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"Its'hak aimait Essav" (Toldot 25,28)

=> Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav?

En réalité, Its'hak vivait déjà comme dans les temps futurs. Or, si Hachem voudrait ensuite rejeter le peuple juif du fait de ses fautes, Its'hak pourra à présent plaider en sa faveur en disant : "Les juifs sont malgré tout moins mauvais que Essav. Et pourtant, moi j'ai aimé Essav! Toi aussi, malgré leurs fautes, Tu ne dois pas les rejeter et Tu dois continuer à les aimer!"
[rabbi Meïr de Prémichlan]

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-> "Its'hak aimait Essav parce que la chasse était dans sa bouche et Rivka aimait Yaakov" (Toldot 25,28)

1°/ "Its'hak aimait Essav" :
-> Rachi explique au nom du midrach qu'Essav "attrapait" Its'hak en le trompant avec ses paroles.

-> Le Arizal explique que l'amour d'Its'hak pour son fils Essav était dû au faite qu'il avait vu que de très grandes âmes (néchamot) devaient sortir de lui, que sont les géants de la Torah orale : Chemaya, Avtalion, Rabbi Akiva, Rabbi Meir, ...

-> Les sages nous enseignent une autre raison de l'amour d'Its'hak pour son fils Essav. En effet, dans l'avenir, Hachem se présentera devant chacun des patriarches en argumentant : "Tes enfants ont fauté envers Moi!"
Avraham et Yaakov ne sauront pas quoi répondre tandis qu'Its'hak demandera à Hachem de nous pardonner en argumentant : "J'ai également eu un fils qui a fauté et je lui ai tout de même pardonné, et je l'ai aimé. S'il en est ainsi Maître du monde, Tu dois également pardonner à tes enfants et les aimer bien qu'ils aient fauté envers Toi."
Et c'est le sens du verset : "Its'hak aimait Essav parce que la chasse était dans sa bouche" = Afin qu'il puisse avoir un argument tout prêt dans sa bouche afin de pouvoir répondre au Maître du monde lorsqu'Il se plaindra à cause des fautes des enfants d'Israël.

-> b'h, voir également le passage : Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav? : http://todahm.com/2018/12/24/7920-2

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2°/ "Rivka aimait Yaakov" :
=> La Torah précise l'amour d'Its'hak pour Essav en donnant la raison, mais elle dit simplement que Rikva aimait Yaakov. Cela est surprenant car y a-t-il une mère qui n'aima pas son fils? Que veut nous apprendre ici la Torah par cette précision?

-> Nos Sages nous enseignent que lorsque Rivka entendait la voix de Yaacov, elle se remplissait de joie. Elle avait l'habitude de se rendre là où étudiait Yaakov et se tenait derrière la fenêtre pour écouter sa voix, la voix de la Torah qui s'élevait. Elle tirait une profonde satisfaction de cela.
Le Zohar Hakadoch nous explique que Yaakov était le guilgoul d'Adam Harichon tandis que Rivka était la réincarnation de 'Hava (toutes nos Matriarches contenaient des étincelles d'âmes de 'Hava).
Le Arizal (Séfer haLikoutim - Toldot) nous explique : Yaakov étant le guilgoul d'Adam Harichon et Rivka sa mère, celui de 'Hava, ils étaient donc mari et femme dans leur première incarnation, tandis que dans celle de notre paracha, ils étaient mère et fils.

En effet. Yaakov connut la souffrance durant les 130 premières années de sa vie comme il l'exprime dans sa rencontre avec Pharaon : "les jours des années de mes séjours sont de 130 ans, peu nombreux et malheureux étaient les jours des années de ma vie" (Vayigach 47,9).
Ces 130 années correspondent aux 130 années qu'Adam Harichon passa au fleuve de Gui'hon à mortifier tout son corps avec des épines de figues en subissant ainsi une terrible souffrance. (guémara Erouvin 18b).
Yaakov expia donc pour Adam Harichon et Rivka réalisa la réparation pour 'Hava.

Adam Harichon, 'Hava et le serpent furent maudits par 10 malédictions chacun, tandis que la terre le fut par 9 malédictions.
Yaakov devait transformer la malédiction en bénédiction. Lorsque 'Hava fauta avec l'Arbre de la Connaissance, tous ses sens participèrent à la faute : "Et la femme vit" - avec ses yeux, "et elle prit" - avec ses mains, "et mangea"
- avec sa bouche, "et elle en donna également à son mari" - 'Hava fauta aussi avec sa bouche lorsqu'elle dit à Adam de consommer du fruit interdit.
Adam également fauta avec tous ses membres à l'exception de la parole, ce qui constitue un avantage.
En effet, 2 conduits se trouvent dans la gorge de l'homme : la trachée et l'œsophage. La trachée permet la respiration et c'est par son intermédiaire que sort la voix.
L'œsophage est le tube digestif qui relie la gorge jusqu'à l'estomac. Si un aliment rentre dans la trachée au lieu de passer par l'œsophage, il existe un risque fausse route et d'étouffement, et c'est dans ce sens que les Sages nous avertissent : "On ne doit pas parler lorsque l'on mange, de peur que l'aliment entre dans la trachée au lieu de pénétrer dans le tube digestif, ce qui nous mettrait en danger" (guémara Taanit 5b).

La trachée n'a pas été endommagée par la faute de l'Arbre de la Connaissance.
Ainsi lorsque la voix de Yaakov, qui était la réincarnation d'Adam Harichon, retentissait, elle était complètement pure, sans aucun dommage datant de la faute originelle.
Nous comprenons dès lors pourquoi lorsque Yaakov étudiait la Torah, le son de sa voix était particulièrement agréable à Rivka (qui fut 'Hava dans sa précédente réincarnation).
"Rivka aimait Yaakov" car, à chaque fois qu'elle écoutait sa voix, elle se remplissait d'une très grande joie.
[Dorech Tsion]

"Lui aussi sera béni" (Toldot 27,33)

-> L'explication allégorique de ce verset semblerait être la suivante :
On sait que Its'hak a béni Yaakov à 2 reprises : une première fois lorsque Yaakov est venu à lui déguisé en Essav et lui a apporté les mets délicats que Its'hak avait demandés, et une seconde fois juste avant que Yaakov ne s'enfuie de chez son frère Essav.
[ la première fois qu'il bénit Yaakov, Its'hak (pensant qu'il bénissait Essav) le bénit avec une grande abondance matérielle et une domination sur le reste de l'humanité (Toldot 27,28-29).
La deuxième fois qu'il bénit Yaakov, Its'hak le bénit avec une progéniture abondante et la terre d'Israël (Toldot 27,1-4).]

La première bénédiction était la plus importante, tandis que la seconde était la moins importante.
Nous recevons la moindre bénédiction dans ce monde, tandis que la plus grande bénédiction est sauvegardée pour nous dans l'avenir.
Lorsque machia'h arrivera, rapidement de nos jours, cette première bénédiction sera accomplie.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Toldot 27,33]

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=> Bien que Rivka et Yaakov aient réussi à faire en sorte que Its'hak bénisse Yaakov plutôt qu'Essav par une abondante prospérité matérielle, l'accomplissement ultime de cette bénédiction nous attend dans l'avenir messianique.

[Lorsque Rivka apprit qu'Essav prévoyait de tuer son frère Yaakov, elle lui dit de fuir à 'Haran, chez son frère Lavan. Elle dit, ] "Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là bas : pourquoi m'exposer à vous perdre tous 2 à la fois?" (Toldot 27,44-45)

=> Il est étonnant que Rivka prononce la même phrase à 2 reprises : "jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus".
Qu'essayait-elle de dire à Yaakov?

Le Panim Yafot (rabbi Pin'has Horowitz) répond :
La traduction littérale de la déclaration de Rivka est : "jusqu'à ce que la colère de ton frère se calme de ta part" (ad shouv af a'hikha mimé'ha => mimé'ha = de toi!).

Rivka dit à Yaakov : "Fuis 'Haran et restes-y jusqu'à ce qu'Essav s'apaise de sa fureur contre toi, et abandonne son plan de te tuer".
Mais comment allait-il savoir que la fureur d'Essav s'était calmée et qu'il serait en sécurité pour rentrer à la maison?

La réponse est : "de ta part" (mimé'ha) = de toi, en examinant tes propres sentiments.
Lorsque le jour viendra où tu ne ressentiras plus de colère envers lui, alors tu pourras être certain qu'il ne portera plus de rancœur à ton égard.
En effet, les émotions humaines suscitent un réponse mutuelle : la bienveillance engendre la bienveillance, la haine engendre la haine.

[tu veux qu'autrui t'aime, alors commence par l'aimer, par avoir un regard positif sur lui dans ton cœur!

A l'image de l'eau qui reflète ton visage, le cœur d'autrui reflète les émotions qui sont dissimulées dans ton cœur à son égard.
Si tu as l'impression qu'autrui ne t'apprécie pas, alors développe beaucoup d'amour dans ton cœur, et il en viendra à t'apprécier d'avantage!]

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-> "Comme le reflet du visage dans l'eau, tel le cœur de l'homme pour l'homme" (Michlé 27,19)

-> "Notre maître [le rav 'Haïm de Volozhin] a enseigné qu'il existe un remède certain pour celui qui aurait des ennemis : il s'efforcera de penser qu'ils sont des tsadikim parfaits et il les jugera favorablement.
Ils se transformeront alors sur le champ en amis".
[rav Its'hak de Volozhin - dans son Pé Kadoch]

A partir de cela le rav Its'hak de Volozhin dit que l'on peut également apprendre l'inverse : si quelqu'un désire vérifier si untel le hait, il faudra qu'il examine s'il n'entretient pas lui-même un ressentiment à son égard dans son cœur.
C'est ce que Rivka dit à Yaakov : comment sauras-tu que la colère de ton frère s'est estompée?
Lorsque disparaîtra "la colère ... de toi", c'est-à-dire lorsque tu feras disparaître la colère que tu éprouves à son égard.
Rav Its'hak ajoute que ce n'est pas seulement un signe mais également une raison : si un homme extirpe de son cœur tout ce qu'il reproche à son prochain, alors ce dernier cessera lui aussi de le haïr.

[en ce sens les 'hassidiques mettent en pratique ce concept : en inondant d'amour autrui, il va forcément en venir à avoir des liens d'affection, des sentiments positifs réciproques.]

"Its'hak se remit à creuser les puits que l'on avait creusés du temps d'Avraham son père et que les Philistins avaient comblés après la mort d'Avraham. Il leur imposa les mêmes noms que leur avait imposés son père." (Toldot 26,18)

-> Le Chem miChmouël commente :
Il est écrit : "Telles des eaux profondes, les idées abondent dans le cœur humain : l'homme avisé sait y puiser" (Michlé 20,5).

Avant qu'un puits ne soit creusé, l'eau du puits est présente, mais elle est cachée et enfouie profondément dans les entrailles de la terre.
L'homme avisé est celui creuse le puits, enlève la terre et met l'eau à découvert.

Sur un plan spirituel, cela signifie que dans la profondeur cachée du cœur et de l'esprit de l'homme, il y a la connaissance de Hachem. Mais cette conscience est recouverte par des couches de matérialité et de désirs.
Pour ramener l'étincelle de sainteté à la surface, il est nécessaire d'enlever cette couche de matérialité.

Le creusement du puits représente l'influence d'Its'hak pour enlever la couche de matérialité et d'indifférence qui couvre notre cœur, mettant à jour la crainte et le respect pour Hachem qui sont présents dans le cœur de chaque juif.

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+ "Il (Its'hak) creusa des puits d’eau"

=> Pourquoi la Torah se rallonge-t-elle tant pour parler des puits que creusa Its'hak?

Une des leçons que la Torah veut transmettre par ce récit est que quand quelqu'un réalise une action, si cette action échoue, il ne doit pas s’empresser d'en conclure que cela prouve qu'Hachem ne veut pas qu’il fasse cette chose-là.
En effet, Its'hak creuse un premier puits. Cela lui cause des ennuies. Et là, il ne se dit pas que cela montre qu’Hachem n’approuve pas son entreprise. Et au contraire, il creuse un deuxième puits. Cela lui cause encore des ennuies. Mais au lieu de baisser les bras, il creuse un troisième puits, qui est une réussite.

=> Cela nous apprend que même si ce que l’on fait se confronte à des difficultés, on ne doit pas se décourager et renoncer. Mais on doit se renforcer et continuer. Peut-être qu’Hachem veut simplement tester combien il est prêt à se battre pour son projet!
[Rav Aharon Bakchat]

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+ "Its'hak se remit à creuser les puits"

=> Pour quelle raison Its'hak a-t-il fait le sacrifice de revenir pour creuser des puits qui l'avaient déjà été par son père Avraham? Pourquoi n'a-t-il pas fait une pause en attendant de trouver un puits non revendiqué par les Philistins?

-> Le Zohar nous en explique la signification de cette attitude :
Les Patriarches ont creusé des puits afin que tout un chacun puisse en boire. Ainsi, des gens viendraient chez eux et ils pourraient leur enseigner la Torah.
C'est d'ailleurs pour cette raison que les Philistins avaient comblé les puits et s'étaient battus pour eux : ils étaient les émissaires du mauvais penchant, qui lutte contre l'enseignement de la Torah et tente de l'annuler.
Mais Its'hak ne s'est pas laissé impressionner par les embûches du mauvais penchant.

Au contraire, "il se remit à creuser les puits ... Ils ont creusé un autre puits ... Il a creusé un autre puits" = Its'hak n'a pas interrompu sa mission, mais il a poursuivi son chemin malgré tous les obstacles, comme il est écrit : "Le juste tombe 7 fois, et se relève" (Michlé 24,16).

Puis une fois qu'il a creusé le 3e puits, il est écrit : "On ne le disputa pas, il le nomma Ré'hovot" = Cela nous enseigne que si quelqu'un surmonte les obstacles du mauvais penchant, ce dernier finira par l'abandonner et il pourra servir Hachem dans la tranquillité (Ré'hava).

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+ Il leur donna les mêmes noms que leur avait donnés son père"

-> Tous les puits qu'avait creusés Avraham et auxquels il avait donné un nom, bien que les Philistins les aient bouchés et que Its'hak les ait de nouveau creusés, il ne leur a pourtant pas donné un nouveau nom, mais a gardé les noms donnés par son père. Pourquoi cela?
A cause de sa modestie, et à cause de l'honneur dû à son père.

Quelle récompense cela lui a-t-il valu?
Que le nom de tous les Patriarches a été modifié : Avraham s'appelait d'abord Avram puis Avraham, Yaakov s'appelait d'abord Yaakov puis Israël.
Mais Its'hak avait été nommé Its'hak par Hachem avant même sa naissance, et son nom n'a jamais été modifié.
[midrach haGadol]

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+ "Tous les puits creusés par les serviteurs de son père, du temps de son père Avraham, les Philistins les comblèrent en les remplissant de terre" (Toldot 26,15)

-> Its'hak refit creuser ces puits et leur attribua les mêmes noms qu'Avraham leur avait donné (v.26,18). [pour honorer son père]
Ceci nous enseigne qu'il nous faut conserver les coutumes de nos parents, sans les modifier.
Même s'agissant d'une chose aussi triviale que la nomination de puits, Its'hak ne changea pas la coutume instaurée par son père.

Ces puits font également allusion aux nouveaux convertis par Avraham. Ils devinrent les réceptacles de la foi, au même titre que les puits sont des réserves d'eau.
Après la mort d'Avraham, les Philistins les incitèrent à retourner vers l'idolâtrie, ainsi "ils les emplirent de terre". Its'hak les "recreusa" en leur enseignant à nouveau les voies de Hachem.
[rabbénou Bé'hayé - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 26,15]

-> Selon le rav Elimélé'h Biderman, essayer d'adopter des actions vertueuses de ses parents fait partie de la mitsva de kiboud av vaém.
Rabbénou Béha'yé conclut son enseignement ci-dessus ainsi : "C'est peut être pour cette raison que le nom d'Its'hak n'a pas été changé, contrairement aux autres Patriarches".
[Avram a été modifié en Avraham ; Yaakov en Israël. Mais Its'hak a gardé le même nom, car il n'a pas voulu changer même les noms des puits choisis par son père.
Nos Patriarches symbolisent cette notion de fidélité à la tradition, tout en développant chacun ses capacités uniques (chacun est considéré un Patriarche a part entière, car il a fait son chemin personnel, tout en restant fidèle aux valeurs de son père, d'Hachem. [l'eau représente la Torah, ainsi en puisant l'eau dans un puit au nom inchangé, témoigne de l'importance de toujours s'abreuver chez nos Sages, nos anciens])]

-> Il est écrit dans la paracha : "il amena (à manger) à son père (vayavé léaviv - וַיָּבֵא לְאָבִיו) " (Toldot 27,31).
On constate que ces mots peuvent se lire de manière identique dans les 2 sens (palindrome).
C'est une allusion au fait que tout ce que l'on donne à ses parents nous revient ensuite.
Il y a aussi l'idée que si l'on honore son père et sa mère, alors de même nos enfants vont nous honorer en retour.

-> Le 'Hayé Adam (67) écrit :
"Honorer [ses parents] doit se faire avec ses pensées, ses actions et ses paroles.
Les honorer avec ses pensées signifie ... que son cœur doit considérer ses parents comme des gens importants ...
On ne doit pas considérer ses parents comme des personnes médiocres, même si on agit respectueusement envers eux et qu'on leur parle avec révérence.
Chacun a le devoir de considérer ses parents comme des personnes honorables et dignes, même si tous les autres les considèrent comme des personnes tout à fait ordinaires.
Voilà l'aspect le plus important de la mitsva d'honorer ses parents".

-> Essav est connu pour l'exemplarité de l'honneur et du respect qu'il témoignait à son père Its'hak.
Le Yaarot Dvach dit que cet honneur était en réalité loin d'être parfait, car il honorait son père Its'hak uniquement par ses actions et ses paroles, mais pas par ses pensées. Il ne respectait pas Its'hak dans son cœur.

Pour prouver cela, on peut considérer le fait qu'Essav voulait offrir à son père de la viande de chien.
En effet, le Targoum Yonathan (27,31) écrit : "Hachem a empêché Essav de trouver du gibier casher. Il a trouvé un chien, l'a tué, et en a fait avec un appétissant repas, et il l'a amené à son père.
Il a alors dit : "Père, lève-toi et mange du plat de ton fils"."

Ainsi, bien qu'Essav est loué pour le respect à son père (kiboud av), il est évident de cet épisode qu'il n'avait pas dans son cœur une forte admiration pour son père (ce n'est qu'un chien, alors je peux lui donner du chien à manger!).
Tout ce qu'il faisait n'était qu'extérieur, et ainsi nous avons le potentiel d'annuler son mérite.

Le rabbi Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach) écrit : "La puissance d'Amalek vient des mérites d'Essav, du fait qu'il honorait son père Its'hak. D'ailleurs : "Its'hak aimait Essav" (v.22,28).
Essav avait une langue trompeuse, mais en son cœur il n'honorait pas Its'hak.
Aucun de ses actes pour son père ne venait de son coeur, mais seulement de sa bouche."

Le Yaarot Dvach poursuit que c'est pourquoi nous pouvons annuler les mérites d'Essav en servant Hachem avec sincérité, avec notre cœur, avec amour, crainte et joie.
En agissant ainsi nous témoignons que le cœur est le principal, et non les actions/paroles, et nous réduisons d'énormément les mérites qui donnent de la force à Essav.
Mais si nous servons également Hachem uniquement par nos actions, sans y mettre notre cœur, cela implique que nous considérons que les actions et les paroles sont principales.
Tant que nous servons D. extérieurement (paroles, actes), alors le mérite de kiboud av d'Essav reste.

=> Lorsque Its'hak a gardé les noms des puits inchangés, c'est une allusion à cette notion que la source d'eau (la Torah, les larmes/postillons de prière), à la tradition (nos parents qui sont un rang plus proches du don de la Torah, de nos Sages), doit provenir des profondeurs (de notre cœur), et non de la surface (extériorité).

Le Yaarot Dvach dit que nous ne devons pas servir Hachem par routine, nos lèvres bougeant machinalement et notre cœur restant immobile.
La prière est dénommée : "le service du cœur" (avoda chébalev), car l'essentiel provient des sentiments du cœur (ex: la conscience et la joie d'être en rendez-vous privé en face à face avec papa Hachem, qui peut tout nous donner, qui peut tout changer positivement en un instant ...).

Le Yaarot Dvach écrit :
"Cependant en raison de nos nombreuses fautes, les gens sont habitués à marmonner leurs prières, téhilim, ... Les lèvres et la langue bougent sans s'arrêter par la force de l'habitude, et dans le cœur il y a des pensées étrangères ... [ex: physiquement on est à la synagogue, mais notre vrai nous-même à la tête qui voyage bien loin]
Honte à nous le jour du jugement! Lorsqu'on nous montrera toute notre vie et qu'on n'aura que 2 ou 3 prières vraiment prononcées avec kavana, d'un cœur humble, comme si l'on se tenait face au Roi des rois Hachem, sans y mélanger des pensées étrangères et des sujets non liés à la prière ...
Une telle conduite donne des forces à nos ennemies, car nous sommes en exil sous la domination du domaine d'Essav, qui provient de leur ancêtre [Essav] dont sa force était sa bouche. [ex: il excellait dans le kibud av par ses paroles]
Si nous servons Hachem avec notre cœur, il perdra de sa force. Mais si nous nous comportons comme lui, en servant Hachem que par notre bouche, alors le mérite d'Essav reste en place."

"La voix, c’est la voix de Yaakov et les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)
Selon le Yaarot Dvach, cela signifie que si nous avons la voix de Yaakov (kol Yaakov), c'est-à-dire que nous disons des paroles de Torah et que nous prions, c'est certes bien mais tant que nous ne mettons pas notre cœur, alors dans ce cas : "les mains sont les mains d'Essav" (véayadayim yédé Essav) = Essav aura toujours du pouvoir sur nous.
Cependant lorsque nous servons Hachem avec notre cœur, alors le mérite d'Essav est annulé, et Amalek n'a plus aucun pouvoir sur nous.

=> Nous devons retirer la pierre (c'est un des noms du yétser ara) qui empêche de pouvoir extraire du puits de nos profondeurs notre prière, à l'image de nos ancêtres, de nos Patriarches (ils ont institué les 3 prières journalières).

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-> "Its’hak se mit à creuser les puits qui avaient été creusés au temps de son père Avraham et que les Philistins avaient comblés après la mort d’Avraham" (Toldot 26,18)

-> Le Sfat Emet (année 5636) rapporte l’enseignement de la guémara (Béra'hot 16b) : "Ne sont appelés Avot (Patriarches), que les trois". Et il explique que chacun des 3 patriarches était le père d’une voie particulière dans le service d’Hachem qu’il avait lui-même tracée personnellement, sans se reposer sur le mérite de ses ancêtres.

Et c’est ce que veut dire le verset : "Its’hak se mit à creuser les puits" = car il se fatigua par lui-même à creuser et à trouver les puits d’eau vive, sources de la vie authentique.
On sait que les actes des pères sont un signe pour les enfants : cela vient donc nous enseigner la nécessité pour chacun de se donner du mal dans le service d’Hachem. Car c’est là tout l’homme, et c’est dans ce but qu’il a été envoyé dans ce monde, afin de surmonter son yétser ara en combattant ses passions matérielles.
Telle est la volonté Divine : que l’homme soit un combattant qui se fatigue pour Le servir.
La principale satisfaction qu'Hachem retire de lui n’est pas fonction du résultat, mais de la bataille qu’il livre en Son honneur.

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+ Its'hak se remit à creuser les puits qu'on avait creusés du temps d'Avraham ... Il délogea de là et creusa un autre puits qu'on ne lui disputa pas, il le nomma Réhovot, disant : "Pour le coup, Hachem nous élargis, et nous prospérons dans la contrée". (Toldot 26,18-22)

=> Pourquoi la Torah nous informe-t-elle qu'Its'hak creusa des puits? Cette indication ne présente à priori aucun intérêt.

En réalité, ces puits se réfèrent aux temps futurs.
- Le 1er puits fut nommé : Essék (défi - עֵשֶׂק), en référence au premier Temple. [Sa destruction représenta le plus grand défi imposé au peuple juif].
- Le 2 puits : "Sitna" (שִׂטְנָה), correspond au 2e Temple.
Hachem provoqua sa destruction à cause du péché de la haine gratuite, qui incite les hommes à servir la cause du Satan, qui incite les hommes à se quereller sans aucune raison.
- Le 3e puits (du nom de : Ré'hovot - רְחֹבוֹת -> ré'hava = tranquillité), autour duquel il n'y eut aucune dissension, se réfère au 3e Temple dont la construction interviendra lors de l'époque du machia'h, qui sera une période de paix et d'amour, très bientôt avec l'aide de D.
[Méam Loez - Toldot 26,18-22]

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+ "Il monta de là à Béer Chéva" (Toldot 26,23)

-> A Béer Chéva, Its'hak creusa encore 4 puits, correspondant aux 4 campements que les juifs dressèrent dans le désert.
[Avec les 3 puits déjà creusés et ces 4 autres, nous obtenons un total de 7. Ce qui explique le nom de Béer Chéva, signifiant : "le 7e puits".]
Selon une autre opinion, il creusa 5 puits en comparaison aux 5 livres de la Torah.
En effet, les épreuves traversées par nos Patriarches ont une valeur symbolique pour leurs descendants, se référant à certains événements futurs.
[Méam Loez - Toldot 26,23]

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-> Le 'Hafets 'Haïm écrit :
"Les puits d'eau que Its'hak a creusés nous enseignent qu'une personne ne doit jamais arrêter les efforts qu'il a commencés à déployer. Le désespoir et l'échec ne doivent pas le stopper.
Si Its'hak creusait un puits et n'y trouvait pas d'eau, il en creusait un autre.
Et si les gens se battaient pour le puits et clamaient qu'il leur appartenait, alors il en creusait un autre.
Its'hak continuait de creuser jusqu'à finalement trouver un puits, que personne ne contestait, et il l'a appelé : Ré'hovot.
Nous devons agir de même dans nos efforts spirituels ou matériels.
Si une personne étudie la Torah et ne réussit pas, elle ne doit pas s'arrêter d'étudier la Torah, car à la fin elle réussira. Même si au début nous avons du mal à comprendre, au final nous comprendrons bien."

[l'idée est de ne jamais désespérer, de sans cesse repartir de l'avant avec une vigueur renouvelée, et ce jusqu'à réussir.
Aux yeux d'Hachem ce qui compte c'est cet état d'esprit d'investir le meilleur de soi-même, et ce chacun à notre niveau, selon nos capacités.]

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+ Un des décrets des Grecs envers le peuple juif - La vie de famille juive :

La vie de famille juive est basée sur la sainteté et la pureté spirituelle.
Les Grecs tentèrent d’éradiquer cet élément de la vie juive et de saper ainsi la structure familiale du peuple juif.

-> Rachi sur la guémara (Shabbath 23a) : "Les Grecs décrétèrent que toutes les jeunes filles juives qui étaient fiancées devaient rendre visite au gouverneur étranger avant leur nuit de noces."

-> "Il le nomma Ré'hovot, disant : "Pour le coup, Hachem nous a élargis et nous prospérerons dans la contrée" (Toldot 26,22)
Le Baal haTourim commente : Le 3e puits creusé par Its‘hak est appelé Ré‘hovot.
Cela renvoie au futur : lorsque les Grecs décrétèrent que les épouses juives ne pouvaient pas s’immerger [dans un mikvé] afin d’empêcher les juifs d’avoir des enfants. [et d'ainsi diminuer la population juive pratiquante]
D. fit un miracle et chaque famille trouva un mikvé (source d'eau) dans sa propre maison.
[cela leur a permis de se multiplier, en lien avec le verset : "nous prospérerons dans la contrée"]

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-> Le Rokéa'h (Toldot 26,22) dit que la Torah rapporte que les Pélichtim se sont battus sur les quelques puits que Its'hak a creusé, car chacun correspondait à un exil futur de sa descendance.
En ce sens, le 3e puits qu'il a creusé, sur lequel il n'y a pas eu de dispute ("creusa un autre puits, qu'on ne lui disputa point ; il le nomma Re'hovot" - v.22), correspond au 3e exil : celui de Yavan, qui s'est terminé par la victoire des juifs sur les grecs, leur permettant ensuite d'étudier la Torah en paix.

"Essav, entendant les paroles de son père, poussa des cris bruyants et douloureux et il dit à son père : 'Moi aussi bénis-moi mon père!' " (Toldot 27,34)

-> Le midrach sur ce verset, déclare que le machia'h viendra uniquement lorsque les larmes d'Essav cesseront de couler.
[de même le Zohar (Chemot 12,2) dit : "Quand les larmes versées par Essav devant son père seront terminées, alors ils seront délivrés"]

Le rabbi Shmelke de Nikolsbourg (Imré Chmouël) s'interroge : "Mais qu'en est-il des larmes que les juifs versent jour et nuit dans leurs prières et leurs suppliques vers D.?
Pourquoi Hachem n'y fait pas attention? Pourquoi les larmes des juifs ne peuvent-elles pas neutraliser celles des enfants d'Essav?
Après tout, la Halakha a établi la règle qu'une substance est neutralisée si elle est mélangée avec une autre substance dans une proportion d'un soixantième.
Or, le volume des larmes des juifs est supérieur à 60 fois celui des larmes d'Essav."

Le Imré Chmouël répond :
Les substances qui sont différentes sont annulées dans une proportion d'un soixantième, les substances de même espèce ne sont pas annulées même dans une proportion d'un millième.

Essav a versé ses larmes en implorant pour des biens matériels.
Malheureusement, les juifs ont aussi pleuré pour des bien matériels et des possessions terrestres.
La raison pour laquelle les larmes des juifs ne peuvent pas neutraliser celles d'Essav est que les 2 types de larmes sont de même nature, et les substances de même nature ne peuvent pas s'annuler mutuellement.

=> Le message sous-tendu par le midrach est que les juifs doivent cesser de verser les "larmes d'Essav", des larmes qui sont versées pour des biens matériels.
Au lieu de cela, un juif doit déplorer l'exil de la Présence Divine et ses propres erreurs dans le domaine spirituel. Ce n'est qu'à cette condition que le machia'h viendra.

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-> "Essav poussa de grands cris amers"

-> Nos Sages (Yalkout Chimoni 115) expliquent que c'est Yaakov qui a été la cause des cris d'Essav.
C'est pourquoi, à l'époque d'Esther, Mordé'haï dut pousser de grands cris amers pour implorer Hachem de sauver le peuple d'Israël.
De plus, Essav versa alors 3 larmes qui sont la source de toutes les souffrances que ses descendants ont fait subir aux juifs.

=> Pourtant, Yaakov a agi sur l'ordre de sa mère Rivka qui par prophétie lui avait demandé de recevoir les bénédictions à la place d'Essav. Par ailleurs, Yaakov était obligé de se faire passer pour Essav, afin de recevoir les bénédictions pour lui et ses descendants, le peuple d'Israël, objectif de la création du monde.
De plus, seul Essav a souffert du stratagème de Yaakov : pourquoi les descendants de Yaakov seraient-ils punis depuis de si nombreuses générations?

Le rav Réouven Grozovsky répond à ses questions :
A l'image de son Créateur, l'homme doit avoir pitié de son prochain (guémara Shababth 133b) et lui prodiguer sans cesse du bien : heureux soit celui qui fait preuve de bonté, et malheur à l'homme qui punit son prochain, même s'il s'agit d'un goy.
De plus, nos Sages (guémara Shabbath 149b) affirment que celui qui causa de la douleur à autrui, même indirectement, ne sera pas introduit près de Hachem dans le monde futur.

=> C'est pourquoi, même si Yaakov obéit à l'ordre de sa mère Rivka, la prophétesse, il fut néanmoins la raison des cris d'Essav, et la souffrance d'une créature formée à l'image de Hachem est infinie.
Le rav Grozovsky conclut que, à contrario, celui qui prodigue du bien à son prochain sera récompensé par un salaire éternel.

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+++ Bénédictions d'Its'hak à ses enfants -> Quelques points de récit du côté d'Essav :

+ "Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, va aux champs, et prends du gibier pour moi. Fais-m'en un ragoût comme je l'aime, sers-le moi et que j'en mange, afin que mon cœur te bénisse avant ma mort" (Toldot 27,3-4)

-> A l'époque de la guémara ('Houlin 30b), les hommes savaient abattre rituellement un animal en tirant une flèche pour lui trancher la gorge. Cette flèche avait une longue lame, comme celle d'un couteau d'abattage.
Cette lame devait être aiguisée de façon à ne présenter ni ébréchure ni le moindre défaut.
On pointait alors avec une précision la flèche en direction de l'animal de sorte que sa lame lui tranchait la gorge aussi bien qu'un abatteur rituel. On tuait les oiseaux de la même manière.

Cela nécessitait une adresse extraordinaire. Si l'on bandait son arc trop fort ou pas assez, ou encore si on tirait sa flèche sous un mauvais angle, on risquait de rendre impur l'animal.
=> C'est pourquoi Its'hak avertit Essav de chasser avec précaution afin qu'il lui amène un animal pur (cashère).
[Méam Loez - Toldot 27,3-4]

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+ "Comme Its'hak avait achevé de bénir Yaakov, il arriva que Yaakov était sorti précisément de devant Its'hak son père, lorsque son frère Essav revint de la chasse" (Toldot 27,30)

-> La tente d'Its'hak comportait 2 entrées, c'est pourquoi Essav ne vit pas Yaakov sortir ...

Lorsqu'on pénètre dans une maison en venant de l'extérieur, on ne voit pas suffisamment. Essav n'aperçut pas Yaakov, mais ce dernier vit son frère, car quiconque se tient dans l'ombre peut voir quelqu'un se trouvant dans la lumière.
[...]

Le retour d'Essav prit plus de temps que prévu, car sa chasse fut sabotée.
A chaque fois qu'il piégeait un oiseau ou un petit animal, un ange venait derrière et le relâchait. Ceci pour permettre à Yaakov de recevoir les bénédictions.

Essav, voyant qu'il ne pouvait attraper d'animaux cashers, prit un de ses chiens de chasse et l'égorgea. Tel fut la viande qu'il servit à son père.  (cf. Targoum Yonathan 27,5)
Cependant, Its'hak était suffisamment perspicace pour se méfier d'une semblable ruse.
[Méam Loez - Toldot 27,30]

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+ "Essav dit à son père : "Ne possèdes-tu qu'une seule bénédiction mon père? Mon père, bénis-moi aussi!"
Et Essav éclata en pleurs." (Toldot 27,38)

-> Trois larmes jaillirent des yeux d'Essav. Une coula sur sa joue droite, l'autre sur la joue gauche et la 3e resta entre ses yeux.
Si la 3e larme était tombée, les juifs n'auraient jamais échappé à l'esclavage d'Essav.

Israël ne sera pas libre tant que les larmes d'Essav n'auront pas séché ...
Ces larmes versées par Essav nous ont fait subir de nombreux malheurs.
[Selon le Zohar,] elles prouvaient combien il désirait cette bénédiction, et il en résulta l'asservissement d'Israël. Etat dans lequel nous resterons jusqu'à notre repentir complet quand nos larmes compenseront les siennes.
[Méam Loez - Toldot 27,38]

[cela met également en avant le fait que même si nous avons les meilleures justifications au monde, le fait de faire honte à son prochain (même s'il est racha comme Essav), aura des répercutions néfastes sur nous.
Combien devons-nous éviter à tout prix de causer le moindre sentiment de honte à notre prochain!]

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+ "Pour réponse, Its'hak son père lui dit : "Une grasse contrée sera ton domaine et les cieux t'enverront leur rosée. Mais tu ne vivras qu'à la pointe de ton glaive et tu seras tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s'en affranchira"."(Toldot 27,39-40)

-> Rachi commente :
- Une grasse contrée = Ce sont les provinces grecques de l’Italie.
- Lorsque tu auras plié (tarid) = c'est une expression de douleur ... c’est-à-dire que lorsqu’Israël transgressera la Torah et que tu auras des raisons de te plaindre des bénédictions qu’il a reçues, [alors] "tu briseras son joug de dessus ton cou" [tu leur causeras de la douleur].

[ => Si nous respectons les mitsvot alors "Tu (Essav) serviras ton frère (Yaakov = les juifs)", mais sinon Essav a alors la capacité de nous persécuter. C'est ainsi que tout ne dépend que de nous, de notre comportement!]

-> Its'hak bénit Essav : "Tu vivras à la pointe de ton glaive" = Yaakov détenait une épée qui avait appartenu à Adam.
Parmi les choses que Yaakov donna à Essav en échange de son droit d'aînesse, figurait cette épée. C'est pourquoi Its'hak lui annonça qu'il ne pourrait vivre que grâce à cette épée, puisqu'il avait tout perdu à cause d'elle.
[Méam Loez - Toldot 27,39-40]

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-> Le Arizal (Ets 'Haïm - chaar 32) explique que l'épisode des bénédictions se reproduit dans les mondes supérieurs chaque jour. Essav vient réclamer les bénédictions et perçoit des voix angéliques de délivrance qui lui disent "va à la chasse", c'est alors qu'il s'empresse de sortir dans la joie pour accomplir sa mission, alors arrive Yaakov à qui les bénédictions sont données, puis lorsqu'Essav revient de la chasse et qu'il apprend que Yaakov a reçu les bénédictions, un cri immense retentit.
Le lendemain la scène se reproduit car Essav oublie chaque jour ce qui s'est passé la veille (la source de l'oubli provenant des klipot [force du mal/impureté]).

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-> "Essav dit à son père : n'as-tu qu'une seule bénédiction, mon père" (Toldot 27,38)

-> L'Admour Shalom de Belz disait : la guématria du nom Its'hak a pour valeur numérique 208, qui est équivalent à 8 fois le Nom d'Hachem : יהוה soit 26 x 8 = 208.
Chaque Nom d'Hachem est une bénédiction en soi. Yaakov a pour valeur numérique 182, qui est équivalent à 7 fois le Nom d'Hachem : יהוה soit 26 x 7 = 182. Yaakov n'a donc reçu de son père Its'hak que sept bénédictions avec le Nom de D.
S'il en est ainsi, il reste donc chez Its'hak un Nom d'Hachem qui n'a pas été utilisé dans les bénédictions accordées à Yaakov, celui-ci étant le huitième Nom contenu dans le nom d'Its'hak.
C'est là le sens du verset: "N'as-tu qu'une seule bénédiction mon père?" = Essav dit en fait à son père : il te reste une bénédiction avec le Nom d'Hachem que tu n'as pas transmise à Yaakov.

-> Its'hak savait par prophétie que le peuple juif serait exilé dans l'avenir. Il s'est dit : "Mes enfants seront exilés dans des conditions difficiles, il est préférable qu'ils soient exilés chez leur frère Essav à qui je vais transmettre la bénédiction de la subsistance pour que durant l'exil ils puissent être accueillis sur une terre qui ne manque pas de subsistance."
Its'hak avait l'intention d'alléger la punition des enfants d'Israël durant leur exil.
[Chaaré Ora]

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+ "Essav prit Yaakov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait accordée." (Toldot 27,41)

-> Essav n'honora son père que jusqu'au moment de la bénédiction de Yaakov. Après cet événement, il devint totalement irrespectueux envers Its'hak.
[Yéfé Torah - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 27,41]

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+ "Que les jours de deuil de mon père approchent pour que je tue Yaacov mon frère" (27,41)

-> Une des explications pourquoi Essav voulait attendre la mort de son père pour tuer Yaakov est que d'après la Torah, quelqu'un qui perd un proche (D. Préserve) doit appliquer pendant 7 jours les règles de deuil, il doit rester assis par terre, sans se laver et sans sortir de chez lui ...
Ainsi, si Essav tuait Yaakov, après la mort de ce dernier, il devra appliquer ces lois de deuil. Puis, quand plus tard Its'hak mourra, il prendra de nouveau les règles de deuil. Mais Essav n'était pas intéressé à s'endeuiller à 2 reprises, du fait de toutes les restrictions liées au deuil.
Ainsi, il projeta d'attendre la mort d'Its'hak et là, il tuera Yaakov. Puisque ces 2 personnes seront mortes en même temps, Essav pourra se contenter de s'endeuiller qu'une seule fois, pour les 2.
Il cherchait donc à s'alléger de toutes les lois difficiles de deuil. Il ne voulait pas s'imposer toutes ces restrictions deux fois différentes.
[Chakh]

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Le Kli Yakar (Toldot 27,41) explique qu’Essav désirait que le deuil de son père arrive rapidement afin que le mérite de l’étude de la Torah, interdite durant les jours de deuil, cesse de protéger Yaakov qu’il pourrait alors aisément attaquer.

Dans l’ouvrage Dérekh Si’ha, est rapportée une question qu’on posa à rav ‘Haïm Kanievsky chelita : même durant les chiva, il est permis d’étudier certains sujets, ainsi comment dire qu’Essav comptait sur le fait que Yaakov ne jouirait plus du mérite de l’étude?
Rav ‘Haïm répondit qu’il est interdit d’étudier durant les jours de deuil, à l’exception des lois qui sont d’utilité présente. Cette étude est assimilable à celle des femmes qui ne vise qu’à savoir comment observer les mitsvot. Il ne s’agit pas d’une étude répondant à l’obligation d’étudier la Torah, aussi n’est-elle pas suffisante pour nous octroyer la protection.

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-> L’auteur du Sia’h Yaakov Yossef explique les intentions d’Essav. A priori, nous pouvons nous demander pourquoi il n’a pas immédiatement mis ses desseins à exécution et a voulu attendre la mort de son père pour le faire.

Il explique le raisonnement d’Essav : s’il tuait Yaakov dès le moment où il en conçut le projet, les gens l’auraient critiqué, car de quel droit tuer un frère innocent (comme dans l’histoire de Caïn et Hével, retenue comme un drame).
C’est pourquoi il eut l’idée d’attendre le décès de son père. Le Shabbat précédant la askara, pensa-t-il, il irait à la synagogue avec Yaakov, auquel on donnerait certainement l’honneur d’être l’officiant, de réciter le Kadich et d’être appelé pour le maftir lors de la lecture de la Torah.
Ce serait alors le moment idéal pour se quereller avec lui, en réclamant lui aussi de tels honneurs. Dans ce désordre, il en profiterait pour le tuer. Sans doute, une partie des fidèles lui donneraient raison pour son dévouement témoigné à l’égard de son père.

Tel est donc le sens de notre verset : Essav désirait attendre le deuil de son père pour tuer son frère, car dans ces circonstances, on en viendrait sans doute à louer son meurtre.

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-> "Que s'approchent les jours du deuil de mon père, que je tue Yaakov mon frère" (Toldot 27,41)

Selon le sens simple, Essav voulait attendre la mort d'Its'hak avant de tuer son frère pour ne pas causer de la peine à son père.
Mais ce verset vient aussi transmettre une autre leçon en allusion.
Tant qu'un homme est dans la joie, rien de mal ne peut lui arriver. Hachem le protégera pour qu'il puisse toujours rester joyeux. Mais quand sa joie s'arrête, seulement là il deviendra vulnérable et les dangers de la vie pourront l'atteindre.

Ainsi, Essav savait qu'il ne pouvait rien faire à Yaakov tant qu'il servait Hachem dans la joie.
C'est pourquoi, il dit : "Que s'approchent les jours du deuil de mon père", car alors Yaakov en sera peiné et attristé. Et si sa joie s'affaiblira, alors il deviendra vulnérable. Et de ce fait, il deviendra possible "que je tue Yaakov mon frère".
[d'après le rav Mikaël Mouyal]

"Et maintenant, mon fils, obéis à ma voix à propos de ce que je t'ordonne. Va je te prie ... afin qu'il te bénisse avant sa mort."
Yaakov dit à Rivka sa mère : "... Peut-être mon père me tâtera-t-il et je serai à ses yeux tel un imposteur et j'amènerai sur moi la malédiction et non la bénédiction"
Sa mère lui dit : "[Je prends] sur moi ta malédiction, mon fils ; seulement écoute ma voix ..." (Toldot 27,8-13)

Comment comprendre que Yaakov se trouva rassuré en sachant que les malédictions iraient chez sa mère?

Selon nos Sages, c'est que les termes : "sur moi" (alaï - עלי) doivent s'interpréter autrement, et c'est ce que nous allons voir b'h.

-> Le Targoum Onkelos explique qu'en fait Rivka dit : "A moi il a été dit en prophétie que tu n’auras pas de malédiction".
Ainsi, Rivka rassura son fils. Il ne sera pas du tout maudit.

Le 'Hatam Sofer explique de quelle prophétie parlait Rivka.
Il est dit au début de la paracha, que Rivka ayant une grossesse difficile, elle alla consulter Hachem, à savoir Ses prophètes : Chem et Ever (selon nos Sages), et ils lui dirent entre autre : "Le grand servira le jeune".
Ainsi Rivka savait que Essav, le plus grand (car sorti du ventre en premier) devait servir Yaakov, né en deuxième. Par conséquent, il est certain qu’aucune malédiction ne pouvait advenir à Yaakov, puisqu’il était prévu par prophétie, qu’il domine son frère.

-> Le Gaon de Vilna explique que le terme עלי (sur moi) se compose en fait des initiales des 3 mots : Essav (עשו), Lavan (לבן) et Yossef (יוסף).
C’est que "ta malédiction" et tes souffrances viendront uniquement de ces 3 personnages et non pas de ton père. Il est donc sûr que ton père ne te maudira pas.

D'ailleurs, c'est pourquoi, quand plus tard, Yaakov fut confronté à l’épreuve de devoir laisser son fils Binyamin descendre en Égypte avec ses frères, il dit : "Sur moi (עלי) tout cela est advenu" (Mikets 42,36).
Par cela, il voulait faire allusion au fait qu'il avait déjà traversé les 3 épreuves de : Essav, Lavan et Yossef, qui sont en allusion dans le terme עלי (sur moi) et que sa mère lui a prédit. Ainsi, il se dit : comment pourrait-il m'arriver un autre malheur, par la perte de Binyamin, chose qui n’a pas été prédite?

-> Rabbi Heschel de Cracovie explique que cette malédiction qu'évoque Yaakov fait en fait référence à la malédiction du verset : "Maudit sera celui qui trompe l’aveugle sur son chemin" (Ki Tavo 27,18).

En effet, Yaakov pensait que s'il se présentait devant son père, se faisant passer pour Essav, il serait ainsi en train de tromper son père, aveugle. Il recevrait alors cette malédiction.

Sa mère lui dit alors qu’au contraire, il ne sera pas maudit car : "Selon moi, l’explication de ce verset n’est pas à prendre au sens strict. Ce verset fait allusion à quelqu’un qui induit en erreur non pas l’aveugle, mais celui qui ne sait pas, comparé ici à un aveugle".
Or, Its'hak voulait bénir Essav, car il ne savait pas qu’il était complètement racha.
=> En envoyant Yaakov, Rivka sauvait ainsi Its'hak de l’erreur. En cela, la malédiction du verset ne le concernait absolument pas.

-> Le 'Hidouché haRim explique que Essav avait un mérite particulier que n’avait pas Yaakov, c’était qu’il avait un très grand respect de son père.
A cause de ce mérite, Hachem ne voulait pas révéler à Its'hak que Essav est un racha pour ne pas lui provoquer de la peine et c’est à cause de cela que Yaakov ne pouvait pas recevoir les bénédictions.

C’est pourquoi, Rivka voulait trouver une solution pour annuler et contrer totalement le mérite de Essav, et cela en demandant à Yaakov d’accomplir la mitsva de respecter sa mère avec une totale abnégation. Ainsi, ce mérite va contrebalancer le mérite du respect qu’avait Essav pour son père.

C’est ainsi que Rivka dit à Yaakov : "Sur moi (alaï) ta malédiction mon fils", c'est-à-dire : "Même si à cause de moi tu reçois une malédiction", malgré tout "juste écoute ma voix et vas-y" = c'est-à-dire que Yaakov devait respecter la parole de sa mère même en prenant le risque de se faire maudire. Par là, il pourra annuler le mérite de Essav et pourra recevoir la bénédiction de son père.

Et c’est ce que Yaakov fit. C’est pour cela que par la suite, quand Essav arriva, le midrach rapporte que Its'hak sentit le feu de l’enfer qui entrait avec lui et ainsi, il comprit que Essav était un racha.
C’est que effectivement, Yaakov a réussi à annuler le mérite de Essav, et Its'hak pouvait alors connaître la vérité sur la perversité de Essav.

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+ Rivka dit à son fils Yaakov :
-> "Cette nuit, les anges ont prié si intensément Hachem que les portes de la bénédiction se sont ouvertes. Ton père a demandé à ton frère Essav de lui rapporter un plat raffiné afin qu'il puisse le bénir "en présence de Hachem", indiquant que D. acceptera sa bénédiction.
Si Its'hak bénit Essav, cette bénédiction sera prononcée sous l'influence de l'inspiration Divine et tu ne pourras plus jamais relever la tête."

[Targoum Yonathan - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 27,6-7]

-> "Si tu m'écoutes, le peuple d'Israël en tirera un immense profit.
Va chez le marchand de petit bétail et achète-moi 2 agneaux de choix.
Aujourd'hui, veille de Pessa'h, nous avons besoin de 2 chevreaux : un pour le sacrifice de Pessa'h et l'autre pour l'offrande de la fête ('Haguiga).
Ces 2 chevreaux font référence aussi aux 2 boucs sacrifiés à Yom Kippour (Vayikra 16,7).
Ces 2 chevreaux que tu vas apporter à ton père vont te permettre de vaincre l'ange gardien d'Essav.
Dans le futur, les 2 boucs auront le même effet, et expieront les péchés de tes descendants.
[...]
Je vais les préparer comme ton pères les aime."
[Méam Loez - Toldot 27,8-10]

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+ Pourquoi Its'hak voulait-il bénir tout particulièrement Essav?

-> "Quand Essav s'occupait de son père, il le faisait dans ses plus beaux vêtements" (midrach Béréchit rabba 65,12)

C'est pourquoi avec une mitsva aussi importante, Its'hak pensait que s'il lui donnait une impulsion quelconque, il pourrait aider Essav (par le mérite de cette mitsva) à se repentir totalement de toutes ses fautes (à se sortir du mal). Il voulait donc le bénir, lui donner toutes les bonnes bénédictions, afin qu'il mérite la vie éternelle, une vie de Torah.

Its'hak n'avait pas besoin de bénir Yaakov, parce que Yaakov était depuis toujours rempli de Torah, de mitsvot et de bonnes actions.
Qu'a fait Its'hak?
Il a choisi justement la nuit de Pessa'h, la nuit qui est protégée des forces du mal, pour bénir Yaakov.
Il voulait ainsi lui évoquer par allusion la délivrance d'Israël de l'Egypte, la victoire d'Israël sur Pharaon roi d'Egypte, et la liberté du peuple d'Israël.
C'est pourquoi,  lui a-t-il suggéré, mieux vaut pour toi de te repentir, tu n'as pas intérêt à vivre dans la haine avec ton frère Yaakov, car cette nuit est celle de la délivrance des juifs.

Par ailleurs, nos Sages disent : "Quand quelqu'un arrive à l'âge où sont morts ses ancêtres, il doit se tenir prêt 5 ans avant et 5 ans après" (midrach Béréchit rabba 65,7).
Or, Its'hak avait l'âge de 123 ans, et il ne savait pas s'il devait prendre en considération l'âge auquel était morte sa mère (qui a vécu 127 ans), auquel cas il se serait trouvé 5 ans avant, ou s'il arriverait jusqu'à l'âge de son père.
C'est pourquoi, c'est à ce moment-là qu'il a voulu bénir Essav, car ce pouvait être avant sa mort.
En le bénissant avant sa mort, il voulait rappeler à Essav le jour de la mort, lui enseigner que la fin de tout homme est de mourir, et qu'il faut préparer des provisions en ce monde et se repentir.

Cependant, Essav était tellement plongé dans ses fautes que depuis toujours, il haïssait Essav.
Il se sentait supérieur à lui parce qu'il respectait ses parents mieux que Yaakov. C'est pourquoi l'orgueil lui a fait perdre la tête.
Nous voyons de là qu'à cause de l'orgueil d'Essav, les bénédictions lui ont été refusées, et qu'il n'a pas mérité de se rapprocher de D. comme son frère Yaakov.
[l'orgueil peut nous faire tout perdre, et l'humilité tout gagner!]
[Source : adaptation personnelle d'un dvar Torah du rabbi David Hanania Pinto]

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-> Its’hak était pleinement conscient de l’impiété d’Essav. Toutefois, il voulait le rapprocher afin d’atténuer cette tendance au mal.
C’est la raison pour laquelle, plutôt que de le repousser, il lui témoigna des marques d’honneur, d’amour et d’affection, dans l’espoir que ces manifestations suscitent sa honte de ses mauvais actes et l’encourage à les abandonner.
De même, il désirait lui donner ses bénédictions afin qu’elles aient une influence positive sur lui et le ramènent au droit chemin.

Or, tout comme son père se souciait de l’avenir de son fils Essav, Yaakov en était lui aussi préoccupé. C’est justement pourquoi il lui acheta le droit d’aînesse, pour éviter que son statut d’aîné ne lui entraîne de lourdes punitions en regard à ses nombreux péchés. En effet, le jour où allait se faire l’échange entre un plat de lentilles et le droit d’aînesse, Essav avait enfreint 5 transgressions des plus graves. Yaakov ayant entendu cela, il se dit que D. lui tiendrait d’autant plus rigueur qu’il était l’aîné. Par pitié, il lui acheta ce statut dans le but d’amoindrir sa punition.

Par conséquent, Its’hak savait combien Essav était racha, mais il lui exprima son affection afin de l’encourager, de le rapprocher et d’éviter qu’il ne rejette tout ce qui a trait à la sainteté.
Une étincelle pure subsisterait ainsi en lui.
[d'après rabbi David Hanania Pinto (la voie à suivre n°1162)]

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-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma’hpéla, c’est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n’avait pas accès.

-> Le Radak dit que Its’hak avait conscience de la grandeur spirituelle de Yaakov, et il pensait que Essav avait nettement plus besoin des bénédictions afin d’améliorer ses actions.

Le Ets haDaat Tov dit qu’il a pris exemple sur Avraham dont ses prières ont permis à Ichmaël de faire téchouva.
Cependant, Ichmaël avait fauté par l’idolâtrie, tandis que Essav par le meurtre, et il est beaucoup plus difficile de s’en sortir lorsque l’on porte atteinte à notre prochain.

Ceci explique pourquoi Rivka a dû intervenir, prenant conscience que ses actions antérieures (meurtres) rendaient inaptes les bénédictions, et pourraient avoir un effet contraire.

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+ "Its'hak aimait Essav" (Toldot 25,28)

=> Pourquoi Its'hak aimait-il tant Essav?

En réalité, Its'hak vivait déjà comme dans les temps futurs. Or, si Hachem voudrait ensuite rejeter le peuple juif du fait de ses fautes, Its'hak pourra à présent plaider en sa faveur en disant : "Les juifs sont malgré tout moins mauvais que Essav. Et pourtant, moi j'ai aimé Essav! Toi aussi, malgré leurs fautes, Tu ne dois pas les rejeter et Tu dois continuer à les aimer!"
[rabbi Meïr de Prémichlan]

-> Le Divré 'Haïm explique qu’Hachem souhaitait que Its'hak bénisse Yaakov en même temps qu’il pense s’adresser à Essav. En effet, ce n’est pas seulement Yaakov qui allait se faire bénir par Its'hak, mais c’est tout le peuple d’Israël à travers lui. Or, dans le futur, il arrivera que certains juifs ne soient pas à la hauteur de cette bénédiction, ne suivant pas le chemin de la Torah. Pour que même ces Juifs éloignés soient aussi bénis, il fallait qu'Its'hak bénisse Yaacov en pensant qu’il s’agissait d’Essav. Car ainsi, il adressait ces bénédictions à Essav.
Et comme bien-sûr, tous les Juifs, même les plus impies (réchaïm), sont mieux qu’Essav, ainsi en bénissant Yaakov, en pensant s’adresser à Essav, par cela, même les Juifs pouvant s’apparenter à Essav pourront recevoir cette bénédiction.

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-> Le Chem miChmouel se base sur les paroles de nos Sages (guémara Shabbath 30b) selon lesquelles la Présence Divine ne repose sur un homme que s’il est joyeux. Aucune tristesse ne se trouve auprès d’Hachem.
D'un côté, c’est Yaakov qui devait recevoir les bénédictions, mais d'un autre côté Its'hak voulait bénir Essav, son premier-né, qu’il pensait être un homme juste (Essav a réussi à lui faire croire cela).
Pour que Its'hak change d’avis et renonce à bénir Essav au profit de Yaakov, il fallait pour cela qu’il apprenne que Essav était un impie (racha) et qu’il ne méritait pas ces bénédictions. Or, il est clair que cette connaissance allait lui occasionner une profonde tristesse. Mais alors, même s’il décidera de bénir Yaakov, cette bénédiction sera prononcée avec des sentiments de peine, du fait de sa connaissance de la méchanceté de Essav.

=> C’est pourquoi, Hachem préféra lui cachait la vérité sur Essav, de sorte que Its'hak pense qu’Essav est un juste et s’en réjouisse. Mais alors, il fallait que Yaakov vienne à son insu, et c’est ainsi qu’il put recevoir une bénédiction dite avec joie par son père, qui continuait à croire qu’il bénissait Essav pensant qu’il était un homme juste. Et par cela, cette bénédiction pouvait être d’un niveau de prophétie très élevé.

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-> Le Assoufat Maara'hot explique qu’en vérité Essav aussi devait être bien, puisque Yaakov et Essav devaient se partager le Service Divin.
Yaakov devait s’investir dans l’étude, dans le spirituel, tandis que Essav devait allait dans le monde extérieur pour y accomplir les mitsvot et raffiner le monde.
Cependant Essav échoua et au lieu d’élever le monde matériel, il y sombra.

Il fallait donc quelqu’un pour le remplacer dans ce travail avec le monde extérieur, et c'est Yaakov qui prit sur lui ce rôle.
La bénédiction d'Its'hak visait à donner des forces à ses enfants pour réaliser leurs missions. C’est ainsi qu’à la fin de la paracha, Its'hak bénit Yaakov par les bénédictions d’Avraham, qui étaient spirituelles, pour réaliser son travail dans le monde spirituel. Mais, il voulait donner à Essav des bénédictions matérielles pour sa mission dans le monde matériel, car il pensait que ce rôle revenait à Essav. Mais comme ce dernier échoua et c’est Yaakov qui le remplaça, c’est ce dernier qui devait aller recevoir ces bénédictions pour sa nouvelle mission (vêtu des habits d’Essav).
Cependant comme il n’avait pas encore fait ses preuves dans le monde matériel, ces bénédictions ne pouvaient pas encore lui revenir de plein droit, car il ne les méritait pas encore. Il les reçut donc dans de façon détournée, le temps qu’il réalise sa nouvelle mission dans le monde extérieur, chez Lavan, et qu’il valide ainsi ces bénédictions.
C’est ainsi que quand il revint de ce séjour, l’ange d’Essav (après sa lutte) lui reconnaîtra ces bénédictions comme lui revenant de droit. C’est à ce moment qu’il les reçut de façon droite et claire.

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-> voir également le commentaire du Sifté 'Haïm dans le divré Torah : http://todahm.com/2021/11/07/33594

-> voir l'enseignement du rav Shimshon Raphael Hirsch : http://todahm.com/2022/11/24/la-necessite-dune-education-sur-mesure

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-> Le Métsa'h Aharon explique que Yaakov avait choisi de vivre uniquement pour le monde futur, et pour cela, il avait aussi besoin de bénédictions matérielles, car beaucoup de mitsvot nécessitent des moyens matériels.
Cependant, l’opulence contient le risque de dévier l’homme vers les plaisirs et l’orgueil.
Nos Sages enseignent que quand les juifs se détournent, Hachem éveille la haine d’Essav contre eux, pour que ces malheurs les poussent à se repentir. Ainsi, pour que Yaakov reçoive les bénédictions matérielles de son père sans risque, il fallait prévoir qu’en cas de déviation, Essav soit prêt à le faire souffrir. Et pour cela, il fallait qu’Essav ait une raison logique de haïr Israël. C’est pourquoi, Hachem planifia que Its'hak promette à Essav ses bénédictions.
=> Ainsi, quand finalement c’est Yaakov qui les récupérera en cachette, Essav haïra son frère. De cette façon, non seulement Israël recevra les bénédictions, mais en plus, la haine de Essav sera éveillée, pour neutraliser le risque de déviance d’Israël du fait des bénédictions.

-> "C’est une halakha qu’Essav hait Yaakov" [midrach Yalkout Chimoni Bamidbar 722]
[d'une certaine façon, si tu ne suis pas les halakhot par toi-même, alors s'applique la halakha de la haine d'Essav, et ce dans en but que finalement tu en viennes à suivre les halakhot.]

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+ "Its’hak aimait Essav, car la feinte était dans sa bouche. Et Rivka aimait Ya'acov" (Toldot 25,28)

-> D’après Rachi, qui rapporte le midrach, "dans sa bouche" se réfère à celle d’Essav qui piégeait Its’hak et le dupait avec ses paroles.

En effet, Essav posait des questions qui montraient sa grande vertu (par exemple, "comment prélever la dîme sur le sel et la paille?", qui n’ont en réalité pas besoin de prélèvements). Par conséquent, Its’hak croyait que son fils était pieux et il l’aimait.
=> Bien que ce dernier fût aveugle et qu’il ne savait rien des tractations malhonnêtes de son fils, son esprit était très aiguisé ; on comprend donc mal comment il a pu se laisser duper et croire qu’un tel Racha était vertueux.

-> Le Saba de Slabodka explique qu’Essav ne posait pas ces questions pour tromper délibérément son père. En réalité, à cette époque, il était vraiment vertueux et sincère. Son problème était de ne pas réussir à maintenir sa droiture sur le long terme.
Lui-même n’était pas sûr du genre de vie qu’il souhaitait mener et il vacillait donc entre le statut de tsadik et celui de Racha ; il posait tantôt des questions montrant piété et bonne foi et il était tantôt poussé par ses désirs matériels qui lui faisaient commettre les crimes les plus abominables.
Ceci explique pourquoi Its’hak ne réalisa pas que son fils était racha : à l’époque où Its’hak voyait 'Essav, il était vraiment tsadik!
Selon cette explication du Saba de Slabodka, quand nos Sages affirment qu’Essav trompait Its’hak, cela signifie qu’il lui faisait croire qu’il était tout le temps vertueux, alors que ce n’était pas le cas.

Cette approche peut nous aider à résoudre une autre difficulté dans cette paracha Toldot.
Nos Sages trouvent des allusions dans la Torah concernant le jour où Essav vendit son droit d’ainesse à Yaakov ; ce jour-là, il commit 5 autres graves fautes et l’une d’elles fut le déni de l’existence de D. que l’on déduit des mots "lama zé li bé'hora" (Que vaut ce droit d’ainesse pour moi? (Toldot 25,32).
Le terme "zé" se réfère à Hachem, comme le montre le verset du Chant de la Mer : "zé kéli véan'véhou" C’est mon D. et je Le glorifierai" (Béchala'h 15,2). Ainsi, en demandant "lama zé li", 'Essav montrait qu’il ne s’intéressait pas à D., ni à Son service, comme pour dire "Qui a besoin d’Hachem, de toutes les façons?"

Le rav Avigdor Nebenzahl souligne que dans le verset suivant, Yaakov demande à Essav de lui jurer de tenir son engagement. Si Essav déniait l’existence de D., quelle valeur avait un serment en Son nom?
Yaakov n’aurait certainement pas accepté un serment au nom de la avoda zara (l'idolâtrie), ni une déclaration superficielle, pour la forme. Donc, quand la Torah nous raconte qu’Essav jura et que Yaakov accepta cet engagement, c’est qu’Essav prêta serment au nom de D. et que Yaakov estima qu’il était sincère.
=> Comment le verset affirmant qu’Essav renia Hachem peut-il contredire le suivant qui raconte qu’il jura sincèrement au nom de D.?

Essav n’était pas un véritable racha ; il était extrêmement inconstant. Il pouvait changer d’une minute à l’autre, poser les questions les plus pointilleuses et commettre les pires fautes, renier Hachem et immédiatement après, jurer en Son nom.

Rav Yissakhar Frand enseigne que c’est l’une des différences entre le tsadik et le racha.
Un tsadik est constant. Il y aura toujours des défis, des tribulations au cours de la vie, qui mettront le niveau de l’individu à l’épreuve. L’homme vertueux tient bon, tandis que le racha se laisse rapidement entrainer dans les pièges du yétser ara.
C’est le sens du verset de : "Le cœur des réchaïm ne vaut pas cher" (Michlé 10,20).
De son côté, le prophète Yéchaya compare le racha à une vague qui n’a rien de régulier ; elle est tantôt très haute et menaçante et tantôt plate. C’était l’un des défauts d’Essav.

Le rav Barou'h Sorotskin rapporte une guémara (Yérouchalmi Nédarim 38a) qui nous raconte : "À l’avenir, le racha Essav s’enveloppera dans un Talith et s’installera avec les hommes vertueux au Gan Éden. Mais Hachem criera après lui et l’en chassera".
On peut comprendre de ce passage qu’Essav continuera d’être malhonnête et de tenter de duper tout le monde quant à sa grande vertu, tout comme il le fit avec son père.
Le rav Sorotskin comprend ce texte différemment. Il explique qu’Essav pense sincèrement qu’il a une part au Gan Éden, car il connut des moments de vertu qui le convainquent de son droit d’entrée au Olam Haba. Or, il oublia que juste après, il fit les pires actes et devint même hérétique. Donc, Hachem le rejette, car une vertu éphémère ne suffit pas.

Nous ne vacillons certes pas au niveau d’Essav, mais le manque de constance dans la Avodat Hachem (service Divin) est un problème qui nous concerne tous. On agit parfois avec grande piété, priant ou étudiant de manière très assidue et peu après, on se met à dire du lachone ara en bavardant. L’exemple d’Essav nous apprend qu’il faut s’efforcer de vivre conformément avec la Vérité de manière régulière et pas simplement ponctuellement.
[d'après un divré Torah du rav Yéhonathan Gefen]

[il faut faire attention qu'à l'image de Essav, le fait de réaliser quelques belles actions, ne viennent pas alors permettre/justifier, d'être plus dilettant dans d'autres domaines, voir d'en venir à fauter.
Ainsi par exemple on va être tsadik lorsque l'on veut, dans ce qui nous est agréable, dans la mitsva/domaine que l'on veut, au moment où l'on a envie, ... Cela à nos yeux est suffisant pour nous permettre de faire ce que nous voulons ailleurs. [à l'image d'Essav qui se voit comme un tsadik!]
[le terme "JE veux" revient souvent, au détriment de "HACHEM veut"]
La Torah demande plutôt de se mettre au service d'Hachem, et de se travailler en particulier dans ce qui n'est pas naturellement facile pour nous. Par cela nous attestons de notre constance à vouloir donner le meilleur de nous même selon la volonté de D. (et si l'on tombe, c'est humain et c'est pour mieux repartir de l'avant!)]

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-> Le rav Moché Feinstein (Darach Moché - Toldot 25,22) explique la raison pour laquelle Its’hak voulut accorder les bénédictions à Essav, plutôt qu’à Yaakov.
Its’hak avait certainement réalisé que Yaakov était d’un niveau spirituel plus élevé qu’Essav, mais il pensait que la mission de ce dernier était de soutenir matériellement Yaakov, pour que celui-ci puisse de consacrer à la spiritualité.
C’est, par la suite, la relation, couronnée de succès, qu’entretinrent Issakhar et Zévouloun, les fils de Yaakov ; Zévouloun subvenait aux besoins d’Issakhar pour que ce dernier puisse de concentrer sur son élévation spirituelle.
C’est la raison pour laquelle Its’hak pensait qu’Essav était la personne appropriée à recevoir les bénédictions (qui étaient plutôt axées sur l’abondance matérielle).
L’erreur d’Its’hak était de croire qu’Essav allait devenir une personne vertueuse et ennoblir le monde matériel en soutenant Yaakov. En réalité, Essav fut tellement englouti par la matérialité (gachmiout) qu’il n’eut plus aucun lien avec la spiritualité ; il était imbibé de toutes sortes d’attitudes immorales.

Ceci explique le raisonnement d’Its’hak, mais que pensait Essav?
Le rav Moché Feinstein écrit qu’Essav comprit le désir d’Its’hak et souhait l’exaucer!
Mais il fit l’erreur de penser que s’il accomplissait cette part de la mission, il serait dispensé de mener une vie dictée par la morale. Il estimait qu’en échange du soutien financier à Yaakov, il pouvait s’adonner à tous les plaisirs interdits de ce monde-ci (olam azé), et qu’Hachem le lui pardonnerait étant donné qu’il accomplissait Sa volonté en permettant à Yaakov de vivre une vie spirituelle.
C’est ainsi qu’il crut hériter du Olam Hazé en plus du Olam aba.
["Les enfants s’entre-poussaient en son sein" (v.25,22) : le rav Feinstein affirme que les 2 frères estimaient avoir un droit exclusif sur les 2 mondes (olam azé & olam aba)]

Le rav Feinstein ajoute qu’Hachem ne se laisse pas corrompre par une personne qui accomplit certaines mitsvot et ne la dispense pas, "en récompense", d’en respecter d’autres, qui lui sont moins agréables ou aisées.
Hachem nous demande de nous améliorer dans tous les domaines du Service Divin, même ceux qui nous sont difficiles.
Essav laissa passer sa chance et c’est Yaakov qui dut, à sa place, se charger des deux rôles, celui porté sur la spiritualité et l’autre, d’ordre matériel.

-> Le rav Yéhonathan Gefen dit : Chacun de nous a son point fort dans la Avodat Hachem, et il n’y a rien de mal à cela, mais il est essentiel de savoir que ce n’est pas une raison pour ne pas travailler et s’améliorer dans les autres domaines, pour lesquels on est naturellement moins porté.
Par exemple, celui qui s’investit beaucoup dans les besoins de sa communauté n’est pas dispensé d’étudier la Torah chaque jour. Celui qui excelle dans la prière doit aussi s’assurer de passer du temps avec sa famille.
=> Les exemples sont innombrables et le défi de chacun est unique, en fonction de la situation dans laquelle il se trouve et de ses capacités.

3 Questions/Réponses – Paracha Toldot

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Toldot :

1°/ "J'ai mangé de tout avant que tu ne viennes" (Toldot 27,33)

Après qu'Its'hak ait mangé la nourriture apportée par Yaakov, Essav est venu et a demandé à son père de manger de la nourriture qu'il avait lui-même préparé afin qu'il le bénisse également.
Pourquoi Its'hak ne pouvait-il plus rien manger?

Rachi (v.27,9) : le repas de Its'hak (apporté par Yaakov) consistait en 2 chevreaux : l’un était destiné au sacrifice pascal, et l’autre devait servir au repas

-> Selon le rav Yossef 'Haïm Zonnenfeld, pour éviter que Its'hak ne mange et ne donne ensuite une bénédiction à Essav, Rivka s'est assurée que Its'hak mange le Korban Pessa'h.
En effet, la loi juive est que : après avoir mangé du sacrifice de Pessa'h (ou bien de nos jours l'afikoman), on ne doit pas manger ou boire de toute la nuit (én maftirim a'har aPessa'h afikoman).

-> Le Oznaïm laTorah fait remarquer que les lettres : "de tout" (mikol - מִכֹּל) sont les 1eres lettres de : matsa kazaït laa'harona (le kazaït de matsa [l'afikoman] est la dernière chose que l'on doit manger du repas de Pessa'h).

Its'hak va dire ensuite à Essav : "Ton frère est venu avec habilité et il a pris ta bénédiction" (Toldot 27,35)
Le mot : bémirma (avec habilité - בְּמִרְמָה) a la même guématria que : Afikoman (אפיקומן), soit 287.
=> Ainsi, Its'hak faisait allusion à Essav, que Yaakov était déjà venu et lui avait donné à manger l'Afikoman, il ne pouvait alors plus rien manger de ce que Essav lui avait apporté.

-> Le rav Chimchon Raphael Hirsch (v.27,39) fait remarquer que contrairement à la bénédiction de Yaakov (v.28 "Que D. te donne ..."), Its'hak ne dit pas explicitement à Essav que D. lui accordera Sa bénédiction, ce qui aurait signifié qu'elle émanait de Hachem.
Le destin de Essav dépendra du cours normal des événements de ce monde.

Selon le rav 'Haïm Yossef Kofman, si Its'hak a quand même donné une bénédiction à Essav, c'est parce que ce dernier en est venu à pleurer. Il a alors ressenti sa peine, et lui a répondu.

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+ Bonus (b'h) :

-> Rivka "mis les mets et le pain qu'elle avait préparés dans la main de son fils Yaakov" (v.27,17)
Ensuite : Yaakov "le servit et il mangea, et il lui apporta du vin et il but" (v.27,25)

Pourquoi Yaakov a-t-il pris l'initiative d'amener en plus du vin à son père?

-> Le 'Hizkouni explique que l'objectif de Yaakov était de rendre légèrement confus son père afin qu'il ne prête pas trop attention lorsqu'il déterminera l'identité.

-> Le Tossefet Bra'ha suggère que c'était pour des raisons de santé, pour se conformer à la guémara (Shabbath 41a) qui enseigne qu'il n'est pas sain de manger sans boire.

-> Le Torah léDaat suggère que si la viande provenait du Korban Pessa'h (cf.Rachi 27,9), alors Its'hak avait besoin de vin pour les 4 coupes de vin consommées pendant le Séder de Pessa'h.

-> Par ailleurs, de même que l'on fait beaucoup de mitsvot avec un verre de vin, de même Yaakov a pensé que le fait de recevoir une bénédiction de son père nécessitait un verre de vin.

-> Le Daat Zékénim est d'avis que c'est l'ange Michaël qui lui a apporté ce verre de vin depuis le Gan Eden.
[C'est peut être une des raisons du Rachi (v.27,27) : "est entrée avec lui (Yaakov) l'odeur du jardin de Eden"]

Le Méam Loez (Toldot 27,25) rapporte également : "Bien que Yaakov n'avait pas amené de vin, l'ange Mi'haël en apporta.
Ce vin était tiré du jardin d'Eden, et le raisin provenait des 6 jours de la Création.
L'ange le donna à Yaakov qui le servit à son père."  (Targoum Yonathan ; Yalkout Chimoni)

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2°/ "Et des peaux des chevreaux, elle recouvrit ses mains et son cou lisse" (Toldot 27,16)

Rabbi Yo'hanan dit : Yakov était grand et fort, et ses 2 bras étaient larges comme 2 piliers de marbre. (midrach Béréchit rabba 65,17)

Comment la peaux des 2 chevreaux (les petites d'une chèvre!) a-t-elle pu être suffisante pour lui couvrir ses 2 énormes bras (un bras par bête)?

-> On peut rapporter le midrach (Béréchit rabba 65,17) suivant :
Rav Houna, citant Rabbi Yossé, dit que la peau des 2 chevreaux suffisaient, car dans les générations précédentes, les animaux de la terre d'Israël étaient extrêmement grands.

Une fois avant Yom Tov, les Cohanim ont cherché un grand et beau mouton pour le sacrifice Tamid du Yom Tov. Ils n'ont pas eu besoin d 'aller bien loin pour trouver un mouton qui était si grand, qu'ils ont dû le mettre sur 2 chameaux pour le transporter jusqu'au Temple.
Malgré la grande taille des chameaux, les jambes du mouton atteignaient et traînaient sur le sol.

En ces temps là, en terre d'Israël, les chèvres et les chevreuils étaient si grands, qu'ils atteignaient la hauteur d'un cannelier.
Ces chèvres et chevreuils se tenaient près de l'arbre et mangeaient les fruits directement à son sommet.

=> Si les animaux en Israël étaient si grands, il est certain que 2 chevreaux étaient suffisants pour recouvrir les longues mains de Yaakov.

-> D'autres sont d'avis qu'elle a cousu ensemble la peau de plusieurs chevreaux, jusqu'à faire un morceau suffisamment grand pour recouvrir chacun de ses bras.

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+ Bonus (b'h) :

-> "Rivka prit les vêtements propres de son grand fils Essav ... et en revêtit Yaakov son petit fils" (Toldot 27,15)

Le Tsror haMaor (Rabbi Avraham Saba) enseigne que lorsque Rivka a placé les grands habits de Essav sur Yaakov, ils lui allaient parfaitement bien, malgré que ce dernier dernier était plus petit (cf.le verset ci-dessus).

=> Quelle était la nécessité de ce miracle sachant que Its'hak était non voyant, et ne pouvait pas savoir si l'habit lui allait parfaitement ou pas?

La réponse est que le miracle était destiné à Yaakov.
En effet, selon le midrach, Yaakov était très bouleversé et il a même pleuré de devoir être impliqué dans une tromperie. Hachem a alors fait en sorte que l'habit lui aille miraculeusement bien, comme un baiser d'encouragement, lui montrant que du Ciel il avait été convenu qu'il prenne les bénédictions à son frère.

-> Avant de mettre ses peaux, Rivka va d'abord revêtir Yaakov des vêtement de propres de Essav ou bien selon Rachi des vêtements précieux qu'Essav avait volés à Nimrod.

Rav Henoch Leibowitz explique que Rivka a habillé Yaakov de ces vêtements, afin qu'ils l'influencent d'une certaine façon à agir comme Essav, aidant ainsi à l'obtention des bénédictions.

=> On apprend de là le pouvoir d'influence que les habits peuvent avoir sur nous.

C'est ainsi que le Kitsour Choul'han Arou'h (3,3) codifie : "Une personne ne doit pas revêtir des habits très chers car cela amène une personne à être hautaine ; ni des vêtements extrêmement peu chers ou sales afin de ne pas être répugnant aux yeux des autres, mais avoir des habits ordinaires et propres".

[les juifs sont des princes, des fils du Créateur, on se doit d'agir en fonction de ce haut statut, et l'habit contribue à cela.]

[Le rabbi Naftali de Ropschitz enseigne qu'il était très difficile à Yaakov d'émettre le moindre mensonge, comme le souligne le verset : "tu donneras la vérité à Yaakov" (titèn émet léYaakov).
Rivka lui demanda donc d'enfiler le costume d'Essav, afin de se mettre dans la peau du personne, car lorsqu'on s'habille comme un Essav, on devient un peu comme lui, et même notre façon de parler en pâtit. ]

[Lorsque Avraham descendit en Egypte, la Torah dit qu'il regarda sa femme Sarah. Nos Sages commentent que l'environnement égyptien était tellement impur qu'il avait la capacité d'impacter négativement, même un géant comme notre Patriarche Avraham.
=> Ainsi, au-delà des habits, le milieu dans lequel nous vivons nous impact passivement.]

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-> Yaakov dit à son père: "Je suis Essav, ton premier né" (Toldot 27,19)

=> Comment comprendre que Yaakov, qui est le pilier de la vérité, a pu mentir à son père?
Le 'Hatam Sofer donne la réponse suivante : à ce moment-là, Yaakov revêtait les habits d’Essav, et les vêtements influencent celui qui les porte. C’est pourquoi ce n’était pas un véritable mensonge de dire : "Je suis Essav", puisqu’à cet instant, il était influencé par la personnalité d’Essav au moyen de ses vêtements.

-> Rachi ('Houkat 21,1) écrit : Amalek a attaqué le peuple juif, mais il voulait empêcher les juifs de le désigner par son véritable nom, Amalek, dans leurs prières adressées à D. pour solliciter Son aide.
Ainsi, pour les tromper, l'ennemi a-t-il ordonné à ses troupes de parler la langue cananéenne.
Désemparés à la vue d'un ennemi habillé comme Amalek mais parlant la langue de Canaan, les Bné Israël ont simplement imploré D. de les soutenir contre "ce peuple", et ils l'ont vaincu.

=> Pourquoi Amalek n'a-t-il pas également revêtu des habits Cananéen pour tromper au mieux les juifs?
Les commentateurs répondent que si Amalek venait à s'habiller en Canaan et à parler en Canaan, alors ils deviendraient des gens de Canaan.
Lorsque les juifs prieraient pour gagner la guerre contre les Canaanites, leur prière serait efficace, car à tous points de vue Amalek serait devenu des Canaanites, il n'y aurait plus de place au doute dans la prière. [le vêtement ayant le pouvoir de transformer une personne en une autre!].

=> Ainsi, nous voyons ici à quel point les habits que nous portons ont le pouvoir de nous affecter.

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-> [Le mot "béguéd", pour vêtement, provient de la racine : "baguad" signifiant "tromper", "se révolter"]. C'est pourquoi le verset : "Its'hak sentit l'odeur de ses vêtements et le bénit" peut se traduire : "Its'hak sentit l'odeur de sa révolte et le bénit".
Même les rebelles au sein du peuple d'Israël avaient un parfum Divin quand ils se repentaient.
[Selon la guémara (Sanéhdrin 37a) ne lis pas "bégadav" mais "bogdav" (ses traites). En effet, mêmes les traites, les rebelles contre D. (les fauteurs) parmi les juifs ont de telles qualités, qu'ils ont une odeur Divine.]
Its'hak sut par une vision prophétique que les descendants de Yaakov pécheraient, mais qu'ils se repentiraient, ainsi le bénit-il.
[Méam Loez - Toldot 27,27]

[d'une certaine façon, on apprend de là le pouvoir exceptionnel de la téchouva. A l'image d'un habit d'Essav qui est très sale et qui sent très mauvais, par un simple programme de téchouva (quelques mots sincères), nous avons la capacité de le transformer en habit de Yaakov, à l'odeur du gan Eden.]

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3°/ Bien que Yaakov et Essav étaient jumeaux, ils avaient peu de choses en commun.
Comment expliquer la très vaste différence entre les deux?

L'Alter de Kelm explique que le fossé entre les 2 frères provient d'une différence fondamentale.
-> Le nom Essav (עשו) est lié au mot : "assouï" (עָשׂוּי) signifiant : "complément fait/développé", puisque Essav est né avec des cheveux et des dents, comme un enfant âgé de plusieurs années.

-> Le nom Yaakov (יעקב) est associé au mot : ékev (talon - עקב), parce qu'il avait tenu le talon de son frère pour sortir, mais également en raison du fait que Yaakov par nature se considérait toujours comme étant au plus bas du travail de sa vie dans ce monde.
Le nom Yaakov est exprimé au futur, car il avait compris qu'il n'était pas dans un état fini, et qu'au contraire il devait constamment se travailler davantage pour exprimer au maximum son potentiel.

Selon l'Alter de Kelm, si les bébés humains naissent dans un état aussi faible, à l'inverse des animaux qui naissent en étant déjà capables de se nourrir, c'est afin de les préparer à dépendre, à apprendre de leurs parents.

Essav est né en se voyant comme parfait, dans un état déjà terminé (j'ai toutes mes dents, cheveux!), et il lui manquait ainsi la capacité d'apprendre d'autrui.

Cela vient en totale opposition avec Yaakov, qui âgé d'au moins 60 ans, a choisi d'investir 14 années d'études à la yéchiva de Chem et de Ever, avant d'aller chercher sa femme.
De plus, par la suite, en voyageant en Egypte pour retrouver Yossef, à un âge de 130 ans, sa 1ere priorité sera d'envoyer Yéhouda devant lui, afin qu'il puisse établir une yéchiva pour ne pas manquer même un seul jour d'étude.

D'ailleurs, le plus au niveau qu'un étudiant en yéchiva puisse atteindre est celui de : talmid 'hakham (תלמיד חכם).
Certes, il a atteint un niveau très haut de sage (חכם), mais il reste néanmoins un : un élève (talmid - תלמיד). En effet, plus on étudie, plus on avance dans une vie juive, plus on prend conscience de tout ce qu'il nous reste à apprendre dans l'infinité de la Torah.

-> Rabbi Guttman dit qu'on pouvait observer Essav bougeant dans toutes les directions, faisant pleins d'activités ("un habile chasseur"), et à l'inverse Yaakov qui "vécut sous la tente" ("yochèv oalim" (v.25,27), que le Targoum Yonathan ben Ouziel traduit par : "recherchant Hachem".

Pourtant, dans le monde de vérité, lequel des 2 aura eu une vie la plus dynamique?

Essav représente ceux qui courent après le bonheur, sans se remettre en question, et tuant leur temps, sans se rendre compte qu'en réalité ils se tuent eux-même (le temps c'est la vie!).

Yaakov était fixe vers un objectif : faire la volonté de Hachem. Plutôt que d'aller dans toutes les directions, il se focalisait à exploiter pleinement son intériorité.

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-> A ce sujet, le rav Avigdor Miller enseigne que
- Essav se sentait parfait, sachant ce qui est bien et mal pour lui mieux que Hachem.
Il avait une attitude de : gam zé yaavor (cela aussi passera).
Il n'avait aucune envie de s'améliorer, mais uniquement de profiter de ce monde (à l'image du plat de lentilles contre le droit d'aînesse).
=> Sa vie n'est que tristesse, car il est sans cesse à la recherche du prochain plaisir, et rien n'est assez bien pour lui, surtout si autrui a plus.

- Yaakov (Ekev - talon) était rempli d'humilité et il se sentait ne pas mériter les bienfaits de Hachem.
Même s'il a eu une vie difficile, il se focalisait sur le positif, acceptant de ne pas comprendre, et que c'est déjà très bien, vu que je ne mérite rien normalement.
=> Il avait une attitude de : gam zou létova (cela aussi est pour le bien).

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-> La guémara (Yérouchalmi Nédarim 3,8) décrit que dans les temps futurs, Essav revêtira un talith et se tiendra assis avec les tsadikim dans le Gan Eden, jusqu'à ce que Hachem vienne et l'en fasse sortir.

=> Comment comprendre que Essav, représentant du mal, puisse se tenir au paradis, et pourquoi spécialement Hachem doit venir l'en faire partir?

Le Pné Moché explique que Essav pensait que par le mérite de ses parents (Avraham et Its'hak), venant d'une famille aussi illustre, il pouvait uniquement se couvrir d'un talith pour devenir automatiquement un tsadik.

Or, en réalité, le talith et le mérite de nos ancêtres ont l'avantage d'être extérieur à une personne. En effet, pour devenir une personne pieuse, un tsadik, il est alors nécessaire de ne rien faire du tout.
C'est pour cela que Hachem est venu pour enseigner à tous que cette méthode ne fonctionne pas.
Cela n'est qu'une vie de mensonges, qui devient souvent apparente après 120 ans, moment où l'on réalise que le Gan Eden ne nous appartient absolument pas (quelle douleur, quelle honte!).

D'ailleurs, le Chla haKadoch note que dans la série de malédictions à destination du peuple juif s'il ne suit pas la Torah, il est écrit : "Eloké Avraham Its'hak véYaakov", ce qui signifie : "Attendez, vous (les juifs), vous êtes les enfants de Avraham, Its'hak et Yaakov? Vous avez une ascendance aussi prestigieuse? Si c'est ainsi, alors vos punitions doivent être encore pires!"

[un voleur dans une famille de tsadik est pire qu'un voleur qui a grandi dans une famille de voleur!)

=> Ainsi, à l'image d'Essav qui pensait que sa vie était toute faite, qu'il n'avait qu'à revêtir un talith pour être un tsadik, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.

A l'image de Yaakov, si j'ai de grandes capacités par rapport aux autres, si j'ai une belle ascendance (pleins d'érudits), je me dois d'agir en toute responsabilité, d'être à la hauteur.

-> Dvar Torah similaire : https://todahm.com/2015/12/27/4140

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-> Le Sfat Emet enseigne que le plan initial était que Essav tende vers la matérialité d'une façon honnête, tandis que Yaakov s'occupe du spirituel.
Ils formeraient d'une certaine façon ensemble un contrat Yissa'har et Zévouloun, dans lequel chacune des parties gagne de l'autre.

C'est uniquement parce que Essav a abandonné ses responsabilités, que Yaakov a dû prendre sur lui les 2 responsabilités.

-> Selon la guémara (Avoda Zara 11a), c'est une allusion à 2 descendants de Yaakov et Essav : Rabbi Yéhouda haNassi (descendant de Yaakov) et Antoninus (descendant d'Essav).

- Rabbi Yéhouda était le leader des juifs en Israël, un riche descendant du roi David, et un érudit important.
- Antoninus était le gouverneur romain d'Israël, un riche, et un descendant d'une famille romaine importante.

Ces 2 leaders étaient des amis proches : Rabbi Yéhouda enseignait la Torah à Antoninus, et Antoninus fournissait à Rabbi Yéhouda une protection politique et de l'argent afin qu'il puisse terminer d'écrire la michna.

Le Maharal (Gour Aryé - Béréchit) explique qu'ils représentent le potentiel positif d'accord entre Yaakov et Essav, et un exemple type de ce que doivent être les relations entre Rome (Essav) et Jérusalem (Yaakov).

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-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma’hpéla, c’est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n’avait pas accès.

-> Le Radak dit que Its'hak avait conscience de la grandeur spirituelle de Yaakov, et il pensait que Essav avait nettement plus besoin des bénédictions afin d'améliorer ses actions.

Le Ets haDaat Tov dit qu'il a pris exemple sur Avraham dont ses prières ont permis à Ichmaël de faire téchouva.
Cependant, Ichmaël avait fauté par l’idolâtrie, tandis que Essav par le meurtre, et il est beaucoup plus difficile de s'en sortir lorsque l'on porte atteinte à notre prochain.

Ceci explique pourquoi Rivka a dû intervenir, prenant conscience que ses actions antérieures (meurtres) rendaient inaptes les bénédictions, et pourraient avoir un effet contraire.

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-> D. a créé le mal [dans le monde] pour nous permettre de discerner et d'apprécier le bien.
En effet, le bien est mieux reconnu lorsqu'il est mis en contraste avec le mal ... par rapport à la dépravation d'Essav, la vertu de Yaakov brille de tous ses feux.
[...]
A la fin des temps, il y aura un rétablissement complet. Tout changera en bien ; même le mal se transformera en bien. Car le bien et le mal provienne de la même racine pure, tout comme Yaakov et Essav étaient tous les 2 les enfants d'Its'hak et Rivka.
Après la libération de toutes les étincelles sacrées emprisonnées dans le mal, celui-ci retournera à sa racine sainte.
[Zéra Kodéch (Toldot) - rabbi Naftali Tsvi Horowtz de Ropshitz]

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+ Bonus (b'h) :

-> Quelle est la signification du nom de la paracha : Toldot (générations/postérité), et pourquoi est-elle lue particulièrement à ce moment de l'année?

Selon le rav Moché Wolfson, c'est parce que c'est l'unique fois où nos 3 Patriarches vont vivre en même temps, et ce pendant 3 versets (chap.25 du v.26 au v.28), au début de la paracha.
[Selon le 'Hida (Midbar Kédmot), les 3 Patriarches ont étudié ensemble pendant 15 ans, à raison de 15 heures par jour.
Le 'Hida ajoute que les juifs ont mérité de pouvoir sortir d'Egypte par le mérite du fait que nos 3 Patriarches ont pu étudier ensemble, et c'est pourquoi dans le "Dayénou" que nous disons dans la Haggada, il y a 15 énoncées (en allusion à ces 15 années ensemble).]
Le roi Shlomo enseigne : "un triple lien est encore moins facile à rompre" (Kohélet 4,12).
La guémara (Baba Métsia 85a) affirme que si un homme, son fils, et son petit-fils sont tous des érudits en Torah, alors la Torah ne va jamais être abandonnée de sa descendance.
Ainsi, l'existence simultanée de nos 3 Patriarches va permettre de former une fondation solide pour la nation juive, qui est leur postérité (toldot).

Cela n'est pas une coïncidence si la paracha Toldot est lue au début du mois de Kislev, où se déroule notre victoire face aux grecs qui ont voulu nous faire oublier la Torah.
Avraham est mort le jour de la vente du droit d'aînesse à Yaakov par Essav, et le 1er verset de la Torah qui traite de cela (v.25,29), il débute par : "Yaakov fit cuire un mets [de lentilles = nourriture habituelle des endeuillés après avoir enterrés un proche]" (vayazéd Yaakov nazid - וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד).
La 1ere lettre de chacun de ces mots forme : Yavan (Gréce - יון).
Ainsi, bien que Avraham soit mort, le "triple lien" qu'il a pu établir dans cette paracha va perdurer pour l'éternité, protégeant par exemple ses descendants contre les grecs.

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-> Le Arizal enseigne que Shimshon (שִׁמְשׁוֹן) était la réincarnation combinée des âmes de Yéfét (un des enfants de Noa'h) et de Essav. En quoi a-t-il rectifié leurs erreurs?

Le Arizal explique que :
- Essav n'a pas apporté de vin à son père comme a pu le faire Yaakov. Shimshon était un nazir, qui a l'interdiction de boire du vin.
- Shimshon a tué un lion, dans un but de se venger du lion qui avait blessé Noa'h (son "père") lorsqu'ils étaient dans l'Arche.
- Essav a causé son père Its'hak à devenir aveugle par la fumée des idoles que ses femmes adoraient. Les yeux de Shimshon ont été percés et il est alors devenu aveugle.
- De plus, puisque Essav était très poilu dès sa naissance, Shimshon avaient une force particulière qui dépendait du fait de ne pas couper ses cheveux.

"Its'hak implora Hachem en face de sa femme, car elle était stérile. Hachem Se laissa implorer par lui et Rivka, son épouse, conçut." (Toldot 25,21)

Ce verset se déroule après 20 années de mariage, où Its'hak et Rivka n'ont pas eu la chance d'avoir d'enfant.
Rachi commente : Implora par : Il a multiplié sa prière avec insistance.

Pourquoi est-ce que Hachem n'a-t-il pas répondu immédiatement à leurs prières intenses et répétées?

Rachi (25,30) écrit : Yaakov a servi à Essav des lentilles, car en ce jour Avraham est mort, afin qu'il ne puisse voir son petit-fils Essav prendre le chemin du mal (guémara Baba Batra 16b).
C'est ainsi que Hachem a abrégé sa vie de 5 ans.

Le rav Méïr Shapiro et le rav Eliyashiv disent qu'on comprend de là pourquoi il était si difficile d'agréer aux prières de Rivka et de Yaakov.
En effet, le plus tôt Hachem leur donnerait des enfants, le plus tôt Essav commencera dans le chemin du mal,et le plus tôt Avraham devra mourir afin d'être épargné de toute tristesse au regard des actions de son petit-fils Essav.

Hachem a repoussé les prières de Its'hak et Rivka jusqu'à ce qu'ils prient avec une intensité et une répétition d'une telle puissance, qu'Il a été "forcé" d'accéder à leur demande.
Le rav Yossef 'Haïm Sonnenfeld suggère que l'on peut voir cela en allusion dans le fait que : "Hachem Se laissa implorer par lui" (vayéater lo Hachem - וַיֵּעָתֶר לוֹ יְהוָה), qui a la même valeur numérique que : "5 ans" (חמש שנים).
[comme les 5 années de vie retirées à Avraham]

=> Il nous arrive souvent dans la vie de prier et de pleurer, encore et encore, devenant presque frustrés à l'égard de Hachem, qui en apparence semble ignorer nos requêtes sincères et raisonnables.
A ce moment, nous devons nous rappeler de cette leçon, et trouver du réconfort dans le fait que Hachem dans Son infinie bonté et connaissance, sait que cela n'est pas dans notre meilleur intérêt sur le long terme.

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-> Le Méam Loez (Toldot 25,21) enseigne :
Dans la paracha Lé'h Lé'ha, nous voyons que l'exil en Egypte devait commencer avec la naissance d'Its'hak. Hachem voulait que les Patriarches et les Matriarches soient stériles afin de réduire cette période de persécutions.
A partir de la naissance d'Its'hak jusqu'à l'émigration en Egypte, 190 ans s'écoulèrent.
A cela, ajoutons les 17 années que vécut Yaakov après leur installation en Egypte. Les Patriarches permirent donc d'éviter 207 ans d'esclavage.
De plus, le véritable fardeau de l'esclavage ne commença qu'après la mort de Yossef et de ses frères.
Si les Patriarches avaient pu engendrer normalement des enfants, l'exil aurait duré plus longtemps.

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-> "Dans une maison, un enfant rebelle est plus difficile à supporter que toute la douleur de la guerre de Gog et Magog".
[guémara Béra'hot 7b]

[Hachem a décidé qu'il valait mieux que le monde subisse la perte de 5 années de vie de Avraham, avec tout ce qu'il aurait pu y faire en bonnes actions, plutôt que celui-ci ne souffre en voyant le comportement de son petit-fils Essav.

=> Combien devons-nous être compatissant et prier pour les familles qui ont des enfants rebelles, plutôt que d'en profiter pour se valoriser en se moquant d'eux.]

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-> b'h, un autre divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2017/12/11/5824

"La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

Le Maguid de Doubno disait : "Il y a certains juifs qui sont la personnalisation de ces mots :

-> "La voix est la voix de Yaakov" = leur façon de prier et d'étudier se conforme parfaitement avec la loi juive ;
-> "mais les mains sont les mains d'Essav" = malheureusement, dès qu'il s'agit des mitsvot de tsédaka ou de prodiguer des bontés (guémilout 'hassadim), ces mêmes juifs gardent leurs mains bien fermées.

Le Maguid de conclure : "Il est vital que de telles personnes sachent qu'un aspect du service divin sans l'autre, ne peut pas perdurer."

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-> "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav"

-> Le Baal Chem Tov enseigne que le 'hessed (bonté) n'est pas affectée par l'intention des gens. Même si nos intentions ne sont pas pures, le 'hessed qui est accompli est considéré comme complet, car la besoin dans le besoin a reçu l'aide dont elle avait besoin.
Le rabbi 'Haïm Kreizworth disait qu'on ne peut pas étudier la Torah comme Rabbi Akiva Eiger, ni prier comme lui, mais on peut faire du 'hessed comme Rabbi Akiva Eiger, car le 'hessed signifie aider notre prochain, et l'on fait cette mitsva peut importe la pureté de nos intentions.

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique en ce sens :
"La voix est la voix de Yaakov" = il y a 2 fois le terme "voix" (kol), en allusion à la voix de la Torah et la voix de la prière. Elles sont "de Yaakov", elles doivent être réalisées à l'image de comment Yaakov le faisait : dans la sainteté et avec la bonne kavana.
"mais les mains sont les mains d'Essav" = quand il s'agit des "ayadaïm" (les mains), de les utiliser pour venir en aide à notre prochain, alors cela peut même être "les mains d'Essav". En effet, le 'hessed a de la aleur peut importe l'intention, car celui qui a besoin reçoit l'aide dont il a besoin.

"Lorsqu'un juif étudie la Torah, le peuple juif dans son ensemble s’élève.
La résultante automatique est que nos ennemis vont tomber."

[Rav Wolbe - Chiouré 'Houmach - Toldot 27,22]