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L’annulation du ‘hamets

+ L'annulation du 'hamets :

-> Selon l'application à la lettre de la loi de la Torah, il est suffisant pour une personne d'effectuer le l'annulation du 'hamets seulement dans son cœur. On remplit ainsi son obligation en retirant le 'hamets de sa possession.
De la même manière, l'éradication du mal [en nous] peut, en théorie, être accomplie par une simple "annulation" du mal et une résolution d'éviter qu'il ne se reproduise à l'avenir. Néanmoins, au lieu de se contenter de cet aspect interne, il faut veiller à traduire l'attitude de repentir en actes réels et tangibles.
[Beit Avraham]

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-> En annulant le 'hamets, nous récitons la formule suivante : "tout 'hamets qui est en ma possession, que je l'aie vu ou non ... que je l'aie éradiqué ou non, est annulé par la présente, et il sera rendu sans propriétaire comme la poussière de la terre".

Dans un sens homilétique, rabbi Barou'h de Mézibuzh perçoit dans cette déclaration une prière que nous faisons à Hachem pour qu'il nous aide à éliminer le mal qui est en nous :
"En ce qui concerne toute trace de 'hamets/mal qui pourraient se trouver en ma "possession" (c'est-à-dire une partie de moi-même), j'ai pu me convaincre que je les ai vues et détectées, mais en vérité, j'ai négligé de le faire. Je peux prétendre m'en être débarrassé, mais en vérité, je ne les ai pas éliminés du tout. C'est pourquoi je me tourne vers Toi et te dis : "Maître de l'Univers! Que tout ce mal qui est en moi soit annulé et devienne comme rien!"
[Nétivot Shalom]

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-> "L'annulation du 'hamets n'est possible qu'en brûlant" (michnayot Pessa'him 2:1)

Lorsque nous sommes confrontés aux passions enflammées de notre yetser ara, nous devons combattre le feu par le feu. À ce stade, un juif doit allumer en lui un feu saint (éch kodech) pour combattre ce yétser. C'est, après tout, le moyen par lequel on cachérise (rend apte à l'usage) des ustensiles qui ont absorbé des substances interdites.
La règle générale est : "kébolo ka'h polto" (de la manière dont [la substance interdite] a été absorbée, elle doit être expurgée - guémara Pessa'him 30b).
Ainsi, si la substance a été absorbée par l'application du feu et de la chaleur, c'est par le feu et la chaleur que l'ustensile retrouvera son statut de casher.
Ainsi, lorsque l'on est confronté au feu du yétser ara, il faut rassembler un feu saint (éch kodech) pour le combattre. C'est ainsi que l'on peut consumer et éradiquer complètement tout mal résiduel.
[Nétivot Shalom]

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-> "Les ustensiles ... qui ont été utilisés avec un liquide froid ... sont rincés (avec un liquide froid pour les cachériser)...
Les ustensiles qui ont été utilisés avec un liquide chaud ... sont immergés dans un liquide bouillant (pour les cachériser) (Choul'han Arou'h - Yoré Déa 121:1-2).

-> L'utilisation de substances interdites peut avoir rendu un récipient rituellement impropre. Pour le remettre en état, le cachériser, il existe un certain nombre de méthodes, déterminées par la manière dont il a été rendu impropre à l'origine ...

Ces gradations peuvent être comprises comme reflétant différents niveaux d'intensité en ce qui concerne l'avoda de la téchouva. Ici aussi, le principe reste le même : le degré de repentir est déterminé par la manière dont le péché a été commis en premier lieu.
Une personne n'est pas toujours poussée à fauter par l'apparition d'une passion irrésistible ; elle peut être placée dans une situation où elle se sent simplement obligée de transgresser, en le faisant de la manière la plus réticente. [ex: l'acte est là, mais le coeur et l'envie sont absentes, voir contraire]
Une telle situation peut être comparée à la forme la plus faible d'utilisation d'une substance interdite, c'est-à-dire par le biais d'un liquide froid. La cachérisation dans un tel cas nécessite un exercice similaire et doux consistant à simplement rincer avec de l'eau non chauffée.
La forme de téchouva exigée pour un péché de ce type est également d'une variété relativement douce. Il n'y a pas besoin d'afflictions ou de jeûne ; une simple et sincère résolution d'éviter de répéter l'acte suffit.

Un récipient rendu impropre par un milieu intensifié nécessite une forme de cachérisation intensifiée en conséquence : "les ustensiles qui ont été utilisés avec un liquide chaud ... sont immergés dans un liquide bouillant".
De la même manière, une personne qui a péché avec un esprit volontaire/enthousiasme et avec empressement doit intensifier ses efforts de téchouva ; son cœur doit être "réchauffé" dans son effort de repentir afin d'effectuer une véritable rectification.
[ex: ce qui a rendu grave la faute du Veau d'or, cela a été qu'ils ont dansé, chanté et se sont réjouis. Cela a alors impliqué une téchouva plus puissante, du même calibre. ]
[Avodat Israël]

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-> "Même la plus petite quantité de 'hamets est interdite" ('hamets assour bémachéhou).

-> Selon le Zohar (Raya Mehemna - paracha Ki Tétsé) :
En ce qui concerne la personne qui reste sur ses gardes par rapport au 'hamets et du levain (séor), son corps sera protégé du yétser ara en bas, et son âme (sera protégée) en haut.
Il est dit à propos d'un tel individu : "le mal n'habitera pas au milieu de vous" (Téhilim 5,5), car son corps est devenu saint, et son âme est le saint des saints.

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-> Les mitsvot de la matsa et de l'élimination du 'hamets ont été les toutes premières mitsvot accordées à Israël (alors qu'ils se trouvaient encore en Egypte).
Ils les ont acceptées avec beaucoup d'amour et de dévotion, en prenant la ferme résolution de respecter toutes les lois qui les régissent, qu'il s'agisse de principes généraux ou de détails particuliers.
Quiconque observe le vaste corpus de halakha entourant ces mitsvot méritera que ses jours et ses années soient prolongés.
[Chéélot ouTéchouvot min haChamayim]

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-> Le Arizal écrit que l'on peut développer la qualité de la sainteté en adhérant à toutes les règles entourant l'évitement du 'hamets.
Celui qui s'abstient de manger ne serait-ce qu'une infime quantité de 'hamets à Pessah recevra l'aide d'Hachem pour éviter les fautes tout au long de l'année.
[rabbi Pin'has de Koretz]

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-> Alors que le mois de Tichri est ponctué par la qualité de crainte (yir'a), l'objectif principal de Nissan est de cultiver l'amour (aava).
C'est pourquoi nous nous préparons à Pessa'h avec beaucoup de joie et d'anticipation, en cuisinant avec amour les matsot et en éliminant avec dévouement tout le 'hamets.
Cette idée est à l'origine de nombreuses exigences supplémentaires qui caractérisent la avoda de l'élimination du 'hamets, dont certaines peuvent même ne pas trouver leur origine dans la stricte halacha.
Ces pratiques reflètent un immense amour pour Hachem, Israël faisant preuve d'un empressement à aller au-delà de la lettre de la loi dans l'accomplissement de Sa volonté.
[Nétivot Shalom]

+ A Pessa'h, le mot Séder (signifie : l'ordre), est le contraire de ness (miracle).
Un miracle est un événement extraordinaire qui se produit en dehors de l'ordre naturel des choses (du séder de la naturalité). Pourtant, nous utilisons le nom : "lél haSéder", même s'il commémore une série de miracles. Pourquoi?

Le 'Hidouché haRim explique que c'est parce que toute l'histoire de la sortie d'Egypte s'est déroulée dans une dimension si éloignée de la nature que les miracles étaient la norme.
Pour notre nation, nous disons que les miracles sont le séder, que l'histoire de la sortie d'Egypte fait partie de ce que nous sommes.

[Pessa'h est un moment tellement exceptionnel que des miracles incroyables étaient la norme!
Sachant que la Délivrance à venir va suivre l'exemple de celle d'Egypte, on ne peut être que plein d'impatience et de confiance en Hachem.]

Le mois de Nissan

+ Le mois de Nissan :

-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).
-> "Vous sortez aujourd'hui, au mois du printemps" (Bo 13,4).

-> Lorsque Hachem a choisi Son monde, il y a établi un système de mois et d'années. Et lorsqu'Il a choisi Yaakov et ses fils, Il a établi pour eux que la tête des mois (sera celui où aura lieu) la rédemption.
En effet, c'est au cours du mois de Nissan que Israël a été racheté d'Egypte, et c'est au cours de ce mois qu'ils seront rachetés à l'avenir. Comme il est dit : "Comme à l'époque de votre sortie du pays d'Egypte, je ferai des prodiges" (Mi'ha 7,15).
C'est au cours de ce mois que naquit Its'hak, qu'il fut attaché (sur l'autel - Akéda) et que Yaakov reçut les bénédictions.
Et c'est au cours de ce mois qu'Hachem a indiqué à Israël qu'il serait le premier mois de leur salut (à l'avenir), comme il est dit : "C'est le premier (mois) pour vous, pour les mois de l'année" (Bo 12,2).
[midrach Béréchit rabba 15,11]

-> C'est à partir de Roch 'Hodech Nissan que la géoula (rédemption) avait déjà commencé.
[Rachbam]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous (a'hodéch azé la'hem) la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

Le terme roch (רֹאשׁ - généralement traduit par "tête") peut ici être compris comme "premier" ou "choisi", comme dans le verset : "ka'h lé'ha samim roch" (tu prendras des aromates de premier choix - Ki Tissa 30,23).
En spécifiant que le mois est la'hém (לָכֶם - pour vous), le verset signifie que c'est seulement pour Israël que Nissan est un mois de premier ordre.
La déclaration de nos Sages (gémara Roch Hachana 10b) va dans le même sens : "en Nissan, ils (les juifs) furent délivrés (la sortie d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans l’avenir (la Délivrance finale). Ce mois est destiné à l'ascension et au bénéfice d'Israël.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Ce mois est une période particulièrement efficace pour rectifier sa roch (tête), c'est-à-dire pour purifier son esprit et son intellect.
Même si la tête (roch) d'une personne peut être rempli de toutes sortes de pensées inappropriées, d'une nature basse et impure ou même de tendances potentiellement hérétiques, il est possible pour une personne de se renouveler à cette époque et de purger son esprit de telles pensées.
Et cette résolution et renouvellement peuvent affecter positivement tout le reste de l'année, comme conclue le verset : "c'est pour vous le premier des mois de l'année" [tellement ce mois peut impacter le restant de l'année!].
[Beit Avraham]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois (roch 'hodachim) ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Il y a en fait 2 mois de l'année qui sont des périodes de jugement divin.
On peut comparer cette situation à celle d'un roi qui examine périodiquement le courage et la loyauté de son royaume. Parfois, il les teste pour voir s'ils aiment leur roi ; parfois, il les teste pour voir si leur amour s'étend à sa descendance.
Le jugement divin opère de la même manière. Au cours du mois de Tichri, Hachem juge le monde pour déterminer s'ils L'aiment et Le craignent. Mais pendant le mois de Nissan, Il cherche à déterminer s'ils aiment Son peuple, le peuple juif.
C'est pour cette raison que la défaite de Pharaon s'est produite en ce mois. Il avait manifestement maltraité les enfants d'Hachem, et c'est au cours de Nissan, lorsque Hachem juge le monde sur cette question précise, qu'il a connu sa chute.
Le verset fait allusion à cet état de fait : "a'hodech azé la'hem" (Ce mois [Nissan] est pour vous) = c'est surtout au cours de ce mois qu'Hachem juge et agit en votre faveur (pour vous - la'hem - לָכֶם).
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

[ => quel enseignement : chaque juif a tellement d'importance aux yeux d'Hachem, qu'au mois de Nissan le monde entier est jugé sur son amour envers les juifs, les enfants adorés d'Hachem.
Combien le mois de Nissan doit nous redonner de l'espoir en nous, de la confiance en nos capacités et en notre relation privilégiée avec Hachem, et que nous n'avons rien à craindre, mais plutôt tout à espérer pour le meilleur! ]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2).

-> Dans le moussaf de Roch 'Hodech, nous décrivons Roch 'Hodech comme un temps de : "téchout nafcham miyad choné" (le salut de leur âme de la main de l'ennemi).
Le Yessod ha'Avoda interprète cela au sens spirituel, faisant référence à l'assistance divine pour vaincre le yetser ara, le plus grand "ennemi de l'âme".
Bien que Roch 'Hodech se réfère au premier jour du nouveau mois, nos Sages nous enseignent que la totalité de Nissan est considérée comme un Roch 'Hodech d'une durée d'un mois (chaque jour de ce mois est comme un jour de roch 'hodech). C'est ce qu'indique le verset qui se réfère à Nissan en ces termes : "a'hodech azé la'hem roch 'hodachim" = ce mois est pour vous comme un Rosh 'Hodech.
Ainsi, cet aspect de la victoire sur le yétser ara est une caractéristique prédominante de l'ensemble du mois de Nissan, qui est, au sens littéral (et comme nous le récitons dans la Haggadah), une période de "notre délivrance et la rédemption de nos âmes" (géoulaténou oufdout nafchénou).
[ainsi en Nissan chaque jour est comme un jour de roch 'hodech, et donc nous avons chaque jour une aide d'Hachem pour vaincre notre yétser ara (notre grand ennemi de l'âme), et grâce à cela nous pouvons délivrer nos âmes et devenir des personnes libres (des chaînes dont nous attachent le yétser ara le restant de l'année). Ainsi, c'est vraiment le moment de notre délivrance personnelle! ]
[Birkat Avraham]

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-> "c'est pour vous le premier des mois de l'année" (richon ou la'hem - Bo 12,2).

-> Selon le midrash, le mot : richon (רִאשׁוֹן - littéralement : premier) peut être compris comme se référant, pour ainsi dire, à Hachem lui-même. [ce qui est premier à toute chose c'est Hachem]
Ainsi, le verset peut être lu ainsi : "Rishon Hou la'hem" = (si l'on peut dire), Hachem est pour vous, car Il se rend encore plus disponible pour tout juif au cours de ce mois exceptionnellement élevé.
[Birkat Avraham]

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-> "c'est pour vous le premier des mois de l'année" (richon ou la'hem - Bo 12,2).

-> La littérature kabbalistique regorge de références à la notion d'itarouta, les "réveils" divins, qui se présentent sous deux formes :

- Un réveil par le bas, s'effectue à travers les actions de chaque individu. C'est-à-dire qu'en tant que résidents des sphères inférieures, nous prenons nous-mêmes des mesures qui catalysent une stimulaiton et un "réveil de l'inspiration divine".
C'est ce que décrit le verset : "Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi" (Ani léDodi, véDodi li - אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי - Chir haChirim 6,3). Ici, c'est par l'initiative humaine que l'on se rapproche d'Hachem, notre "Bien-aimé". Cette forme d'avoda (service) est du ressort du mois de אלול (Elloul), dont le nom est un acrostiche de : אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי

- le mois de Nissan, quant à lui, se caractérise par un réveil d'en haut.
Cette forme de réveil (itarouta) a son point de départ entièrement dans les cieux ; dans un geste de pure magnanimité (indépendant de nos mérites, actes), Hachem fait descendre d'en haut un éveil de lumière et d'assistance.
Dans ce cas, c'est le "Bien-aimé" qui initie le processus, comme l'indique le verset : "Mon bien-aimé est à moi, et moi, je suis à mon bien-aimé (odi li, vaani lo - דּוֹדִי לִי וַאֲנִי לוֹ - Chir haChirim 2,16).
Mais cela ne s'applique qu'à l'"éveil" initial ; après avoir reçu ce don, un juif doit prendre certaines mesures de son propre chef pour maintenir un tel lien. C'est ce à quoi fait allusion le verset : "richon ou la'hém" = même pendant Nissan, ce n'est que "dans un premier temps" (richon) qu'Hachem vous accorde la'hém, un bienfait spirituel sous la forme d'un réveil d'en haut.
Par conséquent, il faut se mettre en mouvement et s'efforcer d'obtenir un réveil par le bas.
[Torat Avot - citant le Saba Kadicha de Slonim]

[par amour Hachem nous donne en Nissan de l'impulsion d'en-Haut, et à nous ensuite de l'utiliser pour générer des éveils de bonnes choses du Ciel suite à nos actions. ]

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-> Nissan est un mois au cours duquel des yéchout (délivrances) sont "prêtées" au peuple juif.
En d'autres termes, Hachem peut accorder le salut même à quelqu'un qui n'a pas suffisamment de mérite par lui-même, comme ce fut le cas pour la sortie d'Egypte.
[le rav d'Apt (Ohev Israël)]

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-> Il est dit dans le Zéra Kodech que le mois de Nissan (ניסן - gematria de 170) a la même guématria que dix fois le mot "tov" (bien - טוב est égal à 17, et multiplié par 10 on a : 170).
Cela signifie que ce mois a une force complète de tov (car le nombre dix représente un tout, une totalité).

L'inauguration du Michkan a eu lieu dans ce mois, ce qui fait allusion au fait que dans ce mois spécial, on peut atteindre le vrai et complet tov.
C'est la raison pour laquelle il est interdit de jeûner au cours de ce mois, car Nissan est plein de sainteté, et il est même interdit de jeûner après Yom Tov au cours de ce mois.
[Arougat Habossem ]

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-> La guémara (Roch Hachana 10b) fait état d'un différend concernant la date de la future rédemption. Selon Rabbi Eliezer, la géoula aura lieu en Tichri, tandis que selon Rabbi Yéhochoua, elle aura lieu en Nissan (comme la géoula originale à l'époque de la sortie d'Egypte).

Nous pouvons comprendre le différend de la manière suivante : Tous sont d'accord pour dire que Tichri, le mois contenant les jours de jugement des Yamim Nora'im, est une période marquée par l'attribut de michpat (jugement), tandis que Nissan est un mois de ra'hamim v'hessed (miséricorde et bonté divines).
Le problème tourne autour de la question de la valeur des juifs. Selon Rabbi Eliezer, les juifs doivent être jugés dignes afin de mériter la rédemption future.
Ils y parviendront en fait et seront jugés favorablement au moment du jugement. Ainsi, la géoula arrivera au cours du mois de Tichri.

En revanche, s'ils sont jugés indignes, il ne sera pas possible de les racheter. Rabbi Yéhochoua adopte l'approche opposée. Même si les juifs n'avaient pas suffisamment de mérite, Hachem les rachèterait néanmoins dans un acte de bonté et de bienveillance divines.
C'est pourquoi, selon lui, la guéoula aura lieu pendant le mois de Nissan, un mois marqué par une augmentation de miséricorde et bonté divines.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Chémot 5,22 ; 6,1]

[cela met en avant à quel point le mois de Nissan est une période positive, pleins d'aide et de bénédictions gratuites que D. nous donne.]

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Au Séder de Pessa’h, le fils demande : "Pourquoi cette nuit est-elle différente?" (ma nichtana - guémara Pessa’him 116a)
Pourquoi le fils pose-t-il cette question spécifiquement à Pessa’h, et non à Souccot?

[en effet, la nuit de Pessa'h et la nuit de Souccot célèbrent toutes deux des aspects de la sortie d'Egypte, et à chaque fois, nous nous comportons très différemment des nuits ordinaires de l'année : à Pessa'h, nous avons le Séder avec tout ce qu'il implique, et à Souccot, nous quittons notre maison pour habiter dans une structure temporaire.
Apparemment, la question "Pourquoi cette nuit est-elle différente?" (ma nichtana alaïla azé) est tout aussi valable dans les deux cas.

Pour y répondre, nous devons commencer par expliquer le débat suivant :
Le principe sous-jacent est le suivant : Dans le Talmud, 6) un Sage soutient que

Selon un avis, le monde a été créé en Nissan, tandis qu'un autre soutient qu'il a été créé en Tichri. (guémara Pessa'him 118a)
Hachem gère le monde de 2 manières.
La première est due à Sa bonté et à Son immense miséricorde.
La seconde est due à la fierté qu'Il éprouve à l'égard du peuple juif. Puisqu'Il est fier de Sa nation Israël, Il répond à leurs souhaits et leur accorde toutes les faveurs que les juifs demandent.

[ces 2 modes correspondent généralement à la conduite du monde par Dieu selon les lois de la nature qu'Il a établies au moment de la Création, et à la forme de conduite miraculeuse qui résulte de Sa relation avec le peuple juif. Ainsi, nos Sages affirment que, jusqu'à ce que la Torah soit donnée, le monde n'était nourri que par la bienfaisance de D. ]

Ce dernier mode est évoqué dans le verset : "Alors Moché chanta ... ce chant à D." (az yachir Moché - Béchala'h 15,1). Le verset implique que le même chant chanté par le peuple juif a ensuite été chanté et récité par Hachem. En effet, lorsque Hachem dirige le monde en raison de la fierté qu'il éprouve à l'égard du peuple juif, il exauce ses souhaits et ses désirs. Tout ce que le peuple juif dit devoir se produire, D. le dit également.

Ces 2 façons dont Hachem conduit le monde correspondent aux 2 opinions mentionnées plus haut dans la guémara. L'une des opinions est que le monde a été créé en Nissan (naissance du peuple juif, suite à sa sortie d'Egypte), parce que c'est en Nissan que D. gère le monde en raison de la fierté qu'Il éprouve pour le peuple juif. C'est pourquoi, au cours de ce mois, de nombreux miracles et merveilles ont été accomplis pour le peuple juif.
La seconde opinion est que le monde a été créé en Tichri (lors de la Création, l'être humain en général a été créé début Tichri), en référence à l'ordre naturel avec lequel D. dirige généralement le monde, une manière de bonté extraordinaire.

Cela fait allusion à la raison pour laquelle le fils pose ces questions spécifiquement à Pessah, parce qu'en vérité, lorsque Hachem dirige Son monde en raison de Sa fierté à l'égard du peuple juif, c'est comme s'Il se restreignait à la mesure de leur service, ce qui Lui procure une grande joie et c'est pour cette raison qu'Il satisfait leurs besoins et leurs désirs.
Cette dynamique est analogue à celle d'un fils posant une question à son père ; l'intellect du père dépasse de loin celui du fils, mais en raison de l'immense amour du père pour son fils, le père condense et simplifie ses pensées afin de répondre à la question du fils.
Ce comportement est parallèle à la dynamique décrite plus haut, par laquelle D. se limite aux attributs d'Israël, s'en enorgueillit et accomplit leur volonté.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pessa'h ]

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+ Révéler le but de la Création :

-> La guémara (Roch Hachana 10b) fait état de 2 opinions quant à la date de création du monde. Un sage déclare qu'il a été créé en Nissan, tandis que l'autre affirme qu'il a été créé en Tichri.

En réalité, il n'y a pas de désaccord. L'analogie suivante permet de le comprendre.
Lorsqu'une personne fabrique quelque chose, il y a 2 aspects à ce qu'elle a fait.
Le premier est l'objet qui a été fabriqué ; le second est la raison pour laquelle elle l'a fabriqué.
Il en va de même lorsque D. a créé le monde. Cependant, lorsque Hachem, a créé le monde, la raison pour laquelle il l'a fait n'était pas encore évidente.
La vérité est que le but principal de la création du monde était qu'Il jouisse de Son monde par l'intermédiaire du peuple juif, qu'il obéisse à sa volonté, qu'il reconnaisse sa grandeur et qu'il comprenne qu'il a tout créé pour sa gloire. Mais lorsque le monde a été créé pour la première fois, la raison de Sa création était cachée.

Il en fut ainsi jusqu'à Nissan, lorsque le peuple juif quitta l'Egypte et que chacun vit qu'Il est D., le Seigneur du monde. Chacun a alors compris que D. a créé tous les mondes et qu'il est le seul à mériter d'être servi.
En conséquence, c'est à Nissan qu'a été révélé le motif de la création du monde, à savoir la révélation de la divinité dans le monde.

[il n'y a donc pas d'argument entre ces 2 Sages : Rabbi Eliezer, qui soutient que le monde a été créé à Tishri, se réfère à l'époque de la Création. Rabbi Yéhochoua, qui soutient que le monde a été créé en Nissan, fait référence à l'objectif de la création, qui était de libérer le peuple juif de l'esclavage pour le préparer à servir Dieu sur le mont Sinaï. ]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Pessa'h ]

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-> Une chose remarquable se produit au cours de la période de 30 jours qui précède Pessah. Dans Son infinie bonté, Hachem prépare Sa nation à cette occasion capitale et sacrée au cours de cette période.
Il extrait leurs âmes, petit à petit, des chambres de l'impureté (hé'halot hatouma).
Cela se produit chaque jour d'un degré, une partie sur trente, de sorte que, le soir de l'éradication du 'hamets (levain), c'est-à-dire la nuit précédant Pessah, même les pécheurs ne se trouvent plus qu'à la "périphérie" de ces 'chambres de l'impureté'.
Puis, lorsque la nuit de Pessah arrive enfin, ils sont complètement débarrassés de l'impureté et sont complètement libérés, devenant des hommes libres (bné 'horin).
[rabbi Avraham Azoulai - 'Hessed léAvraham]

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-> "Ce mois [Nissan] est pour vous la tête des mois" (Bo 12,2).

-> Au sujet de la vision en rêve de l'échelle de Yaakov, il est écrit : "et voici qu'une échelle se tient sur la terre, et son sommet atteignait les cieux ... et voici qu'Hachem se tenait dessus" (véiné soulam moutsav artsa vérocho maguia achamayéma ... véiné Hachem nitsav alav - Vayétsé 28,12-13)
Le Nésivot Shalom (Torat Avot) affirme que cette vision reflète les 2 façons différentes par lesquelles Hachem conduit les affaires de l'humanité.
Le "et voici qu'une échelle se tient sur la terre" = cela fait référence à la conduite "naturelle" du monde.
La Torah y fait allusion en parlant de la terre : "soulam moutsav artsa" = "l'échelle qui se tient sur la terre". Déterminé par le jugement annuel de Roch Hachana, Hachem établit l'ordre et le plan qui dicteront les affaires de chaque individu tout au long de l'année, ainsi que la mesure de la shéfa (émanation de bénédiction) qui lui parviendra d'en haut.
La mention dans le verset de "Hachem nitsav alav" (Hachem se tient dessus) = reflète l'autre forme de conduite Divine, celle qui transcende tout autre calcul ou plan naturel. Ce mode de conduite est laissé entièrement entre les mains d'Hachem seul.

Rabbi Eliézer dit : "le monde a été créé en Tichri" ... Rabbi Yéhochoua dit : "Le monde a été créé en Nissan" (guémara Roch Hachana 10b).
Bien qu'il s'agisse de 2 opinions, il est possible de se baser sur les deux, comme l'affirment nos Sages (guémara Guittin 6b) : "Ceux-ci et ceux-là sont les paroles du D. vivant" (élou véélou divré Elokim 'haïm én).
Ainsi, Roch Hachana (en Tichri) représente le renouveau du monde et l'établissement, pour cette année, de l'ordre naturel, un temps de "voici qu'une échelle se tient sur la terre".

Mais le mois de Nissan représente le renouveau du monde dans la mesure où la transcendance de l'ordre naturel est concernée : "voici qu'Hachem se tenait dessus" (Hachem nitsav alav).
Cela reflète la nature de Nissan en tant que période d'immense bonté divine.
Il se peut que façon naturelle de conduire le monde dicte qu'une personne doive subir un malheur ; c'est ce qui lui a été décrété à Roch Hachana, lorsqu'il a reçu un jugement défavorable. Néanmoins, Hachem, dans Son attribut de pure bienveillance, peut décider de "prendre les choses en main".
Même si, selon les critères de la stricte justice, l'individu n'est pas méritant, Hachem peut annuler le décret de Roch Hachana et accorder un salut miséricordieux venant d'en haut.

C'est cette qualité de Nissan, la transcendance de la nature et même du temps, ce qui en fait une période de guéoula : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur" (guémara Roch Hachana 11a).
À l'origine, il avait été décrété que les juifs resteraient dans l'exil d'Egypte pendant 400 ans (Lé'h Lé'ha 15,13). Cependant, l'atmosphère spirituelle polluée d'Egypte a eu un effet des plus délétères sur les juifs, et comme nous le disent les Sages, ils sont descendus au 49e niveau d'impureté. S'ils étaient restés plus longtemps, ils auraient atteint le 50e et dernier niveau, au-delà duquel il n'y a pas de retour possible.
Ainsi, Hachem a "sauté" le temps imparti ; comme le dit le verset : "c'est la voix de mon bien-aimé! Le voici qui vient, franchissant les montagnes, bondissant sur les collines" (Chir haChirim 2,8).
Ainsi, même avant le temps fixé, Il a racheté Sa nation au cours de ce mois [de Nissan] qui est au-dessus de la nature (lémaala min hatéva).
[Nétivot Shalom]

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+ Nissan : moment propice pour se renouveler :

-> Hachem dit à Moché et à Aharon, dans la terre d'Égypte : "Ce mois-ci [Nissan] est le premier des mois ; c'est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,1-2)

-> La géoula d'Egypte a été marquée non seulement par la libération des juifs de la main de ses oppresseurs, mais aussi par une transformation considérable de leur statut spirituel.
Auparavant, comme nous le disent nos Sages, ils avaient succombé à l'atmosphère polluée d'Egypte et atteint le 49 des 50 niveaux d'impureté, grâce à la sortie d'Egypte, ils se sont élevés à une grande hauteur spirituelle ; comme le proclame le prophète : "Vous avez grandi et vous avez été parés d'ornements" (Yé'hezkel 16,7).

Comme nous le savons, les périodes spéciales et les fêtes juives qui se déroulent tout au long de l'année ne sont pas de simples événements de commémoration ; au contraire, les événements eux-mêmes, d'une certaine manière, se répètent ...
Nos Sages déclarent (guémara Roch Hachana 11a) : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur" = la géoula d'alors, qui a affecté l'ensemble du peuple juif, ressurgit chaque année pour chaque individu.
Au cours du mois de Nissan, alors que l'aura de la géoula refait surface, chacun d'entre nous est en mesure d'émerger de son exil personnel, dans lequel il a pu tomber aux mains du yétser ara.
Nous aussi, tout comme les Bné Israel l'ont fait à travers de la sortie d'Egypte, nous pouvons nous élever de l'indigence spirituelle vers les plus hauts sommets.
[Méor Enayim]

-> [à la différence des non-juifs, nous établissons notre calendrier en fonction de la lune (qui a la différence du soleil évolue cycliquement de rien à complet).]
La Torah nous dit que : même si vous vous trouvez, au sens propre ou figuré, dans une situation de "terre d'Egypte" (Bo 12,1), à un point d'abaissement et d'obscurité flagrants, vous êtes néanmoins capable et même obligé de vous transformer en une nouvelle personne.
Telle est la signification de l'association des juifs avec le système lunaire : Israel compte selon la lune (Israel monin lalévana ).
La lune est le modèle parfait à cet égard ; alors qu'elle est engloutie dans l'obscurité totale, au point de ne plus être visible, elle commence à briller d'un nouvel éclat.
C'est pourquoi cette mitsva [de sanctifier le nouveau mois] n'est destinée qu'à Israël, car seul Israël possède cette qualité de renouvellement ...

Un juif, même au plus bas, possède toujours une étincelle spéciale et éternelle de la Divinité qui est une "portion divine d'en haut" ('helek Eloka mima'al - Iyov 31,2). C'est à partir de cette étincelle qu'il peut se régénérer et se former à nouveau.
Les non-juifs, cependant, n'ont pas cette étincelle de kédoucha (sainteté), de sorte que lorsque le déclin s'installe, il le fait de manière définitive.

Tel est le message de la mitsva de Roch 'Hodech ("Ce mois-ci est le premier des mois"), que la Torah a jugé si important de transmettre qu'elle en a fait la toute première mitsva.
Nous devons être conscients que même au milieu d'une obscurité abjecte, où il ne semble pas y avoir la moindre lueur de lumière, nous avons toujours la capacité de nous renouveler et de devenir comme une entité complètement nouvelle.
[Nétivot Shalom]

[ainsi, le mois de Nissan est un moment propice pour se renouveler. Même si à l'image de nos ancêtres nous sommes tombés au plus bas (49e niveau d'impureté), que notre vie est pleine d'obscurité, nous avons cette capacité de se renouveler et devenir une nouvelle personne sublime (qui tend vers le 49e niveau de pureté, comme nos ancêtres dans le désert).
Nous ne fêtons Nissan (et Pessa'h) pas en une seule commémoration d'un lointain passé, mais parce qu'à un niveau spirituel cela se reproduit identiquement de nos jours. Alors profitons-en! ]

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+ Nissan & inauguration du Michkan :

-> Le Michkan (Tabernacle) a été érigé le premier du mois de Nissan (Pékoudé40,17).
Cela est assez curieux, car la construction du Michkan s'est achevée plusieurs mois avant, au mois de Kislev. Pourquoi une telle attente?

Il est écrit : "Les eaux abondantes ne peuvent éteindre l'amour, ni les rivières l'emporter ; si une personne offrait toute la fortune de sa famille (en échange) pour l'amour, elle serait dénigrée" (Chir haChirim 8,7).
Le midrach (Chemot rabba 49,1) explique :
"Les eaux abondantes" se réfèrent aux non-juifs ; comme il est dit, "(les nations) déferlent comme la mer en crue" (Yéchayahou 17,12), car si tous les non-juifs se rassemblaient pour annuler l'amour entre Hachem et les juifs, ils seraient incapables de le faire. C'est l'intention de : "les eaux abondantes ne peuvent éteindre l'amour" (en référence à l'amour d'Hachem pour Son peuple) ; comme il est dit : "J'ai aimé Yaakov" (Mala'hi 1,2).
... (Le verset de Chir haChirim continue) : "Si une personne offrait la totalité de la fortune de sa famille (en échange) de l'amour, elle serait dénigrée" = mais Mes enfants M'ont façonné un sanctuaire de (simples) rideaux, et Je suis descendu et ai reposé Ma Présence au milieu d'eux.

-> Nous voyons donc que le Michkan servait à refléter l'amour suprême entre Hachem et les juifs.
Nous retrouvons cette même idée dans le fait que nos Sages associent la construction du Temple à des festivités de mariage. C'est également ce qu'exprime un autre verset du Chir haChirim : ""le jour de son mariage et le jour de la joie de son cœur" (Chir haChirim 3,11).
Selon la guémara (Taanit 26b) : "Le jour de son mariage" fait référence au don de la Torah ; "et le jour de la joie de son cœur" : cela fait référence à la construction du Temple.

Il en ressort que le mois de Nissan a été choisi pour l'édification du Michkan parce qu'il s'agit d'une période d'abondance où le grand amour qu'Hachem porte à son peuple se manifeste de manière éclatante.
En effet, c'est au cours de ce mois qu'a lieu la sortie d'Egypte, un événement marqué par l'amour illimité d'Hachem pour les juifs.
Au début du processus de rédemption, qHachem a envoyé par l'intermédiaire de Moché un message révélant son grand amour pour ses enfants, en les désignant par des termes très affectueux : "ainsi parle Hachem : Israël est Mon premier-né!" (béni bé'hori Israël - Chemot 4,22). Ce message est d'autant plus puissant qu'il a été délivré alors que Israël (les juifs) se trouvait encore en Egypte, à une époque où son état spirituel était assez faible.

=> Bien qu'ils soient descendus, comme le racontent nos Sages, au 49e des 50 niveaux d'impureté, Hachem n'hésite pas à proclamer son amour éternel pour eux. Car les juifs sont toujours Ses enfants, peu importe jusqu'où ils peuvent tomber et peu importe ce qu'ils peuvent faire.
Le prophète fait référence à une telle circonstance en déclarant : "l'amour couvre toutes les transgressions" (al kol pécha'im té'hassé aava - Michlé 10,12).
Et cet amour est éternel, il se manifeste surtout pendant le mois [symbolisant] l'amour [d'Hachem envers nous], le mois de Nissan.
Ainsi, le mois de Nissan présente les deux géoulot (rédemptions) : passées et futures. Comme le disent nos Sages (guémara Roch Hachana 11a) : "en Nissan, ils (les juifs) ont été délivrés (d’Egypte), et en Nissan ils le seront également dans le futur".
[Nétivot Shalom]

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-> Le Déguel Ma’hané Efraïm nous rapporte un enseignement au nom de son grand-père, le Baal Chem Tov, sur Roch ‘Hodech Nissan :
"Le Baal Chem Tov dit au célèbre Maguid de Mézéritch, un jour de Roch ‘Hodech Nissan : ‘Maintenant, il nous faut prier, car le premier jour de Nissan est le Roch Hachana des rois. Ce jour-là sont nommés tous les princes et gouverneurs du Monde. Or jusqu’à présent, ce sont de mauvais dirigeants qui ont été nommés ..."

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-> -> Nous prononçons la phrase : "l'année prochaine à Jérusalem" (léchana abaa") deux fois par an : une fois à la fin de Yom Kippour (10 Tichri) et une fois à la fin de la Haggadah (15 Nissan). Pourquoi spécifiquement ces deux moments de l'année?

La guémara (Roch Hachana 11a) dit qu'il y a un discussion sur la question de savoir si la future géoula aura lieu au mois de Tichri ou en Nissan.
Les Tossafot disent à propos de ce désaccord que "ellou véellou divré Elokim 'haïm", [les deux] sont les paroles du D. vivant", c'est-à-dire que les deux sont correctes.
Nous pouvons supposer qu'il doit y avoir une sorte de géoula dans chacun de ces deux mois, et donc, nous disons pendant ces mois "léchana abaa biYérouchalayim", que nous devrions être méritants à la géoula au cours de ces mois.
[Yisma'h Moché]

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-> Selon la halakha (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 429) : "én noflim al p'néhem méroch 'hodech nissan" (on ne doit pas faire la néfilat apanim (vidouï après la Amida), "tomber sur notre face" pendant le mois de Nissan).
Le Imré 'Haïm de Vizhnitz commente que nous devons nous abstenir d'un autre type de "néfilat apayim" et veiller à ne pas marcher avec un "visage tombé", en ayant l'air abattu et triste.
Au lieu d'être stressés par les pressions de la saison de Pessa'h, concentrons-nous sur la joie et les opportunités de ce mois passionnant de guéoula.

Le shiour 'hamets (le rendant interdit) n'est qu'une quantité infime (un machéou).
La règle de nos Sages est toujours que : la mesure du bien divin est toujours plus grande que celle de la punition divine (mida tova mérouba mimidat pour'anout - guémara Yoma 76а).
Si une quantité infime de 'hamets peut créer l'interdit de 'hamets, alors une quantité infime de judaïcité, même une petite étincelle de sainteté, peut également définir toute la personne.
[Imré Emet]

[chaque juif a en lui une partie d'Hachem, qui reste pure, et ce quoiqu'on puisse faire.
Ainsi, chaque juif doit s'aimer soi-même (pas de désespoir), et autrui, car il reste toujours défini comme une sublime personne! ]

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-> Le Zohar haKadoch (3:252:1) souligne que toute la différence entre le 'hamets et la matsa est un petit point d'encre. Les 2 mots symbolisant les extrêmes de notre service d'Hachem, de ce qui ne doit pas être mangé et de ce qui doit être mangé à Pessa'h. Ils s'écrivent de manière très similaire (ה et ח), mais là où le mot חמץ ('hamets) a la lettre ח au début, מצה (matsa) a la lettre ה à la fin.
Quelle est la signification de cette distinction?

Le Sfat Emet explique qu'une est essentiellement comparée à la lettre ד, qui représente דלות (dalout - pauvreté), une création appauvrie sans rien qui lui soit propre.
Une étincelle divine peut élever la personne, cette petite ligne (י) au milieu peut transformer un ד appauvri en la lettre ה, qui confère une orientation et une direction à son avoda (service d'Hachem), une nékouda (point, étincelle) intérieure qui anime une personne.

Mais parfois, au lieu de rester concentré sur cette étincelle et de la garder à l'intérieur, une personne la tire vers elle et l'intègre à son extérieur, sans qu'on puisse la distinguer. [est-ce que j'agis pour mon véritablement moi intérieur, ou pour ce que je crois être moi-même, une moi qui s'est ajouté (par l'environnement, par la facilité, l'égo, ...)]
C'est ce qui se passe lorsque le ה est transformé en ח, cette petite ligne qui s'étend du milieu et qui n'est plus visible par elle-même (elle se fond dans la masse de la lettre 'hét, plutôt que d'être une ligne à part, unique [comme notre intériorité]). Elle devient 'hamets, sans direction ni substance.

[ainsi tout juif doit avoir conscience et apprécier ce petit youd (י - yéhoudi), cette étincelle d'Hachem qui est toujours en lui, et il doit en être très fier et joyeux. Et cela tout en sachant qu'elle vient s'abriter dans le dalét, représentant la "dalout" (pauvreté), donc l'humilité, la conscience que tout cela ne provient que d'Hachem (sans qui je ne peux pas vivre une seconde supplémentaire), et qu'on doit en faire bon usage. ]

"Tu raconteras alors à ton fils ce jour-là en disant : "C'est pour cela que Hachem a agi en ma faveur, quand je sortis d'Égypte" (Bo 13,8)

-> "Et tu raconteras à ton fils" = il y a lieu de remarquer que la Torah emploie deux langages לֵאמֹר (lémor - en disant) , וְהִגַּדְתָּ (véhigadéta - tu raconteras), l'intention du verset, (en s'inspirant de la parole de nos Sages dans le Traité Pessahim 116), est que la Haggada de Pessa'h, débute par des choses honteuses/malheureuses et se termine par des louanges.

C'est à cela que font allusion les 2 verbes employés : "tu raconteras" ce sont des paroles dures (au début nos ancêtres étaient des idolâtres ...) et des choses que le cœur de l'homme a du mal à accepter, et ensuite la Haggada termine par des louanges (et maintenant D. nous a approché de son service) et c'est à cela que le verset fait allusion en disant les mots "en lui disant" (לֵאמֹר - se décompose en deux : lo mar = pas amère) c'est-à-dire raconter à ton fils des choses pleine de louanges, réjouissantes, qui enflamment le cœur et qui vont le renforcer.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

[on apprend de là qu'à Pessa'h certes on commence par une part du récit de l'esclavage en Egypte très dure, mais ensuite notre récit doit vécu avec plein de positivisme, de émouna en la grandeur d'Hachem, ...
A l'image de l'afikoman (dernier aliment du repas du Séder), on doit quitter notre Séder de Pessa'h en ayant reçu une bouffée d'optimisme, de joie et de fierté d'être juif et de servir Hachem. ]

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-> "et tu raconteras à ton fils" : si tu fais le récit de la Haggada de Pessah, même si tu n'as pas d'enfants, alors Hachem te donnera le mérite de la réciter à tes enfants (la lecture de la Haggada est une ségoula pour avoir des enfants).
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Et ce fut au bout de 430 ans, précisément le même jour, que toutes les milices de D. sortirent du pays d'Égypte. C'était la Nuit prédestinée par Hachem, pour leur sortie du pays d'Égypte; c'est cette même nuit instituée par Hachem, comme prédestinée à toutes les générations des Bné Israël" (Bo 12,41-42)

-> Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
C'est une nuit prédestinée [protégée - lél chimourim].
Le verset fait référence à 5 grands miracles extraordinaires qui ont eu lieu la nuit du 15 Nissan à travers l'Histoire du peuple juif :
1°/ à l'époque d'Avraham, lorsqu'il a fait la guerre contre les 4 rois et qu'il les a vaincus.
2°/ la sortie d'Égypte.
3°/ à l'époque du roi 'Hizkiyaou (Méla'him II 19,35). Lorsque l'Ange Gabriel a frappé San'hériv. Il est écrit là-bas "et voici cette nuit". C'était également la nuit du 15 Nissan.
4°/A l'époque de Mordé'haï et Esther.
"Cette nuit le roi a eu une insomnie" (Esther 6,1) = Il s'agit aussi de la nuit du 15 Nissan.
5°/ la délivrance à venir dans les temps futurs qui aussi se déroulera la nuit du 15 Nissan.

En ce qui concerne la victoire d'Avraham sur les 4 rois, la Torah y fait allusion en disant : "Une nuit que D. protège". Par rapport à la sortie d'Égypte, le verset dit "le jour où ils sont sortis d'Egypte", au sujet du miracle du Roi 'Hizkiyaou, le verset dit "cette nuit-là". Au sujet du miracle de l'époque de Mordé'haï et Esther, le verset dit "cette nuit-là est pour D."
Et enfin, pour la délivrance à venir, le verset y fait allusion en mentionnant "une nuit protégée pour les enfants d'Israël" pour toutes leurs générations.
Que D. fasse que se réalise cette promesse très bientôt, de nos jours.

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-> "Sept jours vous mangerez des matsot" (Bo 12,15)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
La raison de cette mitsva est que du fait que la pâte de pain que les Bné Israël avaient préparée [au moment de leur sortie d'Egypte au matin après avoir passés la nuit chez eux] n'avait pas eu le temps de lever (fermenter), D. les a délivrés.
Il y a lieu de se demander pourquoi la Torah ordonne de manger des matsot la nuit de Pessa'h avant même d'être sorti d'Égypte. Effectivement, les Bné Israël n'étaient pas encore sortis d'Egypte donc comment célébrer le souvenir de la sortie d'Egypte avant même d'en être sorti?
De la même manière, l'ordonnance de manger l'agneau de Pessah en signe de remerciement car D. est passé au-dessus des maisons des égyptiens et les a épargnés est étonnant. Hachem n'était pas encore passé sur les maisons.

=> Il faut dire que par le mérite de la mitsva de manger le sacrifice de Pessah, les Bné Israël vont être délivrés. Et de la même manière, par le mérite de la mitsva de manger la matsa, D. délivrera rapidement les Bné Israël, comme cela s'est effectivement passé.

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-> b'h, également sur ce sujet : le Séder de Pessa'h = un accélérateur de la venue du machia'h : https://todahm.com/2022/03/18/pessah-un-accelerateur-du-machiah

Lachon ara & fin du Temple (selon le Ben Ich ‘Haï)

+Lachon ara & fin du Temple (selon le Ben Ich 'Haï) :

-> Pendant les 40 années qui ont précédé la destruction du [second] Temple, les portes du sanctuaire du Temple s'ouvraient d'elles-mêmes [comme pour inviter l'ennemi à entrer (Rachi)].
Finalement, Rabbi Yo'hanan ben Zakaï les réprimanda. Il dit : "Sanctuaire, Sanctuaire, pourquoi faites-vous une chose aussi effrayante? Je sais qu'en fin de compte, vous serez détruits ..."
[guémara Yoma 39b]

-> Les portes du sanctuaire, lorsqu'elles sont fermées, se rejoignent et se touchent comme 2 lèvres.
Les portes s'ouvrent pour laisser entrevoir que le Temple sera détruit à cause du lachon ara.
Parce que le peuple a ouvert ses lèvres pour dire du mal, les portes du sanctuaire se sont ouvertes pour recevoir le feu qui devait le consumer.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada]

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-> Qu'Hachem supprime toutes les lèvres douces [ou : divisées], la langue qui parle beaucoup (médabéret guédolot - מדברת גדלות). (Téhilim 12,4)

-> Le mot מדברת (parle), signifie également "conduit/entraîner" ; et réarrangées, les lettres de גדלות (beaucoup), forment ד גלות, (dalét galout - quatre exils) = pour suggérer que les fautes de la langue ont conduit/entraîné aux 4 exils d'Israël.

Le premier Temple a été détruit et le peuple exilé en raison de sa négligence dans l'étude de la Torah, comme il est écrit : "Pourquoi le pays a-t-il péri? Parce qu'ils ont abandonné ma Torah" (Yirmiyahou 9:11-11).
Le lachon ara a également joué un rôle : "Ils ont courbé leur langue, leur arc de mensonge ... Chaque voisin se répand en calomnies" (Yirmiyahou 9:2-3).

Le deuxième Temple a été détruit et le peuple exilé à cause d'une haine infondée et du lachon ara, comme l'illustre le récit de Kamtsa et Bar Kamtsa (Gittin 56a).
[Ben Ich 'Haï - 'Haïm véhaShalom]

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+ Kamtsa et Bar Kamtsa :

-> A cause de Kamtsa et de Bar Kamtsa, Jérusalem fut détruite.
Un homme, ami de Kamtsa et ennemi de Bar Kamtsa. Cet homme préparait un banquet. Il dit à son serviteur : "Va inviter Kamtsa".
Le serviteur alla inviter Bar Kamtsa.
L'homme trouva Bar Kamtsa assis à côté de son banquet.
Qu'est-ce que c'est? s'écria-t-il. "Tu es mon ennemi! Que veux-tu ici? Lève-toi et va-t'en!"
"Maintenant que je suis venu, dit Bar Kamtsa, laisse-moi rester. Je paierai ce que je mangerai et boirai."
"Non!" dit l'hôte.
"Je paierai la moitié de votre banquet", dit Bar Kamtsa.
"Non!" dit l'hôte.
"Je paierai tout votre banquet", dit Bar Kamtsa,
"Non!" dit l'hôte. Il saisit Bar Kamtsa et l'expulsa de force.

Bar Kamtsa alla dire à l'empereur romain : "Les juifs se sont rebellés contre toi."
"Quelle preuve y a-t-il? demanda l'empereur.
"Envoyez un sacrifice, dit Bar Kamtsa, et voyez s'ils l'offrent.
L'empereur envoya un veau de trois ans avec Bar Kamtsa. En chemin, Bar Kamtsa fit un défaut sur la lèvre du veau.
Les non-juifs n'empêchaient pas les animaux présentant une telle imperfection/défaut d'être sacrifiés, mais les juifs le faisaient.
Les Sages pensaient que le veau devait être sacrifié malgré tout, afin d'assurer la paix avec le gouvernement. Rabbi Zacharie ben Avkulas leur dit : "On dira que les animaux avec un défaut peuvent être offerts sur l'autel".

Ils pensaient que Bar Kamtsa devait être tué pour qu'il puisse ne s'en retournerait pas pour le dire.
Rabbi Zacharie leur dit : "On dira que quiconque souille un animal destiné à être sacrifié doit être mis à mort."
Bar Kamtsa envoya un message à l'empereur .... Celui-ci dépêcha Vespasien, qui vint assiéger Jérusalem pendant 3 ans....
Il y avait un groupe de zélotes [à Jérusalem]. Les Sages leur dirent : "Sortons [vers les Romains] et faisons la paix."
Les Zélotes ne laissèrent pas partir les Sages. Au contraire, ils dirent : "Sortons et combattons-les".
Les Sages dirent : "La parole ne sera pas fructueuse."
[guémara Guittin 56a]

=> b'h, nous allons voir quelques explications du Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) :

-> "À cause de Kamtsa et Bar Kamtsa, Jérusalem a été détruite" :
Cette déclaration n'est pas seulement une introduction à l'épisode qui suit. Elle donne une leçon à elle seule : Jérusalem a été détruite à cause d'une écoute imprudente. L'auditeur n'a pas fait la différence entre les mots "Kamtsa" et "Bar Kamtsa".
Choisissez vos mots avec soin. Comme le dit la mishna : "Sages, faites attention à vos paroles!" (Pirké Avot 1,11).
Écoutez aussi attentivement. Le fait de négliger un petit mot peut avoir des conséquences désastreuses.

-> Qu'a fait Kamtsa?
En tant qu'ami proche de l'hôte, Kamtsa aurait pu le convaincre de laisser Bar Kamtsa rester. En ne le faisant pas, il s'est rendu complice de l'infraction. En effet, si une personne est en mesure de protester contre la commission d'un péché mais ne le fait pas, le péché lui est attribué (guémara Shabbat 54b).
Ceci est particulièrement vrai selon l'opinion que Bar Kamtsa (littéralement : "fils de Kamtsa") était le fils de Kamtsa (selon le Maharcha). Le père, qui était certainement conscient des frictions entre son fils et l'hôte, aurait dû essayer de faire la paix entre eux. Il partage donc la responsabilité de la destruction de Jérusalem.

-> L'empereur a envoyé un veau de 3 ans :
Les événements qui ont conduit à la destruction de Jérusalem sont pleins d'allusions au lachon ara.
Le veau de l'empereur romain était âgé de 3 ans et le siège a duré 3 ans = autant d'indices du lachon ara, qui est assimilé aux 3 péchés capitaux (rabbi Yaakov 'Haïm).
Pendant le siège, l'approvisionnement en nourriture de la ville a été interrompu. Pour avoir péché avec leur bouche, les gens se sont vus refuser de la nourriture à mettre dans leur bouche.

-> "La parole ne sera pas fructueuse".
Pourquoi les Zélotes pensaient-ils pouvoir combattre l'armée romaine, pourtant largement supérieure ?
Ils avaient foi en la parole de notre Patriarche Its'hak : "La voix est la voix de Its'hak, ou les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22) = lorsque la voix d'Its'hak s'élève dans l'étude de la Torah, Essav n'a aucun pouvoir sur lui (midrach Béréchit rabba 65,16).

[A l'époque du Temple,] Jérusalem possédait de grands sages de la Michna et l'étude de la Torah y était très répandue. Les zélotes pensaient que cela leur garantirait le succès dans une guerre contre les descendants d'Essav, les Romains.

Ils se trompaient. La cause spirituelle du siège de Jérusalem était le lachon ara (guémara Guittin 55b).
Cette faute de la langue a paralysé le mérite de la mitsva de la langue (l'étude de la Torah) de sorte qu'elle n'a pas eu le pouvoir de vaincre les mains d'Essav.
Les Sages ont donc dit aux Zélotes : "La parole" (la promesse d'Its'hak) "n'aboutira pas".

Shabbath haGadol

+ Shabbath haGadol :

=> Pourquoi le Shabbat qui précède Pessa'h est-il appelé Shabbat Hagadol, le grand Shabbat?

-> Le Maharal enseigne :
Il semble que ce titre soit basé sur la haftora que nous lisons ce Shabbath, et qui contient le verset concernant la future guéoula : "Voici que je vous envoie Eliyah haNavi, avant l'avènement du jour grand et redoutable d'Hachem (yom hagadol véanora)" (Mala'hi 3,23)
Le nom "Shabbath haGadol" reflète cette prophétie.

Il ne fait aucun doute que la sortie d'Egypte était un événement qui, en soi, pouvait être qualifié de gadol, dans la mesure où il mettait en scène les actes grands et puissants d'Hachem.
Comme le mentionne la Haggadah : "Et Hachem nous a fait sortir d'Égypte ... avec une grande
avec une grande crainte" (Ki Tavo 26,8) -> oubémora gadol (avec une grande crainte) = cela fait référence à la révélation de la Ché'hina.
Mais Israël attend pour l'avenir un jour de guéoula qui sera également marqué par une véritable grandeur, une guéoula calquée sur les événements de la sortie d'Egypte. Comme le déclare le prophète : "Comme à l'époque de votre départ du pays d'Égypte, je ferai des merveilles" (Mi'ha 7,15).
[ainsi de même qu'il y a eu une "oubémora gadol", alors à plus forte raison nous l'aurons lors de la guéoula (révélation de la Présence d'Hachem), d'où le nom de Shabbath gadol. ]

C'est pourquoi la nuit de Pessa'h est désignée par la Torah comme "lél chimourim" : "une nuit de protection pour tous les enfants d'Israël, pour leurs générations" (Bo 12,42).
C'est cette nuit qu'Hachem garde pour lui, pour les faire sortir du pays d'Égypte ... cette nuit est gardée et préservée pour nous pour l'avenir, servant de modèle à la géoula finale.
[à la fin des temps, c'est en ce jour que débutera la rédemption finale avec Eliyahou haNavi et le machia'h. - selon le Ohr ha'Haïm (Bo 12,42) ; et le midrach Chémot rabba 18,12]

En fait, tout en reflétant la sortie d'Egypte, les actes grands et puissants (gadol vénora) de la guéoula finale dépasseront de loin ceux de la sortie d'Egypte.
Comme il est dit : "En vérité, des jours viendront, dit Hachem, où l'on ne dira plus: "Vive Hachem qui a fait monter les Bné Israël du pays d'Egypte!"; mais "Vive Hachem qui a fait monter les BnéIsraël du pays du Nord et de toutes les contrées où il les avait exilés! "Car je les aurai ramenés sur leur territoire, que j'avais donné à leurs ancêtres." (Yirmiyahou 16,14-15).
[ainsi les miracles à venir seront tellement grands que ceux d'Egypte ne seront pales en comparaison, et ainsi l'appelation "Shabbath gadol" nous renforcent dans cette idée : tous les miracles incroyables que nous allons raconter en détails lors du Séder de Pessa'h, et bien tout cela sera comme rien par rapport à ce qui arrivera très bien tôt lors de la guéoula finale! On doit pas se dire qu'à l'inverse de nos ancêtres en Egypte nous en valons rien, au contraire nous aurons aussi des miracles encore plus incroyables car Hachem nous aime et souhaite retrouver une grande proximité avec Lui! (Shabbath gadol = Hachem est gadol et Son amour pour nous est gadol! ).]

Cette notion est liée spécifiquement au Shabbath pour une bonne raison.
Tous les événements importants qui se déroulent au cours de la semaine ont en réalité commencé à "germer" dès le Shabbat précédent.
Ainsi, chaque année, le Shabbath haGadol est en fait une période de grande anticipation de la fête de Pessa'h, qui marquera le début de la guéoula. Nous sommes remplis d'espoir pendant ce Shabbath, car les portes du Ciel s'ouvrent, permettant à la géoula de passer du potentiel à la réalité au cours de la semaine à venir.

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-> "Toutes les bénédictions concernant les mondes supérieur et inférieur dépendent du 7e jour" (Zohar - paracha Yitro).
Nous voyons de là que Shabbath est le canal par lequel toutes les bénédictions et les bontés divines sont transmises : tout bienfait accordé à quelqu'un pendant la semaine est en fait enraciné dans Shabbath. Cette bienveillance, qu'elle concerne un individu ou le monde dans son ensemble, a commencé à jaillir, d'une certaine manière, dès le Shabbath précédent. Ainsi, les grandes merveilles associées à la sortie d'Egypte, quel que soit le jour de la semaine où elles se sont produites, ont commencé à émerger le Shabbath précédent.
La Torah qualifie ces miracles de "gadol, comme il est écrit : "Israël a vu la grande main (ayad aguédola) que Hachem a exercée sur les égyptiens" (Béchala'h 14,31).
Par conséquent, c'est ce Shabbath qui a été considéré comme le Shabbath haGadol.
[Béer Mayim 'Haïm]

[de même que toutes les grandes choses que nous raconterons lors du Séder de Pessa'h proviennent du Shabbath qui le précède, de même dans notre vie on peut mériter tellement de grandes choses si l'on respecte le Shabbath (la source des bénédictions - mékor habérakha) comme il faut.
Ce Shabbath est gadol, car il doit concrètement nous renforcer dans notre conscience de la grandeur de chaque Shabbath.
Ainsi, Shabbath haGadol est un grand jour de fête où l'on prend le temps d'apprécier ce cadeau qu'Hachem nous donne : le Shabbath (le fait qu'il ait lieu toutes les semaines n'en réduit pas sa valeur [par routine], mais témoigne de l'amour de D. à notre égard [qui augmente les occasions d'avoir des bénédictions]).]

-> La vérité est que, par essence, chaque Shabbath peut être qualifié de "grand".
C'est ce que nous disons dans le texte du birkat hamazon de chaque shabbat : "rétsé véa'halitsénou Hachem ... yom achévi'i aShabbath haGadol azé, ki yom zé Gadol vékadoch ou léfané'ha" (épargne-nous, Hachem notre D., par Tes commandements et le commandement du 7e jour, ce grand et saint Shabbath, car ce jour est grand et saint devant Toi) ...
Bien que chaque Shabbath soit marqué par la noblesse, le Shabbath haGadol est à part. Cela s'explique par sa proximité avec la nuit de Pessa'h, la nuit la plus sacrée de l'année, qui comporte la révélation de la Présence divine elle-même.
[Beit Avraham]

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-> Shabbath hGadol, le "grand" Shabbath, peut être compris de la même manière suivante :
la lumière spirituelle qui émane de ce moment est si grande et si vaste qu'elle s'étend même aux humbles et aux pécheurs. De cette manière, tous les juifs, quel que soit leur statut, peuvent être raffinés, élevés et pleinement préparés à entrer dans la sublimité de la sainte fête de Pessah.
[Beit Avraham]

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-> Yom Kippour est le point culminant de la période connue sous le nom de Yamim Noraïm. En tant que tel, c'est un jour imprégné d'une très grande quantité de crainte (yir'a).
Pessa'h est une fête marquée par l'amour (aava), comme l'indique le verset de Chir haChirim (qui est lu à Pessa'h) : "Son drapeau sur moi démontre l'amour" (védiglo alaï aava - v.2,4).
Alors que les lumières des Yamim Tovim (fêtes) commencent à briller depuis le Shabbat précédent, il apparaît que le Shabbat Shouva est un jour uniquement marqué par la crainte, tandis que le Shabbat haGadol est un jour d'amour.

La yir'a et la aava sont toutes deux des qualités essentielles pour servir Hachem, et le service divin (avoda) d'une personne ne peut être considérée comme complète si l'une n'est pas complétée par l'autre.
Néanmoins, lorsque l'on compare ces deux qualités, c'est la midda de la aava (amour) qui se voit accorder une certaine primauté, étant considéré comme la plus élevée et le plus "grande" des deux.

C'est pourquoi le Shabbath qui précède Pessa'h mérite ce titre vénérable. Comme il précède le Yom Tov de : aava, et contient donc l'émanation de Pessa'h lui-même, il reflète la midda de aava. Et cette midda est la plus grande, la "gadol" des qualités essentielles de dans notre service (avoda) d'Hachem.
[Nétivot Shalom]

[une forme d'amour d'Hachem est de prendre conscience de Son infinie grandeur, et par cela apprécier la chance de pouvoir être Son enfant adoré, et de pouvoir suivre Sa volonté.
Ainsi, la crainte permet de poser des limites (c'est le Roi!), tandis que l'amour permet de donner une profondeur/grandeur et des sentiments à notre relation avec Hachem (c'est notre Père!). ]

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-> b'h, également sur : Shabbath haGadol : https://todahm.com/2014/04/01/shabbath-hagadol

"Lorsqu'il y a un éveil au repentir dans le monde, il y a de la miséricorde dans le monde.
[Noam Elimé'h - paracha Tazria]

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[ainsi, lorsque l'on se réveille personnellement à la téchouva, et/ou autrui (ex: en se comportement avec exemplarité, en faisant aimer Hachem, en priant pour que les juifs reviennent le plus vers D.), on amène de la miséricorde Divine dans le monde.]

"La sainteté de la lumière enfouie dans la Méguila est plus élevée que celle de la Torah elle-même"
['Hatam Sofer - drouch 37 - Adar chéni]

-> Le Mékoubal rabbi 'Haïm haCohen (dans son טור ברקת), qui est un élève de rabbi 'Haim Vital, lui-même fidèle du Arizal, enseigne:
"la lumière de la Méguila est plus élevée que la lumière de la Torah. En effet, la lumière de la Torah correspond uniquement à une émanation de la sagesse des mondes supérieurs tandis que la Méguila dévoile une lumière qui provient directement de la source de la sagesse des mondes supérieurs."

-> Le Shvilé Pin'has explique :
Pour saisir cette notion fondamentale, commençons par rapporter les paroles du midrach (Béréchit rabba 17,5) : "Le sommeil est une émanation de la mort, le rêve celle de la prophétie, le Shabbat celle du monde futur. Rabbi Avine en ajoute 2 autres : la lumière du soleil est une émanation de la lumière des mondes célestes et la Torah est une émanation de la sagesse des mondes supérieurs."

Ce midrach nous dévoile un enseignement essentiel : la sainte Torah, qui nous a été donnée au mont Sinaï, n'est "qu'une émanation de la sagesse des mondes supérieurs". Ainsi, tout comme le sommeil est une infime partie de la mort et le rêve une infime partie de la prophétie, la Torah, qui nous a été donnée dans ce monde ici-bas, n'est qu'une infime partie de la sagesse des mondes supérieurs.
Il faut comprendre que notre condition d'être humain ne nous permet pas d'atteindre l'essence même de la sagesse des mondes supérieurs, qui est la source de la Torah. Nous ne pouvons saisir qu'un aspect de son dévoilement à travers un habillage de lettres que sont les enseignements de l'Ecriture.

Et c'est le sens de l'Ecriture au sujet du don de la Torah : "Hachem descendit sur le mont Sinaï" (Yitro 19,20) = Hachem rétracta Sa sagesse infinie pour nous donner la Torah dans ce monde ici-bas.
Cependant, le jour de Pourim, par le biais de la lecture de la Méguila, se dévoile au monde la source même de la Torah. Et c'est pourquoi les Sages ont enseigné : "Nous devons interrompre notre étude de la Torah pour écouter la Méguila" (guémara Méguila 3a) (a ha).

Le Arizal (chaar hakavanot Pourim) explique que durant le jour de Pourim, se dévoile une lumière unique qui est la lumière de la sagesse des mondes supérieurs appelée 'Hokhma et qui se dévoile pleinement sans aucune rétractation, sans aucun habillage.
C'est le secret du verset : "Mordé'haï sortit de chez le roi" (Esther 8,15). En effet, l'âme (néchama) de Mord'haï trouve son origine dans la sagesse des mondes supérieurs et lorsque nous lisons la Méguila chaque année, nous invitons cette lumière unique à se dévoiler comme à l'époque de Pourim.
C'est en ce sens que cette lumière est plus élevée que celle contenue dans la Torah.
[...]

Selon le Arizal : "A l'avenir, toutes les fêtes disparaîtront sauf la fête de Pourim".
[selon le midrach (Yalkout Chimoni Michlé 9), dans le futur, toutes les fêtes du calendrier juif seront annulées alors que les jours de Pourim seront maintenus à jamais.
Le Chla haKadoch (Tétsavé) explique que dans l'avenir, les dévoilements seront d'une telle ampleur que les lumières qui émanent des fêtes seront annulées.
Cela ressemble à un aliment qui a été plongé dans une marmite contenant 60 fois plus de quantité de cet aliment. Son goût n'est pas détectable tellement sa quantité est insignifiante par rapport à la quantité contenue dans la marmite.
Cependant, la lumière qui s'est dévoilée le jour de Pourim ne sera pas annulée dans l'avenir.]
Pourquoi toutes les fêtes sont-elles amenées à disparaître sauf la fête de Pourim?

Il faut bien comprendre que la Torah qui nous a été dévoilée sur le mont Sinaï ne comportait que 49 portes de compréhension. A l'avenir, lorsque Hachem dévoilera la 50e porte de compréhension, ce sera pour nous comme une Torah nouvelle qui nous offrira un niveau de compréhension encore jamais atteint dans le monde et c'est le secret du verset : "Ecoutez-Moi vous qui êtes Mon peuple, prêtez-Moi l'oreille, vous qui formez Ma nation! Car la Torah émane de Moi" (Yéchayahou 51,4). Quel est le sens de ce verset?
Hachem dit : "C'est de Moi que sortira une Torah nouvelle, le renouvellement de la Torah sortira de Moi" (midrach Vayikra rabba 13,3).
Ainsi, durant le miracle de Pourim, Mordé'haï eut un mérite tel qu'il permit le dévoilement de la 50e porte de compréhension qui fait référence à la future délivrance.

[le Bné Yissa'har (Adar 4,8) précise que l'intention du Arizal n'est pas de nous dire que toutes les fêtes seront concrètement annulées, mais qu'à l'avenir, le dévoilement de la lumière sera tel que l'émanation de la lumière des jours de fête que nous connaissons aujourd'hui sera naturellement effacée face à cette puissance inégalée. ]

On a vu les paroles du 'Hatam Sofer : "La sainteté de la lumière qui est enfouie dans la Méguila est plus élevée que celle contenue dans notre Torah elle-même".
L'explication en est la suivante : parce que Moché n'a atteint que la 49e porte de compréhension, il n'a pu nous transmettre qu'une Torah contenant une lumière du niveau de la 49e porte de compréhension comme il est écrit dans la Michna (Sofrim 15,6) : "Rabbi Inaï a enseigné : la Torah que Hachem a donnée à Moché comprenait 49 facettes d'impureté et 49 facettes de pureté".

Cependant la Méguila d'Esther fut écrite par l'intermédiaire de Morde'hai comme il est dit : "Morde'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20). Il est évident que Morde'haï qui a atteint la 50e porte de compréhension, introduisit au sein de la Méguila, la lumière exceptionnelle qu'il reçut en son temps.
[une lumière extraordinaire jaillit exclusivement durant la fête de Pourim, et nous y expérimentons le dévoilement de la 50e porte de sainteté, et c'est le sens des paroles du Arizal (chaar Pourim) : "Cette lumière ne se trouve pas le jour du Shabbath, ni durant les jours de fête mais seulement et uniquement le jour de Pourim". ]
Cette lumière exceptionnelle contenue dans la Méguila est plus élevée que celle contenue dans la Torah qui se trouve entre les mains des hommes, avant la Délivrance.

Le mot Méguila (מגילה) qui signifie "rouleau", a pour racine le mot גילוי (guilouy) qui signifie "dévoilement", tandis que le mot Esther (אסתר) signifie caché.
Ce précieux parchemin nous dévoile une émanation de lumière provenant de la 50e porte de compréhension qui est encore dissimulée et qui sera dévoilée à l'humanité lors de la Délivrance finale.

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[ainsi : durant la fête de Pourim, Morde'haï eut l'opportunité d'atteindre la 50e porte de compréhension. Lorsqu'il écrivit la Méguila, il y introduisit le sod de la 50e porte de sainteté qui est au-delà même de la Torah que nous possédons aujourd'hui, limitée à la 49e porte de compréhension. ]

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-> b'h, ce thème a déjà pu être traité par le passé : https://todahm.com/2022/03/18/35423