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"Toute année qui commence dans la pauvreté [de l'égo] finira dans la richesse"

[guémara Roch Hachana 16b]

-> Le maître de rabbi Israël Salanter, rabbi Yossef Zoundel de Salant, commentait en disant qu'il faut réciter nos prières dans l'humilité et la joie.

-> Rabbi Leib 'Hassman (Ohr Yahel) enseigne que le principe de base de notre conduite à Roch Hachana, dans notre prière et nos supplications, est que nous devons exceller dans le métier de mendiants, et plus un homme s'humiliera, plus il sera digne de louanges, comme nos Sages l'on dit : "Plus l'homme s'abaisse, plus son esprit est grand" (guémara Roch Hachana 26b).

A Roch Hachana, plus on abaisse notre égo afin d'y laisser la place au règne de Hachem sur nous, plus nos Sages nous garantissent une bonne année.
Dans la joie, faisons-nous sincèrement petit afin de permettre que Hachem soit grand à nos yeux, et alors Hachem fera de nous de grandes personnes!

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-> Si les enfants d'Israël se sentent véritablement pauvres en début d'année, leur cœur est alors brisé, et depuis le Ciel, on aura pitié d'eux pour les sortir de cet état de pauvreté et les "enrichir".
[Tossefot]

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-> "Lorsqu'un juif reconnaît que son seul espoir réside en D., qu'il s'en remet uniquement à Lui, alors cette dépendance vis-à-vis de son Créateur lui donne le mérite que ses requêtes soient agréées."
[Rav Chlomo Levinstein]

[annuler tout égo pour ne plus pouvoir se reposer que sur papa Hachem! ]

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-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer : "D'où (méayin - מאין) viendra mon aide?" (Téhilim 121,1).
Mon aide viendra de : אין (ayin - rien). [מ : signifiant : de]

Si je me considère comme rien, si je reconnais mon manque de valeur, c'est de là que viendra mon aide de Hachem.

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Rabbi Its'hak dit : Toute année qui débute dans la pauvreté finira dans la richesse, d'après le verset : "[Les yeux de Hachem, ton D., sont fixés (sur le pays)] depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" (Ekev 11,12), c'est une fin (d'année) qui annonce autre chose.
[guémara Roch Hachana 16b]

-> "Depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" :
Le mot : méréchit (depuis le début - מֵרֵשִׁית), écrit sans la lettre : א entre les lettres ר et ש, dérive du mot : רש (rach : pauvre) ; c'est une allusion au fait que la pauvreté règne en début d'année.
Le mot : a'harit (la fin - אַחֲרִית) dérive du mot : a'her (autre - אחר) pour faire allusion au fait que la fin de l'année sera autre qu'au début, donc sera meilleure.
[Maharcha]

En effet, le Malbim (sur Michlé 23,18) enseigne :
Le mot : a'harit est écrit dans le verset : "Car assurément il y a un avenir (a'harit - אַחֲרִית) et ton espoir ne sera point anéanti" (Michlé 23,18), indique un bonheur et une meilleure situation qui viendront à la fin, après une phase difficile.

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-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
L'expression "Depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" fait allusion au mot : marad (se rebeller - מרד) formé des lettres : ד מ ר qui précèdent, dans l'alphabet, les lettres : ה נ ש du mot : שנה (chana : année).
Ainsi, en début d'année, l'homme est chargé de nombreuses fautes résultat de sa rébellion.

L'expression "jusqu'à la fin de l'année" fait allusion par contre, aux lettres : ו ס ת qui suivent les lettres : ה נ ש du mot : chana (année).
Or, la guématria des 3 lettres réunies : ו ס ת est de : 466, la même que la valeur numérique de : gal zé'hout (une vague de mérite - גל זכות) de guématria de : 466.

=> Ainsi, en fin d'année, une vague de mérite l'enveloppera et sa situation s'améliorera grâce au conseil de ses : kélayot (reins - כליות) de même valeur numérique : 466.

A Roch Hachana : joie ou pas joie?

+ "[A Roch Hachana,] Il faut être dans la joie comme la population d'un pays le jour du couronnement de son roi.
En effet, par la sonnerie du Shofar, nous proclamons la royauté de Hachem sur tous les mondes"
[Kéter Roch - 104]

Cependant, il est écrit : "Dans la Torah, toutes les fêtes sont appelées "mikraé kodech" (convocations saintes), sauf Roch Hachana et Kippour, parce qu'étant des jours redoutables de jugement, ce ne sont pas des temps de joie" (Zohar - Emor).

=> Comment comprendre alors, l'apparente contradiction avec ce qui précède?

Le Rav Réouven Melamed répond qu'à Roch Hachana, qui est un jour de jugement, il y a lieu d'être dans un état d'esprit sérieux et non de se sentir particulièrement joyeux.
Mais, pendant la sonnerie du Shofar qui est le moment ultime de la proclamation du règne de D., nous devons nous réjouir du principe même de Sa royauté et il nous faut ressentir le bonheur de participer à Son couronnement.

-> Le Ram'hal explique que si l'honneur de D. est révélé dans le monde, tout le reste suit, car le peuple juif sera le peuple le plus élevé des nations et il méritera l'abondance!

Ainsi, notre profond désir de voir Hachem pleinement couronné dans ce monde, surpasse tous nos besoins personnels, qui en deviennent alors secondaires, puisque qu'ils seront comblés en conséquence de la proclamation de Sa royauté.

=> la sonnerie du Shofar doit être un moment de grande joie!

+ "Si on veut réaliser la portée de Roch Hachana, on n'a qu'à réfléchir sur le passé, se remémorer tous les événements de l'année qui s'achève : combien de souffrances sont descendues dans le monde.
Tout ceci a été décidé à Roch Hachana dernier!

Cela nous aidera à comprendre combien nous devons avoir peur du jour du jugement présent."

[paroles du père du rav Dessler à son fils - Mikhtav méEliyahou]

Le rav Kanievsky dit que dans notre génération, on doit se remémorer toutes les bonnes choses qui nous sont arrivées pendant l'année passée, et prendre conscience que c'est en ce jour de jugement que tout va être décidé pour l'année à venir.

Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana?

+ Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana? :

1°/ La guémara (Roch Hachana 32b) rapporte les paroles de Hachem : "Est-il possible que le Roi soit assis sur le Trône de Justice avec le Livre de la Vie et de la Mort ouverts devant Lui, et qu'Israël chante des hymnes de louange?"

Le Rambam (Pirouch haMishnayot) écrit : "Le Hallel n'est pas récité à Roch Hachana et à Kippour, car c'est des jours de service, d'humilité, de peur, de crainte d'Hachem, pour s'enfuir et courir vers Lui, à faire téchouva, dire des supplications, requêtes et le pardon.
Et pour tout cela, la joie et la gaieté ne sont pas appropriées."

[Selon le 'Hatam Sofer, il est évident qu'on doit être joyeux à Roch Hachana, puisque c'est un yom tov. Cependant cette joie doit être contenue et quelque peu annulée, car Roch Hachana et également un jour d'immense crainte.]

2°/ Le 'Hatam Sofer nous transmet un enseignement très beau :
"Nous avons comme tradition qu'à Roch Hachana et à Yom Kippour, les âmes de nos parents décédés viennent prier avec nous.
Nous savons que les morts ne peuvent pas chanter de louanges à Hachem, comme il est dit : "Ce ne sont pas les morts qui loueront Hachem" (lo amétim yéalélou ya - Téhilim 115,17).

En raison du fait que les âmes des morts prient avec nous, nous ne chantons pas le Hallel afin de ne pas les embarrasser."

3°/ Le 'Hatam Sofer rapporte une autre explication.
Au moment de la traversée de la Mer, les juifs ont émis un chant (chira) car D. les a sauvé lorsqu'Il a vu que : "Ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béaaloté'ha 14,31).

Puisqu'ils ont été sauvé par leur propre mérite, ils leur étaient approprié de chanter des louanges de Hachem.
Cependant, à Roch Hachana nous espérons être jugés favorablement par le mérite de nos ancêtres, et non du nôtre. Il n'est ainsi pas approprié de réciter joyeusement le Hallel.

4°/ Puisque nous sommes confiants dans le fait que Hachem va nous inscrire pour une bonne année, pourquoi ne récitons pas le Hallel à Roch Hachana?
Le Ktav Sofer répond à sa question de la manière suivante.
Il est probable que nous soyons jugés favorablement par la mort d'un tsadik pendant cette année, puisque la mort des tsadikim expie les fautes des juifs (guémara Moed Katan 28a).

Cependant, nos Sages nous enseignent que la mort des tsadikim est pour D. une perte plus grande que la brisure des Tables de la Loi (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1).
=> Face à une tragédie si importante, comment pouvons-nous réciter le Hallel?

[ On peut également rapporter que :
- "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b) ;
- "celui qui rend visite au tsadik, c’est comme s’il accueillait la Chékhinah" (Tan’houma Ki Tissa 27)]

"Pendant la nuit de Roch Hachana, 2 anges accompagnent un juif et écoutent lorsqu'il va dire à ses amis : 'Que Tu puisses être inscrit et scellé pour une bonne année' (léchana tova tikatév vé'hétavtem).

Inspirés par cette amitié chaleureuse et par cette unité au sein du peuple juif, ils montent au ciel et plaident pour une bonne et douce année pour le peuple juif"

[Tséma'h Tsédek]

Le mois d’Elloul

+ Le mois d'Elloul :

-> "Nos Sages enseignent que pendant le mois d'Elloul, les Portes célestes de la miséricorde sont ouvertes, nous donnant l'opportunité de réparer nos fautes"
[Rabbi Pin'has Horowitz - le Panim Yafot]

-> "Le mois de Elloul a toujours été un temps de réconciliation avec Hachem.
Lorsque le peuple juif a commis la faute du veau d'or et que suite à cela les 1eres Tables de la Loi ont été brisées, Moché a imploré la miséricorde divine.
C'est à Roch 'Hochech Elloul que Hachem s'est apaisé et a demandé à Moché de monter [au ciel] afin de recevoir les 2e Tables de la loi (lou'hot).

Il y est resté pendant 40 jours, jusqu'au 10 Tichri, qui est Yom Kippour, jour durant lequel Moché est redescendu avec les 2e lou'hot, que Hachem a donné au peuple juif en signe d'une faveur divine renouvelée.

Depuis cela, la période de 40 jours allant de Roch 'Hodech Elloul à Yom Kippour est établie pour les générations comme des jours de miséricorde et de faveur divine.

Ces 40 jours servent également comme signe de la téchouva pour la faute du veau d'or, qui a été construit exactement 40 jours après le don de la Torah."
[Kaf ha'Haïm]

-> "Le mois d'Elloul est la source des bénédictions pour notre service de Hachem durant toute l'année.

Toute personne qui s'impliquera pendant ce mois, ne vivra que de la joie durant toute l'année. Servir Hachem lui sera alors facile.
Mais être paresseux pendant le mois d'Elloul amène de la tristesse, rendant plus difficile de servir Hachem par des prières sincères."
[Rabbi Morde'haï de Lechovitz]

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-> L'homme doit se repentir au début du mois d'Elloul également pour la raison suivante : la formation de l'âme ressemble à celle d'un embryon qui dure 40 jours.
L'homme repenti est semblable à un nouveau-né. Il faudra 40 jours à son âme pour se renforcer complètement.
Si l'homme se repent au début du mois d'Elloul, son âme sera complète à Yom Kippour.
[Méam Loez - Ki Tissa 34,35]

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-> Le Bné Yissa'har trouve une allusion aux yamim noraïm dans le verset : "Le lion (arié - אַרְיֵה) a rugi: qui n'aurait peur?" (Amos 8,3).
Les lettres du mot "arié" renvoient à :
-> aleph = Elloul ;
-> réch = Roch Hachana ;
-> youd = Yom Kippour ;
-> 'hé = Hochana Rabba.

Ce sont les 4 moments de l'année où submergé de crainte et de tremblement, un juif est inspiré à faire téchouva ("Qui n'aurait peur?").

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+ Sonner le Shofar durant le mois d'Elloul :

1°/ Le Yichma'h Moché explique que dans le Téhilim 150 (Louez D. en son sanctuaire - Hallélou El békod'cho), il y a 12 fois le mot : 'Hallélou', en parallèle avec les 12 mois de l'année.

Elloul est le 6e mois de l'année, et correspond au 6e Hallélou, qui est : "Louez-le aux sons stridents du Shofar" (Hallelou'ou bétéka Shofar).

=> Cela fait référence à l'habitude de sonner du Shofar pendant le mois d'Elloul.

2°/ "Le Shofar sonnera-t-il dans une ville sans mettre le peuple en émoi?" (Amos 3,6)

Le Pirké déRabbi Eliézer enseigne que le Shofar a une qualité spéciale, faisant que toute personne écoutant ses sonneries est ébranlée et est portée à faire Téchouva, ce qui explique que nous le sonnons durant le mois d'Elloul, afin de rappeler à faire téchouva.

3°/ Suite à la faute du veau d'or (le 17 Tamouz), Moché a imploré pendant 40 jours Hachem.
A la fin de cette période (à Roch 'Hodech Elloul), Moché a dû monter la montagne et rester au Ciel pour 40 jours et 40 nuits afin de recevoir les 2e Tables de la Loi.

Pendant chacun de ces 40 jours, le Shofar était entendu dans tout le campement et une annonce était faite : "Votre attention, s'il vous plaît! Sachez que Moché a monté la montagne, il ne redescendra qu'après y avoir passé 40 jours et 40 nuits!"

Cela était fait afin d'éviter toute erreur de calcul, comme cela a eu lieu lorsque Moché est monté la 1ere fois, et qui a conduit à faire le veau d'or.

=> Afin de se souvenir de cette sonnerie du Shofar, nous le sonnons également durant tout le mois d'Elloul.
[le Tour - Ora'h 'Haïm]

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-> Le Gaon de Vilna affirme qu'il y a 3 jours douloureux dans le calendrier pour le yétser ara, où il ne peut pas inciter les gens à fauter.
Il s'agit de Roch 'Hodech Elloul, Roch Hachana et Yom Kippur.

Éloignement temporel et ressenti de la perte du Temple

+ Éloignement temporel et ressenti de la perte du Temple :

Dans le birkat haMazone, nous prions pour que Hachem reconstruise Jérusalem.
Le Choul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 180,5) statue que pendant la récitation du birkat haMazone, on doit recouvrir tous les couteaux de la table.

La michna Béroura explique que cette loi est basée sur un incident qui est arrivé un jour : une personne récitant le birkat haMazone a été remplie par tellement de souffrance en mentionnant la perte de Jérusalem, qu'elle a pris un couteau et s'est poignardée avec.

=> Pourquoi nos Sages ont décrété une loi basée sur un fait apparemment incompréhensible, qui est certainement un événement isolé, ayant que très peu de chance de se reproduire à nouveau?

Le rav 'Haïm Kanievsky de répondre :
Cet événement n'est pas incompréhensible, c'est un exemple de comment une personne doit véritablement se sentir à propos de la destruction du Temple.
Ce qui est plutôt incompréhensible, c'est le fait que nous sommes tellement indifférents à notre exil, que nous trouvons ce fait étrange!

Le midrach (Eikha rabba 2,4) donne un exemple de comment nos Sages réagissaient émotionnellement à la destruction du Temple, et comment les générations passant, la douleur s'en est trouvée amoindrie.
Lorsque Rabbi Yo'hanan, un des Amoraïm, enseignait un certain verset de la méguilat Eikha, il disait 60 faits tragiques qui ont eu lieu pendant la période de la destruction du Temple.
Cependant, Rabbi Yéhuda haNassi, un des Tanaïm, disait 24 des ces faits lorsqu'il enseignait le même verset.

Rabbi Yéhouda haNassi a vécu environ 100 ans après la destruction du Temple, et Rabbi Yo'hanan a vécu environ 200 ans après la perte du Temple.

Le midrach de remarquer :
Rabbi Yo'hanan n'en savait pas plus sur la destruction du Temple que Rabbi Yéhouda haNassi, mais comme Rabbi Yéhouda haNassi vivait plus proche de cette perte, il n'en disait que 24 sur les 60.

En effet, lorsque Rabbi Yéhouda haNassi enseignait les mots de la méguilat Eikha, il était tellement submergé par l'émotion, qu'après avoir relaté chaque fait tragique, il fondait en larmes et devait être réconforté pour pouvoir continuer.
C'est pourquoi, il n'avait pas les forces physiques pour pouvoir discuter en profondeur de la destruction du Temple, comme pouvait le faire Rabbi Yo'hanan, qui a vécu 100 années après.

=> Ce midrach montre la diminution de vécu chez nos Sages qui ont vécu respectivement 100 ans et 200 ans après la destruction du Temples.

Nous qui vivons 1949 années (en 2017) après, combien devons-nous avoir conscience que notre attitude n'est pas la norme, mais est au contraire le fruit d'un éloignement temporel de cette période.

b"h, tâchons de vivre autant que possible cette perte énorme pour tous.

-> La guémara (Taanit 30 a-b) raconte comment Rabbi Yéhouda, le fils de Rabbi Ilaï, prenait le deuil la veille du 9 Av avant que le jeûne ne commence.

On lui amenait un pain sec avec du sel, il s'asseyait entre le fourneau et le four [qui était le lieu le plus sale et répugnant de la maison] afin d'y manger son maigre repas, et il était alors aussi triste qu'un véritable endeuillé, dont le proche décédé est en face de lui.

-> La guémara (Kétoubot 62a) enseigne que :
Lorsqu'une personne émet un gémissement, cela affaiblit la moitié de son corps.
Cependant, un gémissement émit suite à une horrible nouvelle, comme la destruction du Temple, est 2 fois plus puissant, et affaiblit le corps tout entier de la personne.

La guémara de nous relater qu'un juif et un non-juif se promenaient ensemble.
Le juif était plus fort et le non-juif n'arrivait pas à le suivre.
Afin d'affaiblir le juif, il lui a rappelé la destruction du Temple.
Le juif est alors devenu plus faible et a gémi, mais il a continué à devancer le non-juif, qui lui a alors demandé : "N'as-tu pas dit qu'un gémissement affaiblit de moitié le corps d'une personne?"

Le juif de répondre : "Cela est vrai lorsqu'une personne gémit lorsqu'elle entend une nouvelle calamité. La destruction du Temple, cependant, est une calamité avec laquelle nous sommes déjà familier".

=> Nous apprenons de cette guémara, que même les non-juifs étaient au courant du fait que de rappeler la destruction du Temple entraîne immédiatement un juif à gémir de douleur, et donc à perdre de ses forces, à s'affaiblir.

Cette guémara aborde également la notion de "calamité avec laquelle nous sommes déjà familier".
Le juif n'ayant pas perdu toutes ses forces à cause de cela.

Si c'est particulièrement le rappel de la perte du Temple (et non la notion de l'exil aux 4 coins du monde par exemple), c'est en raison de la perte d'une résidence de la présence divine parmi nous, notion qui n'était pas étrangère aux anciennes générations, contrairement à nous.
=> Pourquoi sommes-nous si loin de ressentir de tels sentiments de deuil?

Le rav Steinman donne la réponse suivante :
En réalité, le détachement que beaucoup d'entre nous ressent durant le 9 Av, provient de nos activités spirituelles et de nos aspirations durant toute l'année.
Le plus nous nous efforçons de parvenir à une proximité avec Hachem par le biais de l'étude de la Torah, de la prière, et de la pratique des mitsvot, le plus nous vivons avec une conscience de la présence divine.
Cela cause une prise de conscience que la présence divine ne réside plus parmi nous comme cela pouvait l'être au temps du Temple.
Une personne qui vit avec une telle conscience va ressentir le 9 Av, comme si elle prenait le deuil pour un proche, qui vient de mourir.

Une telle personne est véritablement en manque de la présence divine, qui était présente dans le Temple.
Elle réalise que son développement, sa croissance spirituelle dans ce monde est totalement limité par le manque du Temple, et cela lui cause la même peine que la perte d'un proche.

Même si ce niveau de prise de conscience est loin de nous, nous pouvons tous essayer de s'en servir pour alimenter un sentiment de deuil en ce jour.
Imaginons que serait notre vie avec le Temple reconstruit, avec la présence divine au plus proche de nous, nous alors ouvrant toutes les portes de la connaissance, de la joie, des bénédictions, ...

En prenant le deuil, nous montrons à papa Hachem. à quel point nous ne pouvons pas nous passer de Sa proximité, à quel point nous voulons qu'il revienne au plus proche de nous.
[Je vis confortablement dans le confort de mon train-train quotidien, mais cela ne vaut rien à mes yeux car Tu es loin de moi, cela ne vaut rien à mes yeux car sans Toi mon développement spirituel est limité, sans le Temple Ton Nom ne peut pas être pleinement glorifié et reconnu dans le monde, ...]

Le rav Steinman ajout qu'il faute que le deuil s'accompagne par une téchouva et un changement dans nos actions, particulièrement dans ce qui a conduit à la destruction du Temple (ex: lachon ara, haine gratuite).
En effet, par exemple, comment peut-on continuer à avoir de la haine gratuite envers son prochain, car notre deuil serait alors une honte.
Nous serions alors comme un meurtrier qui après avoir tué quelqu'un, prendrait le deuil de cette personne. C'est une blague!

[Il est écrit : "Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction." (Yérouchalmi Yoma 1,1)
Ainsi, de nos jours, en refaisant les mêmes fautes, je détruis à nouveau le Temple. Comment alors puis-je prendre son deuil, sans m'occuper également de réparer la cause de sa destruction : mon attitude ...]

Le rav Steinman de dire également :
Comment une personne peut avoir un repentir sincère, alors qu'elle réalise les mêmes actions qui ont mené à la destruction du Temple? Combien cela semble hypocrite!

Pour chacun de nous, cela est l'épreuve de vérité, afin de voir à quel point nous sommes sincère durant ces semaines de deuil.
D'accord tu accomplis à 100% les lois de deuil du Choul'han Arou'h, mais est-ce que tu cherches sincèrement à améliorer tes actions afin qu'elles ne causent plus la destruction du Temple?

A minima, tâchons de faire de cette période un moment de l'année, vide de toute dispute, où l'on cherche à montrer à autrui à quel point on l'aime.
Avec cela, nous ferons que notre deuil sur le Temple, semblera beaucoup plus réel.

-> Le Choul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 1,3) statue qu'il convient pour toute personne ayant de la crainte de D. (yirat chamayim), d'être constamment peinée et troublée par la destruction du Temple.

Mais que se passe-t-il pour une personne qui n'a pas de crainte de D., ne doit-elle pas également être peinée et troublée par la perte du Temple?

Le Rabbi de Kotsk de répondre : Si une personne n'a pas de crainte de D., elle doit d'abord être peinée et troublée de sa propre destruction spirituelle avant de pouvoir s'inquiéter à propos de la destruction du Temple.

Le rav 'Haïm Kanivevsky a dit à une personne qui n'arrivait pas à avoir d'émotion à propos de la perte du Temple : "Il est probable que votre manque total d'appréciation concernant la destruction du Temple est le résultat de vos manques dans la crainte de D. Mon conseil est que vous étudier du moussar."

-> "Tout celui qui pleure pour Jérusalem méritera de partager sa joie [quand le Temple sera reconstruit]."
[guémara Taanit 30b]

+ "La fille de Tsion a vu partir toute sa splendeur" (Eikha 1,6)

-> "La splendeur des juifs est les sages et les érudits en Torah [talmidé 'hakhamim]" (midach Kohélet rabba 1,33].

Lorsqu'ils ont été envoyés en exil, Tsion a perdu sa splendeur.

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+ "Elle est tombée, la couronne de notre tête" (Eikha 5,16)

La véritable couronne de nos têtes est les érudits en Torah de chaque génération, qui nous guident durant les périodes de paix et de tragédies.
Cela s'applique également à leur femme (selon le rav Avraham Yéchayahou Steinman, petit-fils du rav Steinman et du rav 'Haïm Kanievsky).

Quelques années avant sa mort, la Rabbanit Kanievsky (femme du rav 'Haïm Kanievsky) s'est fait hospitalisée pendant plusieurs jours.
Le docteur a alors dit au rav 'Haïm qu'elle avait besoin de repos, ce qui n'était pas possible chez elle, au regard des centaines de personnes qui leur rendaient visite chaque jour.

Le rav 'Haïm Kanievsky a alors répondu : "Ce n'est pas un problème, je vais me tenir devant sa porte avec mon Shtender et ma guémara, et je m'assurerai qu'aucune femme ne soit autorisée à rentrer pour voir la Rabbanite."
Le médecin était alors surpris : "Pourquoi est-ce si important pour vous qu'elle rentre à la maison tout de suite?"

Rav 'Haïm de répondre : "Lorsque la Rabbanite est à la maison, mon étude est tellement meilleure!"

=> Elles sont également la couronne de notre tête!

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-> Le rav 'Haïm Kanievsky a demandé :
"Nous savons tous que si un Séfer Torah tombe par terre, nous sommes alors tous horrifiés et nous nous précipitons pour le ramasser, nous assurant qu'il ne reste pas une seule seconde sur le sol.
De plus, suite à cela, beaucoup de personnes vont jeûner ou faire un don à la tsédaka afin d'expier nos fautes, qui ont causé la chute du Séfer Torah.

Mais qu'en est-il si un érudit en Torah tombe en même temps qu'un Séfer Torah : est-ce que l'on doit ramasser le Séfer Torah avant d'aider l'érudit à se relever?
[on parle d'une situation où l'érudit n'a pas de dommage physique]

Rav 'Haïm a répondu de marnière catégorique:
"L'érudit en Torah doit être relevé avant le Séfer Torah!

La loi peut se voir clairement des mots de la guémara (Makot 22a) : "Qu’ils sont stupides ces hommes qui se lèvent devant un rouleau de la Torah, et non devant le disciple d’un Sage qui est un rouleau de la Torah vivant".

De cette guémara, il est clair qu'un érudit en Torah est un rouleau de Torah vivant, auquel on doit donner encore plus d'honneurs qu'à un Séfer Torah.
Agir autrement est de la folie pure! "

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-> "Lorsque les juifs ont été exilés en Babylonie, pas un seul n'a alors été capable d'expliquer son étude [de la Torah convenablement]"
[midrach Kohélet rabba 12,7]

-> "Il n'y a pas de plus grande perte d'étude de la Torah, que le fait que les juifs ont été exilés de leur terre" [guémara 'Haguigua 5b]

La destruction du Temple et l'exil, causent une réduction majeure des niveaux d'étude de la Torah.

=> Ainsi, "La fille de Tsion a vu partir toute sa splendeur" (Eikha 1,6), on parle de toute sa Torah!

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-> A la toute fin de la Amida nous disons : "Que Hachem se soit Ta volonté que ... le Temple soit reconstruit, rapidement de nos jours, et accorde nous notre part dans Ta Torah"

Pourquoi notre demande de reconstruction du Temple suit directement notre demande de réussir dans l'étude de la Torah?

Le rav 'Haïm Kanievsky explique qu'une conséquence terrible de la perte du Temple et de l'exil qui en a suivi, est le fait que nous ne pouvons plus étudier la Torah comme les juifs le faisaient auparavant, car la présence du Temple fournissait le cadre nécessaire à un niveau spirituel élevé, ce que nous n'avons plus de nos jours.

[avec le Temple, il y avait un présence divine qui était beaucoup plus proche, ce qui faisait qu'il y avait de la véritable joie, plus de sagesse en Torah, ...].

De plus, de nombreuses lois de la Torah ne peuvent plus être pratiquées : comme celles en relation avec le Temple, celles relatives à la pureté et à l'impureté, celles en relation avec ce qu'on devait retirer de notre récolte (térouma, maaser), ...

Le Rav 'Haïm Kanievsky nous dit qu'à cause de cela nous n'avons pas une compréhension correcte de ces sujets, qui représentent presque la moitié des 6 ordres de la michna (Zéraïm, Kodachim et Taharot).
Ce n'est que lorsque le Temple sera de nouveau là, que nous pourrons alors comprendre clairement ces sujets.

Par ailleurs, lorsque le Machia'h arrivera, Eliyahou haNavi viendra et clarifiera toutes les questions de la Torah que nous n'aurons pas pu clarifier, comme nous pouvons le voir dans la guémara à chaque fois que nos Sages n'ont pas trouvé une solution satisfaisante, il est dit : "Tékou" (תיקו), qui est l'acronyme de : "Le Tichbit (Eliyahou haNavi) répondra à nos difficultés et nos doutes" (Téchbi yétaréts kouch'yot véiba'éyot).

Le rav 'Haïm Kanievsky de dire également :
"On nous enseigne que lorsque le Temple a été détruit, de nombreux secrets de la Torah nous ont été alors cachés, mais ils nous serons révélés à nouveau avec la guéoula.
Lorsque le Temple sera reconstruit, avant que nous commençons à y servir Hachem, la Torah sera de nouveau complète : on nous rendra automatiquement notre part dans la Torah qu'il nous manquait pendant toutes ces années."

On comprend donc l'immense manque de l'absence du Temple, et notre besoin de prier pour que notre part dans la Torah soit à nouveau totale.

L’assurance que nous serons délivrés

+ Comment savons-nous que malgré notre exil depuis des centaines d'années, nous serons un jour délivrés?

Nous allons voir une réponse du rav 'Haïm Kanievsky.

Selon nos Sages (guémara Pessa'him 54b), il existe un décret faisant qu'une personne décédée est finalement oubliée par le cœur, de telle façon qu'on ne prenne pas éternellement le deuil de ses proches.

Bien que les morts ne sont pas oubliés dans l'esprit (on peut toujours se souvenir de nos êtres chers), néanmoins, ils sont oubliés par le cœur, ce qui fait qu'à leur souvenir nous n'avons plus des larmes.

Cependant, si une personne est portée disparue, et est toujours vivante, elle n'est jamais oubliée, car il n'y a pas à son sujet un décret de D., faisant qu'elle sera oubliée par le cœur.
Par exemple, lorsque Yossef a été vendu et amené en Egypte, son père Yaakov a fait son deuil pendant 22 années.
Puisqu'il était toujours en vie, il n'était pas oublié par le cœur de son père Yaakov, qui en était inconsolable.

=> Le fait que nous sommes toujours en train de prendre le deuil du Temple, qui n'est pas oublié par notre cœur, qui nous amène toujours à le pleurer, cela nous indique qu'il n'est pas "mort" (détruit pour toujours), mais que sa perte n'est que temporaire.

Il est écrit : "Mes yeux, mes yeux ruissellent de larmes" (Eikha 1,16)
==> Nos émotions (ex: nos larmes) à l'égard du Temple démontrent qu'il n'est pas définitivement parti, qu'il est encore bien "vivant", et qu'il va nous être retourné, dès que nous serons méritants.

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-> "Les pleurs sont le signe de l’éveil aux rigueurs des nations du monde qui ont détruit le Temple, exilé et oppressé Israël, lui imposant de nouveaux et terribles décrets.
A l’avenir, ces pleurs se transformeront en pierres qui serviront à la reconstruction du Temple et seront à l’origine de la délivrance et de l’édification de Jérusalem."
[Rav Avraham Azoulaï - le grand-père du 'Hida - Or ha’Hama]

Comment lier la joie et le deuil?

+ Comment lier la joie et le deuil?

-> "Servez Hachem avec joie" (Téhilim 100,2)
-> "Lorsque le mois de Av arrive, il faut diminuer notre joie" (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 551,1)

=> Comment concilier les 2, et ce d'autant plus, le 9 Av, jour où nous servons Hachem en prenant le deuil?

Le rav Steinman de donner l'explication suivante :
L'obligation de "servir Hachem dans la joie" ne signifie pas d'être simplement joyeux, cela veut dire que nous devons servir Hachem, en faisant Ses mitsvot, et cela dans un état de joie.
Comment cela?

L'essence de faire les mitsvot est de réaliser la volonté de Hachem.
Lorsque nous faisons Sa volonté comme il le faut, nous devons ressentir une joie intrinsèque.
Ainsi, quelque soit la mitsva que nous faisons, il n'y a pas de différence : une mitsva qui est naturellement joyeuse (ex: faire les fêtes juives) ou bien une mitsva qui est très loin de la joie (ex: prendre le deuil de la perte du Temple).

Une personne peut ressentir de la peine pour la perte du Temple, et cependant au même moment ressentir un sentiment de joie intérieure par le fait qu'elle accomplit la volonté de Hachem.
Ainsi, malgré le deuil, il y a quand même un aspect de joie. Ce n'est pas contradictoire.

[La même chose s'applique lorsqu'une personne prend le deuil d'un proche. Bien qu'elle ressent une forte douleur liée à la perte d'un être cher, elle peut également ressentir un sentiment de joie, car malgré tout, elle suit les instructions de la Torah relatives au deuil, suivant ainsi la volonté de papa Hachem.]

Le Pélé Yoets explique ce concept : les étudiants du Arizal enseignent qu'il faut pleurer pendant la prière.
Cependant, de telles larmes ne sont pas contradictoires au fait de servir Hachem avec joie.

Une personne doit lier ces 2 émotions ensemble : prier d'un œil larmoyant, mais avec un cœur plein de joie.
D'un côté, la joie d'avoir le privilège de servir D., de faire Sa volonté [et d'être face à lui dans la prière], et d'un autre côté, des larmes sincères de regret de nos mauvaises actions [et de Lui décharger toutes nos inquiétudes en étant certain que seul Hachem peut et va les résoudre].