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Tou biChevat = un renouveau spirituel

+ Tou biChevat = un renouveau spirituel :

-> "Il y a 4 jours de 'Roch Hachana ... Le premier Chevat est le nouvel an des arbres selon Beit Chamaï ... Beth Hillel disent : c'est le 15 du mois" [guémara Roch Hachana 2a]

-> "Les Bné Israël sont comparés à un arbre... [plus particulièrement] ceux qui peinent dans [l'étude de] la Torah"
[Zohar - Raya Méhémna - Michpatim 121a]

-> Le 'Hidouché haRim (Likouté HaRim sur Tou biChevat) dit que tous les 'hidouchim qui seront découverts pendant toute l'année descendent du ciel à Tou biChevat.
Une déclaration semblable figure dans Chéélot Outechouvot Erets Tsvi (vol.2 p.345) : "Le nouvel an des arbres concerne principalement les 'hidouché Torah."

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=> Cela est surprenant. Logiquement, l'époque de renouveau des étudiants de la Torah ne devrait-elle pas être la fête de Shavouot, jour où D. juge le monde en ce qui concerne l'étude de la Torah?

-> Comme l'enseigne le Chlah (Massékhèt Chevouot, pérèk nèr mitsva 19) :
"De même qu'à Roch Hachana, Hachem désire examiner et juger les actes de l'homme ... le jour du don de la Torah, qui témoigne de la création du monde, Il désire examiner et juger le monde pour ses actes ... Le monde est jugé ce jour-là en ce qui concerne la Torah et les mitsvot qui furent données en ce jour".

-> Le rav Chakh a dit :
"De même qu'à Roch Hachana, toutes les créatures passent devant D. pour être jugées, à Shavouot, le jour du don de la Torah, un bilan est dressé pour les efforts que nous avons fourni pour la Torah.
C'est en fonction de ces efforts que la cour céleste nous accorde la réussite en Torah pour l'année en cours."

-> De même, selon le rav Yéhouda Zev Segal :
"Shavouot est exactement comme Yom Kippour. C'est le jour de jugement de l'étude de la Torah.
Une personne doit corriger ses défauts de caractère afin que la Torah puisse résider en lui."

-> "Pendant la fête de Shavouot, nous sommes jugés sur les fruits de l’arbre" [guémara Roch Hachana 16a]

Le Chlah haKadoch de commenter :
"Ces fruits-là sont en fait les âmes qui s’envolent de l’arbre de D.
Le monde est jugé en ce jour sur la Torah qui lui a été donné ce même jour et qu’il s’est abstenu d’étudier. [qu’avons-nous fait des capacités et des opportunités de Torah que nous avons pu avoir l’année écoulée?]
[…]
Le jugement auquel D. procède lors de la fête de Shavouot ne concerne pas seulement la Torah elle-même, c’est-à-dire de décider quelle perception de la Torah aura chacun de nous, mais aussi quels seront les moyens qui nous permettrons de l’étudier.
[…]
Cette nuit [de Shavouot] est une occasion pour mériter une bonne vie sans aucun dommage tout au long de l’année qui suit.
Et même si à Roch Hachana, on n’aura pas mérité un jugement particulièrement favorable, mais comme moyen pour étudier la Torah, on pourra alors bénéficier de la vie et de toutes bonnes choses."

-> Nos Sages nous enseignent également que Shavouot est le moment où les hidouché Torah arrivent dans le monde.
Le midrach (voir Vayikra Rabba 22,1) dit que toute idée ou interprétation nouvelle que "chaque érudit est destiné à présenter à son Rav jusqu'à la fin de toutes les générations" fut donnée au peuple juif en même temps que la Torah. Shavouot marque aussi la naissance du peuple juif en tant que nation ; c'est à Shavouot que D. dit : "Ce jour, vous êtes devenus un peuple" (Ki Tavo 27,9) ["notre peuple n'est un peuple que par sa Torah" - rav Saadia Gaon] et "Vous serez pour Moi un trésor parmi toutes les nations ... et vous serez. pour Moi un royaume de prêtres et un peuple saint" (Yitro 19,5-6)?

=> Comment concilier cette notion de renouveau de la Torah avec Tou biChevat et Shavouot?

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-> Tout d'abord, il faut rappeler un principe fondamental enseigné par le Ram'hal (Déré'h Hachem IV,7) : dans le calendrier juif, les diverses époques de l'année sont liées à certaines influences spirituelles qui reviennent chaque année à la même époque. De même, un événement qui se produit à une certaine période de l'année peut créer un impact spirituel qui sera "réactualisé" chaque année.
Dans les mots du Ram'hal : "Chaque fois qu'une rectification a eu lieu dans l'histoire ou qu'une grande lumière a brillé, une lumière semblable brillera à nouveau à chaque anniversaire de cet évènement, et les résultats de cette rectification se renouvelleront à l'intérieur de nous ; ... [par exemple] tel est [le lien entre] la fête de Shavouot et le don de la Torah".

-> Le rav David Hofstedter (Darach David) fait le développement suivant :
Chaque année, à Shavouot, nous revivons l'expérience du don de la Torah où nous avons cueilli les fruits de notre développement spirituel, la germination initiale de ces "graines" se produit de nouveau chaque année à Tou biChevat.
C'est ainsi que Tou biChevat représente, à chaque fois, un nouveau début pour le peuple juif, qui est comparé à un arbre, et jette les fondations du renouveau du peuple juif en tant que nation et de détenteur de la Torah.
Comme le dit le Kedouchat Halévi (Likoutim) : "Tou biChevat est la préparation au don de la Torah".

Dans son commentaire (sur Roch Hachana 14a), Rachi explique que le mois de Chevat est une époque où "la plus grande partie de l'hiver est passée, la sève est montée dans les arbres et les fruits commencent à mûrir".
A Tou biChevat, les fruits de l'arbre commencent tout juste à mûrir mais sont encore durs et amers.
[selon la majorité de nos Sages, le bourgeonnement ('hanata) liée à Tou Bichevat fait référence aux premières étapes de développement d'un fruit. ]
Au cours des mois suivants, ils mûrissent lentement jusqu'à Shavouot où ils dégagent parfum doux et agréable. Ainsi, à Shavouot, époque de la récolte, un processus de développement commencé le 15 Chevat atteint son apogée.

Cela peut éventuellement aussi expliquer cet enseignement du Zohar : "Tou biChevat est une époque de renouveau pour ceux qui étudient la Torah", une époque "d'amertume", condition préalable nécessaire pour atteindre la sagesse de la Torah.
En fait, Tou biChevat est la période où les 'hidouché Torah commencent à "mûrir" et Shavouot marque le moment où ils sont prêts à être "cueillis".
Chaque personne peut vivre sa propre réception de la Torah.
Le Sfat Emet (Shavouot - 5635) dit : "Chaque année, le juif reçoit, lors de cette fête, tout ce qu'il est destiné à comprendre et chaque 'hidouch de Torah qu'il est destiné à découvrir".
Ainsi, notre avoda à Tou biChevat est d'accepter avec amour l'amertume qui précède nécessairement notre acquisition de la connaissance de la Torah. [par exemple, en signe de cet amour, le 15 Chevat, il est interdit de jeûner, nous ne faisons pas ta'hanoun.]
[certes l'étude de la Torah est amère et difficile au début, mais si l'homme persévère, D. éclairera sa voie et il goûtera la douceur de la Torah.]
Shavouot est le moment où nous nous réjouissons de l'aboutissement de ce processus et récoltons des "fruits" mûrs ayant commencé à pousser à Tou biChevat.
[d'ailleurs, tous les Tanaim s'accordent à dire qu'il faut se réjouir physiquement à Shavouot (guémara Pessa'him 68b). Rachi explique : "Il faut se réjouir par de la nourriture et de la boisson, afin de montrer que le jour où la Torah fut donnée est agréable pour les Bné Israël". ]

On trouve une indication à cette idée dans la traduction du Targoum Yonathan : "D. lui montra un arbre" = "ilan marir" (un arbre amer).
Comme nous l'avons expliqué, cela fait allusion à l'amertume qui accompagne le début de l'étude de la Torah, une amertume liée à Tou biChevat, le nouvel an des arbres. Là, les fruits de l'arbre sont encore verts et amers, le processus de mûrissement venant seulement de commencer.
Le lien entre Tou biChevat et Shavouot est évident du fait que Shavouot est une époque de jugement pour les fruits de l'arbre (guémara Roch Hachana 16a) ; à Shavouot, Hachem attribue à chacun sa part des fruits qui se sont développés pendant les mois précédents, et détermine de quelle façon chaque personne recevra cette part.

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-> Le Zohar dit : "Les Bné Israël sont comparés à un arbre ... et sont appelés un grand arbre solide, [renfermant] de la nourriture pour tous'. ... Même les anges ne sont nourris que par le mérite des Bné Israël, car si les Bné Israël ne s'investissaient pas dans l'étude de la Torah, [les anges] ne recevraient pas de nourriture ... De même, la Torah est comparée à l'eau ... et l'eau [la pluie] ne descendrait pas d'en haut ... pour faire murir les fruits si ce n'est pour les Bné Israël."
[le sens de ce passage est que : le peuple juif est comparé à un arbre, et les arbres produisent leurs fruits par le mérite des Bné Israël. De même qu'un arbre produit des fruits pour nourrir le monde, les juifs qui étudient la Torah nourrissent le monde. Et de même qu'un arbre produit des fruits lorsque la terre dans laquelle il est planté est arrosée, ceux qui étudient la Torah puisent leur force de la Torah, qui est comparée à l'eau (guémara Bava Kama 17a)]

Sur cette base, nous pouvons comprendre que, de même que le 15 Chevat est une période de développement et de renouveau pour les arbres, c'est un moment de développement et de renouveau pour le peuple juif, parce qu'il fait mûrir les fruits de l'arbre ; comme le Zohar l'indique, c'est par le mérite du peuple juif que la pluie tombe.
Les Bné Israël étant eux-mêmes comparés aux arbres, ToubBiChevat est un moment de renouveau particulier pour ceux qui étudient la Torah car ils sont considérés comme ressemblant le plus aux arbres. Leur Torah fait venir la bénédiction divine sur le monde.

L’arbre – un symbole de la spiritualité

+ L'arbre - un symbole de la spiritualité :

-> Abarbanel (Yé'hezkel 41,22) dit que le mot hébreu désignant l'arbre (ets) provient du terme étsa, qui veut dire conseil.

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-> Le Zohar (Béchala'h, 60a) enseigne : " 'Hachem lui montra un arbre' (Béchala'h 15,25) = il n'est d'arbre que la Torah, comme le dit le verset (Michlé 3,18) : 'C'est un arbre de vie pour ceux qui s'y attachent... Rabbi Abba dit : Il n'est d'arbre que Hachem comme il est dit (Choftim 20,19) : 'Car adam [l'homme] est un arbre du champ'. "'

-> Ce qui caractérise l'arbre, semble-t-il, c'est qu'il possède un "néfech", une force de vie, qui lui donne la capacité de croître.
Sur le verset : "Que la terre fasse pousser de l'herbe" (Béréchit 1,11), le Ramban commente : "[D.] décréta que la terre aurait le pouvoir de faire pousser les choses ... qu'une force qui cause la pousse de la plante émane de la terre. C'est de cette force que tous les divers éléments sont venus à l'existence, et les végétaux et les arbres se développèrent à partir d'eux au Gan Eden, et de ces [mêmes éléments ils poussèrent] dans le [reste du] monde. Tel est le sens du midrach (Béréchit rabba 10,6) : ... 'Il n'est pas de brin d'herbe en bas qui ne possède au ciel un mazal [c'est-à-dire un mala'h, un ange] qui le frappe et lui dise de pousser'."

De plus, l'arbre est la représentation symbolique du processus de transformation d'une force inanimée, physique, en une force vivante liée à la spiritualité. Un arbre pousse lorsque la terre et l'eau, des entités physiques, se mêlent et deviennent les forces qui causent la pousse de l'arbre.
La terre est la partie la plus basse, la plus physique, de la création, visée par la malédiction proférée contre le serpent originel : "Tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie" (Béréchit 3,14). La terre joue pourtant aussi un rôle dans la production des arbres, et les arbres peuvent porter des fruits, qui sont parfois utilisés comme offrandes sur l'autel (c'est-à-dire l'huile et le vin) ou offerts à D. en tant que bikourim.
Bien que ces caractéristiques soient partagées par toutes les formes de la vie végétale, l'arbre est le plus important du règne végétal ; c'est pourquoi il fut choisi comme symbole pour désigner l'homme.
[Darach David]

[selon le Rabbi de Loubavitch, le végétal et le minéral contiennent beaucoup plus d'étincelles de vie, de spiritualité, que l'animal. Ainsi, en fêtant Tou biChevat nous nous rappelons, qu'en les consommant avec bénédictions, on peut faire sortir d'eux de la vie spirituelle. (ainsi, l'homme est comparé à un arbre, car de même par ses actions dans la matérialité, ils peuvent extraire de la vie/spiritualité. [c'est un sens de : un arbre de vie/vivant]) ]

-> Cette transformation d'une force physique inanimée en une puissance spirituelle n'est pas un aspect accidentel du fonctionnement du monde mais une composante essentielle de l'ordre du monde, comme l'enseigne le Ram'hal (Messilat Yecharim -chap. 1) :
"Le monde fut créé pour que l'homme l'utilise ... et s'il ... utilise le monde seulement pour l'aider dans son service de son Créateur, il s'élèvera et le monde lui-même s'élèvera avec lui ... A propos de ce principe fondamental, nos Sages nous mettent en garde (midrach Kohélet rabba 7,13) : Lorsque Hachem créa Adam, Il le prit, lui montra tous les arbres du Gan Eden et lui dit : Vois comme Mon œuvre est belle et louable ... Prends garde à ne pas abimer ou détruire Mon monde."

[Hachem montra à Adam tous les arbres du gan Eden, l'arbre étant utilisé comme un symbole du potentiel d'élévation spirituelle de l'homme dans le monde physique. ]

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-> Le Chem miChemouel (sur Tou biChevat) explique pourquoi Tou biChevat est considéré comme une occasion joyeuse (ex: on n'y récite pas de ta'hanoun) et qui marque le "Roch Hachana" de la Torah en particulier et du service spirituel de l'homme en général.
L'arbre relie la terre (le monde physique) à son fruit (la force spirituelle qui nourrit l'homme et les autres créatures vivantes).
"L'homme est un arbre du champ" (Choftim 20,19) peut être interprété ainsi : la nature de l'homme, comme celle de l'arbre, consiste à être le lien entre le spirituel (sa néchama), et le physique (son corps).

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[à l'image d'une graine, d'une plante qui semble de décomposer/mourir, pour à partir de Tou biChevat mieux se développer et devenir une sublime plante, de même un juif semble mourir à la fin de sa vie dans ce monde, mais on doit être persuadé qu'il y a une résurrection des morts.
Nous devons avoir cela en tête pour que nos actions soient plus spirituelles, et également pour avoir un meilleur moral (pourquoi ce prendre la tête/souffrie, car on est que de passage dans ce monde, l'essentiel étant l'éternité de notre monde à venir où nous récolterons ce que nous aurons semé dans ce monde). ]

Se souvenir de la sortie d’Egypte

+++ Se souvenir de la sortie d’Egypte = comment se rappeler et intégrer la foi dans la providence individuelle :

"Souviens-toi de ce jour où tu es sorti d'Egypte" (Bo 13,3)

-> Le Téchouat 'Hen (paracha Vaéra) enseigne :
"L'exil de l'Egypte était le fait qu'ils croyaient au hasard. Car Pharaon, souverain absolu, niait que le monde fût dirigé par une providence individuelle, suivant le droit et la justice, mais prétendait qu'il était conduit par les lois de la nature.
Or, les Bné Israël étant soumis à sa souveraineté, furent abreuvés par cette vision des choses. Et, à dire vrai, nous ne nous sommes toujours pas entièrement purifiés de cette souillure, et ce yétser ara danse encore parmi nous, et instille dans notre cœur des pensées qui nous incitent à croire au hasard.
C'est afin de sortir de cette confusion que nous sommes tenus de mentionner quotidiennement la sortie d'Egypte et d'enraciner en nous la émouna absolue que tout provient d’Hachem.
Un homme ne peut recevoir ne serait-ce que le moindre coup sur son doigt dans ce monde sans que ce ne soit décrété auparavant dans le Ciel.
C’est Hachem qui dirige les pas de l'homme selon une intention Divine qui nous échappe".

-> Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk (Pri haArets - paracha Bo) explique pourquoi Hachem appesantit le cœur de Pharaon et de ses serviteurs pour ensuite les punir :
"Tout avait pour but que les Bné Israël parlent des prodiges d'Hachem et qu'ils sachent qu'Il est le vrai D., qu'il n'y en a pas d'autre que Lui, et que le monde est dirigé par une providence individuelle et minutieusement calculée.
Et en vérité, le cœur des réchaïm est loin de concevoir une telle providence, à savoir que l’homme ne peut recevoir le moindre petit coup, un brin d'herbe ne peut sécher ou être déraciné, une pierre ne peut être projetée, si ce n'est en temps et en lieu voulus par Lui.
Tous les mouvements, grands ou petits, depuis le "timtsoum" originel jusqu'à ceux des créatures les plus basses de ce monde, sont le fait d'Hachem, selon Sa Sagesse infinie, pour la gloire de Son Nom, et ont pour but que se dévoilent Sa Divinité, Sa Sagesse et Sa manière de diriger le monde."

[le ''timtsoum'' est un concept kabbalistique selon lequel, lors de la création, D. ''contracta'' sa présence pour permettre au monde d'exister.]

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-> "Et à partir des grands et célèbres miracles (comme ceux de la sortie d'Egypte et de la mer Rouge, au cours desquels Hachem bouleversa les lois naturelles des cieux et de la terre), l'homme reconnaît les miracles cachés qui constituent le fondement de toute la Torah. Car l'homme n'a pas de part dans la Torah de Moché Rabbénou tant qu'il ne croit pas que tout ce qui nous concerne et tout ce qui nous arrive sont des miracles et non le fruit de la nature ni l’ordre naturel du monde."
[Rambam - fin paracha Bo]

"Il me semble que les 4 mitsvot de Pourim ont une correspondance avec les 4 lettres du Nom divin (יהוה), car la guerre contre Amalek se perpétue de génération en génération et la victoire dépend de l'accomplissement de ces 4 commandements (la lecture de la Méguila, Matanot laEvyonim, michloa'h manot et le festin) ...
C'est par l'intermédiaire de ces mitsvot [à Pourim] que la délivrance se rapproche à chaque génération."
[rabbi Tsadok haCohen de Lublin - Ma'hchavot 'Harouts - ימן ו]

Qui a écrit la Méguilat Esther?

+ Qui a écrit la Méguilat Esther?

-> La Méguila d'Esther fut écrite par roua'h hakodech (esprit prophétique - guémara Méguila 7a).

-> "Mordé'haï mit par écrit ces événements et expédia des courriers à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch" (Esther 9,20).
Rachi explique que c'est Mordé'haï qui écrivit la Méguila telle que nous la lisons aujourd'hui.

Cependant, il est écrit dans la guémara (Baba Batra 15a) : "Les Sages de la grande assemblée ont écrit les livres sacrés de Yé'hezkiel, des 12 prophètes, de Daniel et la Méguila d'Esther".
Rachi précise que les Sages de la grande assemblée sont 'Hagi, Zakaria, Malakhi, Zéroubabel, Mordé'haï et ses compagnons.

=> Pourquoi est-il rapporté que c'est uniquement Mordé'haï qui a écrit la Méguila?

-> L'Admour de Kamarna (Pourim - ot guimel) dit : "Je me suis penché de tout mon cœur pour étudier de manière approfondie cette Méguila qui fut écrite par esprit prophétique. Elle contient de nombreux secrets et des Noms divins extraordinaires qui ont la capacité d'effacer le nom d'Amalek du cœur d'Israël afin qu'il puisse avoir un seul cœur dirigé vers leur Père Céleste."

-> Le rabbi Moché de Kovrin écrit : "La Méguila d'Esther que nous lisons durant Pourim inclut toute la Torah écrite et toute la Torah orale, ainsi que de nombreux Noms divins."

-> Mordé'haï s'est donc associé aux Sages de la grande assemblée cités plus haut : 'Hagi, Zakaria, Malakhi, Zeroubabel et ses compagnons. Ils se sont tous réunis à sa droite pour écrire la Méguila sous forme d'un récit incluant tous les Noms divins afin d'aider les générations des Bné Israël à effacer la force du nom d'Amalek, à s'unir et à s'attacher totalement à Hachem.
Ainsi, lorsque nous lisons : "Mordé'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20) nous devons comprendre que Mordé'haï dirigeait la rédaction de la Méguila car il connaissait les moindres détails du miracle de Pourim.

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-> "Mordé'haï mit par écrit ces événements et expédia des courriers à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch" (Ether 9,20).
=> On peut s'interroger : Mordé'haï aurait donc rédigé la Méguila immédiatement après le miracle de Pourim alors qu'il était encore en dehors d'Israël. Pourtant les Sages nous ont enseigné que tous les écrits sacrés tels que les Rois et les Prophètes furent tous rédigés en terre d'Israël afin qu'ils puissent bénéficier de la sainteté et de l'esprit prophétique dans le but de perdurer à travers toutes les générations.

-> Le rabbi de Brisk explique que l'Ecriture de la Méguila suit 2 impératifs : un premier qui est d'écrire la ,Méguila pour diffuser le miracle et un second qui stipule que les écrits sacrés soient écrits en Israël par prophétie afin d'y introduire la sainteté comme pour tous les autres écrits traitant de nos Rois et de nos Prophètes. (Hilkhot Méguila פ"ה)
Ainsi :
- "Mordé'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20) = il s'agit du premier impératif évoqué concernant la diffusion du miracle ;
- : "Les Sages de la grande assemblée ont écrit ... la Méguila d'Esther" (guémara Baba Batra 15a) = cela correspond à leur retour en Israël où ils écrivirent une seconde fois la Méguila pour lui donner le statut des écrits sacrés.

-> "La Méguila est appelée livre et est également appelée courrier" (guémara Méguila 19a).
Effectivement, elle est appelée courrier lorsque Mordé'haï l'écrivit en dehors d'Israël, puis elle obtint le statut de livre une fois rédigée pour la seconde fois par les Sages de la grande assemblée, par prophétie, en Israël. La sainteté de la terre l'ayant pénétrée et lui octroyant ainsi le statut de livre sacré.

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+ Reçue au mont Sinaï :

-> "Rabbi 'Hiya a enseigné au nom de Rabbi Yo'hanan à propos du verset : "Hachem m'a donné les 2 Tables de pierre, écrites du doigt de D. et sur elles il y avait toutes les paroles que vous a déclarées Hachem sur la montagne" (Ekev 9,10), ce qui vient nous apprendre que Hachem a montré à Moché les moindres détails de l'Ecriture de la Torah et les moindres détails qui seront écrits à l'avenir. De quoi s'agit-il? De la Méguila d'Esther". [guémara Méguila 19a]
Ainsi, la Méguila d'Esther fut dévoilée à Moché mais qu'il ne reçut pas la permission de la dévoiler avant le miracle de Pourim.
[la guémara (Yérouchalmi Méguila 7a) enseigne également : "Hachem a dévoilé à Moché ce qu'écrira Mordé'haï à l'avenir. Ainsi la Méguila d'Esther fut transmise à Moché au mont Sinaï.
Rav, Rabbi 'Hanina, Rabbi Yonatan, Bar kafra et Rabbi Yéhochoua ben Lévi ont tous dit que cette Méguila fut transmise à Moché au Mont Sinaï car la Torah est intemporelle."
La guémara (Taanit 9a) affirme : "Il n'y a pas une chose dans le monde qui ne figure pas en allusion dans la Torah". ]

-> Il est écrit : "וקיבל היהודים" ( vékibel aYéhoudim - Esther 9,23), avec וקיבל (vékibel) qui signifie "il a reçu" est au singulier alors que le mot היהודים (aYéhoudim) qui veut dire "les juifs" est au pluriel.
Pour quelle raison notre verset utilise-t-il un langage singulier?
Ceci pour faire allusion à Moché qui avait déjà reçu cette Méguila au mont Sinaï. [Zohar Ki Tissa 191b]

-> Selon le Mégalé Amoukot (Vaét'hanan), Mordé'haï était la réincarnation (guilgoul) de Moché.
Il apporte une preuve d'après l'enseignement des Sages du midrach : "Un homme juif (ich Yéhoudi) vivait à Chouchan la capitale" (Esther 2,5). Le mot איש (ich - homme) vient nous apprendre que Mordé'haï équivalait à toute sa génération comme Moché dans la sienne et à propos duquel il est écrit : "Et l'homme, Moché était très humble" (Béaaloté'ha 12,3).

-> Le Hida ('Homat Anakh) enseigne à propos de "un homme juif" (ich Yéhoudi - אִישׁ יְהוּדִי - Esther 2,5) que ces termes (renvoyant à Mordé'haï) ont la même valeur numérique que le nom de Moché (avec le kolel).

Ainsi, Hachem choisit Mordé'haï, qui avait les mêmes étincelles d'âme que Moché, pour écrire la Méguila. En effet, son âme (néhchama) avait déjà reçu cette même Méguila au mont Sinaï et vint le moment de la dévoiler.

-> On peut rapporter l'enseignement du Yisma'h Moché (paracha Térouma) :
Lorsque le peuple juif a vaincu Amalek dans le désert, Hachem a dit à Moché : "Ecris ce mémorial dans le livre, et mets-le dans les oreilles de Yéhochoua" (Béchala'h 17,14).
Nos Sages (guémara Méguila 7a) disent que "le livre" se réfère à la Méguilat Esther. Ainsi, Moché a reçu l'ordre de mettre l'histoire de la Méguilat Esther dans les "oreilles de Yéhochoua", en d'autres termes, de lui chuchoter discrètement à l'oreille.
Pourquoi cela devait-il se faire discrètement?

Ce qui s'est passé à l'époque de Mordé'haï et d'Esther nécessita un très grand repentir (téchouva) de la part du peuple comme cela est rapporté dans la guémara (Méguila 12b) : pour quelle raison le peuple d'Israël a-t-il été condamné à l'extermination durant cette génération? Afin qu'il accomplisse un réel repentir durant cette génération.
Si Moché et Yéhochoua avaient dévoilé au peuple, avant la chute de Haman, la Méguila ainsi que la délivrance qui allait suivre, il est évident que le peuple juif n'aurait jamais eu une crainte suffisante du décret de Haman, crainte nécessaire pour éveiller un repentir sincère.
C'est la raison pour laquelle l'enseignement de la Méguila fut caché au peuple et ne fut transmis qu'à Moché qui le transmit à son élève Yéhochoua qui le transmit à son tour aux dirigeants du peuple, et ainsi de génération en génération jusqu'à Mordé'haï.
A présent nous comprenons le verset : "Mordé'haï savait tout ce qui s'était passé" (Esther 4,1) = étant le leader spirituel de sa génération, lui seul reçut cet enseignement, étant établi que le décret d'extermination ainsi que la délivrance qui allait suivre devaient rester secrets. Il se garda donc de le dévoiler au peuple afin que tous se repentent d'un cœur entier.

-> D'ailleurs, se basant sur cela le Yisma'h Moché y explique le verset : "Mordé'haï ayant pris connaissance de tout ce qui s'était passé, déchira ses vêtements, se couvrit d'un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers" (Esther 4,1) :
Bien que Mordé'haï, le grand de sa génération, eût été averti en tant que tel du décret d'extermination ainsi que de la délivrance qui allait suivre, en aucune façon ni à aucun moment il n'eut peur du décret de Haman.
Il entreprit tout pour faire un maximum de bruit en criant, en déchirant ses vêtements ... Tout ceci fut accompli aux yeux du peuple afin d'éveiller son repentir alors que Mordé'haï savait parfaitement comment la situation allait évoluer.

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+ Et Esther? :

=> Puisque Mordé'haï est l'auteur de la Méguila, pourquoi s'appelle-t-elle "la Méguila d'Esther"? N'aurait-elle pas dû s'intituler "la Méguila de Mordé'haï"?
De plus il est écrit : "Puis la reine Esther, fille d'Avi'haïl et Mordé'haï haYéhoudi écrivirent de nouveaux, usant de toute leur autorité pour donner force de loi à cette seconde missive de Pourim" (Esther 9,29). Le Targoum explique que la reine Esther et Mordé'haï haYéhoudi écrivirent ensemble la Méguila.
=> Comment concilier cela avec ce que l'on a vu précédemment?

-> Esther s'est associée à Mordé'haï lors de l'Ecriture de la Méguila afin de lui communiquer les détails qu'il ne pouvait pas connaître sur ce qui s'est passé dans le palais du roi. Ceci est considéré comme si Esther elle-même avait écrit la Méguila.

-> La reine Esther a pesé de tout son poids auprès des Sages pour qu'ils acceptent d'écrire et d'instituer la lecture de la Méguila de génération en génération. (guémara Méguila 7a).
Au départ, les Sages d'Israël ne voulaient pas accepter la requête de la reine Esther visant à imposer la lecture de la Méguila. Puis ils trouvèrent dans la Torah un passage de l'Ecriture sur lequel s'appuyer pour instituer cette mitsva.
[Shvilé Pin'has]

[selon la guémara : une mitsva est appelée uniquement du nom de celui qui l'a initiée.
Ainsi Mordé'haï et les Sages de la grande assemblée ont appelé la Méguila du nom d'Esther parce c'est elle qui fit tous les efforts possibles afin que la Méguila soit écrite et lue de génération en génération.
C'est par son mérite d'avoir su convaincre les Sages que nous la lisons. ]

"De même que lorsque commence le mois de Av nous diminuons notre joie, de même lorsque commence le mois d'Adar, nous augmentons notre joie" [guémara Taanit 29a]

=> Pourquoi nos Sages ont-ils fait une comparaison entre l'augmentation de la joie durant le mois d'Adar et la diminution de la joie durant le mois de Av?

Le Méor Enayim (paracha Térouma) explique que la joie est fondamentalement ressentie lorsque le Maître de l'univers réside parmi nous et étend Sa Présence divine sur nous.
Et c'est l'allusion même du nom du mois d'Adar (אדר) qui est composé des mêmes lettres que א qui représente le Maître du Monde (le Aloufo Chel Olam) [le aléf peut se composer en un vav et 2 youd, soit une valeur de 26, celle du Tétragramme] et דר (dar) qui signifie résider.
En effet, il n'y a pas plus grande joie pour l'homme que lorsque le Maître du Monde [Hachem] étend sa Présence divine sur les juifs.

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-> Le Baal Chem Tov enseigne :
"Si l'homme a parfaitement conscience que Hachem se cache dans n'importe quelle situation aussi étrange soit-elle, alors il ne s'agira en aucun cas d'une dissimulation. En effet, immédiatement, l'obscurité et le mal se sépareront de cette personne pour dévoiler ainsi une lumière divine vivante ...
Cependant, parfois Hachem cache volontairement ce qui est déjà dissimulé, au point que l'homme ne ressente plus aucune vitalité et doute de la présence à ses côtés du Maître du Monde. Dans ce cas il se peut que cette personne se tourne vers d'autres dieux, recherchant d'autres solutions au lieu de se réfugier dans sa foi.
En revanche, à chaque fois que l'homme conservera une foi entière dans le Créateur, il ne lui arrivera aucun mal mais bien plus, il bénéficiera d'un rapprochement et de consolation."

-> De son côté, le Toldot Yaakov Yossef, rapporte au nom du Baal Chem Tov :
Chaque homme doit avoir une foi complète et entière même lorsque Hachem voile complètement sa direction du monde. En effet, grâce à sa émouna, il pourra annuler toutes les rigueurs et toutes les obscurités tout comme le nom d'A'hachvéroch qui fait référence au Créateur car du début à la fin, tout lui appartient comme il est écrit : "Ainsi parle Hachem : Je suis le premier, Je suis le dernier, en dehors de Moi il n'y a point de D." (Yéchayahou 44,6).

Ainsi, même durant les grandes souffrances, Hachem ne retire à aucun moment sa protection rapprochée et son affection à Israël. La preuve en est que durant le festin auquel prit part Israël, Hachem prépara le remède à la maladie car c'est Haman lui-même qui conseilla au roi de tuer la reine Vachti. Ceci eut pour conséquence d'amener Esther sur le trône à sa place et c'est par son intermédiaire que le miracle de la délivrance pour tout Israël se produisit.
Ainsi, même dans les plus grands moments de détresse et de souffrance du peuple juif, Hachem n'abandonne jamais ses enfants et ne renonce à l'amour qu'il a pour eux.

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[de même que l'histoire de Pourim s'est étalée sur des années, sans que sur le moment on n'y voit particulièrement l'intervention d'Hachem (c'est la naturalité des choses, le hasard), en réalité au final on se rend compte d'à quel point Hachem est présent dans notre vie et il gère tout pour le bien ultime.
En ce sens, certains Sages nous recommandent de faire également notre propre méguilat Esther, c'est-à-dire porter un regard sur nos dernières années de vie et de voir à quel point Hachem a été présent (comment tout s'est bien compilé, combien de bonnes choses petites et grandes Il nous a faites), à quel point ce sur quoi on a pu se plaindre en réalité cela n'en valait pas le coup, ... [bien évidemment, on ne se rendra compte de la réalité des choses qu'après notre mort, où alors on deviendra fou de joie on comprenant à quel point Hachem nous comblé du meilleur!]
On en vient alors à ressentir une grande joie, à l'image de Pourim où l'on se rend compte à quel point Hachem (le א) réside (דר) toujours avec nous (même si on fait les pires fautes, la partie Divine reste intacte en nous, et Hachem nous aime toujours!).
C'est ça la joie de Adar : un juif n'est jamais seul, puisqu'il a toujours la Présence Divine avec lui! ]

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-> La Méguila d'Esther a la particularité d'être le seul écrit biblique à ne pas contenir le Nom de D., contrairement aux autres textes que nous possédons de nos prophètes, de nos rois ou des autres Méguilot. En effet, elle est appelée la Méguila d'Esther qui signifie : dévoiler ce qui est caché.
Nous pouvons observer que le prénom de Esther (אסתר) est composé des lettres א-סתר qui signifie littéralement que la lettre א se cache.
Ceci vient nous enseigner que le "Alouf chel olam" (Hachem - le Maître du Monde) se trouve bien derrière chaque détail notre histoire personnelle comme collective, du début jusqu'à la fin.

[d'une certaine façon de même que sans Hachem nous ne pourrions pas vivre une seule seconde supplémentaire, de même Hachem est présent à nos côtés chaque seconde de notre vie, impliqué pour nous permette de passer notre vie éternelle au plus proche de Lui (ce qui est le plus grand plaisir possible!) ]

Yom Kippour et Pourim

+ Yom Kippour et Pourim : [selon le Sfat Emet]

-> Le Zohar met sur le même plan Pourim et Yom Kippour (qui est connu sous le nom de Yom haKippourim dans la Torah). Examinons quelques-unes des similitudes entre ces fêtes apparemment très différentes.

-> À ces 2 occasions, des barrières sont franchies.
À Yom Kippour, le Cohen Gadol entre dans le Saint des Saints, et par extension, chacun d'entre nous abandonne le monde matériel pour entrer dans un royaume plus spirituel.
Au cours des événements qui ont abouti au miracle de Pourim, Esther a pénétré dans le sanctuaire intérieur d'A'hachvéroch sans autorisation préalable. Si nous regardons au-delà de la similitude extérieure, nous pouvons déduire que non seulement de formidables barrières physiques ont été franchies (le Saint des Saints et le sanctuaire intérieur d'Achashveirosh), mais aussi des barrières spirituelles. Les objectifs spirituels de Yom Kippour et de Pourim, inaccessibles toute l'année, peuvent être atteints lors de ces fêtes.
En ce sens, la lumière cachée de la Création, dissimulée toute l'année, est révélée à Pourim.
[Sfat Emet - Pourim 5657]

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-> Ces 2 fêtes sont un hommage au pouvoir de la téchouva et du jeûne.
Au moment du miracle de Pourim, le destin d'Israël était scellé [même au Ciel]. Pourtant, grâce à la téchouva sincère du peuple juif, à ses appels déchirants et à son jeûne de 3 jours, le décret céleste à l'encontre d'Israël a été inversé.
Yom Kippour, bien sûr, est le moment idéal pour faire la téchouva.
[Sfat Emet - Pourim 5636, 5657]

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-> À ces 2 occasions, nous abandonnons ce monde avec toutes ses limites et entrons, au moins temporairement, dans le monde à venir.
Bien que les méthodes pour atteindre cet objectif varient considérablement, à Yom Kippour par le jeûne et à Pourim par le festin, le but est essentiellement le même : entrer dans un monde nouveau, plus spirituel.
[Sfat Emet - Pourim 5635]

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-> L'un des liens les plus puissants entre Pourim et Yom Kippour est le renversement par Hachem d'un décret apparemment irréversible.
L'inquiétude d'Esther à propos de l'entrée dans le palais du roi, "sans autorisation" (acher lo kadat - Esther 4,16), fait référence non seulement à l'intrusion dans le sanctuaire intérieur d'Achashveirosh, mais aussi au déclenchement d'une série d'événements qui amèneront Hachem à revenir sur son décret d'élimination d'Israël.

Nos Sages (guémara Méguila 14a) déclarent : "Plus grand est le [l'impact de] l'enlèvement de l'anneau [d'A'hachvéroch] que les 48 prophètes et les 7 prophétesses qui ont prophétisé au peuple juif ... Car ils n'ont jamais rien ajouté ni retranché à la Torah, à l'exception de la lecture de la Méguila".
À l'époque du miracle de Pourim, Israël était véritablement destiné à mourir et à cesser d'exister en tant que nation. Le retrait de l'anneau (assarat taba'at - טבעת) fait référence non seulement à l'anneau d'A'hachvéroch (qu'il a donné à Haman), mais aussi à un bouleversement de l'ordre naturel (peut-être lié à téva (טבע) - la nature -> lien entre טבע et טבעת) qui était désormais totalement dirigé contre le peuple juif.

Pourtant, Hachem a répondu aux supplications d'Israël et à sa téchouva, et a annulé le décret irréversible qui sanctionnait le destin d'Israël. Il s'agit là d'un changement majeur par rapport aux procédures d'Hachem en matière de gestion du monde. En fait, il s'agissait d'une déviation par rapport au cours normal des événements.
Une lecture attentive de la guémara citée ci-dessus démontre qu'au moment du miracle de Pourim, non seulement des ajouts ont été faits à la Torah, le décret rabbinique exigeant la lecture de la Meguila, mais quelque chose a également été "retranché" (pata'hou), l'arrêt de mort apparemment irréversible qui a scellé le destin d'Israël.
De même, chaque année, à Yom Kippour, lorsqu'il semble que le destin d'Israël est condamné, parce que nos péchés sont beaucoup plus nombreux que nos mérites, Hachem annule néanmoins notre arrêt de mort et épargne Son peuple.
Yéchayahou (1,18) proclame : "Si vos fautes sont comme l'écarlate, ils blanchiront comme la neige", que le midrach (Yalkout Yéchayahou 389) interprète ainsi : même si vos fautes sont aussi anciennes que les années (chanim) ou que la terre elle-même, et même si vos fautes se sont accumulées au fil des ans et n'ont jamais été expiés, Je reviendrai quand même sur Mon décret.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

"Les juifs avaient la lumière, l'allégresse, la joie et l'honneur" (Esther 8,16). [selon le Sfat Emet]

-> Les juifs avaient de la lumière, ne fait pas nécessairement référence à une nouvelle source de lumière. Il s'agit plutôt d'une allusion à la lumière originelle de la Création (cf. Rachi, Béréchit 1:4 décrivant comment Hachem a caché la lumière qu'Il avait créée le premier jour. Bien qu'elle soit réservée aux justes dans le Monde à venir, à certaines occasions, cette lumière filtre dans ce monde), dont a bénéficié le peuple juif après son triomphe sur Haman.
[...]
Si nous contemplons les diverses vicissitudes de cette lumière primitive, nous nous rendons compte qu'elle ne peut se révéler dans ce monde que si Israël en est vraiment digne.
Ainsi, lors du don de la Torah, Israël s'est "prévalu" de cette lumière, mais ce haut niveau spirituel a été de courte durée : 40 jours plus tard, alors que nous vénérions le Veau d'or, cette lumière s'est à nouveau perdue.
Cependant, au moment du miracle de Pourim et de la défaite du descendant d'Amalek, Haman, cette grande lumière a de nouveau filtré jusqu'à la terre.
Cela est particulièrement vrai en raison de la tradition selon laquelle Israël a de nouveau accepté la Torah à l'époque de l'histoire de Pourim. Il s'ensuit que la même lumière spirituelle dont on a bénéficié au Sinaï a été perçue à Shoushan à l'époque de la renaissance spirituelle de la communauté juive.
[Sfat Emet - Pourim 5663]

-> "Les juifs avaient ..." (laYéhoudim ayéta)
Le terme הָיְתָה (ayéta) implique que la Torah (ou la relation d'Israël avec la Torah) a été revivifiée et renouvelée au moment de l'histoire de Pourim (cf. guémara Kidouchin 5a, qui interprète "véayéta" comme "véyatsé'a = se référant au mariage).
Cela peut faire référence au renouvellement de la lumière de la Torah. Alors qu'Hachem donne constamment la Torah ("notèn haTorah" - Il donne [le verbe est au présent] la Torah), sa lumière n'est renouvelée que lorsqu'Israël est digne de la recevoir, lorsque nous agissons comme un réceptacle pour la Torah.

Examinons pourquoi la lumière de la Torah n'a pas pu être révélée lors de la chute d'Amalek.
Dans son introduction à son commentaire sur la Torah, le Ramban soutient que la Torah entière est constituée de noms d'Hachem (dans un ordre brouillé qui est souvent difficile à déchiffrer).
Cependant, on nous dit également que le Nom d'Hachem n'est pas "complet" (c'est-à-dire que Son impact n'est pas pleinement perçu) tant qu'Amalek n'est pas éliminé (cf. Rachi, Béchala'h 17,16).
Ainsi, la Torah (les Noms d'Hachem) est empêchée d'exercer son influence complète jusqu'à la chute d'Amalek.
Ce n'est qu'après les événements de Pourim que la Torah, qui contient les Noms d'Hachem, a pu être totalement appréciée par Israël.
[Sfat Emet - Pourim 5662]

-> Si nous supposons qu'il existe une relation directe entre la présence d'Amalek et la révélation de la lumière de la Torah ("les juifs avaient la lumière" = la Torah - Méguila 16b), nous pouvons en déduire qu'à l'ère messianique, lorsque le dernier vestige d'Amalek sera éliminé, la lumière de la Torah sera pleinement révélée.
La référence de la guémara (Nédarim 8b) à ce jour futur où Hachem libère le soleil de son enveloppe ('hama minartika) et le fait briller sur les justes peut faire allusion à ce jour glorieux final où le mal aura été totalement éliminé.
C'est alors que le grand secret de la Torah (c'est-à-dire le soleil, le luminaire), longtemps retenu dans son enveloppe, sera révélé.
[Sfat Emet - Pourim 5660]

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-> La guémara (Méguila 16b) interprète le terme "la joie", comme se référant à la circoncision (la Mila).
Plus que toute autre mitsva, la Mila est mise à l'honneur en raison de sa propension à aider les juifs à s'attacher à la Torah et à devenir le réceptacle de la lumière de la Torah.
Nous rappelons que les mitsvot sont la lampe (nèr mitsva) qui permet d'entrer en relation avec la lumière de la Torah. Mais les mitsvot n'ont cet effet de lampe à la lumière de la Torah que si le corps juif, qui se compose de 248 membres correspondant aux 248 commandements positifs, est capable d'absorber la lumière de la Torah.
Ce n'est que par la Mila, qui incarne la pureté morale, que le corps juif (ses 248 membres) peut devenir le réceptacle de la Torah.
[Sfat Emet - Pourim 5659]

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-> Alors que le terme [le plus traditionnel] אור (or - lumière) désigne la loi écrite, [l'utilisation de la forme féminine] אורה (ora) se réfère à la loi orale.
Le midrach note que c'est la loi orale (et non la loi écrite qui a été acceptée au Sinaï avec la proclamation retentissante de : nassé vénichma) qui a été acceptée avec enthousiasme pour la première fois à Pourim. Le terme הָיְתָה (ayéta - il y avait) qui implique un sentiment d'être, d'absorber et d'intégrer personnellement la Torah, est une description particulièrement appropriée de la loi orale, qui est le "sang vital" même du juif, comme nous le prions après avoir lu la Torah : "et J'ai implanté la vie éternelle en nous" (vé'hayé olam nata béto'hénou)
[Sfat Emet - Pourim 5656, 5663]

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-> La guémara (Méguila 16b) interprète chacun des termes "ora, sim'ha, sasson, vikar" comme se référant à divers aspects de la vie juive.
La question se pose : Pourquoi le verset n'affirme-t-il pas explicitement que le peuple juif jouissait de la Torah plutôt que d'y faire allusion par le terme mi, qui évoque généralement la lumière?

En adoptant cette approche elliptique, la Méguila nous offre une perspective encore plus puissante que si elle était exprimée explicitement.
Le peuple juif se rend compte que sa lumière est la Torah (ora), que sa joie (sim'ha) est la célébration des fêtes juives, son allégresse (sasson) est le rite de de la brit mila, et sa fierté et son honneur (yékar), les téfillines.
Alors qu'auparavant, avant le retour massif d'Israël à Hachem, ils auraient pu se réjouir d'activités profanes, maintenant, en tant que baal téchouva, ils réalisent que leur lumière spirituelle provient de la Torah, que leur fierté est la mitsva des téfillines, et que leur allégresse provient de la cérémonie sacrée de la brit mila.
[Sfat Emet - Pourim 5648]

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-> "Les juifs avaient la lumière" (laYéhoudim ayéta ora) = cela se réfère non seulement à la Torah elle même mais aussi à la manière dont la Torah a été transmise à Israël.

Il est bien connu qu'au mont Sinaï, la Torah a été transmise au peuple juif "face à face [avec Hachem]" (panim bépanim - Vaét'hanan 5,4).
À la suite du péché tragique du Veau d'or (qui a été fabriqué au moment où Hachem se préparait à donner les tablettes à Moché), ce statut exalté ( de face à face) n'était plus tenable (sauf pour Moché).
Alors qu'Hachem accorde toujours la Torah comme un cadeau sans contrepartie, nous avons perdu l'intimité résultant d'un contact face à face avec le Donneur de la Torah. Au lieu de jouir d'une relation "panim bépanim", faire face directement à notre Créateur, nous nous tenions désormais loin d'Hachem, un statut défini par Daniel (9:7-8) comme "honteux" (bochét apanim).

Tout bénéficiaire d'un don immérité a honte d'affronter son donateur (cf. Zohar : celui qui consomme ce qui ne lui appartient pas a honte de regarder son bienfaiteur).
Ce n'est qu'après le miracle de Pourim et le retour massif d'Israël à la Torah que le peuple juif a retrouvé son statut originel de "panim bépanim".
Comme le dit le verset : "les juifs avaient la lumière" = il n'y a pas de plus grande source de joie que la capacité de percevoir le Donneur de la Torah en "panim bépanim" et de recevoir la lumière (ora) de la Torah directement de son Donneur.
[Sfat Emet - Pourim 5656]

Pourim & humilité

+ Pourim & humilité :

-> La fête de Pourim, le 14 Adar, ne peut tomber que le dimanche (1er jour de la semaine = aléf), le mardi (3e jour = guimel), le jeudi (5e jour = hé) ou le vendredi (6e jour = vav).
Cela forme le mot : גאוה (gaava - orgueil).

-> Amalek représente l'orgueil. En effet, le terme : עמלק (Amalek) a une valeur de 240, soit la même que רם (ram) qui signifie : haut/élevé.
Ainsi, Haman qui incarnait par essence la klipa de l'orgueil a été détruit par l'humilité de Esther et Mordé'haï.
[Shvilé Pin'has]

-> Le rav Shlomo Elkabets écrit que Hachem a fait en sorte que le décret d'Haman tombé précisément au mois d'Adar, période au cours de laquelle nous effectuons la mitsva du demi-Shékel, symbole du fait que l'on doit toujours se considérer comme la moitié de quelque chose et non comme une entité à part entière. Ainsi Haman a été détruit par l'humilité représenté par le demi-shékel.

Méguilat Esther (suite de la suite) – Le saviez-vous?

+ Méguilat Esther (suite de la suite) - Le saviez-vous?

12°/ La plus grande récompense :

=> Lorsque A'hachvéroch demanda à ses serviteurs quelle récompense Mordé'haï avait reçue pour avoir sauvé le roi d'un complot d'assassinat, il fut informé que rien n'avait été fait pour lui.
En effet, pourquoi A'hachvéroch n'a-t-il pas récompensé Mordé'haï immédiatement?

-> Rabbi 'Haïm Kanievsky (Déré'h Si'ha) répond qu'A'hachvéroch a tenté de le récompenser, mais ses conseillers l'ont informé que pour Mordé'haï le juif, la plus grande récompense était de ne rien faire du tout pour lui. En effet, ils savaient que pour quelqu'un comme Mordé'haï, il n'y avait rien de plus précieux pour lui que d'être laissé en paix afin qu'il puisse s'asseoir et apprendre la Torah.

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13°/ Pendez-les haut et court :

=> Pourquoi Haman voulait-il pendre Mordé'haï à une potence de 50 coudées (environ 30,5 mètres) de haut? Une potence de 5 ou 6 coudées ne serait-elle pas suffisante pour le tuer?

-> Haman souhaitait pendre Mordé'haï sur la potence la plus haute afin de rendre sa mort publique de la manière la plus grandiose possible.
D'un autre côté, Haman avait également le désir macabre de voir Mordé'haï pendu alors qu'il se trouvait encore au festin d'Esther. Il n'a donc pas pu faire monter la potence à plus de 50 coudées, car comme l'enseigne la guémara (Erouvin 2b), les fenêtres des palais des rois ne sont pas plus hautes que 50 coudées.
[Chaar bat Rabim - Imré Moché]

-> Il existe 50 portes de la raison, et le niveau le plus élevé que l'homme puisse atteindre est la 49e porte.
Haman se considérait comme une divinité et s'enorgueillissait donc de maîtriser les 50 portes de la raison. Il a donc construit une potence de 50 coudées de haut pour afficher pompeusement ses "pouvoirs divins" qui lui ont permis de détruire Mordé'haï.
[Maharal - Ohr 'Hadach]

-> Haman rêva un jour que Mordé'haï volait au-dessus de sa maison. Comme la maison palatiale d'Haman mesurait près de 50 coudées de haut, il a voulu réaliser son rêve en suspendant Mordé'haï à une potence de 50 coudées de haut.
Il n'a pas tenu compte de la véritable signification de son rêve, à savoir qu'après l'exécution d'Haman, Mordé'haï prendrait le contrôle de la propriété d'Haman.
[rabbi 'Haïm Ben Bétsalel (frère du Maharal) - Séfer ha'Haïm]

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14°/ Prière triste ou joyeuse?

Lorsque Haman vint pour conduire Mordé'haï dans le défilé qu'A'hachvéroch avait décrété en son honneur, il trouva Mordé'haï priant la Amida. Haman a patiemment attendu que Mordé'haï ait fini de prier avant de l'approcher pour lui annoncer l'ordre du roi.
=> Pourquoi Haman le racha, n'a-t-il pas tenté de perturber la prière de Mordé'haï?

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yehoyoda - Méguila 16a) répond qu'Haman s'est rendu compte que s'il interrompait Morde'haï, ce dernier aurait dû répéter ses prières.
Or, comme la prière originale de Mordé'haï a été prononcée dans un état de tristesse, Haman savait qu'une telle prière ne serait pas très efficace. En revanche, s'il devait prier à nouveau après avoir été informé de la bonne nouvelle de la tournure soudaine des événements, la seconde prière serait récitée avec une extrême joie, et une prière joyeuse trouve une grande faveur et acceptation de la part d'Hachem.

[on apprend de là l'importance de se mettre dans une disposition joyeuse au moment de prier, afin de maximiser l'impact de nos prières. ]

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15°/ Les deux faces de la pièce :

Après qu'A'hachvéroch ait élevé Mordé'haï au pouvoir, il le chargea de frapper les pièces de monnaie de l'empire.
Le midrach (Esther rabba 39,11) dit que la pièce de monnaie de Mordé'haï représentait une couronne d'or d'un côté et des cendres et un cilice de l'autre.
[Selon un autre midrach (Yalkout Esther 1,059), la pièce avait une image de Mordé'haï d'un côté et d'Esther de l'autre. ]
Grâce à ces pièces, la renommée de Mordé'haï s'est répandue dans toutes les provinces. [Targoum Richon - Esther 9,4]

De nombreux commentateurs discutent du message sous-jacent de ces 2 images opposées :
-> De même qu'Hachem a choisi Moché pour devenir le chef du peuple juif parce qu'il a partagé le fardeau de ses frères qui souffraient, Mordé'haï a voulu faire comprendre qu'il avait lui aussi mérité sa position élevée à la cour du roi (la couronne en or) parce qu'il avait ressenti intensément la douleur de ses frères au moment où ils étaient en danger (en revêtant pour eux un cilice et des cendres pour implorer Hachem en leur faveur).
[rabbi Akiva Sofer - Daat Sofer]

-> La pièce de Mordé'haï représentait 2 extrêmes opposés de souffrance et de succès.
En effet, il n'est pas naturel que ces 2 extrêmes se retournent soudainement comme on lancerait une pièce.
Ainsi, la pièce de monnaie démontre que le passage de la déchéance au succès n'est pas un phénomène naturel, mais qu'il est le fruit de la main d'Hachem.
[rabbi Akiva Sofer - Daat Sofer]

-> Bien que Mordé'haï mène une vie privilégiée de gloire et de fortune, représentée par la couronne d'or, le cilice et les cendres montrent qu'il ressent encore vivement la douleur de l'exil et pleure la destruction du Temple.
[rabbi Moché Sofer - Maharam Sofer]

-> Mordé'haï souhaitait démontrer sa gratitude envers Hachem pour l'avoir élevé des plus bas-fonds aux plus hauts sommets. Il souhaitait que ceux qui utiliseraient la pièce prennent note des événements remarquables de sa vie et apprennent à placer leur confiance en Hachem.
[rabbi Yossef Lieberman - Michnat Yossef - Baba Kama 97b - Pourim]

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16°/ La fin de la dissimulation :

Lorsque A'hachvéroch a demandé à Esther, lors du festin, de désigner le racha (méchant) qui souhaitait détruire son peuple, elle a d'abord désigné A'hachvéroch. Un ange est venu et a tourné sa main vers Haman. [guémara Méguila 16a]
=> Pourquoi Esther a-t-elle agi d'une manière aussi imprudente qui menaçait de saboter l'ensemble de sa mission?

-> Le rav Nathan Wachtfogel (Kovets Si'hot - vol.4) explique qu'Esther croyait à tort que la rédemption finale était proche, et que le temps était venu où "toute la méchanceté s'évaporera comme de la fumée" (cf. Téhilim 37,20).
Le fait que le miracle de Pourim se soit produit grâce à une dissimulation divine le place en fait à un niveau spirituel supérieur, ce qui explique pourquoi toutes les fêtes seront abolies à l'avenir, à l'exception de Pourim.
Puisqu'Esther était fermement convaincue de l'arrivée imminente du machia'h, elle pensait qu'il n'était plus nécessaire pour elle d'agir de manière fourbe.

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17°/ Le verset le plus long :

Le verset le plus long du Tana'h se trouve dans la méguilat Esther (8,9), qui décrit comment les scribes royaux ont été convoqués pour annuler le mauvais décret d'Haman.

Le Rokéa'h (Esther 8,9) dit que Hachem a donné à ce verset particulier la distinction d'être le verset le plus long parce qu'il décrit le salut d'Israël.
Ce verset, qui contient 43 mots et commence par les mots "Et les scribes du roi furent convoqués" (וַיִּקָּרְאוּ סֹפְרֵי הַמֶּלֶךְ), sert de contrepoids au verset (Esther 3,12), qui décrit comment Haman a convoqué les scribes du roi pour écrire le décret contre les juifs, qui commence également par les mots : וַיִּקָּרְאוּ סֹפְרֵי הַמֶּלֶךְ (vayikar'ou sof'ré amélé'h).
Le verset (Esther 3,12) contient 40 mots ; la signification du nombre 40 est qu'Haman voulait éradiquer la Torah, qui a été donnée en 40 jours.
Les 3 mots supplémentaires dans Esther (8,9) correspondent aux 3 jours de jeûne qu'Esther a promulgués. C'est grâce au mérite de ce jeûne de 3 jours que les juifs ont réussi à renverser le décret d'Haman.

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18°/ Une nouvelle lumière :

Après la mort d'Haman, il est écrit : "Les juifs eurent de la lumière, de l'allégresse, de la joie et de l'honneur " (Esther 8,16).
La guémara (Méguila 16b) explique que :
- la "lumière" est une référence à la Torah,
- "l'allégresse" fait référence aux fêtes juives, les Yom Tov,
- la "joie" fait référence à la brit mila (circoncision),
- "honneur" fait référence à la mitsva des téfilines.

=> Cette interprétation semble difficile, car les juifs n'avaient-ils pas la Torah et les mitsvot avant la persécution d'Haman?

-> Le Maharcha (Méguila 16b) répond que Haman a interdit aux juifs d'accomplir ces 4 mitsvot spécifiques, car elles démontrent toutes le lien spécial entre Hachem et les juifs.
La Torah est appelée "mon témoignage" (édout - עדות - Chémot 26,16), et les 3 autres sont appelées : "ot" (אות) = les téfilines (Chémot 13,9), la brit mila (Béréchit 17,11), et Yom Tov (Shabbath est appelé un "ot", un signe [Chémot 31,13], et Yom Tov est appelé Shabbath (Vayikra 23,32 ; Rachi Vayikra 23,15).

-> Rabbi Yaakov de Lissa (Méguilat Setarim - Esther 8,16) explique comment ces 4 mitsvot ont été diminuées à cause de la persécution d'Haman et ont été revitalisées après la chute d'Haman :
- pour la Torah = la guémara (Sanhédrin 24a) attribue le verset : "Il m'a placé dans les ténèbres comme un mort éternel" (Eikha 3,6) comme une allusion à la Torah orale étudiée en exil.
Cela est dû au fait que la Torah que l'on étudie en exil manque de clarté, en raison du fardeau écrasant de l'exil. [voir Rachi - Sanhédrin 24a]
Avec la chute miraculeuse d'Haman, la Torah a pu être comprise avec une clarté lumineuse.

- pour Yom Tov = en exil, les nations se moquent de l'observance des fêtes par Israël, ce qui déprécie sa valeur pour les juifs eux-mêmes.
Après le miracle de Pourim, la nation juive est tenue en haute estime par les non-juifs, ce qui leur permet de célébrer les fêtes avec joie.

- pour la Mila = nos Sages (guémara Erouvin 19a) disent qu'Avraham s'assoit à l'entrée de Guéhinam et fait sortir tous les juifs circoncis, sauf ceux qui ont cohabité avec une non-juive, car cela fait que sa circoncision devient cachée et Avraham ne le reconnaît donc pas.
Haman désigna des prostituées à la fête d'A'hachvéroch pour tenter les juifs de fauter, ce à quoi beaucoup succombèrent.
Suite à la persécution d'Haman, les juifs se repentirent de tout leur cœur et furent pardonnés de leurs péchés. En conséquence, les juifs se sont réjouis de la mitsva de la mila avec un bonheur renouvelé.

- pour les Téfilines = en ce qui concerne la mitzvah des tefillin, il est écrit : "Alors tous les peuples de la terre verront que le Nom d'Hachem est proclamé sur vous, et ils vous craindront" (Dévarim 28,10).
Cependant, ceci ne s'applique que lorsque la nation juive fait la volonté d'Hachem. Lorsqu'Israël commet des péchés et est banni en exil, les nations rabaissent les juifs pour leurs croyances archaïques. [cf. guémara Béra'hot 6a]
À la suite du miracle de Pourim, les téfilines redeviennent un objet de fierté et de distinction.

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19°/ Quatre puissances :

-> "Les juifs ont eu de la lumière, de l'allégresse, de la joie et de l'honneur" (Esther 8,16)
Comme nous l'avons vu précédemment, la guémara (Méguila 16b) explique que la "lumière" dans ce verset fait référence à la Torah, "l'allégresse" se réfère à Yom Tov, "la joie" se réfère à la circoncision, et "l'honneur" se réfère aux tefillines.
Haman a interdit aux juifs d'accomplir ces 4 mitsvot, et à sa mort, les juifs ont repris l'observance de ces mitsvot avec une joie renouvelée.
=> Pourquoi Haman a-t-il délibérément choisi d'abolir ces 4 mitzvot?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky (Taama déKra) répond que Haman savait que ces 4 mitzvot donnaient aux juifs le pouvoir de vaincre sa nation d'origine, Amalek :
- la Torah = les Sages comparent la Torah de l'érudit en Torah aux armes et à l'armure d'un puissant guerrier. [Tana déBé Eliyahou rabba - fin chap.10]
Lorsqu'Amalek a attaqué les juifs dans le désert, Israël a réussi à vaincre Amalek en se renforçant dans l'étude de la Torah. [Mékhilta - fin paracha Bo]

- les Yom Tov = nos Sages enseignent que par le mérite du peuple juif d'observer les Fêtes juives, ils méritent d'éradiquer les descendants d'Essav, dont Amalek. [guémara Pessa'him 5a]

- la Mila (circoncision) = lorsque Shimshon était en danger d'être capturé par les Philistins, il a supplié Hachem : "Si la seule différence entre eux et moi est que je suis circoncis, cela devrait suffire pour que je ne tombe pas entre leurs mains ". [midrach Béréchit rabba 98,13]

- les Téfillines = les téfillines sont la force d'Israël. La guémara (Béra'hot 6a) interprète le verset "Toutes les nations du monde verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et elles auront peur de toi" (Dévarim 28,10) en faisant référence aux téfillines que l'on porte sur la tête.

=> Haman a compris que tant que les juifs pratiqueraient ces 4 mitzvot, il lui serait impossible de les détruire.

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20°/ Réaccepter la Torah :

"Les juifs ont établi et accepté" (Esther 9,27) = ils ont établi à l'époque d'A'hachvéroch ce qu'ils avaient déjà accepté au mont Sinaï. [guémara Shabbos 88a]
Lorsque les juifs ont accepté la Torah au Sinaï, ils ont accepté tous les commandements de la Torah sans réserve, en ayant confiance qu'Hachem ne les obligerait pas au-delà de leurs capacités. Cependant, ils n'ont pas accepté tous les futurs décrets rabbiniques sans réserve, car ils craignaient que les impositions faites par l'homme ne soient trop lourdes à porter.
Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, ils acceptèrent à nouveau les décrets des Sages par amour.
=> Comment cela s'est-il produit?

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché - Chémot 19,8) explique :
Lorsque Mordé'haï refusa de s'incliner devant Haman, il respecta en fait l'injonction rabbinique de מראית עין : éviter l'apparence du péché.
En effet, l'ordre du roi était de s'incliner devant Haman en signe de respect, et non comme une forme d'adoration d'une idole, bien que cela ait donné l'apparence d'une adoration d'une idole, puisque Haman portait une idole autour de son cou.
Lorsque les juifs ont vu comment la détermination de Mordé'haï à respecter un décret rabbinique a apporté le salut à toute la nation juive, ils se sont engagés de tout cœur à respecter les mitsvot déRabbanan (les mitsvot instituées par les rabbanim), qui au Sinaï, n'étaient acceptées que sous la contrainte.

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21°/ Frapper à la lecture du nom d'Haman :

Il existe une ancienne coutume, datant de la période des Richonim, qui consiste à frapper chaque fois que le nom de Haman est mentionné au cours de la lecture de la Méguila.

En peut rapporter les raisons suivantes :
-> la source du "frapper Haman" est basée sur le dicton suivant : "le nom du méchant pourrira" (Michlé 10,7) et la mitsva d'effacer le nom d'Amalek. [Séfer haManhig - Méguila vol.1]

-> le joyeux vacarme sert de cri de victoire après la défaite d'Haman et vise à louer Hachem pour avoir sauvé la nation juive à ce moment-là.
[Shibolét haLéket 200 -> il note également que la manière dont ils faisaient du bruit [à l'époque] était de taper du pied, de frapper une pierre contre l'autre et de briser des assiettes. ]

-> Nos rabbanim ont prévu que les juifs, dans leur long exil, pourraient un jour se retrouver dans une situation similaire à celle de l'époque d'Haman. Lorsque les non-juifs entendront le chahut qui émane des synagogues pendant la lecture de la Méguila, ils s'enquerront de la source de la légèreté des juifs et on leur racontera le récit d'Haman. Les antisémites prendront l'histoire de la chute d'Haman comme un avertissement et cesseront de s'en prendre aux juifs.
[Kaf véNaki - cité par le 'Hida - Birké Yossef 687]

-> Au moment où nous "frappons Haman" pendant la lecture de la Méguila, des forces démoniaques frappent Haman dans le Guéhinam.
[Rokéa'h - citant rabbi Yéhouda ha'Hassid ; Kav haYachar vol.2 ; rabbi 'Haïm Palaggi - Roua'h 'Haïm 696,9]

[selon nos Sages dans la lecture de la Méguila lorsque nous lisons le nom d'Haman, nous réduisons les forces du mal contre Israël (acronyme de : להעביר גילולים מן הארץ).
Ainsi, la coutume de frapper est un message d'espoir pour chaque juif, car en ayant le mal qui est amoindri nous pouvons espérer de belles choses dans notre vie, et la venue du machia'h où le Satan sera totalement réduit en bouillie/détruit. ]

[ -> voir aussi : https://todahm.com/2018/03/05/pourim-la-coutume-de-taper-des-pieds ]