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"Ne prends de lui ni usure ni intérêt" (Béhar 25,36)

-> Selon la guémara (Yérouchalmi Baba Métsia 5,8), celui qui perçoit des intérêts est considéré comme ayant nié l'existence de Hachem.

-> Pourquoi cela est-il puni aussi fortement par rapport aux autres interdictions?

Le rav Zalman Sorotzkin explique que le temps est le bien le plus précieux de l'homme.
Ainsi, on se doit de chérir chaque minute, en s'assurant de l'utiliser au mieux.
Un moment perdu étant la plus grande perte possible de la vie, nous devons en prendre le deuil de ce "temps perdu" (qui est une sorte de suicide personnel : j'ai tué une partie de moi, de ma vie!).

["Il n’y a pas de perte pire, que la perte de temps" (Midrach Shmouel – Avot 5,23)]

Cependant, l'usurier (qui prête avec intérêts) se réjouit de la perte du temps, car il a conscience que ses profits matériels augmentent chaque jour qui passe.

Cette attitude est considérée comme contraire à la vision juive, c'est semblable à de l'hérésie, ce qui explique pourquoi c'est aussi gravement sanctionné par la Torah.

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"Ton argent ne lui donne pas en usure et avec intérêt ne donne pas ta nourriture. Je suis Hachem, votre D., Qui vous ai faits sortir de la terre d'Egypte" (Béhar 25,37-38)

-> Pourquoi la Torah juxtapose l’interdit de prêter à intérêt du fait de craindre Hachem?

Hachem, dans Sa grande bonté, est patient avec l’homme et ne le punit pas comme la rigueur l’exigerait.
Néanmoins, Hachem se comporte avec l’homme mesure pour mesure. Ainsi, si un homme prêterait à intérêt et demanderait à son emprunteur de payer plus que ce qu’il doit, alors Hachem Lui aussi se comportera à l’identique avec lui. Il lui fera payer ses fautes plus que ce qu’Il souhaitait le faire au départ dans Sa Bonté.
Ainsi, Hachem le punira avec bien plus de rigueur.

=> Pour cela, l’homme devrait redouter de prêter avec des intérêts, de crainte qu’Hachem aussi lui fasse payer ses fautes avec bien plus de rigueur qu’en temps normal.
[le Maharitz - rav Yossef Tsvi Doushinsky]

-> autre formulation de cet enseignement du rav Doushinsky :
Tout ce que l'homme possède, lui vient d'Hachem. Mais tout ce que nous avons, Il nous le donne en tant que prêt, qui appelle à être remboursé. Quand un homme reconnaît pleinement que c'est Hachem Qui lui donne tout et qu'il en éprouve une profonde reconnaissance qui le conduit à Le remercier de tout son coeur et Le servir du mieux qu'il peut en accomplissant les mitsvot de toutes ses forces, c'est de cette façon qu'il s'acquitte de sa dette.
Mais évidemment, compte tenu de l'importance et de l'abondance des Bontés Divines, jamais un homme ne pourra s'acquitter même d'un millième de sa dette, malgré tout son Service Divin. Mais Hachem dans Sa Miséricorde se suffit des efforts que l'homme fait pour Le servir et n'exige pas le remboursement total, sinon l'homme ne pourra jamais s'en acquitter.
Mais, comme nous le savons, Hachem se comporte avec l'homme mesure pour mesure. Quand un homme prête de l'argent à son prochain, s'il ne se contente pas d'être remboursé de la dette seule mais qu'il prend des intérêts, il s'expose alors à ce qu'Hachem Lui-aussi se montre strict quant au remboursement de Sa dette et qu'Il prenne même aussi des intérêts sur ce qu'Il lui confie. Evidemment, l'homme se trouverait alors dans une situation impossible.
Une personne qui craint Hachem et redoute que Lui aussi se montre sévère quant au remboursement de Sa dette, se gardera donc très scrupuleusement de ne pas prêter à intérêt.

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-> A partir de ce verset, nos Sages affirment que celui qui prête à intérêt, c’est comme s’il reniait la sortie d’Egypte. Pourquoi cela? Quel en est le lien?

Bien qu’Hachem annonça à Avraham la servitude de ses descendants, malgré tout les égyptiens furent grandement punis de les avoir opprimé. Mais pourtant ils étaient forcés d’asservir les juifs de par ce Décret Divin.
L’une des raisons est qu’ils ont fait souffrir les juifs plus que ce qu’ils devaient, et c’est sur ce surplus qu’ils furent punis.

Celui qui prête à intérêt pense qu’il est permis d’ajouter un surplus à la dette.
Pour lui, les égyptiens n’ont donc pas fauté en ajoutant un surplus à l’oppression des Juifs, et ils n’auraient donc pas dû être punis.
=> Cet homme en vient donc à devoir nier la sortie d’Egypte où les égyptiens furent punis.
[Rabbi Aharon Levine - haDrach véha'Iyoun]

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-> Pour expliquer le rapport entre l’interdiction de prendre des intérêts et la sortie d’Egypte, rabbi David Pinto (Pa’had David) explique :
"Quand quelqu’un prête de l’argent à intérêt, il s’attaque à la foi en Hachem, car il montre que Hachem n’a pas la force de lui envoyer Ses bienfaits, c’est pourquoi il prend des intérêts.
Il lèse aussi l’unité des juifs, car il ne tient pas compte du fait que les juifs sont responsables les uns des autres et qu’il faut aider le prochain, et il lui prend trop d’argent et lui rend la vie difficile.
De plus, il porte atteinte à l’alliance de la circoncision (brit), car le mot ribit (intérêts) est formé des mêmes lettres que brit, et la circoncision est l’un des signes grâce auxquels les bnei Israël ont été délivrés de l’Egypte.
Par conséquent celui qui prête à intérêt porte atteinte à la foi, à l’unité et à la circoncision, donc à la sortie d’Egypte, et c’est cela le rapport entre l’interdiction du prêt à intérêt et la sortie d’Egypte."

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-> "Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit. Je suis Hachem votre D., qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour vous donner celui de Canaan, pour devenir votre D." (Béhar 25,37-38)

=> Quel lien relie l’interdiction de prêter à intérêt et la Sortie d’Egypte?

On peut citer :
1°/ "[Moi] qui ai su déceler le premier-né de celui qui ne l’était pas, je saurai aussi punir celui qui prête à intérêt à un juif en prétendant qu’il s’agit de l’argent appartenant à un païen". [Rachi]

2°/ Il est possible qu’un homme soit contrarié de devoir prêter sans aucun bénéfice l’argent qu’il a gagné à la sueur de son front. Cependant, il lui faut réfléchir: si quelqu’un lui offrait une grosse somme d’argent à condition qu’il la prête sans intérêt à l’un de ses fils au moment où il en aurait besoin, il accepterait de bon gré et n’y verrait aucun inconvénient. D. nous a fait sortir d’Egypte et nous a donné Son argent et Son or à condition que nous le prêtions sans intérêt à nos prochains. Pourquoi cela nous contrarierait-il?
Aussi, celui qui tient à toucher des intérêts lorsqu’il prête de l’argent renie nécessairement la Sortie d’Egypte et tous les bienfaits dont D. a gratifié Son Peuple. [Ktav Sofer]

3°/ Les Richonim posent la question : pourquoi les égyptiens ont-ils été punis d’avoir fait souffrir les Bné Israël?
Le décret était issu de D-ieu qui avait annoncé : "Ils les asserviront et les feront souffrir pendant 400 an".
Le Raavad répond que la faute des égyptiens tient à ce qu’ils ont asservi les Bné Israël avec dureté alors que le décret voulait que les Bné Israël soient simplement asservis. [voir Rambam - Hilkhot Téchouva 4]
Les égyptiens ont donc pris des intérêts aux Bné Israël : ils ont récolté leur dû (en les asservissant selon le Décret divin) mais ils ont ajouté les souffrances. Par conséquent, quiconque touche des intérêts transgresse le Commandement interdisant le prêt à intérêt et renie la Sortie d’Egypte. Il montre que, selon lui, les Egyptiens n’ont rien fait de mal et ne méritaient pas de punition. [Hadrach véa'Iyoun]

4°/ Le midrach [Sifra] enseigne : "‘Je suis Hachem votre D., qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte‘ = c’est à cette condition que Je vous ai fait sortir du pays d’Égypte (que vous preniez sur vous la mitsva négative de ne pas prêter à intérêt - Ribiit). Car tous ceux qui reconnaissent la mitsva de Ribiit reconnaissent la Sortie d’Égypte, et tous ceux qui nient la mitsva de Ribiit, c’est comme s’ils niaient la Sortie d’Égypte".
[ le Torat Cohanim (Béhar) affirme : "Quand Hachem fit sortir le peuple juif d’Égypte, Il dit : "Je vous libère à condition que vous ne prêtiez pas intérêt"." ]
=> Pourquoi notre libération d’Egypte a-t-elle été soumise à cette condition?
Le Noda biYéhouda (Ahavat Tsion) fournit la réponse suivante : le but de la Sortie d’Egypte était de conduire le peuple juif en Terre d’Israël, et de lui procurer la protection et de lui permettre d’acquérir la vie du Monde futur (par l’accomplissement des mitsvot dont la majorité ne peut se réaliser qu’en Terre sainte).
Par ailleurs, la guémara (Kétoubot 111a) stipule que ceux décédés hors de la Terre d’Israël seront ramenés à la vie par un roulement de leurs os, les acheminant jusqu’en Terre sainte. Or, nos Sages (midrach Chémot Raba 31) enseignent que ceux qui prêtent à intérêt ne seront pas ramenés à la vie lors de la Résurrections des Morts. Cela signifie que leur sortie d’Egypte par Hachem et leur venue en Terre d’Israël étaient dépourvus de sens du fait que l’accès à la vie du Monde futur (le Monde de la Résurrection) leur sera refusé.
Nous comprenons, du coup, pourquoi D. a soumis notre libération d’Egypte à la condition de respecter la mitsva du Ribiit.

[ La guémara (Kétoubot 111a) affirme que celui qui ne meurt pas en Erets Israël souffrira lors de la résurrection des morts, parce qu’il devra rouler jusqu’à la Terre sainte, depuis son lieu de sépulture. C’est la raison pour laquelle Yaakov insista pour être enterré en terre d'Israël.
Tout ceci s’applique pour celui qui est digne de résurrection, mais pas pour celui qui prête avec intérêt. De ce fait, ce dernier n’a pas de raison de sortir d’Égypte et d’entrer en terre d'Israël, puisqu’il ne méritera pas de revivre, de toutes les façons. ]

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"Ne lui prends pas [d'intérêt] d'avance ni d'intérêt accru. Crains ton D. et que ton frère vive avec toi.
Ne lui fais pas payer d'intérêt d'avance pour ton argent et ne lui donne pas d'aliment pour lequel il devra payer un intérêt accru.
Je suis Hachem, votre D., qui vous a fait sortir d'Egypte afin de vous donner le pays de Canaan, [et] d'être pour vous un D." (Béhar 25,36-38)

-> En hébreu, l'intérêt est appelé : néché'h (נֶשֶׁךְ), de la racine : na'hach, signifiant une morsure venimeuse.
[le Kli Yakar dit que la racine : néché'h, est en connotation avec : néchi'ha (morsure), puisque l'emprunteur voit ses biens mordus par les intérêts pris. ]
En effet, lorsqu'un serpent mord un homme au talon, le venin ne le tue pas immédiatement.
L'homme mordu ne meurt que lorsque le poison atteint sa tête.
Ainsi, en est-il de l'intérêt : un homme qui paie un agio n'en ressent pas le mal immédiatement. Mais peu à peu, il perd son argent et reste sans un sou.
[...]

Si un homme prête de l'argent à un juif, c'est comme s'il niait Hachem et la sortie d'Egypte.
C'est pourquoi Hachem termine cette section en disant : "Je suis Hachem, votre D., qui vous a fait sortir d'Egypte".
Ceci signifie : "Quiconque prête de l'argent sans exiger d'intérêt accepte sur lui le joug du royaume céleste. Il accepte Hachem comme Maître et croit en la sortie d'Egypte."
[...]

La Torah dit : "Tu prendras un intérêt d'un étranger mais tu ne prendras pas d'intérêt de ton frère" (Dévarim 23,21).
Les non-juifs ne croient pas que Hachem surveille le monde ; ils attribuent tout événements à des causes naturelles. Ainsi, il est permis de leur prêter de l'argent à intérêt car cela cadre avec leurs croyances erronées.
Par contre, ton frère juif croit en la providence Divine ; ne lui prends pas d'intérêts.

Lorsque l'homme est jugé dans l'autre monde, certains anges se font ses avocats et d'autres, ses accusateurs.
L'homme coupable d'avoir prêté de l'argent à intérêt ne trouvera aucun avocat.

La punition pour cette faute figure parmi les plus sévères : le coupable ne revivra pas à la résurrection [des morts].
Le prophète : "Il a donné avec usure et pris un intérêt ; il ne vivra pas" (Yé'hezkel 18,13) = celui qui a pris un intérêt à son frère ne vivra pas, ni dans ce monde ni dans le prochain.
Il ne se lèvera pas lors de la résurrection [des morts], car ne croyant pas aux miracles, il ne pourra bénéficier de ce miracle suprême.
[...]

A ceux qui prêtent à intérêt, Hachem dit : "Pourquoi ne prenez-vous pas leçon des armées célestes que Je dirige en Haut? Chacune prête à l'autre sans intérêt.
Depuis l'hiver jusqu'à l'été, la nuit emprunte au jour ; de l'été à l'hivers, le jour emprunte à la nuit.
Lorsque tu prêtes de l'argent à ton ami, voudrais-tu l'engloutir par l'intérêt que tu lui prends ?!

C'est comme si tu Me demandais : Pourquoi ne prends-Tu pas d'intérêt sur la nourriture que Je te donne? Dois-Je prendre un intérêt sur les arbres que Je fais pousser? Dois-Je prendre un intérêt sur les étoiles et les planètes auxquelles Je fournis la lumière? Dois-Je prendre un intérêt sur l'âme que Je t'ai confiée? Dois-Je prendre un intérêt sur ton corps que Je finirai par garder? Si tu ne veux pas prêter à ton ami sans intérêt, J'en ferai autant avec toi ... Je ne te prendrai pas d'intérêt mais Je prendrai le capital : ton corps et ton âme. La terre gardera le principal, qui est ton corps, et Je ne te laisserai pas te lever à la résurrection."

[Méam Loez - Béhar 25,36-38]

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-> Le rabbi Yonathan de Prague disait : "Savez-vous pourquoi les usuriers ne connaîtront pas la résurrection des morts?
Parce que le jour où cela arrivera on leur dira : "Pourquoi vous réveiller? Continuez de dormir, vos intérêts ne cessent d'augmenter"."

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-> "N’accepte de sa part ni intérêt ni profit, mais crains ton Dieu, et que ton frère vive avec toi. Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit" (Béhar 25,36-37)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Ces deux versets nous apprennent l’interdiction de prêter avec intérêt entre juifs. Si le principe est simple à comprendre, il y a ici une répétition entre les 2 versets qui semble complètement inutile.
Pour le comprendre on peut citer une histoire qui illustre le principe que les usuriers ne se relèvent pas à la résurrection des morts.
Il y avait à l’époque de rabbi Akiva Eiguer, un riche usurier qui avait construit toute sa richesse grâce à l’usure. quand il vint à mourir, La ‘Hevra Kadisha demanda à ses héritiers 2000 pièces d’argent au lieu des 20 pièces habituellement demandées pour une tombe. Les héritiers portèrent l’affaire devant le gouverneur qui convoqua le rav et lui ordonna de s’expliquer sur cette injustice. Rabbi Akiva Eiguer lui répondit que chez les juifs on n’achète pas une concession, mais on la loue jusqu’à la venue du machia'h, qui fera revivre les morts. Et comme nous espérons que ce soit très bientôt, 20 pièces d’argent sont une somme suffisante pour une courte durée. Mais cet usurier ne pourra pas se relever avec ses frères, il devra donc rester en terre un très long moment et cette location longue durée se traduit par un tarif de 2 000 pièces d’argent.

C’est exactement ce que l’on voit dans nos 2 versets :
- le premier (v.36) lui parle de la récompense de celui qui ne prêtera pas pas avec intérêt, "et que ton frère vive avec toi" (וְחֵי אָחִיךָ עִמָּךְ - vékhé a'hikha imakh) s’applique à la résurrection des morts, tu pourras toi aussi te relever avec lui si tu lui prêtes sans intérêt.
- Et "וּבְמַרְבִּית לֹא-תִתֵּן אָכְלֶךָ" (oumarbit lo titen okhlékha - littéralement : dans le profit ne met pas ta nourriture) veut dire qu’à cause du profit tu sera mangé, c’est-à-dire que le corps de l’usurier sera emprisonné dans la tombe qui est appelé "Mangeur" car elle mange la chair de l’homme enterré dedans.
=> Les versets ne se répètent donc pas, mais le premier nous explique que celui qui prête sans intérêt pourra se relever à la résurrection des morts tandis que l’usurier sera prisonnier de sa tombe à cause du profit fait grâce à l’usure.

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-> "Il a donné avec usure et pris un intérêt ; il ne vivra pas" (Yé'hezkel 18,13)
Le Malbim explique qu’il ne vivra pas dans le monde futur.
[on a vu précédemment le Méam Loez à ce sujet : celui qui a pris un intérêt à son frère ne vivra pas, ni dans ce monde ni dans le prochain. Il ne se lèvera pas lors de la résurrection [des morts], car ne croyant pas aux miracles, il ne pourra bénéficier de ce miracle suprême. ]

-> La guémara (Sanhédrin 92b) décrit la fameuse prophétie de Yé’hezkel, quand il fit ressusciter des gens ayant commis de très graves fautes ou n’ayant pas eu le mérite d’accomplir des mitsvot.
Le Pirké déRabbi Eliézer (chap. 32) précise que le prophète put ressusciter tout le monde, à l’exception d’un homme. Quand il demanda pourquoi cet individu ne pouvait pas revivre, on lui répondit que c’était à cause de ses prêts avec intérêt.

-> Le rav Yéhonathan Gefen écrit :
Pourquoi seule cette faute entraîne-t-elle une conséquence si grave? [ne pas revivre]
Celui qui vient demander un prêt se trouve dans une situation désespérée, l’aider revient à "lui redonner vie", comme le verset l’affirme : "Il vivra avec toi" = c’est-à-dire qu’il sera en mesure de pourvoir à ses besoins.
Mais quand on lui prête avec intérêt, on ne le sauve pas, étant donné qu’il devra ensuite rembourser plus que la somme empruntée. Ainsi, mesure pour mesure, le prêteur ne méritera pas la vie lors de la résurrection des morts, parce qu’il n’a pas donné la vie à ce pauvre. [d'après le ’Hafets ’Haïm (Ahavat ’Hessed - 2e partie - chap.16) ]

Cette réponse semble logique, mais elle ne suffit pas. En effet, plusieurs autres mitsvot enjoignent d’aider l’indigent (comme la tsédaka [charité], l’hospitalité, et autres formes de ’Hessed), mais dans aucun de ces cas, celui qui s’empêche d’aider le pauvre en refusant d’accomplir ces commandements n’est puni si sévèrement.

Quand on prête avec intérêt, c’est pire que de ne pas du tout aider le pauvre, parce que l’on empire sa situation on intensifie son "manque de vie". D’où le mot Néché'h, qui signifie littéralement "morsure". Quand on emprunte avec intérêt, le préjudice du Ribbit ressemble à la morsure d’un serpent. Celle-ci grossit et s’étend dans tout le corps, elle est très nuisible.
[...]

Cette idée peut s’appliquer à différents domaines de la vie. Par exemple, si quelqu’un s’engage à donner une certaine somme à un nécessiteux ou à une personne récoltant des fonds pour une noble cause. C’est bien sûr une grande Mitsva, mais parfois l’engagement n’est pas tenu tout de suite et quand la personne qui doit recevoir l’argent revient à la charge, le donateur ne lui répond pas. Ceci peut générer une grande angoisse, plus grande encore que s’il ne s’était pas engagé du tout. Idem pour les autres sortes de ’Hessed – il faut veiller à ne pas causer plus de souffrance à la personne qui est déjà dans le besoin.

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-> "N’accepte de sa part ni intérêt ni profit, mais crains ton D., et que ton frère vive avec toi" (Béhar 25,36)

Il est écrit dans la guémara (Baba Metsia 71a) au nom de Rabbi Yossi : "Rends-toi compte de l’aveuglement de ceux qui prêtent à intérêt : ils sont traités de racha, pénètrent dans la vie privée d’autrui, amènent des témoins, un scribe muni d’une plume et d’encre, et font écrire et signer des contrats. Une telle personne fait preuve de reniement face au D. d’Israël."

=> En quoi celui qui transgresse cet interdit était différent de tout autre pécheur, pour être défini comme "ayant renié le D. d’Israël" ?

Le ‘Hazon Ich a alors répondu :
"Nos Sages expliquent que la subsistance de chacun est déterminée d’un Roch Hachana à l’autre. Celui qui prête à intérêt montre par son attitude que d’après lui, la part qui lui est destinée ne peut lui parvenir comme cela a été décrété dans le Ciel mais plutôt par des chemins tortueux, en donnant de l’argent avec intérêt. De surcroît, il se lève et le confirme par un écrit et une signature ... il s’agit donc d’un reniement absolu du D. d’Israël."

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-> "Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit" (Béhar 25,37)

Le roi Chlomo affirme : "Donner au pauvre, c’est prêter à D., qui paie à chacun son dû" (Michlé 19,17).
Ainsi, en d’autres termes celui qui donne de la tsédaka à l’indigent prête en quelque sorte au Créateur, qui lui remboursera cet emprunt et lui ajoutera encore davantage pour son bienfait, comme il est dit : "Attendez-Moi à cette épreuve, dit Hachem : [vous verrez] si Je n’ouvre pas en votre faveur les cataractes du ciel, si Je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure" (Malakhi 3,10).

=> Comment expliquer que Hachem, qui observe toute la Torah, rembourse à l’homme davantage que ce qu’il a donné au pauvre? Cette action ne s’apparente-t-elle pas à l’interdit de ribit [prêter ou emprunter à intérêt]?

Rabbi Barou'h Yérouchalmi (Barou'h Mibanim) répond : Hachem n’est pas le réel emprunteur de l’argent ; Il ne l’est que dans la mesure où Il rembourse à la place de l’indigent qui, lui, est le débiteur.
Or, l’interdit de ribit ne s’applique qu’au débiteur et au créditeur ; aussi, Hachem a le droit de rembourser à ce dernier davantage que ce qu’il a prêté.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/09/09/36871

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