+++ Enseignements sur la prière :
+ Prière exaucée sans l'avoir prononcée :
-> Le midrach (Dévarim rabba 2,10) déclare : "Il y a une prière à laquelle Hachem répond avant même de l'avoir prononcée, comme il est dit : "Et elle sera avant que tu n'appelles, et je répondrai" (Yéchayahou 65,24)."
-> Le Chem miChmouel (5676) s’interroge sur l’utilité de cela. Hachem veut entendre nos prières et Il désire entendre nos voix, comme l’indique le Zohar (III, 200b).
Le midrach (Béréchit rabbah 45) précise également que la stérilité de nos Matriarches était due au désir d'Hachem qu'elles prient vers Lui (J'ai envie d'entendre votre voix!).
Si tel est le cas, en quoi répondre aux prières avant qu’elles ne soient prononcées est-il un signe d’amour et quel est l’intérêt de cela ?
Il répond que seul Hachem connaît les pensées d’une personne. Le Zohar affirme que même les anges Tutélaires ne peuvent connaître les pensées d'un homme, et les anges Accusateurs non plus.
Par conséquent, lorsqu'une personne décide de prier pour Hachem, nul autre que Lui n'en a connaissance et aucune force destructrice ne peut l'en empêcher. Cependant, une fois la prière prononcée à voix haute, les anges Accusateurs (persécuteurs) la connaissent et peuvent rappeler ses transgressions passées pour tenter d'empêcher sa prière d'être acceptée.
Hachem juge toujours avec équité, et Il permet aux anges Accusateurs de présenter leurs revendications.
Cependant, par amour pour le peuple d'Israël, Il souhaite que toutes leurs prières soient entendues.
C'est pourquoi Il accepte la prière avant même qu'elle ne soit prononcée, avant que les anges nuisibles n'aient la possibilité de l'en empêcher. Une fois la prière acceptée, elle ne peut être contestée.
<--->
+ La nécessité de prier :
-> Le 'Hovot Halévavot (chaar Avodat Elokim - début du chap.3) s'interroge sur la nécessité même de prier. Hachem connaît nos besoins et pourvoit toujours à nos besoins, alors pourquoi devrions-nous Lui demander quoi que ce soit?
Le 'Hatam Sofer (cité dans séfer Téfila LéMoché) répond que nous sommes parfois indignes de recevoir la bonté de Hachem en raison de nos fautes. Cependant, grâce au pouvoir de la prières, nous pouvons obtenir le pardon de nos fautes et recevoir une abondance de sa bonté.
La nécessité de la prière est donc évidente.
<--->
+ Une prière pleine d'émotions pour Hachem :
-> En général, la possibilité pour les forces Accusatrices d'entraver une prière ne s'applique qu'aux personnes ordinaires qui prient d'une manière routinière.
En revanche, si une personne prie avec une réelle émotion et ouvre son cœur à Hachem, elle n'a jamais à craindre ces forces [nuisibles].
Le Beit Avraham (parachat Vayigach) le constate en ces mots : "Et aucun homme ne se tenait là lorsque Yossef se révéla à ses frères" (Vayigach 45,1).
Il y voit une allusion au fait que, lorsqu’un juif ouvre son cœur à Hachem, il est comme un fils de roi parlant à son père en privé. Personne, pas même un ministre de haut rang, n’est autorisé à être présent à un tel moment.
De même, lorsqu’un juif adresse une requête personnelle à Hachem, aucune autre force n'est autorisée à intervenir dans la conversation.
[d'une certaine façon, plus nous prions d'une façon qui témoigne que nous nous exprimons à notre papa Hachem (ex: plein de joie, de sentiments, notre coeur vibrant, pleurant, ...), qu'Il nous aime à la folie, peut tout, qu'Il est très proche de nous, ... alors plus nous permettons à Hachem de se comporter avec nous en tant que Père aimant, nous déversant des bontés sur nous. ]
<--->
+ Une prière chaleureuse :
-> La guémara (Béra'hot 34b) rapporte que Rabbi 'Hanina ben Dossa a dit : "Si mes prières sont fluides dans ma bouche (im chégoura téfilati béfi), je sais qu’elles ont été exaucées."
Le séfer Avné Zikaron cite le 'Hozé de Lublin qui explique que le mot "chégoura" (שְׁגוּרָה) peut signifier allumer un feu (comme dans "chagra tanoura", allumer un four).
Cela indique que la prière doit être chaleureuse pour être acceptée par Hachem.
[si tu mets le feu en toi lors de ta prière, alors elles sera exaucée!]
<--->
+ La prière avec un cœur brisé :
-> Les tsadikim disent que la prière la plus efficace est celle récitée avec un cœur brisé. Même si une personne est très troublée et ne parvient pas à libérer son esprit pour avoir une grande kavana, prier avec un cœur brisé est considéré comme une preuve de concentration et de dévotion adéquates.
-> Le séfer Yocher Divré Emet (ot 42) écrit : "En vérité, la kavana principale consiste à prier avec un cœur brisé, en s'auto-annulant (son égo) et en se dévouant à Hachem."
Il relate un machal du Maguid de Mézéritch :
"Chaque serrure possède une clé qui l’ouvre. La clé est conçue pour s’adapter à la serrure et celle-ci ne s’ouvre que si la bonne clé est insérée. Cependant, certains voleurs ouvrent une serrure sans clé. Ils la brisent tout simplement.
De même, il existe une clé pour ouvrir toutes les portes du Ciel, mais le moyen le plus simple d’y entrer est de briser la serrure. Cela consiste à briser son cœur et à s'annuler devant Hachem. Ainsi, le verrou qui nous sépare de Hachem est brisé et nos prières peuvent s’élever directement vers Lui."
Il conclut :
"Dans ma jeunesse, j’ai appris quelques kavanot, mais je ne les utilise pas du tout, car la kavana principale est d’avoir le cœur brisé ... J’ai donc choisi de me concentrer sur une seule kavana : me connecter à Hachem autant que possible ...
Si je peux me concentrer un instant sur une kavana simple, comme un Nom d'Hachem, je le fais, mais je ne me distrait pas de la kavana principale [briser, retirer son égo, pour mieux laisser de la place pour accueillir et se lier avec Hachem]."
<--->
+ Essayer d'avoir autant de kavana que nous le pouvons :
-> Le Pélé Yoets (séfer Beit Téfila) écrit :
"Il est vrai que nos fautes nous empêchent de recevoir Sa bonté.
Le grand ennemi, le yétser ara, ainsi que le manque de pureté et l’abondance d’impuretés auxquels nous sommes confrontés dans les terres des non juifs, et la dureté de l’exil de nos corps et de nos esprits, nous affectent à un point tel que nous ne pouvons presque pas être blâmés. Nous sommes incapables de nous concentrer pour servir notre Créateur comme il se doit.
Cependant, nous devons nous renforcer chaque jour autant que possible pour nous concentrer au maximum sur nos prières et nos bénédictions, afin d'avoir la kavana sur au moins la moitié, une partie, voire un seul mot.
Chaque mot, et même chaque lettre, représente une somme considérable. L'une des bontés ('hassadim) d'Hachem, révélée par nos maîtres (Emek Hamélé'h - chaar 17,11), est que si l'on se concentre aujourd'hui sur une bénédiction et demain sur une autre, tout cela s'additionne jusqu'à devenir une prière complète, qui s'élève alors et est acceptée comme une couronne pour le Roi des rois.
[...]
Chaque fois que l'on laisse son cœur se vider et que l'on ne se concentre pas sur sa prière avec crainte, amour et joie, son cœur est honteux.
C'est comme si l'entrée du palais du roi lui était refusée. C'est comme si les gardes à l'extérieur du palais l'attrapaient et le frappaient de coups violents, puis l'enchaînaient et le repoussaient au plus profond de son cœur, qui s'écrie : "Sauvez-moi, mon maître le Roi!"
Lorsque cela se produit, il faut se donner les moyens de se concentrer. Il faut se considérer comme un pauvre debout devant le puissant Roi.
On devrait s'approcher de Lui avec honte et Lui parler humblement, en s'auto-annulant, implorant Sa miséricorde. Car l'auto-annulation (de son égo) est la principale manière de prier et est plus efficace que toutes les kavanot et les yi'houdim.
Cela nous a été révélé par nos maîtres et énoncé par le roi David : "Hachem ne méprise pas un cœur brisé et écrasé" (Téhilim 51,19). "
<--->
-> Le Pélé Yoets ajoute le machal d'un roi puissant et sage, expert dans tous les domaines de la sagesse, y compris la préparation des mets les plus raffinés.
Un jour, ses ministres et conseillers lui présentèrent chacun leurs meilleurs plats. Chacun apporta un mets délicieux qu'il avait spécialement préparé pour le roi. Parmi eux se trouvait un homme pauvre qui souhaitait également honorer le roi avec le mets le plus délicieux ; cependant, il n'avait pas les moyens de se payer un mets raffiné.
Désireux d'offrir au roi le meilleur mets possible, il eut une idée.
Il acheta du blé et le moula très finement. Il le lava soigneusement et le plaça dans une assiette propre. Il l'apporta au roi et lui dit en larmes : "Votre Majesté, je voulais vous offrir la meilleure nourriture du monde, mais je n'en ai tout simplement pas les moyens. J'ai fait de mon mieux et je vous ai apporté la meilleure chose possible. Veuillez accepter cette farine pure que j'ai préparée pour vous et utilisez-la pour préparer des mets divins. Et lorsque vous la mangerez, considérez-la comme si je l'avais préparée pour vous."
Voyant les intentions pures de cet homme et tout ce qu'il pouvait faire pour lui, le roi fut rempli d'amour pour lui. Il prit la farine et en fit un mets délicieux, comme si le pauvre homme lui avait donné cette nourriture. Il le récompensa donc généreusement.
De même, si nous faisons de notre mieux pour offrir à Hachem les meilleures prières, Il transformera ces paroles en prières les plus saintes, et Il considérera comme si c'était nous qui les avions prononcées.
<--->
-> Si l’on ne sait pas du tout comment avoir la kavana, il faut au moins prononcer les mots clairement, en énonçant chaque lettre, et garder à l’esprit qu’on fait de son mieux pour servir Hachem par la prière.
Le Pélé Yoets écrit qu’une telle personne devrait dire :
"De même que Toi, Hachem, tu es extrêmement élevé, je suis extrêmement bas. Mais Tu me permets de m’approcher de Toi et de T’offrir mon présent. Je désire sincèrement que Tu acceptes mon humble présent. Si je savais comment avoir la kavana, je consacrerais toute mon énergie à avoir les pensées appropriées en Te priant, mais je n’en suis tout simplement pas capable.
C’est pourquoi je présenterai mon présent tel qu’il est et je Te supplie de l’accepter, de lui donner la forme appropriée et de le considérer comme si j’avais une kavana appropriée."
Lorsque Hachem entend cela et constate que l'individu fait réellement de son mieux et s'annule à Lui, Il accepte la prière et la considère comme parfaite.
C'est ce que disent nos Sages (guémara Ména'hot 13a) : "Celui qui fait beaucoup comme celui qui en fait peu", car il ne sait pas faire beaucoup, est accepté par Hachem, à condition que ses intentions soient léchem chamayim.
-> Le Pélé Yoets rapporte ensuite le récit d'un homme qui souffrait de ne pas savoir prier. Le jour de Kippour, il récita les lettres de l'alef beit à plusieurs reprises, puis il implora Hachem de les remettre dans le bon ordre. Il fut révélé par le Ciel à un tsadik que cette prière avait plus de valeur que toutes les autres prières récitées ce jour-là.
<--->
+ La prière est plus efficace que la Hichtadlout :
-> Le 'Hazon Ich (Kovetz Igrot - 'helek 2,132) écrit :
"A chaque événement, je me suis habitué à renforcer ma foi, pensant que rien n’arrive par hasard dans ce monde et que tout est orchestré par Hachem.
Je me suis efforcé par la prière d'écarter les mauvais décrets. C’est pourquoi je considère la Hichtadlout (efforts à faire pour obtenir sa parnassa nécessaire) avec indifférence, car, la plupart du temps, l'efficacité de nos propres efforts est incertaine".
-> Il est également dit dans le séfer Dinim Véhanhagot miMaran 'Hazon Ich (p.124) :
"Il faut se rappeler que l'on n'a aucun pouvoir. Au contraire, par nos actions, nous éveillons Sa miséricorde .... et si l’on prie et augmente notre prière ... on accomplit davantage que ce qu’on pourrait faire par la Hichtadlout."
<--->
+ Règle naturelle de ce monde = la prière va créer un Shéfa (l'abondance de bienfaits) :
-> Le Ram'hal (dans son Déré'h Hachem 4,5) écrit :
"Le concept de la prière est que, selon la manière dont Hachem a établi le monde avec Sa connaissance suprême, pour que les créatures reçoivent de Lui un Shéfa (flux) de bonté, nous devons pour cela le Lui demander.
Plus l'éveil que l'on suscite avec nos prières est grand, plus le Shéfa sera grand.
Mais si l'on ne suscite pas cette éveil, on ne recevra rien.
Hachem désire pourvoir à Ses créatures de la bonté tout le temps. C'est pourquoi Il a établi cette avoda (de la prière) pour que nous la pratiquions chaque jour, et par elle, Il nous accorde une abondance de succès et de bénédictions."
[ainsi, il y a sûrement plein de belles choses qui nous sont destinées au Ciel, mais elles sont en attente que nous les demandions à Hachem. Le plus nous prions de tout notre cœur, le plus nous provoquons qu'un flux de bontés important se déverse sur nous. ]
<--->
-> "Si un être humain a un parent riche, il l’avoue. [il est fier d’être le parent d’un homme riche].
Si son parent est pauvre, il le nie. [il a honte de lui et fait semblant de ne pas lui être apparenté].
Mais Hachem n'est pas ainsi. Même si le peuple juif est au plus bas de l’échelle, Il les appelle Ses amis et Ses frères."
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 9a ]
<--->
-> La guémara (Yérouchalmi Béra'hot 9a) affirme également que "bien qu'Hachem soit si élevé et si élevé au-dessus de ce monde, si quelqu'un entre dans une synagogue, se tient au fond et prie en silence, Hachem entend sa prière."
Le Yérouchalmi l'apprend de l'histoire de 'Hanna (I Shmouel 1), qui pria en silence, mais fut néanmoins entendue par Hachem.
Le Yérouchalmi compare cela à une personne qui murmure à l'oreille de son ami et est entendue. De même, il suffit de murmurer pour que Hachem "tende l'oreille" pour écouter.
[puisque même si nous sommes personnellement au plus, Hachem continue de nous appeler "Ses amis et Ses frères", alors Il est certain qu'Il désire et écoute nos prières. Seul le yétser ara nous fait croire le contraire. ]
<------------->
+ Hachem fait ce qui est bien à Tes yeux :
-> Le séfer Ha'Ikarim (maamid 4, pérek 24) écrit :
"Souvent, les gens prient correctement, au bon moment et de la bonne manière, mais la prière n'est pas acceptée. Cela peut être dû à une punition, au fait que la personne ne mérite pas que ses prières soient exaucées avant qu'il ne prie à nouveau, ou encore parce qu'Hachem sait que ce qu'elle demande n'est pas bon pour elle.
Parce qu'Il se soucie d'elle, Il n'accepte pas sa prière. Par exemple, quelqu'un qui prie pour des enfants peut ne pas être exaucé, car Hachem sait que ces enfants seront mauvais, ou quelqu'un qui prie pour de l'argent peut ne pas être exaucé, car Hachem sait que l'argent entraînera sa mort (physique, spirituelle).
Il est donc préférable de prier en disant : "Maitre du monde, fais Ta volonté en-Haut et accorde de la satisfaction (na'hat roua'h ) à ceux qui Te craignent en bas, et aide-moi dans la voie qui Te plaît."