Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Yitro, beau-père de Moché, emmena Tsipora, épouse de Moché ... ses 2 fils, l'un nommé Guerchom : "car, avait-il dit, je suis étranger, dans un pays étranger". L’autre nommé Eliézer, "parce que le D. de mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon"." (Yitro 1,2-4)

- Le 1er enfant de Moché était Guerchom, qui veut dire ''étranger là-bas'', car il est né alors que Moché était "étranger, dans un pays étranger".
- Et le 2e était Eliezer, qui veut dire ''mon D. m'a aidé'' : "Le D. de mon père m'a aidé et m'a sauvé de l'épée de Pharaon". En effet, Pharaon a essayé de tuer Moché quand il a appris qu'il a tué un égyptien, et Hachem l'a sauvé. Or, puisque Moché a été sauvé de l'épée de Pharaon avant de se retrouver étranger à Midiyan, ainsi il aurait dû appeler le 1er Eliezer et le 2e Guerchom.
=> Pourquoi Moché a-t-il choisi l'inverse?

-> Le Sforno explique que tant que le Pharaon qui voulait tuer Moché était vivant, Moché ne se sentait pas complètement sauvé de son épée, car il craignait que s'il retourne en Egypte, ce Pharaon réessaie de le tuer.
Or, après qu'Hachem aie désigné Moché pour libérer le peuple juif d'Egypte, Il lui annonça que ceux qui cherchent à le tuer sont morts, dont ce Pharaon.

=> C'était seulement à présent que Moché se sentait définitivement sauvé de l'épée de ce Pharaon. Et c'est quelques jours après cela, quand il était en chemin pour retourner en Egypte, que son 2e fils fut circoncis.
Seulement alors, il put l'appeler Eliézer, car maintenant, il sentait qu'il était réellement sauvé de l'épée de Pharaon, comme Hachem le lui avait fait savoir

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique la raison du prénom de Guerchom de la façon suivante :
Moché dit : "J'étais étranger dans un pays étranger". La redondance de cette phrase interpelle, et c'est qu'en réalité, tout homme est déjà étranger dans ce monde, car la véritable place de l'âme est auprès d'Hachem.
De plus, Moché était aussi étranger parce qu'il se retrouvait dans un pays étranger, à Midiyan, loin des siens.
Ainsi, non seulement Moché considérait qu'il était étranger, comme toute personne, du fait qu'il se trouve dans ce monde, mais en plus, il se trouve dans un pays étranger.
Bien-entendu, le fait que Moché se trouve étranger dans ce monde, cela a commencé dès sa naissance, avant d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon.

=> C'est pourquoi, il appela son 1er fils Guerchom, par rapport à cette notion d'étranger dans ce monde, qui est bien intervenue avant qu'il n'ait été sauvé de l'épée de Pharaon.

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-> Le Tiféret Yonathan dit que Moché aimait tellement ses frères qui souffraient en Egypte, qu'il ne considérait pas comme un réel bienfait le fait d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon.
En effet, il pensait qu'il eut peut-être même été préférable de mourir entre les mains de Pharaon plutôt que de savoir ses frères tant souffrir et être oppressés.
A quoi bon vivre si son peuple souffre autant.

=> C'est pourquoi, il ne voulait pas nommer son fils Eliézer, car il ne ressentait pas assez le bienfait d'avoir été sauvé, alors que son peuple peine tant.
Mais quand Hachem se révéla à lui au buisson pour lui annoncer la délivrance, à présent il commença à ressentir rétroactivement le bonheur d'avoir été sauvé. Car cela valait bien le coup d'avoir été sauvé, pour pouvoir se réjouir de la Délivrance du peuple juif.
A présent, il pouvait appeler son 2e fils Eliézer, pour remercier Hachem comme il se doit et avec toute la gratitude qui s'impose, de l'avoir sauvé.

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-> Le rav Moché Feinstein (Darach Moché) explique que Moché réfléchit et réalisa qu'Hachem ne l'a pas sauvé en vain de l'épée de Pharaon. Il comprit qu'Hachem l'a sauvé uniquement pour qu'il s'élève spirituellement et se consacre à Son Service.
C'est pourquoi, quand il arriva à Midiyan, il entreprit tout ce qu'il pouvait pour s'investir pleinement dans le Service Divin. Ainsi, il comprit que dans ce pays étranger, loin de ses frères, le risque de se perdre et de s'intégrer dans la population était grand.
Cela mettait en péril son élévation spirituelle.

Pour progresser, il lui fallait se distinguer des Midiyanim. Il ne devait surtout pas se fondre dans la masse. C'est pourquoi, il appela son premier fils Guerchom, pour se rappeler constamment qu'il est et doit rester étranger dans ce pays. Il sentait que c'était cela l'urgence du moment pour se protéger spirituellement.

=> Comme Moché avait compris qu'il n'a été sauvé de Pharaon que pour s'investir dans le Service d'Hachem, et que cela devait passer par le fait de se sentir étranger à Midiyan, pour ne pas s'assimiler, il convenait donc avant tout de nommer son premier fils Guerchom.
Par cela, il se rappellera toujours qu'il n'est qu'un étranger et ne doit pas s'assimiler, et de la sorte, il pourra s'investir dans le Service Divin, même dans un pays hostile à ce service.

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-> Certains commentateurs expliquent que les tsadikim se réjouissent encore plus des souffrances que des bienfaits, car les souffrances expient les fautes, mais aussi élèvent et raffinent encore plus l'homme.
C'est pourquoi, Moché donna encore plus de priorité à l'épreuve qu'il vivait, de se retrouver étranger dans un pays étranger, plus encore qu'au miracle qu'il a vécu d'avoir été sauvé de l'épée de Pharaon

"Si quelqu'un suspecte une personne d'avoir fait quelque chose qu'elle n'a pas fait, il a l'obligation de lui faire une bénédiction"

[guémara Béra'hot 31b]

-> On apprend cela de Eli haCohen, qui soupçonna à tord 'Hanna de s'être enivrée.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
On doit accomplir scrupuleusement cet enseignement de nos Sages, et on doit également savoir que dans un tel cas (suspicion à tord), la bénédiction a une grande influence, car l’affront subi par celui qui a été soupçonné à tort réveille dans le Ciel un flot de miséricorde Divine.

"Avant de prier, je prie pour être capable de prier correctement."

[le Divré 'Haïm - rabbi 'Haïm Halberstam de Tsanz]

"A Roch Hachana, les livres des vivants et les livres des morts sont ouverts devant Lui (Hachem)"
[guémara Roch Hachana 32b - וספרי חיים וספרי מתים פתוחין לפניו]

-> Selon nos Sages, cela signifie qu'on juge les morts en fonction de ce qu'ils ont laissé derrière eux.
Si leurs enfants (ou élèves) sont droits et craignant Hachem, alors même s'ils sont déjà morts il y a de longues années, on ouvre de nouveau leur dossier, et on vérifie les actes de leurs descendants, et quand on voit que ce sont des justes, on fait monter leur père de niveau en niveau dans le monde qui est entièrement bon.
Si malheureusement, ils ont laissé des enfants qui ne suivent pas les voies de la Torah, on les fait descendre de niveau en niveau.

Par conséquent, même de nombreuses années après leur décès, on les juge dans le Ciel en fonction de ce qu'ils ont laissé derrière eux.

[c'est pour cela que nos Sages enseignent que le plus grand respect des parents se fait une fois qu'ils sont morts, et que leur évolution dans le monde de l'éternité, dépend totalement de nos actions!]

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-> Le 'Hemdat Shlomo (rav Shlomo Zalman Lifshitz) donne une autre explication :
Il est nécessaire d'ouvrir les livres des morts, car lorsqu'une personne est jugée, absolument tout est pris en compte, ce qui inclut qui étaient ses ancêtres, et de quelle façon cela l'impacte.
Peut-être que si l'origine de ses fautes provient de ses générations antérieures, alors sa punition ne sera pas aussi sévère.

"Chaque lettre dans notre sainte Torah, même la plus petite, représente un monde entier, un immense univers de lumière Divine.

J'aimerais le comparer à un plan d'architecte.
Sur un petit bout de papier, l'architecte conçoit l'agencement de l'ensemble d'un bâtiment avec ses appartements, ses escaliers, son toit et ses couloirs, dessinant de fines lignes et des cercles, faisant de petites marques ici et là.
Pour le non-initié, le plan apparaît comme un simple dessin fait de gribouillis et de traits. Mais le constructeur sait que chaque petit carré représente un magnifique vestibule avec de splendides arches et colonnes, et que chaque minuscule cercle symbolise un corridor entouré d'une majestueuse colonnade.

De la même manière, chaque lettre de la Torah représente un monde indescriptiblement génial et élevé, un univers céleste qui transcende notre compréhension
[et oui, la Torah est le plan de l'architecte des architectes : Hachem!].

Et lorsque les lettres individuelles sont reliées pour former un mot, les mondes qu'elles représentent se combinent et une structure merveilleusement spirituelle apparaît. Une merveille des merveilles!
[et si nous n'avons pas conscience de cela dans ce monde, c'est afin de préserver notre libre arbitre]."

[le Béer Mayim 'Haïm - Dévarim]

Garder sa langue

+ Garder sa langue :

La 1ere et la dernière lettre de la Torah Écrite forment le mot : "lév" = le cœur, et c'est ce que Hachem attend le plus de nous.
b'h, Nous allons voir que l'importance de garder sa langue se trouve en allusion dans la Torah Orale.

La lettre "mém a une forme ouverte : מ et une forme fermée : ם.
Lorsque nous commençons à parler, nous ouvrons notre bouche avec le "mém ouvert" (מ), et quand nous terminons, nous fermons notre bouche avec le "mém fermé" (ם).

La Torah Orale (au sens des 6 traités de michna) :
- commence par la michna Béra'hot et avec un "mém ouvert" (מאימתיי).
En effet, les premiers mots sont : "méémataï korim ét Shéma" (מאימתיי קורין את שמע - A partir de quelle heure peut-on réciter le Shéma?) ;

- et se termine par la michna (Ouktsin), dont la dernière lettre est un "mém fermé" (בַשָּׁלוֹם).
En effet, elle se finit par le Téhilim (29,11) : "Que Hachem donne de la force à Son peuple! Que Hachem bénisse Son peuple par la paix!" (ה' עֹז לְעַמּוֹ יִתֵּן ה' יְבָרֵךְ אֶת עַמּוֹ בַשָּׁלוֹם).

=> La leçon que nous apprenons est que la seule forme de discours digne d'intérêt est la discussion de sujets de Torah. [en dehors des autres paroles véritablement nécessaires]

Par comparaison, toutes les autres conversations sont insignifiantes.

[d'après le Zéra Kodéch (Vaéra) - rabbi Naftali Tsvi Horowitz de Ropshitz]

Pendant le mois d'Elloul, les âmes des justes de la génération du désert viennent aider chaque juif à se repentir et à se rapprocher du Créateur.

['Hidouché haRim - dans son Séfer Haz'hout]

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+ Etre juif (Yéhoudi) = c'est savoir reconnaître ses erreurs => faire téchouva!

-> Tous les juifs sont appelés d'après le nom de Yéhouda, car celui-ci avait l'habitude de reconsidérer sa conduite.
En effet, sensible à ses manquements, il les reconnaissait immédiatement, comme le met en avant la bénédiction que lui adressa son père Yaakov : "Pour toi Yéhouda, tes frères te rendront hommage" (Vayé'hi 49,8), le Targoum expliquant : toi tu as avoué et n'as pas craint.

Yéhouda eut le courage de reconnaître publiquement son erreur concernant l'épisode de Tamar en disant : "C'est elle qui a raison, contrairement à moi".
La guémara (Sotah 7b) souligne que Yéhouda n'eut pas honte de reconnaître sa faute et qu'a-t-il eu en retour? Il mérité la vie dans le monde à venir.

[issu d'un divré Torah du rav David Pinto]

"Les juifs doivent se fier à D. comme un enfant a confiance en son père.

L'enfant ne comprend pas toujours les actes de son père mais cela ne l'empêche pas de s'en remettre entièrement à lui.
Les juifs doivent avoir une foi inébranlable en Hachem et savoir que tous Ses actes et Ses commandements ont pour seul but le bien de Son peuple."

[le 'Hizkouni - rapporté dans le Méam Loez (Réé - 14,1-2)]

Shofar – réveiller la miséricorde Divine

+ Shofar - réveiller la miséricorde Divine :

-> Nous sonnons le Shofar pendant le mois d'Elloul, qui est composé de 29 jours, ainsi que durant les 2 jours de Roch Hachana, soit un total de 31 jours.
Cependant, le Shofar n'est pas sonné à Shabbath et la veille de Roch Hachana.
[on peut noter que : שבת est l'acronyme de : שבת במקום תרועה (Shabbath à la place de [la sonnerie] Téroua - Shabbath bim’kom téroua).]

En retirant 5 (4 Shabbath et 1 jour de la veille de Roch Hachana), nous arrivons à un total de 26 jours où nous sonnons le Shofar, ce qui est la valeur numérique du nom Divin (Tétragramme) qui représente Sa miséricorde, et c'est ce que nous désirons tout particulièrement à ce moment si vital pour l'année à venir.

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-> Béréchit = au commencement, Hachem créa ...

Lorsque nous comptons 26 lettres à partir du ש de : "achamayim" (השמים - v.1), qui est dans le 1er verset de la Torah, nous parvenons à un : ו (du mot : ובהו - vavo'ou - v.2), puis en comptant à nouveau 26 lettres nous arrivons à un : פ (du mot : מרחפת - méra'héfét - v.2), puis en comptant encore 26 lettres, nous parvenons à un : ר (du mot : אור - or - v.3).

=> Ces lettres forment le mot : שופר (Shofar), en allusion au fait qu'il permet d'amener la miséricorde Divine.

[ces 4 lettres formant Shofar, se trouvent dans les 3 premiers versets de la Torah, en allusion au 3 types de sonneries utilisées.]

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-> Il est écrit : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé pour notre solennité" (Téhilim 81,4), soit en hébreu : תקעו בחדש שופר בכסה ליום חגנו.

On peut noter que :
- les lettres précédentes du mot : חדש ('hodéch) permettent de former גזר (gézar - un décret).
[le ח vient après le ז ,de même : ד et ג ; et de même ; ש et ר]

- les lettres précédentes de : שפר (Shofar) forment : קרע (kéra)
[le ש et ר , de même פ et ע , et également ר et ק]

- les lettres précédentes de : כסה (kissé) forment : דין (din).
[le כ et י , de même ס et נ , et également ה et ד .]

=> Ainsi, en prenant à chaque fois la lettre venant avant, nous obtenons : kéra gézar din (דין גזר קרע) qui signifie : déchirer le décret de justice/le jugement.
On a donc le lien suivant : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé" = déchirer le décret de justice, pour avoir à la place celui plein de miséricorde.

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-> Le Panim Yafot (A'haré Mot) fait remarquer que pendant le mois d'Elloul, nous récitons le téhilim : "léDavid Hachem ori" (לדוד ה אורי - Téhilim 27), qui contient 13 fois le nom Divin (יְהוָה), en correspondance avec les 13 Attributs de miséricorde.
Or, nous lisons ce téhilim 2 fois par jour (matin et soir), ce qui fait que chaque jour il nous permet de mentionner 26 fois le nom Divin lié à la miséricorde (qui a lui même une valeur numérique de 26 - יְהוָה).

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-> Le Bné Yissa'har explique que nous trempons la 'halla dans le miel, car : דבש (miel - dvach) a une guématria de 306, qui est la même que : אב הרחמים (av ara'hamim), ou bien que : אב הרחמן (av ara'haman), qui signifient : "Père miséricordieux".

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-> Il est intéressant de constater que le nom Divin de justice est : א-דני (A- donay) et il peut se décomposer :

- en א = allusion à Roch Hachana qui est le 1er jour de l'année juive ;
- en י = le 10 fait allusion à Yom Kippour qui est le 10e jour de l'année (le 10 Tichri) ;
- et il reste au milieu de ces 2 lettres : דן (din - jugement), car c'est alors que nous sommes jugés.

=> d'où l'importance du Shofar, comme il est écrit par exemple :

-> "Hachem déclare à Israël : ‘De même que, dans le Shofar, le son entre d’un côté et ressort de l’autre, ainsi Je me lèverai du trône de justice pour m’asseoir sur celui de miséricorde en changeant l’attribut de rigueur en attribut de miséricorde’
[…]
L’homme souffle d’un côté et le Shofar émet un son de l’autre, de même, tous les accusateurs vous incriminent devant Moi, et Je les écoute d’un côté et les fais sortir de l’autre."
[midrach Téhilim 81]

-> "Grâce au Shofar, car sa voix s’élève dans les cieux et éveille le Shofar d’en-haut, ce qui stimule l’attribut de miséricorde.
Hachem quitte alors son siège de justice, s’assoit sur celui de la clémence et prend Son peuple en pitié.
Alors l’accusateur ne sait que faire, Israël se repent et le Satan ne peut plus rien devant le trône de miséricorde."
[Hachmatot haZohar – Béréchit – p.254]

-> "Lorsque le peuple juif sonne du Shofar, Hachem se lève du Trône de justice et prend place sur le Trône de miséricorde.
Hachem est alors rempli de miséricorde, et Il inverse l’Attribut de justice en miséricorde."
[Yalkout Chimoni Téhilim 47]

-> "Heureux le peuple connaissant la téroua [du Shofar]" (Téhilim 89,16)
Rabbi Yéchaya fait remarquer que les autres nations savent également souffler pour produire une sonnerie.
Cependant : "Heureux est le peuple qui sait comment apaiser Son Créateur par la sonnerie du Shofar."
[midrach Yalkout Chimoni – Vayikra 645]

-> Les Tossafot (guémara Arakhin 10b) écrivent que les anges disent un cantique à Roch Hachana et Yom Kippour, parce qu’En-Haut ils voient D. se lever du trône de justice et prendre place sur le trône de pitié.

-> "Les sonneries du Shofar apportent les prières du peuple juif dans le Saint des Saints devant la présence divine, et entraîne Hachem à se rappeler de nous avec miséricorde."
[le Ritva – guémara Roch Hachana 26a]

-> "La sonnerie du Shofar réveille la compassion du Ciel et amène la faveur Divine, une subsistance abondante et toutes les bonnes choses sur ce monde au profit du peuple juif."
[Beit Pin'has]

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-> Si la sonnerie du Shofar fait déplacer Hachem sur Son Trône de Miséricorde, alors chaque année devrait être bonne, sans misère. Pourquoi n'est-ce pas le cas?

C'est que le son du Shofar n'est efficace que s'il pousse les gens à faire téchouva.
En effet, le mot Shofar est en lien avec : "shapérou maaché'hem" (améliorez vos actions).
[le Yichma'h Moché - Roch Hachana]

[on ne doit pas aborder le Shofar comme si on allait au concert, où ce qui se passe est extérieur à nous, et où l'on y va parce qu'on ne peut pas ne pas y aller (qu'en dira-t-on! ça ne se fait pas!).
Au contraire, nous devons saisir le Shofar, et profiter de sa puissance pour le plus possible alimenter notre processus de téchouva, de retour vers notre Source première : Hachem! ]

"Si un homme a un fils dévoyé et rebelle, sourd à la voix de son père comme à celle de sa mère et qui, malgré leurs corrections, persiste à leur désobéir" (Ki Tétsé 21,18)

-> "Le cas du fils dévoyé et rebelle ne s'est jamais présenté et n'aura lieu.
Alors pourquoi le verset l'évoque-t-il?

Pour que tu l'étudies et que tu reçoives la récompense [de l'étude].
[guémara Sanhédrin 71a]

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-> La Torah est infinie, pour quelle raison était-il nécessaire de faire mention d'un cas purement théorique?

Rav Israël Salanter (Ohr Israël) répond que la Torah connaît différents degrés d'importance.
Il y a "l'étude réalisée pour l'accomplir", et à un niveau supérieur, il existe celle à laquelle on s'astreint d'étudier uniquement en vertu du décret divin, et ce même si elle ne conduit à aucune application concrète.

=> La Torah évoque le cas de l'enfant dévoyé et rebelle afin d'offrir au peuple juif le mérite de ce formidable degré d'étude : une étude 100% parce que Hachem nous l'a ordonné!!

[nous pouvons étudier des mitsvot qui se feront lorsque le Temple sera reconstruit, mais on ne sera jamais au 100% uniquement pour l'étude de cette mitsva, car d'une certaine façon on a en tête l'idée qu'on pourra les appliquer très rapidement avec la venue du machia'h.]

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-> Lorsqu'un juif étudie la Torah, il unit son esprit à la volonté et à la sagesse infinie de Hachem.
Le lien spirituel qu'il établit avec D. ne dépend pas de l'application du concept étudié.
[Méam Loez]

-> Le Méam Loez cite également l'idée suivante du Maharcha (et du Séfer 'Hassidim) :
Les parents doivent dominer leur sentiments naturels de pitié envers leurs enfants, et les discipliner quand cela est nécessaire.
Bien qu'il n'ait jamais existé de fils rebelle qui ait subi les sévères châtiments mentionnés dans les versets, il y a certainement des moments où nous devons corriger nos enfants plus sévèrement s'ils négligent l'étude de la Torah et son observance.

-> Rabbénou Bé'hayé enseigne :
Ce commandement nous montre le niveau que doit atteindre notre amour pour D.
En attachant son fils Its'hak pour le sacrifier, Avraham a montré que son amour pour D. surpassait son affection naturelle pour son fils.
Les parents d'un enfant rebelle doivent faire preuve d'un amour envers D. semblable à celui d'Avraham.

[de façon plus large cela peut renvoyer à toutes les fois où nous laissons nos sentiments venir impacter nos choix de la vie.
En effet, Rachi (Ki Tétsé 21,22) écrit que les parents du fils rebelle ne gagneront rien à avoir pitié de lui. Lorsqu'il grandira, il commettra des fautes punissables de la peine de mort. Il faut donc l'exécuter tant que, dans une certaine mesure, il est innocent.
=> De même, nous devons parfois savoir sacrifier le fruit de nos désirs dans leur jeunesse, pour nous éviter de commettre des fautes graves dans le futur.]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Sanhédrin 71a) explique que la paracha du "ben sorer oumoré" a été écrite comme moussar pour le peuple d'Israël.

Le yétser ara peut convaincre les juifs en leur disant : "vous êtes les enfants de Hachem votre D." (banim atem laShem Eloké'hem) : quoique vous puissiez faire, Il fermera les yeux et ne vous punira pas.
Cependant, la paracha de l'enfant dévoyé et rebelle vient nous dire qu'un tel enfant est amené par son père et sa mère au beit din et qu'il est condamné à mourir.

La guémara enseigne que toute la paracha s'applique à un "ben" (fils) et non pas à une "bat" (fille).
"Ben" fait référence au peuple d'Israël, et "bat" fait allusion aux autres nations du monde.
Le message est clairement destiné aux juifs qui peuvent penser que leur statut d'enfants de Hachem retire la nécessité de faire téchouva car leur Père au Ciel ne les punira pas.

=> Cette paracha est un message direct aux juifs afin qu'ils fassent téchouva.

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-> Pourquoi est-ce qu'un enfant dévoyé et rebelle (בֵּן סוֹרֵר וּמוֹרֶה) est-il mis à mort?

C'est parce qu'il s'est éloigné du véritable chemin de la Torah.
Il est "moré" (un enseignent - מוֹרֶה), apprenant aux autres à s'en éloigner également.
Or, ce crime est plus grave que le fait de tuer quelqu'un, car la victime a alors droit au monde futur, tandis que celui qui pousse son prochain à la faute, entraîne que sa victime perd à la fois ce monde-ci et celui à venir.

[Rabbi Ména'hem de Kotzk]

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-> Selon Rachi : Le fils dévoyé et rebelle était tué en prévision de son avenir : la Torah pénètre le fond de sa pensée. Elle voit que cet enfant en viendra à dilapider l'argent de son père, et cherchant en vain à assouvir ses passions, il se tiendra à la croisée des chemins et détroussera les passants.
La Torah dit donc : Qu'il meure innocent et q'il ne meure pas coupable!

-> "On ne condamne l'homme qu'en vertu de ses actes présents, comme il est dit [au sujet d'Ichmaël] : "D. a entendu la voix de cet enfant s'élever de l'endroit où il demeure"."
Rachi d'expliquer : "ses actes présents" = même s'il viendra plus tard à se pervertir.

-> On trouve la même idée dans le midrach (Béréchit rabba 53,19) :
"Les anges de service dirent à Hachem : Maître du monde! Cet homme [Ichmaël] viendra un jour à faire mourir Tes enfants par la soif, et Toi, Tu fais apparaître pour lui un puits?"
D. répondit : "Qu'est-il aujourd'hui? Un juste ou un racha?"
Les anges dirent : "Il est un juste".
D. repris : "Je ne juge l'homme que selon le moment présent!"

-> On peut citer un autre midrach (63,11) :
"Lorsque Chmouël vit que David était roux, il fut saisi de crainte et se dit : "Celui-ci sera un meurtrier comme Essav!"
Hachem lui montra alors que David avait de beaux yeux" (Chmouël I 16) : c'est-à-dire que contrairement à Essav, qui tuait selon son bon vouloir, David ne tuerait des hommes que selon les prescriptions du Sanhédrin".

Le roi David était né sous l'influence de Maadim (Mars), et la guémara (Shabbath 156a) affirme que les enfants nées sous ce signe ont une tendance naturelle à être des meurtriers. Nos Sages leur conseillent par exemple de devenir mohalim (circonciseurs) : permettant ainsi de "verser du sang" pour une noble cause.
Hachem rassura donc Chmouël, et lui dit : "Va oins-le, car c'est lui! (Chmouël I 16).

=> Selon le rav Eliyahou Lopian, nous pouvons en dire que l'on ne doit pas juger l'homme selon ses tendances innées, car il peut toujours les utiliser pour le bien.
C'est qu'a fait le roi David, il ne laissa pas sa cruauté le dominer, et il su orienter ses pulsions pour accomplir la volonté de Hachem.

==> Comment comprendre alors qu'on juge l'enfant rebelle en fonction de son présent?

-> Le rav Eliyahou Lopian, au nom du Mizra'hi dit : contrairement à Ichmaël, le fils dévoyé commence dès son jeune âge à commettre les actes qui finiront pas le perdre.

Par son attitude très jeûne, il réduit à néant son libre arbitre, et le dénouement de sa vie est donc connu par avance : il dilapidera l'argent de son père, après quoi il continuera à chercher à assouvir ses pulsions, et lorsqu'il n'y arrivera pas il en viendra fatalement à piller ses semblables et à commettre des meurtres.
C'est pourquoi la Torah le juge dès à présent comme s'il avait déjà commis ces méfaits, sans attendre que les actes justifiant sa condamnation soient concrètement perpétrés.

=> Ceci nous montre l'extrême pouvoir des habitudes : les mauvaises tendances peuvent toujours être corrigées par la force du libre arbitre, mais l'accoutumance à une action assujettit l'homme et le contraint à commettre ce qu'elle lui dicte.
En ce sens le roi Chlomo préconise : "Donne au jeune homme de bonnes habitudes dès le début de sa carrière ; même avancé en âge, il ne s'en écartera pas" (Michlé 22,6)

[c'est sur l'inverse de cela que l'enfant dévoyé a été jugé en avance de ses actions futures]

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+ Comment expliquer la différence de traitement entre Ichmaël (jugé sur son avenir) et l'enfant rebelle (jugé sur son présent)?

-> Le Maharcha explique que pour Ichmaël, ce sont ses descendants, et pas lui en personne, qui vont faire du mal. Lui, personnellement, n’a pas entraîné du mal pour les juifs. Ichmaël a lui-même fait téchouva!

C’est pourquoi, lui, qui est et qui restera toute sa vie innocent, n’a pas été puni par rapport à la faute future de ses descendants.
En revanche, pour l’enfant rebelle, c’est la même personne qui a commencée à mal se comporter et qui finira plus tard par commettre des fautes passibles de mort. Dans ce cas, Hachem l’a jugé par rapport au futur.

-> Le Sfat Emet dit que concernant le jugement du Ciel, Hachem ne condamne une personne que par rapport à sa situation présente. C’est pourquoi, Ichmaël qui a été ici jugé par Hachem, a été innocenté, car dans le présent il n’était pas condamnable.
En revanche, l’enfant rebelle est jugé par le tribunal terrestre, la Torah préconise que les juges doivent le lapider. En effet, en ce qui concerne le jugement humain prévu par la Torah, les juges tiennent compte du futur pour condamner cet enfant dès à présent.

-> Le Rav Ayzik Cher propose une autre explication.
Il a une différence entre la stricte justice et le comportement de miséricorde :
- La justice veut que l’on juge un homme par rapport à son état présent, en faisant abstraction de son devenir dans le futur.
- Le fait de condamner une personne parce qu’il va fauter plus tard, n’est pas juste. En revanche, parfois la miséricorde Divine veut que l’on condamne un homme au présent par rapport à ses fautes futures. En effet, une personne encore innocente pourra être condamnée si on sait qu’il va fauter, pour qu’il meure innocent et non coupable, lui évitant de graves punitions, voir même la perte de son monde futur.
=> Cela est une bonté que lui fait Hachem.

C'est ainsi que :
- Ichmaël qui n’était pas particulièrement apprécié par Hachem, a été jugé d’après la loi stricte, par rapport au présent, où il était encore innocent. Et ce, même si son sauvetage miraculeux a entraîné qu’il ait des enfants qui fassent souffrir les juifs, ce qui lui causera de grandes peines et de graves souffrances.

- le fils rebelle, en revanche, qui est juif et apprécié (malgré tout) par Hachem, est dirigé par la miséricorde Divine.
Hachem préfère qu’il meure innocent plutôt que coupable.

-> En ce qui concerne les mitsvot et les récompenses, Hachem prend en compte le futur. Si un homme n’est pas méritant dans le présent, mais qu’il va le devenir, Hachem peut le sauver et lui donner un mérite, par rapport à ses bonnes actions futures.

Il est écrit : "Les enfants d'Israël allèrent accomplir ce que Hachem avait ordonné" (Chémot 12,28)
Le midrach (Yalkout Chimoni 208) de commenter : "A ce moment, ils ne l'avaient pourtant pas encore accompli. Ceci nous apprend qu'ils prirent la résolution d'accomplir, et la Torah considère à cet égard que c'est comme s'ils l'avaient fait concrètement."

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-> Rabbi Aharon Kotler (Michnat Aharon p.190) rapporte une guémara (Yérouchalmi) suivante : "Hachem vit par avance que la fin de cet enfant serait [...] de dépouiller les hommes, de tuer ses semblables et finalement d'oublier son étude".

Il commente : Si l'on n'avait pas la certitude qu'il en viendrait un jour à oublier son étude, l'espoir que la lumière de la Torah le remette sur le droit chemin aurait persisté, et au regard de cette éventualité, jamais il n'aurait été condamné à mort par anticipation.

Comme le dit le Ram'hal, (Messilat Yécharim), le seul remède que l'on connaisse pour lutter face aux agressions du yétser ara se trouve dans la Torah.
Sans attachement à la Torah, son avenir est scellé et sans espoir, dès aujourd'hui.

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+ "Il n'écoute pas la voix de son père ni la voix de sa mère" (Ki Tétsé 21,18)

-> Selon la guémara (Sanhédrin 71a), les lois sur le fils "dévoyé et rebelle" ne s'appliquent que si les voix de son père et de sa mère s'expriment à l'unisson.

-> Rav 'Haïm Kanievsky fait observer que la conduite des parents dans leur foyer constitue la meilleure éducation qu'un enfant puisse recevoir.

Lorsqu'il voit son père et sa mère se comporter selon les croyances qu'ils professent et qu'ils l'incitent à suivre, on a toutes les raisons de penser qu'il les imitera plus tard.

Mais s'il ne voit chez eux que querelles et hypocrisie, non seulement ne les suivra-t-il pas, mais nous n'avons pas le droit de le juger, car il n'en porte pas la responsabilité.
[d'où la nécessité que ses parents doivent "s'exprimer à l'unisson"]