Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"L'homme n’a été créé que pour se fatiguer dans les paroles, de la Torah" (guémara Sanhédrin 99b)

-> L'homme ressemble à la terre dont il provient ; toute la force de l’homme est potentielle et n’est pas facilement perceptible ou accessible à l’instar de la terre qu’il faut travailler perpétuellement pour qu’elle puisse donner ses plus beaux fruits.
L’homme a donc également besoin d’un travail et d’une fatigue permanente pour qu’il puisse faire sortir de lui sa perfection (chlémout) et ses fruits.
C’est donc parce que la guémara connaissait la nature de l’homme et la nature de la terre dont il provient qu’elle s’est demandée dans quel domaine l’homme doit-il se fatiguer pour faire apparaître ses meilleurs fruits.
[Maharal - drouch al haTorah p.10]

Ainsi, il ressort qu’un homme qui ne se fatigue pas et qui ne travaille pas, ressemble à un morceau de terre stérile sans herbe, sans fleur, sans fruit et au contraire un homme qui se travaille et qui se fatigue et en particulier dans l’étude de la Torah ressemble à un jardin fruitier paradisiaque : un vrai gan eden.

L'âme (néchama) est d'après Onkelos : "un esprit parlant" (roua’h mémaléla - Béréchit 2,7),
La supériorité de l’âme de l’homme par rapport aux autres créatures est la parole, et c’est donc grâce à elle que l’âme se réalisera sur terre l’âme et la parole sont intimement liées.

Cependant, puisque toutes ces forces nous viennent de notre âme qui est une étincelle d’Hachem, les paroles qui auront le plus d’effets pour faire sortir nos fruits et nos bonnes midot sont les paroles d’Hachem : la Torah, dont l’essence Divine est d’ailleurs très proche de l’essence de nos âmes.
[selon le Zohar : la Torah, le Klal Israël et Hachem ne font qu’une entité. ]

[Tou biChevat nous rappelle que notre vie est un grand champ unique avec des outils uniques avec un climat unique, ... et c'est à nous de faire qu'il produise le plus de beaux fruits possibles.
Nos efforts d'aujourd'hui sont nos douceurs éternelles de demain.
Tout effort non investi sera une quantité moindre de récolte future.
De même qu'à Tou biChevat nous kiffons avec de sublimes fruits, de même nous voulons kiffer pour l'éternité dans notre monde à venir!]

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-> "L’âme de l’homme est très importante et même supérieure aux anges, mais ses forces sont tout à fait cachées et même emprisonnées par son aspect matériel et son corps obscur.
Ses forces ne pourront s’extérioriser que grâce à de la fatigue, et par une brisure des taavot (désirs) et des tendances qui le poussent vers la matière.
C’est là tout le rôle de l’homme."
[Ramh'al - Messilat Yécharim chap.1]

[d’après le Néféch Yéhoudi – Yitro (5776)]

"Moché resta sur la montagne 40 jours et 40 nuits" (Michpatim 24,18).

-> Le rav David Pinto (Pa’had David) demande : Que sont ces 40 jours?

Ils correspondent à la Torah qui a été donnée en 40 jours (guémara Ména’hot 99), et comme 6 de ces jours étaient des jours de préparation à recevoir la Torah, il reste 34 jours (soit : לד), ce qui correspond à dal (pauvre - דל), l’abaissement, pour nous dire en allusion que tout homme doit accepter la Torah comme un pauvre.
En effet, la Torah ne subsiste que chez celui qui est humble, car il doit s’incliner et s’annuler devant elle.

"Si le voleur est découvert en train de creuser" (Michpatim 22,1)

-> L’un des meilleurs disciples du rabbi Mendel de Kotzk lui dit : "J’ai réfléchi ce matin au verset "si le voleur est découvert en train de creuser", et je voudrais l’expliquer de la façon suivante : Si quelqu’un creuse dans son intériorité et dans les profondeurs de son âme, "le voleur sera découvert", on peut être certain qu’il trouvera le voleur qui s’y cache, et qui n’est autre que le mauvais penchant, qui aspire sans cesse à le faire tomber dans ses filets."

Le rabbi de Kotzk le félicita et fit remarquer : "C’est exactement ce que j’avais envie d’entendre aujourd’hui, et ces choses sont dignes d’êtres dites par vous tous les jours"

"Tout ce qu’a prononcé Hachem, nous ferons et nous écouterons" (Michpatim 24,7)

-> Rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) demande pourquoi cette déclaration a été faite au pluriel. Comment pouvaient-ils savoir ce que leur prochain ressentait?
Il aurait semblé plus logique que chacun déclare "je ferai et j’écouterai".

Le Rabbi de Pchis’ha l’explique à l’aide de l’exemple suivant : des prisonniers sont assis dans la même cellule d’une prison. En pleine journée d’été, alors que la chaleur est étouffante, un homme entre dans la cellule pour proposer aux détenus de l’eau. D’une seule voix, ils répondent tous par l’affirmative : "Nous voulons boire !"
Sans devoir se consulter, ils savent tous que chacun éprouve la même envie.

De même, les Bné Israël avaient une grande soif de Torah. C’est pourquoi, certain que leur prochain ressentait ce même désir, chacun put affirmer au nom de tous : "Nous ferons et nous écouterons".

"S’il se relève et qu’il puisse sortir appuyé sur son bâton, l’auteur de la blessure sera absous. Toutefois, il paiera le chômage et les frais de la guérison" (Michpatim 21,19)

-> Le Kéren haTsvi s’interroge : si l’auteur de la blessure paie le chômage et les frais de la guérison, qui remboursera la perte de Torah causée au blessé ?

Il répond que c’est effectivement l’auteur de la blessure qui est responsable de la perte de Torah causée au blessé, mais ceci uniquement dans la mesure où ce dernier étudiait la Torah avant d’avoir été blessé et où il retourne à son étude aussitôt après sa guérison.
Par contre, "s’il se relève et qu’il puisse sortir" = cela signifie que, non seulement il n’éprouve pas de peine pour le temps perdu, mais en plus utilise celui dont il dispose à présent pour sortir. Le cas échéant, l’auteur de la blessure n’est pas du tout responsable de la perte d'étude de Torah dont il "sera absous" et il n’aura qu’à payer "le chômage et les frais de la guérison".

"Vous servirez uniquement Hachem votre D. ; et Il bénira ton pain" (Michpatim 23,25)

-> Quel est le service effectué par le cœur?
Selon nos Sages, il s’agit de la prière.

Le Baal haTourim explique le glissement de notre verset du pluriel au singulier :
- "Vous servirez" est écrit au pluriel, en référence à la prière en public, jamais repoussée ;
- "Il bénira ton pain" est au singulier, Hachem adressant à chacun une bénédiction personnelle, en fonction de ses propres besoins.

D’après le ‘Hatam Sofer, la prière récitée en public est toujours agréée, parce que, par ce rassemblement, chacun des fidèles protège les autres et leur apporte une expiation.
[b'h, à ce sujet : https://todahm.com/2016/12/27/prier-avec-la-communaute ]

Le Maharcha (Baba Métsia 107b) interprète "vous servirez" comme se rapportant au respect des mitsvot, pour lesquelles tous les juifs sont solidaires, d’où l’emploi du pluriel.
Par contre, seule une élite d’individus est capable de se contenter de pain et d’eau ; aussi, notre verset se conclut-il par un singulier.

"Je comblerai la mesure de tes jours. Je mettrai tous tes ennemis en fuite devant toi" (Michpatim 23,26-27)

-> Le grand-père du Gaon de Vilna (rabbi Moché Kremer) explique ainsi :
Nous trouvons dans la guémara (Méguila 28a) que celui qui regarde le visage d’un idolâtre raccourcit ses jours, et au contraire celui qui fait attention à ne pas regarder le visage d’un idolâtre est épargné par cela.
Or quand on va à la guerre, apparemment les combattants sont obligés de regarder le visage des idolâtres, ils peuvent donc en arriver à voir leur vie raccourcie.
C’est pourquoi Hachem a promis que les ennemis tourneraient la tête, donc on ne verrait pas leur visage, et la Torah dit à proximité "Je comblerai la mesure de tes jours", ceci parce qu’il n’y aura aucun besoin de regarder le visage de l’ennemi ni d’en arriver à un raccourcissement des jours.

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-> "J’ai 120 ans aujourd’hui" (Vayélé'h 31,1-2)

-> Rachi explique ces paroles de Moché : "Aujourd’hui mes jours et mes années ont été remplis ; en ce jour je suis né et en ce jour je vais mourir."

-> La guémara (Kidouchin 38a) dit : "Cela nous enseigne que D. remplit les jours des Justes jusqu’au jour et au mois, comme il est écrit : "Je remplirai le nombre de tes jours" (אֶת מִסְפַּר יָמֶיךָ אֲמַלֵּא - ét mispar yamé'ha amalé - Michpatim 23,26).

-> Le Zohar enseigne qu’en accomplissant chaque jour une mitsva, le tsadik confectionne une "vêtement" spirituel pour sa Néchama, grâce auquel il peut jouir du "rayon de la Chékhina" dans le Gan Eden. Hachem comble ainsi les "vêtements" du tsadik avec la Lumière Divine (à noter que le mot מִסְפַּר – Mispar [nombre] – s’apparente au mot ספיר Saphir – une pierre lumineuse), afin qu’il puisse recevoir le Dévoilement Divin, la Crainte et l’Amour Supérieurs dans son âme.
[Torah Ohr]

"Les enfants d’Israël n’écoutèrent pas Moché, à cause du souffle court et du travail pénible" (Vaéra 6,9)

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
"Peut-être que du fait qu'ils n'étaient pas des Bné Torah, ils n'ont pas écouté Moché.
C'est ce que le verset vient nous apprendre en mentionnant "souffle court", car la Torah élargit le cœur de l'homme."

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique :
Les juifs travaillaient très durement comme esclaves en Egypte, et il n'y avait pas de place dans leur cœur pour accepter le message réconfortant de Moché.
Mais s'ils avaient eu la Torah, alors la Torah aurait amené une sérénité interne et un réconfort qui auraient permis d'accepter les mots si positifs de Moché, et ce malgré un esclavage très dur.

[On apprend de là à quel point la Torah transforme un homme, lui donne de la sagesse, une clarté d'esprit qui lui permet d'être stable durant sa vie, et ensuite de permettre la plus importante des choses : se rapprocher d'Hachem.]

-> Le 'Hazon Ich dit que lorsque quelqu'un a un doute et ne sait pas comment procéder, il doit étudier une daf de guémara, car ensuite il aura la sérénité interne (yichouv hadaat), et il sera alors capable de décider comment agir.

-> Le Divré Shmouël disait : "Lorsque je suis préoccupé par quelque chose, j'étudie pendant une heure, et ensuite l'inquiétude s'en va.
Si j'ai une préoccupation plus importante, j'étudie pendant 2 heures, et alors je ne suis plus inquiet ...
On atteint la tranquillité par l'étude de la Torah".

"Pour leur donner le pays de Canaan (érets Canaan), le pays de leur habitation où ils habitaient (érets mégouré'ém)" (Vaéra 6,4)

=> Pourquoi la Torah utilise 2 fois le terme : "le pays" (érets), alors que le verset aurait pu dit : "leur donner le pays de Canaan où ils habitaient"?

Le Yichma'h Israël répond par un enseignement des Sages selon lequel celui qui habite en terre d'Israël doit faire de plus en plus attention à ses actes et à tout ce qui le concerne.
Il doit aussi se conduire avec plus d’humilité et de piété que celui qui habite ailleurs. Parce qu’il ressemble à quelqu’un qui est installé dans le palais du roi, et celui qui irrite le roi dans son palais n’est pas semblable à celui qui l’irrite en dehors.
De plus, le service du roi pour celui qui est en sa présence dans son palais n’est pas semblable au service de celui qui est à l’extérieur, car il est évident que le service du roi repose davantage sur ceux qui se trouvent avec lui dans son palais ...

C’est pourquoi le verset emploie une expression double : "le pays de leur habitation où ils habitaient" = c’est-à-dire que la terre d'Israël, le pays de leur habitation (mégouré'ém), représente une "crainte" (magour), car là l’homme doit se trouver dans la demeure de Hachem avec sainteté et piété, et craindre sans cesse devant Lui.
De cette façon, ils mériteront d’habiter toujours en terre d'Israël.

"Moché s'adresse à Hachem en disant : les Bné Israël ne m'ont pas écouté, comment Pharaon m'écouterait, alors que mes lèvres sont incirconcises" (Vaéra 6,12)

-> Rachi commente : C'est l’un des 10 raisonnements à fortiori qui sont cités dans la Torah.
Or, la Torah, elle-même réfute apparemment ce raisonnement puisqu'il y est écrit : "Les Bné Israël n'écoutèrent pas Moché à cause du souffle coupé et du travail difficile" (Vaéra 6,9).
=> Ainsi en quoi consiste le : ''à fortiori Pharaon ne m'écoutera pas'', puisque Pharaon lui-même n'était pas soumis à l'esclavage (au contraire il était dans le luxe et le confort de son palais royal!)?

-> Tout d'abord, il convient de rapporter au préalable les paroles du Béer Mayim 'Haïm (paracha Noa'h) :
Celui qui sert son Créateur selon les lois naturelles, c'est-à-dire qu’il ne Le sert que lorsque cela lui est facile, se voit également rétribuer par le Ciel une récompense au niveau des lois naturelles.
Par exemple, quelqu'un qui ne fait l'effort de se lever le matin que lorsqu'il fait beau dehors, mais qui, dès que les jours d'automne et le froid arrivent, reste dans son lit, ou encore qui n'étudie que lorsqu'il en a envie, recevra certes une récompense, mais qui ne lui parviendra que tant que le Créateur répand l'abondance céleste sur le monde entier.
On lui ajoutera alors une part supplémentaire de profusion en tant que salaire des mitsvot qu'il a accomplies.

En revanche, celui qui va à l'encontre de son yétser ara et surmonte ses tendances naturelles en faisant don de lui-même, physiquement et moralement, afin d'accomplir la volonté Divine se verra rétribué au-delà des contingences de la nature, et lorsqu'il aura besoin d'une délivrance, on modifiera pour lui toutes les lois naturelles afin de satisfaire sa volonté.

-> D'après ce qui précède, le rav Elimélé'h Biderman répond ainsi :
Moché dit à Hachem : "Si les Bné Israël s'efforcent au-delà de leur nature de m'écouter, malgré le souffle coupé dû à l'esclavage, je suis certain que, mesure pour mesure, Tu accompliras Toi aussi un miracle en faisant que Pharaon m'écoute malgré mon défaut d'élocution.
Mais puisque les Bné Israël ne m'écoutent pas et se conduisent selon l'ordre naturel des choses qui veut qu'un homme écrasé par le travail ne prête pas oreille à ce qu'on lui dit, Pharaon lui non plus ne m'écoutera pas en raison de mes difficultés d’élocution."