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"Parle aux enfants d'Israël et qu'ils Me prennent une offrande" (Térouma 25,2)

-> Le Alchikh pose la question : que signifie l'expression : "prendre une offrande"? Ne serait-il pas plus logique de dire : "donner une offrande"?

-> Le rav Shimshon Raphaël Hirsch note que le terme : "térouma" (offrande - תְּרוּמָה) est à rapprocher de "rom" (רום - élever) : ces contributions élèvent celui qui les offres et lui permettent de mieux percevoir à quoi servent les richesses dont D. l'a gratifié.
=> Ainsi, il est écrit : "prendre une offrande", car le bénéfice qu'on retire de notre acte dépasse de loin ce qu'elle coûte.

-> Le rav Chlomo Gantsfried rappelle que le Sanctuaire et ses ustensiles avaient pour but essentiel de répandre la bénédiciton divine sur les enfants d'Israël, comme nos Sages le disent (guémara Roch Hachana 16a) : "Hachem déclara : Approchez l'offrande du Omer à Pessa'h afin que Je bénisse vos récoltes dans les champs".
=> Ainsi, les offrandes au Temple deviennent des dons que les juifs perçurent pour eux-mêmes, car l'objectif ultime est de recevoir la bénédiction divine.

Le rav Gantsfried dit que c'est la base du : "Nous ferons et nous comprendrons".
Le peuple juif avait totalement confiance en Hachem, et il était convaincu que l'objectif final de chacun des commandements divins est de recevoir la bénédiction divine.
C'est le moyen de fonctionner du monde : l'homme fait un acte, qui entraîne des chutes de bénédictions divines.

-> "J'ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité; choisis la vie!" (Nitsavim 30,19)
Les retombées qui découlent d'une vie juive sont tellement incroyables, que le reste est appelé : mort.

-> "Hachem voulut offrir de nombreux mérites au peuple juif, c'est pourquoi Il leur ordonna de nombreuses mitsvot" [Tana déBé Eliyahou]
=> Avoir des mitsvot n'est pas une punition, mais un cadeau.

-> "C'est un bel enseignement (léka'h tov) que Je vous donne" (Michlé 4,2)
Le Gaon de Vilna dit que ce verset fait référence à l'ensemble des préceptes de la Torah.
Le mot "léka'h" est une allusion au fait de "prendre" (léki'ha), qui n'est en fin de compte qu'une manière de "donner".

=> Ce verset se comprend ainsi : Hachem nous offrit de nombreuses mitsvot, dans le seul but que nous puissions, par leur application, prendre de Lui.

D. n'a qu'une envie : nous combler de bénédictions, mais pour ne pas qu'on ressente un goût de honte à tout recevoir gratuitement ("pain de la honte"), il fait comme s'Il a besoin qu'on lui fasse quelque chose (alors que par définition D. n'a aucun manque).

De notre côté, nous sommes tout content d'avoir pu Lui rendre service, et acceptons alors plus facilement l'énorme récompense qu'il nous octroie.

=> La Torah n'est pas une liste "d'exigences" de D., qui serait une série de punitions, mais c'est en réalité l'unique façon d'agir dans ce monde pour générer des pluies de bénédictions sur nous.
Il n'y a rien de plus rentable que de se donner pour Hachem, car pour chaque petite action, il en découle des retombées phénoménales et éternelles.

La génération de la connaissance (dor déa) a vu que c'était une affaire en or, et s'est exclamé : "Nous ferons et nous comprendrons!"

[quoique nous puissions donner à D., Il nous rendra tellement plus, qu'au final, c'est forcément nous qui "prenons"!!]

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-> Les dernières lettres de "Véyik'hou li térouma" (qu’ils prennent pour Moi un offrande - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה) ont une valeur numérique de 21, comme le nom de Hachem : "Ehyé" (אֶהְיֶה), dans lequel Israël est inclus et qui se réfère toujours au lien et à la proximité entre le peuple et D. : "Je serai (eyé) avec eux" (Or Ha’haïm haKadoch - Chemot 3,14).
Les lettres de ce nom ont la même valeur que les initiales des noms des trois patriarches Avraham, Its'hak et Yaakov, qui sont à l’origine du lien entre le peuple d’Israël et Hachem, et qui eux-mêmes Lui étaient unis et attachés en s’effaçant totalement devant Lui.
[rav David Pinto - La voie à suivre n°662]

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-> "Dis aux Bné Israël qu’ils Me prélèvent une offrande (térouma - תְּרוּמָה) de la part de quiconque y sera porté par son cœur. Vous recevrez mon offrande" (Térouma 25,2)

-> Le Baal Hatourim fait remarquer que le mot תְּרוּמָה (Térouma) est formé des lettres "Torah mem" (תורה מ), allusion à la Torah qui a été donnée à Moché au bout de 40 jours. [ce qui est le temps de la formation de l’embryon : la lettre mem ayant la valeur numérique de 40].
Or, à propos de l’apprentissage de la Torah de Moché, la guémara (Nédarim 38b) enseigne : "Au début Moché apprenait la Torah et l’oubliait, jusqu’à qu’elle lui soit offerte comme un cadeau". Ainsi, l’effort et la fatigue dans l’étude ont donné à Moché le mérite de recevoir en cadeau du Ciel la Torah.
Cette capacité est livrée à chaque juif (car porteur en lui d’une étincelle de Moché Rabbénou), ainsi est-il en mesure, grâce à la fatigue dans l’étude, de recevoir en don du Ciel sa part de Torah, celle-ci ayant déjà été donnée (du moins globalement) à Moché, comme l’enseigne le Midrach (Vayikra rabba 22,1) : "Tout ce qu’un sage assidu va innover dans la Torah ('hidouchim) a déjà été donné à Moché au Mont Sinaï".

C’est le sens caché du verset de notre paracha :
- "Dis aux Bné Israël qu’ils Me prélèvent une offrande (térouma)" = la Torah donnée en cadeau à Moché à la fin des 40 jours sur le Mont Sinaï ;
- "de la part de quiconque y sera porté par son cœur" = Celui qui étudie avec effort et fatigue pour révéler sa part de Torah qui lui incombe.
- "vous recevrez mon offrande" = alors, il recevra de la part d’Hachem, comme ce fut le cas pour Moché, sa portion de Thora en cadeau (pure et authentique).

Dans les dernières générations, les juifs dévoileront la dimension la plus élevée de la Torah : la "50e Porte de l’Intelligence", à laquelle, même Moché, en son temps, n’a pas eu accès (si ce n’est le dernier jour de sa vie), comme il est dit (guémara Nédarim 38a) : "Cinquante Porte de l’Intelligence furent créées, et toutes sauf une ont été données à Moché, car il est écrit: ‘Tu l’as fait de peu inférieur aux êtres divins’ (Téhilim 8, 6)".
En ce sens, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Chémot 3,8) commente : "Sache, que les Bné Israël ont pu atteindre par l’intermédiaire de Moché les 49 Portes de l’Intelligence, et la raison pour laquelle il n’ont pas atteint la 50e Porte, provient du fait que les Bné Israël n’ont pas été plongés dans la 50e Porte de l’impureté, et qu’il n’ont pas eu à la purifier en sortant d’Egypte. Le fait que les Bné Israël ne soient pas entrés dans la 50e Porte de l’impureté, a entrainé qu’ils n’ont pas pu atteindre la 50e Porte de l’Intelligence.
Mais, Hachem nous a promis qu’à la fin des Temps, les juifs entreront dans la 50e Porte de l’impureté et qu’ils pourront grâce à cela, atteindre la 50e Porte de l’Intelligence.
Les Bné Israël en Egypte n’auraient pas pu survivre à la 50e Porte de l’impureté du fait qu’ils n’avaient pas encore reçu la Torah. Mais la génération du Machia’h ne sera pas mise en danger dans l’immersion de la 50e Porte de l’impureté puisqu’ils seront les enfants de la Torah".
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles - n°114]

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-> "Parle aux Bné Israël : qu'ils prennent pour Moi un prélèvement de tout homme" (Térouma 25,2)

-> Le Zohar (Térouma 134b) explique le verset : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" = le terme "prélèvement" (térouma) fait allusion à la mitsva de la lecture du Shéma Israël du soir et du matin.

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"Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils prennent pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni 364) dit que c'est une mitsva qui s'applique pour l'éternité.

=> Qu'est-ce que ça signifie? Comment comprendre qu'une mitsva dépendante du Michkan, puisse continuer à être réalisée une fois celui-ci disparu?

-> Le Divré Yoël répond que ce verset fait allusion à la Torah.
De même que le Michkan a été construit afin d'avoir la présence divine qui y réside dedans, de même une personne peut avoir la présence divine qui repose en elle par le biais de son étude de la Torah.
Pour cette raison, le verset dit : "qu'ils prennent" et non pas : "qu'ils donnent", car "prendre" a une connotation d'obtenir quelque chose grâce à des efforts, et l'unique façon d'acquérir la Torah est de s'y investir pleinement.
C'est la mitsva qui s'applique pour l'éternité : mettre des efforts dans l'étude de la Torah, et grâce à cela recevoir la présence divine.
[Divre Yoël]

-> "Ils me construiront un sanctuaire pour que je réside au milieu d'eux (Térouma 25,2)
Rabbi Mendel de Kotzk explique : "Tout homme doit ménager dans son être un espace de sainteté où la Présence Divine puisse s'installer".
[Hachem se trouve partout où on le laisse rentrer. Ainsi, une personne orgueilleuse, centrée sur son "moi je veux, moi je suis ..", alors elle ne laisse plus de place à Hachem.
(de même lorsque par nos actions [contraires à la Torah] on met de l'impureté, on salit notre intériorité spirituelle d'ordures, alors D. ne peut pas vraiment s'installer en nous! (ça sent mauvais, c'est sale!))]

-> "Depuis le jour où le Temple a été détruit, la seule chose que Hachem a dans ce monde est les 4 amot de la Halakha" (guémara Béra'hot 8a)
C'est ainsi que dans les périodes où nous n'avons pas le mérite d'avoir le Temple, il existe toujours un moyen pour bénéficier que la présence divine se repose sur ce monde : c'est par le biais de la Torah.
[le Béér Moché]

-> Selon le midrach (Chémot rabba 33,1), le verset : "qu’ils prennent pour Moi un prélèvement" correspond à ce qui est écrit : "C'est un bel enseignement (léka'h tov) que Je vous donne (natati) : n'abandonnez pas ma Torah (Torati)" (Michlé 4,2).
=> d'une certaine façon se donner à la Torah, c'est comme donner au Michkan, puisque dans les 2 cas la résultante est de permettre à Hachem de reposer sur nous!

-> Le mot: "Térouma" (תרומה - un prélèvement/une offrande), contient les mêmes lettres que : תרוה מ (Torah mém) = la Torah a été donnée en 40 jours (guématria du mèm).
Pourquoi Hachem a-t-il donné la Torah à Moché pendant une période de 40 jours? Il aurait pu le faire en une seule journée!

Le Sifté Cohen répond que c'est afin que nous puissions apprendre de l'effort phénoménal que Moché a déployé pour recevoir la Torah (au Ciel, pendant 40 jours et 40 nuits non stop, de toutes ses capacités!).
La guémara (Nédarim 38a) déclare : "Durant 40 jours, Moché a étudié la Torah et ensuite il l'a oublié, jusqu'à ce que finalement Hachem la lui donne comme cadeau".

[léka'h tov = Le mot "léka'h" est relatif au fait de "prendre" (léki'ha)
La guémara (Avoda Zara 19b) enseigne : "Il n’y a pas de bien (tov), si ce n’est la Torah" (én tov ella Torah)
=> il en découle : "ki léka'h tov" = si tu prendras beaucoup de Torah (en y travaillant durement), alors : "natati" (Je vous donne) = alors Hachem te donnera la Torah en cadeau, comme Il a pu la donner à Moché.]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°352) enseigne :
Hachem demande une offrande aux Bné Israël : "qu’ils Me prennent une offrande".
Le Créateur les appelle par un langage affectueux et leur dit : Je vous en prie, sachez qu’après 120 ans vous ne prendrez avec vous que l’offrande, "térouma", formée des lettres du mot Torah et de mem (valeur numérique : 40), la Torah qui a été donnée en 40 jours (guémara Mena’hot 43b), et aussi cette mitsva de tsédaka avec le reste des mitsvot de la Torah.
C’est cela seulement que vous prendrez avec vous. C’est pourquoi aujourd’hui, c’est maintenant le moment de rassembler et de ramasser encore plus de mérites pour cette mitsva, car elle vous soutiendra pour l’éternité ...

Nous pouvons dire par allusion que les mots : "li lichmi" (Pour Moi, en Mon Nom - לִי לִשְׁמִי - Rachi sur : "véyik'hou li térouma" v.25,2) forment les initiales de : Lekakhtam Youkhal Leolam Chekoulo Metoukan Yafé (Il pourra les prendre dans le monde qui est entièrement parfait).
Car c’est seulement la Torah et les mitsvot qui accompagnent l’homme dans le monde à venir, et par lesquelles il pourra se relier au Créateur.

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"Ils prendront pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi explique que les termes : "pour Moi" indiquent que les dons pour le Michkan (Tabernacle) devaient être apportés "pour Mon Nom", avec une intention pure de faire la Volonté d'Hachem uniquement, sans intérêt personnel.
Une telle intention n'est pas exigée pour les autres Mitsvot. Pourquoi était-elle donc nécessaire pour les dons que le peuple apportait pour fabriquer le Michkan?

Nos Sages enseignent que le Michkan venait contribuer à l'expiation du veau d'or, faute liée à l'idolâtrie.
Or, nos Sages disent que si quelqu'un a des pensées de transgresser un commandement, cela n'est pas considéré comme une faute en soi, et ce à l'exception de l'idolâtrie où la pensée est déjà une faute.

=> Ainsi, puisque le Michkan venait expier le Veau d'or, il fallait également que les pensées et les intentions du peuple dans les prélèvements pour sa fabrication soient pures, pour prendre le contre-pied et expier les pensées
d'idolâtrie concernant le Veau d'or, qui étaient déjà une faute qu'il fallait réparer.
[Chaaré Sim'ha]

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-> "De tout homme poussé par la générosité de son cœur, vous prendrez Mon offrande" (Térouma 25,2)

Il est dit (‘Hagaï 2): "A Moi est l’or et à Moi est l’argent, parole de Hachem".
En réalité, l’homme n’offre pas ce qui lui appartient, car l’argent n’est pas à lui. Qu’est-ce que l’homme peut tout de même donner qui est à lui?
C’est la bonne volonté, la générosité du cœur au moment où il donne. C’est pourquoi celui qui donne par obligation, sans que son cœur soit d’accord avec sa main au moment du don, ne donne en réalité rien du tout!
En effet l’argent, comme nous l’avons dit, n’est pas à lui, et il n’a pas non plus la volonté de donner ...

C’est pourquoi le verset dit: "De tout homme porté par la générosité de son cœur", c’est seulement de celui qui donne de bon cœur que "vous prendrez Mon offrande", de lui vous prendrez quelque chose, sa générosité.
Mais de ceux qui donnent avec hésitation, on ne prend rien.
['Hatam Sofer - Torat Moché]

[d'une certaine façon on peut étendre cela à toutes les mitsvot. Hachem nous donne la vie, la santé, ... et de notre côté nous devons principalement y investir le cœur, les émotions : la joie, le zélé, ... ]

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-> Moché demande aux juifs d’apporter des prélèvements pour la fabrication du Michkan. Ces prélèvements devaient être offerts "de bon cœur" (Térouma 25,2). Cela est étonnant. Toutes les mitsvot sont des ordres que le peuple doit respecter, et il doit le faire même contre son gré.
=> Ainsi, pourquoi ces prélèvements ne leur ont-ils pas aussi été imposés? Pourquoi devaient-ils venir de la bonne volonté de chacun?
Parmi ces prélèvements, les derniers à être cités sont les pierres précieuses. Puisque ces pierres sont les dons qui avaient le plus de valeur, pourquoi sont-elles citées en dernier?

Pour répondre à ces questions, il faut se demander comment le Michkan pourra-t-il contenir la Présence Divine? Hachem n’est absolument pas matériel. Ainsi comment Sa Présence peut-elle résider dans une construction physique et matérielle?
En fait, quand la Torah exprime la mitsva de construire le Michkan, elle dit : "Ils Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux" (Térouma 25,8).
Les commentateurs s’interrogent. En effet, le verset aurait plutôt dû dire : "Je résiderai en lui", c’est-à-dire dans le sanctuaire.
C’est que la Torah veut enseigner qu’Hachem fera reposer Sa Présence parmi tous les juifs, "en eux". Mais si Hachem souhaite résider au sein de tous les juifs, quel est alors le rôle du sanctuaire?

Nos Sages enseignent qu’Hachem aime le cœur. Il apprécie particulièrement les bonnes intentions et les bonnes volontés de chacun.
Ainsi, Hachem ne trouve pas de meilleur endroit pour résider que dans le "bon cœur" de chacun. Plus on accomplit une mitsva avec bonne volonté, et plus la Présence Divine qui résidera dans cet acte sera importante.

Quand Hachem a demandé au peuple de construire un Sanctuaire pour y résider, il fallait donc impérativement pour cela que chacun donne les prélèvements pour cette construction avec bon cœur, et surtout pas sous la contrainte. Car c’était justement dans ces bonnes intentions et dans l’amour que chacun a investi en apportant ces dons, qu’Hachem allait résider. Ce n’est pas dans les matériaux à proprement dits qu’Hachem résidera, car Il n’est pas matériel, mais plutôt dans les pieux sentiments qui les imprègnent, parce qu’ils ont été donnés avec amour.

"Ils Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux " = dans le cœur de chacun, qui se trouve présent dans ce Sanctuaire, parce qu’il a été conçu avec le cœur et la générosité de chacun.
D’après ce principe, plus un matériau a été donné avec cœur, et plus il pourra être apte à attirer la Présence Divine.
C’est pour cela que la Torah dira, dans la paracha de Vayakél, que Bétsalel et Aholiav, les constructeurs du Michkan, sont des "penseurs de pensées". Cela signifie qu’ils devront connaître les intentions et les pensées de chacun. Car plus ils constateront que tel matériau a été donné avec des bonnes pensées et un bon cœur, et plus ils sauront qu’il devra servir à fabriquer les éléments les plus saints.
La sainteté de chaque don dépendra de l’intention avec laquelle il a été donné.

La Torah dira aussi dans Vayakél, que ce sont les chefs de tribu qui offrirent les pierres précieuses. Et nos Sages d’expliquer qu’ils se dirent : "Que chacun apporte sa contribution, et ce qui manque, nous le compléteront".
Quand tout fut apporté, il ne leur restait à offrir que les pierres précieuses. Ainsi, ces pierres précieuses ont été offertes par les chefs de tribu, avec une certaine nonchalance. Ils ne se sont pas empressés pour les offrir, mais les laissèrent pour la fin. Ainsi, ce manque de bonne volonté et de zèle qui caractérisait ces bijoux, entraîna que la sainteté et la Présence Divine qui les imprégnaient furent aussi déficientes.
Ce manque d’empressement et d’amour provoqua un manque de sainteté. C’est pourquoi, même si ces pierres avaient le plus de valeur au niveau financier. Mais ce qui comptait le plus dans le Michkan, c’était la bonne volonté (cette "générosité du cœur") et rien d’autre. Et ces pierres en manquaient dans une certaines mesures, par rapport aux autres dons. Elles furent donc citées en dernier. Car ce qu’Hachem recherche le plus, c’est le cœur et c’est dans le cœur et les bonnes volontés qu’Il réside.
[d'après le rav Mikaël Mouyal]

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+ La paresse se cache derrière tous nos justificatifs :

-> Au début de la paracha Térouma, Moché Rabbénou reçoit l’ordre Divin de demander au peuple d’apporter les matériaux bruts nécessaires à la construction du Michkan : "Et voici l’offrande que vous prendrez d’eux : or, argent et cuivre ; étoffes d’azur, de pourpre, d’écarlate, de fin lin et de poil de chèvre ; peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tahach et bois d’acacia ; huile pour le luminaire, aromates pour l’huile d’onction et pour la combustion des encens ; pierres de choham et pierres à enchâsser, pour l’Éphod et pour le Pectoral." (Térouma 25,3-7)

-> Le Ohr Ha’Haïm haKadoch note que l’ordre des matériaux mentionnés est difficile à comprendre : la pierre de choham et les "pierres à enchâsser" sont les plus précieuses de tous les éléments de la liste, elles auraient logiquement dû être placées en première position. Il répond en rapportant un midrach qui nous apprend le contexte de l’apport des pierres précieuses.
Elles étaient fournies par les nessiim (les princes) après que tout le reste ait été donné. Les nessiim avaient initialement prévu d’attendre que tout le monde apporte sa contribution à la construction du Michkan, et ils voulaient se charger de procurer ce qu’il manquerait. Mais leur projet échoua quand le peuple, dans son grand enthousiasme, donna tout ce qui était nécessaire, à l’exception des pierres précieuses.
Le midrach ajoute qu’Hachem était mécontent, parce qu’ils tardèrent à apporter leur contribution à la construction du Michkan. En "punition", le youd de leur nom fut effacé à un endroit de la Thora.

Le Or Ha’Haïm haKadoch explique que puisque le don des pierres précieuses était lié à une erreur, elles sont mentionnées en fin de liste des matériaux offerts pour le Michkan. Malgré leur grande valeur monétaire, la faille spirituelle qui entraîna le don des nessiim les place à un moindre niveau que tous les autres matériaux apportés.
[ce Ohr ha'Haïm a aussi permis de développer la notion de : la primauté de nos efforts, sur nos résultats : http://todahm.com/2014/02/23/1090-2 ]

-> Le rav ‘Haïm Chmoulewitz souligne qu’il nous faut encore comprendre pourquoi Hachem était insatisfait du comportement des nessiim. Le raisonnement qui expliqua le retard de leur contribution semble très cohérent, pourquoi furent-ils punis pour une "erreur de calcul" apparemment innocente?
[cela pourrait même ressembler à une bonne action : on se retient de donner immédiatement pour que tous les autres juifs puissent donner au maximum.]

Il répond en rapportant le commentaire de Rachi (Vayakel 35,27) concernant leur punition : "Parce qu’ils firent originellement preuve de paresse, ils perdirent un "youd" dans leur nom".
Rachi nous révèle que la véritable raison de leur retard était leur paresse. Leur justification qui semblait tout à fait valable dissimulait une certaine fainéantise.

-> Le Messilat Yécharim développe longuement ce trait de caractère qui empêche la personne de remplir correctement ses obligations. Il écrit : "Nous voyons de nos propres yeux, à maintes reprises, qu’un homme peut être conscient de ses devoirs, et il sait clairement ce qui est nécessaire pour le bien-être de son âme ... pourtant il s’affaiblit [dans sa Avoda], non pas par manque de conscience ou pour une autre raison, mais à cause de la forte paresse qui prend le dessus."

Il ajoute que le grand danger de ce défaut est de réussir à trouver plusieurs "motifs" justifiant son inactivité.
Il écrit (fin du 6e chapitre) : "Le paresseux va prouver par de nombreuses citations des Sages, des versets de la Bible, et des arguments "logiques", qu’il peut alléger son fardeau, sans réaliser que ces considérations proviennent de sa paresse et non d’une réflexion mûre et rationnelle."
Ainsi, lorsque nous sommes confrontés à un choix, nous ne devons pas nous hâter de choisir l’option la plus facile, parce que cette décision découle très probablement de notre paresse.

Le Messilat Yécharim nous enseigne que même le plus "valable" des arguments peut être un voile dissimulant les désirs de la personne qui ne veut pas agir.

-> Le yétser hara de l’oisiveté est si malin et astucieux qu’il peut prendre la forme de la plus admirable des qualités, en particulier la modestie.
Le rav Moché Feinstein (Darach Moché - Nitsavim) parle d’une forte tendance qu’ont certaines personnes à se sous-estimer en prétendant qu’elles sont très peu talentueuses et qu’elles ne pourront jamais atteindre de hauts niveaux. Il écrit que ce genre d’humilité émane en réalité du yétser hara. Cette attitude provient de la paresse, qui est en fait la manifestation d’un désir de confort.

=> Nous apprenons de l’épisode des nessiim que l’élément qui nous empêche le plus de réaliser notre potentiel est le désir de commodité/confort qui découle de la paresse. Celui-ci nous incite à alléguer plusieurs "raisons" qui justifient le fait que nous ne progressons pas comme nous le pourrions.
Or, le Messilat Yécharim nous enseigne qu’il nous faut reconnaître que ces excuses sont très souvent une simple ruse du yétser ara et qu’il faut la repousser et persévérer dans nos efforts pour grandir et agir.

[comme on le voit dans le verset ci-dessus, on a beau être des pierres précieuses, mais à cause d'une paresse sous-jacente on peut en venir à être cités tout à la fin, considérés comme moins de valeur, et tout cela parce qu'on aura moins bien combattu notre paresse naturelle.
Cela est également en lien avec ce qu'on a pu voir précédemment : ce qui donne toute notre valeur ce ne sont pas les capacités que nous avons, mais plutôt le fait de donner tout notre cœur à Hachem, et cela se manifeste par notre capacité à briser notre tendance à la paresse. Lorsqu'on aime vraiment Hachem, qu'on a envie de Lui faire plaisir par nos actions, qu'on a envie d'être proche de Lui par notre comportement, alors on est dynamique, et la paresse n'est pas une option qui peut exister tellement on est en mouvement vers Hachem, qui alors en parallèle réside en nous. ]

-> b'h, voir également : La paresse & la nonchalance : un grand défaut (par rabbi Nissim Yaguen) : http://todahm.com/2021/09/10/la-paresse-la-nonchalance-un-grand-defaut

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-> "Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et airain" (v.25,3)
Rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma’h) affirme que Hachem accorde la richesse à l’homme uniquement afin qu’il l’emploie pour observer les mitsvot.

La source de cette idée se trouve dans le midrach : "Rabbi Chimon ben Lakich dit : le monde ne méritait pas d’utiliser l’or. Pourquoi donc a-t-il été créé? Pour le tabernacle et le Temple, comme le prouvent les versets “l’or de ce pays-là est bon (tov)” (Béréchit 2, 12) et “cette belle (tov) montagne et le Liban” (Dévarim 3, 25), expression se référant au Temple."

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-> Pourquoi ne dit-on pas de bénédiction sur la mitsva de donner?

Le rabbi de Riminov répond : Parce qu’une bénédiction, il faut la dire de tout son cœur, avec joie. Et en général, on ne donne pas la tsédaka avec un désir et une joie véritables.

Le rabbi Bounam de Peschis’ha répond : S’il fallait dire une bénédiction avant de donner la tsédaka, on commencerait par toutes sortes de préparatifs entraînant un retard, comme de se laver les mains, de dire LeChem yi’houd et ainsi de suite, jusqu’à ce que le pauvre ait déjà le temps de mourir de faim.

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"Ils prendront pour Moi une offrande" (Térouma 25,2)

-> La superficie du Michkan était de 100 amot sur 50 amot, c'est-à-dire 5 000 amot carrées.
Cette superficie était 1/50e de celle du mont du Temple, qui faisait 500 amot sur 500 amot, c'est-à-dire 250 000 amot carrées.

=> C'est pour cette raison que le Baal haTourim explique que Hachem dit : "Ils prendront pour Moi une offrande (térouma)".
En effet, comme la "térouma guédola qui est de 1/50e en moyenne, le Michkan faisait 1/50e du mont du Temple.

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-> L’ouvrage Oumatok Haor fait remarquer que les mots "vayik'rou li térouma" (qu'ils prennent pour Moi un prélèvement - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2) ont une valeur numérique de 821, ce qui est équivalent à celle des 3 termes suivants : "chéfa, bérakha, véats'lakha" (abondance, bénédiction et réussite - שפע ברכה והצלחה).
En d’autres termes, l’homme qui dispense généreusement son argent aux nécessiteux mérite que se déverse sur lui une profusion de bénédictions et jouit de la réussite.

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-> Le Baal haTourim note sur le verset : "chacun donnera le rachat de sa personne" (Ki Tissa 30,12), que le terme : vénatnou (ונתנו – traduit ici par "donnera") se lit identiquement de droite à gauche et de gauche à droite, pour souligner que tout ce que l’homme donne à la tsédaka lui sera restitué, et qu’il ne perdra absolument rien.

-> Si nous appliquons la règle du At-bach (faire correspondre à une lettre, celle qui lui est symétriquement opposée dans l'alphabet) au mot : tsédaka (צדקה), nous retrouvons le mot : tsédaka (צדקה).

-> Le Ben Ich 'Haï, nous explique d'après la guémara : "Celui qui veut conserver son argent doit s'en démunir" = c'est-à-dire que tout celui qui veut assurer son capital, devra donner de la tsédaka.

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï enseigne dans le Zohar (Térouma) : lorsqu'un homme donne de la tsédaka à un pauvre, il s'insuffle de la vie à lui-même et le Créateur lui accordera de très grandes bontés dans ce monde ici-bas.

-> Le Arizal explique que la mitsva de tsédaka est des plus "visibles" dans le sens où la répercussion de celle-ci se perçoit sur le visage de l'homme. La mitsva de tsédaka étant un acte extérieur, contrairement à la mitsva "d'aimer Hachem" qui est un acte intérieur, lorsque l'homme s'habitue à donner aux pauvres, une lumière unique vient éclairer son visage, car l'habitude des hommes et de dévoiler leur visage au monde extérieur. Ainsi, c'est le visage qui bénéficiera de cette lumière spéciale.

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