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Meilleur engagement avant Roch Hachana

+ Quel est le meilleur engagement qu'une personne doit prendre avant Roch Hachana?

-> Rabbi 'Haïm Kanievsky de répondre : "La meilleure chose est de s'asseoir et d'étudier la Torah! Tout est inclus dans cet engagement."

-> Rav Steinman dit également que pendant le mois d'Elloul, l'objectif principal doit être d'augmenter son étude de la Torah.
Il cite l'exemple du 'Hazon Ich qui en Elloul passait plus de temps que d'habitude à étudier la guémara (ce qu'il faisait quasiment non stop le restant de l'année).

[rapporté par un petit-fils du rav Kanievsky : rabbi Avraham Yéchayahou Steinman]

"A Roch Hachana, les livres des vivants et les livres des morts sont ouverts devant Lui (Hachem)"
[guémara Roch Hachana 32b - וספרי חיים וספרי מתים פתוחין לפניו]

-> Selon nos Sages, cela signifie qu'on juge les morts en fonction de ce qu'ils ont laissé derrière eux.
Si leurs enfants (ou élèves) sont droits et craignant Hachem, alors même s'ils sont déjà morts il y a de longues années, on ouvre de nouveau leur dossier, et on vérifie les actes de leurs descendants, et quand on voit que ce sont des justes, on fait monter leur père de niveau en niveau dans le monde qui est entièrement bon.
Si malheureusement, ils ont laissé des enfants qui ne suivent pas les voies de la Torah, on les fait descendre de niveau en niveau.

Par conséquent, même de nombreuses années après leur décès, on les juge dans le Ciel en fonction de ce qu'ils ont laissé derrière eux.

[c'est pour cela que nos Sages enseignent que le plus grand respect des parents se fait une fois qu'ils sont morts, et que leur évolution dans le monde de l'éternité, dépend totalement de nos actions!]

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-> Le 'Hemdat Shlomo (rav Shlomo Zalman Lifshitz) donne une autre explication :
Il est nécessaire d'ouvrir les livres des morts, car lorsqu'une personne est jugée, absolument tout est pris en compte, ce qui inclut qui étaient ses ancêtres, et de quelle façon cela l'impacte.
Peut-être que si l'origine de ses fautes provient de ses générations antérieures, alors sa punition ne sera pas aussi sévère.

Pendant le mois d'Elloul, les âmes des justes de la génération du désert viennent aider chaque juif à se repentir et à se rapprocher du Créateur.

['Hidouché haRim - dans son Séfer Haz'hout]

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+ Etre juif (Yéhoudi) = c'est savoir reconnaître ses erreurs => faire téchouva!

-> Tous les juifs sont appelés d'après le nom de Yéhouda, car celui-ci avait l'habitude de reconsidérer sa conduite.
En effet, sensible à ses manquements, il les reconnaissait immédiatement, comme le met en avant la bénédiction que lui adressa son père Yaakov : "Pour toi Yéhouda, tes frères te rendront hommage" (Vayé'hi 49,8), le Targoum expliquant : toi tu as avoué et n'as pas craint.

Yéhouda eut le courage de reconnaître publiquement son erreur concernant l'épisode de Tamar en disant : "C'est elle qui a raison, contrairement à moi".
La guémara (Sotah 7b) souligne que Yéhouda n'eut pas honte de reconnaître sa faute et qu'a-t-il eu en retour? Il mérité la vie dans le monde à venir.

[issu d'un divré Torah du rav David Pinto]

Shofar – réveiller la miséricorde Divine

+ Shofar - réveiller la miséricorde Divine :

-> Nous sonnons le Shofar pendant le mois d'Elloul, qui est composé de 29 jours, ainsi que durant les 2 jours de Roch Hachana, soit un total de 31 jours.
Cependant, le Shofar n'est pas sonné à Shabbath et la veille de Roch Hachana.
[on peut noter que : שבת est l'acronyme de : שבת במקום תרועה (Shabbath à la place de [la sonnerie] Téroua - Shabbath bim’kom téroua).]

En retirant 5 (4 Shabbath et 1 jour de la veille de Roch Hachana), nous arrivons à un total de 26 jours où nous sonnons le Shofar, ce qui est la valeur numérique du nom Divin (Tétragramme) qui représente Sa miséricorde, et c'est ce que nous désirons tout particulièrement à ce moment si vital pour l'année à venir.

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-> Béréchit = au commencement, Hachem créa ...

Lorsque nous comptons 26 lettres à partir du ש de : "achamayim" (השמים - v.1), qui est dans le 1er verset de la Torah, nous parvenons à un : ו (du mot : ובהו - vavo'ou - v.2), puis en comptant à nouveau 26 lettres nous arrivons à un : פ (du mot : מרחפת - méra'héfét - v.2), puis en comptant encore 26 lettres, nous parvenons à un : ר (du mot : אור - or - v.3).

=> Ces lettres forment le mot : שופר (Shofar), en allusion au fait qu'il permet d'amener la miséricorde Divine.

[ces 4 lettres formant Shofar, se trouvent dans les 3 premiers versets de la Torah, en allusion au 3 types de sonneries utilisées.]

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-> Il est écrit : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé pour notre solennité" (Téhilim 81,4), soit en hébreu : תקעו בחדש שופר בכסה ליום חגנו.

On peut noter que :
- les lettres précédentes du mot : חדש ('hodéch) permettent de former גזר (gézar - un décret).
[le ח vient après le ז ,de même : ד et ג ; et de même ; ש et ר]

- les lettres précédentes de : שפר (Shofar) forment : קרע (kéra)
[le ש et ר , de même פ et ע , et également ר et ק]

- les lettres précédentes de : כסה (kissé) forment : דין (din).
[le כ et י , de même ס et נ , et également ה et ד .]

=> Ainsi, en prenant à chaque fois la lettre venant avant, nous obtenons : kéra gézar din (דין גזר קרע) qui signifie : déchirer le décret de justice/le jugement.
On a donc le lien suivant : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé" = déchirer le décret de justice, pour avoir à la place celui plein de miséricorde.

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-> Le Panim Yafot (A'haré Mot) fait remarquer que pendant le mois d'Elloul, nous récitons le téhilim : "léDavid Hachem ori" (לדוד ה אורי - Téhilim 27), qui contient 13 fois le nom Divin (יְהוָה), en correspondance avec les 13 Attributs de miséricorde.
Or, nous lisons ce téhilim 2 fois par jour (matin et soir), ce qui fait que chaque jour il nous permet de mentionner 26 fois le nom Divin lié à la miséricorde (qui a lui même une valeur numérique de 26 - יְהוָה).

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-> Le Bné Yissa'har explique que nous trempons la 'halla dans le miel, car : דבש (miel - dvach) a une guématria de 306, qui est la même que : אב הרחמים (av ara'hamim), ou bien que : אב הרחמן (av ara'haman), qui signifient : "Père miséricordieux".

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-> Il est intéressant de constater que le nom Divin de justice est : א-דני (A- donay) et il peut se décomposer :

- en א = allusion à Roch Hachana qui est le 1er jour de l'année juive ;
- en י = le 10 fait allusion à Yom Kippour qui est le 10e jour de l'année (le 10 Tichri) ;
- et il reste au milieu de ces 2 lettres : דן (din - jugement), car c'est alors que nous sommes jugés.

=> d'où l'importance du Shofar, comme il est écrit par exemple :

-> "Hachem déclare à Israël : ‘De même que, dans le Shofar, le son entre d’un côté et ressort de l’autre, ainsi Je me lèverai du trône de justice pour m’asseoir sur celui de miséricorde en changeant l’attribut de rigueur en attribut de miséricorde’
[…]
L’homme souffle d’un côté et le Shofar émet un son de l’autre, de même, tous les accusateurs vous incriminent devant Moi, et Je les écoute d’un côté et les fais sortir de l’autre."
[midrach Téhilim 81]

-> "Grâce au Shofar, car sa voix s’élève dans les cieux et éveille le Shofar d’en-haut, ce qui stimule l’attribut de miséricorde.
Hachem quitte alors son siège de justice, s’assoit sur celui de la clémence et prend Son peuple en pitié.
Alors l’accusateur ne sait que faire, Israël se repent et le Satan ne peut plus rien devant le trône de miséricorde."
[Hachmatot haZohar – Béréchit – p.254]

-> "Lorsque le peuple juif sonne du Shofar, Hachem se lève du Trône de justice et prend place sur le Trône de miséricorde.
Hachem est alors rempli de miséricorde, et Il inverse l’Attribut de justice en miséricorde."
[Yalkout Chimoni Téhilim 47]

-> "Heureux le peuple connaissant la téroua [du Shofar]" (Téhilim 89,16)
Rabbi Yéchaya fait remarquer que les autres nations savent également souffler pour produire une sonnerie.
Cependant : "Heureux est le peuple qui sait comment apaiser Son Créateur par la sonnerie du Shofar."
[midrach Yalkout Chimoni – Vayikra 645]

-> Les Tossafot (guémara Arakhin 10b) écrivent que les anges disent un cantique à Roch Hachana et Yom Kippour, parce qu’En-Haut ils voient D. se lever du trône de justice et prendre place sur le trône de pitié.

-> "Les sonneries du Shofar apportent les prières du peuple juif dans le Saint des Saints devant la présence divine, et entraîne Hachem à se rappeler de nous avec miséricorde."
[le Ritva – guémara Roch Hachana 26a]

-> "La sonnerie du Shofar réveille la compassion du Ciel et amène la faveur Divine, une subsistance abondante et toutes les bonnes choses sur ce monde au profit du peuple juif."
[Beit Pin'has]

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-> Si la sonnerie du Shofar fait déplacer Hachem sur Son Trône de Miséricorde, alors chaque année devrait être bonne, sans misère. Pourquoi n'est-ce pas le cas?

C'est que le son du Shofar n'est efficace que s'il pousse les gens à faire téchouva.
En effet, le mot Shofar est en lien avec : "shapérou maaché'hem" (améliorez vos actions).
[le Yichma'h Moché - Roch Hachana]

[on ne doit pas aborder le Shofar comme si on allait au concert, où ce qui se passe est extérieur à nous, et où l'on y va parce qu'on ne peut pas ne pas y aller (qu'en dira-t-on! ça ne se fait pas!).
Au contraire, nous devons saisir le Shofar, et profiter de sa puissance pour le plus possible alimenter notre processus de téchouva, de retour vers notre Source première : Hachem! ]

-> Les 3 événements majeurs qui ont eu lieu à Roch Hachana forment l'acronyme : בנים (enfants - banim) :

- le bét : בטלה עבודה = les juifs en Egypte ont cessé de travailler durement comme esclaves pour les égyptiens ;

- le noun : נפקדה = Hachem s'est souvenu de Sarah, de Rachel et de 'Hanna, en leur permettant d'être enceintes ;

- le youd et mém : יצא מבור = Yossef est sorti de prison et il est devenu vice-roi d'Egypte.

=> Dans la prière nous disons : "Aies pitié de nous, comme un père avec Ses enfants" (ra'haménou kéra'hém av al banim), en souvenir des ces événements.

[Paparout léHokhma de Rabbi Noa'h Lipshitz (un proche du Gaon de Vilna)]

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+ Rabbi Akiva dit : "Heureux êtes -vous Israël! Devant Qui vous purifiez-vous et qui vous purifie?
Votre Père qui est au ciel"
[guémara Yoma 8,9]

-> Rabbi Akiva ne dit pas : "votre Roi", mais "votre Père", car vous êtes pour Lui, comme des fils, vous êtes tous des frères.
Cependant, il y a une condition à cela : que la paix et la fraternité règnent parmi vous, que vous ne fautiez pas les uns envers les autres et que vous pardonniez à celui qui a fauté contre vous.

[si vous agissez comme des frères entre vous, alors je suis votre Père, ce qui n'est pas le cas si autrui est à vos yeux un étranger, un adversaire!
Or, un père agit avec ses enfants d'une façon miséricordieuse, très largement au-delà des actions accomplies.
Combien nous avons à gagner à nous aimer, et combien nous perdons à nous observer avec défiance!]

La grandeur de faire téchouva par amour

+ La grandeur de faire téchouva par amour :

-> La guémara (Yoma 86a) nous enseigne qu'il existe 4 niveaux de fautes et comment faire téchouva pour chacune. Les conditions pour obtenir le pardon varient en fonction du type de faute commise.
1°/ Le premier et le plus bas niveau d'infraction est le fait de ne pas accomplir une mitsva assé, un commandement positif. La téchouva pour ce type de faute efface immédiatement la faute.
Yom Kippour n'est même pas requis pour atteindre ce but.

2°/ Le deuxième niveau de faute est la violation d'un interdit (ne pas faire quelque chose), comme porter du chaatnez ou consommer un aliment non-cacher. Si le fauteur fait ensuite téchouva avec tout ce que cela implique, il n'est toujours pas pardonné.
La téchouva suspend son châtiment jusqu'à ce qu'il atteigne Yom Kippour, qui le purifiera de sa faute.
Il est intéressant de noter que le Meïri (Yoma 86a) déclare que la nécessité de Yom Kippour dans ce cas n'est pas absolue. En effet, celui-ci constitue une aide permettant à la techouva d'un individu d'être totalement sincère et définitive. Toutefois, si le fauteur parvient à atteindre ce niveau de techouva par lui-même, il sera en fait capable d'obtenir le pardon sans avoir besoin de l'aide de Yom Kippour.

3°/ Violer un 'hiyouv karet (une faute dont la punition est la mort (karé [spirituelle])) constitue le 3e niveau de faute.
La téchouva et Yom Kippour ne suffisent pas ensemble pour atteindre l'expiation. Pour ce type de faute, la téchouva, accompagnée de Yom Kippour, suspend la punition, mais le fauteur doit également faire l'expérience de souffrances, afin d'être totalement pardonné.

4°/ Le 4e niveau de faute est le 'hilloul Hachem. La téchouva, Yom Kippour et les souffrances réunis ne suffisent pas à expier ces fautes les plus graves. Pour un 'hilloul Hachem, la mort, est nécessaire pour recevoir le pardon.

-> Le 'Hida (Midbar Kedmot 8,18) enseigne que cette guémara fait référence à celui qui fait techouva par crainte (méyir'a). Il explique que lorsque l'on commet une faute et que l'on fait téchouva par crainte, la faute se transforme en choguég. (selon Rech Lakich (guémara Yoma 86b), une téchouva par crainte permet de transformer des fautes intentionnelles en fautes involontaires [choguég] ).
Ainsi, Yom Kippour est encore nécessaire pour éliminer les restes de la faute. Une téchouva par crainte n'a que la capacité de transformer la faute en involontaire, mais la faute, le 'hiyouv karet et le 'hilloul Hachem demeurent toutes, bien qu'en tant que involontaires.
Des conditions supplémentaires doivent être remplies pour éradiquer tout cela et obtenir le pardon.

En revanche, faire techouva par amour a le pouvoir d'éradiquer tout type de fautes, même le
'hilloul Hachem. (selon Rech Lakich (guémara Yoma 86b), une téchouva par amour permet de transformer des fautes intentionnelles en mérites)
La raison en est que dans le cadre d'une techouva par amour (mé'ahava), les fautes deviennent des mitsvot, et rien de plus que la techouva elle-même n'est nécessaire pour y parvenir.
Une fois ces fautes converties en mitsvot, Yom Kippour et les souffrances sont superflus, puisqu'il n'y a plus de faute à expier.
Etonnamment, le 'Hatam Sofer (drachot 1,19) affirme qu'une faute telle que manger une névéla (carcasse d'animal) est transformée par le biais d'une téchouva par amour en une mitsva telle que consommer le korban Pessa'h.
[l'idée est qu'une avéra de manger pas casher, devient alors une mitsva d'avoir mangé pas casher (d'une certaine façon on pourrait dire qu'elle nous est comptée pas Hachem comme étant réalisée à la perfection, ave toute les kavanot). ]

Le Min'hat 'Hinoukh (mitsva 364,35) déclare que même s'il existe des fautes pour lesquelles la téchouva seule ne suffit pas, c'est seulement lorsque la personne s'engage dans la techouva par crainte (d'Hachem), qu'il parle de techouva incomplète.
La techouva par amour (d'Hachem), en revanche, représente un niveau supérieur de techouva qui sert indépendamment à expier même les violations les plus graves. Avec une techouva par amour, les fautes sont converties rétroactivement en mitsvot.

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-> Cela nous aide à appréhender la pratique de chanter la confession de nos fautes (le Vidouï) à Yom Kippour avec une mélodie qui n'est pas mélancolique ; peut-être même pourrait-on la qualifier de joyeuse.
Le Tiféret Israël (Taanit 4,8) explique que le but du repentir est d'atteindre le niveau de techouva par amour. Parvenir à cet objectif à Yom Kippour transforme les fautes en mitsvot, et c'est pourquoi nous chantons pour célébrer toutes les nouvelles mitsvot que nous acquérons et ajoutons à notre acquis grâce à notre techouva par amour.

-> La guémara (Roch Hachana 16a-b) dit que nous sonnons 2 séries de tékiot (sonneries de Shofar), une avant et une pendant Moussaf. Nous soufflons deux fois pour plonger le Satan dans la confusion.
Tossefot explique que le Satan pense que la 1er série de tekiot est effectuée pour la mitsva du Sho-far et que la 2e série sonnée a pour objectif d'annoncer l'arrivée du machia'h.
Selon Rachi, lorsque celui-ci constate que nous aimons tellement les mitsvot que nous sonnons du chofar deux fois, il se retrouve réduit au silence et ses efforts contre nous sont contrecarrés.

Le rav Akiva Eiger explique que lorsque le Satan nous entend sonner du Shofar pour la première fois, il sait que nous faisons techouva. Il commence donc à établir la liste des fautes que nous avons commises au cours de l'année, et il se donne beaucoup de peine à nous poursuivre devant Hachem.
Puis, il nous entend sonner du Shofar encore une fois. Cette 2e fois témoigne du fait que nous aimons réaliser les mitsvot. Puisque ce faisant, nous montrons que nous aimons vraiment Hachem et Ses mitsvot, alors la téchouva que nous accomplissons est nécessairement par amour. Et ainsi, toutes nos fautes sont converties en mitsvot.
Chaque faute dans notre dossier d'accusation que le Satan, en tant que procureur, énumère à Hachem se retrouve transformée en mitsva. Conscient de ce phénomène, il est réduit au silence, car chaque faute mentionnée finit par jouer contre lui, augmentant les mérites de l'autre côté de la balance.
Telle est la raison, affirme le rav Akiva Eiger, pour laquelle la 2e série de tékiot (sonneries de Shofar) fait taire le Satan.

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+ Pourquoi le baal techouva est-il à un niveau supérieur à celui d'un tsadik gamour?

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 26b) enseignent : "à l'endroit où se tiennent les baalé techouva, même les tsadikim complets ne peuvent pas se tenir".
Il est difficile de comprendre en quoi cette affirmation est exacte. Quelqu'un ayant vécu toute son existence dans la pureté et au service de Hachem ne devrait-il pas être à un niveau plus élevé que celui qui a commencé à suivre Hachem et Ses mitsvot bien plus tard dans sa vie?
Le baal techouva a apparemment perdu beaucoup de temps à compenser les nombreuses années pendant lesquelles le tsadik accomplissait des mitsvot et lui non. Pourquoi donc le baal techouva se trouve-t-il à un niveau supérieur?

Le 'Hida (Pné David - paracha Choftim) explique que celui qui a accompli des mitsvot toute sa vie peut certainement atteindre des niveaux élevés. Mais il n'a jamais eu l'occasion de convertir ses fautes en mitsvot.
En effectuant une téchouva par amour (mé'ahava), le baal téchouva, dont le panel de fautes contenait peut-être les plus graves des fautes, subit à présent une transformation par laquelle toutes ses fautes deviennent des mérites.
Un tsadik ne peut accomplir que les 248 commandements positifs de la Torah. Un baal techouva, en revanche, ayant peut-être commis de nombreuses fautes, y compris celles pour lesquelles il est passible de mita et de karet, compte parmi ses mérites ces fautes très sérieuses ayant été transformées en mitsvot, ce qui fait certainement défaut au tsadik complet (gamour).

-> Le 'Hida ('Homat Anakh - Chir haChirim 6,26) enseigne que cela nous aide à comprendre pourquoi l'allusion de Hodech Elloul, le mois consacré à la téchouva, est : Ani léDodi véDodi li.
Le roi Chlomo attire notre attention sur le fait que lorsque nous nous engageons dans le processus du repentir, nous ne devons pas nous contenter d'une téchouva moyenne, médiocre et ordinaire. Ce que nous recherchons, c'est la "téchouva haut de gamme", la téchouva de léDodi, celle de l'amour. [ani léDodi]
La téchouva par amour est le but à atteindre ; par conséquent, dans ce contexte, Hachem est désigné par nous comme notre Bien-aimé (dodi). Nous nous efforçons d'accomplir le genre de téchouva qui ne nous permet pas seulement d'échapper à la punition, mais qui transforme nos fautes en mérites.
Cet allusion nous encourage à poursuivre le type de téchouva qui nous hissera à un niveau plus élevé qu'au départ, avec beaucoup plus de mérites que précédemment.
C'est la raison pour laquelle la première paracha que nous lisons en Elloul contient la phrase très importante "Vous êtes les enfants d'Hachem, votre D." (Réé 14,1). C'est là toute la base du concept de téchouva, qui ne peut être efficace que parce que nous sommes les enfants bien-aimés de Hachem.
[à l'image d'un enfant, même si l'on peut faire des bêtises, nous restons toujours l'enfant adoré de ses parents (Hachem), et nous revenons vers Lui plein d'amour. ]

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+ Les mérites acquis par la téchouva par amour sont des mitsvot absolument parfaites :

-> Le Maguid de Doubno rapporte la parabole suivante :
Un couple était fiancé. Le 'hatan était issu d'une famille simple qui ne possédait pas beaucoup de biens matériels. La famille de la kalla, qui résidait dans une autre ville, était quant à elle très aisée. Lorsque les parents se rencontrèrent pour planifier le mariage, le père de la mariée affirma aux parents du marié qu'il couvrirait avec plaisir la totalité des frais du mariage. Ayant compris que la famille du 'hatan n'en avait pas les moyens, il proposa de payer pour toute la soirée. La seule chose qu'il demanda fut que le père du 'hatan lui achète son costume de mariage.
Avec difficulté, le père rassembla suffisamment d'argent pour acheter un costume bon marché que le marié porterait ensuite lors de son voyage pour aller se marier.
En chemin, il trébucha et tomba, déchirant son costume en plusieurs endroits. Il arriva au domicile de sa fiancée la veille du mariage dans une tenue déchirée et froissée, certainement pas appropriée pour se marier. Son beau-père jeta un coup d'œil à ses vêtements et emmena le 'hatan chez son tailleur pour acheter un costume sur mesure dans le meilleur tissu.
Le père de la kalla expliqua à son gendre : "Maintenant que c'est moi qui t'achète un costume, je ne vais pas acquérir le type de vêtements que tu achèterais pour toi-même. Je vais te choisir le genre de costume que je porterais : avec le meilleur tissu, magnifiquement coupé et parfaitement ajusté."

Le Maguid de Doubno explique : même les mitsvot accomplies par un tsadik comportent probablement des imperfections. Elles sont inévitablement impactées par les limitations humaines. Peut-être n'ont-elles pas été accomplies avec une kavanna parfaite lors de leur exécution, ou ont-elles été entachées par une petite mesure d'arrière-pensée. Peut-être que la mitsva manquait de l'empressement, de la sim'ha ou de la yirat Chamayim (crainte du Ciel) appropriés.
Bien que ce tsadik possède de nombreux mérites, ils ne sont pas parfaits ; ils sont limités par les défauts humains.

Un baal techouva, en revanche, a l'avantage que Hachem transforme ses fautes en mitsvot. Et de quelle manière cela se fait-il?
Elles deviennent les meilleures mitsvot possibles, exécutées de la manière idéale dont Il aimerait que chacune d'elles soit accomplie. Ainsi, les mitsvot nouvellement générées du baal techouva sont parfaites et belles, sans aucun défaut.
Ses mitsvot sont générées par Hachem, et elles sont donc l'essence de la perfection. Hachem affirme : "Maintenant que Je te donne cette mitsva, ce ne sera pas le type de celles que tu pourrais faire toi-même. Je vais te conférer le genre de mitsva que Je voudrais : exécutée parfaitement avec toutes les bonnes kavanot."

C'est pourquoi, enseigne le Magguid de Doubno : ""à l'endroit où se tiennent les baalé techouva, même les tsadikim complets ne peuvent pas se tenir" (guémara Béra'hot 26b)
Un tsadik possède beaucoup de mitsvot et de mérites, mais ils sont tous de nature mortelle exécutés au niveau d'un être humain. Tandis que lorsque le baal techouva accomplit une techouva par amour, il acquiert des mitsvot de nature Divine beaucoup plus élevée.

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+ Comment atteint-on le niveau de techouva par amour (mé'ahava)?

-> L'amour d'Hachem se situe à un degré très élevé, et Rabbénou Bé'hayé ('Hovot haLévavot) en parle comme du niveau final et de la réalisation ultime de celui qui sert Hachem.
Néanmoins, le sentiment fondamental d'amour d'Hachem est déjà inhérent et programmé dans le cœur du juif et nous devons simplement travailler à l'exploiter et à le mettre au premier plan. Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.19) enseigne que notre amour pour Hachem ne doit dépendre d'aucun facteur externe. Nous n'aimons pas notre Créateur à cause des bienfaits qu'Il nous accorde. Ce n'est pas notre argent, notre succès ou notre renommée qui explique pourquoi nous aimons Hachem. Notre amour envers Lui est celui d'un enfant envers son père.
[selon le Ram'hal, l'amour que nous éprouvons pour Hachem, notre Père, est un amour naturel (ahava tivit).]
Un enfant ressent un amour naturel pour son père, pas seulement en raison de ce que celui-ci fait ou achète pour lui. La nature humaine oblige un enfant à aimer ses parents.
De même, notre nature même de Juifs provoque cet amour inné envers Hachem. Il est écrit : "N'est-Il pas [Hachem] votre Père, votre Maître?" (alo ou avi'ha kané'haHaazinou 32,6)

=> Comment peut-on nous ordonner d'aimer?

-> Le rav Akiva Eiger explique : Hachem nous ordonne de L'aimer, mais comment peut-on nous ordonner d'aimer quelqu'un ou quelque chose? Si, par exemple, une personne n'en aime pas une autre, elle ne peut pas apprendre à l'aimer simplement parce qu'elle en reçoit l'ordre. Alors, comment Hachem peut-Il S'attendre à ce que nous L'aimions juste parce qu'on nous dit que nous devons le faire?

La réponse est : "Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent l'un à l'autre" (Michlé 27,19), signifiant que si quelqu'un vous aime, alors vous l'aimerez en retour. L'amour est reproduit en retour.
Le Shéma que nous récitons quotidiennement déclare : "Tu aimeras Hachem" (véahavta ét Hachem - Vaét'hanan 6,4). Toutefois, juste avant le Shéma se trouve la phrase : "Hachem nous a choisis avec amour" (abo'hét béamo Israël béahava).
Ainsi : une fois que nous reconnaissons que Hachem nous aime, alors nous pouvons facilement être amenés à L'aimer en retour, puisque telle est la nature même de l'amour.

-> Le rav Avigdor Miller enseigne qu'une personne ne devait pas laisser passer un seul jour sans affirmer, au moins une fois : "Je t'aime, Hachem".

"Ils confesseront leur faute" (Bé'houkotaï 26,40)

-> Le 'Hafets 'Haïm a dit un jour :
"A quoi bon réciter ces supplications (les séli'hot), en racontant à Hachem que nous avons fauté, alors qu'Il connaît chacune de nos pensées et chacun de nos gestes.
Ces prières n'ont de sens que si elles nous incitent à prendre la ferme résolution de ne plus jamais réitérer nos écarts."

[il faut taper contre sa poitrine pour se réveiller et changer, et non comme pour tasser un sac de farine pour pouvoir encore davantage le remplir (de fautes)! ]

"A la fin, ce n'est pas les années de ta vie qui comptent, mais plutôt la vie dans tes années!"

[rav Avraham Linkener]

"Un homme échange sa vie entière pour le sifflet d'un jouet [que lui fait miroiter son yétser ara], et à la fin, il découvre que le sifflet ne fonctionne même pas."

[rav Israël Salanter]

"Tout celui qui a le potentiel de tomber très bas, a forcément en lui le potentiel de monter très haut"

[le Divré Chmouël - Rabbi Chmouël Weinberg]

=> Lorsque notre yétser ara nous a fait tomber bien bas, plutôt que de déprimer, d'être défaitiste sur nous-même, il faut en tirer la conclusion que nous avons de sublimes potentialités qui n'attendent qu'à être exploitées!