Aux délices de la Torah

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"[Dans le Temple] On s’y tenait debout serré et on s’y prosternait [pourtant] avec aisance" (Pirké Avot 5,5)

-> Le rabbi Bounim de Pshis'ha explique ainsi la dynamique de ce miracle :
une fois qu'ils se prosternaient, démontrant une annulation de soi, et une soumission à une force Supérieure [Hachem], ils étaient élevés à un plan surnaturel au-dessus de la dimension de l'espace, et ainsi ils avaient beaucoup de place.

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-> Le rabbi Mena'hem Mendel de Kotsk enseigna à ses élèves que cette michna contient une leçon de vie :
celui qui se tient droit et fier, plein d'une arrogance hautaine, alors il se sentira toujours à l'étroit, car il n'y a pas assez de place pour lui.
Cependant, si quelqu'un s'incline, se soumet, agit avec humilité et modestie, alors il sentira que tous ses besoins sont pris en compte, et il y aura plein de place pour une croissance personnelle.

"Dix objets furent créés la veille du Shabbat [de la Création] au crépuscule. Ce sont : ... la bouche du puits [qui abreuva les Bné Israël dans le désert]" (Pirké Avot 5,6)

-> Le Sfat Emet enseigne que le Shabbath, lui-même, est la bouche d'une source de bénédiction abondante.
Pendant le crépuscule de la veille de Shabbath, tout celui qui est jugé digne reçoit ces bénédictions.
Le fait d'être considéré digne de recevoir les bénédictions, dépend de la façon dont on s'est conduit pendant les 6 jours de la semaine.
Nos Sages (guémara Avoda Zara 3a) enseignent : "tout celui qui peine/se prépare la veille de Shabbath, mangera à Shabbath".

"10 miracles furent accomplis pour nos ancêtres en Égypte et 10 sur la mer [Rouge]" (Pirké Avot 5,4)

-> Le Ohev Israël (le rav d'Apta - paracha Bé'houkotaï) explique un principe fondamental du fonctionnement des miracles.
Pourquoi fait-on tout un plat de l'ouverture de la mer Rouge, alors que nous savons que ce miracle s'est produit plus d'une fois par la suite?
Lorsque Yéhochoua a traversé vers la terre d'Israël, les eaux [du Jourdain] se sont séparées pour le laisser passer, ainsi que tout le peuple juif.
De même, la guémara ('Houlin 7a) nous rapporte que Rabbi Pin'has ben Yaïr est allé racheter des captifs et [les eaux du] fleuve de Ginaï se sont ouvertes pour lui.
=> Si plusieurs mers et fleuves se sout ouverts, pourquoi l'ouverture de la mer Rouge est un événement si unique?

Le Ohev Israël répond qu'il y a des portes spirituelles au Ciel qui correspondent à chaque miracle.
Pas n'importe qui a la stature et la grandeur lui permettant d'ouvrir de telles portes.
Moché et les 600 000 du peuple d'Israël avaient le mérite suffisant pour ouvrir les portes au Ciel pour entraîner le miracle de l'ouverture de la mer.
Une fois que ces portes ont été ouvertes par un acte miraculeux, alors le miracle pouvait être répété plus facilement et n'était plus aussi difficile ou aussi miraculeux à accomplir.
C'est pourquoi Yéhochoua et Rabbi Pin'has ben Yaïr ont été également capables d'y parvenir par la suite.

-> D'une façon similaire, le rabbi Elimélé'h de Lizensk (Likouté Chochana) enseigne que la première fois qu'un miracle est réalisé cela est extrêmement difficile ; cependant une fois fait, les tsadikim venant après peuvent l'accomplir encore et encore avec beaucoup plus de facilité, car la porte [au Ciel] a été ouverte.

Le rabbi de Lizensk voit une allusion à cela dans le Téhilim (66,6) : "Il [Moché] change la mer en terre ferme, à travers le fleuve on marche à pied sec".
[Pourquoi le verset commence-t-il par " la mer en terre ferme", pour ensuite passer à : "le fleuve on marche à pied sec"? ]
C'est parce qu'une fois que Moché a transformé la mer en une terre ferme, alors Yéhochoua et Rabbi Pin'has ben Yaïr pouvaient traverser le fleuve [du Jourdain et de Ginaï].
Rabbi Pin'has ben Yaïr l'a même traversé à plusieurs reprises!!

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-> De son côté, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Béchala'h 14,21) enseigne :
Pourquoi le miracle de l'ouverture du fleuve de Rabbi Pin'has ben Yaïr passe quasiment sous silence, contrairement à l'ouverture de la mer Rouge, dont tout le monde a entendu parler. Pourquoi une telle différence?

C'est que par le mérite et la force de la Torah, il est possible d'accomplir tous les miracles.
Ainsi, l'ouverture de la mer qui s'est réalisée avant le don de la Torah, constitue un miracle extraordinaire. En effet, les Hébreux ne bénéficiaient pas encore de la grande force de la Torah.
En revanche, Rabbi Pin'has Ben Yaïr, qui disposait quant à lui du mérite de la Thora, a pu réaliser un miracle analogue, sans autant de "difficulté". Pour lui, ce n'était déjà plus une chose aussi extraordinaire.

"C’est à 10 épreuves qu’Abraham notre père fut soumis et il les surmonta toutes" (Pirké Avot 5,3)

-> Le rav Mordé'haï Lévovitch explique que nos Sages disent que "surmonter" (amad - עָמַד) fait référence à se tenir en prière.
Pour chacune des épreuves auxquelles il a pu être confrontées, Avraham s'est tenu et il a prié, versant son cœur devant son Père au Ciel, Lui demandant qu'il puisse surmonter l'épreuve et la réussir.

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[si Avraham a pu surmonter ses épreuves, c'est parce qu'il s'est basé sur les prières, sur le fait de demander de tout son être de l'aide à papa Hachem, sans qui nous ne pouvons rien.]

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-> Le Méor Enayim écrit que de même que Avraham a subi 10 tests, il en est de même pour chaque juif qui durant sa vie, va être éprouvé et testé.

Il explique que l'essentiel d'un test est lorsque nous sommes dans l'obscurité de notre émouna, que nous ne distinguons plus clairement le fait qu'Hachem est avec nous. Cette incertitude et ce doute, c'est ça l'épreuve!
C'est lorsque notre vie se plonge dans l'obscurité que nous devons se saisir d'Hachem et nous délivrer du désespoir.
Cela nous élèvera à des hauteurs inconnues jusque là.

Avraham avait une néchama klalit, une âme qui contenait en elle toutes les âmes à venir du peuple juif.
De même qu'il a été testé et qu'il a triomphé, de même nous sommes testés et nous avons les forces nécessaires pour les surmonter et en sortir vainqueurs.

"Ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi" (Pirké Avot 4,19)

-> Le Baal Chem Tov enseigne :
Se réjouir de la chute de quelqu'un va adoucir et annuler tous les durs jugements qui sont contre lui.
C'est pour cela qu'il est devenu naturel de rire lorsque quelqu'un tombe. Certainement qu'il avait une certaine forme de jugement contre lui et le rire et la gaîté vont l'adoucir et l'annuler.

C'est pourquoi le Baal Chem Tov nous avertit de ne pas se réjouir de la chut d'un ennemi, mais de plutôt de rester silencieux.
A la place, il faut se lever plus tôt et rester plus longtemps au beit midrach pour étudier la Torah, et servir Hachem avec davantage d'efforts, et alors notre ennemi sera détruit de lui-même.
Tandis qu'en se réjouissant, en rigolant ou même en allant à la poursuite de notre ennemi, cela peut finir par lui rendre service, que D. nous en préserve.

[il existe un principe : Hachem prend la défense de ceux qui sont pourchassés. Ainsi, à partir du moment où l'on souhaite poursuivre un ennemi, alors Hachem va automatiquement prendre sa défense.
Tout en n'étant pas naïf, en étant celui qui est attaqué, on garde Hachem de notre côté pour nous défendre.
Dans une certaine mesure, lorsqu'un ennemi tombe et que l'on s'en réjouit, alors on attaque un homme à terre, et notre ennemi devient alors un pourchassé verbalement, moralement. ]

+ Une erreur courante que certains font et qu'ils croient que ceux qui passent une bonne partie de leur journée à travailler pour gagner leur vie, sont incapables de prier aussi bien que ceux qui étudient la Torah toute la journée durant.
En réalité, c'est l'inverse.
Les gens qui travaillent, ont le jour du Shabbath, une intensité de leur lumière [spirituelle] et de leur prière qui est meilleure, car cela provient de l'obscurité de la semaine passée à faire des efforts [pour sa subsistance] et qui est maintenant élevée par eux le Shabbath.

Cela n'est pas le cas pour ceux qui sont engagés tous les jours dans la Torah, parce qu'ils ne vont pas dans le monde et ne s'engage pas sur le plan physique et matériel, comme les travailleurs peuvent le faire.
Ainsi, à Shabbath, ceux qui cessent de travailler peuvent élever tout ce qu'ils ont fait, et leurs prières sont à un niveau supérieur.
Leurs batailles et épreuves de la semaine les rendent plus forts, et elles les renforcent et élèvent d'une façon que quelqu'un qui n'a pas travailler ne peut pas atteindre.
[le Baal haTanya - sur Pirké Avot 5,2]

"Celui qui étudie [la Torah] lorsqu’il est un enfant, à quoi peut-il être comparé? À de l’encre écrite sur un papier neuf " (Pirké Avot 4,20)

-> Le 'Hidouché haRim explique que cette michna n'est pas exclusive.
Non seulement un réel enfant est comme de l'encre sur du papier neuf, mais même quelqu'un qui étudie avec un nouvel enthousiasme et un nouveau désir, alors à chaque fois qu'il étudie il est comme un nouveau-né, puisque sa passion pour apprendre et étudier renaît constamment.

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-> De son côté, le Maguid de Koznitz demande à quel enfant la michna fait-elle référence?
Le langage en lui-même est étrange, puisqu'il est écrit : "haloméd yéléd" (הַלּוֹמֵד יֶלֶד), qui peut se lire littéralement : "celui qui étudie est un enfant".
Même un adulte peut être considéré comme étant ce type d'enfant.

La michna fait référence à tout celui qui fait téchouva avant de s'asseoir pour apprendre et étudier, car un vrai baal téchouva est comme un nouveau-né. Il mérite un nouvel esprit, et tout ce qu'il peut étudier maintenant sera comme "de l’encre écrite sur un papier neuf".

"Aux tsadikim qui maintiennent le monde" (Pirké Avot 5,1)

-> Un 'hassid a approché une fois le rav Zev Wolf de Strikov, et lui a demandé :
"Nous avons une tradition qu'il y a 36 tsadikim cachés dans chaque génération et par leur mérite le monde entier existe. Si l'un de ces 36 tsadikim décède, alors un autre prend sa place.
Ma question est : où est cette personne le jour précédent? On ne se transforme pas en un tsadik pendant la nuit! Et s'il était déjà tsadik le jour d'avant, alors il y a sûrement plus de 36 tsadikim cachés".

Le rav de Strikov a expliqué :
"La réponse est que malheureusement les tsadikim correspondent à leur génération.
Plus la génération est faible, plus les tsadikim sont faibles [spirituellement parlant].
Et au moment où un tsadik de la génération précédente quitte ce monde, le tsadik qui prend sa place parmi ces 36 tsadikim cachés, était hier assez éloigné de la droiture requise pour la génération [d'avant], mais pas pour la génération actuelle".

"Ce monde est comme une antichambre du monde à Venir ; prépare-toi dans l’antichambre, de sorte que tu puisses pénétrer dans le palais" (Pirké Avot 4,16)

-> Nos Sages donnent d'également d'autres paraboles lorsqu'ils comparent ce monde avec celui à Venir.
Par exemple, dans la guémara (Nédarim 55a), nos Sages comparent ce monde à un mariage, où l'on doit manger et boire, puisqu'une fois le mariage terminé il sera trop tard pour cela.
Le Ein Yaakov dit que ce monde est similaire à une salle de mariage.
Le rav Henich haCohen Levin (Alexander Rebbe) explique qu'à l'image d'une salle de mariage qui chaque soir a de nouvelles personnes qui viennent danser, manger, chanter, ... de même les personnes qui sont sur la scène de ce monde changent.
Ceux qui chantent et dansent aujourd'hui, ne seront pas ceux qui chanteront et danseront demain.
[les plus grands dirigeants, les plus riches, les plus tsadikim, les plus réchaïm, ... tout le monde n'est que de passage.
Nous ne devons pas oublier ce message, et se croire éternellement ici.
Ainsi, plutôt que de prendre une assurance vie, de tellement s'investir pour notre vie dans ce monde, nous devons plutôt assurer notre vie de l'après mort, car le contenu de l'éternité de notre monde à Venir dépend quasiment à 100% de notre comportement ici, dans la salle de mariage.]

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-> Le rav Avraham Weiberg de Slonim enseigne que l'antichambre fait référence à ces moments où nous sommes occupés avec des problématiques de ce monde, comme notre travail et le fait de s'occuper de nos besoins physiques.
Le palais fait référence à ces moments sublimes où nous sommes occupés avec des sujets spirituels, comme servir Hachem, étudier la Torah, et prier.

La michna nous dit :
- "prépare-toi dans l’antichambre" = même lorsque tu es occupé avec des sujets liés à ce monde attache ton "toi", ton essence et tes pensées, à Hachem, et n'interrompt jamais ce lien.
- "de sorte que tu puisses pénétrer dans le palais" = lorsque tu seras occupé de sujets spirituels, Hachem fera alors briller sur toi une lumière de joie et de délices, à partir de ce lien que tu auras toujours conservé avec Lui.

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-> L’expression "yir'at Hachem" (la crainte d'Hachem) nous fait naturellement penser à la peur d'Hachem, mais elle implique plus que cela ; il s’agit d’être conscient de Son omniprésence et du fait qu’Il nous dirige.
D'ailleurs, le mot "yira" signifie également "voir" = il faut craindre Hachem Qui nous surveille/regarde constamment.
Le rav Mordé'haï Gifter affirme : "Ce que tu vois est très dépendant de la direction vers laquelle est tournée ton cœur"

[ le roi David écrit : "Je mets constamment Hachem devant moi" (Téhilim 16,8)
=> Ainsi, la michna ci-dessus nous enseigne que grâce au fait de garder un attachement, un lien, avec Hachem même lorsqu'on doit vaquer à nos occupations de ce monde (l'antichambre), alors Hachem va nous récompenser dans nos moments spirituels (le palais) en nous octroyant une lumière de joie et de délices.
On comprend ainsi mieux les paroles du roi David, qui insiste sur la nécessité de toujours avoir Hachem devant soi, de toujours être connecté à D.]

"Nous ne pouvons comprendre ni la tranquillité des réchaïm, ni les souffrances des tsadikim" (Pirké Avot 4,15)

-> Le Maguid de Koznitz explique cette michna ainsi :
souvent le yétser ara peut donner à quelqu'un l'impression qu'il est si mauvais qu'il n'y a plus d'espoir pour lui. Comment peut-il se repentir après avoir fait des mauvais actions si terribles et aussi fréquemment.
[avant la faute, le yétser ara minimise l'acte interdit pour nous pousser à le faire, ensuite il va agrandir à nos yeux sa gravité pour mieux nous plomber le moral (commet ai-je pu tomber si bas!), et qu'on reste ainsi à terre spirituellement se morfondant, désespérant en nous.]

D'autres fois, le yétser ara cherche à nous faire chuter par de l'arrogance, cherchant à nous remplir de tellement d'orgueil que notre égo en est plein à craquer.
Il va nous murmurer : "Tu es un tel tsadik, tu es si bon, ainsi sur quoi as-tu besoin de faire téchouva?"
[ex: plutôt que de se comparer à nous même et à ce qu'on pourrait être, on va plutôt se comparer à autrui et nous faire passer pour un tsadik. Même si on tombe dans la faute, ça va ce n'est rien par rapport à telle personne, pourquoi faire téchouva puisqu'en comparaison nous sommes un tsadik.
Nous réduisons à néant la gravité d'avoir fauté, et nous grandissons nos actes positifs, au point de ne plus ressentir le besoin de constamment faire téchouva, d'aspirer à s'améliorer, à davantage de spiritualité.]

Comme notre michna le dit, nous ne pouvons pas avoir le luxe de la tranquillité comme peuvent l'avoir les réchaïm, puisqu'ils pensent qu'ils n'ont aucune raison de se repentir puisqu'à leurs yeux ils n'ont rien fait de mal.
Nous ne ressentons pas les souffrances des tsadikim, puisque leur conscience va sans cesse les tracasser, pointant toujours le moindre de leur défaut et de leur erreur.
[un tsadik va zoomer sur ses actions, sur son comportement, avec un regard très critique (l'épaisseur d'un cheveu).
A l'inverse, le racha va dézoomer à l'extrême, au point de ne même plus voir de mauvaises choses en lui!]

Mais plutôt, nous devons réaliser que même si nous avons toujours de l'espoir, nous avons toujours des choses à améliorer et à rectifier.
La voie du milieu est la meilleure, un équilibre entre ces 2 extrêmes.
[on doit en toute honnêteté et connaissance de soi, savoir varier entre ces 2 visions de soi-même : soit tranquille comme le racha, soit très douloureuse (exigeante) comme le tsadik. ]