+ Les démons, esprits maléfiques et fantômes (3e partie) :
+ Les mystiques juifs :
-> Le Ram'hal (Maamar al HaAggadot) écrit que les sections du Talmud qui traitent de questions qui ne sont pas de nature halakhique contiennent des idées trop ésotériques pour être présentées au grand public, qui les comprendrait certainement mal.
Nos sages ont résumé ces idées dans des déclarations cryptiques, transmettant leur sens le plus profond à des disciples exceptionnels capables de les saisir correctement. Un bon nombre des rencontres talmudiques avec des démons et des descriptions rabbiniques de ceux-ci ne doivent pas être prises au pied de la lettre.
Ailleurs, le Ram'hal cherche à clarifier en partie le rôle des démons en utilisant une terminologie quasi mystique. Il explique que l'on peut dire que Hachem est le seul soutien, la source originelle et la force motrice principale de la création. En même temps, il existe des outils que Hachem a mis en place et utilise pour interagir avec la création.
La création est un terme qui désigne soit le domaine physique, soit le domaine spirituel, chacun étant régi par ses propres lois et objectifs. Le domaine physique peut être expérimenté avec les cinq sens. En revanche, le domaine spirituel ne peut pas être expérimenté avec les cinq sens.
Pour interagir avec le domaine physique, Hachem a créé une sorte de chaîne de commandement afin de faire passer son influence du domaine spirituel élevé au domaine physique inférieur.
Les anges et les mazalot (ou constellations), sont un moyen de diriger son influence dans le domaine physique, matériel.
Ainsi, les anges sont des agents de changement immatériels et célestes, et non les fées, les esprits ailés ou les bébés souvent représentés.
Enfin, une troisième catégorie est également abordée, qui n'est ni véritablement spirituelle ni physique, mais qui sert d'intermédiaire entre les deux, connue sous le nom de "shédim". Ils ne peuvent être perçus par les cinq sens, on pourrait donc les considérer comme spirituels ; pourtant, ils interagissent avec le monde matériel, on pourrait donc les considérer comme physiques. Cependant, en réalité, ils constituent une catégorie unique, à part.
[basé sur le Ram'hal - Déré'h Hachem 1:5:1]
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+ Un produit de "l'autre côté" :
-> Historiquement, avec le développement et la diffusion de la pensée kabbalistique, les kabbalistes ont systématisé la notion de démons selon leur approche.
Dans la pensée kabbalistique, le démon est une partie nécessaire de la création, un produit de la sitra a'hra, l'autre côté (forces négatives) de l'émanation divine dans l'univers matériel.
L'existence tout entière est considérée comme structurée autour de l'équilibre entre le bien et le mal. Chaque détail du domaine du bien dans le monde a un élément négatif correspondant. Les kabbalistes enseignent que le mal n'est qu'un reflet négatif du bien.
Les mystiques médiévaux caractérisaient les démons comme des anges destructeurs et punisseurs, afin de souligner que les démons font eux aussi partie de la création d'Hachem et sont soumis à la volonté divine (rien ne peut exister, se passer, sans un décret divin en ce sens).
Les mystiques clarifient et développent également la position talmudique selon laquelle les démons sont le produit dérivé des fautes de l'humain.
Bon nombre de ces idées sont déjà présentes dans les écrits des premiers kabbalistes.
Le Ramban (A'haré Mot 16,8) suggère que les démons sont en quelque sorte les dérivés de Samaël, qui est "l'âme de la planète Mars, et Essav est son sujet parmi les nations".
Les kabbalistes du cercle de Castille, dans le nord de l'Espagne du 13e siècle, ont lié l'existence des démons au dernier degré des pouvoirs de l'émanation "du côté gauche", la contrepartie en mal des dix émanations divines sacrées (séfirot).
Leurs écrits contiennent des descriptions détaillées de la manière dont ces pouvoirs émanaient et expliquent les noms des superviseurs de leurs hôtes.
Il existe différents ordres et degrés suggérés parmi les démons, mais de nombreux sages suggèrent qu'ils sont enracinés sous la domination de Samaël et Lilith.
En revanche, le Zohar en accord avec certaines descriptions talmudiques, souligne que l'origine des démons provient des interactions entre les humains et les pouvoirs des démons.
[ la reproduction des hommes et des démons occupe une place importante dans la démonologie du Zohar, ainsi que dans plusieurs ouvrages kabbalistiques ultérieurs. Le sperme libéré de manière impure donnerait naissance à des démons, car ceux-ci n'ont pas la capacité de se reproduire et ont besoin des humains pour se multiplier.
Dans la Kabbale postérieure, il est souligné que les démons nés de telles unions sont considérés comme des "fils illégitimes". Il existe une idée selon laquelle, à la mort et à l'enterrement, ces "fils" viennent accompagner le défunt, le pleurer et réclamer leur part d'héritage. Cela peut même représenter un danger pour les fils légitimes pendant cette période. C'est pourquoi, dans certaines communautés, il existe une coutume qui interdit aux fils d'accompagner le corps de leur père au cimetière (jusqu'à la tombe) afin de les protéger de leurs "demi-frères" illégitimes. (restant bien en arrière de la procession)
Il convient de noter que cette pratique n'est mentionnée ni dans le Talmud ni dans aucune autre source juive classique, y compris le Choul'han Aroukh. (chacun agira selon la coutume du lieu, de son rav, de sa sensibilité, l'idée ici est plutôt d'abonder sur la notion des démons)]
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+ Démonologie et interaction :
-> Il existe certains systèmes de démonologie liés à des listes d'anges et de démons chargés des heures nocturnes de la semaine et à l'interprétation démonologique de maladies telles que l'épilepsie. [voir le Séder Goral Ha'holé & séfer Hanéélavim ]
Par ailleurs, il existe d'autres systèmes complets de démonologie kabbalistique. [Sibbat Maassé Ha'egel véInyan Hashédim ; et également Tséfouné Tsiyoni]
Il existe également des dizaines de recueils de remèdes et d'amulettes composés par des érudits séfarades, mais on en trouvait également dans les cercles ashkénazes.
Le Ramban (Téchouvot haRachba Haméyou'havot léRamban n°283)dit qu'il était courant pour les juifs ashkénazes de "s'adonner à des activités liées aux démons, de tisser des sorts et de les renvoyer, et ils les utilisent dans plusieurs domaines".
-> Tout dans la création est considéré comme possédant une étincelle sacrée, la force vitale qui permet son existence. Cette divinité est recouverte par la matérialité, une substance maléfique ou déconnectée.
Dans la littérature kabbalistique, cette substance est connue sous le nom de klipot, qui signifie "coquille" (écorce) ou "enveloppe", car elle renferme la sainteté intérieure comme une coquille ou une peau entoure un fruit comestible.
Les klipot sont un verrou sur la sainteté intérieure. Dans la Kabbale enseignée par le Arizal, diverses klipot doivent être maîtrisées par l'observance de la Torah et de ses commandements. Grâce à une observance appropriée, la sainteté inhérente peut être extraite. [les différentes catégories de klipot sont mentionnées dans Eitz 'Haïm (49:2). Les quatre klipot fondamentales sont tirées de Yéhezkel (1,14) ; voir Zohar II:203a-b. ]
Cependant, dans les écrits du Arizal, les klipot ne sont généralement pas désignés par des noms propres et ne sont pas non plus présentés comme des démons en tant que tels.
Le rabbi Shimshon d'Ostropol, un important kabbalistes de Pologne au début du 17e siècle, s'intéressaient à la démonologie et il a créé toute une série de noms inédits pour les klipot, qui apparaissent dans son séfer Karnayim. Cet ouvrage semble être le dernier texte original de démonologie kabbalistique.
-> Le rabbi Naftali Hertz ben Yaakov El'hanan Bacharach était un érudit allemand du 17e siècle. Il écrit (dans son Emet Hamélé'h 140b) que les démons, hommes et femmes, ont le corps et le visage couverts de poils, mais que leur tête est chauve.
-> Le Zohar divise les démons en trois catégories :
1°/ Ceux qui ressemblent aux anges ;
2°/ Ceux qui ressemblent aux humains et se soumettent à la Torah [on dit qu'Achmédaï et ses semblables font partie des "démons juifs", car ils professent leur adhésion à la loi divine ; voir Zohar III:253a et 277a ] ;
3°/ Ceux qui n'ont pas peur d'Hachem et sont comme des animaux.
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+ Les démons à l'extérieur, les démons à l'intérieur :
-> Les kabbalistes et les maîtres 'hassidiques établissent également un parallèle entre le concept d'activité des démons dans le monde en général et le fonctionnement des "démons intérieurs".
Ils clarifient la signification des déclarations antérieures qui décrivent les démons comme étant humains mais "sans pieds humains" et les analogies les concernant, selon lesquelles ils changent de forme et sont considérés comme masculins et féminins.
-> Le rav Mordé'hai Silver (dans un cours sur le Likouté Moharan - maamar 28) a enseigné la différence entre les démons juifs et les démons non juifs.
Il les a comparés aux démons intérieurs, le yétser hara juif (inclination vers le mal) et le yétser hara des non juifs. L'inclination vers le mal est liée à de faux fantasmes qui sont également identifiés aux démons. Les sages enseignent, par exemple, que les démons ressemblent à des humains mais n'ont pas de pieds humains. Cela ressemble au mensonge, à propos duquel les sages disent que "le mensonge n'a pas de pieds pour se tenir debout" (voir Shabbath 104a).
Le Zohar enseigne qu'ils apparaissent parfois sous forme masculine et parfois sous forme féminine. Ils changent constamment de forme, car ce sont des créatures basées sur le vent.
Le Ramban enseigne qu'ils possèdent les éléments du vent et de l'énergie, mais pas ceux de la terre et de l'eau. À l'instar d'un fantasme qui ne repose pas sur la réalité, les démons changent constamment, car leur réalité n'a pas de fondement solide.
Les pulsions du mauvais penchant sont comme de simples fantasmes, elles ne procurent pas vraiment de plaisir durable et changent constamment de forme, désirant parfois une chose, puis une autre.
Le Arizal enseigne que l'homme est enraciné dans ce monde car il est composé de 3 parties : une âme, un corps et un lévouch, un vêtement qui combine l'âme et le corps.
La racine de ces trois éléments est les trois formes du nom d'Hachem : אהיה (Eyé), qui peut être complété de trois manières principales :
1°/ אלף-הא-יוד-הא
2°/ אלף-הי-יוד-הי
3°/ אלף-הה-יוד-הה
La somme numérique de ces trois formes est égale à 454, soit le même chiffre que 'hotèm (חותם - le sceau) de la sainteté.
Un démon n'a que deux noms qui l'animent, les deux premiers. La valeur numérique de ces deux noms est 304, soit le même chiffre que le mot shéd (שד), démon. Comme il lui manque le troisième nom, il est incapable d'entrer réellement dans un corps dans ce monde, et il est une créature de l'air et des cieux, qui n'est pas ancrée dans la réalité.
-> Les kabbalistes et les maîtres 'hassidiques écrivent que l'homme produit les démons de l'intérieur par ses pensées, ses paroles et ses actions.
Les "démons" juifs sont ces pulsions qui poussent à se livrer de manière inappropriée à des choses qui sont techniquement autorisées par la Torah, comme la gourmandise de nourriture casher.
Les démons non juifs sont ces pulsions vers des choses qui sont intrinsèquement interdites par la Torah en soi, comme le désir de nourriture non casher.
On enseigne que le verset "La faute se tient à la porte et son désir est pour toi" (Mikets 44,7) exprime la relation complexe entre une personne et "son mal". Le mal est un parasite qui s'efforce de s'attacher à l'homme, car l'homme est sa seule source de nourriture ; le mal vit en consommant l'homme, son hôte.
Même au milieu de sa repentance, si l'on ne fait pas attention, on peut retomber dans le gouffre dont on cherche à se sortir.
Les démons, "la plaie de l'homme" (Shmouël II 7,14), sont créés par l'homme, mais ils prennent une
existence propre, se reproduisant et se multipliant jusqu'à étouffer la personne. Ils le font pour assurer leur propre survie. [basé sur un enseignement du rav Adin Steinsaltz - Opening the Tanya - p.207]
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+++ Dissidence apparente sur les démons :
+ Le Rambam :
-> Dans les milieux universitaires, il est généralement admis que le Rambam niait l'existence des démons. Pour être clair, le Rambam ne le nie pas explicitement (même si le rabbi Eliezer Sim'ha Rabinowitz cite le commentaire du Rambam sur Avodah Zarah 4:7 comme un déni explicite de l'existence des démons) ; mais cela est plutôt sous-entendu dans l'ensemble de ses écrits.
[ l'idée est que le Rambam semble adopter une position unique sur les démons et de nombreux phénomènes surnaturels, affirmant que ces descriptions ne doivent pas être prises au sens littéral ; voir Moré Névou'him 1:7 ; Pirouch Hamichnayot sur Avodah Zarah 4:7 ]
Le rabbi Yossef Ergas, rabbin et kabbaliste italien du 17e siècle, a écrit (Shomer Emounim Hakadmon) que le Rambam considérait la croyance aux démons comme "absurde et stupide".
De nombreux autres érudits rabbiniques semblent arriver à la même conclusion. [comme le Abarbanel (Choftim 18,9) ; ou bien rabbi Shlomo Aviad Sar Shalom Basila (Emounat 'Hakhamim 15b)]
Le rabbi Yossef ben Shem Tov ibn Shem Tov (dans sa traduction du Bitoul Ikré Hanotsrim) écrit que Rambam explique le passage de la Torah "Ils sacrifiaient à des démons (shédim) qui n'étaient pas des dieux" (Haazinou 32,17) comme faisant référence à des choses imaginaires et inexistantes.
Le fait qu'il soit traduit par "choses imaginaires" implique que, pour Rambam, les démons n'existaient pas.
-> Il est connu que le Gaon de Vilna a critiqué le Rambam pour ses déclarations qui semblent rejeter la magie, les démons et autres sujets similaires.
Le Gaon (Biour haGra - Yoré Déa 179,13) écrit que l'étude de la philosophie par Rambam l'a égaré dans ce domaine et que toutes les autorités qui lui ont succédé ont été en désaccord avec lui.
Le Gaon de Vilna encourage à suivre le Talmud, qui enseigne que les amulettes peuvent être efficaces et que les démons existent.
-> Le rabbin Yosef Shaul Nathansohn, un éminent sage polonais du 19e siècle, a remarqué que Rambam avait omis les lois relatives aux démons dans son code juridique et en a conclu que Rambam ne croyait pas aux démons, mais qu'il avait seulement fait allusion à ce fait de manière ambiguë par déférence envers ses contemporains. [Shoel ouMétiv - vol.4 - n°87]
Le rabbi Ménaché ben Israël (Nichmat 'Haïm 3:12) reconnaît que Rambam ne semble pas croire aux démons et dresse une liste de certaines autorités de la Torah qui ne sont pas d'accord avec lui (le Rambam). [dans laquelle il y inclut : le Kouzari (dans 5:14), ainsi que Rabbénou Bé'hayé, rabbi 'Hasdai Crescas ; Abarbanel et le Sforno. ]
-> Il est fascinant de constater que le Rambam ne rejette pas réellement les références talmudiques aux démons, mais semble plutôt classer les récits les concernant et de nombreux événements surnaturels comme des paraboles aux allusions très profondes. [Otsar haGaonim sur Béra'hot 59a]
Les sages qui s'intéressaient à la philosophie avaient également tendance à avoir des perspectives énigmatiques sur les démons, bien que cela ne soit pas le cas de tous. [comme au 14e siècle, le rabbi 'Hasdai Crescas (Ohr Hachem 4:6) qui croyait aux démons, tout comme son élève rabbi Yossef Albo (dans son séfer Ha'Ikarim 3:8) ]
De plus, il existe une poignée d'autres autorités de la tradition juive dont la position sur le sujet des démons reste ambiguë.
Dans son Moré Névou'him (1:7), le Rambam cite le midrach selon lequel Adam a engendré des esprits pendant ses 130 années de réprimande (voir Erouvin 18b). Le Rambam interprète ces "démons" comme des personnes dont l'intellect n'est pas développé.
Le rabbi Nissim Gaon dit au nom du rabbi Saadiah Gaon, de manière similaire, qu'il s'agit d'humains difformes.
Rabbeinu Avraham, le fils du Rambam, dit que toutes les références aux démons dans le Talmud se sont en fait produites dans des rêves, et qu'il était imprudent de penser autrement (maamar al Derachot 'Hazal).
Le Méiri ne rejette jamais non plus catégoriquement l'existence des démons, mais tend à les interpréter de manière similaire au Rambam.
Le point de vue du Ibn Ezra est également un peu énigmatique. D'après ses commentaires (sur A'haré Mot 17,7 ; Haazinou 32,17 et Téhilim 106,37), il semblerait que les démons soient des hallucinations qui n'apparaissent qu'à ceux qui souffrent d'un déséquilibre mental.
Il existe en outre une légende intéressante rapportée par rabbi Moché ben 'Hasdai Taku, un tossafiste du 13e siècle, qui écrit que Ibn Ezra a écrit "qu'il n'y a certainement pas de démons dans le monde", et chose incroyable, qu'il a été tué par des démons sous la forme de chiens dans une forêt (voir Otsar Né'hmad - vol.3, p.97).
Cependant, d'un autre côté, le Ramban (sur A'haré Mot 17,7) semble suggérer qu'Ibn Ezra croyait en fait aux démons.
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+ Le fait que Rambam croyait aux démons :
-> Cependant, le fait que le Rambam ne croyait pas aux démons n'est pas nécessairement concluant.
Le Rivach (14e siècle), écrit (dans Téchouvot Rivach 45), à l'instar du Gaon de Vilna, que le Rambam a été influencé par ses études de philosophie. Cependant, le Rivash suggère que le Rambam n'avait peut-être pas lui-même les opinions philosophiques qu'il écrit, mais qu'il essayait simplement d'influencer les gens de son époque qui étaient très fortement influencés par la philosophie.
Un très grand nombre de sages rabbiniques écrivent avec certitude que le Rambam croyait en l'existence des démons. Plusieurs autorités affirment que le Rambam croyait en ce que le Talmud appelle roua'h raa. [par exemple rabbi David ben Shmouël Kochavi (séfer Habatim vol.2)]
Ce fait est également sous-entendu dans les écrits d'un grand nombre d'autres sages rabbiniques. [ex : rabbi Avraham ben David (dans le Kessef Michné sur Hilkhot Téfilin 4:9)]
-> D'autres sages ont fait une distinction, affirmant que Rambam croyait qu'à l'époque du Talmud, le roua'h raa représentait une menace, mais que les circonstances avaient changé et qu'il ne représentait plus aucun danger à son époque. [ex: Malbim - Artzot ha'Haïm 4,4]
Le rabbi Yékoutiel Aryeh Kamelhar de Stanislav, érudit du début du 19e siècle, affirme (dans son Avodat hakadmonim) que les démons n'existaient tout simplement pas là où vivait le Rambam, mais qualifie d' "absurdité totale" l'idée selon laquelle le Rambam aurait nié l'existence des démons.
-> Le rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk affirmait que le Rambam était en réalité une figure clé dans l'éradication des démons du monde. Il écrit que dans les générations précédentes, les démons existaient bel et bien, mais que le Rambam, en tant qu'autorité juridique juive de premier plan, était en réalité capable de changer la réalité matérielle grâce à ses déclarations juridiques juives.
Lorsque Rambam a indiqué dans ses écrits que les démons n'existaient pas, cela a été accepté au Ciel, et il a ainsi été établi que les démons disparaîtraient de la terre. [Otsar ha'Hassidout]
-> Le rabbi Yonatan Shteif, juge rabbinique à Budapest et autorité rabbinique de renommée mondiale, a écrit quelque chose de particulier à ce sujet.
Il cite le Yéchouot Yaakov, qui cite Rabbénou Avraham, le fils du Rambam, qui a témoigné que son père croyait aux shédim. De plus, il écrit que lorsque le Moré Névou'him (Guide des égarés) s'oppose à la croyance aux démons, cela n'a en fait pas été écrit par le Rambam. [rabbi Shteif - 'Hadachim Gam Yéchanim - sur Béra'hot 6a - vol.1 ]
-> Le rabbi 'Haïm Elazar Shapiro, le Min'hat Elazar, a un point de vue particulièrement intéressant qui explique la contradiction apparente entre la perspective du Rambam sur les démons et celle des sages talmudiques. [Divré Torah - mehadoura 6, siman 54]
Il écrit que la guémara (Pessa'him 110b) dit que "celui qui s'inquiète à leur sujet [les démons], ils le dérangent ; tandis que celui qui ne s'inquiète pas à leur sujet, ils ne le dérangent pas".
En d'autres termes, les démons ne sont réellement nuisibles que si une personne en a peur. Étant donné que Rambam vivait en Egypte à l'époque médiévale, où la croyance aux démons était répandue, il existait en réalité un grave danger pour ces personnes, car elles en avaient peur.
Sachant cela, Rambam a essayé de leur enseigner que les démons n'existent pas afin qu'elles n'en aient pas peur et ne soient donc pas exposées à un quelconque danger.
-> Même si l'on pouvait dire que Rambam ne croyait pas initialement aux démons, il est également connu que Rambam, plus tard dans sa vie, s'est davantage intéressé au mysticisme juif et a renoncé à une grande partie de ses conclusions philosophiques antérieures. Il s'ensuit donc qu'il ne suffit pas de rejeter Rambam comme un non-croyant aux démons.