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Moché retourna vers Hachem et dit : "De grâce! Le peuple a commis un grand péché et s'est fait un dieu d'or" (Ki Tissa 32,31)

=> Pour défendre le peuple, Moché aurait dû plutôt minimiser la faute. Comment comprendre le fait qu'il aggrave le péché en déclarant : "Le peuple a commis une grande faute"?

-> Le Rav de Kozmir explique que l'une des conditions essentielles du repentir est la reconnaissance de la faute. Quand quelqu'un a commis une faute, l'un des principes du repentir est d'accepter son péché, le reconnaître, et ne pas rechercher des excuses et des circonstances atténuantes.
L'homme doit accepter avoir commis la faute et la regretter sincèrement.

=> Ainsi, quand Moché voulait défendre le peuple par rapport à la faute du veau d'or, il dit à Hachem qu'Israël a commis "une grande faute". A comprendre dans le sens qu'Israël reconnaît avoir commis une grande faute. Ils avouent et reconnaissent que leur péché est grand et ne cherchent aucune excuse pour le diminuer.
Dès lors, leur repentir est complet et ils méritent donc bien d'être pardonnés.

-> Le Sefer Né'hmad miZahav commente également en ce sens :
La 1ere condition du repentir est de reconnaître la faute. Ne pas chercher de prétextes ni d’excuses, mais reconnaître son échec et le regretter d’un cœur brisé.
Quand le premier homme a essayé de se justifier en disant "la femme que tu as mise près de moi, c’est elle qui m’a donné", sa téchouva n’a pas été acceptée.
C’est pourquoi quand Moché est venu intercéder pour les bné Israël, il a admis : "ce peuple a commis une grande faute". Ils reconnaissent leur faute et n’essaient pas de se justifier. Ils sont brisés et souffrent, et désirent se repentir totalement. C’est pourquoi ils sont dignes de pardon.

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-> Le Ohr ha'Haïm précise que l'expression ''grande faute'' est dit dans la Torah : "'hataa guédola'' (חֲטָאָה גְדֹלָה).
Littéralement, le terme 'hataa (traduit par ''faute'') signifie manquement. Cela fait allusion au fait que quand quelqu'un commet une faute, il perd quelque part sa lucidité. Il n'a plus toute sa conscience. Il connaît un manque et un manquement de sa conscience et de son esprit.

Dire qu'au moment de la faute, l'homme n'avait pas toute sa tête est en soi un argument défenseur. Car, finalement, on n'est pas tant responsable d'une action qu'on n'a pas commis avec toute sa conscience, autant que si on l'a faite en toute conscience.
Certes, l'essentiel de la faute fut de s'être mis dans cette situation de perdre sa lucidité. Mais à présent, on ne peut pas tant tenir rigueur à celui qui a agi sans tout son esprit.

=> Tel a été le plaidoyer de Moché. Les juifs ont commis une ''grande 'hataa''. Ils ont agi avec une
grande perte de lucidité. Ils n'étaient absolument pas conscients de ce qu'ils faisaient. Et cela est effectivement un bon argument de défense, car celui qui commet une faute sans sa lucidité est bien moins punissable que s'il agit avec toute sa clairvoyance.

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-> Le Beit Its'hak rapporte l'enseignement de nos Sages qui disent que normalement, d'après le niveau dès juifs au moment de la faute, ils n'auraient jamais dû commettre un tel acte.
En effet, cela faisait à peine quelques jours qu'ils avaient reçu la Torah et s'étaient élevés à des niveaux spirituels et de sainteté qui n'ont jamais été atteints dans l'Histoire.
S'ils ont quand même fauté, c'est parce qu'on les a poussés du Ciel, car dans le Ciel on souhaitait qu'ils fautent et s'en repentent et qu'ainsi, toutes les générations apprennent la force du repentir qui répare même les fautes les plus graves.

=> Ainsi, quand Moché souhaitait défendre le peuple par rapport à cette faute, il dit : "Ce peuple a commis une grande faute" = c'est-à-dire que cette faute était trop grande par rapport à leur niveau. Elle n'était absolument pas adaptée à leur dimension.
Dès lors, il est impossible d'imaginer qu'ils l'ont commises de par eux-mêmes.
Force est de reconnaître qu'ils ont été contraints par le Ciel de la commettre, pour enseigner la force du repentir. Ainsi, c'est parce que c'était une ''grande'' faute, démesurée par rapport à leur niveau, que Tu dois la leur pardonner, parce qu'ils n'en sont pas réellement responsables, puisqu'ils ont été poussés par le Ciel à la commettre.

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-> Le Maguid de Doubno explique que quand le peuple fauta, Moché savait que le Satan, l'ange accusateur, allait se dépêcher d'accuser Israël auprès d'Hachem.
Ainsi, Moché se précipita avant lui, et commença lui aussi à ''accuser'' le peuple en disant qu'il a commis une grande faute.
Son intention était que quand le Satan verra Moché accuser le peuple, il se dira qu'à présent, il n'a plus besoin lui aussi d'accuser, puisque Moché a déjà très bien fait ce travail, et ainsi il s'en ira. Mais alors, quand Moché se retrouvera [ensuite] seul avec Hachem, alors il changera son discours et formulera tous les arguments de défense qu'il faudra.

=> Quand Moché dit que le peuple a commis une grande faute, son but était donc uniquement de tromper le Satan et le faire partir.

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-> Le 'Hemdat Israël rapporte l'enseignement de nos Sages que quand un homme était jugé pour un crime, si tous les juges le condamnaient et que personne ne l'innocentait, alors il était innocenté de fait. En effet, il fallait nécessairement qu'il y ait au moins un défenseur.

=> De même, Moché cherchait à innocenter le peuple. Pour cela, il argumenta que le peuple a fait ''une grande faute'', sous-entendu qu'il est impossible de les innocenter. Ainsi tous les arguments les condamnent.
Dès lors, faute d'argument défenseur, ils sont automatiquement innocentés, car telle est la loi, si personne n'innocente et que tous condamnent, il est d'emblée innocentée.

[Source (b'h) : essentiellement d'après un dvar Torah du rav Mikaël Mouyal]

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