Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

La Torah fixe la date de Roch Hachana ainsi : "Parle aux enfants d'Israël: au 7e mois, le 1er jour du mois" (Emor 23,24), en mentionnant le mois avant le jour.
Or, on peut observer que c'est l'inverse lorsqu'il s'agit de Yom Kippour ("le 10e jour de ce mois") et de Souccot ("le 15 de ce 7e mois"), où le jour vient avant le mois.

Une raison peut être qu'à Roch Hachana, les juifs sont jugés, et que Hachem dans Sa miséricorde va inclure dans Son compte toutes les mitsvot que les juifs s'apprêtent à réaliser pendant ce mois [de Tichri].
Ainsi à Roch Hachana, Il nous crédite déjà pour le jeûne de Yom Kippour, et des très nombreuses mitsvot associées à Souccot et Shémini Atsérét, en considérant comme si on les avait déjà accomplies. [d'où le fait que le mois vient avant le jour!]

Cela augmente les mérites du peuple juif devant la Court Céleste.

[rabbi Yissa'har Dov de Belz - Vayaged Yaakov]

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[Pour notre jugement, Hachem dans Sa miséricorde va retirer nos fautes (grâce à la téchouva), et va déjà comptabiliser nos mérites à venir.
Cela témoigne du fait que Hachem nous aime infiniment, et qu'Il cherche constamment à nous combler du meilleur, même si nous n'en avons pas forcément conscience!]

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18)

b'h, Nous allons voir 3 explications rapportées par le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou).

-> 1°/ Bannir la jalousie :

Le Ramban (Vayikra 19,17) explique que l'expression : "comme toi-même" n'est pas à prendre au pied de la lettre.
En effet, la nature humaine est incapable de suivre une telle ligne de conduite.
De plus, la règle veut que "ta vie passe" avant celle de ton prochain".
Il est donc impensable que la Torah exige d'accorder à autrui la même importance qu'à soi-même.

=> Selon le Ramban, "aimer autrui comme soi-même" signifie : effacer de son cœur tout soupçon de jalousie, au point de vouloir pour autrui tout le bien que l'on aimerait avoir soi-même.

En effet : "il arrive parfois qu'un homme aime son prochain dans certains domaines bien spécifiques, par exemple s'il lui souhaite la richesse mais non la sagesse ...
Il souhaitera posséder toujours davantage que son prochain dans chaque domaine spécifique

C'est pourquoi la Torah nous ordonne de ne pas laisser cette jalousie malsaine résider dans nos cœurs.
Au contraire, on souhaitera à l'autre tout le bien que l'on aimerait avoir soi-même, sans restriction.
C'est pourquoi, il est dit au sujet de Yonathan qu'il "aimait David comme lui-même", c'est-à-dire qu'il avait effacé de son cœur toute trace de jalousie, au point de lui annoncer qu'il "régnerait sur Israël". "

=> Cette mitsva traite d'une réalité bien humaine, selon laquelle chaque individu se considère comme unique, et aspire à se découvrir une qualité, une valeur ou même une toute petite disposition par laquelle il se distinguera des autres.

La Torah nous signifie que ce sentiment n'est que basse jalousie, car à l'origine de cette attitude, il y a seulement l'illusion de pouvoir se targuer d'être supérieur à autrui.
C'est pourquoi la Torah, nous impose de souhaiter à l'autre tout ce qu'on se souhaite à soi-même, en ayant conscience que cela n'ôtera rien à notre valeur propre.

[quoi que puisse avoir mon prochain, cela ne viendra jamais réduire ce que j'aurai pu avoir, car Hachem n'a pas de limitation]

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-> Le Rambam, sur cette jalousie qui vient limiter l'amour que l'on porte à autrui, n’entend pas qu’il faut aimer le corps de l’autre vraiment comme le sien, ce qui est impossible du fait que l’on ne ressent pas la douleur ou la jouissance physique d’autrui comme la sienne, individuelle. Le but est en fait de ne pas envier le bien dont l’autre jouit, et de ne pas vouloir qu’il soit limité ou ne dépasse pas le nôtre, de même que l’on ne fixe pas de limite au bien que l’on voudrait recevoir à titre personnel ...

Du fait de son aspect matériel, l’homme a tendance à penser que le monde entier lui appartient et, de ce fait, lorsqu’il voit ce que l’autre a, il a l’impression qu’il lui a pris quelque chose et en éprouve dépit et jalousie.
[d'après le rav David Pinto - La voie à Suivre n°1020]

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-> 2°/ "Comme toi-même" véritablement :

Le rav Eliyaou Dessler enseigne :
Une personne qui prodigue le bien de toute son âme s'unit à son prochain au point de ne faire plus qu'un avec lui, et de ne plus pouvoir éprouver la moindre rancœur envers quiconque.

Lorsqu'on comprend que les membres du peuple juif sont comme les différents organes d'un même corps (*), les torts infligés par autrui ne sont plus le fait d'une autre personne, mais de soi-même.
Or, peut-on concevoir de se venger soi-même?
=> A cet égard, aimer autrui "comme soi-même" doit se prendre au sens premier!

(*) : "Si, en découpant de la viande avec une main, on se blesse l'autre main, en viendrait-on pour autant à se venger de la 1ere main?"
[Le peuple juif forme une seule entité, et se venger d'autrui revient à se venger de soi-même.]
[guémara Yérouchalmi Nédarim 9,4 ]

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-> 3°/ De l'amour de D. à l'amour des hommes :

- "Lorsqu'un homme aime son prochain, qui est créé à l'image de Hachem, c'est en fait D. Lui-même qu'il aime et honore"
[Rekanati - Kédochim]

A l'inverse, en agissant contre son prochain, "sache que tu offenses : l'image divine par laquelle l'homme fut façonné". (midrach Béréchit rabba 24).

=> Cet amour du prochain émane ainsi de l'attachement au Créateur, quand un homme se soumet entièrement à Hachem, il ressent également une soumission envers son prochain.
Plus notre soumission à D. s'intensifie, plus nous avons envie d'augmenter nos signes d'amour envers notre prochain, car celui-ci renferme en lui l'image de Hachem.

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-> "Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah."
[midrach Béréchit rabba 24,8]

-> Dans l’ouvrage Yessod Tsadik, il est rapporté qu’une fois, Rabbi Chlomké de Zwil s’adressa à son bedeau, Rabbi Eliahou Roté, pour l’interroger sur le sens des paroles de Rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c’est un grand principe de la Torah". Si ce Sage le décrit comme "un grand principe", il sous-entend qu’il existe aussi un "petit principe" ; quel est-il?

Rabbi Eliahou resta silencieux, dans l’attente de la réponse de son maître.
Celui-ci poursuivit alors : "Par exemple, si tu entends qu’un vendeur d’étroguim a gagné un immense bénéfice, le petit principe t’enjoint de ne pas être jaloux de sa réussite, car “ce que tu n’aimes pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui” (Chabbat 31), tandis que le grand principe te demande non seulement de ne pas en éprouver de la peine, mais en plus de te réjouir comme si tu avais toi-même gagné cet argent. C’est ce que signifie aimer son prochain comme soi-même."

"Lorsque vous viendrez dans le pays et que vous planterez tout arbre comestible, vous considérez ses fruits comme interdits ; 3 ans ils vous seront interdits, ce ne sera pas mangé. Et la 4e année, tous ses fruits seront consacrés à la louange de Hachem. Et la 5e année, vous mangerez ses fruits" (Kédochim 19,23-25)

-> Durant les 3 premières années suivant la plantation d'un arbre, ses fruits sont interdits à tout usage.
La 4e année, ces fruits sont saints et doivent être consommés à Jérusalem.

-> Le Ramban donne une raison à cette interdiction.
Les 1ers fruits d'un arbre devraient être destinés à louer D. et à Le remercier.
Or, pendant les 3 premières années un nouvel arbre n'est pas suffisamment développé pour produire des fruits sains et ayant un goût d'une qualité supérieure.
La Torah nous ordonne donc d'attendre la 4e année pour pouvoir manger à Jérusalem des fruits ayant le meilleur goût, succulent et d'une belle apparence.
[meilleurs ils sont, mieux nous pouvons en venir à remercier D.]

-> Le midrach (Bamidbar rabba 10,1) fait remarquer que le verset qui suit cette mitsva de la Orla, est : "Vous ne mangerez pas sur le sang" (Kédochim 19,26), dont Rachi commente : c'est l'interdiction de consommer de la chair des offrandes avant aspersion du sang.

Le midrach explique que la mitsva de Orla a pour objectif de nous enseigner que la patience est une qualité très précieuse.

La nature humaine est telle que nous recherchons à avoir des résultats rapidement, voir immédiatement. Ainsi, après avoir abattu un animal, de nombreuses personnes désirent manger la viande tout de suite.
Pour nous aider à surmonter cette tendance naturelle, Hachem nous ordonne d'attendre jusqu'à ce que tout le sang en soit vidé.

La Torah renforce cette leçon en juxtaposant la mitsva de la Orla, qui nécessite d'attendre 3 années entières avant de pouvoir consommer les fruits d'un nouvelle arbre, avec l'interdiction de manger "sur le sang".

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-> Hachem nous a ordonné de ne pas manger les fruits d'un arbre au cours des 3 années suivant sa plantation parce qu'un esprit impur repose sur l'arbre.
Quiconque mange de son fruit se nourrit de cet esprit.

Après 3 ans, un esprit repose sur l'arbre. En effet, la Torah dit : "La 4e année, tous ses fruits seront saint, destinés à susciter la louange à Hachem" = la 4e année, lorsque l'esprit saint repose sur l'arbre, tous les fruits qui poussent sont considérés comme saints.
[Méam Loez - Kédochim 19,24-25]

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-> "De tout arbre du jardin, tu pourras manger ; mais de l'Arbre de la Connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras pas" (Béréchit 2,16-17)

Rabbi Yissa'har Frand fait remarquer qu'il y a une apparente contradiction : d'un côté Adam a le droit de manger de tout arbre, mais cependant un arbre lui est interdit. Comment comprendre cela?

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Kédochim 19,26) explique que Adam avait en réalité l'autorisation de manger de l'Arbre de la Connaissance, mais il y avait une condition : il devait attendre jusqu'à Shabbath.
En réalité, si Adam avait attendu, il aurait fait le Kiddouch sur le vin provenant des raisins de l'Arbre de la Connaissance.

=> Ainsi, la faute d'Adam n'est pas d'avoir mangé d'un fruit par nature interdit, mais plutôt de ne pas avoir attendu le bon moment avant de pouvoir le consommer.
Les conséquences d'une telle erreur d'impatience furent énorme, et nous en payons le prix même de nos jours!!

Selon la guémara (Sanhédrin 38b), Adam a reçu l'interdiction de manger de l'Arbre de la Connaissance le 6e jour de la Création (vendredi) à la 9e heure, et à la 10e heure il a fauté.

Un des élèves du Arizal enseigne que si une fois reçu l'ordre il aurait attendu pendant 3 heures, il aurait alors eu la permission pour manger le fruit, mais à la place il n'a pas attendu et l'a mangé au bout de 1 heure.

Pour corriger la faute d'Adam d'avoir échoué à attendre 3 heures, la Torah nous donne la mitsva de la Orla, qui nous demande d'attendre 3 années pleines avant de pouvoir consommer un fruit d'un nouvel arbre.

=> Dans notre génération du zapping, du jetable, de l'instantané, la Orla nous transmet le message que nous ne devons pas nous jeter sur ce qui est nouvellement disponible, mais plutôt : est-ce que c'est le bon moment? est-ce que cela me sera spirituellement profitable?

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-> La récompense pour l'observance de ce commande est très grande car il n'est pas facile à accomplir.
L'homme doit travailler très dur pour cultiver un arbre et il ne le fait que pour goûter de ses fruits.
Malgré cela, il doit se retenir de toucher ses fruits pendant 3 ans.

Lorsqu'un homme observe ce commandement, il atteint un niveau de perfection supérieur à celui d'Adam. En effet, lorsque Hachem ordonna à Adam de ne pas manger de l'Arbre de la Connaissance, il se montre impatient et enfreignit l'ordre de Hachem.
Et pourtant, nous qui avons peiné pour planter un arbre et désirons manger de ses fruits, nous savons nous dominer pendant 3 ans par respect pour le commandement de Hachem.
[Méam Loez - Kédochim 19,24-25]

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-> "L’arbre du champ c’est l’homme même" (Choftim 20,19)

Il existe une coutume répandue de ne pas couper les cheveux d'un garçon avant son 3e anniversaire.

=> Ainsi, de même que nous n'avons pas le droit de consommer des fruits d'un nouvel arbre pendant les 3 premières années, de même nous attendons que 3 années pleines de vie soit passées avant de couper les cheveux d'un garçon.

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-> Dans notre verset, la Torah fait allusion à la façon dont il faut éduquer un enfant à l'observance de la Torah :
- "Pendant 3 ans, il sera orla".
Le mot "orla" signifie obturer. La bouche d'un enfant est obturée jusqu'à l'âge de 3 ans. Ne sachant pas encore s'exprimer convenablement, l'enfant ne peut prononcer de paroles de Torah.

- La Torah poursuit : "La 4e année, tous ses fruits seront saints, destinés à susciter la louange à Hachem" = lorsqu'un enfant entre dans sa 4e année, il faut lui apprendre à consacrer tous ses "fruits", toutes ses paroles, à Hachem.
Il doit prononcer la bénédiction sur tous les aliments qu'il consomme et se laver les mains le matin au réveil et avant chaque repas à base de pain.
Ainsi, même à l'âge adulte, il ne perdra pas ces habitudes.

- La Torah termine le verset ainsi : "La 5e année, vous mangerez de son fruit et accroîtrez sa récolte" = lorsqu'un enfant a 5 ans, on lui enseignera la Torah et il accroîtra ses connaissances chaque jour jusqu'à ce qu'il puisse étudier la michna et la guémara.
L'enfant ne doit pas perdre de temps et sera alors aidé d'en Haut.
[Méam Loez - Kédochim 19,24-25]

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Kédochim 19,23-24) fait un commentaire similaire :
C'est aussi à cela que fait allusion l'ordre de planter des arbres fruitiers qui symbolisent "les Bné Torah" (les érudits en Torah). Ils sont comparés à des arbres fruitiers car ils nourrissent l'âme du peuple juif par la Torah qu'ils répandent, ce sont leurs fruits.
D. nous enseigne que la raison principale de notre venue en terre d'Israël doit être de planter ces "arbres fruitiers" qui sont les "Bné Torah". Ce qui prouve bien que notre venue en terre d'Israël a un but moral et spirituel et non pas matériel.

De la même manière que les fruits des 3 premières années sont appelés "orla" (prépuce) et sont donc interdits à la consommation, pendant les 3 premières années aucun son de Torah ne sort de la bouche d'un enfant, il ne donne pas encore de fruits. Il ne sait pas encore parler.
Mais, dès qu'il atteint la 4e année et qu'il commence à parler, son père lui apprend le verset "Torah tsiva lanou ..." et "Shéma Israël". Ce sont ses premiers fruits, en parallèle avec ceux des arbres fruitiers que l'on consomme à Jérusalem en signe de réjouissance.
Et, la 5e année ces fruits seront permis à la consommation. De même, lorsqu'un enfant atteint l'âge de 5 ans, il commence à étudier le Houmach et devient alors un arbre fruitier.

-> Il est à noter que le Ohr ha'Haïm haKadoch dit également sur ce passage :
Le verset fait allusion à l'intention qu'un homme doit avoir en y trouve montant s'installer en terre d'Israël. En effet c'est une terre Sainte et Il ne faut pas y aller pour y chercher des plaisirs matériels ou des profits corporels.
La seule intention que l'homme doit avoir est de profiter de la présence Divine qui s'y trouve car c'est le lieu choisi par D. afin de résider parmi nous.
C'est cela qui doit éveiller en l'homme l'engouement et la passion pour cette terre. Grâce à elle l'homme s'élève spirituellement.

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+ "Avraham était âgé de 3 ans lorsqu'il reconnut (pour la 1ere fois) son Créateur"
[rabbi Ami bar Abba - guémara Nédarim 32a]

-> "Lorsque vous viendrez dans le pays et que vous planterez tout arbre comestible, vous considérez ses fruits comme interdits ; 3 ans ils vous seront interdits, ce ne sera pas mangé. Et la 4e année, tous ses fruits seront consacrés à la louange de Hachem. (Kédochim 19,23-24)

Ainsi, durant 3 années depuis la plantation de l'arbre, les fruits sont entourés d'une écorce (klipa) d'impureté, comme l'excroissance qu'on retire à la circoncision ; c'est pourquoi on ne profite pas de ces fruits de qualité inférieure, durant 3 ans.
A la 4e année, l'écorce disparaît, la qualité des fruits s'améliore et ils sont consacrés, c'est-à-dire qu'ils pourront être consommés à Jérusalem, en hommage à Hachem, avec des louanges.
De même, dès qu'Avraham eut atteint l'âge de 3 ans, l'écorce d'impureté se retira de lui et il devint consacré, ce qui lui permit de commencer à reconnaître Hachem et à lui rendre hommage.

De plus, les fruits de l'arbre ont une potentialité durant les 3 ans où ils sont interdits de profit ; ensuite ces fruits passent au niveau de réalisation concrète et deviennent consommable.
De même, l'homme (à l'exemple d'Avraham) est dans un état de potentialité spirituelle au début de sa naissance et il n'atteint le niveau de réaliser la présence d'Hachem qu'à partir de l'âge de 3 ans ; alors il peut commencer à Le reconnaître.
[Maharal - 'Hidouché Aggadot]

"Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah."
[midrach Béréchit rabba 24,8]

=> Ce n'est pas un grand principe uniquement dans la Torah, mais dans l’humanité en général, pourquoi alors dire : "ceci est un grand principe de la Torah"?

-> Rabbi Moché Pallier de Kovrin (le Dvach Hassadé) explique que celui qui étudie la Torah avec assiduité et profondeur, a lui aussi besoin de vérifier si son étude est authentique et agréée par le Ciel.
Il doit alors faire passer un test à sa Torah pour vérifier son intégrité. Ce test, c'est l’amour du prochain.

Si cet érudit constate que dans la vie de tous les jours, il considère l’autre, compatit avec lui, tente de l’aider au maximum et lui fait preuve d’intérêt pour lui, alors cela est l’indicateur que sa Torah est valable.

En revanche, celui qui se montre indifférent à autrui, n’essaie pas de l’aider et ressent pour lui de l'antipathie voire de la rancœur, alors même s’il s’adonne à l’étude de toutes ses forces, son étude ne sera pas acceptée.

=> Le test pour vérifier la valeur de notre étude, c’est l’amour du prochain.
"Tu aimeras ton prochain comme toi-même", c’est un grand principe dans la Torah, c’est-à-dire que c’est le grand principe pour prouver la qualité de la Torah d’une personne.

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-> Le Avné Ezel (l'auteur du Mayana chel Torah) explique que l’humanité sans la Torah n’en est pas une.
En effet, toutes les règles de respect de l’autre et de la vie humaine peuvent être bafouées si les intérêts des hommes s’y opposent. Même les civilisations les plus éclairées en sont venues au meurtre, au vol, et au pires cruautés, prétextant que la situation le recommandait.

=> L’amour de l’autre est un grand principe, quand elle émane de la Torah, qui est immuable et invariable.
Mais, l’humanité indépendamment de la Torah, n’est pas une valeur en soi, car elle ne tient pas et ne fait pas le poids face aux différents intérêts des individus, les poussant à faire ce que leurs cœurs désirent.

[seul la Torah provient de D., Créateur de tout, qui nous connaît mieux que nous-même.
L'homme est perverti par ses intérêts et son ignorance, et il est capable de tout justifier comme étant un bien ultime pour le monde. Je peux alors tuer, voler, ... car c'est pour la bonne cause! ]

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-> Le rav Mikaël Mouyal fait le développement suivant.

Le Ramban dit que tout celui qui ne croit pas dans le fait qu'absolument tout ce qui lui arrive est voulu et envoyé par Hachem, n'a pas de part dans la Torah.
Selon nos Sages, le principe essentiel de toute la Torah c'est la certitude que rien ne vient au hasard.

=> Quelqu'un qui a reçu un préjudice de son prochain, comment lui sera-t-il possible de l’aimer comme lui-même, comme s’il ne lui avait rien fait?

C’est uniquement lorsque l’on réfléchit au fait que tout vient d’Hachem et que ce préjudice ne lui est venu en vérité que parce que D. l’a décidé et l’a organisé, du fait de ses fautes, alors on n’en voudra pas à son prochain mais on essaiera de corriger ses fautes.
En réalité, son prochain ne lui a rien fait. Il n’a été que l'outil, le bâton entre les Mains d’Hachem, pour réaliser Son Décret.

=> Par cette réflexion, ni on haïra, ni on en voudra à celui qui lui a causé ce tord. Il sera alors possible de pouvoir en venir même à l’aimer.
Mais sans la foi en Hachem, comment ne haïra-t-il pas celui qui lui a fait du mal?

=> C’est à cela que Rabbi Akiva fait allusion. L’amour du prochain est un grand principe de la Torah, car seul celui qui a intégré le grand principe de la Torah qui est cette foi et cette certitude que tout vient d’Hachem, seule une telle personne pourra réussir à accomplir cette mitsva d’aimer son prochain comme soi-même.

Cette mitsva implique donc d’avoir intégré le principe fondamental de la Torah : rien ne peut m'arriver directement ou indirectement si Hachem ne l'a pas décrété.

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-> Le rav Mikaël Mouyal rapporte une autre explication.

Certains commentateurs montrent que l’amour du prochain permet la réalisation de toutes les mitsvot de la Torah, et n’est pas une mitsva isolée, comme une autre.
En effet, les 613 Mitsvot ne peuvent pas être toutes réalisées par chacun. Certaines mitsvot concernent le Cohen, d’autres concernent les juges, d’autres encore s’appliquent aux femmes, ou encore à des parents. De sorte qu’il n’est pas possible qu’un même individu réalise toutes les mitsvot.

Mais, il existe un conseil pour toutes les accomplir : c'est de faire UN avec toute la communauté.
Quand une personne s’unit avec tout le peuple au point de ne faire qu’une seule entité, alors il peut bénéficier des mitsvot de chaque juif.
Chaque mitsva réalisée par chacun lui sera aussi attribuée, car il est uni et lié à tous les juifs. Par cela, il pourra lui être considéré qu’il a accompli toutes les Mitsvot, même s’il n’est pas Cohen, ni juge, ...

=> Ainsi, l’amour du prochain est un grand principe "dans la Torah", car c’est le moyen de réaliser l’ensemble de toute la Torah.

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+ "Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah.

Ben Azaï disait : "Ceci est l’histoire des générations de l’humanité : [lorsque D. créa l’homme, Il le fit à Sa propre ressemblance]" (Béréchit 5,1) : ceci est un principe plus grand encore.

[En effet, il en résulte : ] Que tu n’en vienne pas à dire : "Si j’ai été humilié, mon prochain peut l’être aussi", car sache qui tu cherches à abaisser : un être créé à l’image de Hachem."
[midrach Béréchit rabba 24,8]

=> De même que la Torah est d'origine Divine, de même chaque juif doit être considéré avec le plus grand des respects puisqu'il a en lui une partie Divine : son âme ('hélék élokim!).

[nous respectons un Séfer Torah, alors combien infiniment plus devons-nous respecter notre prochain juif!]

=> De même que s'il manque à un Séfer Torah une seule de ses 304 805 lettres alors celui-ci n'est plus cacher, de même nous devons aimer chaque juif car il est indispensable à la réalisation optimale du peuple juif.

Seule la matérialité donne une impression de division, car en réalité tous les juifs composent tous un corps unique, dont chaque membre dépend l'un des autres.
Aimer autrui c'est donc s'aimer soi-même (car si un juif va bien alors la nation juive va bien, et par ricochet je vais bien!), surtout que dans notre génération une même racine d'âme peut se retrouver en morceau au sein de plusieurs personnes.

[un juif peut extérieurement mal se comporter, mais nous devons prier pour que cela s'en aille et qu'il puisse illuminer le monde par son attitude, car il a un apport uniquement à amener à l'histoire juive!]

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-> De même que chacune de nos actions doit se faire selon la Torah pour faire plaisir à Hachem, de même nous devons dépasser notre égo blessé pour préserver à tout prix la paix dans la famille juif, car quoi de pire pour des parents que de voir leurs enfants se disputer.

La vie est courte, alors sachons fermer les yeux pour la grandeur de notre papa Hachem.

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-> Un jour, un non-juif vint trouver Chamaï et lui dit : "J'accepte de me convertir à condition que tu m'enseignes toute la Torah pendant que je me tiens sur un seul pied".
Chamaï le repoussa avec sa règle de mesure.

Cet homme alla trouver Hillel, qui accepta de le convertir. Il lui enseigna : "Ce que tu hais, ne le fais pas à ton prochain : c'est là toute la Torah!"
[guémara Shabbath 31a]

-> Rachi commente : "Ce qui inclut le fait de ne pas voler autrui, de ne pas avoir de relations interdites et la majorité des autres mitsvot".

=> Comment comprendre qu'une mitsva "ben adam la'havéro" contient en elle les mitsovt vis-à-vis de D. (ben adam laMakom)?

-> Au-delà de ce qui a été vu précédemment, on peut rapporter l'enseignement du rav El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim).

Il est écrit dans la guémara (Kiddouchin 40b) : "A tout moment, l'homme doit considérer qu'il est à moitié coupable et à moitié méritant.
[...]
S'il accomplit une mitsva, heureux soit-il, car il aura fait pencher sa balance et celle du monde entier du côté des mérites ; et s'il commet une faute, malheur à lui, car il aura fait pencher sa balance et celle du monde entier du côté de la faute".

De même le Ram'hal enseigne : "Si l’homme s’élève spirituellement, l’univers entier s’élèvera avec lui, mais s’il s’abîme, l’univers entier s’abîme avec lui."

=> Quand un homme accomplit les mitsvot de la Torah, il se sanctifie lui-même et suscite ainsi un nouvel apport de sainteté dans le monde, et en conséquence, le bien règne davantage parmi les hommes.
Inversement, lorsqu'un homme faute, l'impureté s'intensifie, et le mal avec elle.

==> Il en résulte que personne n'est plus nuisible au monde que celui qui commet des fautes.
C'est pourquoi même les mitsvot qui sont à priori sans lien avec notre prochain sont tout de même incluses dans le principe de Hillel : ""Ce que tu hais, ne le fais pas à autrui!"

"Avec ceci (bézot - בְּזֹאת) Aharon viendra dans le Sanctuaire" (A'haré Mot 16,3)

1°/ Rachi : la guématria du mot : בְּזֹאת est de : 410, comme le nombre d’années qu'a duré le 1er Temple.

Le Sifté 'Hakhamin fait remarquer que l’allusion concerne le 1er Temple et non pas le second, car des Cohen Gadol de la stature d’Aharon (oints avec l’huile d’onction), n’ont existé qu’à l’époque du 1er Temple.

Rabbénou Bé’hayé ajoute que l'emploi du futur : "viendra" (yavo -יבא) fait allusion au Temple prochainement à venir.

[A l'époque du 2e Temple de nombreux Cohanim Guédolim ne méritaient pas leur poste, et puisque la conséquence de mal faire son Service dans le Temple peut être la mort, de très nombreux Cohanim Guédolim décédaient.

Ce titre de Cohen Gadol pouvait être obtenu par de la corruption, et la guémara (Yérouchalmi Yoma 1,1) rapporte même qu'ils s'attaquaient les uns les autres pour avoir cette position.

En se basant sur la guémara (Yoma 9a), on peut chiffrer cela :
-> le 1er Temple a duré 410 années, pour uniquement 17-18 Cohanim Guédolim ;

-> le 2e Temple a duré 420 années, avec 3-4 Cohanim Guédolim méritants qui ont servi sur 130 années. Ensuite, sur les 290 années restants, il y a eu un total de 300 Cohanim Guédolim, entraînant que chacun était en poste environ 1 année avant de mourir!

(on voit à quel point la soif de pouvoir peut aveugler au point de vouloir acheter, voir tuer autrui pour être Cohen Gadol, sachant que l'on mourra rapidement dans le Temple puisque n'étant pas au niveau requis!)]

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2°/ "Le téchouva, la prière et la tsédaka suppriment le mauvais décret" (prière de Ounétané Tokéf que nous récitons durant les Yamim Nora'im).

Dans la majorité des livres de prières, 3 mots sont écrits directement au-dessus de cette phrase introductive : tsom (le jeûne - צום) ; kol (la voix - קול) ; mamon (l'argent - ממון).
Ils ont tous une même guématria de 136.
En cumulant la valeur de ces 3 mots (136*3), nous obtenons : 408, qui est la valeur du mot : zot (זֹאת).

Ceci est une allusion à notre verset : "Avec ceci (bézot) Aharon viendra dans le Sanctuaire".
Lorsque les juifs font sincèrement téchouva, prient de tout leur cœur, et donnent généreusement à la tsédaka, alors les 3 se combinent pour produire "zot", que va prendre avec lui le Cohen Gadol en entrant dans le Sanctuaire le jour de Kippour, en tant que messager du peuple, et qui va permettre d'accepter sa prière et d'amener le pardon aux juifs.
[Na'hal Kédomim]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le jeûne (tsom) amène une personne à dominer ses désirs.
La voix (kol) fait allusion à la Torah, et l'étude de la Torah va permettre de mieux faire la différence entre ce qui est permis et ce qui est interdit, le pur et l'impur.
La réalisation de notre ignorance avant d'avoir étudié, va nous pousser à faire téchouva.

L'argent (mamon) : lorsque nous donnons de notre propre argent à la tsédaka, cela amène à vaincre notre orgueil.
En effet, nous réalisons par cela que l'argent (la matérialité) n'est pas le nôtre, et que nous n'avons aucune raison d'en devenir arrogant. Nous devons simplement utiliser au mieux les ressources que Hachem nous confie.
[le Ben Ich 'Haï]

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3°/ Le mot : "bézot" (בְּזֹאת) a la même guématria que : "kadoch" (Saint - קדוש) [valeur de : 410].

Cela renvoie à la rencontre de tous les summums de la Sainteté : le jour de Kippour (dans le temps), dans le Saint des Saints (dans l'espace) et par le Cohen Gadol (chez les êtres humains).

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4°/ "Avec ceci Aharon viendra dans le Sanctuaire (aKodéch)" (A'haré Mot 16,3)

-> Le midrach déduit 10 leçons du mot : "bézot" (avec ceci - בְּזֹאת), et énumère 10 mérites grâce auxquels Aharon avait le droit de pénétrer dans le Saint des Saints : le Shabbath, la circoncision, la Torah, Jérusalem, les Shévatim, Yéhouda, Israël, Térouma, Maaser et les Korbanot.
[le Avné Nézer]

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-> Le grand Kabbaliste Rabbi Shimshon d'Ostropoli, a interprété ce mot : "zot" (זֹאת - bézot = avec "zot"), comme ayant la même guématria (408) que l'année hébraïque : ת"ח (qui est 5408, soit : 1648).

Il était fermement convaincu que les attaques tragiques des Cosaques, et le massacre de milliers de juifs durant cette année, étaient en réalité un moyen pour l'arrivée du machia'h, délivrant les juifs de ce long exil.

Le rabbi d'Ostropoli expliquait :
- "bézot" = en "zot" (זֹאת), cette année 1648 (ת"ח) ;
- "Aharon viendra vers le Kodéch" = le peuple élu (symbolisé par Aharon, qui a été choisi comme Cohen Gadol) entrera dans un état de pureté et de sainteté (kodech) par la venue du machia'h.

Malheureusement, cela ne se passa pas ainsi.
Le machia'h n'est pas arrivé, et de nombreux juifs qui attendaient avec espoir que les mots du grand kabbaliste deviennent réalité, ont ensuite perdu leur espoir et émouna.

Afin de remonter le moral, le Shach (rabbi Shabsi haCohen) a déclaré publiquement en se basant sur les mots du Hallel :
- "mé'ét Hachem haïta zot" (de Hachem que cela provient) = il est vrai que telle était la volonté de D. de nous délivrer en cette année : "zot" (haïta zot!) ;

- de plus : "hi niflat béénénou" (en elle nos yeux verront des merveilles) = les juifs était sur le point de voir d'incroyables miracles ;

- cependant : "zé ayom assa Hachem" (en ce jour Hachem a fait) = Hachem a pris en compte que nous n'avons pas accompli "ayom" (aujourd'hui), que nous trouvons dans le Téhilim (95,7) : " aujourd’hui encore vous écoutiez Sa voix" (hayom im békolo tichmaou) = que nous ne remplissons pas nos obligations de suivre Sa Volonté.

[il existe certes des périodes propices, mais à tout moment par notre comportement nous pouvons permettre au machia'h d'intervenir!]

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5°/ Le mot : "bézot" (בְּזֹאת) a la même guématria que : "kadoch" (Saint - קדוש) et que : "shafél" (bas - שפל) [valeur de : 410].

L’auteur du Sia’h Yaakov Yossef y lit en filigrane l’idée suivante : Hachem signifie à Aharon qu’afin de Le servir, l’homme a besoin de 2 qualités. Il doit à la fois avoir de l’humilité, pour tout ce qui le concerne, et également de l’estime pour ce qui a trait à l’honneur divin.

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-> "Avec ceci (bézot) Aharon entrera dans le Sanctuaire, avec un taureau"

=> Pourquoi le verset ne dit-il pas plus directement : "Avec un taureau Aharon entrera dans le Sanctuaire"? Que rajoutent ces mots préalables : "Avec ceci", pour ensuite dire : "avec un taureau"?

Une explication consiste à dire que ces mots se rapportent au verset précédent qui dit : "Il ne rentrera pas à tout moment dans le Sanctuaire"
Ainsi, le verset poursuit et dit : "Avec ceci Aharon entrera dans le saint" = c'est-à-dire : avec la conscience et le ressenti qu'il est en train de rentrer dans un endroit où il est interdit de pénétrer à tout moment.
Cette conscience créera en lui une crainte et un respect importants de cet endroit où on ne rentre pas comme on veut et quand on le souhaite. C'est avec cet état d'esprit de respect, de crainte et de vénération que le Cohen Gadol y pénétrera. Et non avec la légèreté d'esprit qu'a une personne qui entre dans un lieu "banal" que l'on peut accéder à tout moment.
[Mélo haOmer]

"Du bois de cèdre, du ver à soie et de l’hysope" (Métsora 14,6)

-> Ces éléments devaient être pris par le lépreux pour sa purification.
Nos Sages expliquent que le lépreux qui s’est enorgueilli comme le cèdre (arbre très haut, large et imposant, symbolise l'arrogance - Rachi), doit se rabaisser comme le ver et l'hysope (arbrisseau, symbole d'humilité - Rachi).
[une des raisons de cette plaie est l’orgueil]

=> Le processus de purification du métsora voulait que l’on brûle le cèdre et l’hysope. Si on comprend que l’on brûle le cèdre allusion à l’orgueil, pourquoi brûler l’hysope, qui indique l’humilité?

C’est que pour celui qui ressent qu’il est modeste et humble, cela aussi est répréhensible et se rapproche de l’orgueil (JE suis = rien = je m'enorgueillis de n'être rien!).

Il faut donc brûler l’hysope pour signifier que même quand on se rabaisse, il ne faut pas ressentir que l’on s’est rabaissé et que l’on a fait une grande chose.

La véritable modestie c’est quand elle devient tellement naturelle qu’on ne la sent même pas.
['Hidouché haRim]

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-> "tola'at" (תוֹלַעַת) se traduit par : "un fil écarlate" ou bien plus littéralement : "du ver [à soie]".
Cela fait allusion au fait que le peuple juif est comparé à un ver ("Ne crains rien, ver (tolaat - תּוֹלַעַת) de Yaakov" - Yéchayahou 41,14).

De même que la force principale d'un ver réside, dans sa bouche avec laquelle il file la soie, de même la force du peuple juif se trouve dans sa capacité à parler des mots de sainteté avec sa bouche par la Torah et la prière.

L'hysope rappelle au métsora l'importance de l'humilité.
Le "fil écarlate" (qui est du rouge vif) nous enseigne qu'on ne doit jamais avoir peur d'ouvrir sa bouche pour poser des questions afin d'acquérir des connaissances en Torah, même si pour cela on doit devenir rouge écarlate de honte.
Nous devons demander jusqu'à comprendre totalement la Torah.
['Hatam Sofer]

[ne pas demander est un signe d'orgueil = je préfère me taire plutôt que de montrer mon ignorance.
Ma recherche de vérité vaut bien cette "petite honte" dans ce monde car telle est la volonté de D., qui sinon risque de devenir une honte éternelle dans le monde à venir (de ne pas avoir acquis la Torah pour préserver son égo dans ce monde éphémère).]

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-> La guémara (Moéd Katan 16b) nous rapporte que lorsque le roi David allait en guerre il était dur comme le bois, mais lorsqu'il étudiait la Torah dans le beit midrach, il se faisait souple comme le ver.

Le métsora amené du bois et du fil écarlate (tola'at = litt. un ver) pour faire allusion à ces 2 traits de caractère.
Il doit se faire humble, comme un ver sans prétention, et en même temps il doit s'élever pour faire face aux défis, de devoir dominer son yétser ara, et ne pas tomber dans ses pièges.

["bois de cèdre" (éts éréz) : le rav Yaakov Schechter fait remarquer que le mot : "cèdre" (éréz - ארז) a la même guématria que : "Yits'hak" (יצחק), qui représente la force (guévoura).]
[le Ohév Israël - Rabbi Avraham Yéhochoua Hechel d'Apta]

[tant que l'on vit, nous menons tous une guerre contre notre yétser ara. Ainsi un juif doit certes être humble (comme le ver), mais par moment il est nécessaire d'empêcher le yéter ara de nous dominer en étant très dur (comme le bois).

De plus, le yétser ara cherche à insérer en nous de la tristesse, du doute. Par exemple, lorsqu'il nous fait croire que nous sommes des bons à rien, qu'il nous fait culpabiliser après avoir fait une faute, nous devons nous dresser comme un cèdre majestueux et lui dire que tous les juifs sont saints (même avec les pires fautes) et qu'avec quelques mots de téchouva on peut repartir de zéro en étant de nouveau aimé par Hachem.
A l'inverse lorsqu'il cherche à développer de l'orgueil en nous, nous devons lui rappeler que même le ver viendra bientôt nous dévorer car la vie est courte et des comptes précis seront à rendre.]

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-> Puisque l’hysope, tout comme le cèdre, est un végétal, contrairement au ver à soie, pourquoi le verset ne les a-t-il pas réuni en disant : "du bois de cèdre, de l’hysope et du ver à soi", comme c'est le cas lors de la purification par la vache rousse, dans la paracha de ‘Houkat ?

La Tsaraat (sorte de lèpre) est une punition Divine pour la médisance. Or le ver, en plus d’être un message d’humilité, a aussi la caractéristique de pouvoir ronger avec sa bouche.
=> En juxtaposant le cèdre et le ver, la Torah enseigne que le médisant doit réfléchir au fait qu’il agit comme le ver (minuscule en taille), mais cependant il peut ruiner même un cèdre [d'apparence majestueuse] par sa bouche.
[Kli Yakar]

[notre médisance est tellement minuscule à nos yeux (ça va ce n'est que quelques mots!), mais ses conséquences sont en réalité tellement énormes!]

[à l'image d'une mite, espèce minuscule (7-10mm) qui peut faire s'écrouler un immense édifice en grignotant sa base.
=> Ce qui semble insignifiant (ex: nos paroles) peut faire des dégâts considérables.]

"Et lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera lui-même 7 jours ...
Le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement." (Métsora 15,13-15)

-> La paracha Métsora se termine en détaillant les étapes nécessaires pour un zaz (celui qui est affligé d'un écoulement de matière séminale ["zaz" : masculin, et "zaza" : féminin, avec tout ce qui est lié aux lois de pureté familiale]).

Ces 3 versets disent :
- 1er étape = verset 13 : "lorsque celui qui a l'écoulement verra cesser son écoulement, il comptera pour lui-même 7 jours à partir de cette interruption, puis il lavera ses vêtements et immergera sa chair dans l'eau vive, et il deviendra pur."
- 2e étape = verset 14 : "le 8e jour, il prendra pour lui-même 2 tourterelles ou 2 jeunes colombes et il viendra devant Hachem ..."
- 3e étape = verset 15 : "Les Cohen les fera, l'un comme offrande de faute et l'autre comme offrande d'élévation, et le Cohen obtiendra pour lui la réparation devant Hachem, de son écoulement ".

-> Rabbi Guershon Henoch de Radzin fait remarquer qu'il y a des similitudes entre ces 3 versets et le processus de purification des juifs lorsqu'ils sont sortis d'Egypte.

Il y a 49 mots dans ces versets, en correspondance avec les 49 jours entre la sortie d'Egypte et le don de la Torah à Shavouot, durant lesquels les juifs sont passés du 49e niveau d'impureté au 49e niveau de pureté, se purifiant totalement jour après jour.
A l'image du zaz, chaque année pendant la période du Omer (49 jours entre la fin de Yom Tov de Pessa'h et Shavouot), nous travaillons à élever notre niveau spirituel.

Par ailleurs, on peut remarquer que :
- le 33e mots de ces 3 versets est : "moéd", qui renvoie à Lag baOmer (le 33e jour du Omer), qui est un jour de moéd (fête) pour les juifs.

- le 29e mot est : "Hachem", en allusion au fait que le 29e jour du Omer est celui de Pessa'h Chéni, et selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

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-> Le Zav est un homme qui a eu des écoulements anormaux. Les 3 versets (Métsora 15,13-14-15) qui décrivent sa purification, contiennent en tout 49 mots, allusion aux 49 jours du Omer, qui s'étendent de Pessa'h à Shavouot. Ainsi, la Torah fait allusion que cette période du Omer est également une période de purification et de progression spirituelle, à l'image du Zav qui doit se purifier.
La Torah dit ici que la purification du Zav dure 7 jours, allusion aux 7 semaines de purification du Omer. Et si c'est l'impureté des écoulements qui est la référence pour la période du Omer, c'est que cette période est propice pour se repentir et corriger les fautes commises par la Brit, telle que la faute d'entraîner des écoulements, D. préserve.
[Pardes Yossef]

"Le 8e jour, on circoncira la chair de son excroissance" (Tazria 12,3)

=> Pourquoi la circoncision est-elle tout particulièrement douloureuse le 3e jour?

En effet :

1°/ "Hachem apparut [à Avraham]" (Vayéra 18,1), Rachi commente : On était au 3e jour après la circoncision.
- "Tout homme qui se circoncit éprouve une grande douleur le 3e jour" (Pirké déRabbi Eliézer – chap.29) ;
- "Lorsqu’Avraham se circoncit, il éprouva le 3e jour une très grande douleur à sa plaie" (midrach Yalkout Chimoni – chap.82) ;

2°/ "Chékhem, fils de 'Hamor ... vit [Dina, fille de Léa], il la prit, cohabita avec elle et lui fit violence" (Vayicha'h 34,2)
Les fils de Yaakov ont réussi à faire que tous les hommes de la ville de Chékhem se circoncisent.
"Or, au 3e jour, comme ils étaient souffrants, 2 des fils de Yaakov, Chimon et Lévi, frères de Dina, prirent chacun son épée et marchèrent sur la ville en confiance, et tuèrent tous les mâles. Et 'Hamor et Chekhem son fils, ils [les passèrent au fil de l'épée. Ils prient Dina de la maison de Chékhem et sortirent." (Vayichla'h 34,25-26)]

Le Ibn Ezra de commenter : le 3e jour suivant la circoncision est le jour où la douleur est la plus forte.

[sachant qu'ils seraient très faibles en ce 3e jour, ils étaient confiants de pouvoir tous les tuer]

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-> La michna (Taanit 26a) rapporte que puisque toute la nation juive ne pouvait pas être présente à Jérusalem lorsque l'offrande journalière était apportée, les 1ers prophètes (Shmouel et David) ont institué une division des Cohanim en 24 gardes, entraînant que chaque Cohen servait pendant environ 1 semaine, et ce 2 fois par an.

De plus, pour chacune de ces gardes de Cohanim, il lui était associée une garde composée de Lévi'im et de Israël (juif autre que Cohen et Lévi), qui assistaient en tant que représentants du peuple lorsque le sacrifice quotidien de la nation juive était offert au Temple
Ces représentants de la nation (autre que Cohanim) s'appelaient : les anché maamad.

Ils devaient jeûner toute la semaine où ils étaient appelés à "exercer" à Jérusalem, à l'exception du vendredi, du Shabbath et du dimanche. [ce qui fait 4 jours : de lundi à jeudi].

La guémara (Taanit 27b) explique qu'ils ne jeûnaient pas le vendredi et le Shabbath, car cela aurait été un manque de respect pour le Shabbath, et également le dimanche car c'est le 3e jour qui a suivi la création de l'être humain (Adam ayant été créé le vendredi, veille de Shabbath).

=> Quel est le problème de jeûner 3 jours après notre création?

Rachi explique que ce 3e jour de la Création de l'homme n'est pas un jour propice à jeûner car c'est un jour faible de façon inhérente. Comme source à cette idée, Rachi cite l'épisode abordé précédemment avec Chimon et Lévi.

Selon le rav Yéhouda Wagschal, Rachi nous enseigne que la douleur ressentie le 3e jour suivant une circoncision (brit mila) ne provient pas d'un processus naturel de guérison, comme on serait tenté de le penser.
La réalité est qu'une circoncision est considérée comme une forme de création.

=> Ainsi, puisque l'humain qui est circoncis est considérée comme venant d'être créé, et puisque que le 3e jour suivant la création d'un homme est naturellement un jour faible, c'est pour cette raison que le 3e jour suivant une brit mila est le plus difficile.

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-> La guémara (Kiddouchin 38a) enseigne que Hachem complète les jours des tsadikim, d'un jour à jour, et d'un mois à mois, comme il est écrit : "Je comblerai le nombre de tes jours" (Michpatim 23,26)
Cela est compris traditionnellement comme signifiant que D. leur permet de vivre des années complètes, en les faisant mourir à la date à laquelle ils sont nés.

Cependant, à l'enterrement du rav 'Haïm de Volozhin, le rav David de Novardok a fait remarquer que rav 'Haïm est né le 2e jour de Shavouot (le 7 Sivan), et qu'il est mort le 14 Sivan.
=> Pourquoi un tel tsadik n'a-t-il pas "complété" ses années de vie?

Le rav de Novardok a répondu que le véritable anniversaire d'une personne n'est pas le jour où il sort du ventre de sa mère, mais plutôt celui de sa brit mila, moment où il naît spirituellement parlant.

Ainsi, bien que la source de l'enseignement de la guémara est Moché rabbénou, qui est né et mort le 7 Adar, cela s'explique car il est né déjà circoncis.

Le rav 'Haïm de Volozhin est mort une semaine après son anniversaire, et plus précisément le jour de sa brit mila.

=> Nous voyons de là que la brit mila n'est pas simplement une mitsva, mais comme l'écrit Rachi, c'est considéré comme une véritable création de l'être, c'est la date de naissance d'une personne.

"Le Cohen regardera et voici, il y a une séét blanche sur la peau et elle a rendu le poil blanc, ou bien il y a de la chair saine et vive dans la séét" (Tazria 13,10)

-> Rachi commente : un seul des 2 signes : le poil blanc ou la peau vive suffit à prouver que la plaie est une tsaraat.

-> Le Rambam (Michné Torah) déclare : "[En ce qui concerne le métsora], dans le cas où il y a un doute à savoir ce qui est apparu en premier : les cheveux blancs ou bien la tâche blanche sur la peau, la personne est déclarée impure."

-> La guémara (Baba métsia 86a) rapporte que selon la loi juive, si la tâche blanche (bakérét) apparaît avant le cheveu blanc (séet) alors la personne est impure, mais si c'est l'inverse, alors elle est pure.

Il y a eu un débat dans la yéchiva d'En-Haut, à savoir ce qu'il en était lorsque l'on avait un doute sur lequel de ces 2 signes est apparu en premier.
Hachem était d'avis que l'individu est pur, tandis que les autres membres de la yéchiva soutenaient : elle est impure.
Ils se sont mis d'accord pour que Rabba bar Na'hmani arbitre le débat (ce dernier encore vivant, avait déclaré qu'il dépassé tout le monde dans les lois de la lèpre).

Au moment où l'ange de la mort prenait son âme, Rabba bar Na'hmani a dit que la réponse est qu'il est pur.
Ceci a mis fin au débat de la Yéchiva d'En-Haut sur ce sujet.

=> Puisque cela est rapporté dans la guémara, comment le Rambam a pu émettre une opinion contraire, qui plus est contraire à un Sage qui se déclarait comme sans pareil dans ces lois de tsaraat?

Rabbénou Yossef Karo (Kessef Michné) répond : il y a une règle bien connue : "La Torah n'est pas au Ciel".
Cela signifie que la Torah a été écrite par Hachem, qu'Il l'a transmise aux juifs, et qu'à partir de ce moment Il leur a donné une maîtrise totale d'émettre les décisions finales de la loi juive (par nos rabbanim).
Ainsi quelque soit les décisions dans le beit din d'En-Haut, ce qui compte c'est les décisions dans le beit din d'en-bas.

La guémara (Baba métsia 59b) enseigne que Rabbi Eliezer apporta toutes les réponses du monde pour prouver son opinion mais malgré cela les rabbins refusèrent.

Il leur dit : "si j'ai raison que ce caroubier le prouve" et le caroubier se déplaça de 100 coudées (certains disent 400 cents).
Les rabbins lui dirent: "on n'apporte pas de preuve des caroubiers".

Il continua: "si j'ai raison que la rivière le prouve", et la rivière changea son cours. Ils lui dirent: "on n'apporte pas de preuve des rivières".

Il dit :"si j'ai raison que les murs de la maison d'étude le prouvent". Alors les murs commencèrent à s'affaisser.
Rabbi Yéhochoua gronda les murs : "Si les disciples de sages discutent de la halakha, en quoi cela vous regardent-ils?"
Les murs ne tombèrent pas en l'honneur de Rabbi Yéhochoua, mais ils ne se redressèrent pas en l'honneur de Rabbi Eliézer et ils sont toujours ainsi.

Il leur dit: "si j'ai raison que les cieux le prouvent". Alors une voix céleste proclama: "pourquoi vous opposez à Rabbi Eliézer, alors que la halakha suit toujours son opinion?"
Rabbi Yéhochoua se leva et dit: "Elle n'est plus dans les cieux".

Que signifie : "elle n'est plus dans les cieux"?
Rabbi Yirmiya répond: "du fait que la Torah a été donnée au Sinaï, on ne tient plus compte de la voix céleste puisqu'il est dit dans la Torah : "vous suivrez la majorité".

Rabbi Nathan rencontra le prophète Eliyahou, et lui demanda : "Que fit Dieu en entendant le propos?"
Eliyahiou haNavi de répondre: "Il riait en disant : Mes enfants m'ont vaincu, Mes enfants m'ont vaincu".

=> Rabbénou Yossef Karo conclut en disant que puisque les mots de Rabba bar Na'hmani ont été prononcés au moment où son âme le quittait, sa décision ne peut pas être considérée comme provenant de "ce monde", et c'est pourquoi le Rambam a totalement le droit d'émettre la décision contraire.

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-> Le 'Hatam Sofer dit également que personne n'était présent au moment de sa mort, personne d'autre n'a entendu la proclamation Divine demandant à Rabba bar Na'hmani de décider de la halakha dans cette dispute du Ciel.
Si les Sages ont eu connaissance de cet incident, c'est uniquement parce qu'il leur a été révélé du Ciel, et cela nous permet d'affirmer que : "la Torah n'est pas au Ciel".

"Il [Moché] dit à Aharon : Prends pour toi un veau adulte comme offrande de faute et un bélier comme offrande d'élévation, sans défaut, et offre[-les] devant Hachem.
Et aux enfants d'Israël parle en disant : Prenez un bouc comme offrande de faute, ainsi qu'un veau et un mouton dans leur 1ere année, sans défaut, comme offrande d'élévation" (Chémini 9,2-3)

-> Le Torat Cohanim et le Targoum Yonathan enseignent qu'avant l'inauguration du Michkan, Aharon et le restant des juifs ont demandé à être pardonnés pour leur faute du "début" et leur faute de la "fin".

Celle du "début" = c'est la faute des frères qui ont trempé la tunique de Yossef dans le sang d'un bouc (cf. Vayéchèv 37,31) => le bouc apportait par le peuple venait en expiation.

Celle de la "fin" = c'est la faute du Veau d'or, que les juifs ont crée avec l'aide de Aharon => le veau venant en expiation.

=> Pourquoi demander l'expiation de ces 2 fautes en même temps, le jour de l'inauguration du Michkan?

-> Rabbi Its'hak Danzig (le Maharid) rapporte un midrach selon lequel les frères ont vendu Yossef parce qu’ils ont vu par inspiration Divine, que Yossef allait avoir comme descendant, plusieurs siècles plus tard, un homme du nom de Yéroboam Ben Névat, qui allait instaurer un culte idolâtre et qui allait entraîner beaucoup de juifs dans l’idolâtrie.
[ce roi racha a détourné Israël du service de D., au point que les 18 rois qui lui succédèrent ont tous pratiqué l’idolâtrie en entraînant l’ensemble du peuple à les suivre]

Les frères de Yossef souhaitaient empêcher tout cela en faisant disparaître Yossef, et c'est pour cela qu’ils l’ont vendu.

Ainsi, jusqu’à la faute du Veau d’or, les tribus avaient une sorte d’excuse pour la faute de la vente de Yossef.
Mais quand le peuple fit le Veau d’or et se voua à l’idolâtrie, ils montrèrent par là que eux aussi pouvaient s’adonner à un culte idolâtre. Par cela, toute leur excuse pour avoir vendu Yossef s’effondra, car les tribus aussi allaient avoir des descendants qui firent l’idolâtrie du Veau d’or et Yossef n’était pas le seul.

=> C'est pourquoi au moment où le peuple apporta une expiation pour la faute du Veau d’or, il devait aussi apporter une expiation pour la vente de Yossef, car la faute du Veau d’or réveilla et réactualisa la faute de la vente de Yossef.

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-> Le Messé'h 'Hochma propose une autre explication.

Le Torah évoque que les tribus haïrent Yossef car il rapportait à leur père tous les mauvais comportements qu’il voyait chez eux (cf. Vayéchev 37,2). Ainsi, leur raison était qu’il aurait dû les réprimander directement et non par le biais de leur père.

Mais, lors de la faute du Veau d’or, les enfants d’Israël tuèrent 'Hour, le fils de Myriam, pour les avoir réprimandé. Ils montrèrent par là qu’ils ne sont pas capables d’accepter les réprimandes directement.
Par cela, toute la raison que les tribus invoquèrent pour avoir vendu Yossef s’annula, car Yossef a bien fait de craindre de les réprimander en face à face. Il préféra donc, à juste titre, passer par l’intermédiaire de son père.

=> C'est pourquoi, la faute du Veau d’or réactiva la faute de la vente de Yossef? et à présent que l’on expie la faute du veau d’or, il fallait donc aussi se racheter pour la vente de Yossef.

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-> Le Kli Yakar explique que c’est la faute de la vente de Yossef qui généra la faute du Veau d’or.

Il est écrit :"Ses frères furent jaloux de lui (de Yossef)" (Vayéchev 37,11). C'est cette jalousie qui a entraîné la vente de Yossef.
Suite à cette faute de jalousie, ce défaut s’enracina dans le cœur des juifs pour les générations futures, et c’est cette jalousie latente qui s’éveilla pour entraîner la faute du veau d’or.

En effet, beaucoup d’entre le peuple jalousait Moché, à l’instar de Kora’h et son assemblée, un peu plus tard.

Puisque dans cette génération Moché avait des jaloux, lorsque le peuple dit : "Cet homme Moché, nous ne savons pas ce qu’il est devenu de lui" (Ki Tissa 32,1), ils souhaitaient par cela se libérer de l’autorité de Moché pour "élire" ce Veau d’or à sa place
(en se faisant son propre dieu, on en vient à respecter ses propres commandements, et donc à se servir soi-même! [pourquoi c'est lui le responsable, et pas moi!]).

=> C’est donc bien la faute de la vente de Yossef qui, à travers la jalousie qu’elle imprégna dans le cœurs des juifs, provoqua la faute du veau d’or.

Le Kli Yakar poursuit son raisonnement et explique pourquoi Aharon ne devait pas, lui aussi, offrir un bouc, pour se racheter de la part de son ancêtre, Lévi, qui avait lui aussi participé à cette faute de la vente de son frère.

En effet, Aharon est caractérisé comme l’homme de la paix, comme le dit Hillel : "Sois parmi les disciples d’Aharon, en aimant la paix et en poursuivant la paix, en aimant les créatures et en les approchant à la Torah" (Pirké Avot 1,12).

Aharon a travaillé pour éradiquer la jalousie et la haine de son cœur, et pour n’y faire régner que l’amour de la paix et des hommes.
Il n’avait donc pas besoin d’offrir un bouc pour expier sa part dans la vente de Yossef, puisqu’il s’était déjà amendé pleinement de cette faute, par son travail personnel de renforcement de la paix et de l’amour des autres.

=> Puisqu'il ne lui restait plus aucune trace de ce défaut de la jalousie (racine de la vente de Yossef), il n’avait donc plus aucune raison de l’expier par l’offrande d’un bouc.

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+ Pourquoi la Torah demande-elle précisément un bouc et un veau pour expier ces fautes?

-> On a pu voir que le bouc renvoyait au bouc qui a été tué pour mettre du sang sur la tunique de Yossef, et que le veau faisait allusion au Veau d'or.

-> Rabbi Its'hak Soloveitchik apporte une autre explication.
En demandant à Aharon de lui construire un "dieu" pour remplacer Moché, le peuple avait prouvé sa trop grande dépendance vis-à-vis de son guide. Ils pensaient qu'ils ne pourraient pas subsister sans Moché ou autre chose qui prendrait sa place.

=> C'est donc un veau, un animal docilement attaché à sa mère, qui devait être apporté en sacrifice.

En revanche, en vendant Yossef, ses frères avaient fait preuve d'un esprit de rébellion et avaient refusé de s'incliner devant le choix de Yaakov qui destinait Yossef à être le chef de famille.
Ils s'étaient conduits comme un effronté, et c'est donc cet animal qu'il fallait apporter pour obtenir le pardon.

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+ "Comme offrande d'élévation (léola)" (Chémini 9,2 (pour Aharon) et aussi v.9,3 (pour le restant du peuple))

-> Un sacrifice d'élévation (korban ola) est un moyen pour élever [spirituellement] quelqu'un, comme tout autre sacrifice.

Nous apprenons de là que si une personne souhaite véritablement s'élever et se rapprocher de D. alors "offre[-les] devant Hachem" = on doit sacrifier sa propre volonté, comme nos Sages disent : "Accomplis Sa volonté comme si elle était la tienne, de sorte qu’Il accomplisse ta volonté comme si elle était la Sienne. Efface ta volonté devant la Sienne" [Pirké Avot 2,4 - Rabban Gamliel]
[Maguid de Mézéritch]

=> De nos jours où il n'y a plus le Temple/Michkan, chaque fois que nous sacrifions notre volonté pour respecter celle de Hachem, c'est comme si l'on avait apporté un korban qui nous permet de nous élever spirituellement vers D.
On ne perd pas à renoncer à notre volonté, puisqu'on y gagne une proximité, un attachement accru avec Hachem.