Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Idéalement, un juif doit en arriver à la même reconnaissance [de la grandeur de Hachem] en observant un simple verre d'eau, qu'en étant témoin de l'ouverture de la mer rouge."

[Rabbi Yérou'ham Levovitz]

"Kora’h, fils de Yits'ar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit …" (Kora'h 16,1)

-> "Que prit-il?
Il a prit la vérité" [midrach Pliya 182]

Que signifie ce midrach?

Les lettres du mot אמת (vérité - émet) correspondent à : אליצפן (Elitsafan) ; מקושש (mékochéch) et תכלת (té'hélét).
C'est à partir de ces 3 sujets que Kora'h a commencé la dispute.

1°/ Elitsafan : Kora'h pensait qu'il devait être choisi comme nassi avant Elitsafan.

[Rachi : Quelle raison a-t-elle poussé Kora'h à se quereller avec Moché ?
Il a pris ombrage de la nomination d'Elitsafan fils de 'Ouziel, que Moché avait, sur ordre divin, désigné comme prince (nassi) sur les enfants de Kéhat.

Il s’est dit : "Mon père et ses frères étaient au nombre de 4, comme il est écrit : "Et les fils de Kéhat : 'Amram et Yits'ar et 'Hèvron et 'Ouziel" (Chemoth 6, 18).
Les fils de 'Amram (Moché et Aharon), qui était l’aîné, ont recueilli 2 dignités : l’un est devenu roi et l’autre grand prêtre. Qui aurait dû obtenir la 2e place ? N’est-ce pas moi, qui suis le fils de Yits'ar, le 2e fils après 'Amram ?
Or, c’est le fils du plus jeune des frères qu’il a désigné ! Je vais m’opposer à lui et faire invalider ce qu’il a dit! " ]

2°/ Té'hélét : selon le midrach, Kora'h demanda si un vêtement fait entièrement de té'hélét (le bleu azur) nécessitait qu'on y mette des tsitsit.

3°/ Mékochéch : Kora'h soutenait à Moché que la mort du mékochéch (l'homme qui a profané le Shabbath - cf.fin paracha précédente v.15,32) était contraire à la loi juive.

[le Binat Névonim]

En se faisant passer pour le défenseur de la vérité, Kora'h a commencé sa quête de pouvoir en menant une attaque sur ces 3 fronts.

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-> Qu'est-ce qui a poussé Kora'h à faire quelque chose de si stupide (se rebeller contre Moché et donc Hachem)?

Le 'Hida (dans son 'Hadré Béten) répond que Kora'h a placé ses yeux sur l'argent, et cela l'a poussé à se tromper si gravement.

[ "Kora'h prit" : cela fait allusion à sa soif de toujours avoir davantage, même s'il avait déjà besoin de 300 mules blanches pour porter les clés en cuir (car moins lourd que le métal) de son immense trésor (guémara Sanhérin 110a).

L'argent peut nous aveugler au point de faire ce qu'il ne faut pas faire, et ne pas faire ce qu'il nous faudrait faire!
Au final tout cette phénoménale richesse a été engloutie par la terre (avec Kora'h) sans que personne n'en profite.

De plus, tout le peuple a pris des richesses en quittant l'Egypte comme paiement pour le dur labeur de l'esclavage, à l'exception des Lévi'im qui n'avait pas travaillé.
En prenant cet énorme trésor que Yossef avait mis de côté, cela lui a été préjudiciable. ]

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-> Le rav Shlomo Margolis (Darké haChlémout) faire remarquer qu'après la faute du Veau d'or, après la faute des explorateurs, Moché a toujours prié pour leur pardon.
Cependant pour Kora'h, non seulement il n'a pas fait cela, mais il a prié pour qu'ils n'aient pas l'opportunité de faire téchouva (midrach Tan'houma Kora'h 7).
Pourquoi cela?

Le rav Margolis répond que jusqu'à présent en révélant leurs erreurs (avec amour), il y avait une possibilité qu'ils se repentent.
Mais pour Kora'h et ses hommes c'était différent, ils portaient un tallit fait en té'hélét (bleu azur).
En observant cela, Moché a vu qu'ils ont fait de Hachem leur "partenaire" dans la rébellion en se revêtant d'un voile de sainteté et des mitsvot, et il a alors compris qu'il n'y avait aucun espoir de les convaincre de leurs erreurs. Il ne restait plus qu'à prier pour leur chute.
[au vu du 'hilloul Hachem, du fait que le temps passant ils ajoutaient faute après faute, et risquaient de contaminer d'autres personnes]

=> "Kora'h prit" : il prit Hachem avec lui, pour s'en revêtir.
Il faut que nous fassions très attention dans notre vie à ne pas faire de même, en habillant du divin nos envies.
On se créé le Hachem que l'on veut afin de légitimer ce que l'on souhaite.

-> "L'homme doit servir D. et non pas se servir de D."
[rav Yigal Avraham]

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-> En remettant en question (ex: tsitsit, mézouza), Kora'h a "pris" comme arme la Torah elle-même, dont Hachem fait référence comme son : "léka'h (tov)" (son (bon) enseignement - לקח).
Ce mot (לקח) peut aussi se lire : "laka'h" (prendre).
Son erreur réside dans le fait que la Torah est d'origine divine, et qu'elle est ainsi très au-delà des capacités de réflexion humaine, qui sont elles limitées.

Les lettres du nom Kora'h (קרח) peuvent former : 'hoker (חקר - analyser).
Sa tendance à vouloir analyser les choses qui sont au-delà de ses capacités l'a amené à sa perte.

De plus, si nous comparons la guématria de Moché (משה) qui est de 345, et celle de Kora'h (קרח) qui est de 308, nous constatons que Moché a 37 de plus que Kora'h.
Cela est équivalent au mot : évél (הבל - une absurdité, un non-sens).
Moché à la différence de Kora'h comprenait et acceptait la divinité de la Torah, ne remettant pas en cause ce qui pourrait y sembler absurde.

[Rabbi David Feinstein]

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-> Selon la guémara (Yoma 38b), il est interdit de nommer un enfant du nom d'un récha.

Pourquoi le tsadik Yits'ar a-t-il nommé son fils Kora'h, qui est le nom d'un des enfants d'Essav (cf. Vayichla'h 36,5)?

Le 'Hatam Sofer est d'avis que Yits'ar s'est trompé en appelant son fils suivant le racha Kora'h (fils d'Essav), et cela à contribuer à sa chute.
Ainsi, même si ses ancêtres étaient de grand tsadikim tels que Yits'ar, Kéhat et Lévi, le fait qu’il portait le nom d’un racha a fait pencher la balance et l'a mené à la faute.

=> Cela est en allusion dans le verset (16,1), qui se traduit littéralement ainsi : "[l'influence négative du nom] Kora'h a pris [le dessus sur le fait qu'il était le], fils de Yitshar fils de Kehat fils de Levi".

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-> "Je suis très étonné à propos des tsadikim que sont les enfants de Lévi qui ont appelé leur fils Kora'h, qui était le nom d'un des chefs d'Essav.
Les Sages (guémara Yoma 38b) ne nous ont-ils pas enseigné : "Nous ne nommons pas nos enfants avec des noms de réchaïm".
Nous voyons les conséquences désastreuses de ce qui lui est arrivé. C'est pour cette raison que le verset (Kora'h 16,1) énumère son ascendance depuis Lévi pour nous enseigner que même s'il avait la force d'une corde à trois fils, il s'est malgré tout effondré rapidement car il fut nommé par le nom d'un racha.
C'est le sens de "Kora'h prit" : son nom a pris toute la sainteté qu'il avait hérité de Yitsar, de Kéhat et de Lévi."
['Hatam Sofer - drachot Kora'h]

-> Le 'Hatam Sofer (Toldot 120) écrit : "La valeur numérique du nom de Essav (עשו) est de 376 comme celle du mot Shalom (שלום) car Essav détenait l'attribut de la paix dans l'impureté. C'est la raison pour laquelle il est considéré comme haïssant la paix."

=> Par conséquent, Kora"h qui portait le nom d'un racha fut vaincu par l'influence de la klipa d'Essav qui déteste la paix. Il contesta donc le statut d'Aharon en tant que Cohen Gadol car Aharon était la quintessence de la paix du côté de la sainteté.

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-> La guémara (Sanhedrin 37a) enseigne que Adam a été créé seul car ainsi personne ne pourra dire à son ami qu'il lui est supérieur en raison du fait que son père est plus grand que le sien.
En effet, nous provenons tous du même père!
[...]
Il y a 3 partenaires dans la création d'une personne : Hachem, son père et sa mère.
Les parents fournissent les différentes parties du corps.
Hachem fournit la néchama, qui est habillée par le corps.

On ne doit jamais enorgueillir, car la généalogie de tous remonte à Adam.
Chaque personne se doit de travailler sur elle-même, sur sa néchama, qui lui a été donnée par Hachem, et ne pas regarder ses "habits" (ce qui est lié au corps) pour en tirer de l'honneur.

[le Noam Mégadim]

=> C'est une réponse à l'attitude de type "Kora'h" de se revêtir de son ascendance afin d'obtenir des honneurs.

Le rav Avraham Pam disait que l'ascendance d'une personne (le yi'hous), c'est comme plein de zéros.
Si on travaille sur soi afin d'intégrer les qualités qui ont fait de nos ancêtres de grandes personnes, alors on ajoute un 1 avec les zéros ensuite. C'est une grande richesse.

Dans le cas où l'exploitation de notre ascendance est purement extérieure à nous, alors nous avons plein de zéros avant le 1, et la valeur n'est pas très élevée.

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-> Le Yalkout Chimoni rapporte que Kora'h a vu par roua'h haKodech que le prophète Chmouël, qui était équivalent à Moché et à Aharon, allait être un de ses descendants.
Cette vision lui a joué un mauvais tour.
Il s'est dit que si autant de grandeur allait venir de lui, personne ne pourrait jamais l'anéantir, qu'il était intouchable!
Cependant, ce qu'il n'a pas vu c'est que ses enfants allaient faire téchouva (composant même des Téhilim!), et qu'ils ne vont pas être anéantis contrairement à lui.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) demande à ce sujet : étant quelqu'un de très sage, comment a-t-il pu ne pas prendre en compte le fait que sa descendance pourrait faire téchouva?

Il répond que les 248 membres d'une personne vont en parallèle aux 248 mitsvot positives de la Torah.
Les yeux sont comparables à la mitsva des tsitsit (our'itèm oto).
En tournant en dérision la mitsva des tsitsit, Kora'h a entraîné la perte de sa capacité de voir, et c'est ce qui fût la cause de sa chute (puisque même ce qui est évident, il ne le voyait plus!).

-> Selon le Béer Moché, Kora'h était si perdu, qu'il pensait que la dispute qu'il avait créé était une mitsva.

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-> Sur notre verset, Rachi fait remarquer que la Torah ne remonte pas la généalogie de Kora'h jusqu'à Yaakov, car ce dernier a prié pour ne pas que son nom soit mentionné dans la révolte de Kora’h.
En quoi est-ce si important de ne pas citer le nom de Yaakov?
Hachem aime même les fauteurs, comment Yaakov peut en apparence renier totalement un de ses descendants?

En réalité, c’était une grande bonté que Yaakov a fait à Kora'h de prier pour que son nom ne soit pas mentionné dans sa révolte.

A un enfant issu d'une famille de "magouilleurs", qui va commettre un vol, on va prendre cet aspect familial comme une circonstance atténuante (vu le milieu dans lequel il a grandi, ce n'est pas étonnant).
Cependant, à un enfant issu d'une famille de tsadikim, le milieu familial va devenir une circonstance aggravante (comment a-t-il pu faire cela alors qu'il est entouré de gens de si grande valeur!).

=> Ainsi, en retirant son nom, Yaakov évite que Kora'h soit encore davantage puni, car dans sa famille directe et proche il a un Patriarche.
Bien en avance, il a tout fait pour atténuer autant que possible la potentielle punition de son descendant.

[adapté du 'Hidouché Harim]

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-> Le rav Klonymous Kalman de Krakow (Méor véChémech) écrit que l'attribut éternel associé à Yaakov est : la vérité (émet).
L'histoire de Kora'h, à son niveau le plus profond, était une bataille basée sur une logique fausse, mensongère.
Yaakov ne voulait en rien être lié avec quelque chose touchant à du mensonge, même si cela provenait de son arrière arrière petit fils.

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-> Rabbi Sim'ha Bounim de Pschischa note que Kora'h avait de magnifiques qualités, il provenait d'une famille très distinguée, était un érudit, possédait une richesse extraordinaire, ...
Pourquoi n'a-t-il pas mérité d'être un responsable?

C'est parce qu'il s'est "séparé lui-même" ; il n'a pas attendu patiemment le moment où il serait appelé à diriger le peuple.

Le Rabbi de Pschischa dit qu'il a été puni mesure pour mesure.
De même qu'il a voulu prendre le pouvoir avec son temps en se révoltant contre Hachem, de même la terre l'a englouti avant que son heure de mourir "normalement" ne soit arrivée.

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-> Nos Sages interprètent le nom de Kora’h (קֹרַח) comme étant formé des initiales de : Kina (la jalousie), Romemout (la grandeur), ‘Hemda (la convoitise), car Kora’h avait un peu de tous ces 3 défauts :
- La jalousie : il était jaloux de la grandeur et du statut de Moché et Aharon.
- La grandeur : il aspirait à la couronne de la direction du peuple à cause de l’honneur qu’elle impliquait.
- La convoitise : il convoitait et désirait un statut qui ne lui convenait pas.
Or nos Sages disent : "La jalousie, les désirs matériels et la recherche des honneurs excluent l'homme du monde" (Pirké Avot 4,21).

[d'une certaine façon il a été tellement exclu de ce monde, qu'il a été englouti avec ses possessions dans les profondeurs extrêmes de la terre.]

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+ Supplément :

Pour se rendre compte des dégâts d'une telle attitude,
-> on a au départ :
- "Kora’h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l’Arche" (midrach Bamidbar rabba 18,3) ;
[le Arizal note que les dernières lettres du verset : "Le juste fleurit comme le palmier" (צַדִּיק כַּתָּמָר יִפְרָח - Téhilim 92,13) forment le mot Kora’h. Ceci signifie qu’il était un juste.]
- "[Kora’h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui" (midrach Bamidbar rabba 18,9)
- "Aharon et Kora’h étaient égaux [en grandeur]" (midrach Bamidbar rabba 18,17)

-> On arrive à un résultat final de :
- "Kora'h a renié les aspects divins de la Création du monde" (Zohar) ;
- "Kora'h a dit que la Torah ne vient pas du Ciel, que Moché n'est pas un prophète (navi), et que Aharon n'est pas un Cohen Gadol." (guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,1)
- "Kora'h a tourné en hérésie et a renié la Torah et toutes les mitsvot" (midrach haGadol)

=> Quel énorme gâchis!
Tâchons dans notre vie d'être à l'image de Moché et Aharon, de tout faire pour maximiser nos magnifiques potentiels en accord avec la Torah et non selon nos envies personnelles.
L'essentiel étant d'agrandir la présence de D. dans ce monde, et non notre égo.

3 Questions/Réponses – Paracha Kora’h

+ 4 Questions/Réponses - Paracha Kora'h :

1°/ La guémara (Yoma 75a) enseigne que la manne tombait à l'entrée de la tente des tsadikim, très loin pour les réchaïm et entre les 2 pour les autres (en fonction de leur comportement). Pourquoi est-ce que Moché n'a-t-il pas pu répondre à Kora'h en lui montrant en public que sa manne tombait très loin de sa tente?

Le Shévet Moussar citant le midrach nous enseigne que les disputes et les discordes sont des fautes si graves que durant la journée de la rébellion de Kora'h, la manne n'est pas tombée, tandis que pendant la journée du Veau d'or (à priori une faute plus grave), la manne est quand même tombée car il y avait de la paix et de l'unité entre les gens (même si c'était dans un mauvais but).

=> Ceci explique pourquoi Moché n'était pas capable de prouver le vrai niveau de Kora'h en se basant sur la manne.

Le rav Aharon Leib Steinman suggère qu'en ce jour les juifs ont mangé de la nourriture achetée à des marchands nomades passant près de leur campement.

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+ Le saviez-vous?

-> Les gens de la génération de la Dispersion (ceux qui ont participé à bâtir la Tour de Babel), se sont ensuite réincarnés dans les habitants de Sodome.
Kora'h et son assemblée étaient la réincarnation de ces personnes.
[selon Rabbénou Bé'hayé (Kora'h 16,2)]

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2°/ Fait intéressant : il y a dans cette paracha le mot ayant la guématria la plus élevée de toute la Torah.
Quel est-il? Que pouvons-nous apprendre de cela?

Le mot : תשתרר (tichtarèr - Kora'h 16,13) n'a que 5 lettres, mais possède une guématria de 1500.

Le Panéa'h Raza explique qu'après avoir échoué à influencer positivement Kora'h, Moché a approché Dathan et Aviram.
D'une manière effrontée, ils ont refusé les paroles de paix de Moché et l'ont accusé de : תשתרר (dominer), de se grandir et de dominer le peuple juif.

=> Ainsi, il convient bien au mot ayant la guématria la plus importante de faire référence à cette fausse accusation sur Moché, cherchant à se faire le plus important sur le peuple.

[lien Torah & peuple juif : les 600 000 lettres comme les 600 000 membres du peuple.
Le mot ayant la guématria la plus importante s'élève sur toute la Torah, comme Moché s'élève sur tout le peuple d'Israël]

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3°/ "Ceux qui moururent de ce fléau furent 14 700" (Kora'h 17,14)
=> Pourquoi particulièrement ce nombre-là?

-> Kora'h arguait que l'intégralité de l’assemblée étant toute sainte, personne ne devait être au-dessus des autres. Ainsi, Kora’h s’opposait à l’élection de la tribu de Lévi, puisque toutes les tribus devaient être identiques, selon lui.
Or, cela s’opposait au testament de Yaakov qui avait demandé que tous ses enfants portent son cercueil sauf Lévi, car il sera amené à transporter l’arche sainte.
[en effet, Rachi (Vayé'hi 50,13) commente : Lévi ne portera pas [le cercueil de Yaakov], car il est destiné à porter l’Arche sainte. Yossef non plus ne portera pas, à cause de son titre de roi. A sa place se tiendront Menaché et Efraïm]

Ainsi, Yaakov avait déjà destiné Lévi au Service Divin. Et comme Kora’h s’opposa à cette volonté de Yaakov, l’épidémie qui a atteint le peuple suite à sa révolte, tua 14 700 personnes, allusion aux années de vie de Yaacov, qui vécut 147 ans (soit 100 fois plus).
[en effet : "les années de sa vie [de Yaakov], furent de 147 ans" (Vayé'hi 47,28)]
[le Messekh 'Hokhma]

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4°/ Après que les responsables de chaque tribu aient apporté un bâton avec leur nom écrit dessus, Moché les a placé dans le Ohel Moèd du Michkan.
Le jour suivant, uniquement le bâton de Aharon (représentant la tribu de Lévi) a fleuri, "il avait produit une fleur, fait jaillir un bourgeon et des amandes avaient mûri" (v.17,23).
Quel autre miracle le bâton de Aharon a accompli?

Le Baal haTourim note que le bâton de Aharon a été placé parmi les "matotam" (leurs bâtons - v.17,21).
Ce mot est également utilisé lorsque le bâton de Aharon (transformé en serpent) a avalé les bâtons (matotam - Vaéra 7,12) des sorciers de Pharaon.

=> Ainsi, comme en Egypte, le bâton de Aharon a avalé celui des autres tribus, et pour cette raison cela a été le seul qui a fleuri.

Lorsque Moché a retiré ce seul bâton restant du Ohel Moèd, ce dernier a expulsé tous les autres bâtons.
[la spiritualité, la kédoucha (Ohel Moèd) unit (tous les bâtons sont avalés par celui du Cohen Gadol), tandis que la matérialité divise (ex: recherche des honneurs, du pouvoir, de l'argent, ...).]

A ce moment dans la Torah, on peut constater que le terme "matot" (les bâtons - הַמַּטֹּת - v.17,24) est écrit sans la lettre vav, faisant allusion qu'en les retirant il n'y en avait plus qu'un seul (ו).

-> L'ordre naturel est qu'un bourgeon apparaît et ensuite les fleurs vont en sortir.
Selon le Radak, miraculeusement, Hachem a fait fleurir le bâton de Aharon d'une façon contraire à la nature afin d'augmenter la grandeur du miracle.
[l'ordre du verset le montre bien : "produit une fleur" puis "fait jaillir un bourgeon"]

-> Les bâtons étaient mis dans le Ohel Moed, et Hachem avait conscience qu'on pourrait accuser Moché de tricherie, par le fait d'avoir déjà préparé un 2e bâton tout fleuri pour Aharon, trompant alors tout le monde en l'échangeant discrètement.

Selon Rabbénou Efraïm, pour contrer cela, Hachem a fait un miracle.
Le bâton de Aharon a fleuri une première fois dans le Ohel Moed, et après que Moché l'ait pris en dehors, il a de nouveau fleuri devant le regard du peuple.
Le verset (17,23) met cela en avant : "voici qu'avait fleuri le bâton d'Aharon [dans le Ohel Moed] ... il avait produit une fleur [de nouveau dehors aux yeux de tous]".

-> Normalement lorsqu'un fruit apparaît, naturellement les fleurs et les bourgeons tombent et disparaissent.
Cependant, miraculeusement, sur le bâton d'Aharon les amandes, les fleurs et les bourgeons s'y trouvaient tous en même temps.

Selon rabbi Moché Feinstein (Darach Moché), ce miracle est venu montrer la différence entre le spirituel et le matériel.
Les bourgeons préparent le fruit et symbolisent l’effort qui permet d’obtenir le résultat, qui est le fruit.
- Dans le monde matériel, seul le résultat compte. Celui qui a investi beaucoup d’effort et a échoué n’aura aucune reconnaissance.
- Ce qui n’est pas le cas dans la Thora. L’effort de l’étude compte autant que le résultat qui est la compréhension de l’étude. Celui qui s’est donné à fond, même s’il n’a pas compris sera plus grand que celui qui a compris de suite, sans effort.
Les bourgeons et les fleurs sont aussi importants et comptent autant que le fruit.

Dans le spirituel, même quand le fruit et le résultat apparaissent, les fleurs et les bourgeons (nos efforts investis) ne tombent pas et sont encore présents.

-> Pourquoi des amandes?
Rachi (v.17,23) : Pourquoi des amandes ? Elles sont, de tous les fruits, celui qui fleurit en premier. Aussi vite vient la punition infligée à celui qui se rebelle contre la kéhouna,

Rabbi David Feinstein fait remarquer que les lettres du mot : shékédim (amandes - שקדים) peuvent être réarrangées en : kédochim (saints - קדשים).
Hachem a utilisé les amandes afin de révéler ceux qu'Il considère être particulièrement saints.

Rabbi Chimchon Raphaël Hirsch rapporte que de même que les amandiers sont les plus rapides de tous les arbres fruitiers à fleurir, de même les lévi'im ont immédiatement fait preuve de zèle pour défendre l'honneur de D. quand leurs frères ont idolâtré le Veau d'or.

Selon le Léka'h Tov, la floraison des amandes est une allusion aux malheurs qui attendent le peuple juif : tout comme les amandes mûrissent 21 jours après la floraison, une période de 3 semaines séparera la date où la brèche a été faite dans l'enceinte du Temple (le 17 Tamouz) et la date où il a été détruit (le 9 Av).

-> Ensuite, les chefs de tribus sont revenus prendre chacun son bâton (Rabbénou Bé'hayé v.17,24).
Seul celui de Aharon restera dans le Michkan, près de l'Arche d'alliance, comme souvenir et comme avertissement, symbole de la légitimité indiscutable de Aharaon et de ses descendants et leurs droits exclusifs à la prêtrise.
C'est là qu'il demeurera jusqu'à la destruction du 1er Temple, ainsi que le flacon de manne conservé pour les générations futures, l'huile d'onction et les tuniques portées par le Cohen Gadol (vêtement en lin blanc qu'il portait une seule fois à Yom Kippour, sans le réutiliser ensuite).
En effet, quelques années avant la destruction, voyant la situation politique se dégrader, le roi Yochiyahou les a cachés dans un caveau souterrain préparé par le roi Salomon dans ce but (cf. Bamidbar rabba 18,23 ; Yoma 52b ; Rambam).

Le bâton est resté miraculeusement frais et bourgeonnant durant tout ce temps (Léka'h Tov), prouvant qu'il s'agissait d'un prodige divin et non d'une sorcellerie ou d'une supercherie qui n'aurait duré que quelques heures (Sifté 'Haïm).

Rabbénou Bé'hayé rapporte qu'il y avait 2 grappes d'amandes sur le bâton : l'une amère et l'autre douce.
Lorsque le peuple faisait des fautes et mécontentait D., les amandes amères germaient tandis que les douces se flétrissaient, indiquant le mécontentement divin, [et inversement]

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-> "son bâton fleurira" (matéou yifra'h - Kora'h 17,20)
Le Panéa'h Raza fait remarquer que ces mots : "matéou yifra'h" (מַטֵּהוּ יִפְרָח) ont la même valeur numérique que : machia'h (משיח).
En effet, la bénédiction de l'ère messianique sera d'offrir à chacun l'occasion de réaliser son potentiel, de faire jaillir toutes ses ressources intimes. Comme un jardin en fleurs, tous s'épanouiront et feront croître les fruits de leur labeur.

[on peut également dire que ce que nous plantons par l'effort dans ce monde, nous le récolterons dans la joie pour l'éternité dans le monde à venir.
Par ailleurs, avec la venue du machia'h, il ne restera plus que la Vérité, et même si le libre arbitre disparaîtra quasiment totalement, nous pourrons mettre au grand jour nos pleines capacités Divines.]

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-> Le rav David Feinstein (Kol Dodi) écrit que la guématria du mot : "shaked" (amande - שקד) est de 404. Or, le 1er Temple a duré 410 ans, mais ce nombre comprend les 6 années de construction. Ainsi, le Temple complet a tenu pendant 404 ans.

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-> "Remets le bâton de Aharon ... Et Moché fit comme Hachem lui ordonna, ainsi il fit" (17,25-26)

=> Pourquoi la Torah présente une redondance du verbe faire : "Et Moché fit ... ainsi il fit"?

En fait, le bâton de Aharon qui avait fleuri, a attesté de l'authenticité de Moché, qui a choisit Aharon comme il se devait. Ainsi, on aurait pu penser que Moché trouva un intérêt personnel en restituant le bâton de Aharon, car cela attestait pour toujours qu'il avait raison et que la vérité était avec lui.
Mais la Torah, en disant que "Moché fit comme Hachem lui ordonna, ainsi il fit" vient ici témoigner que tout ce qu'il avait fait n'avait d'autre but que de réaliser la Volonté d'Hachem, sans aucune intention d'en tirer la moindre fierté pour lui-même. Il a tout fait absolument uniquement pour réaliser l'ordre d'Hachem.
[rabbi Akiva Sofer]

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+ "Dépose [les bâtons] dans le Ohel Moed, devant [l'Arche du] Témoignage que J'ai réservé pour vous rencontrer. Le bâton de l'homme que J'aurai élu fleurira. Je Me débarrasserai ainsi des plaintes que les Bné Israël profèrent contre nous".
Moché parla aux Bné Israël et chaque chef lui remit un bâton pour sa tribu paternelle, soit 12 bâtons, le bâton d'Aharon parmi les leurs.
[Moché] déposa les bâtons devant D. dans la Tente du Témoignage.
Le lendemain, lorsque Moché entra dans la Tente du Témoignage, voici que la bâton d'Aharon, représentant la maison de Lévi, avait fleuri. Il avait produit une fleur, portait des bourgeons et des amandes y mûrissaient.
Moché retira tous les bâtons de devant D. et les exposa à la vue de tous les Bné Israël. Chacun reprit le sien." (Kora'h 17,19-24)

-> Le Méam Loez enseigne :
Tous d'abord, Moché avait reçu l'ordre de prendre un arbre et de le débiter en 12 morceaux de crainte que l'on ne proteste que le bâton d'Aharon était plus frais que les autres. Ensuite, il devait placer le bâton d'Aharon au milieu des autres afin qu'on ne dise pas que sa position près de l'arche l'avait fait fleurir.
Moché exécuta ces instructions et le bâton d'Aharon fleurit. Par un grand miracle, ce bâton de bois sec produisit, en une nuit, des fleurs, des bourgeons puis des fruits.
Lorsque le peuple vit ce miracle, chacun des chefs de tribu reprit le bâton portant son nom. Ils admirent que la prêtrise appartenait à Aharon et que le service du Michkan revenait aux Lévi'im. Ils renoncèrent ainsi à toutes leurs réclamations.

Deux prodiges intervinrent ici :
1°/ Non seulement les amandes fleurirent puis produisirent 2 bourgeons, mais par la suite, pendant qu'un bourgeon perdait ses feuilles (comme le font tous les arbres après la fructification), l'autre restait intact, été comme hiver.
2°/ Le bâton produisit des amandes douces et des amandes amères.
Les amandes douces poussèrent sur le côté droit du bâton et les autres sur le côté gauche. Tant que les Bné Israël obéissaient à la volonté de D., les amandes du côté gauche poussaient tandis que celles de droite devenaient amères.

La Torah fait allusion à ces 3 pousses : "avait produit une fleur, portait des bourgeons et des amandes y mûrissaient" (v.17,23)
Ces pousses avaient également une signification symbolique.
L'expression "produit une fleur (péra'h)" = désigne les fils d'Aharon, les Cohanim en herbe (pir'hé kéhouna) ; "portait des bougeons (tsits)" = fait allusion à la plaque frontale (tsits) du Cohen Gadol ; et "des amandes (chékédim) y mûrissaient" = représente 2 choses :
1°/ [la 1ere est liée à la connotation littérale du mot "chaked", signifiant un effort énergique, comme dans le verset : "Je répondis : Je vois le bâton d'un amandier (chaked). D. me dit : Tu vois juste. Car Je m'empresse d'accomplir (choked) Ma parole." (Yirmiyahou 1,11-12)]
De fait, l'amandier est appelé "chaked" parce qu'il est le premier arbre à produire ses fruits. Par cette image, D. signifiait que comme l'amandier est le premier à donner ses fruits, Il s'empresserait de punir ceux qui réclamèrent la prêtrise (kéhouna).
[lorsque le roi Ouziahou offrit l'encens à la place du Cohen, il fut puni par une marque de tsaraat sur le front (Divré haYamim II 26,19)]

2°/ La 2e allusion aux amandes vise l'attribut de stricte justice, symbolisé par l'amertume des amandes encore vertes. Comme le prophète Yirmiyahou a prédit la destruction du Temple par l'application de la stricte justice symbolisée par un amandier ("Je vois un bâton d'amandier"), ce même attribut frappe quiconque réclame la prêtrise.
[...]

Il y avait 4 groupes qui rivalisaient pour la prêtrise : Kora'h, Datan et Aviram, les Lévi'im et les premiers-nés.
- Les premiers-nés prétendaient à la prêtrise sous prétexte qu'avant la faute du veau d'or, ce sont eux qui offraient les sacrifices ... Lorsque Moché transmit ce privilège aux Lévi'im, les premiers-nés le soupçonnèrent d'avoir agi de sa propre initiative pour favoriser les membres de sa tribu.
- les Lévi'im affirmaient être tout autant des descendants de Lévi qu'Aharon. Pourquoi n'étaient-ils pas tous Cohanim comme Aharon et ses fils? demandèrent-ils, reprochant à Moché d'avoir pris cette décision pour avantager son frère.
- Datan et Aviram soutenaient que le droit d'aînesse leur appartenait car il descendait de Réouven, l'aîné des 12 tribus. Ils soupçonnaient donc Moché d'avoir transféré le droit d'aînesse à Yossef pour favoriser son disciple, Yéhochoua, issu de la tribu de Yossef.
En réalité, ce n'était pas Moché mais Yaakov lui-même qui avait passé le droit d'aînesse à Yossef, comme il est écrit : "Il était le premier-né ; mais comme il souilla la couche de son père, son droit d'aînesse fut donné aux fils de Yossef" (Divré haYamim I 5,1).
Datan et Aviram accusèrent néanmoins Moché et exigèrent qu'il répare cette injustice en restituant le droit d'aînesse aux descendants de Réouven.
Ils demandaient que leur supériorité soit rétablie immédiatement, car toutes les années où Réouven avait souffert de la colère de son père représentaient une punition suffisante pour son acte.
- Kora'h, pour sa part, exigeait la prêtrise (kéhouna) car d'une part il était lui aussi Lévi et désirait être Cohen gadol comme Aharon, et d'autre part, il était également premier-né, comme il est écrit : "Les fils de Yitshar : Kora'h, Néfeg et Zikhri" (Vaéra 6,21).

Tels étaient les 4 groupes qui pour des raisons différentes, s'insurgeaient contre Moché.
La mort de Datan et Aviram prouva aux Bné Israël que leur revendication de restaurer le droit d'aînesse à Réouven était injustifiée. Avec la mort des 250 hommes, Lévi'im et premiers-nés, les Bné Israël admirent que les réclamations des Lévi'im et des premiers-nés étaient sans fondement.
Enfin, la mort de Kora'h leur fit comprendre que son désir d'être Cohen Gadol sous prétexte qu'il était Lévi et premier-né n'était pas légitime.

Malgré tout, il restait chez les Bné Israël une trace de mécontentement. Ils soutenaient que même si les premiers-nés n'étaient pas dignes de devenir Cohen (prêtes), ils méritaient au moins d'accomplir les tâches des Lévi'im.
Qu'ils soient morts brûlés en offrant l'encens fit accuser Moché car il avait dit aux premiers-nés d'accomplir une tâche réservée aux Cohanim.
Selon les Bné Israël, si les premiers-nés avaient exécuté une tâche réservée aux Lévi'im, ils n'auraient pas été punis. Ils dirent donc à Moché et Aharon : "Vous avez tué le peuple de D.!"

Pour faire taire ces plaintes, D. ordonna à Moché de procéder à l'épreuve des bâtons.
[le mot hébreu "maté" signifie à la fois bâton et tribu]
Moché devait prendre 12 bâtons et y inscrire le nom des chefs de tribu, y compris celui d'Aharon pour la tribu de Lévi.
Lorsque seul le bâton d'Aharon allait fleurir et produire des bourgeons et des fruits, tout le monde saurait qu'aucune autre tribu ne méritait de prendre la fonction des Lévi'im.
Comme la mort par le feu de ces 250 rebelles avait prouvé qu'ils ne méritaient par la prêtrise, le bourgeonnement du bâton d'Aharon prouva sans équivoque que seuls les membres de la tribu de Lévi étaient qualifiés pour accomplir les tâches des Lévi'im.

"Un seul homme (a'ish é'had) fauterait et Tu T'emporterais contre toute l'assemblée" (Kora'h 16,22)

Pourquoi est-il écrit : a'ish é'had (un seul homme) et pas uniquement : "un homme"?

Une des grandes différences entre le peuple juif et les autres nations réside dans l'idée d'unité.
Tous les juifs sont liés en une seule entité (que seule la matérialité divise en apparence), à l'opposé des autres nations dont chaque individu n'a pas de lien avec un autre.

Pour Israël, il est écrit : "Toutes les personnes (kol néféch) composant la lignée de Yaakov étaient au nombre de 70 âmes" (Chémot 1,5)
Le mot néfech y est au singulier : il y avait 70 personnes, mais elles ne formaient qu'une seule entité.

A l'opposé, au sujet d'Essav, il est écrit : "Essav prit ses femmes, ses fils, ses filles et tous les gens (kol nafchot) de sa maison" (Vayichla'h 36,6)
Bien qu'il y avait 6 personnes dans son foyer, le verset utilise la forme plurielle : nafchot. En effet, chacune des personnes étaient totalement indépendante les unes des autres.

Puisque tout les juifs sont considérés comme une seule néfech (âme), lorsque l'un de ses membres faute, c'est l'ensemble des juifs qui en paie les conséquences.

De même, lorsqu'un juif fait une mitsva, c'est la totalité des juifs qui se partage sa récompense.

Maintenant, nous pouvons comprendre ce que Moché a dit à Hachem : Lorsqu'un membre du peuple juif fait une faute (avéra), alors tout le peuple en souffre.
Cependant, Kora'h et ses hommes ont créé une dispute et se sont séparés du restant du peuple.

"Un seul homme (a'ish é'had)" = cette personne qui a fauté est seule, ne fait plus partie du peuple juif, et ainsi l'ensemble de la nation ne doit pas partager sa punition.

[le Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

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+ "Que chaque homme prenne son encensoir" (Kora'h 16,17)

Pourquoi est-ce que le test permettant de révéler l'erreur de Kora'h devait passer par de l’encens ?

Nos Sages disent que l'encens était composé de 11 senteurs : 10 qui avaient une bonne odeur et 1 qui sentait mauvais. Cela vient nous signifier que même un racha, s'il se joint et s'associe à la communauté, il sera accepté par le mérite de la communauté.

Or Kora'h voulait devenir le chef de la tribu de Lévi (en place d'Aharon), et pour cela il s'est séparé du reste du peuple.
[Rachi : "pour se séparer de la communauté" - 1er verset de la paracha]

Les encens qui attestent de la grande vertu de se mêler à la communauté, au point même de sauver les réchaïm, allaient à présent démontrer l'erreur de Kora'h qui voulait se dénoter et se séparer du reste de l’assemblée en voulant prendre le titre de chef.

[Rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Halakhot]

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-> La guémara (Yébamot 61a) dit que le terme : adam (un homme), n'est utilisé qu'en référence au peuple juif.

Rabbi Yaakov Schechter explique qu'une raison à cela, est qu'il n'y a pas de pluriel pour ce mot (adam).
En effet, seuls les juifs peuvent atteindre ce magnifique statut d'unité.

"Selon le nombre de jours que vous avez exploré le pays, soit 40 jours, un jour pour une année, un jour pour une année, vous porterez vos fautes durant 40 années" (Chéla'h Lé'ha 14,34)

-> Rachi (v.13,25) rapporte le mdirach Tan'houma :
"N'est-ce pas que le pays avait 400 parsa (1 600 kilomètres) sur 400 parsa.
Or, un homme moyen peut parcourir 10 parsa (40 kilomètres) par jour.
Il faut donc 40 jours pour traverser le pays de l'est à l'ouest et eux ont traversé (le pays) en longueur et en largeur.

[L'exploration aurait donc duré 80 jours.] Mais D. savait qu'il décréterait contre eux une année (de séjour dans le désert) par jour (d'exploration), Il leur a alors écourté le chemin."

=> D. dans sa bonté, a fait le miracle de contraction du chemin (kéfitsat hadéré'h) afin d'écourter de moitié le séjour dans le désert et entrer plus vite en Israël.

Mais, pourquoi lier la durée de la sanction à la durée de leur exploration (un jour par an)?

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch dit que la faute des explorateurs n'est pas seulement la médisance (lachon ara), mais leur péché principal est d'avoir porté un regard dédaigneux sur la terre d'Israël, une vision déformée et négative qui est la racine de leurs propos médisants du pays.

=> Nous pouvons généraliser cet enseignement : la faute de lachon ara, de médire ou dénigrer quelqu'un, a pour racine un regard négatif et déformé sur son prochain.

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-> Cette attitude est contraire à l'esprit de la Torah dont le préalable est l'union des cœurs :
- Le fait que : "Israël campa [au mont Sinaï] comme un seul homme, d'un même cœur" (Rachi - Chémot 19,2) ;
- entraîna : "Etant donné qu'Israël a (finalement) détesté la discorde, aimé la paix et campé d'un même cœur, c'était le moment (opportun) de leur donner Ma Torah" [Déré'h Erets Zouta, à la fin]

=> Nous devons avoir un regard qui nous lie avec notre prochain (en se focalisant sur ses aspects positifs), plutôt que de nous diviser (en se focalisant sur ce qui nous semble négatif).

Papa Hachem est tellement heureux lorsqu'Il voit que Ses enfants s'aiment et s'entendent bien entre eux, qu'Il comble alors tout le monde de bénédictions.
["Pour fêter ça : c'est ma tournée de bra'ha pour tout le monde, et ce quelques soient vos mérites individuels!" ]
C'est ainsi que D. n'a donné son bien le plus cher (la Torah) qu'une fois qu'il y avait de l'unité.

[que c'est dur pour des parents de voir leurs enfants ne pas s'apprécier, ne pas s'entraider!]

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+ "Un jour pour une année, un jour pour une année" (Chéla'h Lé'ha 13,34)

Ce verset signifie que les Juifs furent punis de rester 40 ans dans le désert, en contrepartie des 40 jours d’exploration de la terre : un jour pour un an.

Un grand bien est sorti de là. En effet, quand Hachem pardonne les fautes des juifs à Kippour, le Satan vient accuser en disant que ce n’est pas juste qu’un seul jour puisse apporter l’expiation pour toute une année.
Alors, Hachem lui répond : "Mais quand J’ai puni les juifs en leur comptant un an pour un jour et en les faisant rester 40 ans dans le désert par rapport à 40 jours, à ce moment là, tu n’es pas venu argumenter que ce n’est pas juste. A présent aussi, cesse d’intervenir.
"

[Admour de Rouzin]

"S'il se forme sur la peau d'un homme une tumeur (ché'ét) ou une dartre (chapa'hat) ou une tache (baérét), pouvant dégénérer sur cette peau en affection lépreuse (tsara'at)" (Tazria 13,2)

-> La lèpre survenait en punition de paroles fautives.
Selon le midrach, cela inclut notamment : les promesses de don qui ne sont pas tenues, la médisance, la flatterie, les voeux non respectés, les mensonges, les faux témoignages, le colportage de ragots, les moqueries.

-> Quel rapport existe-t-il entre les fautes de la parole et la lèpre?

Selon le rav Its'hak Goldwasser (Béérot Its'hak), c'est parce que la parole constitue la spécificité unique de l'être humain.
Si bien que la guémara (Sanhédrin 99b) émet l'hypothèse que la création de l'homme ne se justifie que par ses "efforts de langage".

"Hachem façonna l'homme ... et fit pénétrer dans ses narines une âme de vie, et l'homme devint un être vivant" (Béréchit 2,7)
Onkelos traduit en araméen ces mots par : "Il souffla dans ses narines une âme de vie, et l'homme devint un être parlant".

=> Toute faute commise par la parole témoigne d'un mépris pour la parcelle divine qui nous habite : au lieu de considérer l'âme comme l'essentiel de notre être et la parole comme sa manifestation la plus tangible, nous sacrons le corps roi de notre existence.

La fonction essentielle des plaies de tsara'at n'est pas de causer des souffrances au corps, mais de le rendre répugnant aux yeux de l'homme (purulence de ses plaies, le sang séché coulant à sa peau, les insectes tournant autour, ...).

A ce stade, le lépreux entamait naturellement une profonde introspection.
Il regrettait profondément d'avoir accordé tant d'importance à ce corps, qui n'est qu'un vêtement éphémère, un déguisement qu'il porte seulement pendant la durée de sa vie terrestre.

Il comprenait que l'âme constitue l'élément primordial de son existence, qu'elle est l'essence profonde de son être.
Il se promettait alors de ne plus entacher à l'avenir la sainteté de sa nature propre ("l'être parlant"), et réparait ainsi les torts commis par ses paroles fautives.

"Ne vous tournez pas vers les idoles, et ne vous fabriquez pas des dieux de métal" (Kédochim 19,4)

-> "Ce n'est pas seulement vers les idoles qu'il est interdit d'orienter nos pensées : il nous est également défendu d'évoquer dans notre cœur toute opinion pouvant nous conduire à nier l'un des principes de la Torah.

Nul ne s'écartera de cette règle, en suivant les opinions de son cœur, car l'entendement humain est limité, et tous ne sont pas capables d'assimiler la vérité convenablement.
Or, si l'homme devait s'en remettre aux pensées de son cœur, il en viendrait à détruire le monde à cause de sa faible compréhension."
[Rambam - Hilkhot Avoda Zara 2,3]

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+ "Ne vous fabriquez pas des dieux de métal" (Kédochim 19,4)

Rachi d'expliquer : "Au début, elles ne sont que des idoles (du néant), mais si tu te tournes vers elles, tu en feras des divinités"

-> Selon le rav Yérouh'am Leibovitz (Daat Torah), la Torah nous révèle ici un principe essentiel : les divinités sont l'oeuvre des hommes.

-> "Tu n'auras pas d'autres dieux que Moi" (Yitro 20,3)
La Mékhilta commente : "Il est dit : "Ils ont livré leurs divinités aux flammes, mais ce n'étaient point des dieux, c'étaient des œuvres fabriquées par l'homme" (Yéchayahou 37,19).

Que signifie alors "d'autres dieux"?
Il s'agit de ces choses que d'autres ont érigées en dieux."

=> La Torah ne nous interdit pas d'avoir "d'autres dieux", car il n'existe aucune autre divinité que Hachem.
Elle nous révèle un point fondamental : une chose totalement inexistante peut prendre corps et devenir un "dieu" par le simple intérêt que les hommes lui portent.

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-> Rav Achi a demandé en rêve au roi Ménaché : "Puisque les gens de votre génération étaient si sages, comment se fait-il que vous serviez les idoles?"

Ménaché lui a répondu : "Si tu avais vécu en ces temps, tu aurais soulevé les pans de ta tunique pour mieux courir après elles"
[guémara Sanhédrin 102b]

Rachi explique que le penchant pour les idoles étaient alors extrêmement puissant.

De nos jours, après que les hommes de la Grande Assemblée ont éradiqué cette tendance, nous ne comprenons plus quelle attirance les hommes éprouvaient pour les idoles.

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-> De même, la guémara (Yoma 69b) nous dit que le yétser ara pour l'idolâtrie (avoda zara) a été retiré.

-> On a vu que Ménaché a répondu : "Si tu avais vécu en ces temps, tu aurais soulevé les pans de ta tunique pour mieux courir après elles"

Le rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar 5733:7,12) commente que de même que nous ne comprenons pas le fait que l'idolâtrie peut être si tentante qu'on y courrait pour la servir, de même cela peut s'appliquer à toutes les fautes, car si nous n'avions pas de yétser ara, toutes les fautes nous sembleraient identiquement absurdes.

-> La guémara (Yérouchalmi Erouvin 5,1) explique que les idoles sont destinées à embarrasser ceux qui les auront servies, en venant le jour de leur jugement.

-> Le Méor Enayim (Chémot) dit qu'à un niveau plus profond, tout service qui n'est pas pour Hachem est une avoda zara, puisque "zara" signifie : étranger (comme un zar est un non Cohen).
Nous voyons également cela de nos Sages (guémara Shabbath 105b) qui disent que le "él zar", (le dieu étranger) au sein d'une personne est le yétser ara.
Ainsi, toute déviation d'Hachem est considérée comme adorer un dieu étranger.
[toute personne est naturellement tentée par rendre un culte à son "égo" (son "moi je").
On ne fait pas ce qu'Hachem désire réellement, mais on va plutôt faire notre volonté sous couvert d'agir selon la Torah.]

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-> La guémara (Ména'hot 109b) enseigne également :
"Rabbi Yéhochoua ben Péra'hya dit : Au début, si quelqu'un m'avait dit : "Accepte une fonction publique", je l'aurais attaché devant un lion. Maintenant [que j'y ai accédé], si quelqu'un me dit d'y renoncer, je lui verserais une cruche d'eau bouillante sur la tête.

[De fait, telle est bien la nature humaine,] à l'exemple de Chaoul qui refusa au début le trône, mais qui, après y avoir accédé, chercha à tuer David son rival. "

=> Chez toute personne, il y a une tendance naturelle à créer de nouvelles échelles de valeurs en fonction de ce qui l'arrange (plus ou moins consciencieusement).
A nos yeux, du néant peut devenir divin, d'où l'importance de rester fidèle à l'unique Vérité : la Torah.

[et ne pas vouer un culte à soi-même, aux "dieux" de la société environnante (les stars, la richesse, la célébrité, ...), ... ]

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+ "Ne vous fabriquez pas des dieux de métal" (Kédochim 19,4)

Rachi d'expliquer : "Au début, elles ne sont que des idoles (du néant), mais si tu te tournes vers elles, tu en feras des divinités"

-> "Le simple fait de porter son regard sur les idoles est interdit ... cela a pour objet d'éviter qu'on se laisse entraîner par leurs croyances.
De plus, cela nous invite à ne pas perdre notre temps dans des futilités, car l'homme a été créé uniquement pour se consacrer au servir du Créateur."
[Séfer ha'Hinoukh - mitsva 213]

-> Il est interdit de s'intéresser aux rites et aux thèses idolâtres, même si on désire les connaître afin de les combattre.
En effet la nature humaine est faible et nombreux sont ceux qui, à travers l'histoire, ont cru pouvoir rester maîtres de leurs pensées et de leurs désirs, mais ont fini par adopter les croyances qu'ils avaient combattu.
[le Panim Yafot]

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-> "Dès l'instant où un homme s'éloigne des paroles de la Torah, il se lie aux cultes idolâtres"
[midrach Yalkout Chimoni]

-> "Rabbi Chimon bar Yo'haï dit : Quiconque place les paroles de la Torah sur son cœur se prémunit contre 10 maux : les pensées ... et les pensées idolâtres"
[Tana déBé Eliyahou Zouta 16]

=> Par le mérite de la Torah et des mitsvot, les mauvaises pensées s'effaceront totalement du cœur.

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-> Le Séfer Yalkout ha'Ourim (Vayichla'h) écrit que le soleil, la lune, et les étoiles s'immergent dans le fleuve de feu de Dinor, avant de briller.
Le Chla haKadoch écrit que la raison est parce que le soleil et toutes les légions célestes sont interdites car elles sont adorées. [de nombreuses personnes les voient comme des dieux]
Par conséquent, "les images de leurs divinités, vous les détruirez par le feu" (Ekev 7,25), est réalisée [lorsqu'ils s'immergent dans le feu]
[Taamé haMinhaguim - p.462]

"Réprimande ton prochain" (Kédochim 19,17)

-> "Rabbi dit : Quelle est la voie juste que l'homme devra adopter?
Qu'il aime les remontrances, car tant qu'elles sont présentes dans le monde, la sérénité, le bien et la bénédiction règnent ici-bas, et le mal se retire."
[guémara Tamid 28a]

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-> "Les paroles d'un homme animé de la crainte du Ciel sont toujours entendues"
[guémara Béra'hot 6b]

-> "Généralement, les remontrances ne sont pas acceptées parce que l'on soupçonne celui qui les formule d'avoir des intérêts personnels. Mais quand un homme est animé d'une authentique crainte du Ciel, il est certain qu'il dit les choses telles qu'elles sont, en toute simplicité.
Dès lors, les soupçons tombent et ses paroles sont entendues."
[Torah Témima - Kohélet 12,13]

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) enseigne à ce sujet :
"Lorsque quelqu'un exprime des reproches à autrui ou le punit, sa démarche doit provenir du plus profond de son cœur.

Nos Sages disent en ce sens que seules les paroles qui sortent du cœur pénètrent dans le cœur [d'autrui]. Mais si, au contraire, les reproches n'émanent pas du plus profond de soi, leur impact ne sera pas complet sur l'interlocuteur.

Il y a en en outre un aspect plus profond : si les remontrances ne proviennent pas de l'intériorité de l'individu, c'est que leurs motivations ne sont pas totalement pures, des intérêts personnels y étant forcément mêlés.

A cet égard, non seulement les reproches resteront inefficaces, mais de plus, on est alors considéré comme si l'on méprisait son prochain et comme si on le blessait pour sa propre satisfaction ; la punition qui en découle est alors extrêmement grave."

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+ "Tu réprimanderas ton prochain, et ne porteras pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> "Si la Torah se soucie que l'on n'occasionne aucune humiliation à notre prochain au moment où on le réprimande, à plus forte raison sera-t-il interdit de l'humilier dans un autre contexte."
[le Smag - Lo Taassé 6]

-> Le Rambam (Hilkhot Déot - chap.6) écrit à ce sujet :
"Il est interdit d'humilier un juif, à plus forte raison en public.
Bien que celui qui blesse autrui moralement ne soit pas passible de flagellation, sa faute est néanmoins extrêmement grave.

Nos Sages disent en ce sens : "Quiconque humilie son prochain publiquement n'aura pas droit à une part dans le monde à futur".
C'est pourquoi chacun devra veiller à ne jamais humilier son prochain, que celui-ci soit un homme modeste ou important, à ne jamais l'appeler par un nom qui lui fait honte, ni à raconter en sa présence des faits qui le blesseront."

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-> "Ne fais pas de vives remontrances au railleur, car il te haïrait ; fais des remontrances au sage, il t'en aimera davantage" (Michlé 9,8)

-> Le Chla haKadoch déduit de ce verset une règle fondamentale :
Lorsqu'on formule des remontrances à quelqu'un, il nous incombe de ne pas l'accabler de reproches : on se contentera de lui rappeler ses manquements.
Dans le cas inverse, il resterait hermétique aux semonces et en viendrait à nous haïr.

C'est pourquoi selon le verset de Michlé : Ne fais pas de vives remontrances, comme s'il était un railleur, peu digne de respect. Au contraire, dis-lui qu'il est sage et qu'il ne convient donc pas à un homme tel que lui de se comporter de la sorte.

A cet égard, manifeste-lui de l'estime en le complimentant : il ne t'en aimera que davantage et il sera à l'écoute de tes remontrances.

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-> Le Gaon de Vilna demanda au Maguid de Doubno de le réprimander et de lui indiquer tout ce que sa conduite laissait à désirer.
On raconte également que le Maharchal accepta un jour les reproches d'un simple charretier.

-> A ce sujet, la guémara (Arakhin 16b) rapporte :
"Rabbi Yo'hanan ben Nouri dit : J'en prends le ciel et la terre à témoin : de multiple fois, [Rabbi] Akiva fut fustigé par ma faute, parce que je me plaignais de lui devant Rabban Gamliel.
Mais il ne m'en aima que davantage conformément au verset de Michlé (ci-dessus)."

Le railleur hait les reproches, car à ses yeux, celui qui les lui formule veut son mal.
Au contraire, le sage aime les remontrances, car il sait qu'elles seules le conduiront au monde futur, le libérant de son mauvais péchant.

Le rôle du sermonneur est de nous extraire de nos rêveries, nous montrer notre vrai visage et nous faire renouer avec la réalité.

-> Le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar) écrit :
"Sans moussar, l'homme s'exposerait aux pires maux de la terre.

Un homme à qui personne n'adresserait de reproches court un terrible danger.
Heureux sont ceux qui ont la chance d'entendre des remontrances, car c'est par leur mérite qu'ils accéderont à la vie du monde futur."

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Quelques autres divré Torah sur ce sujet (b’h) :

-> La remontrance : https://todahm.com/2016/10/18/la-remontrance
-> Le reproche : https://todahm.com/2014/11/19/le-reproche
-> https://todahm.com/2014/05/18/1429

Shavouot – La méguilat Ruth

+ Shavouot - La méguilat Ruth :

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Ruth 596) dit que la raison pour laquelle nous lisons la méguilat Ruth à Shavouot est afin de nous expliquer que la Torah ne peut s'acquérir que par les souffrances et la pauvreté (puisque c'est ainsi que Ruth a rejoint le peuple juif).

-> "Quelle est la signification du nom Ruth?
C'est parce qu'elle a mérité que [le roi] David descende d'elle, lui qui va "rassasier" Hachem par des chants et des louanges"
[le nom Ruth (רות) est lié à "ravé" (רוה) : rassasier]
[ guémara Béra'hot 7b ]

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-> "Quand elle vit qu'elle était décidée à aller avec elle, elle cessa d'argumenter" (Méguilat Ruth 1,18)

Pourquoi est-ce à ce moment que Naomi a été convaincue de la sincérité de Ruth?

Le Gaon de Vilna (Davar béito) compare cela à l'historie de Reich Lakich.
La guémara (Baba Métsia 84a) relate qu'à l'origine, Reich Lakich était un bandit de grands chemins qui pouvait sauter de grandes distances en un seul bond.
Cependant, à l'instant où il a décidé de se repentir et de prendre sur lui le joug de la Torah, sa force extraordinaire est immédiatement partie.

Selon est la conséquence de l'affirmation de nos Sages (guémara Sanhédrin 26b) que la Torah diminue les forces physiques d'une personne.

=> Naomi a remarqué que jusqu'alors Ruth n'avait aucune difficulté à marcher avec elle.
Ce n'est qu'à partir de ce moment, que son énergie physique a subitement baissé, Naomi a compris que cela ne pouvait provenir que d'une acceptation sincère de la Torah, et elle a alors arrêté de la dissuader de la suivre.

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-> "Qui d'autre as-tu ici (פֹה) ?" (Vayéra 19,12)

Cette phrase est prononcée par les anges lorsqu'ils sont venus sauver Loth et sa famille de la ville de Sodome.

Rabbénou Efraïm fait remarque que la guématria de פֹה est de 85, et est une allusion à Boaz (בועז) qui a la même valeur numérique.
Cela signifie que c'est par le mérite de Boaz, par son mariage futur avec une descendante de Loth : Ruth, que Loth et ses filles ont été sauvés.

De plus, on peut noter qu'il y a 85 versets au total dans le livre de Ruth.

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-> "Il [Boaz] dit : Sois bénie par Hachem, ma fille. Ton dernier acte de générosité est plus grand que ne l'était le premier" (méguilat Ruth 3,10)

Quel est le 1er acte de bonté de Ruth auquel fait allusion Boaz?

Le Bach (Méchiv Néfech) explique que ce 1er acte de bonté était sa conversion au judaïsme.

Une conversion sincère amène une nouvelle âme dans les rangs du peuple juif, ce qui renforce la nation juive, et diffuse davantage de lumière dans le monde.
Pour cette raison, un converti est évoqué comme un "bienfaiteur" (cf. Rachi sur la guémara Soucca 49b).

Compilation de divré Torah liés à Shavouot

+ Compilation de divré Torah liés à Shavouot :

-> Combien de temps a duré le don de la Torah?
Selon le Pirké déRabbi Eliézer, les juifs ont reçu la Torah durant 3 heures (entre la 6e et la 9e heure après le minuit juif), le 6 Sivan.

-> "Depuis que vous avez pris sur vous le joug de la Torah, Je considère cela comme si vous n'avez jamais fauté de votre vie"
[guémara Yérouchalmi Roch Hachana 4,8]

Le Rokéa'h (Bamidbar 28,30) fait remarquer que Shavouot est la seule fête ne nécessitant pas d'apporter un sacrifice pour expier nos fautes (korban 'hatat), car à Shavouot la Torah expie les fautes de ceux qui l'étudient.

-> L'histoire du monde est composé de 3 parties de 2000 années chacune :
1°/ les 2000 premières années : le "néant", car il manquait la Torah;

2°/ les 2000 années suivants : les années de la Torah.
Selon la guémara (Avoda Zara 9a), elles démarrent lorsque Avraham a commencé à diffuser la Torah dans le monde.

Selon rabbi Moché Feinstein (Drach Moché), bien qu'il y avait des personnes justes avant Avraham, elles lui étaient inférieures car elles avaient trop de suffisance dans leur piété.
De son côté, Avraham a fait preuve d'une grande humilité, atteignant le prérequis pour recevoir la Torah, qualité qu'il a transmise à ses descendants.

Rabbénou Efraïm (Vayikra 11,42) nous enseigne qu'à l'origine Hachem avait l'intention de faire le don de la Torah à l'époque de Avraham.
Cependant lorsque Avraham a demandé à D. : "Hachem, comment saurai-je que J'en hériterai?" (Lé'h Lé'ha 15,8), cela a entraîné la nécessité pour ses descendants d'aller en exil (guémara Nédarim 32a).
En conséquence, le don de la Torah a été repoussé jusqu'après la sortie d'Egypte.

3°/ les 2000 années suivantes : c'est l'époque pré-messianique.

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+ Don de la Torah : un nouvel ordre spirituel mondial :

-> Non seulement le peuple juif a été élevé par le don de la Torah, mais les anciennes nations idolâtres (akoum) ont été rabaissées.

Le Tossefot haRoch (guémara Nidda 70b) écrit qu'avant le don de la Torah, à la fois les juifs et les idolâtres étaient réceptifs au spirituel, mais une fois qu'ils ont rejeté la Torah, ils sont descendus de cet raffinement spirituel.

-> Lorsque Adam et 'Hava ont mangé du fruit de l'Arbre de la connaissance, le yétser ara les a souillé par une "sueur" d'impureté (zouama), qui a pénétré leur corps, limitant leur capacité à choisir le bien.

Lorsque le peuple juif a reçu la Torah, d'une certaine façon le monde a été recréé.
Nos Sages (guémara Avoda Zara 3a) enseignent que la Création du monde était dépendante de notre acceptation future de la Torah.
Cependant, cette récréation purificatrice n'a affecté que la nation juive qui a accepté la Torah, les autres nations qui n'ont pas vécu le don de la Torah, n'ont pas été purifiées de leur impureté issue de Adam et 'Hava (zouama), leur limitant la capacité à choisir le bien.
[Si'ha Lévi - p.5]

[ => le don de la Torah est un événement historique, qui a changé la donne mondiale : renforçant les capacités spirituelles des juifs, tandis que les autres y ont beaucoup perdu!]

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+ Le Tour (Ora'h 'Haïm 417) écrit que les 3 fêtes correspondent à nos 3 Patriarches :

-> Pessa'h = à Avraham, puisque nous trouvons Avraham donnant à Sarah des instructions pour cuisiner les matsot pour leurs invités : les anges, qui sont venus pendant Pessa'h. (selon midrach sur Vayéra 18,6)

-> Shavouot = à Yits'hak, puisque c'est le Shofar issu du bélier offert en place de Yits'hak (à la akéda), qui a été soufflé au moment du don de la Torah au mont Sinaï.
De plus, rabbi Tsadok haCohen dit que le trait notable de Yits'hak est la "guévoura" (la force), et la Torah nécessite de la force et du sacrifice de soi.

Le midrach (Pirké déRabbi Eliezer 31) rapporte qu'à la Akédat Yits'hak, lorsque le couteau a atteint la gorge de Yits'hak, son âme l'a quitté.
Lorsque la voix divine a dit : "Ne porte pas ta main sur le jeune homme" (Vayéra 22,12), son âme lui est revenue.

Comme conséquence, Yits'hak a compris le principe de la résurrection des morts (té'hiyat amétim), et il a immédiatement récité la bénédiction de : mé'hayé amétim.
[Ceci explique pourquoi la 2e bénédiction de la Amida, qui correspond à Yits'hak traite de la résurrection des mots.]

Se basant sur le principe que les actions des ancêtres sont un présage pour leurs descendants, rabbi Binyamin Wurburger enseigne que la résurrection de Yits'hak était précurseur de la même expérience vécue par le peuple juif au mont Sinaï, où leur âme les a quitté et les anges sont venus pour rendre la vie.

-> Souccot = Yaakov, comme il est écrit : "et pour son bétail il fit des Souccot" (Vayichla'h 33,17).

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+ Le mont Sinaï :

-> "La raison principale de la libération des juifs d’Egypte est afin qu’ils acceptent la Torah au mont Sinaï"
[Séfer ha’Hinoukh 306]

-> "Moché reçut la Torah du Sinaï (miSinaï)" (Pirké Avot 1,1). Pourquoi n'est-il pas écrit qu'il a reçu la Torah sur le mont Sinaï?

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Roua'h 'Haïm 1,1) explique que cela nous transmet une leçon importante : de même que Hachem a donné la Torah sur le mont Sinaï car c'était la plus humble des montagnes, de même Moché a pu recevoir la Torah du Sinaï car c'était le plus humble des hommes.

[à l'image d'un relais, si nous voulons recevoir la Torah de Moché, nous devons à notre tour faire preuve d'humilité]

-> "Une personne doit toujours apprendre de Son Créateur, car Hachem a mis de côté toutes les montagnes et collines, et a choisi le mont Sinaï."
[guémara Sotah 5a]

Si l’humilité est si importante, pourquoi la Torah n’a-t-elle pas été donnée dans un terrain plat?

Rabbi Mendel de Kotzk répond qu’il n’est pas difficile pour un terrain plat d’être humble, car il n’a pas de quoi s’enorgueillir.
Le mont Sinaï a un peu de hauteur, et malgré la possibilité de se la "raconter" (regardez les terrains plats comment je suis haut par rapport à vous!), il est quand même resté humble.

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-> "Les montagnes bondirent comme des béliers, les collines comme des agneaux" (Téhilim 114,4)

Rabbi Aharon Kotler dit que cela n'est pas seulement une métaphore, mais c'est véritablement ce qui s'est passée : les montagnes des environs ont bondi dans un espoir de pouvoir héberger le don de la Torah.

Si même les montagnes (normalement inanimées) se sont rendus compte que leur raison d'être est la Torah, au point de ne pas pouvoir rester en place, alors nous le peuple juif nous ne devons pas montrer moins d'estime pour la Torah.

Rabbi Kotler dit que c'est pour cette raison que Hachem a soulevé le mont Sinaï sur le peuple en disant que s'il refusait d'accepter la Torah, il en serait enterré dessous.

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-> La Torah appelle le lieu du mont Sinaï : midbar Sin (סִין) (Bamidbar 33,11-12), et également : midbar Sinaï (סִינָי) (Bamidbar 33,15-16)

Le Rokéa'h explique qu'avant que la Torah ne soit donnée cet endroit s'appelait "Sin" afin d'évoquer l'événement miraculeux du boisson ardent, et son nom a été ensuite changé en "Sinaï" afin de rappeler le don de la Torah.

Le youd (י) qui a été ajouté à son nom (guématria de 10), fait allusion aux 10 Commandements, qui y ont été donnés.

La guématria de סִין est de 120, et le youd (י) est de 10.
Moché a passé en totalité 120 jours sur le mont Sinaï afin de recevoir les 10 Commandements.

[40 jours pour recevoir les 1eres Table de la Loi, puis 40 jours pour prier pour le pardon du peuple suite à la faute du Veau d'or, puis enfin 40 jours pour les 2e Table]

Les lettres de Sinaï (סִינָי) renvoient :
-> à 60 (סִ) : référence aux 600 000 âmes du peuple juif, toutes présentes au moment du don de la Torah ;
-> à 10 (י) : référence aux 10 Commandements qui y ont été donnés ;
-> à 50 (נָ) : nombre de jours entre la sortie d'Egypte et la réception de la Torah ;
-> à 10 (י) : les 10 Commandements qui ont été redonnés avec les 2e Table de la Loi.

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+ Les noms des campements : souvenir nostalgique du don de la Torah :

Dans la paracha Massé (Bamidbar 33), la Torah relate les différents campements du peuple juif dans le désert après la faute des explorateurs.

Rabbénou Yoël enseigne qu'ils ont été nommés en souvenir de ce qui s'est passé au don de la Torah :

-> Har Shafèr (שָׁפֶר) : c'est une allusion au Shofar qui y a été entendu.
De plus, les lettres de Shofar (שופר) peuvent être réarrangées en שׂוֹרֵף (shoréf) : brûlant, faisant référence au mont Sinaï qui était alors en flamme (cf.Dévarim 4,11).
Le mot Shofar (שפר) peut aussi se lire Shéfèr (שפר), car on y a donné de magnifiques paroles (Imré Shéfèr) de Torah.

-> 'Hadara (חֲרָדָה) : c'est une allusion au verset : "La montagne entière tremblait" (וַיֶּחֱרַד כָּל-הָהָר - Yitro 19,18).

-> Bémakéélot (מַקְהֵלֹת) : c'est une référence à la grande unité, sur laquelle le verset dit : "Dans vos groupes, Bénissez D.!" (בְּמַקְהֵלוֹת, בָּרְכוּ אֱלֹהִים - Téhilim 68,27).

-> Ta'hat (תָחַת) : c'est une allusion à : "Ils se tirent au pied de la montagne" (וַיִּתְיַצְּבוּ, בְּתַחְתִּית הָהָר - Yitro 19,17).

-> Tara'h (תָרַח) : c'est une référence à la bonne odeur des mitsvot et de la Torah (réa'h mitsvot véTorah).
De plus, la guémara (Shabbath 88b) rapporte que chaque Commandement donné au mont Sinaï, était accompagné de beaux parfums.

-> Mikta (מִתְקָה) : en allusion aux paroles de Torah qui sont : "métoukim midvach" (plus doux que le miel - מְתוּקִים מִדְּבַשׁ - Téhilim 19,11).

=> Bien que le don de la Torah était loin dans le temps et dans la distance, le peuple juif s'en est souvenu nostalgiquement, comme le gardant au frais en mémoire et s'inspirant du don de la Torah pour servir Hachem au mieux.

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+ Shavouot vs Tou biChvat :

-> Il est de coutume de décorer la synagogue par de la végétation à Shavouot, et de manger des fruits à Tou bichvat.
N'aurait-il pas été plus logique de faire l'inverse?
En effet, à Shavouot les fruits sont jugés (qu'est-ce que chaque arbre va produire pendant l'année à venir), et à Tou bichvat c'est le roch Hachana des arbres.

Le rav de Satmar (Rabbi Yoël Teitelbaum) répond que les arbres par humilité ont prié pour que leur existence puisse continuer par le mérite de leurs fruits.
De leur côté, leurs fruits considèrent que leur mérite n'est pas suffisant et voient dans l'arbre l'unique source de mérite permettant leur existence.

=> Leur humilité explique ainsi l'inversion constatée.

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-> Il est d’usage de placer des arbres non fruitiers à la synagogue lors de la fête de Shavouot, célébrant le don de la Torah. Une raison à cela est que même un juif qui est tel un arbre non fruitier (sans Torah et Mitsvot), même lui a une part dans la Torah, car aucun Juif n’est exclu.
Ainsi, chacun, même le plus éloigné, doit tenir à sa part et tout faire pour la réaliser.
[le 'Hatam Sofer]

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-> A Shavouot, nous décorons nos maisons et synagogues de verdures et de plantes, comme celles qui poussent sur les rives d'un fleuve, pour rappeler le feuillage que Yo'hévét, la mère de Moché rabbénou, a utilisé le 7 Sivan (date de Shavouot), pour tapisser le panier portant son jeune enfant (Moché a été sauvé un 7 Sivan!).
[rav Mordé'haï Banet]

[de même que les plantes embellissent un endroit, de même nos Sages viennent embellir la Torah à nos yeux, en révélant toute la beauté qui y est contenue, et en nous permettant d'agir en toute conformité (nos actes sont alors plus sublimes, puisqu'en accord avec la Volonté de Hachem!).]

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+ La joie de Shavouot :

-> Pour le Gaon de Vilna, Shavouot était le jour de fête le plus joyeux de l'année, puisqu'il était utilisé pour exprimer sa joie pour la Torah, qui était toute sa vie.

-> La Torah appelle Shavouot : la fête de la récolte.
Le 'Hatam Sofer dit que Hachem souhaite que notre joie pour la Torah soit sincère et spontanée.
Cela serait impossible si nous devions nous réjouir par obligation (car D. nous l'ordonne).
Pour cela, la Torah nous ordonne de nous réjouir sur notre récolte, et cette joie doit nous servir pour nous réjouir sur la Torah, qui est meilleure que tout ce que la matérialité puisse nous offrir.

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+ Quelques questions/réponses sur Shavouot :

-> 1°/ Pourquoi est-ce que la fête de Shavouot ne dure-t-elle pas 7 jours comme les autres fêtes?

Selon le Sifri (Réé), Pessa'h et Souccot tombent à des moments de l'année où le champ n'est pas cultivé.
A Shavouot, c'est la période de la récolte, durant laquelle tout le monde est occupé à travailler dans les champs.
Hachem a pris en compte les besoins monétaires de Son peuple, et a limité Shavouot à 1 jour (en Israël).

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-> 2°/ Pourquoi la Torah a-t-elle été donnée à Shabbath (sauf selon Rabbi Elazar ben Azaria qui pense que c'était un Vendredi)?

Le Chem miChmouel répond que la sainteté de la Torah est si intense qu'il serait impossible pour une personne mortelle de chair et de sang de l'accepter et d'y survivre (la Torah et Hachem étant un).
Puisque Shabbath est appelé : "yoma dénichmata", une journée où l'âme est principale et le corps secondaire, la sainteté spirituelle de Shabbath élève les juifs, leur permettant de recevoir la Torah sans danger.

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-> 3°/ Le 4 Sivan, Hachem a ordonné au peuple juif de se sanctifier pendant 2 jours (le 4 et le 5 Sivan) avant de recevoir la Torah le 6 Sivan.
Selon Rabbi Méïr, de lui même Moché a ajouté un jour supplémentaire, afin que le peuple puisse se préparer encore davantage pour recevoir la Torah.
Ainsi, les juifs ont reçu la Torah le 7 Sivan.

=> Pourquoi célébrons-nous Shavouot le 6 Sivan, en l'appelant "zman Toraténou" (le moment du don de la Torah), alors que la date réelle est le 7?

Le Magen Avraham (intro au Ora'h 'Haïm 494) répond qu'on fête le don de la Torah le 6 Sivan, car la Torah inclut le droit de nos Sages à interpréter la Torah selon leur compréhension.
Puisque Hachem était d'accord avec la décision de Moché de repousser d'un jour (Shabbath 87a), elle a lieu en ce jour.

-> Selon le rav Yé'hiel Perr, bien que la halakha suit l'avis de Rav Yossi en fixant que la Torah a été donnée le 7 Sivan (guémara Shabbath 86b), nous la fêtons le 6 Sivan, car Moché a émis une décision rabbinique repoussant le don de la Torah d'un jour.

Rabbénou Yossef Karo (Kessef Michné) écrit : "il y a une règle bien connue : "La Torah n'est pas au Ciel".
Cela signifie que la Torah a été écrite par Hachem, qu'Il l'a transmise aux juifs, et qu'à partir de ce moment Il leur a donné une maîtrise totale d'émettre les décisions finales de la loi juive (par nos rabbanim).
Ainsi quelques soient les décisions dans le beit din d'En-Haut, ce qui compte c'est les décisions dans le beit din d'en-bas."

=> En célébrant Shavouot le 6 Sivan, nous prenons conscience d'à quel point nous devons respecter les décisions finales de nos Sages reconnus, car même le Ciel est soumis à cela.
C'est l'expression du fait que : "La Torah n'est pas au Ciel" = nous l'avons totalement reçue!!

Et sur cela, nous devons louer et remercier Hachem en nous réjouissant énormément!
Que nous puissions faire honneur à Hachem, pour ce cadeau unique, en s'en occupant de notre mieux!

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+ Shavouot & Yovèl :

-> Le Zohar fait un parallèle entre Shavouot et le Yovél, dans le sens où la sainteté du Yovél est atteinte la 50e année, et la sainteté de Shavouot est atteinte le 50e jour après Pessa'h (Omer).
De plus, de même que le Yovél apporte la libération des esclaves, de même la réception de la Torah apporte la libération de la domination des nations, la libération des souffrances, et la libération de l'ange de la mort.

[Messé’h ‘Hochma - Vayikra 25,2]

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+ Shavouot : le temps de la guérison :

-> Selon le 'Hatam Sofer (guémara Shabbath 88a), il y a 288 âmes primaires/principales, et toutes ont été présentes au don de la Torah au mont Sinaï.

La valeur numérique de 288 est égale aux 1eres lettres des mots : "rofé 'holé amo Israël" (qui guérit les malades de Son peuple Israël - רופֵא חולֵי עַמּו יִשרָאֵל).
Au don de la Torah, tout le peuple avait besoin d'une façon ou d'une autre de guérison, et c'est Hachem a alors guérit tous les malades.

-> Rabbi Yossef Shalom Eliyashiv a visité une fois un malade avant Shavouot, et lui a dit que de la même façon que tous les malades ont été guéris à Shavouot, alors il en est de même chaque année à Shavouot où l'on peut accéder à des bénédictions spéciales

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+ "Qui te conduit à travers le désert grand et redoutable, [un lieu] de serpents, de serpents venimeux et de scorpions, d'aridité où il n'y a pas d'eau" (Ekev 8,15)

-> Selon Rachi (Béa’aloté’ha 10,34), il y avait une nuée qui "aplatissait ce qui était haut, surélevait ce qui était bas et tuait les serpents et les scorpions."

-> Dans le verset, les mots : "de serpents, de serpents venimeux et de scorpions" se disent : נָחָשׁ שָׂרָף וְעַקְרָב.

Rabbénou Efraïm fait remarquer que les initiales forment : עָשָׁן (la fumée - assan).
Il conclut que c'est par le mérite du peuple juif acceptant la Torah au mont Sinaï qui était alors en fumée, qu'ils ont été sauvés des animaux dangereux dans le désert.
["le mont Sinaï tout entier fumait" - Yitro 19,18]

Selon rabbi Binyamin Wurzburger, bien que les juifs étaient terrifiés par la fumée du mont Sinaï, ils ont dépassé leur peur par amour pour Hachem.
Mesure pour mesure, Hachem les a dispensé de toute autre source de frayeur dans le désert.

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+"Tout le peuple vit ... le son du Shofar" (Yitro 20,15)

Partout dans la Torah, le mot Shofar est écrit avec un vav (שופר), à l'exception de ce verset où il manque le vav (שפר).

-> Le Zohar (Yitro) commente que le שפר signifie : beauté (shéfér).
Ainsi, ce verset fait allusion à la beauté intrinsèque de la Torah que le peuple juif a perçu à ce moment.

-> Rabbi 'Haïm Kanievsky suggère que la raison de l'absence de la lettre vav, est car la sonnerie du Shofar au mont Sinaï n'était pas le fruit d'un Shofar réel, existant physiquement, mais par un Shofar virtuel, spirituel, qui en imitait les sons.

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+ La transmission de la Torah :

-> La guémara (Kidouchin 30a) enseigne que celui qui enseigne la Torah à son petit-fils, la Torah considère cela comme s'il avait reçu la Torah au mont Sinaï.

Pourquoi est-ce particulièrement le grand-père qui est digne de louange?

Le Hararé Kédem dit que le père enseigne à son fils la Torah car c'est pour lui une obligation, tandis que le grand-père le fait car il souhaite que la Torah soit transmise pour l'éternité.

[A l'inverse du père qui a des considérations de vouloir que son enfant soit le meilleur, la relation avec le grand-père est beaucoup plus pure, plein d'amour et de joie de transmettre ce trésor, ce flambeau qu'est la Torah.]

-> Le midrach (Chir haChirim rabba 8,14) enseigne qu'un rav ne reçoit pas de récompenses pour son étude de la Torah tant qu'il ne l'a pas enseigné à d'autres.

[ => on voit l'importance de partager ses connaissances en Torah, au point que Hachem donne à ceux qui la partagent des forces/moyens supplémentaires par le mérite de ceux qui vont bénéficier de son enseignement.
Non seulement on apprend beaucoup de nos "élèves", mais on reçoit également de la Torah que l'on n'aurait pas reçu si l'on n'était un partageur spirituel.
"Donner" sa Torah, c'est le meilleur moyen d'en recevoir davantage!]

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+ Le jugement de Shavouot :

-> Le Rokéa'h fait remarquer que Shavouot est la seule fête qui n'est pas appelée : 'haguim (une joyeuse célébration - cf. Bamidbar chap.28-29).
En effet, notre joie n'y est pas totale car c'est un jour de jugement pour les arbres (Yalkout Chimoni Emor 654), et également pour notre relation personnelle avec la Torah, la Torah étant comparée à un arbre (ets 'haïm hi - Michlé 3,18).

Le Zohar (Vayéhi 226b) commente que ce double jugement se trouve en allusion dans la michna : "béAtséret al pérot ha'ilan" (A Shavouot [est le jugement] sur les fruits de l'arbre - Roch Hachana 16a).

Pourquoi est-ce que la michna n'utilise-t-elle pas le pluriel : "al pérot ha'ilanot" (les fruits des arbres)?
La réponse est que le mot "arbre" au singulier est une allusion à la Torah.

-> Bien que les autres fêtes sont également des moments de jugements (ex : Pessa'h sur le blé, Souccot sur l'eau, ...), notre joie n'y est pas diminuée.

Le Chla haKadoch (Messe'hta Shavouot) enseigne que la joie est réduite à Shavouot, car en ce jour le jugement est en parallèle avec celui de Roch Hachana.

De même que le monde a été créé à Roch Hachana, de même le monde est considéré comme étant totalement recréé au moment du don de la Torah.
Néanmoins, contrairement à Roch Hachana où l'on se focalise uniquement sur le jugement, à Shavouot il faut également extrêmement se réjouir en célébrant notre chance d'avoir mérité la couronne de la Torah.

-> Le rav Chakh a dit :
"De même qu'à Roch Hachana, toutes les créatures passent devant D. pour être jugées, à Shavouot, le jour du don de la Torah, un bilan est dressé pour les efforts que nous avons fourni pour la Torah.
C'est en fonction de ces efforts que la cour céleste nous accorde la réussite en Torah pour l'année en cours.
"

[comme à Roch Hachana, quoi qu'on ai pu faire (même le pire!), une bonne téchouva sincère à ce sujet fait des miracles!]

-> "Shavouot est exactement comme Yom Kippour. C'est le jour de jugement de l'étude de la Torah.
Une personne doit corriger ses défauts de caractère afin que la Torah puisse résider en lui."

[Rav Yéhouda Zev Segal]

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+ "Pendant la fête de Shavouot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre" [guémara Roch Hachana 16a]

Le Chlah haKadoch de commenter :
"Ces fruits-là sont en fait les âmes qui s’envolent de l’arbre de D.
Le monde est jugé en ce jour sur la Torah qui lui a été donné ce même jour et qu’il s’est abstenu d’étudier.
[qu’avons-nous fait des capacités et des opportunités de Torah que nous avons pu avoir l’année écoulée?]
[…]
Le jugement auquel D. procède lors de la fête de Shavouot ne concerne pas seulement la Torah elle-même, c’est-à-dire de décider quelle perception de la Torah aura chacun de nous, mais aussi quels seront les moyens qui nous permettrons de l’étudier.
[…]
Cette nuit [de Shavouot] est une occasion pour mériter une bonne vie sans aucun dommage tout au long de l’année qui suit.

Et même si à Roch Hachana, on n’aura pas mérité un jugement particulièrement favorable, mais comme moyen pour étudier la Torah, on pourra alors bénéficier de la vie et de toutes bonnes choses."

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-> Le Sfat Emet (Shavouot - 5635) dit : "Chaque année, le juif reçoit, lors de cette fête [Shavouot], tout ce qu'il est destiné à comprendre et chaque 'hidouch de Torah qu'il est destiné à découvrir".