Le Ramban écrit qu'après avoir fauté dans l'affaire des espions, le peuple juif savait qu'il n'entrerait pas en terre d'Israël. C'est pour cette raison que leur amour pour Moché a diminué. C'est ce qui a poussé Kora'h à se séparer de Moché et à contester son autorité.
C'est pourquoi ces 2 passages; celui des espions et celui de Kora'h, sont juxtaposés.
La racine du libre arbitre
+ La racine du libre arbitre :
-> Hachem a donné à l'homme le libre arbitre, lui permettant de choisir le bien et de mépriser le mal, et de vaincre le mauvais penchant.
Si l'homme ne possédait pas une pulsion mauvaise qui le tente constamment à assouvir ses désirs et de faire ce qui est mal aux yeux de D., il n'y aurait rien d'exceptionnel à ce que l'homme choisisse de servir Hachem. Il n'y aurait donc pas de grand plaisir pour D. dans le service divin de l'homme. [Zohar 2,163b]
Nous, le peuple juif, Sa nation, qui sommes appelés les enfants d'Hachem (Réé 14,1 ; Pirké Avot 3,14), avons reçu le libre choix, et nous possédons un mauvais penchant qui s'efforce de nous détourner du chemin d'Hachem. Néanmoins, nous acceptons le joug du Ciel en étudiant la Torah et en observant les mitsvot dans le cadre de notre service à D.
Cela magnifie et accroît la gloire d'Hachem.
[il est à noter qu'afin de nous permettre de choisir librement, D. doit se cacher, c'est-à-dire réduire notre conscience divine, car si nous possédions une pleine conscience du divin, la conscience spirituelle qui en résulterait ne nous permettrait pas de transgresser la volonté de D.
C'est donc à dessein qu'Hachem nous place dans les "ténèbres" spirituelles, c'est-à-dire qu'il limite notre conscience divine, afin de nous permettre de choisir librement. Ce n'est qu'en exerçant notre libre choix pour vaincre le mauvais penchant, qui ne peut nous tenter que lorsque nous sommes dans les ténèbres spirituelles, que nous glorifions vraiment Hachem. ]
La génération du désert ne possédait pas de mauvais penchant. Comme l'expliquent nos Sages (midrach Vayikra rabba 18,3) à propos du verset ; "Les Lou'hot étaient l'œuvre de D., et l'écriture était l'écriture de D., gravée sur les Lou'hot" (Ki Tissa 32,16), en interprétant le mot "gravé" ['harout] comme signifiant "libre" ['hérout] : ils étaient libres à la fois de la mort et du mauvais penchant.
Leur service d'Hachem ne sortait donc pas de l'ordinaire. Par conséquent, leur service divin n'a pas tellement augmenté la gloire de D.
... En servant Hachem malgré notre mauvais penchant (et l'obscurité de l'exil actuel), [nous contribuons à ce que] la gloire d'Hachem soit plus grande qu'elle ne l'aurait sans yétser ara.
En exerçant notre libre choix de choisir le bien et de mépriser le mal, et d'accomplir la volonté d'Hachem en observant la Torah et les mitsvot et en faisant de bonnes actions, nous nous attachons à la source de la vie, à D., qui vit et demeure éternellement.
Comme le disent nos Sages (Béra'hot 18a ; Kohélet rabba 9,4) : "Grands sont les justes, qui même après leur mort sont appelés vivants", car par leurs bonnes actions, en s'attachant à la Torah et aux mitsvot, ils s'attachent à la source de la vie éternelle.
En revanche, les réchaïm, même vivants, sont appelés morts (Béra'hot 18a), car par leurs mauvaises actions, ils s'attachent à la source de la mort.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Chéla'h Lé'ha 14,21-22 ]
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=> Le libre arbitre est un élément central de notre vie dans ce monde.
Notre yétser ara essaie de l'exploiter en nous poussant à fauter, et surtout en utilisant ensuite cette faute pour nous faire désespérer, nous attrister spirituellement (suite à cette chute spirituelle, on reste au sol longtemps, se morfondant négativement sur nous-même, baisant nos ambitions spirituelles).
Mais à l'inverse, il faut lui réponde qu'on fait de notre mieux, et il est normal de tomber dans la faute (nous sommes humains), tant qu'on se relève rapidement. Mais surtout que le libre arbitre est une occasion de glorifier Hachem, d'amener de la fierté et de la joie à Hachem par nos actions (préférant faire sa volonté).
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-> Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous pouvons probablement tous convenir que nous glisserions dans la complaisance sans le mauvais penchant. Après tout, qu'est-ce qui nous oblige à lutter et à faire quelque chose de nous-mêmes, si ce n'est le mauvais penchant?
En effet, nos Sages (Baba Batra 16a) enseignent que l'intention du mauvais penchant est pour le bien du Ciel. Il veut nous inciter à travailler plus dur et à ce que nous le vainquions.
Si nous ne devions pas travailler si dur pour surmonter les épreuves qu'il nous lance, nous n'atteindrions pas le niveau élevé que nos efforts nous ont permis d'acquérir.
Le rav Gamliel Rabinovitz disait : "Les gens viennent me voir pour se plaindre de la difficulté qu'ils ont à gérer leur mauvais penchant, et je leur dis : "Votre mauvais penchant est là pour vous forcer à le surmonter et à devenir grand! C'est vraiment un cadeau!"
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+ Le yétser ara : c'est la vie!
-> Avoir des tendances au mal (un yétser ara) n'est pas une honte, au contraire c'est un signe que Hachem désire que nous Le servions et qu'ainsi nous nous rapprochons de Lui.
"Le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16) = ainsi le fait de tomber dans la faute atteste que nous avançons dans la vie, tandis que le contraire signifie à priori que nous sommes anesthésiés, que nous vivons comme des somnambules, des morts vivants (à part de très très rares exceptions, il n'existe pas d'homme qui ne faute jamais!).
Le yétser ara nous fait sortir de notre suffisance, de notre paresse, afin que face au mur nous puissions sortir nos forces cachées. Après coup, nous le remercions car nous sommes alors des juifs meilleurs.
-> Au début de la paracha, lorsque Rivka voulait savoir pourquoi elle souffrait autant pendant sa grossesse, elle est allé au beit midrach de Chem (fils de Noa'h).
Chem a prophétisé que : "2 nations sont dans ton sein et 2 peuples sortiront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que l’autre (oul'om mil'om yéémats)" (Toldot 25,23).
Le rabbi Yéhochoua de Belz explique : "Une nation sera plus forte en raison de l'autre".
Yaakov sera une personne meilleure grâce aux batailles que Essav va mettre sur son chemin.
Ainsi, les juifs grandissent des épreuves que les non-juifs et leur yétser ara va placer devant eux.
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-> Le jour où Avraham est mort, Nimrod est mort.
Le jour où Yaakov est mort, Essav est mort.
Le jour où Moché est mort, Bil'am est mort.
[midrach]
=> Que souhaite nous enseigner ce midrach?
Le Beit Israël de Gour répond que nous voyons que les réchaïm sont placés dans ce monde dans l'intérêt des tsadikim.
Hachem a créé Nimrod pour remettre en cause Avraham, et Hachem a mis Essav dans ce monde pour tester Yaakov.
Ainsi, lorsque Avraham et Yaakov meurent, il en est de même pour leur adversaire (Nimrod et Essav), car ces derniers ne vivaient que pour les premiers.
Le Beit Israël explique qu'en apparence Nimrod, Essav et Bil'am dérangeaient ces grands tsadikim (cela serait mieux sans eux!), mais en réalité ils étaient là pour les aider.
Ils sont venus dans ce monde uniquement pour eux.
Sans les remises en question que ces réchaïm ont placé devant eux, ces tsadikim n'auraient pas pu atteindre une telle grandeur.
=> Ainsi, les épreuves, les défis de la vie, ne sont pas des punitions de D., mais au contraire des opportunités de grandir, et d'apporter un plaisir beaucoup plus grand à Hachem.
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-> Hachem ne met son Nom que sur les tsadikim après leur mort.
C'est pourquoi, nous disons "Eloké Avraham" (D. d'Avraham), après la mort d'Avraham.
En effet, Hachem ne veut pas placer son Nom sur quelqu'un de vivant, car tant qu'il y a de la vie il y a des épreuves et personne n'a la garantie de rester tsadik dans le futur.
(n'ai pas [trop] confiance en toi avant ta mort [en baisant la garde face au yétser ara en pensant que c'est gagné]).
Il y a une exception à cela : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak" (Vayétsé 28,13).
Avraham était mort, mais Its'hak était encore vivant.
Rachi écrit : "nulle part dans la Torah, Hachem n’a associé de leur vivant Son nom à celui des tsadikim, en écrivant "Elokim d’un tel" ... Ici, cependant, Il a uni Son nom à celui de Its'hak, parce que sa vue s’était assombrie et qu’il était obligé de rester chez lui. Il était donc considéré comme mort, et son yétser ara l’avait quitté, [de sorte qu’il était devenu hors d’état de pécher] .
Cependant, Yaakov va dire : "Si le D. de mon père, le D. d'Avraham (éloé Avraham) et celui que révère Its'hak (pha'had Its'hak)" (Vayétsé 31,42).
Le Divré David (Taz) explique qu'il aurait été inapproprié à Yaakov de dire à son père : "éloé Its'hak".
En effet, cela impliquait que son père ne faisait plus l'objet d'épreuve du yétser ara, ce qui revenait à lui dire qu'il n'avait plus de raison de vivre, et un fils ne doit pas parler ainsi à son père.
[De même que nous avons un cœur au niveau physique, nous avons un yétser ara au niveau spirituel, pour permettre notre vie et assurer notre vitalité dans ce monde]
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+ L'intensité des épreuves de la vie :
-> Il est très clair que Hachem tient le yétser ara avec une chaîne en fer, ne le laissant pas mettre à l'épreuve quelqu'un au-delà de ses capacités."
[Gaon de Vilna]
-> La guémara ('Haguiga 5) rapporte que Rabbi Yéhochoua ben 'Hananiya savait répondre aux questions des hérétiques (apirkorsim). Cela était important pour empêcher à des juifs d'être influencés par eux.
Lorsqu'il était sur son lit de mort, ses élèves lui ont demandé : "Que ferons-nous maintenant? Qui réfutera les hérétiques?"
Il leur a répondu : "lorsque les juifs perdent leur avocat/défendeur, leur sagesse [de ceux qui les attaques] se trouve réduite".
=> Ainsi, cette guémara nous illustre l'idée que les épreuves et les défis sont toujours en proportion des capacités des gens.
Ici une baisse de notre capacité à répondre à leurs questions de émouna, va entraîner une baisse de leur niveau de questionnement.
-> Une allusion à cela se trouve dans le Séder de Pessa'h : le Sage ('hakham), le racha, le simple (tam) et celui qui ne sait pas poser de question (chééno yodéa lich'ol).
Lorsqu'il y a des Sages, alors en face il y a des réchaïm.
Mais s'il y a un niveau de simple (tam), alors en face il y a une opposions qui ne sait pas vraiment poser des questions.
-> Le rav Elimélé'h Bidermen enseigne que parfois l'épreuve n'est pas que nous réussissions et surmontions le yétser ara, mais plutôt c'est un test pour mettre au grand jour à quel point le fait de faire la volonté de Hachem est important pour nous.
[c'est une sorte de baromètre de notre bita'hon, de notre niveau de fidélité dans la réalité et pas en paroles!]
Hachem souhaite nous voir prier, crier de tout notre cœur vers Lui, afin que nous réussissions la dure épreuve.
Même si nous pouvons échouer, ce qui compte c'est l'état d'esprit de faire de notre mieux, d'aller vers Hachem!
Lorsque notre yétser ara se réveille en nous, nous devons penser : "Qui sait si cette faute que le yétser ara me pousse à faire ne va pas bloquer des bénédictions que Hachem souhaite m'adresser? Je risque de perdre beaucoup si je cède à la tentation."
On peut aussi s'interroger : "Si quelqu'un me proposerai 100 millions pour que je surmonte cette épreuve du yétser ara, est-ce que je céderai?"
Cela nous permet de se rendre compte que nous pouvons souvent faire bien davantage que ce que nous faisons actuellement.
N'oublions pas que Hachem nous offre une récompense infiniment plus importante et surtout éternelle.
[mais pour permettre le libre arbitre la Vérité nous est dissimulée dans ce monde.]
Briser les Lou’hot
Dans la paracha Ekev, Moché passe en revue les événements du don de la Torah au mont Sinaï, ainsi que la faute du Veau d'or qui s'ensuivit. Moché dit à la nation : "J'ai vu que vous aviez fauté ... et j'ai saisi les 2 Lou'hot et je les ai jeté de mes 2 mains, les brisant devant vos yeux" (Ekev 9,16-17).
=> Comment Moché a-t-il pu briser les Lou'hot (Tables de la Loi)? La création du monde dépendait de la nation juive qui recevait la Torah (Rachi - Beréchit 1,31), qui était représentée par ces mêmes Lou'hot.
Et si Hachem ne lui avait pas donné une deuxième série de Lou'hot? Après tout, Moché ne le savait pas à l'avance.
Même si la nation a fauté, est-ce une raison pour briser les Lou'hot? Au contraire, il aurait peut-être été plus efficace de les réprimander tout en tenant les Lou'hot.
Nous devons également comprendre pourquoi, lorsque Hachem a donné à Moché le second Lou'hot, Il a ordonné à Moché de les tailler lui-même dans la pierre (Ekev 10,1). Si Hachem leur a pardonné leur faute (Rachi, ibid.) et leur donnait maintenant les Lou'hot une fois de plus, pourquoi n'étaient-elles pas les mêmes?
-> Le rav 'Haim Friedlander explique que la faute du Veau d'or a démontré que la nation n'était pas prête à recevoir la Torah. Lorsque Moché s'est rendu compte que c'était le cas, il a dû briser les Lou'hot. La nation n'était manifestement pas prête à les recevoir.
Le rav Friedlander déduit ceci de l'enseignement des Sages (guémara Shabbath 87a) : "Moché a fait trois actes de son propre chef, et Hachem a accepté chacun d'entre eux. Il se sépara de sa femme (afin d'être prêt à recevoir la prophétie à tout moment). Il ajouta un jour (lorsque Hachem ordonna que les juifs prennent 2 jours pour se préparer au don de la Torah, Moché ajouta un jour supplémentaire au temps de préparation). Il a brisé les (premières) Lou'hot".
Le rav Friedlander souligne que les 2 premiers actes mentionnés concernaient la préparation de la Torah. Il s'ensuit que le 3e acte, le fait de briser les Lou'hot, est aussi un acte lié à la préparation de la Torah.
La nation n'était pas prête. Sans une préparation suffisante, il leur était impossible de recevoir la Torah.
Le rav Shimon Shkop note que c'est la raison pour laquelle Moché a dû découper lui-même les deuxième Lou'hot. Ce geste était le signe qu'à partir de maintenant, la Torah ne serait reçue qu'en fonction de la préparation de chacun.
Tout comme Moché a taillé les pierres par lui-même, nous devons également nous préparer, avec une yirat chamayim et des bonnes midot (crainte du Ciel et bons traits de caractère), à acquérir la Torah.
Ces 2e Lou'hot, construits par l'homme, étaient susceptibles de subir les fléaux de la nature. Cela démontre que même après avoir acquis la Torah, on peut la perdre si l'on ne grandit pas continuellement en yirat chamayim et en bonnes midot ; on peut perdre la Torah.
Moché a brisé les Lou'hot parce que, tels qu'elles étaient, elles ne profiteraient pas à la nation.
Les premières Lou'hot contenaient la totalité de la Torah, et tout ce qui était étudié à partir d'elles n'était jamais oublié. Lorsque les juifs en sont devenus dignes au pied du mont Sinaï (avant la faute), ils avaient atteint un état d'unité et de pureté qui n'était égalé que par Adam haRichon avant la première faute. Ils ne possédaient pas le mauvais penchant qui les aurait empêchés d'étudier la Torah (voir Beit haLévi, drouch 18). Pour une telle nation, les Lou'hot qui transmettaient la connaissance de toute la Torah automatiquement et pour l'éternité auraient été un avantage.
Cependant, tout cela a changé après le péché du Veau d'or. Le mauvais penchant (yétser ara) a été absorbé à nouveau en eux. Il est vrai que nos Sages disent que la Torah est un remède contre le mauvais penchant (Kidouchin 30b), mais cela ne fonctionne que pour celui qui s'efforce de l'étudier.
Le 'Hazon Ich (Iguéret 1,37) explique que le labeur/efforts dans l'étude de la Torah nous amène à la pureté du cœur et nous permet de nous détacher des désirs vides du mauvais penchant.
C'est la raison pour laquelle seules les 2e Lou'hot ont été nécessaires après le Veau d'or. Cette Torah nécessitait un travail pour la comprendre, et même après l'avoir comprise, elle nécessitait encore plus d'efforts pour être retenue. Cette forme de labeur nous permet de vaincre le mauvais penchant.
"Faire des efforts dans la Torah" semble s'appliquer aux jeunes étudiants de yéchiva. Cependant, le rav Dessler souligne que cela est à la portée de chaque juif. Lorsque l'on étudie, on doit y consacrer toute son énergie. Même si l'on doit arrêter d'étudier pour aller travailler, on doit le faire avec l'attitude qu'une tâche différente lui est demandée, et que l'on reviendra à l'étude dès qu'on le pourra.
Celui qui adopte cette attitude ne s'arrête vraiment pas, car tout ce qu'il fait dans l'intervalle est aussi dans l'intérêt de la Torah qu'il étudiera lorsqu'il aura terminé.
Par exemple, il gagne sa vie pour que ses enfants puissent étudier la Torah dans des institutions de Torah.
La Torah d'un juif qui vit de cette manière, même s'il n'étudie pas toute la journée, l'aidera à vaincre son mauvais penchant (voir Tossafot, Béra'hot 11a).
Le Gaon de Vilna (Aderes Eliyahu, Shoftim) affirme que l'effort dans l'étude de la Torah peut changer la nature même d'une personne. Les désirs basiques, et même les désirs fauteurs, sont redirigés vers des voies bonnes et appropriées.
Unité & reconstruction du Temple
+++ Unité & reconstruction du Temple :
La clé de la rédemption finale (guéoula) consiste à rassembler les juifs et à renforcer notre unité.
[midrach Béréchit rabba 98,1]
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-> Nos Sages (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1) enseignent que "lorsque le Temple n'est pas reconstruit dans notre génération, c'est comme s'il avait été détruit à notre époque".
Outre le deuil, nos Sages nous disent que nous devrions examiner notre comportement pour voir ce que nous pouvons faire pour mériter le Temple une fois de plus. En effet, le midrach (Eikha rabba 32,1) indique explicitement que le deuil de cette période (particulièrement applicable pendant les 3 semaines menant au 9 Av) concerne à la fois la perte du Temple et également les fautes qui l'ont causée.
[ainsi nous devons nous attrister sur ce qu'implique une absence de Temple, mais également sur ce qui ne va pas dans notre comportement empêchant sa reconstruction. ]
Nos Sages (guémara Yoma 9b) nous disent quels étaient ces fautes : Pendant la période du 1er Temple, la nation a commis les 3 péchés cardinaux qu'un juif doit éviter en donnant sa vie : l'effusion de sang, l'idolâtrie et l'immoralité. Pendant la période du 2e Temple, la faute était sinat 'hinam (haine gratuite/injustifiée).
Le Maharal (Nétsa'h Israël 4) note que ce n'est que pendant la période du 1er Temple que les gens étaient motivés pour transgresser les trois péchés capitaux. Cependant, depuis lors et jusqu'à nos jours, le mauvais penchant qui a fait que nous n'avons pas de Temple motive la sinat 'hinam.
Pourquoi en est-il ainsi? Qu'est-ce qui a changé?
Le Maharal explique que la Présence Divine (Chékhina) était clairement présente dans le 1er Temple. Il y avait la prophétie ; le feu descendait du ciel pour accepter les offrandes de la nation, et la fumée qui s'élevait de l'autel n'était jamais balancée par le vent (voir Yoma 9b et 21b).
Le Maharal note que le libre arbitre, face à une révélation aussi impressionnante/visible d'Hachem, a exigé qu'un puissant penchant au mal travaille contre lui. Ce désir amena les juifs à transgresser les trois péchés capitaux, engendrant une grande impureté. Ainsi, la Chékhina ne pouvait plus demeurer parmi eux, le Temple n'avait plus sa place et fut détruit.
En revanche, il n'y a plus eu de prophétie pendant la période du 2e Temple. La Chékhina n'était pas présente et aucun feu ne descendait du ciel pour accepter les offrandes (ibid.). Sans révélation Divine, le Temple ne servait plus qu'à unir la nation au service d'Hachem.
Le libre arbitre n'exigeait pas que le mauvais penchant incite les juifs à transgresser les trois péchés capitaux. A la place, il s'employait à saper l'unité de la nation.
L'unité [entre les juifs] étant le seul but du 2e Temple, nous n'en avions plus le mérite une fois l'unité perdue, et il a donc été détruit.
Le 2e Temple n'est pas la seule chose qui dépendait de notre unité. Le rav 'Haïm Chmoulévitz note qu'à bien des égards, nous recevons des bénédictions grâce à notre attachement au peuple juif. En effet, cette unité était une condition préalable à la réception de la Torah (voir Yitro 19,2, et le Ohr ha'Haïm).
C'est cette unité qui a permis à des individus moins méritants, tels que Datan et Aviram, de recevoir la Torah dans le désert. Et ce, uniquement parce qu'ils vivaient en harmonie au sein de la nation.
En revanche, le juste Yéhochoua bin Noun, lorsqu'il quitta le campement pour attendre Moché au mont Sinaï, eut besoin d'un mérite spécial pour que la manne lui parvienne [puisque c'étant mis à l'égard de la communauté] (voir Yoma 76a).
Nos Sages ont formulé nos prières au pluriel, de sorte que nous demandons que nos besoins soient pris en compte parmi le restant de la nation. Nous prions Hachem de nous donner la sagesse, la guérison, les moyens de subsistance et d'autres choses. En priant pour les besoins de la nation en même temps que pour nos besoins personnels, nous rendons nos prières dignes d'intérêt.
En effet, même lorsqu'une personne part seule en voyage, la prière du voyageur qu'elle prononce est exprimée au pluriel.
Cette idée s'exprime également dans le Tana'h. Lorsque le prophète Elicha demanda à son hôtesse si elle souhaitait une aide particulière pour quoi que ce soit, elle répondit :"J'habite parmi mon peuple" (Mélachim II 4,13). Elle disait que le lien avec son peuple lui donnait une plus grande bénédiction que tout ce qu'elle pourrait recevoir individuellement.
Le rav 'Haïm Chmoulévitz dirait que l'aide du ciel est plus efficace lorsque nous nous intégrons à la communauté/peuple juif.
En revanche, il est beaucoup plus difficile d'obtenir de l'aide sur la base de nos propres mérites.
Le bita'hon aide l'homme à accomplir la mitsva d'aimer Hachem.
Celui qui compte sur Hachem constate sans cesse Sa bonté infinie parce qu'il se rend compte que sa subsistance, sa famille et sa santé viennent de Lui.
Plus l'on y réfléchit, plus on aimera Hachem.
[rav David Sutton]
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-> Le bita'hon aide aussi l'homme à accomplir la mitsva de s'attacher à Hachem (ouvo tidbak - Ekev 10,20), car lorsque nous comptons sur quelqu'un, cette personne est toujours présente dans notre esprit. Si un patient fait confiance à un docteur pour le guérir, celui-ci sera toujours présent dans son esprit.
Si nous avons bita'hon, nous comptons sur Hachem pour tout ce qui est important (notre subsistance, le bien-être de notre famille, notre santé et notre réussite, ...) et nous aurons toujours Hachem à l'esprit.
Le bita'hon nous conduit donc à penser à Hachem toute la journée, ce qui est la mitsva de s'attacher à Lui.
Le Messé'h 'Hokhma (Ekev 10,20) affirme que le commandement de s'attacher à Hachem veut dire avoir bita'hon.
[rav David Sutton]
[plus nous avons conscience que 100% des choses, de notre aide, provient d'Hachem, plus alors nous pouvons nous lier entièrement à Hachem, car sinon on s'y attachera, mais aussi à nos capacités, à telle et telle personne, à la naturalité, ... la connexion ne sera pas très forte. ]
"La sainte descendance (le peuple juif) atteindra toute conduite admirable qui couronne ceux qui la possèdent en gardant en permanence la conscience d'Hachem".
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva 3,27]
=> L'homme qui a bita'hon, et qui pense donc constamment à Hachem, atteindra les traits de caractère idéaux.
Les gens sont frappés d'aveuglement surtout en ce qui concerne le bita'hon. Les gens se convainquent fréquemment qu'ils croient en Hachem, mais leur réaction en période de difficultés montre le contraire.
[rav Shlomo Wolbe - Alé Chour - vol.2 ]
-> Le rav Yé'hezkel Lévinstein (Or Ye'hezkel - Yira ouMoussar) observe également qu'un homme peut passer toute sa vie sans jamais éprouver un bita'hon réel, et en parler sans intérioriser cette croyance.
-> "Le bita'hon est une expression courante sur les lèvres de beaucoup, mais il est ancré dans le cœur d'hommes d'exception"
[rabbi Avraham ben haRambam - Séfer haMaspik léOvdé Hachem]
-> Selon le Beit haLévi : bien que nous disions tous trois fois par jour dans la Amida qu'Hachem "nourrit les vivants avec bonté ... soutient ceux qui tombent et guérit les malades", un grand nombre d'entre nous n'y croient pas vraiment. Lorsqu'une situation difficile se présente, nous oublions cette affirmation et nous nous précipitons pour essayer de régler le problème par nous-mêmes.
Shavouot – une allusion à toutes les autres fêtes juives
+ Shavouot - une allusion à toutes les autres fêtes juives :
-> La fête de Shavouot, qui commémore le moment où la Torah a été donnée, doit également faire allusion à toutes les autres fêtes, puisque la Torah incorpore toutes les fêtes. Il s'ensuit que lorsque la Torah a été donnée, toutes les fêtes étaient également incluses.
Roch Hachana est évoqué par le grand coup de shofar qui a retenti lorsque la Torah a été donnée (Yitro 19,16), car à Roch Hachana, nous soufflons également dans le shofar.
Succot est évoqué par le fait que le jour de Shavouot, nous avons été recouverts par les ailes de la Chékhina (Zohar 1:8a), ce qui est la même idée que de s'asseoir dans une soucca. (où l'on est sous les ailes de la Chékhina - Zohar 3:103b).
De plus, il est impossible de célébrer Shavouot sans compter 7 semaines avant, comme le dit le Zohar (3:97b) ces 7 semaines correspondent aux 7 jours de la Création, tout comme le fait de tenir le loulav.
[ les sept jours de la Création et les sept jours de la semaine correspondent aux sept midot (et en découlent spirituellement) ; les sept composants de l'"ensemble" minimum du loulav sont : un loulav, trois hadasim, deux aravos et un esrog, et expriment également les sept middos. ]
L'essence intérieure de Pessa'h est la même que celle de Shavouot, car, comme l'expliquent les écrits du Arizal (Pir Eits 'Haïm - chaar 'hag haShavouot 1), Shavouot est, au sens spirituel, le 8e jour de Pessa'h.
Shavouot est, dans un sens spirituel, le 8e jour de Pessa'h, tout comme Shémini Atséret est le 8e jour de Succot.
[selon le midrach (Chir haChirim rabba 7,4) : "Shémini Atséret aurait dû être fixé pour tomber 50 jours après Souccot, de même que Shavouot (tombe 50 jours) après Pessa'h." ]
Trouver une allusion à Yom Kippour dans Shavouot est un peu plus problématique. Cependant, nos Sages (Yérouchalmi Bikourim 3:3: ; Rachi Béréchit 36,3) disent que 3 personnes sont pardonnées de leurs fautes, l'une d'entre elles étant un jeune marié dont les fautes sont pardonnés le jour de son mariage. (les autre sont un Sage nouvellement nommé et un dirigeant/roi nouvellement nommé).
Puisque le marié est pardonné, la mariée l'est certainement aussi, car quelle différence y a-t-il entre eux à cet égard? Ils se marient tous les deux l'un à l'autre.
Nos Sages (Taanit 4:8) font remarqué que l'expression "le jour des noces de D." (Chir haChirim 3,11) fait référence au don de la Torah. Par conséquent, puisque le mariage Divin a eu lieu à Shavouot, et que nous sommes les fiancés de D. (midrach Chir haChirim rabba 4,22 ; midrach Tan'houma Ki Tissa 18), toutes nos fautes sont pardonnées en ce jour. C'est donc l'allusion de Yom Kippour à Shavouot, car à Yom Kippour, nous sommes également pardonnés pour tous nos fautes.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Shavouot ]
=> La fête de Shavouot, qui est l'anniversaire et la reviviscence du don de la Torah, incorpore toutes les autres fêtes de l'année.
Shavouot – avoir également du plaisir physique
+ Shavouot - un plaisir physique :
-> Dans la guémara (Pessa'him 68a), toutes les opinions concordent pour dire que le jour d'Atséret, c'est-à-dire Shavouot, une personne est tenue, en plus de consacrer la fête à des activités spirituelles, de profiter également de la fête sur le plan physique.
À Pessa'h, une personne est naturellement heureuse en raison de sa libération physique de la servitude, une faveur physique qui nous est accordée par Hachem. À Shavouot, en revanche, nous nous réjouissons du don de la Torah.
Comme il s'agit d'une bonté spirituelle, il est plus difficile pour le corps physique d'une personne de ressentir de la joie. C'est pourquoi la guémara rapporte que nos Sages étaient tous d'accord pour dire que cette fête exige une joie ressentie même par le corps physique.
Comment y parvenir?
En croyant fermement que la Torah nous apporte la vie à la fois dans le monde à Venir et dans ce monde ; en croyant que la Torah apporte la longévité, la richesse, la santé, et ainsi de suite (Michlé 3,16&8).
En prenant ces questions à cœur, le corps d'une personne appréciera et savourera également la fête.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Shavouot ]
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=> La Torah n'est pas seulement l'élixir de nos vies spirituelles, mais aussi de nos vies physiques. Par conséquent, la célébration de la réception de la Torah (à Shavouot) doit inclure un plaisir matériel tangible en plus du plaisir spirituel naturel qui est associé à la Torah.
Parlez à toute l'assemblée des Bné Israël et dites-leur : "Vous serez saints, car Je suis saint, moi, Hachem, votre D." (Kédochim 19,2)
-> Rachi commente :
"Parlez à toute l'assemblée des Bné Israël" = cela nous apprend que cette paracha a été prononcé en assemblée, étant donné que la plupart des principes fondamentaux de la Torah en dépendent (Torat Cohanim).
"Soyez saints" = tenez-vous complètement à l’écart de la débauche et des fautes. Car toutes les fois que l’on trouve une mise en garde contre la débauche, on trouve mention de la sainteté.
-> Le Maharal (Gour Ariyé) commente :
Cela concerne également toutes les indulgences dans la matérialité. Le Ramban écrit même que l'on ne doit pas se livrer à des excès physiques/matériel, même si cela n'enfreint en rien la halakha.
Il s'agit également de sanctifier nos paroles en s'abstenant de tout propos déplacé. En effet, la Torah appelle un nazir kadoch pour cette raison, car il s'abstient de certains actes qui seraient autrement permis.
Néanmoins, l'essence de la kédoucha est l'abstinence de relations interdites. En effet, les relations interdites ne sont pas de simples complaisances physiques, mais plutôt des actes animales. C'est pourquoi la Torah oblige une sotah, une personne soupçonnée de relations interdites, à apporter un sacrifice dit "Min'ha d'orge", un aliment normalement utilisé comme fourrage pour les animaux.
L'essence de ce qui fait de nous des êtres humains est notre âme, et lorsque nous nous engageons dans des relations interdites, nous donnons la priorité à notre corps physique et nuisons à notre âme, nous transformant en créatures animales.
Ainsi, celui qui s'abstient de relations interdites est un kadoch. Cependant, s'il ne se sanctifie pas également en s'abstenant de manger à l'excès et de parler de manière inappropriée, la kédoucha (sainteté) s'avérera finalement non durable.
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=> L'essence de la sainteté est l'abstinence de relations interdites. Cependant, elle inclut également l'évitement de toute indulgence physique, car il faut s'abstenir de toute matérialité excessive pour être considéré comme saint.