Aux délices de la Torah

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La force de la prière

+ La force de la prière :

"J’apaiserai les plaintes que les enfants d'Israël émettent sur vous" (Kora'h 17,20)

=> Une question se pose à la lecture de la révolte de Kora'h. Lui et une grande partie du peuple se sont mis à contester l'authenticité de Moché, le suspectant d'avoir nommé Aharon comme Cohen Gadol de son propre chef et que ce n'était pas la décision d'Hachem. Mais comment une telle chose a pu être possible alors que la Torah ait dit clairement lors du don de la Torah qu'Hachem parla à Moché devant tout le peuple afin qu' "ils croient en toi à tout jamais "? Comment tant de personnes ont-ils pu donc douter de Moché?

-> Le Rav 'Haïm Kanievski explique qu'en fait, il est évident que tout le peuple avait foi en Moché et personne n'a osé penser qu'il n'ait fait quoi que ce soit de lui-même, sans la Décision Divine, conformément à ce qui a été promis au moment du don de la Torah.
Malgré tout, ils avaient aussi conscience de la force et de la puissance de la prière, qui a le pouvoir d'influer sur la Volonté d'Hachem.
Par la prière, un juif peut annuler un mauvais décret et il peut même obtenir qu'Hachem prenne une décision en conformité avec ce qu'il a demandé dans sa prière.

=> Ainsi, ce que le peuple a suspecté, c'est que Moché a imploré et a prié Hachem pour qu'Il nomme Aharon comme Cohen et que Hachem ait accepté sa demande et que de ce fait, il ait enjoint que Aharon soit le Cohen.
Aussi, Kora'h a reproché à Moché de ne pas avoir prié et imploré Hachem pour qu'Il le nomme lui en tant que Cohen. Mais en réalité, il n'en était rien. Ce n'était pas la prière de Moché qui a déterminé qu'Aharon soit le Cohen Gadol, mais c'était le fait que celui-ci était le plus apte à ce poste, du fait de ses qualités et mérites personnels.

==> Malgré tout, nous voyons de là combien le peuple était conscient de la force de la prière. Elle a la force de tout déterminer et d'obtenir la réalisation de toutes nos demandes.

La valeur de celui qui étudie la Torah

+ La valeur de celui qui étudie la Torah :

-> Rachi (Chéla'h Lé'ha 13,3) explique : "Tous ceux qui sont (appelés) ''hommes'' dans la Torah sont des gens de valeur, car à ce moment, ils (les explorateurs) étaient méritants".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Certains lisent ces paroles de Rachi sous une forme allusive : "Tous ceux qui sont des hommes dans la Torah, sont des gens de valeur", signifiant ainsi que chaque juif qui s'adonne à l'étude de la Torah a une immense valeur, "car à ce moment, ils sont méritants" = au moment où un juif étudie la Torah, il est méritant et important aux yeux de D.

-> Une discussion oppose les décisionnaires pour savoir si les non-juifs ont le droit d'étudier la Torah. Nombreux sont ceux qui pensent qu'ils sont autorisés à étudier la Torah Ecrite (cf. le Chilté Haguiborim sur le Rif au début du traité Avoda Zara) et seule l'étude de la Torah Orale leur est défendue.
Certains en expliquent la version en disant que la Torah écrite a été relue sur le Mont Eval et sur le Mont Guérizim et traduite alors en 70 langues à l'intention des nations du monde. En revanche, la Torah Orale ne fut transmise qu'aux Bné Israël et leur est exclusivement réservée.
D'après cela, certains expliquent pourquoi chaque traité du Talmud est appelé ''Massékhet'' qui s'apparente au terme hébraïque "Massakh" (un écran). Car c'est lui qui sépare Israël des nations.
=> Cela vient ainsi nous enseigner que le moyen le plus sûr à notre disposition pour nous séparer de toutes les impuretés des nations est d'étudier la guémara, car grâce à elle nous créons un écran entre ce qui est saint et l'impureté.

-> La guémara (Avoda Zara 24b) rapporte que lorsque l'on chargea l'Arche Sainte sur une charrette tirée par 2 génisses (au temps du Prophète Chmouël), un miracle se produisit et elles se mirent à chanter un cantique.
=> Cela pour évoquer que même celui qui se trouve au niveau le plus bas, et qui à l'instar de ces génisses ne possède ni Torah ni bonnes actions, peut toutefois en acceptant le joug de l'étude (évoqué par l'Arche Sainte portée par ces 2 bêtes), parvenir à s'élever jusqu'au niveau de pouvoir chanter des louanges inédites en l'honneur d'Hachem.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne également :
La Torah fait également mériter aux Bné Israël que, du Ciel, on se comporte envers eux avec miséricorde et bienveillance.
C'est ainsi que le Or ha'Haïm haKadoch, à la fin de la paracha Chéla'h Lé'ha, explique que la Torah nous ordonne de suspendre dans les Tsitsit un fil de Tékhélet (d'azur) teint avec le sang d'un mollusque qui provient de la mer, ''afin de susciter la miséricorde Divine qui émane de la Torah comparée à la Mer''.

"Chaque évènement qu’un homme vit n’arrive pas par hasard, mais c’est Hachem qui lui parle à travers celui-ci et désire lui suggérer quelque chose le concernant"
[Baal Chem Tov]

« Barou’h » – sens et implication (1ere partie)

+ "Barou'h" - sens et implication de prononcer ce mot au début des bénédictions : (1ere partie)

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) écrit :
"Je vous alerte [de cette difficulté], ne supposez pas que mon esprit pourra atteindre même autant qu'une goutte dans la mer de la vérité de ce sujet [le sens véritable du mot "barou'h"], comme cela m'a été rapporté et comme je l'ai entendu de la bouche des sages, que [l'explication] de ces sujets englobe des principes puissants et des secrets incroyables ... "

b'h, on peut quand même citer quelques opinions sur le sens de ce mot :

1°/ "barou'h" (béni) = c'est un titre descriptif, déclarant qu'Hachem est la Source de toutes les bénédictions. [de même qu'on Le décrit comme "haRakhaman" (le miséricordieux), on l'appele "barou'h. ]

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) explique que le mot "barou'h" est une reconnaissance que Hachem est LA source des bénédictions et qu'Il contient toutes les bénédictions.
Lorsque nous récitons une bénédiction, c'est un rappel verbal que Hachem est le "Béni". Et lorsque nous réalisons qu'Il est la source de toutes les bénédictions, que Lui uniquement peut décider à qui accorder tout ce bien, nous sommes prêts à faire descendre sur nous certaines de Ses bénédictions.

-> Le Séfer haIkarim (maamar 2, chap.26) et le Aboudraham (hachkamat haBoker) considèrent également que "barou'h" est une forme de reconnaissance que Hachem est la Source de toutes les bénédictions, et que tout ne provient que de Lui.
Cette idée se trouve également dans le Tikouné Zohar (tikoun 70,p.120b), qui enseigne que les 4 lettres du mot "barou'h" (ברוך) peuvent se réarranger en רוכב qui est l'acronyme de : "roch oumakor kol béra'hot" (le Maître et la Source de toutes les bénédictions).

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2°/ "barou'h" = c'est une forme de louange et de remerciement à Hachem pour tous les actes de bonté dont Il nous comble, même lorsque nous ne le méritons pas.

En ce sens, la grande majorité des Richonim (ex: Radak (séfer haShorachim) ; Abarbanel (Dévarim chap.33)) disent que le mot "barou'h" est une déclaration que Hachem est loué et acclamé.
C'est également l'explication simple du mot "barou'h" lorsqu'il apparaît dans les versets de la Torah et dans les prières.

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3°/ "barou'h" = c'est une forme de requête et de prière, dans le sens où nous prions que Hachem puisse être béni et loué par toute Sa création.

-> Le 'Hayé Adam (Hilkhot Bérahot 6,1) est d'avis que "barou'h" n'a pas un sens de louange, mais plutôt de requête :
"J'ai entendu au nom du Gaon de Vilna que "barou'h" signifie que nous demandons que Hachem soit révélé comme la Source des bénédictions.
Il explique qu'Hachem désire que cette révélation vienne de nos bénédictions et prières.
Lorsque nous disons les bénédictions, nous nous préparons à recevoir la sainte lumière Divine et les bénédictions qui vienent d'Hachem.
En résumé, le mot "barou'h" est un plaidoyer pour que Hachem puisse augmenter Son influence sur tous les mondes."

-> Le Arou'h haChoul'han (Ora'h 'Haïm 5,1) écrit :
"Lorsque nous disant "barou'h ata Hachem" dans toutes nos bénédictions, cela ne signifie pas que Hachem a besoin de nos bénédictions, que D. nous en préserve.
Mais plutôt, c'est comme une lumière qui se reflète en nous, ce qui veut dire que Hachem va nous accorder Sa bénédiction, comme le roi David le dit : "par ta bénédiction sera bénie à jamais la maison de ton serviteur" (Chmouël II 7,29).
Avant qu'Hachem nous accorde Ses bénédictions, nous devons, si l'on peut dire, l'élever et Lui accorder la force de le faire, comme le verset l'affirme : "Donnez de la force à Hachem" (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35).
Tout ce qui se passe dans le monde dépend de nos actions. C'est pourquoi, nous devons ajouter de la force à l'encourage d'Hachem, afin que les bénédictions descendent à nous.
Ceci est en allusion dans les mots : "Il chevauche le ciel pour t'aider" (Vézot haBéra'ha 33,26). Les lettres de "ro'hév" (chevauche - רוכב) peut être réarranger en : "barou'h" (ברוך)."

[ainsi nous prions pour que Hachem soit "béni" (barou'h), et grâce à cela on lui donne de la force pour qu'Il puisse nous octroyer et transmettre la bénédiction]

[voir également le point 7°/ ci-dessous]

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4°/ "barou'h" = cela signifie puiser la bénédiction d'en-Haut, de la source de toutes les bénédictions.

-> Le Baal Chem Tov explique que le mot "béra'ha" signifie : "Je vais déverser sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure" (vaarikoti la'hém béra'ha ad bli daï - Mala'hi 3,10) = comme une personne qui verse d'un récipient à un autre.
Ce verset fait allusion au fait de puiser, de tirer, des révélations d'Hachem depuis les mondes cachés à notre monde révélé.

-> Nous trouvons également une allusion à ce concept dans le verset : "Béni soit Hachem, le D. d’Israël, d’éternité en éternité" (barou'h Hachem Eloké israël min aolam véad aolam - Téhilim 106,48).
Le mot "olam" (עוֹלָם) peut se traduire par : "pour toujours" (éternité), mais son sens littéral est : "le monde".
Le Zohar (raya méhemna - Ekev 271a) explique que "barou'h" signifie puiser la vie depuis la Source de la vie, d'une façon similaire à la phrase de la michna (Kilayim chap.7) : "amavrikh ét aguéfen", qui veut dire plier la tête d'une branche d'une vigne vers le sol afin qu'elle tire sa nourriture de la terre et pousse une autre vigne.
D'une façon similaire, par le fait de faire une bénédiction, nous puisons depuis la Source de toutes les bénédictions, comme l'écrit le Malbim (Toldot 27,3) : "Celui qui récite la bénédiction, avec une intention profonde, s'élève dans son attachement à la Source Supérieure de toutes les bénédictions, et alors Hachem verse les eaux de la bénédiction de Son seau au receveur."

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5°/ "barou'h" = signifie : ajout et augmentation, indiquant que nous demandons à Hachem d'augmenter Sa révélation à nous et multiplier l'abondance qu'Il nous accorde.

-> Rabbénou Bé'hayé (Ekev 8,10) écrit que le mot "béra'ha" indique un ajout et une augmentation, comme dans le verset : " il bénira ta nourriture et ta boisson" (ouvéra'h ét la'hmékha véét mémé'ha - Michpatim 23,25).
Lorsque, si l'on peut dire, nous bénissons Hachem, cela implique un ajout d'esprit saint (roua'h hakodech) et d'influences positives.

[bien sûr à un niveau simple, le mot "barou'h" dénote la louange et la gratitude d'Hachem, mais à un niveau plus ésotérique, la bénédiction n'est pas seulement la réflexion de nos besoins et profits humains, mais cela satisfait également un besoin Divin, si l'on peut dire. ]

-> La guémara (Sotah 38b) rapporte que Hachem désire la bénédiction des Cohanim (en se basant sur Nasso 6,27).
Rachi explique que ce n'est pas tant que les juifs ont besoin de recevoir les bénédictions, que c'est le besoin d'Hachem, si l'on peut dire, de donner les bénédictions.
Cependant, le fait que les Cohanim bénissent Ses gens est dépendant du fait que les Cohanim vont d'abord placer Son Nom sur eux.

-> Comment un être humain peut-il donner une bénédiction à Celui qui est la Source de toutes les bénédictions?
Le Maharal de Prague (Béer haGola - part.4) explique que Hachem fournit généralement une abondance au monde par le biais de l'Attribut de la stricte justice, afin de ne pas submerger le bénéficiaire avec du bien sans limite qu'il n'est pas équipé pour faire face.
Puisque la bénédiction est destiné au bénéficiaire, il doit être limité aux capacités du bénéficiaire et à ce dont il a besoin et qu'il mérite. Cela est appelé : "la bénédiciton du mékabel", qui est dégradée au niveau du bénéficiaire. Cela n'est considéré comme une bénédiction selon les normes limitées d'Hachem.

Lorsque la bénédiction vient des attributs illimités d'Hachem et est distribuée selon Sa capacité en tant que le Donneur ultime et ses standards illimités, au-delà de ce qui est légitimement justifié, cela est considéré comme la "béra'ha d'Hachem".

=> Ainsi selon le Maharal, lorsque nous disons "barou'h ata Hachem", nous ne signifions pas que Hachem est en train de recevoir une bénédiction de Ses créations en-bas, car après tout Il est la Source de toutes les bénédictions et Il n'a aucunement besoin de nos bénédictions.
Plutôt, notre bénédiction est une requête et une prière que Hachem doive se conduire avec nous selon "Son" standard de bénédiction, qui est illimité et au-delà de toute mesure.

Bien sûr que nous devons de notre côté avoir les capacités pour recevoir Son abondance sans limite. Nous pouvons étendre nos capacités limitées en nous conduisant au-delà de ce qui est requis.
Lorsque nous allons au-delà de nos limites, Hachem se conduira Lui-même à notre égard mesure pour mesure, en nous comblant de bénédictions bien au-delà de celles limitées généralement données pour maintenir nos besoins basiques d'existence.
Il est écrit : "Hachem est ton ombre" (Téhilim 121,5). Le rav Meïr Ibn Gabaï (Avodat haKodech) explique : de la manière dont tu te comportes avec Hachem, ainsi Il le sera avec toi.

Le Maharal ('Hidouché Aggadot - guémara Sota 38b) rapporte la guémara (Pessa'him 112a) : "Plus que le veau veut téter, la vache souhaite être tétée".
L'idée est que Hachem veut nous combler de Son infinie bénédiction encore bien plus que nous ne voulons la recevoir.
C'est nos bénédictions récitées avec une bonne kavana, qui susciteront les bénédictions d'Hachem.

[le terme "barou'h" (béni) nous rappelle qu'en réalité Hachem désire nous donner des bénédictions sans limites, et d'une certaine façon on lui demande de l'aide pour que nous puissions être un récipient pouvant les recevoir, et ainsi Il sera béni, heureux de pouvoir nous donner avec largesse.
(nous ne voulons pas que D. soit maudit de vouloir tellement donner à Ses enfants adorés, mais de ne pas pouvoir le faire!)]

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-> Le Ramban (Kitvé Ramban vol.2) écrit également que "béra'ha" signifie accorder une abondance supplémentaire au monde d'en-bas.

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 2, chap.2-4) explique en longueur que le mot "barou'h" ne dénote pas le fait de louer.
Lorsque Hachem dit à rabbi Yichmaël Cohen Gadol : "Yichmaël, Mon fils, béni-moi" (Yichmaël béni, baré'héni [בָּרְכֵנִי] - guémara Béra'hot 7a), la bénédiction qui va suivre ne mentionne aucune louange, c'était une prière et une requête pour la miséricorde, et pourtant cela a été appelé une bénédiction.
En vérité, l'emploi de "barou'h" doit être interprété comme d'un ajout et une augmentation.
Le rav 'Haïm de Volozhin ajoute que c'est la volonté d'Hachem, pour des raisons qui nous dépassent, que nous devons rectifier et unifier les mondes supérieurs par le biais de nos bénédictions et prières, afin qu'ils soient prêts à accepter la lumière surnaturelle. Au même moment, [par ricochet], cet ajout de bénédictions et de sainteté va également avoir un impact sur les juifs, qui ont amené toute cette gloire.

[cela explique pourquoi les bénédictions sont dénommées "béra'hot" et non "hoda'ot" (remerciements).]

-> Le Séfer Torah Ohr fait remarquer que la valeur numérique de "habéra'ha" (232) est équivalente à "yéhi or" (que la lumière soit).
[chaque bénédiction avec kavana permet d'amplifier la lumière en-Haut, et par richochet cela apporte une plus grande abondace ci-bas. ]

-> Rachi (guémara Sotah 10a) enseigne également qu'à chaque fois que le mot "béra'ha" est employé dans la Torah, c'est pour indiquer une expansion, une croissance qui apporte de la satisfaction.

-> Le Maharal (Tiféret Israël - chap.34) dit que le "alef" indique l'unité, tandis que le "beit" est le commencement de la multiplicité et de la bénédiction.
Pour cette raison, le mot "barou'h" (ברך) : le "beit" est la 2e des chiffres, le "kaf" est le 2e des dizaines, et le "réch" est le 2e des centaines.
[le midrach (Béréchit rabba 1,10) rapporte que Hachem a créé le monde par la lettre "beit" (béréchit bara) qui est la première lettre de "barou'h (béni), et non pas par le "alef" qui est la première lettre de "arour" (maudit)]

« Barou’h » – sens et implication (2e partie)

+ "Barou'h" - sens et implication de prononcer ce mot au début des bénédictions : (2e partie)

6°/ "barou'h" = c'est une forme d'ordre. C'est comme si nous instruisions Hachem d'envoyer ci-bas des bénédictions, en accord avec l'affirmation de nos Sages : "un tsadik décrète et Hachem réalise".

-> Le Tséma'h Tsédek (Ohr haTorah - Vayéhi) écrit que le mot "béra'ha" est un impératif, c'est un ordre et pas une requête.
Dans la bénédiction des Cohanim (Nasso 6,24), les descendants d'Aharon haCohen sont capables, si l'on peut dire, d'ordonner à Hachem de bénir Son peuple, en disant : "yévaré'hékha Hachem" (puisse Hachem Te bénir).

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7°/ "barou'h" = ce terme a une double signification : à la fois prière et à la fois louange.

-> Le Radak (Séfer haShorashim) écrit que le mot "béra'ha" a de multiples significations, dépendant du contexte.
Lorsque la "béra'ha" est d'en-Haut vers le bas, la bénédiction du Créateur à Ses créations, alors cela signifie un ajout d'abondance et de bienveillance à eux.
Lorsque la "béra'ha" est d'en bas vers en-Haut, lorsque les créations bénissent leur Créateur, alors cela indique notre louange d'Hachem.

-> De même, Abarbanel (Dévarim 33) écrit que "barou'h" est un mot aux multiples facettes, par moment il indique une augmentation de bien et à d'autres moments il signifie une louange et une glorification, tout cela dépendant du contexte.

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.3) enseigne :
La vraie intention lorsque nous disons "barou'h" est : de louer Hachem par nos prières, et demander à Hachem d'augmenter Ses cadeaux à notre égard.

[d'une certaine façon, plus je remercie Hachem reconnaissant que tout ne vient que de Lui, alors plus je Lui demande des bénédictions pour l'avenir en y investissant tout mon cœur et toutes mes attentes.]

-> Le Malbim (Téhilim 134,1) dit qu'un des principes de foi est de reconnaître que la Source supérieure de toutes les bénédictions est bénie et augmentée par nos actions en-bas.
L'idée derrière nos bénédictions à Hachem est qu'avec nos bonnes actions et nos prières, le Créateur doit, si l'on peut dire, remplir le "réservoir supérieur", la source de toute l'abondance.
Comme vu précédemment, la bénédiction répond à un "besoin" Divin, puisque Hachem veut que nous tirions la bénédiction de la source de Ses bénédictions, grâce à nos efforts.

-> Nos Sages (Pessikta déRav Kahana 25,1) disent que lorsque les juifs font la volonté d'Hachem, ils intensifient la puissance Divine, comme il est dit : "en Hachem nous créerons de la force" (b'Elokim naassé 'haïl - Téhilim 60,14).
Et lorsque les juifs échouent à faire la volonté d'Hachem, ils affaiblissent la puissance Divine, comme il est écrit : "Tu affaiblis le Rocher qui t'a donné naissance" (tsour yéladé'ha téchi - Haazinou 32,18)
C'est le sens du verset : "et maintenant que la force de Hachem s’agrandisse comme tu l'as déclaré" (véata yigdal na A-donay kaacher dibarta - Chéla'h Lé'ha 14,17).

-> Avec cela, on peut comprendre ce que le rav Azaria Figo (Bina léIttim - drouch 30) écrit au sujet du verset : "Toutes tes œuvres te louent, Hachem ; et tes fidèles adorateurs te bénissent" (Téhilim 145,10)
Il explique qu'il y a 2 aspects à une bénédiction (béra'ha) :
1- louer, remercier, et glorifier Hachem : c'est une obligation de toutes les créations, même les non-juifs, comme il est écrit :"Que toute âme loue Hachem, hallélouka" (Téhilim 150,6) ; ainsi que : "que toute créature bénisse son saint nom à jamais" (Téhilim 145,21) où "toute créature" signifie même les non-juifs ; et "Louez Hachem, toutes nations" (hallélou ét Hachem kol goyim - Téhilim 117,1).

[à propos de "hallélou ét Hachem kol goyim" = le 'Hozé de Lublin a dit une fois : "Nous-mêmes ne sommes pas conscients des nombreux miracles que D. fait pour nous chaque jour. Ce sont les non-juifs qui trament leurs plans contre nous qui le savent! Eux seuls réalisent combien de fois leurs mauvais desseins ont échoué! Ce sont eux qui peuvent louer D. pour sa bonté envers nous!" ]

2- ce que la bénédiction peut accomplir dans les sphères supérieures et ses capacités à faire descendre l'abondance de la Source des bénédictions : c'est quelque chose que seul le peuple juif peut faire, comme le verset le dit : "et tes fidèles te béniront" (Téhilim 145,10), et "nous bénirons Hachem, maintenant et à tout jamais" (Téhilim 115,18).
C'est un cadeau unique du peuple juif, qui a reçu la Torah et garde les mitsvot.
Uniquement les juifs peuvent attribuer de la grandeur au Créateur du monde et augmenter l'abondance dans le monde.

[cela reprend des points précédents (ex: 2°/ & 3°/).
En faisant un constat lucide de notre vie, on ne peut que remercier, louer Hachem, car on ne peut rien sans Lui.
D'un autre côté, si l'on peut dire, Hachem dépend de nous, et par notre prière on a la capacité de Lui donner davantage de force pour qu'Il nous octroie davantage de bénédictions.
Cela ressemble à la vision que nous devons avoir : d'un côté nous devons avoir conscience de notre grandeur, de nos qualités (on a une partie Divine en nous, et on est tellement énorme que chacun de nos actes impactent Hachem, les mondes supérieurs). Forts de cette réalité, nous devons agir en responsabilité.
Mais d'un autre côté, nous devons admettre que tout nous provient du Maître du monde Hachem, et que sans Lui nous ne pourrions pas vivre une seconde supplémentaire.
Ainsi, nous avons tellement de bénédictions chaque jour, qui commencent par "barou'h", pour que l'on travaille sans cesse ce message : nous sommes "barou'h
= parfois on a besoin de plus accentuer le fait que nous sommes des "bénis" (barou'h) dans ce monde au regard des capacités folles que nous avons (que les non-juifs n'ont pas, et cela doit nous nous rendre fiers, joyeux [et non déprimés : je ne suis rien, je ne vaux rien ...])
= parfois on doit se rappeler que nous "bénissons" (barou'h), car à l'image de notre besoin constant d'oxygène, nous avons constamment besoin de prier Hachem pour avoir quelque chose, tellement nous sommes dépendants de Lui pour tout.]

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8°/ "barou'h" = c'est une forme de salutation.

-> Rachi (Vayichla'h 33,11) commente : "Ma bénédiction" = toutes les fois que le mot bera'ha (bénédiction) est employé en liaison avec une audience, il a le sens de "salutation", comme dans : "Yaakov bénit Pharaon" (Vayigach 47,7),"faites avec moi une bénédiction" (Méla'him II 18,31), à propos de San'hériv, "pour le saluer et le bénir" (Chmouel II 8,10), à propos de To’i, roi de ‘Hamath.

-> Le midrach (Bamidbar rabba 11,7) dit que les bénédictions n'accomplissent rien à moins qu'elles n'incluent du "shalom".
De plus, la michna (Ouktsin 3,12) enseigne que Hachem n'a pas trouvé de meilleur récipient que la paix pour contenir les bénédictions d'Israël, comme il est écrit : "Hachem donnera la force à son peuple, Hachem bénira Son peuple par la paix" (Téhilim 29,11).
=> Si c'est ainsi, on doit avoir l'intention que notre bénédiction serve comme une salutation de paix pour l'entourage Céleste.

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9°/ "barou'h" = ce terme est dérivé de la racine "bérékha" (un réservoir).

-> Le Méoré Ohr (Eré'h Béra'ha - siman 35) écrit que le mot "béra'ha" fait référence à "béré'ha haéliyona" (le réservoir supérieur).

-> Le rav Yaakov Emden (Siddour Amoudé Chamayim) écrit que lorsqu'une personne dit le mot "barou'h", elle débloque le "réservoir supérieur", où toutes les richesses où toutes les richesses qui coulent vers tous les mondes sont stockées.

-> Hachem a créé un monde dans un état incomplet, et Il a ordonné à l'homme de le compléter et de le rectifier, comme le verset affirme : "que Hachem créa pour faire" (acher bara Elokim laasot - Béréchit 2,3), ce qui signifie : pour réparer.
C'est la tâche de l'homme de compléter la Création et de révéler la Divinité et la sainteté dans le monde.
Cela est accompli par chaque bénédiction qui atteste que Hachem est le Créateur qui a créé le monde et qui continue à donner l'existence et la vie au monde à chaque instant.

Nos bénédictions ouvrent les canaux de bénédictions, et avec le mot "barou'h" nous débloquons le réservoir supérieur d'abondance afin que la bénédiction puisse se déverser dans tous les mondes.
En effet, le pouvoir d'une bénédiction commence par une stimulation d'en-bas.
En se consacrant à glorifier et à unifier le Nom d'Hachem par le biais de nos bénédictions, nous sommes capables de faire descendre les bénédictions d'Hachem, comme l'implique le verset : "Elevez vos mains dans le saint service et bénissez Hachem, [alors] Hachem te bénira" (chéou yédé'hem kodech ouvaré'hou ét Hachem, yévaré'hékha Hachem - Téhilim 134,2).

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+ Bénédiction avec autrui :

-> Il faut garder à l'esprit que lorsque l'on fait une bénédiction, en réalité on fait une prière à Hachem de bénir cette personne.

-> Le mot "béra'ha" (bénédiction) signifie littéralement : "tirer vers le bas".
Tout ce dont on a besoin (richesse, santé, paix d'esprit, bonheur, ...) existe déjà dans le réservoir de bénédictions au Ciel. Lorsque nous rencontrons des problèmes dans ce monde, cela signifie principalement que la connexion entre notre source spirituelle [en-Haut] et le monde matériel a été bloquée.
La bénédiction qu'on fait à autrui a la capacité de réparer cette connexion et d'attirer en bas les bénédictions. Comment cela?
En faisant une bénédiction qui vient du coeur pour autrui, cela a la capacité de rouvrir le canal bouché, faisant que le flux du réservoir d'en-Haut peut reprendre.
La bénédiction existe déjà à l'état potentiel dans les mondes spirituels, mais lorsqu'elle est verbalisée sous forme d'une bénédiction, cela prend une existence concrète.
Une autre personne qui a besoin d'une délivrance (yéchoua) ne peut pas toujours tirer vers le bas l'abondance (chéfa) toute seule. Elle a besoin qu'autrui (ex: un ami), qui avec un sourire et une bénédiction, va pouvoir faire le pont entre la bénédiction potentielle en-Haut et la réalité dans ce monde matériel ci-bas.
[d'après le rav Handler]

-> Le Rachba (Téchouvot 5,51) explique que le mot : "béra'ha" (bénédiction) vient de la même racine que : "béré'ha" (un réservoir).
[de même qu'un réservoir contient une vaste quantité d'eau, de même les bénédictions de Hachem sont un réservoir infini de miséricorde et de bonté, dont nos prières sont les tuyaux par lesquels nous pouvons amener sur nous ces bénédictions divines.
En priant pour autrui, on branche un conduit entre le réservoir de bénédictions et cette personne.]

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10°/ "barou'h" = ce mot est dérivé de la racine "béré'h" (un genoux - בֶּרֶך), impliquant le fait de s'agenouiller en totale soumission.

-> Lorsque l'on réfléchit à toutes les significations de "barou'h", on ne peut s'empêcher de s'émerveiller : "qui suis-je pour oser parler directement à Hachem à la 2e personne (barou'h ata), et Lui demander de m'envoyer des bénédictions?"
Le plus nous pensons à cela, le plus nous ressentons une gêne colossale face à notre petitesse en contraste avec la grandeur et la gloire d'Hachem.
Nous en venons à être si humbles que nous nous inclinons, tombons sur nos genoux en signe de soumission totale.

-> Rav Né'hounia ben Hakana (Séfer haBahir - siman 4) écrit que le mot "barou'h" vient de la racine "béré'h" (un genoux), reflétant la soumission totale, comme l'indique le verset : "en mon honneur tout genou se pliera" (ki li ti'hra kol béré'h - Yéchayahou 45,23).
Ce lien entre "barou'h" et "béré'h" est également en allusion dans le verset : "il a fait s'agenouiller les chameaux" (vayavré'h aguémalim - 'Hayé Sarah 24,11)

-> La soumission et l'effacement de soi [au profit d'Hachem] sont les clés pour recevoir les bénédictions et des délivrances, comme nos Sages (guémara Béra'hot 40a) le disent : "un récipient vide peut recevoir [ce qui lui est versé], tandis qu'un récipient plein ne peut contenir [rien de plus]."
Celui qui est égocentrique et qui croit que "ma force et la puissance de ma main m’ont assuré ce succès" (Ekev 8,17), alors il se distance d'Hachem, la Source de toutes les bénédictions.
"barou'h" = plier les genoux, ce qui diminue la stature d'une personne et représente une annulation de l'égo, est un rappel d'humilité que nous sommes totalement dépendant d'Hachem pour tout.

[si notre égo (moi je, moi je) remplit tout notre être, alors il n'y a plus de place pour que Hachem vienne résider en nous, il n'y a pas vraiment de place pour contenir les bénédictions.
De plus, une personne égocentrique met plus ses espoirs en elle-même, qu'en Hachem, et du coup Hachem la laisse compter sur la naturalité, n'envoie pas plus que ça son aide surnaturelle, ses bénédictions. (débrouille toi tout seul!)]

"Celui qui préserve son regard d'un spectacle indécent mérite d'accueillir la face de la Présence Divine"
[midrach Vayikra rabba 23,13]

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-> Rabbénou Yona (Iguéret hatechouva 19,20) rapporte ce midrach, et explique qu'il provient de la succession des versets : "Il ferme les yeux pour ne pas se complaire au mal" (Yéchayahou 33,15), et ensuite il est écrit : "Tes yeux contempleront le Roi dans sa beauté" (Yéchayahou 33,17).
Ainsi, protéger ses yeux de visions interdites permet de contempler la splendeur Divine.

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-> "Ne vous égarez pas à la suite de votre coeur et de vos yeux ... afin de vous souvenir et d'accomplir tous Mes commandements, vous serez saints pour votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,39-40)

Le Targoum Yonathan traduit en araméen : "Vous serez saints = "ce sont ceux qui sont à l'image des anges qui servent devant Hachem votre D."
[ainsi, c'est précisément grâce à ces épreuves de ne regarder que ce qui est permis, que l'homme peut se sanctifier et devenir l'égal des anges.]

La force de la prière

+ La force de la prière :

"Pour la tribu de Ephraïm, Hochéa Bin Noune ... pour la tribu de Yossef formant celle de Ménaché, Gadi Ben Soussi" (Chéla'h Lé'ha 13,8-11)

-> Le Arizal (Chaar haPsoukim) fait remarquer qu'au sujet de Ménaché, est mentionnée également la tribu de Yossef (comme pour toutes les autres tribus qui sont toutes affiliées aux fils de Yaakov), alors que ce n'est pas le cas d'Efraïm.
Il explique que Hachem désirait protéger les explorateurs de la faute et les préserver de la mort ; à cette fin, il associa à chacun d'entre eux le chef de la tribu (grâce à ce qui est nommé dans la kabbale "ibour néchama" (עיבור נשמה) : "la transplantation d'une âme").
Par exemple, au prince de la tribu de Réouven, Chamoua Ben Zakhour, il associa l'âme de Réouven, fils de Yaakov ; à Chafat Ben 'Hori, prince de la tribu de Chimon, l'âme de Chimon, fils de Yaakov, et de même pour chaque tribu.
Or, lorsqu'Il arriva à la tribu de Yossef, qui, étant scindée en deux, envoya deux explorateurs, Il associa l'âme de Yossef à celle de Ménaché, fils de Yaakov, à celle de l'explorateur de cette tribu.
Mais, il n’associa aucune âme à l'explorateur de la tribu d'Efraïm.
Constatant la dangereuse situation dans laquelle se trouvait son disciple Yéochoua, Moché pria afin qu'il n'échoue pas dans sa mission. Et par le mérite de cette prière, il lui fut associé l'âme de Lévi (puisque la tribu de Lévi n'envoya aucun explorateur).

Finalement, ajoute le Arizal, tous les princes de tribu fautèrent, à l'exception de Kalev et de Yéochoua qui furent, seuls, sauvés par le mérite de la prière :
- au sujet de Kalev, la guémara (Sota 34b) rapporte au nom de Rava : "Kalev fuit les mauvaises intentions des explorateurs et alla se répandre en prières sur le tombeau des Patriarches ; il leur dit : "Mes pères intercédez pour moi afin que je sois préservé des funestes desseins des explorateurs!"" (cf également dans le
Zohar 158b).
- Yéochoua, grâce au fait que Moché pria pour lui fut préservé de leurs mauvais conseils (ce qui lui fit mériter d'être associé à l'âme de Lévi).

-> Le rav Elimélé'h Biderman conclut :
Ce qui précède nous montre la valeur de la prière. Le péril qui guettait les explorateurs était, en effet, tellement grand que même leur associer l'âme sainte du chef de la tribu ne suffit pas à les protéger de leurs funestes desseins.
Et néanmoins, Yéochoua et Kalev furent sauvés grâce à la prière.
=> Cela nous enseigne que la prière est encore plus efficace que le mérites des Pères.

Nos étapes et tribulations font l’objet d’un calcul précis d’Hachem

+ Les étapes de l’existence et les tribulations d’un homme font l’objet d’un calcul précis d'Hachem :

"Voici l’itinéraire des Bné Israël ... Moché inscrivit leurs départs et leurs stations sur l’ordre d’Hachem ; voici donc leurs stations et leurs départs" (Massé 33,1-2)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La Torah est éternelle. Aucun récit d’événements ne s’y trouve gratuitement, mais tout ce qui y est consigné l’est pour toutes les générations, afin de nous enseigner les voies de la vie.
Il en est de même de cette paracha (Massé) qui vient nous apprendre le thème des tribulations de l’existence. Quels que soient les événements qu’il traverse dans sa vie, quels que soient ses pérégrinations et les changements qu’il subit, un juif peut parfois être assailli de doutes et de mauvaises pensées : "Voici ce qui m’est arrivé pour avoir voyagé à tel endroit, pour avoir rencontré un tel, pour avoir ainsi parlé! Malheur à moi! Si je ne m’étais pas déplacé jusqu’à là-bas (et de même pour les autres cas), j’aurais évité tous ces déboires!"
Il se couvre alors de reproches : "A quoi ai-je donc pensé pour faire la bêtise de me rendre à cet endroit?"

Il pourra trouver la réponse à cette question dans notre paracha de Massé (l’itinéraire).

Cher frère juif, tu te trompes, c’est l’inverse qui est vrai : parce que le Créateur désirait qu’il t’arrive telle ou telle chose, Il t’a conduit dans cette voie pour que tu te trouves à l’endroit où cette chose devait t’arriver. Ce n’est pas toi qui y es allé, mais c’est le Ciel qui t’y a conduit!

Ce qui précède nous permet d’expliquer la répétition inversée dont notre verset fait état : "Moché inscrivit leurs départs et leurs stations ... voici donc leurs stations et leurs départs".

Les Bné Israël traversèrent 42 étapes au cours desquelles ils subirent toutes sortes de tribulations plus étranges les unes que les autres.
Par exemple : à Mara, ils découvrirent des eaux amères, tandis qu’à Elime, ils trouvèrent 70 palmiers dattiers et de l’eau douce.
Au cours d’une autre étape, ils ne trouvèrent pas d’eau du tout.

Celui qui ne croit pas que la Providence Divine dirige chacun de nous pensera que c’est justement parce qu’ils allèrent dans ces endroits qu’ils se retrouvèrent dans de telles situations : parce qu’ils vinrent à Mara, ils y trouvèrent de l’eau amère, et s’ils avaient évité de s’y rendre, ils en auraient été préservés.
De même, il pensera que c’est parce qu’ils arrivèrent à Elime qu’ils méritèrent des eaux douces. Mais en réalité, il n’en est rien. Au contraire, c’est parce qu’ils devaient être confrontés à une telle situation dans un certain lieu qu’Hachem les y conduisit.

C'est le sens du verset : "Moché inscrivit".
Ici, Moché enseigna aux Bné Israël que "leurs départs", à savoir leurs tribulations (en hébreu le terme : מוציאהם peut avoir 2 sens, comme dans Yéhochoua (2,23) כל המוצאות אותם : , toutes leurs tribulations) n’étaient pas la conséquence de leurs déplacements, mais (au contraire) "leurs stations", à savoir les lieux où ils se rendirent, étaient tous "sur l’ordre d’Hachem", ce fut Hachem qui ordonna qu’ils se rendent dans de tels lieux afin qu’il leur arrive tel ou tel événement.
Et loin de nous de penser que (fin du verset) "leurs stations", les lieux, entraînèrent "leurs départs", leurs tribulations (pour cette raison, ces 2 termes sont inversés à la fin du verset).

=> Cela nous enseigne un grand principe : Hachem suscite toutes sortes de raisons, parfois étranges, afin qu’un homme se rende dans un certain lieu.
Car c’est précisément là-bas qu’il pourra accomplir la mission qu’Il lui a confiée, et remplir ainsi son rôle dans le monde.

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-> Le Sfat Emet (Massé 5646) enseigne :
"Toutes ces pérégrinations sont énumérées pour faire savoir au Peuple de D., qu’un serviteur d'Hachem ne doit pas désespérer face aux nombreux échecs qu’il peut rencontrer dans sa vie. Il devra savoir que les choses sont ainsi : tout homme a des hauts et des bas ... et cette réalité se retrouve chez chaque individu, quel qu’il soit".

Le mérite du kirouv

+ Le mérite du kirouv :

-> "Amener une personne sous les ailes de la Présence Divine (chékhina) est équivalent à l'avoir formée et l'avoir mise au monde".
[ Tossefta - Horayot 2,7]

-> Si seulement les gens savaient combien d'avantages et de mérites sont acquis par ceux qui apportent du mérite spirituel à la collectivité [en les motivant à faire les mitsvot], ils courraient après cette mitsva comme quelqu'un qui poursuit la vie.
[Zohar - paracha Térouma]

-> La Présence Divine vient principalement sur quelqu'un lorsqu'il va amener les gens à davantage servir le Créateur, chacun à son niveau.
Par le mérite de la collectivité qu'il engage à éventuellement faire téchouva, Hachem va amener sur lui la Présence Divine.
Cependant, le tsadik qui ne va pas à la rencontre de tout individu, mais qui va plutôt uniquement se renforcer lui-même [spirituellement], ne va pas atteindre la Présence Divine car il lui manque le mérite de la communauté.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi (Chémini)]

-> Tout celui qui enseigne la Torah à l'enfant de quelqu'un d'autre aura le privilège de s'asseoir dans l'Académie céleste (yéchiva chel maala) ...
Et tout celui qui enseigne la Torah à un enfant d'un ignorant (am aarets), même si Hachem a fait un décret [sévère à son égard], Il l'annule en son honneur.
[guémara Baba Métsia 85a]

-> A l'époque précèdant la venue du machia'h (ikvéta déméchikha), la [mission] principale est d'extraire ce qui est précieux de ceux qui sont [spirituellement] bas.
[rabbi Tsadok Hacohen de Lublin - Tsidkat haTsadik (siman 111)]

-> Uniquement les bonnes actions d'une personne ne suffisent pas à la rendre digne de la récompense du monde à Venir. Hachem ne la considère digne [de cela] qu'en raison de 2 autres facteurs en plus de ses bonnes actions.
Le premier est qu'elle enseigne à d'autres le service d'Hachem, les guidant à faire le bien [selon la Volonté de d'Hachem] ... et le deuxième [facteur] est la bonté 'Hachem et sa bienfaisance.
['Hovot haLévavot - chaar haBita'hon (chap.4)]

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-> En s'efforçant de faire du kirouv, nous accomplissons magnifiquement la mitsva d'aimer Hachem.
Il n'y a rien de plus grand que cela, et aucun niveau n'est plus élevé, que de transformer les âmes comme notre Patriarche Avraham l'a fait à son époque.
C'est quelque chose qui est pour l'éternité ...
Lorsque quelqu'un est engagé à rapprocher ceux qui sont éloignés d'Hachem (méazaké ré'hokim), même s'il est décrété sur lui des souffrances, comme par exemple qu'il doit avoir une maladie, au Ciel on va considérer les effets sur ceux qu'ils renforcent et on va le sauver car sa maladie va leur entraîner d'y perdre sans que cela ne soit de leur faute.
Au final, son travail de sauver [spirituellement autrui] va en réalité le sauver lui-même.
[rav Moché Sternbuch]

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-> Le ‘Hatam Sofer ('Hout Yoré Déa - Pitou'hé 'Hotam) expliquant pourquoi Avraham est qualifié d' "Avraham oavi" (אברהם אהבי - Avraham qui m'aimait - Yéchayahou 41,8), il avance qu’il renonça à sa croissance spirituelle personnelle afin d’aider ses contemporains à se rapprocher d’Hachem comme l’énonce un verset : "les âmes qu’ils firent à ‘Haran" (véét anéfech achèr assou bé'haran - Lé'h Lé'ha 12,5). [on peut noter que le verset utilise le terme néfech '(âme), puisqu’Avraham leur insufflait de la spiritualité.]
Or cela lui attira l’affection divine :"Je l’ai aimé pour qu'il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d'observer la voie de l'Éternel, en pratiquant la vertu et la justice" (Vayéra 18,19).

=> C’est cela la messirout néfech (le sacrifice de soi - מסירת נפש). [sacrificier de sa croissance spirituelle personnelle pour permettre celle d'autrui! ]

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-> Même si quelqu'un a essayé [sans succès] de motiver vers le bien la collectivité, alors même s'il n'est pas écouté, la Torah considère comme s'il les avait motivé/inspiré [avec succès].
[Séfer 'Hassidim (104)]

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-> Même celui qui a atteint la plus grande rectification de son âme par son dévouement à Hachem et qui s'est rapproché [du niveau] des prophètes dans leurs bons traits de caractère, son comportement louable, son zèle dans le service d'Hachem, et son amour pur pour Hachem, [cependant] cela n'est pas comme le mérite de celui qui amène les gens dans le bon chemin, redressant les réchaïm au service d'Hachem, car ses mérites se multiplient en fonction de leurs mérites, chaque jour et à tout moment ...
Celui qui se rectifie lui-même aura un petit mérite, mais s'il se rectifie lui-même ainsi que de nombreuses autres personnes, alors il aura ses mérites multipliés en fonction des mérites de toutes les personnes qu'il aura corrigé ...
"ceux qui auront dirigé la multitude dans le droit chemin seront comme les étoiles, à tout jamais" (Daniel 12,3).
['Hovot haLévavot - chaar aavat Hachem (chap.6)]

-> Tout celui qui inspire les autres à être vertueux n'en viendra pas à fauter.
C'est par bonté d'Hachem car il ne serait pas approprié que les bénéficiaires [de cette sensibilisation à Hachem] soient au gan Eden alors que lui [qui les a inspirés] soit au guéhinam.
Il est écrit : "Tu ne laisseras pas Tes pieux expérimenter le guéhinam" (lo titen 'hassidékha lir'ot cha'had - Téhilim 16,10).
Sur quelle base une personne pieuse peut-elle expérimenter le guéhinam?
Cela doit être [que le verset fait référence à une personne ordinaire qui encourage les autres à être méritantes]. Il est considéré comme pieux puisqu'il n'y a pas de piété dans le monde aussi grande que motiver la collectivité à la bonté (mézaké arabim).
Hachem ne permet pas à une telle personne de faire une faute qui entraînera sa perte, puisqu'il ne convient pas de mettre au guéhinam quelqu'un dont le mérite de la collectivité est venu de par son influence.
[Méïri - Beit haBér'hira (Pirké Avot - chap.5)]

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-> Le rav David Cohen (roch Yéchiva 'Hevron) enseigne :
Le rav Itzelé Peterberger (Ohr Yisraël) dit qu'il est connu (voir guémara Yoma 86a) que faire téchouva le jour de Kippour expie toutes les fautes à l'exception de l'offense de 'hilloul Hachem, qui peut être expiée uniquement par la mort.
L'inverse du 'hilloul Hachem est le kidouch Hachem ...
Si le 'hilloul Hachem est la pire faute, cela signifie que le kiddouch Hachem offre le mérite ultime, qui durera pour l'éternité.
Le principe fondamental de kidouch Hachem est d'augmenter l'honneur d'Hachem (kvod chamayim) parmi les juifs en les rapprochant de leur Père au Ciel.
Dans l'introduction au Néfech ha'Haïm, le rav Itzele de Volozhin écrit à propos de son père [le rav 'Haïm de Volozhin] : "il me disait toujours que c'est ça être un être humain. Une personne n'a pas été créée pour elle-même, mais pour faire profiter aux autres dans la mesure où il le peut."
Le rav Itzelé Peterberger, cite le rav Israël Salanter, que si ce principe est véridique concernant les sujets matériels, à plus forte raison cela est vrai en ce qui concerne le chemin vers le monde à Venir [qui est éternel].
Une personne ne doit pas rechercher ses propres besoins sans se soucier des autres. Mais plutôt, elle doit augmenter le "kvod Chamayim" et avoir pitié de l'humanité en inclinant leur cœur à craindre Hachem et à suivre Ses voies.

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-> "Je serai avec toi et Je te bénirai (...) En récompense de ce qu'Avraham a écouté Ma voix et suivi Mon observance, exécutant Mes préceptes, Mes lois et Mes doctrines" (Toldot 26,3-5)

-> Le Sforno explique : Qu'il a "suivi Mon observance" signifie qu'Avraham a toujours suivi la voie particulière qui est la Mienne, c’est-à-dire prodiguer du bien à autrui, comme il est dit : "Toutes les voies d'Hachem sont bonté et vérité" (Téhilim 25,10), et montrer le droit chemin aux pécheurs, ce qu'il fit lorsqu'il a propagé le Nom d'Hachem, et qu'il a, en outre, "exécuté Mes préceptes, Mes lois et Mes doctrines"."

Le Sforno demande également : pourquoi voit-on précisément au sujet d'Its'hak, qu'Hachem le bénit uniquement par le mérite d'Avraham et non par son propre mérite, alors qu'Avraham lui-même, ainsi que Yaakov, méritèrent la bénédiction d'Hachem par leur propre mérite?

Il répond que ce verset concerne une époque où Its'hak n'avait pas encore pris conscience de devoir propager le Nom d'Hachem et de rapprocher les gens de Ses voies.
Le Sforno explique : "Mais, après qu'il eut répandu la gloire d'Hachem, il est écrit à son sujet : "Avimélekh se rendit chez lui à Grar et lui dit : 'Nous avons vu qu'Hachem était avec toi ; à présent, tu es béni d'Hachem’" (Toldot 26,28), et on ne trouve plus désormais à son encontre de contestations jalouses ni de querelles comme au début.
Néanmoins, au sujet de Yaakov, on ne fit pas dépendre du tout son mérite des autres. Car depuis son plus jeune âge, il demeura dans les tentes de la Torah à l'étudier et à l'enseigner, en particulier à la yéchiva de Chem et Ever où, sans nul doute, se rendaient tous ceux qui avaient soif de la parole Divine."

Cela vient nous enseigner à quel point Hachem désire que Ses créatures se prodiguent du bien les uns aux autres (ex: le kirouv), et que, par ce mérite, ils soient dignes de recevoir Sa bénédiction.
[de même que tu fais des efforts pour que ton prochain (également fils d'Hachem) soit davantage proche d'Hachem, alors mesure pour mesure papa Hachem viendra davantage proche de toi, et alors : "Je serai avec toi et Je te bénirai" ]

"Hachem dit à Moché et à Aharon : parce que vous n'avez pas eu foi en Moi afin de Me sanctifier" ('Houkat 20,12)

-> Il est nécessaire de préciser que nous n'avons aucune notion de ce qu’était le niveau de Moché. D'ailleurs, le Ramban écrit que la faute n'est pas explicite dans les versets, ce qui nous suggère la finesse de ce qui lui a été reproché.

-> Le Divré Chmouël explique la raison pour laquelle Moché frappa le rocher au lieu de lui parler, en disant qu'Il fit un raisonnement a fortiori : "Après la sortie d'Egypte et la traversée de la Mer Rouge, alors que les Bné Israël étaient parvenus à un niveau très élevé, Hachem ordonna de frapper le rocher (et il ne demanda pas de lui parler pour en faire sortir de l'eau ce qui aurait été un miracle plus grand). A présent, après avoir chuté par la faute du veau d'or et celle des explorateurs, à plus forte raison est-il nécessaire de le frapper et je ne peux me contenter de lui parler car les Bné Israël ne sont plus dignes d'un tel miracle et d'un tel dévoilement de la Présence Divine!"

Mais en réalité, ce raisonnement est réfutable à sa source car lorsqu'un homme se renforce après avoir chuté, il est alors en mesure d'atteindre un niveau plus haut que celui qu'il possédait avant.
Dès lors, même si les Bné Israël méritaient au début de recevoir de l'eau seulement après avoir frappé le rocher, ils étaient à présent dignes d'assister à un plus grand miracle, celui de voir l'eau sortir grâce à la seule parole de Moché.

-> Le Sfat Emet rapporte quelque chose de terrible en faisant au préalable remarquer que le nom de Moché n'apparaît pas dans la Chirat Habéer (chant du puits). Celle-ci débute uniquement par les mots : "Et Israël entonna alors un Cantique" alors que pour le Cantique de la Mer Rouge, il est écrit : « Et Moché et les Bné Israël entonnèrent un Cantique".
Il explique que cette différence est due au fait qu'avant la faute du veau d'or, Israël était au même niveau que Moché et celui-ci pouvait donc dire un Cantique avec eux.
En revanche, la Chirat Habéer fut entonnée après la réparation de cette faute et lorsqu'ils se furent repentis de leur conduite.
C'est pourquoi le nom de Moché n'y apparaît pas car ils parvinrent alors à un niveau plus élevé que lui, à l'instar de ce que nous enseignent nos Sages : "Là où se tiennent les repentants, même les justes parfaits ne peuvent se tenir!"

=> Cela doit constituer pour toute personne sensée une source de réconfort puisque c'est précisément grâce à ses chutes qu'elle peut se hisser encore plus haut que quelqu'un qui n'aurait pas fauté.
[la guémara (Béra'hot 34b) rapporte : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".]

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-> Le Bat Ayin explique que Moché fit le raisonnement suivant :
Puisqu'il avait failli par sa parole en traitant les Bné Israël, le peuple saint, de "rebelles", désormais sa parole ne possédait plus la force de faire sortir l'eau du rocher ; c'est la raison pour laquelle il ne parla pas au rocher, mais le frappa.
Il y avait néanmoins une faille dans son raisonnement : c'est qu'il ne crut pas que, grâce à une pensée de repentir, il était possible d'effacer entièrement le défaut qui avait été entraîné.
Hachem le réprimanda alors en lui disant : "Tu aurais dû Me sanctifier et avoir confiance que J'accepte les repentants. Or, tu t'es repenti et, immédiatement après cette faute par la parole, tu es revenu à Moi d'un coeur contrit et brisé. J'ai sur le champ accepté ton repentir. Tu aurais donc dû te renforcer dans l'attribut de bonté, comprendre que ce défaut a été complètement réparé et continuer à penser que l'eau (qui évoque au sens ésotérique l'attribut de bonté) pouvait jaillir par ta simple parole".

-> Le rav Elmélé'h Biderman poursuit :
Certes, nous n'avons aucune notion de ce que sont des niveaux aussi élevés ; cependant, cela nous enseigne que même dans la situation la plus misérable où un homme peut se trouver, la porte est encore toujours ouverte et que s'il se repent, il est immédiatement accueilli avec amour et miséricorde par le Créateur.

C'est suivant cette idée que certains Tsadikim résolvent une contradiction apparente :
En effet, Rachi explique :
- au début de notre paracha ('Houkat), la raison pour laquelle la Torah qualifie la mitsva de la vache rouge de 'hok (חוק - commandement sans raison accessible par l'esprit de l'homme) : "Parce que le Satan et les nations harcèlent les Bné Israël en leur disant : "En quoi consiste cette mitsva et quel est son sens?" C'est pourquoi la Torah écrit : c'est Mon décret (חוק), et tu n'as pas le droit de le contester".
- à priori cela semble contredire ce que Rachi rapporte par la suite : la raison de cette mitsva : "La vache rouge vient expier la faute du veau d'or".

L'explication est la suivante : le yétser ara trompe l'homme et le pousse à réfléchir à cette mitsva et à sa raison : l'expiation de la faute du veau d'or. Car le fait que l’homme réfléchisse à ses échecs le décourage totalement de revenir vers Hachem.
C'est pourquoi Hachem ordonne : c'est Mon décret, et tu n'as pas le droit de le contester = Il ne t'incombe que d'une chose : d’utiliser la force du repentir (téchouva), sans te demander si elle te sera profitable ou non.
L'homme doit oublier (à ce stade) toutes ses fautes et tous ses échecs et doit être convaincu que son repentir sera agréé par Hachem en toute circonstance et pour n'importe quelle faute.

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-> On peut apporter une autre explication sur cette contradiction apparente : la mitsva de la vache rousse est un décret sans raison, et à la fois la raison est "que vienne la mère (vache rousse) essuyer les excréments de son fils (le veau d'or) :
Le Yichma'h Israël rapporte l'explication de Rabbi Its'hak : la faute du veau d'or émanait en réalité d'un manque de émouna.
Les Bné Israël à ce moment (du veau d'or) cherchèrent en effet à comprendre rationnellement ce qui se passait, comme ils s'exprimèrent alors : "Car Moché, cet homme qui nous a fait monter d'Egypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu". (Ki Tissa 32,1)

En effet, quelle différence cela faisait-il, en effet, de savoir ou non ce qui était advenu de Moché? Ils auraient dû à ce moment continuer à suivre Hachem avec intégrité et sans calcul.
C'est pourquoi la réparation de cette faute consista justement à se renforcer dans leur foi sans chercher à comprendre et c'est à cette fin qu'Hachem leur ordonna une loi sans raison apparente (vache rousse) afin qu'ils l'accomplissent uniquement grâce à la force de leur émouna. Grâce à cela, ils expieraient le manque de émouna qui les avait conduits à la faute du veau d'or.

D'après cela, il n'y a aucune contradiction (entre le fait de dire que la mitsva de la vache rousse est sans raison et l'explication qu’en donne Rachi (rapportant rabbi Moché haDarchane) selon laquelle la mère vient nettoyer les excréments de son fils), car cela signifie que la raison de la vache rousse est justement qu'il n'y a pas de raison (afin que l'homme qui l'accomplit se renforce dans sa émouna).

[on voit ici que lorsque l'on cherche à tout comprendre rationnellement, lorsque l'on s'inquiète du futur, alors on ouvre la porte à des fautes (sur le schéma du veau d'or), mais lorsque nous avons des choses qui dépassent notre compréhension, plutôt que de paniquer (comment moi JE peux ne pas maîtriser, comprendre!), alors c'est là que nous devons mettre en pratique notre émouna (c'est un décret d'Hachem pour notre bien, à l'image du décret de la vache rousse).]