Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Tu effaceras la mémoire d'Amalek de dessous le ciel" (Ki Tétsé 25,19)

A la place de : "de dessous le ciel", ne devrait-on pas avoir plutôt : "de sur la terre"?

Le ciel (shamayim) représente le spirituel et la terre (aarèts) représente le matériel.

Amalek a déclaré la guerre au peuple juif avec pour objectif de le détacher de D.

La valeur numérique de Amalek (עֲמָלֵק) est de 240, et c'est la même que le mot : safék (le doute - ספק).
Lorsque les juifs sont sortis d'Egypte auréolés de crainte et d'admiration devant les miracles accomplis par D., Amalek a voulu faire pénétrer un doute en eux : peut-être ce n'était pas si miraculeux que ça ...

[Nos Sages comparent l'enthousiasme du peuple juif à un bain d'eau chaude.
Bien que sachant qu'il allait y mourir, Amalek a décidé d'y plonger afin de conduire à une très légère baisse de la température de ce bain, suite à son contact.
L'enthousiasme pur des juifs est touché. Nous ne sommes pas inattaquables, et si ..., et si ...
C'est ainsi qu'un début de doute naît, et Amalek a réussit son coup. ]

Un article a été publié (b"h), par le passé, sur ce thème : https://todahm.com/2014/08/08/reflexions-sur-la-difference-entre-amalek-et-le-peuple-juif

Ainsi, au travers de toutes les générations, dès qu'un juif a un doute dans son dévouement pour D., c'est le travail d'Amalek.

Amalek représente une obstruction entre le Ciel (le spirituel) et les juifs dans le monde quotidien matériel (terrestre).

=> La Torah nous demande de ne jamais oublié d'effacer la mémoire d'Amalek de "dessous le ciel", c'est-à-dire de retirer toute obstruction (ce qui fait écran) bloquant notre accès à une spiritualité, un lien pur et directe avec D.

b"h, tâchons chacun dans notre vie de nous éloigner de tout ce qui va contribuer à diminuer notre possibilité d'être sensible/réceptif au divin, à la spiritualité.

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Le verset est au singulier : "tu effaceras" et non au pluriel : "vous effacerez", car de nos jours, Amalek est principalement une réalité qui est interne à chacun de nous.
Il faut en permanence chercher à supprimer, en nous-même, toute trace de présence d'Amalek.

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Le 'Hafets 'Haïm a dit :  "A l'époque, les juifs devaient combattre les Philistins.
Aujourd'hui, "c'est une guerre de D. contre Amalek" ; celui qui veut faire la guerre doit préparer le ravitaillement de ses soldats : en l’occurrence, les élèves des yéchivot."

"Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek" (Ki Tétsé 25,17)

Pourquoi est-ce que ce commandement de se souvenir de la méchanceté d'Amalek est écrit au singulier, et non au pluriel : "Souvenez-vous de ce que vous a fait Amalek"?

Amalek a attaqué les juifs lorsqu'ils campaient à Réfidim.
Le mot "réfidim" est en relation avec la racine du mot : "piroud"(division, séparation -> cf. Kli Yakar - Chémot 17,8).

Lorsque les juifs sont divisés, il est alors possible pour Amalek de s'infiltrer.
=> En utilisant le singulier (souviens-toi), la Torah souligne le fait que Amalek a attaqué lors ce qu'il y avait une division, et lorsque chacun n'était concerné que par lui-même.

Ce verset n'est pas une obligation de souvenir passif.
Il doit nous faire prendre conscience des conséquences passées de notre division, et nous pousser à tout faire pour vivre tous en harmonie.
En effet, c'est la meilleure protection, muraille, afin d'empêcher toute nouvelle attaque d'Amalek.

=> Chacun à notre niveau, nous avons le pouvoir de véritablement renforcer la protection du peuple juif face à ses ennemis en cherchant à maintenir dans nos relations avec autrui l'union, la paix.
Par la même, on se rend quitte du souvenir d'Amalek : plus jamais tu pourras nous attaquer car nous sommes unis!!

"Ma bonté ne te quittera pas" (Haftara Ki Tétsé - Yéchayahou 54,10)

La messora (tradition) nous apprend que 2 fois dans toute la Torah sont écrits les mots : "lo yamouch" (ne quittera pas) : une fois ici et une deuxième, dans le verset : "Ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche" (Yéhochoua 1,8).

Cela nous fait comprendre notre verset : "Ma bonté ne te quittera pas" parce que "ce livre de la Torah ne quittera pas ta bouche" : par le mérite de l'étude de la Torah, le peuple juif mérite les bontés de D. à tout moment.

 

Source (b"h) : Mayana chel Torah du rav Alexander Zoucha Friedman

"[C'est] un poids parfait et juste [que] tu auras ... car c'est une abomination de Hachem, ton D., quiconque fait ces choses, quiconque commet un acte corrompu" (Ki Tétsé 25,15-16)

Rabbi Samson Raphael Hirsch de nous dire :

"Un juif devient "une abomination de Hachem, ton D.", s'il se dit juif et n'observe pas ce qui est bon et juste, de façon consciencieuse et méticuleuse, dans ses relations avec son prochain."

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-> "N'aie point dans ta bourse 2 poids inégaux, un grand et un petit. N'aie point dans ta maison deux mesures inégales, une grande et une petite. Des poids exacts et loyaux, des mesures exactes et loyales doivent être seuls en ta possession ... Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek" (Ki Tétsé 25,13-17)

-> Rachi explique la juxtaposition des versets ainsi : "Si tu mens dans les poids et les mesures, tu dois craindre l'attaque de l'ennemi."

=> Comment peut-on dire qu'Amalek vient attaquer Israël à cause de l'infraction des poids et des mesures? Il n'y avait pourtant, dans le désert, aucune transaction commerciale nécessitant des poids exacts et il n'y avait, par conséquent, aucune occasion de fauter à ce sujet.
De plus, la guémara (Baba Batra 88b) enseigne que "le châtiment réservé à la faute des poids et mesures est plus sévère que celui réservé à la faute de la débauche" ; en quoi cette faute est-elle si grave au point de l'être plus encore que celle de la débauche?

-> Le Netsiv (HaEmek Davar) explique :
Il faut faire un court préliminaire afin de répondre à ces interrogations : on sait que nos Sages comptent trois fautes capitales : l’idolâtrie, la débauche et le meurtre. Leur intention n’est pas d’enseigner que ces fautes sont particulièrement graves à cause du châtiment qu’elles entraînent. De ce point de vue, la profanation du Shabbat, qui est sanctionnée de la lapidation, est une faute plus grave que la débauche qui est punie de l’étranglement, ou que le meurtre qui est puni de la décapitation. Mais il y a ici un principe fondamental : si l’on réfléchit aux raisons qui peuvent entraîner un homme à fauter, elles sont au nombre de 3 principales :
1°/ L’absence de foi en Hachem et en sa Torah, la faute la caractérisant le plus étant l’idolâtrie.
2°/ L’assouvissement non refreiné du désir, qui s’exprime par excellence dans la débauche.
3°/ La colère et tout ce qui nuit à autrui, dont la faute la plus caractéristique est le meurtre.

Ces 3 raisons sont les racines dont découlent toutes les autres fautes de la Torah : par exemple, la profanation du Shabbat pour gagner sa subsistance découle d’un manque de foi et est donc associée à de l’idolâtrie. Mais si, en revanche, cette profanation provient de la recherche d’un plaisir, elle est alors un dérivé de la débauche.
Parmi les trois fautes citées, la plus grave et la plus fondamentale est l’idolâtrie qui provient d’un manque de foi en Hachem.

D’après ce qui précède, on peut facilement comprendre pourquoi l’utilisation de faux poids et mesures est si grave.
Une personne qui vole un objet peut y être entraînée par le désir d’assouvir un plaisir, ce qui entre donc dans la catégorie de la débauche. En revanche, celui qui ment en utilisant de faux poids et mesures et qui trompe ainsi ses clients, afin de gagner plus, y est conduit par un manque d’émouna en Hachem qui pourvoit aux besoins de toutes Ses
créatures. Cette faute dérive donc de l’idolâtrie.
C’est pourquoi son châtiment est plus sévère que celui de la débauche.

C’est également le sens de ce que nous enseignent nos Sages : "Amalek survient à cause de l’utilisation frauduleuse de poids et mesures" : à savoir à cause d’une faute qui provient de la même racine : Amalek arriva en effet, après que les Bné Israël demandèrent : "Est-ce qu’Hachem existe parmi nous ou non?" (Béchala'h 17,7). Ils doutèrent donc de la Providence Divine qui dirige l’homme en permanence, fût-elle dissimulée et non dévoilée comme lors de la sortie d’Egypte. C’est immédiatement après cela qu’il est écrit : "Et Amalek vint" (Béchala'h 17,8).
Cette faute provient donc de la même racine que celle qui entraîne la falsification des poids et mesures : le manque de foi en Hachem et en Sa providence individuelle : à cause du manque de foi surgit Amalek.

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
De manière générale, toutes les ressources d'une personne sont fixées de Roch Hachana jusqu'au suivant, et tout effort personnel ("Hichtadlout") qui entraîne une transgression (ou qui est superflu), ne servira en rien à augmenter ses gains ne fût-ce que d'un centime de plus que ce qui a été décrété pour elle.
Celui qui possède une réelle émouna dans le Maître de tous les mondes sait que tous les efforts d'un homme pour gagner sa vie et toutes ses entreprises dans ce but, n'ont pour seule raison d'être que d'accomplir le décret que le Roi du monde a imposé sur Ses créatures : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain".
Cependant, il n'existe aucun lien de cause à effet entre cette "Hichtadlout" et la subsistance. La conviction que seul le Créateur assure tous ses besoins prépare le canal même par lequel Il lui déverse ce qui lui est nécessaire en abondance.

Cela ne concerne d'ailleurs pas seulement la subsistance, mais également tout ce qu'un homme entreprend dans ce monde. D'un côté, il est tenu de faire une Hichtadlout (par exemple, de recourir aux services d’un médecin si un de ses proches est malade), mais d'un autre côté, loin de lui doit être la pensée que celle-ci possède une 'force' intrinsèque et est en mesure de lui venir en aide.
Il devra s'armer, au contraire, d'une foi intègre que l'aide dont il bénéficie provient d'Hachem qui a créé les cieux et la terre.
Et par le mérite de cette conviction, Hachem lui enverra effectivement toute l'aide nécessaire à la réussite de ses entreprises.
[...]

Rappelons-nous ce principe : effacer le souvenir d’Amalek consiste à raffermir sa foi dans la providence individuelle et en particulier en ce qui concerne la subsistance.
Car c’est Lui qui nourrit et pourvoit à chaque instant aux besoins de chacun. Il est donc tout à fait inutile de faire des efforts démesurés mêlés d’inquiétude, pour se la procurer, et à plus forte raison d’enfreindre pour cela des interdits. Car de toute façon, cela ne rapportera rien de plus.

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-> L’essence de la crainte de D. consiste, au sens littéral, à fuir la faute et tout ce qui pourrait y conduire. C’est ce que nous enseigne le Sforno au sujet du verset : "N’aie point dans ta maison deux mesures inégales, une grande et une petite" (Ki Tétsé 25,14) = non seulement il est interdit d’utiliser de fausses mesures afin de tromper les acheteurs, mais il est également défendu d’après la Torah de les conserver chez soi : "Après avoir mentionné, écrit-il, les voies par le mérite desquelles la Présence Divine réside au sein du peuple d’Israël, la Torah nous met en garde : non seulement, Hachem hait la tromperie, mais aussi celui qui possède des instruments destinés à fauter.
Il nous incombe de les éloigner de nous, de peur qu’Hachem nous prenne en abomination à cause d’eux, comme il est dit (verset 17) : "Car Hachem ton D. a en horreur quiconque agit ainsi."

"Tu ne détruiras pas ses arbres en abattant sur eux une hache, car c'est d'eux que tu mangeras et tu ne l'abattras pas" (Choftim 20,19)

Bien que ce verset traite d'une situation de guerre, nos Sages l'interprètent comme relatif à l'interdiction générale du "baal tachrit" : l'interdit de gaspiller un bien quelque soit la valeur de la chose, le lieu et le moment.

Le Séfer ha'Hinou'h (mitsva 520) nous enseigne à ce sujet :

"Telle est la voie des personnes justes de valeur : ils aiment la paix, ils se réjouissent du bien qui est [en chaque] personne, et les amènent plus proche de la Torah.

Dans le monde, ils ne détruisent pas même un grain de moutarde, et ils sont attristés par toute perte ou destruction qu'ils voient.
S'ils peuvent sauver quelque chose d'une destruction, ils vont, de toutes leurs forces, tout faire pour l'en empêcher.

Il n'en est pas ainsi du mauvais/méchant, qui sont les "pères" des esprits destructeurs [que D. a placé dans ce monde].
Ils se réjouissent sur la destruction du monde, et ils se détruisent eux-mêmes."

Notre verset renvoie à la notion de Baal Tachrit (le gaspillage) qui concerne tout objet quelque soit sa valeur.

Nos Sages disent que si une personne cherche à éviter la perte d'un petit objet qui est sans vie (ex : un grain de moutarde), elle va sûrement tout faire pour sauver une âme juive "perdue" dans ce monde, en cherchant à la rapprocher de la Torah (lui évitant ainsi de gaspiller sa vie).

 

Source (b"h) : traduction personnelle issue d'un dvar Torah du rav Shimon Finkelman

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+ "Tu ne détruiras pas son arbre, car de lui tu mangeras" (20,19)

-> Le Sforno enseigne :
En général, quand un peuple qui est en guerre contre un autre sent qu'il a des chances de perdre, il se met à détruire ses possessions pour ne pas que l'ennemi, qui se saisira de sa terre, puisse en bénéficier. En revanche, s'il est convaincu de remporter la victoire, alors il veillera à protéger ses possessions, car il sait qu'après la guerre qu'il emportera, il les réutilisera.
Ainsi, la Torah interdit au peuple juif d'abattre les arbres fruitiers au cours d'une guerre. En effet, la Torah demande aux soldats juifs d'avoir une confiance en Hachem telle, qu'ils soient absolument convaincus qu'Hachem, Qui combat à leur côté, leur accordera la victoire de façon sûre. De sorte qu'ils ne puissent pas détruire des arbres fruitiers, forts de leur confiance et de leur assurance que juste après la guerre, ils réutiliseront ces arbres pour manger de leurs fruits.
Car abattre les arbres dénote, d'une certaine manière, que l'on envisage ne plus avoir besoin de ceux-ci. Or, une telle pensée est un manque de confiance en Hachem et cela est donc interdit.
Nous devons au contraire avoir entière confiance en Hachem Qui nous accordera la victoire et nous permettra à nouveau de pouvoir consommer les fruits.

"40 [coups], il le frappera, il n'ajoutera pas" (Ki Tétsé 25,3)

Nos Sages (guémara Makot 22a) nous enseignent que ce verset doit être compris en étant lié avec le dernier mot du verset précédent, qui est : "bémichpar" (avec un compte), afin de signifier : "avec un compte qui mènent à 40 (bémichpar arbayim), il le frappera".

Cela nous apprend que le nombre de coups de fouet que le tribunal donnera à une personne qui aura transgressé un commandement négatif est de 39, et non de 40, comme le verset nous le laisse comprendre.

Il est écrit dans la guémara (Makot 22b) :
"Rava a dit : Que sont stupides les personnes qui se lèvent par respect pour un Séfer Torah, mais qui ne se lèvent pas par respect pour une grande personnalité de la Torah.
Dans le Séfer Torah, il est écrit que [celui qui a fauté devra recevoir] 40 coups de fouet, et nos Rabbins sont venus et en ont enlevé un."

Le Rabbi d'Ostrovtze demande pourquoi Rava cite la loi des 39 coups de fouet comme une indication de la grandeur de nos Sages?
Pourquoi ne pas citer un enseignement similaire, comme en ce qui concerne le compte du Omer, où la Torah nous dit : "vous compterez 50 jours" (Vayikra - Emor 23,16), et en pratique la mitsva est de compter les 49 jours menant à Shavouot (qui est le 50e)?

Le Rabbi répond que le signe de grandeur de nos Sages est de chercher à réduire la douleur et la souffrance de tout juif, même si c'est un fauteur (coups de fouet), autant que possible (même si le résultat sera faible, toute peine retirée à autrui est un acte énorme!).

Cet amour et cette compassion de tout autre juif, quel qui soit, est un véritable révélateur de la grandeur de nos Sages.

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rav Shimon Finkelman

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-> En réduisant cette peine à 39 coups, comment nos Sages se concordent-ils avec la Torah qui dit explicitement "40 coups" ?

Nous allons voir l'avis du Divré Ye'hezkel.
En réalité, un juif qui a fauté, quand on lui afflige sa peine, normalement il doit s’en réjouir, car la sanction a la vertu d’expier la faute.
Ainsi, une fois qu’il a reçu 39 coups et qu’on lui annonce que sa sanction est terminée, dans sa volonté d’effacer complètement son péché, il devrait ressentir le regret qu’il n’y a pas encore d’autres coups, pour que sa faute soit encore plus expiée.
[Dans son désir ardent d'obtenir un pardon complet pour son péché, il est prêt à recevoir même encore un coup si cela pourrait l'épurer encore plus de la tâche de sa faute.]
Or, nos Sages disent que l’intention de faire une mitsva est en soi déjà considérée comme une mitsva. Ainsi, quand l’homme pousse un soupir regrettant que la sanction s’arrête là, cela lui est considéré comme s’il avait encore reçu un coup.
Dès lors, la peine est bien de 40 coups : 39 coups réels, et le 40e coup c’est sa volonté qui lui est comptée.

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-> Le rabbi David de Sochatchov explique à l'inverse, que l'essentiel de l'expiation est obtenue en administrant 40 coups au fauteur.
Cependant, si on lui avait donné 40 coups, il se serait tranquillisé en pensant qu'à présent qu'il a reçu la totalité des coups, il est devenu un Juste (tsadik) parfait et n'a plus du tout à s'inquiéter par rapport à cette faute. Or, cela n'est pas convenable.
En effet, il est préférable que l'homme qui a fauté regrette constamment sa faute, comme le dit le roi David dans les psaumes : "Ma faute est constamment devant moi".

C'est pour cela que les Sages ont diminué le nombre de coups et l'ont réduit à 39. De la sorte, quand il ne recevra que 39 coups, le fauteur sera toujours préoccupé que sa faute n'a peut-être pas été complètement pardonnée puisqu'il n'a pas reçu les 40 coups dont parle la Torah.
De cette façon, il ne sera pas serein, mais continuera constamment à penser à sa faute et à la regretter amèrement. Et c'est justement ce que recherche la Torah, que le pécheur soit constamment soumis et qu'il vive toute sa vie dans un esprit de repentir, en n'en venant jamais à ressentir de l'orgueil en pensant qu'à présent, il est devenu un Juste parfait.

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+ "40 [coups], il le frappera, il n'ajoutera pas ; de peur qu'il n'ajoute un coup à ceux-là et que ton frère (אָחִיךָ) soit dégradé à tes yeux" (Ki Tétsé 25,3)

-> De ce verset, nos Sages apprennent qu'une fois qu'un homme a reçu la flagellation de 39 coups, alors sa faute sera pardonnée et de nouveau il sera considéré comme "ton frère".
Ainsi, le verset doit se comprendre comme : "Quand il sera dégradé" par les 39 coups, alors il redeviendra "ton frère à tes yeux".

Mais on peut expliquer ce verset de façon allusive. En effet, les mots "ton frère" se disent : "a'hikha" (אָחִיךָ), dont la valeur numérique est justement de : 39.
Ainsi, le verset dit que quand un homme recevra le nombre de coups correspondant à la valeur numérique du mot "אחיך", qui est de 39, alors il redeviendra vraiment : "ton frère", et sa faute sera expiée.

[le Na'hal Kédoumim]

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-> Le Ktav Sofer apporte un enseignement similaire :
"Ton frère sera dégradé à tes yeux" = S'il est dégradé par ces coups devant toi, il est donc évident qu’il est dégradé à tes yeux! Qu’est-ce que cela nous apprend?

Nos Sages expliquent que les mots : "ton frère" de ce verset indiquent que même si jusqu’à présent, il était un racha, à présent qu’il reçoit sa sanction, il redevient "ton frère et sa faute est expiée.
Cependant, pourquoi doit-on absolument attendre qu’il reçoive sa sanction pour le voir comme son frère? Puisque la téchouva expie les fautes, alors s’il s’est repenti avant d’être frappé, il redevient ton frère déjà par son repentir?

Seulement, comme le repentir s’effectue dans le cœur de l’homme, et que l’être humain ne voit qu’avec ses yeux, qui ne voient pas les cœurs, c’est pourquoi, on ne peut jamais savoir si le fauteur s’est bien repenti. Il faudra donc attendre qu’il reçoive les coups.

Ainsi, "ton frère sera dégradé" = c’est-à-dire qu’il ne deviendra ton frère que quand il sera dégradé par les coups et pas avant, même s’il s’est repenti.
La raison est : "à tes yeux" = son repentir n’est pas visible "à tes yeux" [d'humain].

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-> Le Méam Loez (Ki Tétsé 25,3) commente :
Les nombres 39 et 40 ont un sens particulier dans la Torah.
Un mikvé contient 40 Séa d'eau. Le peuple juif a passé 40 ans dans le désert pour expier la faute des explorateurs. L'eau du Déluge est tombée pendant 40 jours et 40 nuits.
Selon la tradition juive, les 40 premiers jours de la grossesse sont déterminants pour l'enfant.

Le chiffre 39 est la valeur numérique du mot "tal" qui veut dire rosée. Hachem ressuscitera les morts grâce à la rosée (guémara 'Haguiga 12a).
Les Kabbalistes expliquent que D. possède 13 Attributs de miséricorde.
Le nombre 39 est une triple expression de ces Attributs.

Les deux nombres 39 et 40 évoquent donc la purification d'un état indésirable et la naissance, la flagellation créé un processus similaire de renouveau et de purification de l'âme du fauteur.

La Torah qualifie le condamné de "racha", alors que notre verset le désigne comme "ton frère". Après qu'il ait reçu la flagellation, sa faute est totalement expiée et il redevient "ton frère", semblable à tout autre juif (guémara Maccot 23a).
De fait le mot "a'hikha" (ton frère - אָחִיךָ) a une valeur numérique de 39. [Rabbénou Bé'yahé]
[...]
Les 39 coups étaient administrés par groupe de 3 : un sur chaque épaule et un au centre de la poitrine.
[...]
Avant la flagellation, le tribunal examinait la condition physique du condamné et déterminait s'il était capable de supporter les 39 coups.
Si le beth din le jugeait de faible constitution, il réduisait le nombre de coups par un multiple de 3.
En d'autres termes, si le tribunal estimait le condamné capable de supporter 20 coups de fouet seulement, il réduisait ce nombre à 18 (3*6).
Pendant la flagellation, le juge pouvait encore réduire le nombre de coups. Cependant, jamais il n'en ajoutait au nombre fixé même s'il se rendait compte, aux cours de la flagellation, que le condamné pourrait en supporter davantage.

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-> La raison pour laquelle le coupable est fouetté précisément 39 fois est la suivante : un embryon atteint sa forme humaine en 40 jours.
L'essence d'un être humain est donc symbolisée par le chiffre 40.

[Le condamné aurait dû recevoir 40 coups qui représentent la destruction de sa vie.] Cependant, Hachem par pitié, le dispense du dernier coup [lui octroyant ainsi une dernière chance].
Le nombre de coups est donc de 39, quarante moins un, pour faire comprendre au coupable que s'il se repent de tout cœur, sa faute sera pardonnée et il vivra.
[Mabit - Beth Elohim 3,49]

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-> Le Komets Hamin'ha rapporte le Ramban qui dit que la Torah impose 40 coups en référence à la formation du fœtus. En effet, nos Sages nous apprennent que le fœtus est formé 40 jours après la conception.
Or, quand l'homme commet une faute, il porte atteinte à l'intégrité de sa personne et abîme les forces qu'il a reçues d'Hachem lors de sa formation. La faute dégrade l'homme.
C'est pourquoi, pour réparer la faute, la Torah prévoit 40 coups, pour rétablir la complétude de l'homme qui a été formé en 40 jours et que sa faute a dégradée.
Mais d'un autre côté, si cette peine de flagellation vise à affaiblir l'homme pour le purger de la faute qui a entaché son être, malgré tout, cette sanction n'est pas là pour entraîner sa mort et sa disparition. En cela, la peine de flagellation est différente de la peine de mort.
Or, étant donné que l'homme a reçu toutes ses forces (en potentiel) pendant les 40 jours de sa formation, s'il recevait 40 coups, alors cela aurait quelque part entraîné l'affaiblissement et la disparition totale de toutes ses forces et cela aurait été assimilé à sa mort. C'est pourquoi, les Sages ont réduit la peine à 39 coups, pour ne pas entraîner l'annihilation totale de l'individu.

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Le Yaarot Dvach se base également sur le Ramban, qui ajoute que les 40 coups dont parle le verset, font référence aux 40 jours où Moché s'est trouvé sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah. Or, le pécheur a transgressé les paroles de cette Torah, il recevra donc 40 coups.
Néanmoins, même si le don de la Torah devait avoir lieu le 6 Sivan, et Moché serait alors monté sur le mont Sinaï le lendemain, le 7 Sivan, pour y rester jusqu'au 17 Tamouz. Et de cette façon, Moché serait bien resté 40 jours sur le mont Sinaï.
Malgré tout, nos Sages enseignent que Moché retarda le don de la Torah d'un jour. Il ajouta un jour supplémentaire de préparation.
Dès lors, on a en réalité reçu la Torah le 7 Sivan, puis Moché monta sur le mont Sinaï le 8 Sivan pour y rester jusqu'au 17 Tamouz.

Ainsi, dès lors, dans les faits Moché resta sur le mont Sinaï pendant 39 jours pour recevoir la Torah.
C'est pourquoi, la Torah qui avait prévu 40 jours, parle de 40 coups pour expier la transgression de la Torah. Mais comme Moché, en retardant le don de la Torah d'un jour, finit par ne rester sur la montagne que 39 jours, ainsi les Sages qui sont ses porte-paroles sont venus réduire la peine de flagellation à 39 coups.

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-> Le Kli Yakar rapporte la Michna des Pirké Avot qui dit que l'homme accède au discernement quand il atteint 40 ans.
Or, un homme ne faute que par manque de discernement. Ainsi, les 39 coups (et pas 40) qu'il reçoit du fait de la faute font allusion au fait qu'il a quelque part manqué de discernement par le fait qu'il a commis cette faute.

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-> En instituant 39 coups et pas 40, nos Sages laissent entendre que pour que la réparation soit totale, il faut aussi que nous y mettons tout notre cœur brisé dans la téchouva.
[rapporté par le rav David Touitou]

[certes, ils nous font 39 sur 40, mais cela ne nous dispense pas d'un minimum d'effort personnel]

Le divorce

"Il lui écrira un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,1)

Dans la guémara (Guittin 90b), nos Sages nous disent que lorsqu'un homme divorce de la femme, de son 1er mariage, même l'Autel (du Temple) verse des larmes.

Quelle est la signification de cette symbolique?

Il est dans la nature de l'être humain, dans ses instincts, de ne pas rester indifférent lorsqu'il voit quelqu'un souffrir.

Beaucoup de personnes sont bouleversées, ont un malaise lorsqu'elles voient du sang.
Cependant, un chirurgien ne doit pas avoir d'émotions, continuant à opérer pendant que le sang gicle à profusion.

Contrairement aux hommes, les pierres n'ont pas de sentiments, et c'est ainsi qu'on dit : "avoir un cœur de pierre", pour exprimer l'insensibilité d'une personne.

Sur l'Autel du Temple (lieu des sacrifices), le sang y était versé en permanence, et la pierre "froide" de l'Autel n'exprimait aucune compassion ou émotion.

=> Nos Sages nous disent que le divorce entre un mari et sa femme est une expérience tellement douloureuse/traumatisante que même l'Autel, qui est composé de pierres qui n'ont pas de sentiments et qui voit du sang couler en permanence, va en venir à verser des larmes.

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Guémara Guittin (90b) : "Lorsqu'un 1er mariage se finit par un divorce, l'Autel [du Temple] verse des larmes".

Le rabbi Yissocher Frand demande pourquoi particulièrement l'Autel?

L'Autel est le lieu des sacrifices, qui avaient pour but d'amener les personnes à être plus proches de D.
Dans les relations humaines, les sacrifices/concessions sont obligatoires, spécialement dans le cadre du mariage.

Dans un couple, lorsque le fait d'être "centré sur soi-même" prime sur la volonté de donner, lorsque personne ne fait de sacrifice pour le bien de l'autre (sur l'Autel du couple), il ne peut subsister un lien solide, durable.

L'Autel pleure ainsi sur les personnes qui ne sont pas capables de sacrifices.

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Par ailleurs, il est intéressant de noter que la section de la Torah parlant des sacrifices quotidiens permanents (le korban tamid -> Bamidbar 25,1-8), contient toutes les lettres de l'alphabet hébreu sauf le guimmel et le tét (גט).

Cela est une autre allusion au fait que l'Autel (du Temple), se sent également mal à l'aise avec ces 2 lettres.

 

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam) + dvar Torah du rabbi Yissocher Frand

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-> Il y a 3 choses qu'un homme est obligé de faire à sa femme comme il est dit : chééra (la nourriture), késsouta (l'habillement) et onata (relation conjugale) (Michpatim 21,10).
En revanche, une femme a 9 choses qu'elle doit faire pour son mari, comme le dit la michna (Kétoubot 59b), elle doit moudre le grain en farine, cuire le pain, laver les vêtements, cuisiner, allaiter son enfant, faire son lit et travailler la laine (voir Aderes Eliyahou, Devarim 21,13).
La guémara (Kétoubot 61a) ajoute 2 autres devoirs pour l'épouse : elle doit mélanger une coupe de vin pour lui et lui laver le visage, les mains et les pieds.

=> En divorçant de sa femme, l'homme se libère de 3 devoirs envers sa femme, ceci est représenté par la lettre guimel du mot guét (acte de divorce), car cette lettre a un guématria de 3.
D'autre part, en recevant le divorce, la femme est libérée de neuf devoirs, symbolisés par la lettre tét du mot guét, car cette lettre a un guématria de 9.
[haMaor haGadol - p.375]

"Il lui écrira un acte de divorce" (Ki Tétsé 24,1)

Le document de divorce s'appelle en hébreu : le gét (גט).
Que pouvons-nous tirer de ce nom?

1°/ Le mot gét (גט) a une valeur numérique de : 12.
Son nom nous apprend qu'en pratique, il doit être écrit en précisément 12 lignes (pas plus, pas moins).

2°/ En utilisant la guématria, le nombre 12 peut être obtenu de différentes façons (ex : beit et youd, dalét et 'hét, ...), mais la combinaison : guimmel et tét (גט) n'est pas un hasard.

On remarque que dans toute la Torah, il n'y a aucun mot dans lequel les lettres guimmel (ג) et tét (ט) sont ensembles.

=> De même que ces 2 lettres sont toujours séparées dans la Torah, elles représentent l'opposé de l'unité et de la paix (d'où l'appellation de : גט).

 

Source (b"h) : traduction personnelle d'un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

Avoir des enfants : une leçon de compassion …

+ Avoir des enfants : une leçon de compassion ...

La 1ere mitsva qui apparaît dans la Torah est celle d'avoir des enfants, comme il est écrit : "D. les bénit en leur disant "Croissez et multipliez! Remplissez la terre ..." (Béréchit 1,28).

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 1) nous explique qu'ainsi, il y aura plus de personnes qui observeront la Torah, permettant la réalisation du but de la Création.

-> Au niveau individuel, le fait d'avoir des enfants va nous aider à améliorer notre caractère, permettant aussi d'atteindre le but de la Création.

Nourrir, prendre soin et élever des enfants, contribue à développer en nous de la compassion, de la miséricorde et de la sensibilité à autrui (cf.guémara Sanhédrin 36b - Rachi).

Rabbi Samson Raphaël Hirsch fait remarquer que le mot hébreu pour : "cruel" est : "a'hzar" (אַכְזָר), et peut se décomposer en : a'h (cependant - אך) et zar (étranger - זָר)

Une personne se permet d'agir de façon cruelle, principalement parce qu'elle ne s'identifie pas, parce qu'elle est étrangère à la souffrance d'autrui.
On en vient à être cruel, car on se dit : "ce n'est qu'un étranger" (a'hzar).

Un enfant va nous aider à développer de la compassion en dehors de nous-même, en jouant le rôle de pont entre nous et les autres.
Aux yeux des parents, l'enfant, pour lequel ils se soucient tellement, est comme une partie, une extension d'eux-même, bien qu'il se tient comme un être indépendant, comme un "autrui".

=> Cette ambivalence entre l'enfant : "c'est nous" (donc pas un étranger) et "c'est quelqu'un d'autre", va permettre aux parents de développer plein de belles qualités : compassion, miséricorde, patience, ... qu'ils vont pouvoir utiliser avec autrui par la suite.

==> En comblant égoïstement ce petit être de bonheur (car il est une partie de moi), j'en viens à développer, muscler en moi, une tendance à faire de même avec autrui.

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Le Rav Dessler nous dit que le fait d'avoir un enfant est un moyen de suivre l'exemple de la nature plein d'altruisme que D. nous a témoigné lorsqu'Il nous a donné vie.
De la même façon, que D. a créé un monde dans un but de donner, de la même manière qu'il nourrit et prend soin du monde, ainsi, les parents créent un enfant, ils lui sont des donneurs, ils le nourrissent et en prennent soin.

Le Midrach Tan'houma (Pékoudé) de dire que la création d'un enfant est ainsi analogue à la création du monde par D.

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-> Les enfants sont coûteux à élever, en plus du fait qu’ils causent souvent beaucoup de chagrin à leurs parents. Alors pourquoi tant de gens veulent-ils avoir des enfants?

Le Rav Dessler (Mikhtav mé-Eliyahou, volume 1, p. 36) explique les 2 motivations sur le désir d’avoir des enfants.
La 1ère est que nous sentons qu’ils seront une continuation de nous-mêmes, après avoir quitté le monde. La seconde est que nous avons un besoin inné d’avoir quelqu’un à qui prodiguer de l’amour et de la gentillesse.
C’est pourquoi les couples sans enfants en adoptent souvent et les élèvent comme les leurs. Certains auront même un chien ou un autre animal de compagnie à qui prodiguer de l’affection, comme s’ils étaient des enfants. C’est là une indication claire du pouvoir de donner, profondément ancré dans l’âme humaine.

"De même que l'étude de la Torah est supérieure à toutes les autres mitsvot, de même la punition pour la perte de temps d'étude de Torah est plus grave que toutes les autres fautes"

[le Sifri - rapporté par Rabbénou Yona dans Iguéret haTéchouva]

(késhem shétalmoud Torah gadol mikol amitsvot, ka'h oness bitoula gadol mikol aavérot)