+ Hochaana Rabba = la force de la prière où l'on se repose à 100% sur Hachem :
-> "Le 7e jour de Souccot est la fin du jugement du monde, lorsque des missives sont envoyées de la Maison du Roi. Ce jour-là, le Roi ordonne que les missives soient remises au [messager] désigné ...
Le premier jour du mois [Roch Hachana] est le début du jugement et son aboutissement est ce jour-là ."
[Zohar - Tsav 31b]
-> Dans ce passage, le Zohar nous enseigne qu'après les Yamim Noraim (lorsque le jugement divin est "inscrit" à Roch Hachana et "scellé" à Yom Kippour), une étape supplémentaire de jugement intervient.
Cette étape finale est Hochaana Rabba, où le jugement prononcé pendant les Yamim Noraim est exécuté par la remise de "missives".
=> Pourquoi le jugement des Yamim Noraim n'est-il pas exécuté immédiatement après avoir été scellé?
Ceci est d'autant plus étonnant que les jours qui suivent Yom Kippour ne sont pas consacrés au repentir et aux prières, comme les 10 jours de Roch Hachana à Yom Kippour, mais à la fête. Quel est le bénéfice du jugement final rendu à la fin de ces jours-là?
-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
L'un des thèmes de la fête de Souccot est la foi du peuple juif en la Providence d'Hachem (hachga'ha pratit) et Son contrôle exclusif de chaque détail de la vie.
Rabbénou Azaria Figo (Bina léIttim - vol.1 drouch 16) explique qu'à leur sortie d'Egypte, les Bné Israël devaient encore se débarrasser des fausses croyances héritées des égyptiens qui attribuaient tous les événements aux forces de la nature, elles-mêmes dominées par les étoiles et les constellations.
Pour "guérir" le peuple juif de ces croyances, D. le fit errer dans le désert pendant 40 ans sous la protection des Nuées de Gloire. Cette expérience conduisit les Bné Israël à reconnaître qu'ils étaient constamment accompagnés par la Providence divine et que les prétendues forces de la nature n'avaient aucun effet sur eux.
Le rav Azaria Figo explique que, le monde ayant été créé en Tichri, D. décréta que le peuple juif observe une mitsva spécifique pendant ce mois, afin de s'imprégner de la foi que les événements du monde sont déterminés par la Providence divine indépendamment des lois de la nature.
Cette mitsva est la soucca, qui demande à chaque juif de "sortir, sous le ciel, et de déclarer qu'il ne craint pas [les forces de la nature] et ne les considère pas comme significatives. Couvert et entouré par la 'soucca des Nuées de Gloire, il s'abrite dans l'ombre de D."
[en ce sens, un élève du Ktav Sofer, le rav 'Haim Ehrentreu (dans son Komèts Hamin'ha) écrit : "Les 3 principes de émouna énumérés par Rav Yossef Albo dans le Séfer Ha'ikarim sont : l'existence de D. l'origine divine de la Torah, et la Providence divine.
A Pessa'h, nous implantons en nous la foi en l'existence de D., à Shavouot, la foi en l'origine divine de la Torah, et à Souccot, la foi en la Providence divine en quittant notre maison et en entrant dans nos soucot, en nous asseyant sous le ciel et indiquant que nous sommes dans les mains de D. et non soumis à l'homme. La soucca est une demeure temporaire et le fait que les végétaux dont on fait le sekhakh aient poussé dans le sol nous apprend à ne pas compter sur l'œuvre de l'homme mais seulement sur Hachem" ]
A Souccot, lorsque les Juifs sont assis dans leurs souccot, dans "l'abri" de D., pour ainsi dire, ils se trouvent dans un état comparable à celui des 10 Jours de Repentir : "Cherchez D. lorsqu'Il est présent, appelez-Le quand Il est proche" (Téhilim 105,4).
Il existe cependant une différence entre ces deux époques :
- pendant les 10 Jours de Téchouva, l'état de proximité à D. est créé, pour ainsi dire, par Hachem Lui même, du seul fait de Sa Présence, même si les Bné Israël ne L'appellent pas.
Pendant les Assérèt Yémé Téchouva, le peuple juif peut obtenir la pitié divine par ses prières même s'il n'a pas encore atteint le niveau de L'appeler "en vérité", car c'est un moment où D. est proche et accessible.
- à Souccot, par contre, comme le jugement des Yamim Noraïm est déjà scellé, le juif doit d'abord absorber le message de la mitsva de soucca et cultiver sa foi en la Providence divine.
Il doit atteindre la conscience que les forces de la nature n'ont aucune signification et s'en remettre uniquement à D. pour tous ses besoins. Il est ensuite capable d'appeler Hachem sincèrement, en se rapprochant de D., et comme le promet le verset, D. répond à tous ceux qui L'appellent "en vérité".
[cette approche peut permettre de résoudre une contradiction apparente dans le verset : "Hachem est proche de tous ceux qui L'appellent, de tous ceux qui L'appellent en vérité" (Tehillim 145,18).
Le Alchikh haKadoch montre que la première moitié de ce verset (Hachem est proche de quiconque L'appelle) semble contredire la 2e moitié : Il est proche seulement de ceux qui L'appellent "en vérité". D'après notre discussion, la première moitié du verset s'applique aux Assérèt Yémé Téchouva, où Hachem est "proche" de tous ceux qui prient, pour la simple raison que ces jours ont un potentiel spirituel important.
La 2e moitié du verset évoque Souccot, où l'homme doit cultiver la foi pour se rapprocher de D. ]
[la Soucca est appelée : "tsila dim'Eménouta" (l'ombre de la émouna) - Zohar Emor 103b
D'une certaine façon ce monde matériel a tendance à nous chauffer (symbole de nos envies et du fait de gonfler notre égo), et pendant Souccot on se met à l'ombre de la émouna, pour se rafraîchir l'esprit, et de nouveau votre la vie avec Vérité, renforçant notre confiance en papa Hachem. ]
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+ Renverser le décret :
Nous sommes maintenant en mesure de comprendre que le jugement divin à Yom Kippour soit suivi d'un répit avant son exécution. Même après le jugement des Yamim Noraim, il est encore possible d'obtenir la pitié divine pour empêcher l'exécution du décret ...
La dernière étape du jugement (l'envoi des missives) est le 7e jour de Souccot, car à ce moment-là, chaque juif a passé toute la fête dans la soucca (l'abri de la foi), et a eu tout le loisir de développer une foi ferme en la Providence de D.
Cette foi peut le mener à une proximité avec Hachem et à un dévouement sincère envers Lui. Lorsqu'une personne développe ces qualités, ses prières peuvent annuler toute mauvaise sentence.
Nous trouvons un appui à cela dans les derniers versets des passages de Hochanot récités chaque jour de Souccot : "Puissent les propos par lesquels j'ai supplié D. être proches d'Hachem, notre D., jour et nuit, afin qu'Il rende la justice en faveur de Son serviteur et de Son peuple Israël, [qu'Il satisfasse] le besoin de chaque jour en son jour, afin que toutes les nations du pays sachent que Hachem est D., il n'y en a point d'autre" (I Mélakhim 8,59-60).
=> A Souccot, nous nous imprégnons de la foi en le contrôle divin absolu sur chaque événement, cette foi nous conduisant à prier le cœur pur et avec un sentiment de dépendance totale en D.
Rien ne peut empêcher une prière empreinte de foi sincère et donc "proche d'Hachem" d'atteindre le Trône de Gloire.
Par ces mots des Hochanot, nous supplions D. que nos prières soient toujours ("jour et nuit") aussi "proches d'Hachem" qu'à Souccot et qu'Il réponde en "rendant la justice" envers nous et le peuple juif, jusqu'à ce que le monde entier reconnaisse que D. est le Maître du monde.