+ Le tsadik = une fenêtre donnant sur Hachem :
1°/ Nos fautes nous empêchent de constater qu'Hachem nous regarde d'amour :
-> "Voici, Il se tient derrière notre mur, Il observe par les fenêtres, Il regarde à travers les fentes" (Chir Hachirim 2,9).
-> Le rav Saadiah Gaon explique que lorsqu'une personne regarde par une fenêtre, elle voit ce qui se trouve à l'intérieur, et ceux qui sont à l'intérieur la voient également. Cependant, lorsqu'on regarde à travers une fente (fissure), on peut voir ceux qui sont à l'intérieur, mais on n'est pas vu.
Le verset nous enseigne qu'Hachem veille sur nous de deux manières : lorsque nous sommes dignes que la Providence de Hachem se révèle, Il nous accorde toutes sortes de bienfaits et chacun ressent Sa proximité, éprouvant le sentiment que "la proximité de Hachem est bonne pour moi" (Téhilim 73,28) ; ce qui est décrit comme regarder par les fenêtres.
Cependant, à d'autres moments, nous ne sommes pas dignes de la Providence révélée et devons plutôt faire l'expérience de la dissimulation. Même alors, Hachem continue à regarder à travers les fissures et à veiller sur nous.
-> Le Yad HaKétanah écrit :
"Même dans ce long exil et cette grande obscurité, une personne ne doit pas penser qu'Hachem ne veille pas sur nous. En vérité, même dans cet exil amer, Il veille sur nous ; la seule différence est qu'autrefois, Sa Providence était révélée à tous par le fait qu'Il contournait les lois de la nature, alors qu'aujourd'hui, en raison de nos nombreux péchés, nous ne méritons pas de miracles manifestes.
Au lieu de cela, les miracles se produisent par des moyens naturels, rendant la Hachgakha (providence divine) moins apparente.
C'est le sens de "hester panim", comme le dit le verset : "Je leur cacherai Ma face" (Vayélé'h 31,17).
C'est pourquoi il est dit : "Voici, Il se tient derrière notre mur", car cette séparation est de notre propre fait. Auparavant, Il observait depuis les fenêtres, c'est-à-dire de manière ouverte, à l'instar d'une fenêtre où celui qui regarde peut également être vu par ceux qu'il observe. En d'autres termes, Il accomplissait pour nous des miracles manifestes, à travers lesquels Sa Providence était facilement perceptible, car ces merveilles n'étaient pas soumises aux lois de la nature.
Maintenant, cependant, Il regarde à travers les fentes, comme quelqu'un qui voit son prochain à travers les fissures d'un mur. L'observateur voit ce qu'il verrait s'il regardait par une fenêtre ; la seule différence est pour celui qui est observé, car il ne voit ni ne sait qu'il est observé. S'il était observé sans barrière entre lui et celui qui le regarde, il serait clair pour lui et pour les autres qu'il est surveillé [en permanence par un papa aimant]."
<--->
2°/ Le tsadik nous permet d'observer Hachem même en pleine obscurité de l'exil :
-> Même pendant notre exil, lorsque Hachem regarde à travers les fentes [du mur qui nous sépare de Lui] et est donc invisible pour nous, chaque juif a toujours la capacité de discerner la Hachgakha d'Hachem dans la création grâce au pouvoir d'un tsaddik, car les tsaddikim sont comparés à des fenêtres.
Le 'Hatam Sofer (Drachot - drouch Hesped Shovavim 5554) explique qu'un tsadik est appelé "les fenêtres du ciel", car tout comme la générosité d'Hachem est transmise à travers les fenêtres du ciel aux nations du monde par leurs étoiles et constellations assignées, Son influence atteint le peuple juif à travers les tsadikim.
Lorsque le verset dit qu'Hachem veille depuis les fenêtres, il fait allusion au fait que c'est à travers les tsadikim, appelés fenêtres, que Hachem veille sur nous et nous accorde une bonté et une miséricorde abondantes.
Sur cette base, le 'Hatam Sofer explique que le verset : "Car la mort est montée par nos fenêtres, elle est entrée dans nos palais" (Yirmiyahou 9,20), exprime qu'avec le décès d'un tsadik, une fenêtre s'est fermée, empêchant les juifs de percevoir la Hachgakha d'Hachem.
-> Ainsi, le tsadik est la fenêtre à travers laquelle les prières du peuple juif sont transmises au ciel, et à travers laquelle la générosité divine, tant matérielle que spirituelle, nous est transmise.
En effet, le tsadik sert de lien avec Hachem, comme l'a dit Moché notre maître : "Je me tiens entre Hachem et vous" (Vaét'hanan 5,5), afin de relier le peuple juif à son Père céleste.
Yitro a exprimé la même idée à Moché lorsqu'il a dit : "Tu seras pour le peuple en face d'Hachem, et tu présenteras les affaires à Hachem" (Yitro 18,19). Rachi explique que Moché serait le représentant et l'avocat de la nation devant Hashem.
Le Tiféret Shlomo (Yitro) ajoute que le rôle du tsadik est d'intercéder auprès d'Hachem en faveur du peuple juif, pour tout ce qu'il demande.
-> Ailleurs, le Tiféret Shlomo (Mattot) déclare :
"Aucune prière, supplication ou mitsva accomplie par une personne dans ce monde ne peut parvenir devant Hachem, sauf par l'intermédiaire du tsadik, qui est le fondement du monde.
Lui seul escorte et transmet toutes les mitsvot et les bonnes actions du peuple juif, les présentant favorablement devant Hachem, car il unit et relie tous les mondes avec toutes les prières qui s'unissent à lui, pour le bien."
-> De même, Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan - Torah 9) enseigne :
"Chaque personne doit attacher ses prières au tsadik de la génération, et le tsadik sait comment se concentrer sur les portes appropriées et amener chaque prière à son entrée appropriée. Car chaque tsadik a un aspect de Moché et du machia'h."
-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach - vol.1 - fin du drouch 9) explique que l'affirmation de nos Sages (Yoma 52a) selon laquelle l'amour d'Hachem pour le peuple juif rend inutile tout messager par lequel leurs prières peuvent monter, n'est vraie que pour les tsadikim qui s'attachent à Hachem. Cependant, pour les gens ordinaires, le Temple servait de point central à travers lequel leurs prières pouvaient s'élever vers le Ciel. C'est pour cette raison que nous prions en nous tournant vers le Temple (Béra'hot 30a).
Après la destruction du Temple, cependant, Hachem nous a laissé un reste : les tsadikim, dont le monde ne compte jamais moins de 36 (Soucca 45b) et dont Hachem désire les prières (Yébamot 64a).
Les prières de chaque juif peuvent être attachées aux prières du tsadik et ainsi s'élever directement vers les cieux.
[Hachem aime et accorde de l'importance à la prière sincère de chaque juif (même celui qui a le plus fauté), et le rôle du tsadik est de contribuer à les élever le plus haut pour avoir le plus de bonnes choses qui en résulte. ]
<--->
-> Moché Rabbénou était particulièrement apte à accomplir cette tâche qui consistait à relier les royaumes supérieur et inférieur, car nos Sages (midrach Dévarim rabba 11,4) interprète la description que la Torah fait de lui comme "un homme de D." (ich haElokim - Vézot haBéra'ha 33,1) comme signifiant que sa moitié inférieure était "humaine" et sa moitié supérieure divine.
Ainsi, concernant sa déclaration : "Écoutez, ô cieux ... et que la terre entende" (haazinou achamayim ...vétichma aarets - Haazinou 32,1), nos Sages (Sifrei - Haazinou 306) expliquent qu'il était proche des cieux et éloigné de la terre, c'est pourquoi il a utilisé le terme "écoutez" (impliquant une écoute de près) pour s'adresser aux cieux, et le terme "entendez" (impliquant une écoute de loin) pour s'adresser à la terre.
Moché servait de pont reliant les juifs à leur Père céleste, et était donc plus proche des cieux que de la terre, possédant le pouvoir d'élever les juifs et leurs prières devant Hachem et de gagner Sa faveur.
Une extension de Moché existe dans chaque génération, car chaque génération a des tsadikim qui peuvent relier le peuple juif au Ciel et présenter leurs prières et leurs demandes devant Hachem de manière favorable. Ce faisant, ils révèlent à ceux qui sont enlisés dans la matérialité que ce monde a un Maître, qui les observe et les guide à chaque instant.
Nous comprenons maintenant que, bien que dans notre exil, Hachem regarde à travers les fentes, Il voit, mais n'est pas vu par nous, néanmoins, grâce au tsaddik, nous pouvons mériter de discerner Sa présence et Sa Providence de la même manière qu'Il regarde par les fenêtres.
Même au milieu d'un exil difficile, et pendant toutes les épreuves auxquelles une personne est confrontée, elle a le pouvoir de percevoir et d'expérimenter la présence de Hachem dans le voile, à travers le tsadik qui révèle qu'il existe un Créateur et que tout est ordonné par la Providence d'Hachem pour notre bien ultime.
... le tsadik sert de fenêtre, permettant au peuple juif de regarder à travers et de percevoir la Providence et la présence de Hachem.
[rabbi David Abou'hatséra - maamaré Emouna ouBita'hon]