,2 million ; 1,2 *2 = 2,4 millions ; ...).

Il en découle que la bénédiction de Moché est également quasiment infinie.
[rabbi Akiva Eiger]

<-------->

-> Moché bénit les Béné Israël dans les termes suivants : "Veuille Hachem, D. de vos pères, vous rendre 1 000 fois plus nombreux encore" (Yossef alé'hem ka'hem élef péamim) et vous bénir comme Il vous l’a promis!" (Dévarim 1,11).

=> Quelle est la signification de cette bénédiction?

On peut rapporter les réponses suivantes :
1°/ Rachi demande : "Que veut dire la répétition : ‘Et vous bénir comme Il vous l’a promis’? Ils (les Bné Israël) lui avaient dit : ‘Moché! Tu imposes une limitation à nos Bénédictions! Car Hachem a déjà promis à Avraham : ‘Que si un homme peut compter [le caractère indénombrable d’Israël]’ (Lé'h Lé'ha 13, 16).
Ce à quoi il a répondu : ‘Ceci est ma Bénédiction [‘mille fois plus nombreux encore’], mais Lui, ‘vous bénira comme Il vous l’a promis’."

2°/ Puisque D. les bénit de façon illimitée, à quoi sert la Bénédiction limitée de Moché ("Mille fois")?
Nos Sages dirent : "Hachem n’a pas trouvé d’ustensile conservant la Bénédiction pour Israël comme la paix" [fin de Ouktsine]. Lorsque les Bné Israël maintiennent la paix entre eux, la Bénédiction peut reposer sur eux. C’est pourquoi Moché leur dit : "Ceci est ma Bénédiction à moi" - cette Bénédiction limitée, je vous la donne aujourd’hui alors que vous ne vivez pas dans la paix et l’unité ("le fardeau, la responsabilité et les disputes") et ne méritez pas la Bénédiction parfaite.
Mais lorsque la paix règnera parmi vous, D. "vous bénira" de sorte que la Bénédiction parfaite pourra reposer sur vous et que se réalisera la promesse divine : "Si un homme peut compter la poussière de la terre, ta descendance pourra aussi être comptée".
[Binyane Ariel]

3°/ Le midrach enseigne : "Rabbi Eliézer a dit : La Bénédiction de Moché couvre l’Univers car il n’est pas dit : ‘Elef Paam’ mais ‘Elef Péamim’ (mille fois, fois étant au pluriel)". [midrache rabba].

"Elef Péamim" (mille fois) est un nombre limité. Pourquoi le midrach dit-il que la Bénédiction de Moché "couvre l’Univers"?
En fait, "Elef Péamim" ne veut pas dire soixante myriades (600.000) multipliées par mille mais que chaque chiffre est à multiplier jusqu’à mille : soixante myriades multipliées par un, soixante myriades multipliées par deux, ce résultat est à multiplier par trois – soit six fois le nombre des enfants d’Israël ; six multiplié par quatre – vingt-quatre, vingt-quatre multiplié par cinq – cent vingt, cent vingt multiplié par six et ainsi de suite jusqu’à mille. Cela donne, effectivement, un chiffre incalculable. [Bina Léittim]

Le camp d’Israël, dans le désert, s’étendait sur une surface de trois Parsaot. Si nous multiplions trois par deux fois mille (car «Elef Péamim» veut dire «Paamayim Elef», deux fois mille), le résultat est de six mille Parsaot. Six mille Parsaot est la surface du Monde entier, comme le dit la guémara (Pessa'him 94a) : "Le Monde mesure six mille Parsa [une Parsa mesure environ 4 km]".
La Bénédiction de Moché couvre donc bien l’Univers. [Yad Moché]

4°/ A quelle époque cette Bénédiction s’est-elle réalisée?
Les propos de Moché concernent le Monde futur, l’époque à propos de laquelle le prophète dit : "Le petit deviendra mille et le jeune, un peuple nombreux" (Yéchayahou 60,22). Le peuple juif qui est aujourd‘hui "petit et jeune" sera multiplié par mille, selon la Bénédiction de Moché. [Binyane Ariel]

"Di Zahav" (דִי זָהָב - Dévarim 1,1)

-> En mentionnant : "di zahav" (assez d'or), Moché voulait faire comprendre aux Bné Israël : "Vous avez irrité D. en fabriquant le veau d'or parce qu'Il vous a donné plus qu'assez d'or et d'argent".
"Je lui ai donné de l'argent en abondance et de l'or elle a fait une idole" (Ochéa 2,10) = à cause de la grande quantité d'or et d'argent que Je vous avais donnée, vous avez fabriqué le veau d'or.

Hachem considère la faute du veau d'or comme la plus grave de toutes nos autres péchés. Nous avons dit que le veau était capable de créer le monde en 6 jours, d'étirer les 4 points cardinaux du monde [comme D. l'a fait lors de la Création] et de vous donner les 10 Commandements.

Moché y fait allusion en employant les mots : "véDi Zahav" (et assez d'or - וְדִי זָהָב).
Le mot : "védi" (et assez) s'écrit : וְדִי :
- le vav a une valeur de 6 car les Bné Israël prétendirent que le veau aurait pu créer la terre en 6 jours.
- le dalet a une valeur de 4, correspondant à l'allégation que le veau aurait pu étendre les 4 directions du monde.
- le youd, valeur de 10, rappelle la prétention que le veau aurait pu leur donner les 10 Commandements.

La Torah dit donc : "Di Zahav" (assez d'or) = "La faute du veau d'or qui avait mis D. très en colère aurait suffi pour qu'Il nous anéantisse".
[...]

Moché a dit à Hachem : "... Quelle est leur faute? Tu leur as donné tant d'or et d'argent qu'ils en avaient plus qu'assez. C'est pour cela qu'ils ont fabriqué le veau d'or.
L'abondance de richesses entraîne les hommes à oublier la crainte de D.
Un lion rugit lorsqu'il a devant lui un morceau de viande mais pas un tas de foin. Lorsqu'il a à manger, il rugit et fait trembler le monde entier. Mais s'il ne dispose que de foin, son coeur est humble et il garde le silence ...

On dit qu'un homme au ventre plein est prêt à commettre toutes sortes de méfaits et à oublier D.
La Torah emploie donc l'expression "Di Zahav" (assez d'or). Moché disait : "Le fait même que Tu leur aies donné tant d'or les a conduits à fabriquer le veau".
[...]

Après avoir réprimandé les Bné Israël (début Dévarim), Moché avait l'intention de leur expliquer toute la Torah. Cela nous apprend que pour D. ne prenne pas en compte la faute du veau d'or, le remède est l'étude de la Torah. Tant que nous nous investissons dans l'étude, nous n'avons pas à craindre le châtiment pour la faute du veau d'or, comme il est écrit : "Un remède pour la langue est l'arbre de vie" (Michlé 15,4).
Le remède contre les mauvaises paroles : "Voici tes dieux, Israël" (lors de la faute du veau d'or) est l'étude de la Torah appelée "un arbre de vie".
[Méam Loez]

<--->

-> Les Sages de la maison d'étude de rabbi Yanaï apprennent du verset (Dévarim 1,1) : "Di Zahav" que Moché s'est "dressé" contre Hachem. Selon eux, Moché a dit à Hachem : "Maître du monde, c'est à cause de l'argent et de l'or (zahav) que Tu as donné à profusion aux enfants d'Israël, jusqu'à ce qu'ils disent : "daï" (די - c'est assez!) qu'ils ont fait le veau (d'or)."
[Hachem a accepté ces arguments de Moché affirmant que le Ciel était essentiellement responsable du veau d'or par cause de l'excès de richesses accordées]
[guémara Béra'hot 32a]

-> Hachem a gratifié les juifs de tant d'argent et d'or à la sortie d'Egypte qu'ils ont dit : "ça suffit! c'est assez!" (daï). En effet, ils ont emmené dans le désert la richesse "empruntée" aux égyptiens avant leur départ d'Egypte, ainsi que l'énorme butin récupéré sur le bord de la mer après l'engloutissement de tous les égyptiens. [Maharcha]

-> Un homme est en général insatisfait de sa part et désire toujours plus d'argent, car il lui semble toujours avoir des manques.
En effet, nos Sages enseignent : "Un homme ne quittera ce monde qu'avec la moitié de ses désirs dans sa main" (midrach Kohélét rabba 1,13).
Celui qui possède 100 en désirera 200 ; s'il obtient 200, il en désirera 400 ...

=> Comment alors les juifs ont-ils pu dire : "c'est suffisant!" (daï) à la quantité d'argent et d'or qu'ils possédaient (alors que par nature un homme n'est jamais satisfait par ce qu'il a)?

Nous pouvons répondre que la convoitise d'argent et l'insatisfaction permanente de notre situation économique ont pour origine la souillure (zouama) que le serpent (symbole du yétser ara) a communiqué à 'Hava et à ses descendants.
Or, il est dit dans la guémara (Shabbath 146a) que lorsqu'Israël s'est tenu au mont Sinaï, avant le don de la Torah, cette souillure a cessé (puisqu'Israël a retrouvé le niveau d'Adam et 'Hava avant leur faute) et n'est revenue qu'après la faute du veau d'or.

C'est pour cela qu'avant le don de la Torah, ils ont pu dire : "ça suffit (daï) [aux richesses]".
[rav Wasserman - Kovets Biour Aggadot 8,6]

=> On voit de là, à quel point dans sa nature, un homme n'est pas satisfait de ce qu'il a, désirant toujours plus.
Un juif doit travailler son caractère, au point d'en arriver à toujours se satisfaire de ce qu'il a. [tendre vers cet état d'avant la faute de Adam et 'Hava!]

<--->

-> b'h, issu du : https://todahm.com/2019/01/12/jalousie-savoir-se-satisfaire-de-ce-que-lon-a