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Le cadeau du Shabbath

+ Le cadeau du Shabbath :

-> Hachem a appelé Moché et lui a dit : "J'ai un grand cadeau dans Ma salle des trésors. Son nom est 'Shabbath' et Je voudrais le donner au peuple juif". [guémara Shabbath 10b]

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Ki Tissa) explique que la raison pour laquelle Shabbath est appelé "un grand cadeau" n'est pas due aux plaisirs physiques, aussi agréables soient-ils.
Shabbath est appelé "un grand cadeau" en raison de l'incroyable unité entre l'âme générale du peuple juif et le Ohr Ein Sof (Lumière Infinie) qu'il provoque, qui entraîne un énorme afflux de pureté et de sainteté dans nos cœurs et nos âmes.

Il écrit : "Il est certain que Shabbath est 'un grand cadeau'. Il s'agit d'une référence à la lumière et à la sainteté qui [en ce jour] viennent d'en haut et s'écoulent dans les cœurs du peuple juif, ainsi qu'à l'esprit de sainteté, à l'intellect rafraîchi et à la générosité spirituelle qui viennent du monde élevé qui est appelé "Douceur", car le plaisir et la force vitale sont là ; il y a la [source de] vie cachée".

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-> Le jour du Shabbath est appelé "jour de joie" (Sifrei - Béaaloté'ha), "jour de repos" (dans la prière) , "un goût du monde à Venir (olam aba)" (Mékhilta - Ki Tissa) , "la source des bénédictions" (Zohar II 88a), "le jour de l'âme" (Zohar 205a) et "le jour où les mondes s'élèvent [spirituellement]" (rav Avraham Kluger - Yi'houd haShabbath).

-> Rabbi Aharon de Karlin raconte un épisode qui s'est produit à une occasion où le Baal Chem Tov saluait le Shabbath dans les champs, entouré de troupeaux de moutons en train de paître.
Le rabbi de Karlin (Beit Aharon - Bo) écrit que lorsque le Baal Chem Tov a commencé à chanter le chant de "Lé'ha Dodi", tout le troupeau de moutons s'est levé sur ses pattes arrière comme des êtres humains et a commencé à chanter avec lui.
Rabbi Kluger (séfer Yi'houd haShabbath) explique que lorsque Shabbath arrive, un phénomène appelé : "l'élévation des mondes" (aliyat haOlamot), se produit. Soudain, alors que le soleil descend sous l'horizon rose et que tout est calme, le monde physique et tout ce qu'il contient s'élèvent à un état de sainteté incroyablement élevé.
L'étincelle divine à l'intérieur de chaque particule de la matérialité est augmentée et ainsi chaque créature, à quelque niveau que ce soit, est beaucoup plus en accord avec sa Source.
C'est pourquoi les moutons qui se tenaient autour du saint Baal Chem Tov ont été contraints, par la force de sa prière, de se lever comme un membre du niveau de la création au-dessus d'eux et de chanter pour leur Créateur.

-> Rabbi Shlomo Carlebach raconte l'histoire d'un 'hassid du Tséma'h Tsédek qui s'était rendu un jour pour passer le Shabbath avec le saint rabbi de Ruzhin. À l'entrée du Shabbath, le maître hassidique le prit par la main et l'accompagna jusqu'à une grande fenêtre d'où ils contemplaient une vaste étendue de la terre et du ciel.
Il lui demanda : "Voyez-vous les nuages des 6 jours de la semaine faire place aux nuages du Shabbath? Entendez-vous le vent des 6 jours de la semaine qui fait place au vent de Shabbath?"

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-> Le rav Kalonymus Kalman Shapira of Piaseczna ('Hovat haTalmidim - Chelocha maamarim 3:3) écrit :
Lorsque le Shabbath arrive, une âme supplémentaire s'ajoute à l'homme juif. En lui ... la sainteté d'Hachem, se révèle avec une plus grande intensité.
Même au niveau physique, son corps ressent l'arrivée du saint Shabbath ...
Lorsque Shabbath arrive, tout le sable et la poussière des jours de la semaine sont enlevés avec force de son cœur et de son esprit ; la lumière et l'éclat de Royauté d'Hachem (Malkhout) qui l'emplissent maintenant [en ce jour] bannissent l'obscurité intérieure et lui, ainsi que le monde entier, sont transformés.
Shabbath n'est pas simplement un jour ordinaire imprégné d'une sainteté extérieure. Non, le Shabbath est saint dans son essence même ; sa sainteté est son essence.

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-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Ki Tissa) écrit :
"Puisque Hachem voulait mériter le peuple juif dans le monde à venir, c'est pourquoi Il leur a donné la Torah et les mitsvot. Mais Hachem voulait leur permettre de goûter à la récompense spirituelle du monde à venir [même dans ce monde], et c'est pourquoi Il leur a donné le Shabbath, qui est un délice spirituel, un aperçu du Olam aba.
Le Shabbath, chaque juif est capable de goûter au plaisir spirituel".

-> Le rabbi de Piaseczna (Hachsharat haAvréhim chap.11) décrit l'ambiance du 3e repas de Shabbath : "
En général, il faut savoir que le moment de la séouda chélichit est le Yom Kippour de la semaine. Tout comme Yom Kippour révèle l'âme et la nettoie de la poussière de l'année, la séouda chélichit purifie l'âme et révèle tous ses désirs et les soupirs silencieux qui ont été dissimulés en elle pendant la semaine."

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+ Nécessité de s'y préparer :

-> C'est le grand cadeau du Shabbath. C'est ce qu'un vrai juif attend avec impatience : la connexion la plus intime avec la Divinité qu'apporte le Shabbath, un avant-goût du monde à venir, un petit paradis.

Le rabbi de Berditchev dit qu'en raison de l'importance considérable du Shabbath, il faut passer toute la semaine à désirer et à se préparer à son arrivée, ainsi qu'à la sainteté et à la force de vie spirituelle qui l'envahiront.
Il ne fait aucun doute que pour accéder pleinement à tous les aspects du grand cadeau qu'est le Shabbath, une énorme préparation est nécessaire.
En effet, le rabbi de Berditchev écrit : "L'accomplissement sera fonction du degré de préparation", car le don de Shabbath ne peut s'écouler dans nos vies si l'on n'a pas préparé le récipient. Ce n'est que lorsque nous nous préparons pour le Shabbath tout au long de la semaine et que nous nous assurons que nous sommes dans un état approprié pour accueillir le saint Shabbath que nous formons les récipients les plus solides qui peuvent contenir son immense lumière.

Malgré cela, le rabbi de Berditchev nous avertit de ne jamais penser que notre préparation nous a "valu" les bénédictions du Shabbath.
Le Shabbath est toujours appelé "un grand cadeau", car il ne se mérite pas. Quels que soient les efforts que nous déployons pour préparer le Shabbath, sa grande bénédiction ne vient pas en paiement de nos actions, mais comme un grand cadeau, né de l'amour infini d'Hachem pour Ses précieux enfants.
Le rabbi de Berditchev écrit : "Et même s'il s'est préparé, cela reste un 'grand don', car même si l'on se prépare avec toutes sortes de préparations, on n'est toujours pas apte à recevoir la sainteté et la générosité spirituelle qui vient d'Hachem le Shabbath ; c'est certainement toujours un don gratuit.
La préparation n'est nécessaire que pour lui donner le récipient et la force de recevoir."

-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik - maamar richon sur Shabbath kodech) écrit que cette idée est évoquée dans le verset "Pendant 6 jours de la semaine, tu travailleras et tu feras tout ton travail, mais le 7e jour sera un Shabbat pour Hachem, ton D " (Ki Tissa 34,21).
"Pendant 6 jours de la semaine" = en fonction de la quantité d'efforts déployés par un juif pour se préparer pendant la semaine à la lumière du Shabbath ; "le 7e jour sera le Shabbath d'Hachem, ton D." = c'est combien il lui sera possible d'obtenir du "grand don" de ce jour saint.

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-> Tout comme la préparation de la semaine a un effet direct sur l'aspect de notre Shabbath, la façon dont nous vivons le Shabbath a un effet direct sur la semaine suivante.
Sur le plan spirituel, le Shabbath est la source de la bénédiction spirituelle (mékor habéra'ha) de la semaine suivante.
Notre réussite dans tous les domaines de notre vie quotidienne au cours de la semaine à venir, tant dans le domaine de la sainteté que dans celui de la vie quotidienne, dépend de la manière dont nous nous sommes liés au Shabbath. (voir Zohar 88a).
[rav Yaakov Klein]

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+ Résumé de notre étude :

-> Le Shabbat est un jour où la terre s'élève et s'unit au monde spirituel d'en haut, provoquant un flux d'énergie spirituelle considérable dans le monde en général et dans l'âme générale du peuple juif, dont chaque juif fait partie.
Cela nous remplit de clarté et d'une conscience accrue du Divin, d'un véritable sentiment de proximité avec notre Père céleste.
Bien qu'aucune préparation ne puisse nous permettre d'accéder aux bénédictions du Shabbath, afin de permettre à cette lumière extraordinaire de reposer parmi nous, nous devons passer les 6 jours de la semaine à désirer ardemment et à nous préparer à être des récipients adéquats.
L'effet du Shabbath sur notre vie sera proportionnel à l'énergie que nous consacrons à la préparation de Shabbath pendant la semaine.
Et plus le Shabbath aura d'effet sur notre vie, plus nous connaîtrons le succès spirituel au cours de la semaine suivante.

Le compte du Omer

+ Le compte du Omer :

-> Dans un certain sens, la période du Omer s'inspire d'une fête telle que Pessa'h.
La fête commence par un Yom Tov et se termine par un Yom Tov, avec les jours intermédiaires de 'hol haMoed entre les deux. La période du Omer est structurée de la même manière. Elle commence avec le Yom Tov de Pessa'h, se termine avec le Yom Tov de Shavouot, et les jours de la séfirat haOmer (compte du Omer) servent de "'hol haMoed" entre les deux.
[Ramban]

-> Nous pouvons considérer que cette période ressemble à celle des Yamim Nora'im, qui constituent Roch Hachanah, Asseret Yémé Téchouva (les 10 jours de pénitence) et Yom Kippour.
Pessa'h correspond à Roch Hachana, les jours de la séfirat haOmer correspondent aux Asséret Yémé Téchouva, et le point culminant de Shavouot correspond à Yom Kippour.
[Beit Avraham]

-> Pessa'h et les jours de la Séfirat haOmer servent de racine à l'année.
La manière avec laquelle un juif se conduit pendant cette période détermine sa conduite et sa stature pour le reste de l'année.
[Rachach - Nehar Shalom]

-> Les 7 semaines entre Pessa'h et Shavouot correspondent aux 7 jours de la fête de Pessa'h elle-même.
Ainsi, tous les jours du Omer sont eux-mêmes particulièrement élevés. Pendant cette période, un juif peut exploiter sa sainteté (kédoucha) pour s'extraire, pour ainsi dire, des 7 niveaux qui composent le Guéhinam, ce qui le conduit au sommet du don de la Torah (kabbalat haTorah) le jour de Shavouot.
[Beit Avraham]

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+ La valeur incroyable des Shabbath de la période du Omer :

-> Un enseignement de nos Sages lie la géoula à Venir avec l'observance du Shabbath : "Si Israël observe 2 Shabbath conformément à toutes les lois, ils seront immédiatement délivrés" (guémara Shabbath 118b).
Cependant, une autre déclaration de nos Sages semble offrir une exigence plus simple : "Si Israël observe un Shabbath de la manière la plus appropriée, [alors le machia'h] le fils de David arriverait immédiatement" (guémara Yérouchalmi - Taanit 1:1).
Qu'en est-il alors : deux Shabbath ou un seul?

La question peut être résolue si nous comprenons que le Shabbath dont il est question ici se réfère à un Shabbath particulièrement puissant : un Shabbath de la période du Omer.
Cette période est en général très élevée, et les Shabbath en particulier y sont suprêmement élevés. Chacun de ces Shabbath [de cette période] est imprégné d'une extraordinaire quantité de lumière divine, à tel point qu'un Shabbath durant cette période équivaut à 2 Shabbath durant le reste de l'année.
Ainsi, nos Sages ci-dessus se référaient précisément à un tel Shabbath : un, qui est en fait deux.

Nous découvrons ainsi à quel point les Shabbath de la période du Omer sont spéciaux et de bon augure.
Le verset déclare : "Et vous compterez pour vous-même à partir du jour suivant le début de la fête ... Ce seront sept semaines complètes (chéva Shabbatot témimot tiyéna)" (Emor 23,15) = c'est là le sens premier du verset, le terme "Shabbatot" étant traditionnellement compris comme signifiant "semaines". Cependant, il peut également être interprété dans son sens le plus littéral, se référant aux Shabbath eux-mêmes. Puisque les Shabbath de cette période ont une nature [spirituelle] impressionnante, la Torah exhorte un juif à s'assurer, à tout le moins, que les Shabbath de cette période soient complets et observés au maximum.
[Beit Avraham]

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[Chaque jour du Omer a une importance particulière (davantage de lumière/d'aide spirituelle), et c'est pour cela que l'on doit travailler à y améliorer nos traits de caractère, à davantage se consacrer à notre spiritualité, à notre amour et joie d'être juif, enfant adoré d'Hachem.
Comptons les 7 semaines du Omer, mais surtout profitons de l'impact de ces 7 Shabbath. En effet, déjà en temps normal le Shabbath est le jour le plus important, mais à ce moment de l'année il double encore d'influence et de bénédictions spirituelles. Sachons en profiter! ]

Les 39 méla’hot de Shabbath

+ Les 39 méla'hot de Shabbath :

-> La guémara (Shabbath 49b ; 70a) nous dit que les 39 méla'hot ("travaux") nécessaires à la construction du Michkan sont celles interdites le chabbat. Ceci est indiqué par la juxtaposition de l’interdiction de travailler le chabbat avec la section concernant la construction du Michkan. (Rachi - Shabbath 49b)

-> Le Baal haTourim (Vayakel 35,1) souligne que si nous comptons les mots depuis le début de paracha Vayakél, qui parle du Shabbat, jusqu’au mot השבת (haShabbath), nous arrivons à 39.
De plus, parce que le mot לעשת (laassot - faire) est orthographié sans la lettre vav, il orthographie ל (soit 30) et תשע (tissa = chiffre 9). La somme fait 39, allusion directe aux 39 méla'hot.
C’est ce que nous ne pouvons pas faire le chabbat mais seulement durant (לעשת) les 6 jours de la semaine [la lettre ו qui manque dans le mot לעשת (laassot) a une guématria de 6).

-> Selon le Chomer Emounim, les 39 méla'hot sont 39 malédictions, divisées en 4 parties commençant par סידורא דפת , les travaux qui constituent l’ordre de fabrication du pain.
Mettre tant d’efforts pour manger du pain provient de la malédiction d’Adam : "tu mangeras ton pain à la sueur de ton front" (Béréchit 3,19).
Le nombre de malédictions suivant la faute d’Adam y compris celles du serpent, d’Adam, de ‘Hava et de la terre, nous arrivons au nombre 39.
[selon le Tikouné Zohar (tikoun 48), le serpent, Adam et ‘Hava ont chacun reçu 10 malédictions tandis que la terre en a reçu 9.
Si Adam n’avait pas péché, il n’aurait pas eu besoin de travailler pour les vêtements, la nourriture, ... Par conséquent, il n’y aurait pas eu les 39 méla'hot.]

-> En fait, לט (soit : 39) signifie en araméen une malédiction comme dans le Targoum Onkélos sur ארור (arrour - maudis) qui est ליט (comme dans Ki Tavo 27,15).
Le Shabbat, nous n’accomplissons pas ces 39 tâches car c'est la bénédiction (brakha), le contraire de la klala (malédiction), comme il est dit : "Hachem bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3).

Le faute d’Adam s’est produit avant Shabbat. Cependant, Shabbat n’en a pas été affecté car la lumière qui brillait (le Ohr haGanouz) avant son péché a continué jusqu’après Shabbat.
Donc, le chabbat, nous n’effectuons pas les 39 méla'hot, klalot, malédictions, car c’est un jour de bérakha! (midrach Béréchit rabba 11,2)

-> En raison de la faute d’Adam qui a causé les 39 méla'hot, le bien et le mal se sont entremêlés.
A ce sujet, le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech Ha’haïm 1:6) explique : Avant la faute d’Adam, il n’y avait pas de subjectivité. C’est tout comme 1 plus 1 est 2, ce qui n’est ni mauvais ni bon, c’est juste un fait. Donc, le serpent devait venir de l’extérieur parce qu’il n’y avait pas de mal à l’intérieur d’Adam. Le mal n’est devenu une partie d’Adam qu’après le péché. En conséquence, nous avons besoin de l’expérience de la mort, puisque le mal fait partie de nous. Avec la résurrection des morts nous revenons avec pureté et sainteté.

À travers les 39 méla'hot, nous élevons les étincelles qui se sont mélangées au mal. Shabbat, d’autre part, est un semblant du monde à venir (méen olam aba), un jour avant-goût de l’au-delà. C’est comme Adam avant la faute, ce qui est démontré par le fait que nous n’exécutions pas les 39 méla'hot.

[ le Ramban (Nitsavim 30,6) nous dit qu’à l’époque du machia’h, le choix du bien sera naturel. Ce sera comme Adam avant la faute..
Shabbat est 1/60ème du monde suivant. C’est ce que signifie יום שכלו שבת ומנוחה לחיי העולמים , le jour qui sera complètement un chabbat et un jour de repos pour la vie éternelle qui fait allusion au monde à venir après la rédemption finale ( dans Bircat Ha-mazon ).
Selon la guémara (Béra'hot 57b), Shabbat est 1/60ème du monde suivant. C’est ce que signifie : "le jour qui sera complètement un Shabbat et un jour de repos pour la vie éternelle (yom shékoulo Shabbath oum'noukha lé'hayé aolam aba) qui fait allusion au monde à venir après la rédemption finale (mots que nous disons dans le Birkat haMazon).]
[d'après le rav Yéhochoua Alt]

Si l'on ne se tourne pas vers D. pour faire téchouva au début du décompte du Omer, il est possible de le faire à n'importe quel moment de cette période.
C'est ce à quoi fait allusion le commandement suivant : "Vous compterez 50 jours" (Emor 23,16).
Le mot "tessapérou" (תספרו) traduit par "compter", signifie également "briller" (comme le "saphir").
Tout au long de ces 50 jours [du Omer], on a l'opportunité [moment propice pour] faire briller la lumière de son âme.
C'est ainsi que le jour de Shavouot, "tu apporteras une nouvelle offrande à D." (Emor 23,16), c'est-à-dire que tu pourras t'offrir à Hachem en étant tout neuf [de fautes] ce jour-là.
[Maggid de Koznitz - Avodat Israël]

Séfirat haOmer & nature du yétser ara

+ Le Séfirat haOmer - Savoir que le yétser ara est plus grand d'une personne à l'autre, d'un jour à l'autre, d'une mitsva à une autre, ...

-> "Ils dirent : Rabbi Akiva avait 12 000 paires d'étudiants de Guivat à Antipras, et tous moururent pendant une même période parce qu'ils ne se traitaient pas avec respect. Nous apprenons qu'ils moururent tous entre Pessa'h et Shavouot"
[guémara Yébamot 62b]

-> " 'Tu aimeras ton prochain comme toi-même' (Kédochim 19,18) c'est un principe essentiel dans la Torah" [Torat Cohanim - Kédochim, paracha 2]

=> Nos Sages perçoivent le manque de respect entre les disciples de Rabbi Akiva comme le défaut qui leur causa une très grave punition. N'est-il pas très étonnant que ces grands hommes n'aient pas agi convenablement dans ce domaine alors que Rabbi Akiva lui-même enseignait que la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même était un élément fondamental du service de D.? Comment est-il possible que ses disciples n'aient pas respecté le principe qu'il estimait essentiel?

De plus, le mystère s'épaissit au vu du commentaire des Tossafot (Kétoubot 62b) disant que Rabbi Akiva a toujours veillé à traiter ses prochains avec respect avant d'être devenu un talmid hakham.
Si Rabbi Akiva veillait tant à protéger la dignité d'autrui même pendant les années où il était ignorant, on peut s'imaginer le souci qu'il avait pour les autres une fois devenu le gadol hador (grand de la génération) et transmis l'enseignement "tu aimeras ton prochain comme toi-même est un principe essentiel dans la Torah".
=> Comment est-il possible que, dans l'académie de Rabbi Akiva, où l'on mettait un tel accent sur l'importance de traiter honorablement ses prochains, les disciples n'aient pas fait preuve du respect nécessaire envers eux ?

[La guémara dans Kétoubot raconte que Rabbi Akiva était "modeste et droit" même avant de devenir un talmid 'hakham. Tossafot demandent comment il est possible que durant ses années d'ignorance de la Torah, Rabbi Akiva ait dit : "Donne-moi un talmid 'hakham et je le mordrai comme un âne" (guémara Pessa'him 49b)? Cette déclaration ne semble pas refléter le raffinement de son caractère.
Les Tossafot répondent que cette remarque provenait, en fait, de son souci pour l'honneur de tous les êtres humains. Il croyait que les talmidé 'hakhamim adoptaient une attitude hautaine envers les hommes moins instruits qu'eux, erreur qui fut la cause de sa remarque cinglante. ]

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-> Il s'ajoute également le fait que les disciples/élèves de Rabbi Akiva ont péri justement pendant les jours qui séparent Pessa'h de Shavouot, une période de grande élévation spirituelle.
Le Ramban commente d'ailleurs que cette période ressemble à 'Hol Hamoëd : "Il nous a ordonné [d'observer] la fête des matsot pendant 7 jours, avec une sainteté avant et après eux, car tous sont saints et D. est parmi eux. Ensuite, Il a compté 49 jours, 7 semaines, comme les jours [de la création] du monde, et sanctifié le 8e jour comme le 8e jour de Souccot ; et les jours comptés dans cet intervalle sont comme 'Hol Hamoèd entre le premier et le huitième jour de Souccot ... C'est pour cette raison que nos Sages appellent toujours la fête de Shavouot la Conclusion, 'Atsérèr'."

[Rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma'h - Atséret) enseigne de même : "les jours compté au milieu sont comme 'hol hamoéd ... et c'est pourquoi nos Sages appellent la fête de Shavouot Atsérét". (Atsérét = conclusion = fin d'une sorte de longue fête qui débute à Pessa'h)]

=> Comment les disciples de Rabbi Akiva ont-ils pu faire preuve de cette imperfection pendant une période aussi importante?

La solution est à chercher dans un sujet apparemment sans rapport : le commandement de la Torah d'offrir à Shavouot un sacrifice de céréale appelé "chté halé'hem" (les deux pains).
Contrairement à la plupart des offrandes de céréales qui ne sont pas levées, les "chté halé'hem" devaient être hamèts. Pour quelle raison?
Le Maharal explique (Tiférèt Israël, chap.25) : "Le 'hamèts [représente] le mauvais penchant ... L'obligation d'offrir les "chté halé'hem" 'hamèts ... fait allusion à l'enseignement de nos Sages : 'celui qui est supérieur à son prochain a un yétser ara supérieur au sien' (guémara Soucca 52a). Il convient donc que les 2 pains offerts à Shavouot en tant que remerciement soient 'hamets. Telle est la principale raison."

Les propos de Maharal introduisent une nouvelle interprétation de l'enseignement de nos Sages : "Celui qui est supérieur à son prochain a un mauvais penchant supérieur au sien".
Voici la façon la plus simple de le comprendre : les personnes d'un haut niveau spirituel ont une tendance plus forte à faire le bien et une tendance plus forte à faire le mal. Les tendances opposées doivent être de même intensité pour conserver à l'homme son libre arbitre.
Mais cette explication n'explique pas la pertinence de ce principe concernant l'offrande des "chté halé'hem" à Shavouot. Le Maharal comprend, visiblement, que ce principe a un champ d'application plus large que nous l'aurions pensé.

Les propos du Maharal montrent que la force du yétser ara est différente non seulement d'une personne à l'autre, mais d'un domaine à l'autre aussi. Le yétser ara peut avoir une force plus grande à des moments particuliers et dans certains domaines.
Pendant Shavouot, la fête qui marque le don de la Torah, nous atteignons un niveau élevé de sainteté et de spiritualité et en conséquence, le yétsèr ara devient plus fort.
A Shavouot, la Torah nous ordonne d'offrir un sacrifice qui fait allusion au yétser ara afin que nous prenions conscience de la force accrue du yéter ara ce jour-là et que nous sachions nous protéger de ses attraits.

[Cette explication nous aide à comprendre la guémara (Kidouchin 30b) : "Le yétser ara de l'homme se renouvelle chaque jour". Le Pné Yéhochoua demande : Pourquoi faut-il que le yéser ara 'se renouvelle' chaque jour? Qu'est-ce qui change d'un jour à l'autre?
Notre approche donne une explication à cette question : le yétser ara n'a pas la même force chaque jour. Les jours de potentiel spirituel plus grand, la force du yétser ara grandit en conséquence.
Nos Sages enseignent ainsi que le yétser ara de l'homme "se renouvelle" quotidiennement selon le degré du potentiel spirituel de ce jour-là. ]

On comprend ainsi comment les disciples de Rabbi Akiva n'ont pas fait preuve de respect l'un envers l'autre justement pendant la période de la Séfirat haOmèr. C'est justement à cause de la kédoucha (sainteté) et du potentiel spirituel de ces jours-là, un " 'Hol Hamoed" compris entre Pessa'h et Shavouot, que leur yétsèr ara s'est considérablement renforcé.
C'est la grandeur de cette période de l'année qui a accru leur yétser ara, et ils ont succombé à son influence.

[ Le 'Hida (Lev David - chap.30) écrit : "Pendant les jours du Omèr, il faut être particulièrement vigilant dans le service de D., la Torah et les mitsvot ... Il faut être particulièrement scrupuleux dans le domaine de la haine gratuite, car nous savons ce qui est arrivé aux disciples de Rabbi Akiva entre Pessa'h et Shavouot." ]

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+ Une mitsva plus grande :

-> Il semble que le principe "celui qui est supérieur a un mauvais penchant supérieur" s'étend à d'autres situations. Nous avons vu que l'homme supérieur a tendance à avoir un mauvais penchant plus fort, qui devient plus puissant à des périodes prédisposées au progrès spirituel.
On peut peut-être appliquer ce principe à l'observance "supérieure" d'une mitsva par rapport aux autres mitsvot.
Si un homme met l'accent sur une mitsva donnée et l'accomplit scrupuleusement, il peut être considéré comme "supérieur à son prochain" dans ce domaine. Selon ce principe de nos Sages, il est raisonnable de s'attendre à ce que le yétser ara essaie de faire échouer cet homme justement dans l'accomplissement de cette mitsva-là.

Cette idée peut résoudre l'autre question que nous avons posée à propos de la guémara dans Yebamot : comment les disciples de Rabbi Akiva ont-ils pu ne pas se témoigner de respect alors que cette mitsva était une donnée essentielle des enseignements de Rabbi Akiva?
D'après ce que nous venons d'apprendre, nous pouvons expliquer que le yétser ara poussant à transgresser cette mitsva très importante s'accrut de façon exponentielle justement parce qu'elle était essentielle.
A la yéchiva de Rabbi Akiva, on mettait l'accent sur le développement des bonnes midot et des relations interpersonnelles ; aussi, le yétser ara a redoublé d'efforts pour entraver l'observance de cette mitsva.
Malheureusement, comme en témoigne la guémara, il a réussi dans ses efforts.

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-> Cette compréhension de la faute des élèves de Rabbi Akiva doit nous aider à dissiper un certain degré d'autosatisfaction.
Lorsque nous réussissons à accomplir une certaine mitsva ou vivons un moment doté d'un potentiel spirituel accru, il faut veiller à ne pas nous assoupir en éprouvant un sentiment de sécurité illusoire du fait de nos réussites.
C'est justement dans ces moments d'élévation, et dans les choses où nous avons déjà réussi, que le yétser ara redouble d'efforts pour nous faire tomber.

Pendant les jours de Séfirat haOmer, la période de préparation au don de la Torah, nous devons impérativement garder à l'esprit cet avertissement de la guémara (Kidouchin 30b) : "Le yétser ara de l'homme l'attaque à nouveau chaque jour et cherche à le tuer". Notre seul recours est d'adopter les tactiques du yétser ara, et chaque jour, développer de nouvelles stratégies.
Tel est le sens de l'avertissement de nos Sages (guémara Béra'hot 5a) : "L'homme doit toujours inciter le vétser hatov contre le yétser ara".
Même après avoir lutté contre le mauvais penchant et l'avoir vaincu, souvenons-nous que la prochaine bataille est là, devant nous et qu'elle sera certainement plus acharnée encore que la dernière.

[d'après rabbi Dovid Hofstedter - Darach David]

Shabbath est le monde à Venir en miniature (selon guémara Béra'hot 57b).
Et de même qu'un homme ne peut pas entrer dans le Monde à Venir tant qu'il ne quitte pas ce monde, alors de même nous ne pouvons pas véritablement ressentir la sainteté du Shabbath si l'on ne s'est pas séparé des jours de la semaine.
['Hidouché haRim]

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-> Etant donné que la halakha stipule qu'un non-juif qui observe Shabbat mérite la peine de mort, un juif ne peut pas entrer dans le Shabbat avec la partie non-juive de lui-même. Il doit la bannir avant l'arrivée du Shabbath.
[rabbi David de Lelov]

+ "Qui passait au-dessus des maisons des Bné Israël" (acher passa'h al baté Bné Israël)

-> Un jour, alors que rabbi Moché Leib de Sasov rendait visite à son maître, rabbi Elimélé'h de Lizensk, son rabbi lui fit l'honneur de prendre la parole.
Il enseigna :
"La Torah nous dit qu'Hachem "passa au-dessus des maisons des Bné Israël en Égypte". Devons-nous prendre cela au pied de la lettre? Comment le pourrions-nous? Sa gloire remplit le monde entier.
Nous devons plutôt imaginer que lorsque Hachem passait au-dessus de la maison d'un Bné israël vivant dans un quartier égyptien, Il sautait (posséa'h - פסח) et dansait, pour ainsi dire, et disait avec joie : "Un juif vit ici! Un juif vit ici! "
['Hidouché haRamal]

Il ne faut pas faire honte à ce qui existe, car tout a été formé avec la sagesse divine.
Ainsi, on ne doit pas déraciner une plante sans but, ni tuer une créature vivante sans raison.
[Ramak - Tomer Devorah chap.3]

Chaque Shabbat, jour imprégné d'une aura surnaturelle, la lumière spirituelle autrefois émise par les premières Tables de la Loi filtre vers la terre.
[Sfat Emet - Ki Tissa 5642]

+ Lorsque le Temple était debout, Israël sacrifiait 70 taureaux chaque Souccot, au nom des 70 nations, afin que les nations aient également de quoi se nourrir. En effet, lorsque les juifs vivaient sur leur propre terre [avec le Temple], l'abondance céleste envoyée sur la terre leur parvenait en premier lieu. Les nations du monde recevaient leur part par l'intermédiaire des juifs.

Mais maintenant qu'Israël est en exil, l'abondance va d'abord aux nations, et Israël ne reçoit que ce qui reste. Si les nations du monde s'en emparent les unes des autres, il ne reste pas grand-chose pour les juifs.
[Ben Ich 'Haï - Even Chéléma]