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Pleurer le Temple = mériter la première résurrection des morts

+ Pleurer le Temple = mériter la première résurrection des morts :

-> La guémara (Taanit 30b) nous dit que celui qui pleure Jérualem méritera de se réjouir de sa reconstruction, mais que celui qui ne pleure pas le Temple ne méritera pas cette joie.

-> Le Ritva, l'un des plus grands Richonim, donne une explication fascinante de cette guémara.
Il écrit qu'il y aura 2 étapes à la résurrection des morts.
La première aura lieu au moment de la reconstruction du Temple, et la seconde se produira bien plus tard.
Cette première résurrection des morts est destinée à ceux qui ont pleuré le Temple. Ils mériteront de participer à sa joyeuse reconstruction.
La seconde résurrection des morts est destinée à ceux qui n'ont pas pleuré la destruction du Temple comme il se doit. Ils n'assisteront pas à cet événement spectaculaire.
Tous les justes mériteront certainement la résurrection des morts, mais pour ceux qui n'ont pas pleuré le Temple, leur résurrection des morts arrivera trop tard pour qu'ils puissent assister à sa reconstruction.

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+ Ressentir la douleur :

-> Le Meïri, un autre grand Richon, dit ce qui suit : pour qu'une personne soit classée parmi celles qui pleurent Jérusalem, il ne suffit pas de jeûner le jour du 9 Av ou de dire les Kinot, car le deuil est dans le cœur.
On peut accomplir toutes les halakhot correctement, mais si l'on ne ressent pas réellement dans son cœur la douleur et la souffrance, on ne méritera pas de voir la reconstruction du Temple.

=> Ainsi, une personne peut tout faire correctement : elle jeûne, elle fait le prières du 9 Av, elle dit les Kinot, elle est assise sur le sol ; elle fait tout ce qu'elle est censée faire le 9 Av. Mais tout cela n'est pas suffisant.
Le Meïri nous enseigne que si l'on accomplit cette mitsva par cœur, sans ressentir de douleur dans son cœur, on n'est pas en rapport avec la véritable essence du 9 Av.

[nous avons 3 semaines où l'on doit se préparer à ressentir le 9 Av pleinement la perte du Temple. ]

Ressentir la destruction du Temple

+ Ressentir la destruction du Temple (par le rav Yérou'ham Olshin) :

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 6b) nous disent qu'il y a des choses spirituelles qui se tiennent : "béroumo chel olam" (au sommet du monde), mais les gens ne les apprécient pas et n'en profitent donc pas. [un exemple donné est la prière]
L'Alter de Kelm explique que "béroumo chel olam" fait également référence au fait que ces choses ont la capacité d'élever une personne à de grandes hauteurs, mais que les gens n'en font pas un usage approprié.
[en ce sens, Rachi (Béra'hot 6b) dit : la prière fait partie des choses qui se tiennent au sommet du monde, mais que les gens traitent avec légèreté. ]
Nous pourrions peut-être ajouter qu'il y a aussi des périodes de l'année qui peuvent élever une personne, mais nous ne profitons pas des opportunités qu'elles offrent. Bein Hamétsarim (du 17 tamouz au 9 av) est l'une de ces périodes.

Le rav 'Haïm Friedlander (dans son Sifté 'Haïm) écrit que les gens pensent parfois que les jours de Bein Hamétsarim ne sont que des jours difficiles qu'il faut "traverser", "supporter".
En réalité, comme l'a dit un jour le rav Israël Salanter : "une personne peut grandir le jour du 9 Av, tout comme elle peut grandir le jour de Yom Kippour".
[Sa formulation actuelle implique que l'on peut grandir encore plus le jour du 9 Av que le jour de Yom Kippour]
Malheureusement, les gens ne profitent pas de ces jours comme ils le devraient.
Bien sûr, nous accomplissons toutes les pratiques de deuil que nos Sages ont instituées pour ces jours, mais nous ne considérons pas ces jours comme une période de croissance spirituelle.

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+ Avoir de la douleur dans notre coeur :

-> Nous savons tous que le 9 Av est une période de deuil.
En fait, nos Sages (guémara Taanit 30b) nous garantissent : "Quiconque pleure le Temple méritera d'être témoin de sa réjouissance".
Cependant, le Meïri écrit que si une personne accomplit toutes les lois du 9 Av par cœur, sans aucune introspection pour stimuler son cœur à pleurer, elle ne méritera pas d'assister à la reconstruction du Temple.
C'est pourquoi notre mission première, le jour du 9 Av, est de ressentir sincèrement la tristesse et la douleur causées par la destruction du Temple.

Le rav Aharon Kotler (dans son Michnat Rabbi Aharon) écrit que la partie la plus importante de notre deuil du 9 Av est la "douleur que nous ressentons dans nos cœurs". Toutes les lois de Tishah B'Av ont pour but d'inciter notre âme à ressentir véritablement la douleur de la destruction du Temple et de l'exil dans lequel nous nous trouvons. Cependant, ajoute le rav Kotler, malheureusement, à notre époque, cette partie intégrante du deuil (d'avoir de la douleur dans notre cœur) est pratiquement perdue.
Or, le rav Kotler a dit cela il y a plus de 50 ans. À notre époque, la situation est probablement encore pire.

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+ La racine de notre souffrance :

-> Comment pouvons-nous réussir à ressentir une véritable douleur dans nos cœurs à propos de la destruction du Temple, quelque chose que de grands tsadikim ont déjà décrit comme étant très difficile à parvenir?

Le rav Aharon Kotler écrit : "Tout ce qui arrive au peuple juif est lié à la destruction du Temple ; toutes nos souffrances en découlent".
Le peuple juif a traversé, et continue de traverser, les situations les plus difficiles. Nous avons enduré des souffrances inimaginables. Pourtant, chaque calamité que nous vivons est une conséquence de la destruction du Temple.

Le midrach relate l'histoire d'une femme qui vivait à côté de Rabban Gamliel et qui avait perdu un jeune enfant. Nuit après nuit, Rabban Gamliel l'entendait pleurer des larmes amères à cause de cette perte.
Lorsqu'il entendait ses pleurs, cela lui rappelait la destruction du Temple ('hourban), et il pleurait avec elle sur cette destruction jusqu'à ce que ses cils tombent.

Cette histoire soulève 2 questions évidentes :
Premièrement, au fil des générations, les tsadikim ont toujours pleuré Jérusalem, alors pourquoi le saint Rabban Gamliel avait-il besoin des pleurs de sa voisine pour lui rappeler de pleurer sur le Temple?
Deuxièmement, alors qu'elle pleurait la perte de son fils, et que Rabban Gamliel pleurait le Temple. Comment le midrach peut-il dire que Rabban Gamliel "pleurait avec elle" ?

D'après ce que nous avons discuté, les réponses à ces questions sont évidentes. Rabban Gamliel avait compris que "tout ce qui arrive à Klal Yisrael est lié à la destruction du Temple", et que le 'hourban était à l'origine du décès tragique de ce jeune enfant.
Rabban Gamliel avait toujours pleuré la destruction du Temple, mais il avait maintenant une autre raison de pleurer. Il avait compris qu'il n'existait pas de souffrance individuelle ; la souffrance personnelle de chaque personne est une continuation du 'hourban.
Par conséquent, il pleurait avec elle, parce qu'il comprenait que sa perte était un produit du 'hourban.

Il est très difficile de ressentir la douleur d'un 'hourban qui s'est produit il y a si longtemps. Cependant, malheureusement, nous connaissons tous de nombreux événements douloureux qui se sont produits au cours de notre génération. Qu'il s'agisse de tragédies personnelles ou des difficultés rencontrées par le peuple juif dans son ensemble. Nous pouvons certainement nous identifier à ces souffrances.
Ces souffrances/douleurs nous brisent le cœur. Ces souffrances ne font-ils pas partie du Temple? Bien sûr que si!
[ex: le Temple avait le pouvoir d'expier nos fautes, et donc de nous éviter tant de souffrances qui viennent en réparation de nos fautes. De plus, le Temple de permettait une proximité accrue avec Hachem, et donc de mériter de tellement davantage de bénédictions (on aurait trouvé notre zivoug, on aurait facilement des enfants, on aurait moins de souffrance, plus de joie, ... ]

Nous devons comprendre ce que Rabban Gamliel savait. Tous les souffrances et toutes les destructions que le peuple juif a subis au fil des générations ne sont pas des incidents isolés. Ils découlent de la destruction du Temple.
Si nous intériorisons ce message, nous serons capables de ressentir la douleur du 'hourban dans nos cœurs.

Certaines personnes voulaient faire de la Shoa une journée spéciale de commémoration, mais le rav Elazar Shach s'y est fermement opposé. Il a compris que l'Holocauste (Shoa) est inclus dans la destruction du Temple.
Il s'agit également d'une conséquence du fait que nous n'avons pas de Temple. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de créer un jour de deuil pour l'Holocauste ; il est déjà inclus dans le deuil du 9 Av.

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+ Notre destruction spirituelle :

-> Il existe un concept supplémentaire qui, s'il est intériorisé, peut nous aider à apprécier la grande perte du Temple.
Nos Sages (guémara Sota 49a) nous disent : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, il n'y a pas de jour dont la malédiction ne soit pire que le jour précédent".
Quelle est la signification de cette affirmation?

Il semble que nous vivions beaucoup plus confortablement qu'il y a quelques années. [ex: on la climatisation, les voitures, ... ]
Le rav Chatzkel Levenstein explique que nos Sages font référence à un déclin spirituel, à la fois des individus et du peuple juif dans son ensemble. Il n'y a pas un jour où le déclin de peuple juif n'est pas plus grave que le jour précédent.

En comprenant cela, nous pouvons mieux comprendre la kina [lue le 9 Av] dédiée aux 10 grands Tanna'im qui ont été tués par les Romains. Cette kina ne concerne pas simplement des tragédies sans rapport avec la destruction du Temple ; elle fait en fait partie du 'hourban.
Lorsque Hachem a détruit le Temple, il ne s'est pas contenté d'enlever le bois et les pierres. Il a enlevé la sainteté, la pureté et les niveaux élevés de Torah que peuple juif avait atteints.
Par conséquent, lorsque le Temple a été détruit, les grands Tanaïm de cette génération ont également été enlevés. Cela aussi faisait partie du 'hourban. C'est pourquoi, le jour où nous pleurons le 'hourban, nous pleurons également la perte de ces tsadikim. Nous pleurons le fait qu'il nous manque leur sainteté et leur Torah, qui sont toutes liées à la destruction du Temple.

La contemplation de ces idées devrait faire partie intégrante des pensées de chacun pendant cette période de deuil. Nous devons réaliser que le 'hourban (destruction [spirituelle]) n'a pas pris fin avec la destruction [physique] du Temple.
Les niveaux spirituels décroissants que nous connaissons aujourd'hui sont des conséquences du 'hourban.
Pleurer le fait que le peuple juif n'est pas au niveau spirituel qu'il devrait être doit faire partie intégrante du deuil de Jérusalem.

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+ La plus grande douleur de l'exil :

Le Gaon de Vilna nous transmet la réflexion suivante.
Le verset (Chir Hachirim 5,8) dit : "Si tu trouves mon bien-aimé, que lui diras-tu, que je suis malade d'amour pour lui".
Le peuple juif dit aux anges : "Si vous trouvez Hachem, dites-lui que je suis malade d'amour pour lui".
C'est tout ce qu'ils doivent lui dire? Y a-t-il un manque de choses à lui dire? Parlez-lui des souffrances incroyables que le peuple juif a endurées depuis le début de l'exil. Parlez-lui de la situation difficile dans laquelle se trouve le peuple juif aujourd'hui.
Le Gaon de Vilna souligne : Mais non! Le peuple juif ne fait que mentionner à quel point Hachem nous manque. Ils décrivent seulement à quel point notre séparation d'avec Lui est douloureuse, parce que cela est plus douloureux que toutes les souffrances physiques que nous avons endurées.

[ainsi, le 9 Av notre douleur peut être sur les souffrances personnelles, collectives et sur notre envie de davantage de spiritualité. Mais notre plus grande douleur doit être sur le fait que sans le Temple nous sommes trop éloignés de notre bien-aimé, dont nous sommes malade d'amour pour Lui. (nous pleurons le fait que : papa Hachem nous tu es trop loin de nous! Ta proximité nous manque! ) ]

Prier au nets

+ Si les juifs, à l'époque de la destruction du Temple avaient prié au moment du neits, ils auraient été en mesure d'arrêter la destruction ('hourban).
En effet, il est connu que la prière de celui qui prie au lever du jour (kévatikin - au néts ha'hama) est entendue.

Il est écrit : "Tu t'es enveloppé d'un nuage qu'aucune prière ne peut percer" (sakota béanan la'h, méavor téfila - Eikha 3,44).
Hachem a recouvert le ciel d'un nuage afin qu'ils ne sachent pas exactement quand est le neits pour que leur prière ne soit pas acceptée (et c'est pourquoi la destruction du Temple est ainsi allée à son terme).
[Aujourd'hui, nous n'avons pas ce problème parce que nous avons un calendrier précis, ce qu'ils n'avaient pas à l'époque]
[rav Yonathan Eibschutz - Ahavat Yonathan - dans Alon Ba'hout]

[ cela nous apprend sur la grandeur de prier au néts, pour donner encore plus de force à nos prières. ]

Le Temple sera-t-il construit par l’homme ou par D.?

+ Le Temple sera-t-il construit par l'homme ou par D. (descendant du Ciel)?

-> Certains pensent que le 3e Temple sera construit par les Mains de D. : "Le futur Temple que nous espérons, se dévoilera et viendra du Ciel, construit et parfaitement terminé, comme il est dit : ‘Sanctuaire, ô mon D.! Préparé par Tes Mains’". [Rachi et Tossefot sur guémara Soucca 41a]

-> D’autres pensent que le 3e Temple sera construit par les mains de l’homme : "Lorsque cet homme [machia’h] mettra tout cela en oeuvre et qu’il construira le Temple à sa place initiale, il rassemblera les exilés du Peuple d’Israël, et nous devrons reconnaître en lui le machia’h". [Rambam - Hilkhot Méla'him 11,4]

=> Comment concilier ces 2 avis?

1°/ [selon les différents scénarios enseignés dans la guémara (Sanhédrin 98a)] Si les actes du peuple juif sont méritants, la venue du machia’h suivra un scénario surnaturel et le Temple sera alors l’oeuvre de D., en accord avec l’avis de Rachi.
Si au contraire, à D. ne plaise, nos mérites font défaut, c’est l’autre cas de figure qui se présentera au peuple juif ; la guéoula et la construction du Temple suivront un processus naturel, en accord avec l’opinion du Rambam.

2°/ Le 3e Temple est spirituel à la base et va se matérialiser pour apparaître sur Terre, lors de la Délivrance finale (à l’image de la manne qui descendait sous forme matérielle).
Par ailleurs, sa "construction" s’accomplit, tout au long de l’Exil, par l’intermédiaire du deuil et des pleurs des juifs pour la perte du Temple [selon le 'Hatam Sofer].

3°/ La construction du 3e Temple se fera de manière miraculeuse (venant du Ciel), à l’instar de la Ménora qui se dressa de façon surnaturelle, lorsque Moché jeta un bloc d’or (la main de l’homme)
Ainsi, machia’h et le peuple juif apporteront les matériaux nécessaires à la construction du Temple, mais celle-ci se réalisera d’elle-même. [Divré Yoël]

4°/ "Le sanctuaire d’ici-bas correspond au Trône Divin" (Rachi sur Béchala'h 15,17).
Ainsi, lors du dévoilement du 3e Temple, le Temple d’en-haut (Divin) descendra et s’unifiera au Temple d’en-bas (humain), comme l’âme s’habille dans le corps. [Aroukh Laner sur la guémara Soucca 41a].

5°/ Le 3e Temple descendra du Ciel sans ses portes. Celles-ci ont été englouties lors de la destruction du premier Temple, comme il est dit : "Les portes de Sion se sont enfoncées dans le sol" (Eikha 2,9).
Lors de la guéoula, elles réapparaitront et seront fixées par machia’h (la fixation des portes est assimilée à la construction - voir guémara Baba Batra 53b). [midrach Bamidbar Rabba 15,13]

Quelques bienfaits de prendre le deuil de Jérusalem

+ Quelques bienfaits de prendre le deuil de Jérusalem :

-> Rabbi 'Haïm Palagi (Moed léKol 'Haï - Av - n°61) écrit :
"Lorsqu'une personne pleure la destruction du Temple, ses fautes sont pardonnése, elle vivra une
longue vie, ses enfants ne mourront pas de son vivant, et ses enfants vivront longtemps".

-> Rabbi Pin'has de Koritz (Imré Pin'has 404) dit :
"Le 9 Av expie les péchés parce que les gens ont [le cœur] très brisé. C'est la raison pour laquelle, après le 9 Av, les gens se sentent un peu comme après Yom Kippour".

-> Le 'Hatam Sofer dit que ceux qui pleurent pour la destruction du Temple méritent d'avoir de bons enfants.
[par conséquent, lorsque l'on pleure, c'est un moment propice pour prier pour la réussite de ses enfants dans la Torah et la crainte du Ciel. ]

-> C'est une ségoula pour les enfants, mais également pour devenir soi-même un sage en Torah.
Le Kav haYachar (ch.93) écrit : "J'ai une véritable kabbala dans ma main : Celui qui se préoccupe toujours de l'exil de la Ché'hina [qui n'a plus de résidence sur terre depuis la destruction du Temple], il méritera la couronne de la Torah".

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-> Le Tana déBé Eliyahou (rabba 20) nous dit que les nations de Parass (פרס) et de Madaï (מדי) sont venues au monde comme une récompense pour Korech parce qu'il a pleuré et s'est lamenté lorsque les non-juifs ont détruit le Temple.

Selon les calculs du 'Hafets 'Haïm, Korech était âgé de 7 ans au moment de la destruction du Temple.
Un enfant de 7 ans ne comprend pas pleinement la dévastation de la destruction du Temple. Néanmoins, il a pleuré et il a été récompensé pour ses larmes.
Nous apprenons ainsi à quel point la récompense sera grande pour les juifs qui pleurent et se lamentent pour Jérusalem.
[plus on sème dans nos larmes (selon nos capacités personnelles à prendre ce deuil), plus on récoltera dans la joie! ]

-> La Psikta déRav Kahana (ch.25) écrit qu'Hachem jure : "Quiconque attend Mon royaume [qui sera révélé lorsque machia'h viendra] Je témoignerai pour lui pour son bénéfice (létova - לטובה)."

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-> L'un des avantages du deuil du Temple est qu'il nous permet de vivre l'ère glorieuse de la rédemption même à l'heure actuelle.
Le Choulkhan Arou'h (Ora'h 'Haïm 554,25) déclare que : "Quiconque pleure Jérualem mérite de voir sa joie" (כל המתאבל עלירושלים זוכה ורואה בשמחתה).

Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) et d'autres expliquent que lorsque l'on pleure le Temple, on ressent immédiatement la joie de la guéoula.
Le Kédouchat Lévi (Eikha) écrit : "Lorsque l'on pense à la sainteté et que l'on pleure Jérusalem... on perçoit immédiatement un élément de la joie de Jérusalem, de ce qu'il en sera à l'avenir".
[d'une certaine façon, plus on s'attriste on détaillant tout ce qu'on a perdu à cause de sa destruction, plus on se réjouit que très bientôt on en profitera pour l'éternité. Ainsi, plus on s'en attriste, plus on s'en réjouit d'impatience, de la grandeur d'être juif, de la bonté d'Hachem à notre égard d'avoir une chose si grande que le Temple, qui arrivera avec le machia'h très rapidement. ]

-> Lors d'un mariage, nous cassons un verre sous la 'houppa, le 'hatan porte des cendres sur sa tête, ...
Ces coutumes nous aident à nous souvenir de Jérusalem et du Temple [même à un moment important de joie dans notre vie].

Le Sfat Emet (Ki Tavo 5653) explique que le but de ces coutumes n'est pas de nous faire pleurer lors d'un mariage, mais plutôt de parfaire la joie de la fête.
Nous voulons que la joie de la fête soit complète, mais comment un bonheur peut-il être complet dans l'exil? C'est pourquoi nous portons le deuil, et le deuil attire la lumière et la joie totale de l'époque du machia'h, et cela complète la joie du mariage.

Le Sfat Emet écrit :
"À chaque sim'ha (célébration), il faut se souvenir du Temple ...
Lorsque le Temple était érigé, la joie était totale. Aujourd'hui, nous méritons cette joie par le deuil et la nostalgie du Temple.
Comme il est dit : "Réjouissez-vous avec Jérusalem et soyez dans l'allégresse à cause d'elle, vous tous qui l'aimez! Prenez part à sa joie, vous tous qui êtes en deuil à son sujet!" (Yéchayahou 66,10).
Par notre deuil, nous mériterons la joie de Jérusalem."

-> Le rav Eliyahou Lopian déclare qu'à Kelm, on soulignait le mot "quiconque" (kol -כל) dans la phrase : "Quiconque pleure Jérualem de voir sa joie" (... כל המתאבל עלירושלים).
"kol" (כל) = quiconque, tout le monde = signifie même les personnes qui ont commis de graves fautes et qui ne méritent pas de voir la joie de Jérusalem lorsqu'elle sera reconstruite.
Néanmoins, le fait de prendre son deuil sanctifie et purifie, et grâce à leur deuil, ils mériteront de voir sa joie.

[le rav Lopian met en avant que le fait de s'endeuiller pour le Temple, a une capacité à nous purifier, au point que même celui qui a fait des fautes très très graves il en sera purifié, et méritera alors de se réjouir pleinement de Jérusalem.
L'idée est incroyable : en pleurant pour Jérusalem, je m'évite de pleurer dans des souffrances, difficultés, de la vie, que Hachem aurait dû m'envoyer pour me purifier de mes fautes.
Ainsi, pleurer pour le Temple, c'est nettoyer/purifier son Temple intérieur, et ensuite pouvoir se réjouir car on s'est éviter des galères qui aurait nettoyé notre Temple intérieur.
Selon s'applique à plus forte raison à un niveau de la nation juive. ]

"Le 9 Av, lorsque nous nous asseyons sur le sol et faisons la prière, nous pouvons accomplir par la prière tout ce dont nous avons besoin.
Si quelqu'un manque de quelque chose, un bon moment pour la prière est le 9 Av, lorsque nous nous asseyons sur la terre".
[rabbi Pin'has de Koritz - Imré Pin'has 380-381]

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+ 9 Av = nécessité de prier pour la venue du machia'h :

-> Le Tiféret Shlomo enseigne :
Le Temple est déjà construit et prêt au Ciel. Nous n'avons qu'à demander qu'il descende.
C'est pourquoi le Temple est appelé : "divré bété'ha" (דביר ביתך - dans la bénédiction de Rétsé (רצה) de la Amida), du mot : "dibour" (parole - דיבור).
Nous devons demander à Hachem de construire le Temple, ce qui accélérera la guéoula."
[combien cela est nécessaire le jour du 9 Av où l'on souffre tant de son absence! ]

-> On pourrait se dire : que peut bien faire ma prière?
Le Mabit (Beit Elokim - Chaar haTéfila - ch.17) écrit :
Il est plus facile pour les prières des gens des dernières générations, qui sont plus proches du moment de la guéoula, [que leur demande pour la venue du machia'h] soient exaucées, et cela plus que les prières des générations précédentes, et ce pour 2 raisons :
1°/ Nous sommes plus proches de la guéoula, et nos prières peuvent donc accomplir plus que les prières d'il y a des années ;
2°/ Toutes les prières des deux mille dernières années sont toujours présentes et se joignent à nos prières. Ainsi, ce ne sont pas uniquement nos prières, mais plutôt les prières de toutes les générations qui s'élèvent devant Hachem.

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach - drouch 5) enseigne que le premier Temple a été détruit parce que les gens n'étaient pas en train de prier. Comme il est écrit : "Ils n'ont pas prié Hachem" (Hachem lo kara'ou - Tehillim 14,4).

Et il est dit : "les larmes inondent ses joues" (védim'ata al lé'heya - Eikha 1,2)
Le Yaarot Dvach explique que les larmes versées par la destruction du Temple étaient dues à "la joue" (לחיה). La guémara ('Houlin 134b) dit que la joue représente la prière.
Ainsi, védim'ata = l'amertume (la vraie tristesse) de la destruction du Temple provenait d'une chose: "al lé'heya" (עַל לֶחֱיָהּ) = parce que les gens ne priaient pas.

[Le Yaarot Dvach explique que nous pleurons avant tout la destruction du premier Temple (le second Temple était un répit, une pause dans le long exil [avant de la venue du machia'h], mais la destruction principale était le premier).
(en ce sens, la destruction du Temple n'a été possible parce qu'on n'a pas prié pour l'empêcher. Or, chaque année où le Temple n'est pas reconstruit c'est comme s'il était de nouveau détruit. En ce sens, nous devons particulièrement prier à ce moment de l'année pour la guéoula. [c'est bon Hachem on a compris notre erreur passée!] ).
Le 9 Av est un jour où l'on réveille, pour le restant de l'année, notre désir et conscience de l'importance de prier pour obtenir la venue machia'h (le Temple et le machia'h sont prêts, n'attendant que notre prière pour venir!).]

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Yirmiyahou 327) raconte que lorsque la nation juive était sur les rives du fleuve Babylone (al naarot Babel - על נהרות בבל), en route vers l'exil, Yirmiyahou les quitta, et tout le monde se mit à pleurer amèrement.
Ils dirent : "Rabbénou Yirmiyahou! Vas-tu nous quitter?"
Yirmiyahou leur répondit : "Je témoigne par le ciel et la terre que si vous aviez pleuré une seule fois lorsque vous viviez à Jérusalem, vous n'auriez pas été envoyés en exil".

-> Le midrach (Eikha rabba 5,5) déclare :
"Le racha Névou'hadnezar dit à Névouzradan : "Leur D. accepte la téchouva. S'ils prient, Hachem les sauvera. C'est pourquoi ne les laisse pas s'arrêter de marcher [alors que tu les conduis dans l'exil], pas même un instant, afin qu'ils n'aient pas la tranquillité d'esprit nécessaire pour appeler Hachem."

Névouzradan suivit le conseil de Névou'hadnézar. Lorsqu'il emmena la nation juive en exil, il ne la laissa pas se reposer. Ses soldats coupaient les membres de tous ceux qui s'arrêtaient de marcher.
=> Ainis, même le racha Névou'hadnézar comprit que les juifs avaient le pouvoir de contrecarrer le décret d'exil par leurs prières.

[en Egypte, Pharaon avait également conscience du pouvoir de la prière, pouvant amener la guéoula, et en ce sens il faisait en sorte que les juifs n'ait pas une seconde de libre pour pouvoir penser à se tourner vers Hachem.
Nos Sages expliquent que lorsqu'il est dit qu'un nouveau Pharaon est arrivé, à ce moment là seulemen,t les égyptiens ont laissé les juifs prier pensant qu'ils pleuraient eux aussi la perte du précédent Pharaon. Les juifs en ont profité pour vider leur cœur à Hachem, ce qui a contribué à précipiter la Délivrance d'Egypte.
=> même le racha Pharaon avait conscience du pouvoir incroyable de la prière de tout juif! ]

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-> Le second Temple a également été détruit parce que les juifs n'ont pas prié pour l'empêcher.

Nos Sages (guémara 29) enseignent :
"Lorsque le premier Temple a été détruit, c'était le soir du 9 Av, à la sortie d'un Shabbath.
Les Lévi'im chantaient des chirah (chants). Ils en étaient aux paroles : "Hachem les démolira [les ennemis de la nation juive]" (yatsmitèm Hachem Elokénou - Téhilim 94,23), mais ils n'avaient pas encore prononcé ces mots et c'est à ce moment-là que les non-juifs se sont emparés du Temple.
La même chose s'est produite pour le second Temple".

=> Il semble que si les Levi'im avaient dit : "Hachem les démolira" (yatsmitèm Hachem Elokénou - יַצְמִיתֵם יְהוָה אֱלֹהֵינוּ), les deux Temples n'auraient pas été détruits. Leurs prières auraient arrêté la destruction du Temple. [rav Elimélé'h Biderman]

Prendre le deuil de Jérusalem = se lier avec Hachem

+ Prendre le deuil de Jérusalem = se lier avec Hachem :

-> Le 'Hatam Sofer (drachot 7 Av - 5560) écrit :
Il est dit : "oz vé'hédva bikomo" - Divré haYamim I 16,27).
[selon le Avot déRabbi Nathan (34,9), le terme : 'hedva (חדוה) est l'un des 10 termes hébraïques signifiant : joie.]
Ainsi, ce verset signifie : "Force et joie emplissent Sa résidence".

Hachem réside dans la joie, et nos Sage disent qu'Hachem ne réside pas dans les endroits où il y a de la tristesse. [à l'image de Yaakov dont la Présence Divine l'a quittée pendant les années où il était triste de la perte de Yossef. ]
Néanmoins, le 9 Av est appelé : "yom mar" (un jour amer - יום מר). Par conséquent, il est approprié pour tous les gens amers et brisés de pleurer et de se lamenter en ces jours où Hachem est également en deuil.
Le 'Hatam Sofer ajoute : "S'ils le font, leur deuil s'élèvera très haut. Ils ne le voient pas, mais leur mazal le voit, et ils entendront la voix d'Hachem qui pleure avec eux".

[ainsi, nous sommes très proches d'Hachem lorsque nous portons le deuil le jour du 9 Av.]

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-> Rabbi Pin'has de Koritz (Imré Pin'has 378,380) écrit :
"L'endroit où réside Hachem, tous les anges du Ciel s'y trouvent.
En ce jour [du 9 Av], si l'on peut dire, Hachem pleure. Par conséquent, lorsqu'une personne se trouve également dans ce lieu [de deuil], elle est protégée [parce qu'elle est avec Hachem].
Rire le jour du 9 Av est dangereux (sakana néfachot) car lorsqu'on est avec le roi, on est protégé, mais lorsqu'on est éloigné du roi, on n'a pas de protection. Et en ce jour, la Ché'hina est si l'on peut dire, assise sur la terre [et le seul moyen de se connecter à Elle est par le deuil]".

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-> Il est dit que le 9 Av est "appelé un moed" (kara alaï moéd - un jour de fête - Eikah 1,15).
C'est pourquoi le Choul'han Aroukh (559:4) déclare : "Nous ne disons pas de ta'hanoun ou de séli'hot le jour du 9 Av parce qu'il est appelé moéd (un jour de fête)"

=> Comment de fait-il que le 9 Av est considéré comme un jour de fête, alors qu'il semble plutôt être le contraire de cela!

-> Rabbi Mordé'haï Gifter zt'l répond que "moéd" (מועד) a deux traductions.
Il signifie : un lieu de rassemblement (comme Ohel Moéd - מועד אהל), et également : "moéd" désigne les jours spéciaux de l'année où nous nous rassemblons et nous connectons avec Hachem.
Pendant les yamim tovim, nous nous lions avec Hachem dans la joie, et le jour du 9 Av, nous nous connectons à Hachem dans le deuil.
C'est un moment particulier, car nous nous attachons avec Hachem, mais au lieu d'utiliser pour cela la joie, en ce jour nous utilisons le deuil (ex: avoir le coeur brisé, voir même en arriver à pleurer).

-> La Méguila du 9 Av s'appelle : Méguilat Eikha (מגילת איכה), et de nombreux kinot commencent par le mot "Eikha" (איכה).
Dans la Torah, Hachem demande à Adam après sa faute : "Où es-tu?" (ayéka - איכה - Béréchit 3,9).
[eikha et ayéka ont les mêmes lettres. ]

Le Zéra Kodech (Dévarim) explique que tout au long de l'exil, Hachem demande : "Ayéka?" (où es-tu? - איכה).
Si l'on peut dire, Hachem nous cherche, se demandant pourquoi nous sommes si éloignés de Lui.
Il nous cherche jusqu'à ce qu'Il nous trouve, comme il est dit : "J'ai trouvé Israël" (matsati Israël - Hochéa 9,10).
Et quand Hachem nous trouve, Il voit que tout au long du l'exil, nous étions également constamment en train de Le chercher.
Nous demandons toujours : "Où est Hachem pour que nous puissions L'exalter?" (ayé mékom kévodo léaaritso - איה מקום כבודו להעריצו).

Hachem et les juifs se cherchent et aspirent au fond d'eux à ce moment où nous pourrons totalement nous unir ensemble.
Le jour de 9 Av, nous nous unissons dans le deuil, tandis que les jours de Yom tov, nous nous unissons dans la joie, et lorsque le Temple sera reconstruit, nous nous unirons dans son mode parfait, au milieu d'une joie immense, totale.

-> Le Avodat Israël (Avos 3:1) décrit la avoda des 3 semaines (17 tamouz au 9 av) et du 9 Av par un machal :
Un père a jeté des diamants à la poubelle et a demandé à son fils de chercher dans les ordures, de les trouver et de les nettoyer. C'était un travail difficile et inconfortable.
Le fils recevra certainement une grande récompense pour avoir fait cela pour son père, plus importante que s'il avait servi son père d'une autre manière.
Ceci décrit la avoda des 3 semaines et du 9 Av. C'est une période creuse, une période difficile, mais la avoda est très précieuse.

Le Avodas Yisrael conclut : "Ce qu'une personne peut réparer le jour du 9 Av, qui est un jour bas [en joie], on ne peut pas le faire même à Sim'hat Torah (moment d'apothéose de joie, clôturant les fêtes de Tichri)".

[ainsi, en comparaison des Yom Tov c'est pas très "agréable" de s'attrister sur le Temple (on préfère se réjouir), mais c'est justement cela qui fait que l'impact et la valeur aux yeux d'Hachem est plus grande.]

Reconstruire Jérusalem avec nos larmes

+ Reconstruire Jérusalem avec nos larmes :

-> La guémara (Makot 24) dit :
Rabban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabbi Yéhochoua et Rabbi Akiva se rendirent à Jérusalem. Lorsqu'ils arrivèrent au mont du Temple, ils virent des renards sortir des Saints des Saints (kodech Kodachim).
Rabban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabbi Yéhochoua pleuraient. Rabbi Akiva riait.
Ils demandèrent à Rabbi Akiva : "Pourquoi riez-vous?"
Rabbi Akiva demanda : "Pourquoi pleurez-vous ?"
Ils dirent : "L'endroit à propos duquel il est écrit : "l'étranger qui s'approchera mourra" (Kora'h 18,7) [seuls les Cohanim ont l'autorisation de s'y rendre et toute autre personne mourra], or il y a des renards qui gambadent tout autour. Ne devrions-nous pas pleurer [d'une telle vision]?"

Rabbi Akiva répondit : "c'est précisément pour cela que je ris".
[rabbi Akiva leur expliqua que lorsqu'il voit que les prophéties de la destruction du Temple se sont produites, il se sent confiant dans le fait que les prophéties de la guéoula se produiront également. ]

-> D'après les mots de Rabbi Akiva : "c'est précisément pour cela que je ris" = il semble qu'il riait parce qu'ils étaient en deuil.
Rabbi Israël de Tchortkov explique que Rabbi Akiva se réjouissait que les juifs soient en deuil à cause de la destruction du Temple parce que ces larmes permettent de construire le 3e Temple.

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-> Le Chla haKadoch (Massékhet Taanit - Ner Mitsva - n°33) explique que nous ne pleurons pas le Shabbath parce que le deuil construit le Temple, et qu'il est interdit de construire le Temple le Shabbath.

-> "Hachem construit Jérusalem, Il rassemblera les exilés d'Israël" (boné Yérouchalayim Hachem nid'hé Israël yé'haness) - Téhilim 147.
Le 'Hatam Sofer (drouch 7 Av - 5599) demande : normalement ce verset devrait être au futur et l'on devrait dire : "yibané Yérouchalayim Hachem" (Hachem construra Jérusalem [avec la venue du machia'h]). Alors pourquoi en réalité ce verset est écrit au présent : "boné Yérouchalayim" (Hachem construit Jérusalem [maintenant]).

Nos Sages nous disent que le 3e Temple descendra du ciel entièrement construit (voir Rachi sur Rosh Hashanah 30).
Hachem construit le 3e Temple au Ciel ; les matériaux de construction sont nos larmes et notre deuil.
Pendant 2 000 ans, nous prenons le deuil et pleurons pour le la destruction du Temple. Hachem prend toutes ces larmes et ce deuil, et Il construit avec cela le 3e Temple dans le ciel, brique par brique, pierre par pierre, et lorsqu'il sera achevé, il descendra du ciel.
Comme il est écrit dans le Zohar (vol.2,p.12b) : "La délivrance des juifs dépend uniquement des pleurs".

[notre yéter ara nous pousse à nous dévaloriser en nous laissant penser : à quoi ça sert de pleurer pour le Temple? (les tsadikim oui, mais toi,!). Mais la réalité c'est que lorsque le Temple sera reconstruit on verra toutes les pierres, tous les embellissement du Temple, que nos larmes auront permis de faire. Quelle fierté éternelle!! ]

[Les séfarim disent que bien que nous soyons en deuil et que nous pleurions, nous ne devons pas tomber dans la tristesse du désespoir (cela provient de notre yétser ara, pour nous faire désespérer de toute spiritualité). La limite entre les deux peut être très fine, mais l'essentiel est de garder de l'espoir, de la foi en Hachem.
[ex: conscient de l'énorme perte, de la douleur d'Hachem d'être en exil, alors je suis très très triste, mais d'un autre côté je sais que Hachem a fait cela pour notre bien, et qu'à tout moment la guéoula peut arriver. Je descend bas bas dans la tristesse, mais je ne me laisse jamais noyé par le désespoir, la négativité. ]

Le 'Hazon Ich (Maassé Ich, vol.4) prouve cela à partir de la guémara (Shabbos 30b) qui dit : "la Ché'hina ne réside pas s'il n'y a pas de joie", et un prophète doit être dans un état de joie pour recevoir sa prophétie.
La question est de savoir comment Yirmiyahou HaNavi a pu recevoir la prophétie de la Méguilat Eikha, alors qu'il était certainement en train de pleurer et de se lamenter lorsqu'il a reçu cette prophétie (en plus de la destruction du Temple, il y est décrit en détails les souffrances atroces des juifs de l'époque).
Il faut croire que l'on peut pleurer et se lamenter tout en étant joyeux. ]

"Si notre seule faute était de ne pas pleurer suffisamment pour Jérusalem, ce serait une raison suffisante pour que l'exil continue.
À mon avis, c'est la cause la plus logique et la plus évidente de tous les souffrances que nous rencontrons dans l'exil.
Si nous n'avons jamais de répit face aux non-juifs, où que nous vivions., c'est parce que le deuil [du Temple] a quitté nos cœurs ".
[Yaavets - Siddour Beit Yaakov - 9 Av - 6,16]

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-> Rabbi Shimshon Pinkous (Galout véNéchama) écrit :
"Si quelqu'un n'est pas capable de se lamenter et de pleurer pendant Bein haMétsarim (du 17 tamouz au 9 av) pour la destruction du Temple et l'exil de la Chéhina, il devrait s'asseoir sur le sol et pleurer amèrement sur sa destruction personnelle qu'il est incapable de pleurer, et dont il ne se soucie pas, et ne peut pas s'associer au deuil de la destruction du Temple".

Rabbi Shimshon Pinkous écrit que lors d'une lévaya, seule la famille ou les amis très proches de la personne décédée pleurent véritablement.
De même, pendant ces jours de deuil, ceux qui sont proches d'Hachem se lamentent et pleurent, mais ceux qui se sentent détachés de toute cette affaire ne pleurent pas.
Le rav Pinkous écrit : "Nous pouvons mesurer l'attachement d'une personne à Hachem par la mesure dans laquelle elle pleure [la perte du Temple]".

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-> "Pour pleurer correctement Jérualem, il faut penser à la sainteté qui nous fait défaut [an le Temple] ...
Nous ne sommes pas aussi proches d'Hachem que nous l'étions auparavant".
[Tiferet Shlomo]

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach vol1, p.253) écrit :
"Le fait que quelqu'un ne comprenne pas, ne ressente pas plus que cela la désolation de la destruction du Temple ('hourban), cela est ainsi [à cause de nos nombreux péchés].
Nous ne ressentons pas le 'hourban, nous sommes comme un idiot qui ne ressent pas sa douleur.
Certains tsadikim avaient une compréhension totale et reconnaissaient la perte terrible causée par le 'hourban.
Si nous comprenions tout ce que nous avons perdu, le manque de perfection, ... nous ne voudrions ni manger ni boire, mais plutôt nous rouler par terre de détresse".

-> Une fille de 16 ans qui a perdu son mère à l'âge de 12 ans, a dit à son père :
"Je me sens mal pour mes jeunes frères et sœurs. Jusqu'à ce que ma mère soit décédée, j'étais assez âgée pour apprécier son amour, et je sais ce qui me manque maintenant.
Mais les jeunes frères et sœurs connaissent à peine l'amour de leur mère ; ils ne savent pas ce qui leur manque."

=> Cela illustre ce que nous ressentons en exil, nous avons perdu tant de choses à cause de la destruction du Temple, et nous n'avons aucune idée de ce que nous avons perdu!

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-> Pendant les 9 premiers jours du mois d'Av, alors qu'ils rentraient à pied du Kotel, le rav Shlomke de Zvhill dit à son chamach : "As-tu vu? Même les pierres du Kotel pleuraient!"

9 Av – L’orgueil = la racine du mal

+ 9 Av - L'orgueil = la racine du mal :

-> Nous savons que la sinat 'hinam (haine gratuite) est la raison pour laquelle le Temple n'a toujours pas été reconstruit. La plupart des sinat 'hinam que nous avons les uns pour les autres commencent par l'orgueil (gaava).
Le Or'hot Tsaddikim commence son livre en discutant de la gaava. Il dit qu'il n'y a pas de middah pire que l'orgueil, parce que c'est la cause de tant de mauvais comportements.
Pourquoi les gens ont-ils du mal à s'entendre? Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas dit bonjour?
Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas laissé passer en premier dans la file d'attente? Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas acheté un cadeau? Comment se fait-il qu'il n'ait pas fait ceci ou cela pour moi?
Savez-vous qui je suis? Savez-vous ce que je fais?

Le rav Chatzkel Levenstein dit que toutes les mauvaises actions découlent de l'orgueil. Mais comment travailler sur la gaava?
Tout d'abord, nous devons faire la différence entre l'orgueil et l'estime de soi.
Parce qu'on est censé avoir de l'estime de soi, n'est-ce pas ? Mais n'est-elle pas en réalité de la gaavah?
Non, pas du tout. L'estime de soi, c'est avoir confiance en soi (avoir conscience des qualités et capacités que D. nous octroie). Vous vous sentez capable d'accomplir quelque chose.
Cela ne signifie pas que l'on pense que les autres ne sont pas assez bons ou que l'on peut faire mieux que les autres. C'est ce qu'on appelle la gaava.
L'orgueil, c'est quand on pense : "Je suis le seul à pouvoir le faire, personne ne peut le faire comme moi."
Il y a beaucoup de gens qui peuvent faire beaucoup de choses dans ce monde. Il faut avoir confiance en soi. Il faut se sentir à l'aise avec soi-même, croire en soi. C'est ça l'estime de soi.
Lorsque vous regardez quelqu'un d'autre de haut et que vous pensez que vous êtes le seul à en être capable, c'est de la gaava.
[l'estime de soi amène à agir au mieux selon nos capacités, tandis que l'orgueil n'améliorer pas nos actes (on savoure d'être supérieur à autrui plutôt que d'assumer en action cela, on s'octroie ce que Hachem nous donne, ...). ]

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+ Savoir dire : "merci" :

-> Alors, comment travailler sur l'orgueil?
Je crois que la réponse est la reconnaissance : dire merci.
Si vous reconnaissez toutes les personnes qui font des choses merveilleuses pour vous, l'orgueil disparaît, parce que vous remerciez toujours les gens pour ce qu'ils ont fait pour vous.
Vous reconnaissez toujours que vous avez besoin de l'aide d'autres personnes et que vous ne pouvez pas tout faire vous-même.
[...]
Le Sforno dit que la raison pour laquelle les juifs sont appelés Yéhoudim, est parce que cela vient du mot : "hodaa" (remercier). [ = reconnaître que nous sommes redevable d'autrui ]
Par ce petit geste, nous pouvons minimiser notre orgueil [naturelle]. Ensuite, nous pourrons commencer à nous aimer les uns les autres, à nous préoccuper des autres et à construire notre Temple personnel intérieur. Cela nous mènera à notre but ultime, la construction du Temple à Jérusalem.
[d'après le rav Paysach Krohn]