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Le Séder – Quelques enseignements

+++ Le Séder - Quelques enseignements :

+ Les 3 matsot :

-> Les 3 matsot qui sont utilisées pour le Séder correspondent aux 3 catégories de juifs : Cohen, Lévi et Israël.
La matsa du milieu correspondant à la tribu de Lévi.

=> Pourquoi casse-t-on la matsa du milieu dans le but de représenter le pain rompu de la pauvreté que les juifs mangeaient en Egypte, sachant que la tribu de Lévi était exemptée de l'esclavage en Egypte? N'aurait-il pas été plus logique de prendre la 3e matsa en rapport avec les Israël qui ont véritablement souffert atrocement du fait d'être esclaves?

-> Le rav Moché Feinstein (Haggada Vayaged Moché) répond que nous cassons volontairement la matsa du milieu afin de témoigner que malgré le fait que la tribu de Lévi a été physiquement épargnée de la persécution, néanmoins ils ont compati avec leurs frères esclaves et ils avaient autant qu'eux le cœur brisé.

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=> Que symbolisent les trois Matsot du Séder de Pessa’h?

On peut citer :
1°/ Les gens de Kirouan demandèrent au Gaon Mar Rav Chrira pour quelle raison on ne prend ni plus ni moins que trois Matsot la nuit de Pessa’h.
Il leur répondit qu’il s’agit là d’une allusion aux trois mesures de farine qu’Abraham demanda à Sarah d’utiliser pour faire des gâteaux de Matsot en l’honneur des trois anges venus lui rendre visite (Béréchit 18, 6), cet évènement s’étant déroulé à l’époque de Pessa’h.
Certains affirment que c’est en souvenir des "trois sommets du Monde" : Avraham, Its’hak et Yaacov. [Maassé Rokéa’h]

2°/ A l’époque du Temple, celui qui sortait de prison, apportait un sacrifice de remerciement "Todah" à Hachem. Ce Sacrifice était obligatoirement accompagné de trois Matsot. Comme le soir de Pessa’h, nous commémorons la sortie d’Egypte, comparée à une libération de prison, nous présentons également, à défaut de Sacrifice, les trois Matsot prévues pour un tel cas. [Mordékhi]

3°/ Les 3 Matsot symbolisent les trois catégories du peuple juif : Cohen כהן (celle du dessus dans le plateau du
Séder), Lévi לוי (celle du milieu) et Israël ישראל (celle du dessous).
Les premières Lettres (du bas vers le haut) formant le mot ילך (Yélé'h - ira) qui traduit le fait que allons en progressant dans notre Service divin. [Si’hot Harayats]

4°/ Les premières Lettres forment le mot: כלי (Kéli - réceptacle) en référence aux réceptacles des Lumières "intellectuelles" : Sagesse, Compréhension et Connaissance, que l’on reçoit le soir de Pessa’h, à l’image de l’enfant à qui l’on donne du blé pour qu’il puisse dire "papa" et "maman" (voir Sanhédrin 70b). [Pri Ets ‘Haïm]

5°/ La matsa qui ne fermente pas car on s’empresse de la retirer du four, symbolise l’idée de זריזות (Zrizout – vivacité). Or, la Sortie d’Egypte que l’on célèbre le soir de Pessa’h, fut marquée par cette spécificité, comme il est dit : "Et vous le mangerez (le Korban Pessa’h) à la hâte בְּחִפָּזוֹן (Bé’Hipazone)" (Bo 12,11).
Le midrach (Mékhilta Chémot 12,11) nous apprend qu’il y a eu trois "‘Hipazone" (précipitation) : le ‘Hipazone des Bné Israël qui se hâtèrent de sortir d’Egypte, le ‘Hipazone des égyptiens (qui s’empressèrent de faire sortir les Bné Israël), le ‘Hipazone de la Chékhina qui se dépêcha d’annoncer la Délivrance.
C’est pour cela que posons trois Matsot dans le plateau le soir du Séder.

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+ Les 4 verres de vin :

-> La michna (Pessa'him 99b) oblige chaque homme à boire 4 verres de vin au Séder.
Rachi explique que les 4 verres de vin correspondent aux 4 expressions de la délivrance que la Torah emploie en relation avec la sortie d'Egypte (voir Vaéra 6,6-7 : véotséti, véatsalti, véga'alti, vélaka'hti).

Par la suite, la guémara (Pessa'him 108a) déclare que même les femmes sont obligées de la mitsva de boire les 4 coupes de vin.
Rachi commente que les 4 coupes de vin correspondent aux 4 fois où le mot "coupe" est mentionné dans la Torah en lien avec le rêve du sommelier (voir Vayéchev 40,11-13).

-> Rabbi David haNagguid, un petit-fils du Rambam, présente les raisons suivantes au fait de boire 4 verres de vin au Séder :
1°/ Dans la Torah, la récompense des tsadikim (justes) est métaphoriquement comparée à une coupe.
Les 4 coupes de vin font allusion à la récompense Divine qu'Hachem donne aux tsadikim dans ce monde et dans le prochain.
[le terme "kos" (coupe) apparaît 4 fois dans la Torah Ecrite en allusion avec la récompense des tsadikim.
Il y a : Téhilim 16,5 ; Téhilim 23,50 ; Téhilim 116,13 : Yéchayahou (66,11 -> le terme "consolation" fait référence à "la coupe de consolation" (voir Yirmiyahou 16,7 ; selon Rabbénou Bé'hayé - Vaéra 6,8))]

2°/ la punition pour les réchaïm est également comparée à une coupe.
Les 4 coupes de vin correspondent aux 4 endroits de la Torah qui expriment la part maudite des réchaïm, utilisant le mot "coupe" (kos).
[les 4 versets sont : Yirmiyahou 25,15 ; Yirmiyahou 51,7 ; Téhilim 75,9 ; Téhilim 11,6]

3°/ Il y a 4 parties dans le corps humain qui sont enclines à la faute : les reins, qui sont le siège des conseils ; le coeur ; l'esprit ; la bouche.
Les 4 coupes de vin servent de rappel que nous nous efforçons d'éliminer le yétser ara de notre coeur, de nos pensées et de nos paroles.

[ On peut se demander pourquoi cette raison mentionnée par Rabbi David haNagguid se rapporte spécifiquement à la mitsva de boire les 4 coupes de vin au Séder?
Selon le rav Binyamin Wurzburger, nous pouvons répondre que lorsque Hachem nous a délivrés de l'esclavage la nuit de Pessa'h, nous sommes également devenus : "avdé Hachem" (des serviteurs d'Hachem - redevable à Son service).
Alors qu'au Séder nous buvons joyeusement ces 4 verres de vin afin d'exprimer notre gratitude à Hachem pour notre délivrance, nous contemplons également les messages supplémentaires de ces 4 coupes, sur la manière dont nous pouvons exprimer notre servitude à Hachem.
(on remercie, on fête la sortie d'Egypte, mais on montre également qu'on désire transmettre cela dans nos actions en faisant Sa volonté encore mieux. En ce sens, les 4 coupes viennent retirer le yétser ara.)]

4°/ Les juifs en Egypte étaient soumis à 4 formes d'oppression.
[ils devaient travailler avec : du ciment, des briques, et ils étaient privés de paille pour produire les briques. De plus, les enfants mâles étaient noyés dans le Nil.]
En buvant 4 coupes de vin la nuit de Pessa'h, nous affirmons notre conviction que de même que Hachem a sauvé les juifs des 4 formes d'oppression en Egypte, de même Il nous délivrera en amenant un terme à 4 exils (Babylone, Médée, Grèce et Rome).

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2020/01/20/38446

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-> Yossef (יוסף) (qui fut à l’origine de la délivrance d’Egypte) a la même valeur numérique (156) que כוס יין (Kos Yaïn – verre de vin).

-> Arba Kossot (Quatre coupes [de vin] - ד׳ כוסות) a la même valeur numérique (496) que מלכות (Malkhout – Royauté), faisant ainsi allusion que la finalité de délivrance d’Israël, est le dévoilement de la Royauté divine dans le Monde].
Les étapes de la Délivrance d’Egypte furent au nombre de quatre, car, par leur intermédiaire, fut révélé le Nom de D. à quatre lettres (le Tétragramme - שם הויה).
Ainsi, pour preuve, la Torah conclut-il: "Et vous reconnaîtrez [ainsi] que Moi, Hachem (שם הויה), Je suis votre D." (Vaéra 6,7) [Or ha'Haïm].
De ce fait, toute Délivrance d’Israël doit assurément suivre ce schéma de progression à quatre temps.

-> Le Mégalé Amoukot enseigne : "Les 4 expressions (phases) de la Délivrance d’Egypte correspondent aux 4 expressions de la Délivrance future".
Les "4 expressions" de la Délivrance future sont indiquées dans la Prophétie de Yé'hezkiel (34,13) : "Je les ferai sortir וְהוֹצֵאתִים du milieu des Nations, Je les rassemblerai וְקִבַּצְתִּים des [différentes] contrées et les ramènerai וַהֲבִיאוֹתִים sur leur sol ; Je les ferai paître וּרְעִיתִים sur les montagnes d’Israël" [Rabbénou Bé’hayé]

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+ La coupe en argent ou en verre?

-> Il y a un débat parmi les décisionnaires quand à savoir s'il est préférable d'utiliser une coupe pour le vin en argent ou bien en verre.
Selon certaines opinions (Kaf ha'Haïm - Ora'h 'Haïm 472,11), nous devons idéalement utiliser au Séder une coupe en argent, selon ses moyens.
Cela est en accord avec le principe général : on doit s'efforcer d'embellir les objets utilisés pour les mitsvot, au mieux de ses capacités.

Le Kaf ha'Haïm explique que le terme "kos" (coupe - כוס) a la même valeur numérique que : "Elokim" (אלקים), soit 86. Or, le nom Divin Elokim, dénote l'attribut de stricte justice/rigueur.
L'argent représente l'attribut de bonté (Zohar - vol.3 Ki Tétsé 277a).
En utilisant une coupe en argent, cela permet d'adoucir l'attribut de stricte justice.
Il convient d'utiliser une coupe en argent la nuit du Séder, puisque la sortie d'Egypte était un acte de bonté d'Hachem, puisque le peuple juif n'était pas méritant de la délivrance à ce moment là.

De son côté, selon le 'Hakham Tsvi, il vaut mieux utiliser une coupe en verre car une personne a du plaisir à regarder une coupe de vin rouge (il se base sur Michlé 23,31).
Puisqu'au Séder on doit se conduire d'une manière royale, on doit idéalement utiliser une belle coupe en verre afin que le vin puisse être pleinement apprécié.

Le midrach (Esther rabba 2,10) commente le verset : "on servait la boisson dans des verres d'or" (Esther 1,7).
Pourquoi au festin d'A'hachvéroch les boissons étaient-elles servies dans des verres en or? En effet, une personne est repoussée par boire du vin dans un verre en or (puisque le goût métallique de l'or est transmis au vin).
[la guémara (Nédarim 51b) rapporte que le vin est affecté négativement lorsqu'il est stocké dans un récipient pendant une longue période. (or au Séder, on peut laisser un long moment le vin dans notre coupe)]
Mais plutôt, au festin d'A'hachvéroch ils ont servi les boissons dans des coupes en verre finement gravées, qui étaient aussi belles et coûteuses que des verres en or.
Ainsi, le midrach laisse entendre que les coupes en verre sont des récipients de choix pour boire le vin.

De son côté, le rav 'Haïm Kanievsky suivait les 2 opinions en insérant une coupe en verre dans une coupe en argent.

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+ La coupe non bue :

=> Pourquoi y a-t-il 5 coupes de vin à la table du Séder, mais seulement 4 sont bues?

-> Le 'Hida explique :
A l'origine, il a été décrété que les juifs seraient esclaves pendant 430 années (voir Rachi - Bo 12,40).
Cependant, Hachem a réduit ce décret de 2 façons : 1°/ les juifs n'ont été en Egypte que durant 210 ans ; 2°/ l'esclavage très difficile n'a commencé qu'à la naissance de Myriam, soit 86 ans avant la sortie d'Egypte.
Puisque les juifs n'ont été véritablement esclaves "que" pendant 86 ans, ils ont été épargnés de 344 ans d'esclave très difficile.

La valeur numérique du terme "kos" (coupe - כוס) est de 86.
Ainsi, en buvant 4 coupes de vin, nous remercions Hachem pour les 344 années durant lesquelles Il nous a épargnés d'un terrible esclavage (86 * 4 [verres] = 344).
La 5e coupe représente les dernières 86 années, où les juifs ont été esclaves avec un travail très pénible.

Nous sommes persuadés que même ces 86 dernières années d'esclavage étaient pour le bien, et pour cette raison nous apportons la 5e coupe de vin à la table du Séder.
La coupe reste sur la table, et de cette façon nous exprimons notre remerciement à Hachem pour la bonté cachée qui s'est passée même pendant ces 86 dernières années.
Nous ne buvons pas la coupe de vin car à l'heure actuelle nous ne sommes pas capables de reconnaître la bonté ultime qui été cachée durant ces années de terribles souffrances, bien que nous sommes certains que même ces années étaient 100% pour notre bien ultime.
Cette coupe est appelée "kos chél Eliyahou" car ce ne sera qu'avec la venue d'Eliyahou haNavi pour annoncer la délivrance, que l'énorme bonté d'Hachem qui se trouve dans les souffrances de l'homme se révélera clairement.

[d'une certaine façon ce 5e verre de vin au Séder, est comme une façon de matérialiser : "lé'haïm Hachem! Merci de me combler constamment du meilleur. Certes je ne le perçois pas totalement actuellement, mais j'en suis tellement sûr que j'ai préparé la coupe pour fêter cela pleinement lorsque le machia'h sera là et que tout sera dévoilée à mes yeux!" ]

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+ Initiales des plaies :

-> Rabbi Yéhouda a établi un moyen mnémotechnique pour se souvenir des 10 plaies : דצ'ך עד'ש באח'ב (détsa'h adach béa'hav).

=> Quelle est la signification de cette abréviation?

Rabbi Ména'hem Kasher (Torah Chéléma - vol.9) donnent les explications suivantes :
-> Le midrach (Téhilim 105,8) dit que Hachem a écrit les initiales des plaies sur le corps des égyptiens.

-> Nos Sages enseignent qu'on doit s'efforcer de parler d'une manière raffinée (voir guémara Pessa'him 3a).
C'est pourquoi Rabbi Yéhouda ne voulait pas mentionner les noms des plaies directement, mais plutôt par un acronyme.

[le rabbi Binyamin Wurzburger ajoute :
la guémara (Nédarim 41b) dit qu'une certaine maladie terrible ne doit pas être mentionnée explicitement, car c'est un manque de langage raffiné (Ran).
De même, la guémara ne mentionne pas "la lèpre" par son nom, mais en fait plutôt allusion par les mots : "davar acher" (quelque chose d'autre).

Selon le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Nédarim 41b), la raison pour laquelle on se retient de mentionner ces maladies par leur nom est parce que lorsque les anges nommés en responsabilité sur ces maladies entendent les gens mentionner la maladie directement par son nom, alors cela renforce leur pouvoir de nuire ceux qui souffrent de ces maux. ]

-> Le Tossafot Yom Tov (Pirké Avot 5,4) écrit que l'acronyme contient le message suivant : "détsa'h" = votre joie ; "adach" = quand tu piétines [Tes ennemis] ; "bé'akhav" = avec la crainte de l'épée.

-> Rabbi Yaakov Emden explique ce message mnémonique d'une façon légèrement différente.
"détsa'h" = votre joie [de la nation juive] ; "adach" = ressentit en silence [sans se plaindre de l'exil] ; "bé'akhav" = [et] avec amour [de supporter le joug de l'exil].

-> Le Ma'hzor Vitri répond que Rabbi Yéhouda mentionnait dans ses enseignements les 10 plaies sous une forme abrégée, en se basant sur le dicton qu'on doit toujours enseigner à ses élèves d'une manière concise.

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Au sujet de l'abréviation des plaies :
-> Le Raavan dit que les 3 premières plaies ont été apportées par Aharon avec le bâton, les 3 suivantes sans le bâton et par Moché, et les 4 dernières par Moché et ave le bâton.

-> Le Hagahot Maïmoniyot dit que les 2 premières plaies de chaque bloc d'abréviation ont été données avec un avertissement préalable, tandis que les autres sans.

-> Selon le Shibolé haLéket :
Il y a une divergence sur le nombre de plaies qui ont frappé l'Egypte à la mer Rouge : selon Rabbi Yossi haGallili = 50 ; selon rabbi Eliézer = 200, et selon Rabbi Akiva = 250. [en cumulant les 3, on a : 500]
La guématria de l'abréviation de rabbi Yéhouda : דצ''ך עד''ש באח''ב a une guématria de 501.
Ainsi, le siman de rabbi Eliézer nous donne les 3 avis du nombre de plaies à la mer Rouge (en guématria on peut rajouter 1 pour le kollel).

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=> La question se pose : pourquoi les égyptiens ont-ils subi bien davantage de plaies à la mer Rouge?

-> Le Leil Shimourim répond que si malgré les miracles qu'ils ont eu précédemment, ils ont eu quand même l'audace de pourchasser les juifs, alors ils méritent une punition plus sévère.

-> Le Ben Ich 'Haï explique que les égyptiens ont fait souffrance à la fois le corps et à la fois l'âme des Bné Israël.
En Egypte, ils ont été puni pour avoir affligés le corps, et à la mer Rouge pour le néfech (âme).
Plus que faire souffrir l'âme est pire, ils ont été davantage punis à la mer.

-> Le Hatam Sofer explique qu'en Egypte les Bné Israël ont été sauvé par le mérite d'Avraham.
A la mer Rouge, les juifs avaient quitté l'Egypte en faisant preuve de émouna (prêts à le suivre dans le désert même sans quasi rien pour y manger et boire). Ils avaient donc leur propre mérite pour y être sauvé.
Ainsi, en Egypte ils n'ont pas pu voir les égyptiens mourir (plaie premiers nés) devant rester dans leur maison, mais à la mer Rouge chacun a vu les égyptiens mourir. [chaque égyptien a souffert à la mer au prorata de la souffrance qu'il a causé aux juifs. ]

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+ Les 16 gouttes de vin :

-> Il y a une coutume datant de la période des Richonim de tremper son doigt dans la coupe de vin, et de retirer une goutte de vin pendant que l'on récite chacune des 10 plaies, les 3 acronymes דצ'ך עד'ש באח'ב et ainsi que pour chacun des 3 termes : dam, vaéch, vétimrot achan. Cela fait un total de 16 gouttes.

Les Tossafot (Haggada Baalé haTossafot - p.94) écrivent qu'on ne doit pas dénigrer cette coutume, qui était largement pratiquée chez les Richonim, et les 16 gouttes font allusion à des concepts profonds :
-> une référence à l'épée d'Hachem, qui a 16 côtés (midrach Yalkout Chimoni Téhilim 717).
Le Darké Moché (Ora'h 'Haïm - fin 473) explique "l'épée" d'Hachem fait référence à l'ange nommé : יוה"ך qui est désigné pour asséner la vengeance d'Hachem sur les réchaïm.

-> les 16 gouttes correspondent aux 16 fois où le mot : 'haïm (vie) est mentionné dans le Téhilim 119.

-> elles correspondent aux 16 personnes qui sont appelées pour une montée à la lecture de la Torah chaque semaine (3 le lundi, 3 le jeudi, 7 le samedi matin et 3 le samedi après-midi).

-> elles correspondent aux 16 agneaux offerts en sacrifice qui étaient apportés chaque semaine au Temple.

-> ces 16 gouttes correspondent au 16 fois que le mot "déver" (peste) est mentionné dans le livre de Yirmiyahou.
Notre trempage signifie que la punition d'Hachem de la peste ne portera pas atteinte aux juifs.

-> "La Torah est un arbre de vie pour ceux qui s'y attachent" (éts 'haïm hi lama'hazikim ba - Michlé 3,18).
La valeur numérique de "hi" (הִיא) est de 16.

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+ Ouverture de la porte :

=> Pourquoi est-ce qu'au Séder de Pessa'h, on ouvre la porte après avoir récités le birkat hamazon?

-> Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Pessa'h 9,399) explique :
une des lois se rapportant au korban Pessa'h était qu'on n'avait pas le droit de prendre la viande du korban (sacrifice) dehors de notre maison jusqu'à la fin du repas pour s'assurer que personne ne partirait par erreur.
Ce n'est qu'à la fin du repas que les portes étaient ouvertes, permettant au groupe de personnes de monter sur le toit pour y réciter le Hallel. [voir guémara Pessa'him 86a]
Puisque nous mangeons l'afikoman pour nous rappeler du korban Pessa'h, nous ouvrons la porte après la fin du repas pour nous souvenir de cette ancienne coutume.

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-> Le Sar Shalom de Belz dit : "Eliyahou haNavi vient au Séder de chaque juif, et il y a des tsadikim qui le voit. Mais un niveau encore plus élevé est de croire que Eliyahou vient dans notre maison [sans même le voir]".

Selon le 'Hidouché haRim, le soir du Séder le Noda biYéhouda raccompagnait Eliyahou haNavi dehors de chez lui, sans le voir réellement, mais en étant totalement persuadé de sa présence.
Or, croire dans le fait qu'il soit là est un niveau bien plus grand que de voir Eliyahou haNavi.

-> Rabbi Mendel de Kotzk dit à l'un de ses élèves : "Tu crois que je t'ai demandé d'ouvrir, en cette soirée de Pessa'h, la porte de la maison afin que le machia'h puisse entrer. Pas du tout! Sache que ce n'est pas par la porte qu'entre le machia'h mais par l'esprit."

La délivrance d’Egypte – Quelques enseignements

+++ La délivrance d'Egypte - Quelques enseignements :

+ Hachem désire notre délivrance :

-> Lorsque Moché a dit aux Bné Israël qu'ils seraient bientôt délivrés, les gens lui ont répondu : "Moché, notre maître, Hachem a dit à Avraham que nous serons esclaves pendant 400 années, et seulement 210 ans sont passés. Comment serons-nous capables d'être délivrés déjà maintenant?"
Moché a répondu : "Puisque Hachem désire votre délivrance, Il ne prête pas attention à ces calculs" ...

Lorsque Moché a dit aux juifs que leur délivrance est imminente, ils lui ont répondu : "Moché, notre maître, comment pouvons-nous être délivrés alors que l'Egypte toute entière est souillée du fait que nous pratiquons l'idolâtrie?"
Moché a répondu : "Puisque Hachem désire votre délivrance, Il ne regarde pas votre idolâtrie" ...

Lorsque les juifs ont répliqué à Moché qu'ils n'avaient pas suffisamment de bonnes actions pour mériter d'être délivrés, Moché leur a assuré que puisque Hachem désire leur délivrance, Il les sauvera quelque soit leur manque de mérite.
[midrach Chir haChirim rabba 2,8]

[de même de nos jours, nous devons savoir qu'aucune raison ne peut tenir pour empêcher la guéoula, car Hachem désire nous délivrer, ainsi à nous de le Lui demander de tout cœur.]

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-> Le 'Hayé Adam met cela en parallèle avec les 3 signes que Hachem a demandé d'accomplir devant les juifs :
1°/ Le bâton de Moché s'est transformé en serpent, et ensuite il est redevenu bâton.
Cela démontrait que Pharaon, qui est comparé à un serpent, deviendrait comme un bâton mort et qu'il serait immobilisé pour empêcher le départ prématuré des juifs d'Egypte.
=> Ainsi, peu importe que le temps prévu pour la délivrance ne soit pas arrivé, Pharaon ne pourra rien face au désir de Hachem de nous délivrer maintenant.

2°/ La main de Moché est devenue lépreuse, et ensuite a été miraculeusement guérie.
De même que la main de Moché a été guérie sans prendre de médicament ou réaliser une action, de même la faute de l'idolâtrie des juifs sera nettoyée, même sans téchouva de leur part.

3°/ Hachem a fait que l'eau se transforme en sang.
Les juifs avaient peur qu'ils n'aient pas suffisamment de mérites pour rester libres, et qu'ainsi Pharaon puisse finalement les poursuivre et les forcer à retourner en Egypte.
Pour apaiser cette crainte, Hachem a demandé à Moché de transformer l'eau en sang.
Le sang est le signe de l'effusion de sang (suite à un carnage), à une tuerie. (Maharal - Guévourot Hachem)
De même que le sang n'est pas redevenu de l'eau, de même les égyptiens seront complètement détruits et ils ne présenteront plus jamais un danger dans le futur. ('Hizkouni - Chémot 4,9)

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+ Un temps pour la circoncision :

=> Pourquoi Hachem a-t-il ordonné aux Bné Israël de réaliser la mitsva de la circoncision (mila) avant de quitter l'Egypte?

-> La Mékhilta (Bo 7) répond que c'était afin que Hachem puisse voir le sang de la circoncision, et ainsi se rappeler le mérite de la Akédat Its'hak.

-> Le Sifté Cohen (al haTorah - Bo) enseigne :
Pendant la nuit de la sortie d'Egypte, Hachem a exécuté de la justice stricte sur les égyptiens en tuant les premiers-nés.
Afin d'apaiser l'attribut de justice/rigueur, qui cherchait également à porter atteinte aux juifs en raison de leurs fautes, Hachem a ordonné que les juifs s'auto-affligent par la circoncision.

-> Le Maharal (Guévourot Hachem - chap.35) écrit :
La nation juive avait besoin d'un mérite particulier pour être sauvée de leur esclavage par les égyptiens.
Puisque la circoncision requiert un grand degré de sacrifice de soi, elle est particulièrement propice à éveiller la miséricorde d'Hachem.

-> Le Maharal y explique également :
La orla (le prépuce) crée une barrière spirituelle entre l'homme et son Créateur.
Les juifs devaient faire la brit mila afin de devenir réceptifs au service Divin et d'ainsi être méritants de la délivrance.

-> Selon rabbi Shlomo Kluger (Kéhilat Yaakov - vol.10) :
après que Avraham a été circoncis, il est devenu une figure paternelle bien-aimée pour toutes les nations. [ "tu seras le père d'une multitude de nations" - Lé'h Lé'ha 17,4]
C'est parce qu'il y a une qualité métaphysique dans la brit mila, elle accorde à celui qui a été circoncis de trouver grâce et faveur aux yeux de tous ceux qui le voient.
Hachem a ordonné aux juifs de subir la circoncision afin qu'ils puissent trouver grâce aux yeux des égyptiens, qui consentiraient alors à ce que les juifs prennent tous leurs biens de valeur.

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+ L'importance d'attendre la délivrance :

-> Avant que les juifs ne quittent l'Egypte, Hachem leur a ordonné de manger du korban Pessa'h avec "la ceinture aux reins (Rachi : Prêts à vous mettre en route), la chaussure aux pieds, le bâton a la main ; et vous le mangerez à la hâte" (Bo 12,11).

=> Puisqu'ils ont mangé le sacrifice (korban) pendant la nuit et qu'ils n'ont quitté l'Egypte qu'au matin, en quoi était-il nécessaire d'être aussi pressés dès le début de la nuit (ils ne sortiraient pas avant plusieurs heures)?

Le rav Yéhou'ham Lévovitz (Daat Torah - Bo 12,11) souligne que c'est parce qu'ils étaient préparés à partir et qu'ils attendaient avec impatience le moment de leur délivrance, qu'ils ont pu réellement mériter la délivrance.
La même chose s'applique à notre situation en exil.
Nous disons dans la prière de "Alénou" qui clôture chacune de nos prières : "Notre ferme espoir, Hachem notre D., est de voir rapidement les splendeurs de Ton pouvoir".
Si nous montrons qu'au sens figuré nous sommes avec "nos valises toutes prêtes", se tenant prêts à quitter l'exil actuel, et ne pouvant pas supporter d'attendre que ce moment arrive, alors par ce mérite nous serons méritants de la délivrance.

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+ Un départ à la hâte :

Au sujet de la délivrance d'Egypte :
- "c'est avec précipitation que tu as quitté le pays d'Egypte" (Réé 16,3)
- "la ceinture aux reins (Rachi : Prêts à vous mettre en route), la chaussure aux pieds, le bâton a la main ; et vous le mangerez à la hâte" (Bo 12,11).
Par contre, au sujet de la délivrance futur, il est écrit : "car ce n'est pas avec une hâte éperdue que vous vous échapperez, ce n'est pas dans une fuite précipitée que vous partirez" (Yéchayahou 52,12).

=> Pourquoi la délivrance d'Egypte a exigé de la hâte, mais cela ne sera pas le cas avec la délivrance finale?

-> Les juifs ont dû quitter l'Egypte avec hâte car s'ils étaient restés même une seconde de plus, ils seraient descendus au 50e niveau d'impureté, un point de non-retour duquel ils n'auraient jamais pu être délivrés.
Cependant, une fois que le peuple juif a reçu la Torah sur le mont Sinaï, ses propriétés protectives et purifiantes, les empêchent pour toujours de tomber dans un tel déclin spirituel. C'est pourquoi une délivrance à la hâte ne sera pas nécessaire dans le futur.
[Chla haKadoch (traité Pessa'him - perek Torah Ohr)]

-> Le Maharal (Nétsa'h Israël - chap.47) explique que la précipitation signifie un élément d'imperfection et d'éphémère.
Si les juifs étaient restés en Egypte la totalité des 400 années (paroles d'Hachem à Avraham), ils auraient atteint une perfection totale et ils n'auraient plus besoin de retourner de nouveau en exil.
Hachem a écourté les années de l'exil en Egypte par nécessité d'arrêter tout déclin spirituel supplémentaire.
Pour témoigner du fait que le moment de la délivrance n'était pas idéal, mais plutôt basé sur l'urgence, Hachem a pris les juifs d'Egypte d'une manière précipitée.

-> Selon rabbi 'Haïm Zaichik (Maayané ha'Haïm - vol.3) :
Lorsque les juifs ont quitté l'Egypte, ils ont ressenti un énorme élan d'inspiration spirituelle.
Hachem a conduit la délivrance avec précipitation pour servir de message sur le fait qu'une personne doit transformer avec hâte/précipitation une inspiration en une action.
C'est pourquoi les juifs ont reçu l'ordre de manger le korban Pessa'h avec précipitation, afin qu'ils puissent ancrer leur inspiration éphémère dans une action concrète pour éviter qu'elle ne disparaisse.
Cependant, au moment de la délivrance future, la gloire d'Hachem se manifestera constamment pour l'éternité, ainsi l'élément de la précipitation ne sera plus nécessaire à ce moment.
[de nos jours lorsqu'on a une vision de la réalité de la grandeur d'Hachem, on doit essayer de le matérialiser dans une action, de peur de perdre cet éclair de lucidité. Dans le futur on n'aura plus une telle peur car la présence d'Hachem sera toujours éclatante.]

-> Le 'yétser ara est comparé à de la levure et à de la pâte levée.
Rabbi Shnéour Zalman de Liadi explique que la pâte levée symbolise l'arrogance/l'orgueil, qui est à la base de la plupart des fautes, tandis que le pâte sans levain (qui n'a pas levé - la matsa) représente l'humilité et la simplicité.
A un niveau plus profond, Hachem a précipité la libération d'Egypte, pour que la pâte dans les juifs ne lève pas, c'est-à-dire pour leur enseigner de ne jamais manifester d'arrogance en Sa présence.
[bénéficiant d'incroyables miracles, ayant énormément de richesses, ... les juifs risquaient d'avoir un peu de d'orgueil dans leur coeur en quittant la tête haute l'Egypte (ex: c'est en partie grâce à moi! ; au regard de ce qui a été fait aux égyptiens, je suis le plus fort du monde!). Pour souligner la gravité de l'orgueil, et l'éviter, Hachem a fait sortir les juifs d'Egypte avec précipitation.
Comme on l'a vu précédemment, lors de la guéoula finale la présence d'Hachem sera tellement manifeste qu'on n'aura pas besoin d'être délivrés dans la hâte. ]

-> Selon le midrach (Chémot rabba 19,6), lorsque les juifs ont quitté furtivement l'Egypte, les égyptiens se sont motivés pour les poursuivre et récupérer leurs biens. C'est pourquoi, Hachem a juré qu'au moment de la délivrance future, les juifs ne seront pas libérés à la hâte.
[la guéoula ne se fera pas avec les juifs fuyant comme des "voleurs", mais paisiblement comme cela revient aux fils adorés du Roi des Rois, la gloire de leur papa Hachem sera alors manifeste aux yeux de toutes les nations.]

-> Le machia'h atteindra des niveaux de compréhension de D. qui n'ont jamais été atteint auparavant par un mortel, même pas par Moché Rabbénou, comprenant même le 50e niveau de compréhension.
Ainsi, le prophète [Yéchayahou] décrit ce futur dirigeant en de sublimes termes : "il s'élève, grandit, est placé très haut" (Yéchayahou 52,13), ce qui indique un niveau plus élevé que celui qu'a pu atteindre Moché.
En effet, Moché a demandé à Hachem : "De grâce, Seigneur, donne cette mission à quelque autre!" (Chémot 4,13) = c'était une requête pour qu'Il envoie l'ultime rédempteur pour libérer les juifs, sachant que ses capacités [à Moché] de délivrer les juifs étaient limitées.
A la lumière de cela, nous pouvons comprendre pourquoi contrairement à la sortie d'Egypte, la libération finale ne se déroulera pas dans la précipitation, comme le prophète l'affirme : "ce n'est pas avec une hâte éperdue que vous vous échapperez, ce n'est pas dans une fuite précipitée que vous partirez" (Yéchayahou 52,12).
[Sfat Emet - 5659]

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+ Les 2 sorties d'Egypte :

-> "Hachem, ton D., t'a fait sortir d'Egypte, la nuit" (Réé 16,1)
-> " il faut que tu te souviennes, tous les jours de ta vie, du jour où tu as quitté le pays d'Egypte" (Réé 16,3)

=> Pour la sortie d'Egypte, la Torah fait allusion à la fois à la nuit et à la journée. Laquelle était-ce?

-> Le rav Shimon Schwab explique qu'il y avait 2 périodes distinctes :
1°/ la véritable sortie des frontières d'Egypte, qui a eu lieu lorsque le soleil s'est levé le matin ;
2°/ lorsque les juifs ont égorgés le korban Pessa'h, qu'ils ont mis le sang sur les linteaux de leur porte, qu'ils se sont assis autour de la table du Séder avec leur femme et leurs enfants, alors leur demeure a été transformée d'une maison égyptienne en une maison juive.
Ces maisons juives étaient totalement déconnectées de toute influence égyptienne, que ce soit culturellement, spirituellement, ...
Ainsi dès ce moment-là, les juifs ont déjà été délivrés d'Egypte, ils étaient déjà dans un autre domaine.
[d'une certaine façon cela ressemble à une ambassade. Ils étaient en Egypte, mais l'espace de leur maison avait des propriétés 100% juives. ]

"Hachem, ton D., t'a fait sortir d'Egypte, la nuit" = Physiquement, les juifs n'ont pas quitté l'Egypte avant la lumière du jour, mais d'un point de vue culturel et spirituel, ils ont pu être délivrés la nuit précédent ce "jour où tu as quitté le pays d'Egypte".

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=> Quel est la plus grande délivrance : celle de la nuit ou du jour?

-> Le rav Its'hak Hutner (Maamaré Pa'had Its'hak - chap. 101) explique :
La délivrance de la nuit de Pessa'h n'était pas une délivrance (guéoula) complète, qui n'est devenue pleinement réalité que le lendemain matin. Cependant, c'était quelque chose de plus grand. C'était une géoula parfaite.
Lorsque Hachem a sauvé le peuple juif pendant la plaie des premiers-nés, Il a créé : "béni bé'hori Israêl" (Mon premier-né, Israël). Pendant ce moment, les juifs étaient à 100% pour Hachem, et ils ont divorcé complétement de leur entourage égyptien.
Pendant la nuit de Pessa'h, nous sommes capables de nous élever et de revivre cette guéoula parfaite.

Lorsque le peuple juif a quitté [physiquement] l'Egypte le lendemain : "le érev rav les avait suivis" (Bo 12,38). Rachi explique le "érev rav" = un mélange de convertis venus des nations.
Ainsi, pendant le restant de l'année, nous ne pouvons pas se connecter à l'incroyable délivrance de la nuit de Pessa'h. Puisque nous vivons dans un monde imparfait, nous sommes alors uniquement capables de nous rappeler de la délivrance (guéoula) imparfaite et tangible, celle de la sortie concrète d'Egypte le matin du 15 Nissan.

La descente en Egypte – Quelques enseignements

+++ La descente en Egypte - Quelques enseignements :

+ Une descente en Egypte

=> Pourquoi Hachem a-t-il décrété que les juifs soient exilés en Egypte?

-> Le Abarbanel donne plusieurs raisons à cela :
1°/ Avraham a été puni que ses enfants (sa descendance) soient esclaves en Egypte car il a enrôlé des sages en Torah pour l'aider dans la guerre contre les 4 rois (guémara Nédarim 32a) ;

2°/ Avraham a été puni pour avoir consenti à laisser les prisonniers de guerre en la possession du roi de Sodome. Avraham a ainsi raté l'opportunité de leur enseigner les voies d'Hachem et de les amener sous les ailes de la Présence Divine. (guémara Nédarim 32a)

3°/ Lorsque Hachem a promis à Avraham que ses enfants hériteront de la terre d'Israël, il a témoigné d'un manque de émouna totale, en demandant ensuite : "Hachem, comment saurai-je que J'en hériterai?" (Lé'h Lé'ha 15,8). Pour cela, il a été puni que ses descendants soient esclaves en Egypte.

Abarbanel demande : pourquoi est-ce que les descendants d'Avraham ont-ils été punis pour une faute que leur ancêtre Avraham a pu commettre?
Il répond que l'exil en Egypte ne doit pas être vu comme une punition mais plutôt comme une conséquence de la minuscule carence spirituelle qu'Avraham possédait et qu'il a transmis à sa descendance dans leur ADN spirituel.
L'exil égyptien était nécessaire pour nettoyer les juifs de ces défauts spirituels et les anoblir afin qu'ils soient des récipients méritants de la Torah et de la terre d'Israël.

[Rabbénou Efraïm (Vayikra 11,42) nous enseigne qu'à l'origine Hachem avait l'intention de faire le don de la Torah à l'époque de Avraham. En conséquence de son minuscule manque de confiance en Hachem (Lé'h Lé'ha 15,8), le don de la Torah a été repoussé jusqu'après la sortie d'Egypte.]

4°/ Avraham a témoigné un manque de émouna lorsqu'il a quitté la terre d'Israël et qu'il est descendu en Egypte au moment de la famine. [Ramban - Lé'h Lé'ha 12,10]
[le Ran conteste cela, puisque la descente d'Avraham en Egypte est comptée parmi les 10 épreuves d'Avraham, dont nos Sages disent que Avraham les a surmontées.]

5°/ L'exil en Egypte n'était pas une punition. Plutôt, c'était des "souffrances d'amour" (yissourim chel aava), afin de rendre les juifs méritants de recevoir la Torah. [rapporté au nom du Ran]
[Abarbanel questionne cette opinion en se basant sur le principe : "il n'y a pas de punition sans faute" (én yissourim bélo avon). Apparemment, Abarbanel souscrit à l'avis du Ramban que les "souffrances d'amour" ne sont amenées sur une personne uniquement à la suite d'une infraction mineure, par exemple une faute qui a été commise involontairement.]

6°/ La sorcellerie jouait un rôle important dans la culture égyptienne, et les juifs n'étaient pas à l'abri de ses charmes. L'exil égyptien était dans le but de démontrer la toute-puissance d'Hachem, le fait qu'il n'existe aucune force/pouvoir autre qu'Hachem.
[d'après le rav 'Hasdaei - un élève du Ran]

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-> Selon Abarbanel, l'exil égyptien était une punition des enfants de Yaakov pour avoir essayés de tuer leur frère Yossef, et pour l'avoir vendu en esclavage.
[Abarbanel ajoute que Yaakov était également coupable d'avoir montré du favoritisme à Yossef et d'avoir placé Yossef en danger en l'envoyant rejoindre ses frères pour surveiller le troupeau, bien qu'il était conscient que ses frères le détestaient.
Yossef était coupable involontairement de se vanter en rapportant ses rêves à ses frères.
Bien que Réouven ne soit pas présent au moment de la vente, il a également eu de la rancune envers Yossef, comme il l'admettra : "En vérité nous sommes punis à cause de notre frère; nous avons vu son désespoir lorsqu’il nous criait de grâce et nous sommes demeurés sourds" (Mikets 42,21).
Binyamin était complétement innocent de la vente de Yossef. Il a été puni avec eux en se basant sur le principe : "une minorité juste est punie parmi une majorité pécheresse".]

Abarbanel développe ensuite :
1°/ Puisque les frères ont vendu Yossef en tant qu'esclave en Egypte, leur descendance a également été esclave en Egypte.
2°/ puisqu'ils ont jeté Yossef dans le puits, il a été décrété que leurs enfants soient jetés dans le Nil.
3°/ la vente de Yossef est provenue en conséquence des frères qui regardaient le bétail de leur père.
De même, la motivation de leur descente en Egypte a été de trouver du pâturage pour le bétail.
["ils dirent à Pharaon : "Nous sommes venus émigrer dans ce pays, parce que le pâturage manque aux troupeaux de tes serviteurs" - Vayigach 47,4]
4°/ les frères ont trempé le vêtement de Yossef dans le sang de la chèvre/bouc, qui appartenait au bétail de la famille.
Comme expiation de cette faute, Hachem a ordonné que les juifs apporte le sacrifice de Pessa'h d'une chèvre/bouc ou d'un mouton.

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-> On a pu voir que lorsque Hachem a promis à Avraham que ses descendants hériteraient de la terre d'Israël, Avraham a demandé : "Hachem, comment saurai-je que J'en hériterai?" (Lé'h Lé'ha 15,8).
Puisque cette question témoignait d'un minuscule défaut dans la émouna quasi parfaite d'Avraham, Hachem a alors décrété que ses descendants allaient subir l'exil en Egypte.
Le Pirké déRabbi Elézer (48) rapporte les mots d'Hachem : "Par ta vie! Tu sauras sûrement que tes enfants seront des étrangers dans un pays qui n'est pas le leur".

=> Comment cette punition va-t-elle rectifier la faute d'Avraham?

Le Maharal (Guévourot Hachem - chap.9) explique qu'en subissant l'exil égyptien et en étant témoins des énormes miracles de la sortie d'Egypte, les descendants d'Avraham ont atteint un niveau exceptionnel de émouna en Hachem, et une reconnaissance de Sa providence.
Cela a rectifié le subtile manque d'émouna témoigné dans la question d'Avraham, par lequel il a cherché un certain degré de confirmation de la promesse d'Hachem.

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=> Pourquoi Hachem a-t-il choisi l'Egypte, parmi tous les pays, comme terre sur laquelle les Bné Israël subiront leur exil?

-> Le rav Avigdor Miller est d'avis que l'Egypte avec toutes sa dépravation, était quand même la nation la plus spirituellement élevée de cette époque.
En effet, lorsque Avraham a séjourné en Egypte, il a réussi à leur transmettre une compréhension d'Hachem.
Pour cette raison, l'Egypte était le pays le plus adapté pour héberger le peuple juif dans l'exil avec le moins d'impact négatif.

-> D'autres commentateurs ne sont pas d'accord. Selon eux, l'Egypte était en réalité la nation spirituellement la basse de toutes. Hachem les a spécifiquement placé dans le plus sombre de tous les endroits, à la fois matériellement que spirituellement, afin d'affiner leur corps et leur âme, le plus possible.

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-> "Tu as fait sortir de l'Egypte, du milieu de ce creuset de fer" (Méla'him I 8,51)

=> Pourquoi l'exil en Egypte est-il appelé : "kour habarzel" (le creuset de fer)?

-> Rabbi Avigdor Miller explique que dans les temps anciens, le fer était un métal très rare et très coûteux, et ainsi il n'était utilisé qu'en cas d'absolue nécessité.
La plupart des creusets étaient faits en céramique, à l'exception de ceux utilisés pour faire fondre l'or, puisque l'or requiert une température plus élevée pour être bien affiné.
Puisque les juifs sont considérés comme "l'or" d'Hachem, ils ont été mis à l'épreuve du "creuset de fer", afin qu'ils puissent émerger comme de l'or pur.

Rabbi Avigdor Miller énumère quelques avantages de cet intense processus de purification dans le "creuset de fer" de l'Egypte :
1°/ Avant le don de la Torah, aucun être humain n'a atteint le niveau spirituel suffisant pour être capable de participer à un sacrifice (korban).
En conséquence de l'exil en Egypte, le corps physique des juifs a été transformé en un autel pour Hachem, et ils ont pu manger un sacrifice dédié à Hachem (le korban Pessa'h).
C'est pourquoi la première mitsva qui a été donnée aux juifs avant de quitter l'Egypte a été de manger le korban Pessa'h.

2°/ Le "creuset de fer" de l'Egypte a purifié les juifs de toutes les saletés spirituelles.
Parce qu'ils étaient réduits en esclavage, les Bné Israël ont appris à être humbles et miséricordieux. Cela a affiné leur personnalité.
Ce n'est que par le biais de leurs souffrances en Egypte, qu'ils ont pu devenir méritants de devenir la nation choisie par Hachem et être capable de recevoir la Torah.

3°/ En raison de leur peur constante de leurs contremaîtres égyptiens, ils étaient forcés à avoir à tout moment un comportement exemplaire dans tous les aspects de leur conduite.

4°/ Avant de descendre en Egypte, les descendants de Yaakov n'étaient qualifiés qu'en tant que bergers.
Suite au fait d'être esclaves en Egypte, ils ont maîtrisé tous les types de métiers, ce qui leur a permis de construire le Michkan.

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+ Le lien entre Lavan & l'Egypte :

-> Il est écrit dans la Haggada : " L'araméen (Lavan) désira détruire mon père ; et il descendit en Égypte".

=> Quel est le lien entre ces 2 événements?

-> Le 'Hatam Sofer (guémara Guitin 17a) enseigne :
Les enfants de Yaakov auraient pu accomplir la nécessité de l'exil en résidant dans la maison de Lavan pendant 210 années. Cependant, Hachem savait que puisque Lavan était plus mauvais (racha) que Pharaon, il tenterait de détruire la nation toute entière.
C'est pourquoi, dans Sa bonté, Hachem a fait en sorte qu'ils descendent en Egypte, où leur persécution serait moins sévère.

-> Rabbi Eliézer Waldenberg (Tsits Eliézer 17,24) explique :
Nos Sages (Targoum Yonathan ben Ouziel - Mattot 31,8) disent que Bil'am était en réalité Lavan.
Lorsque les efforts de Lavan pour déraciner la maison de Yaakov se sont avérés inutiles, il les a suivis en Egypte et il a conseillé Pharaon de détruire tous les juifs.
C'est pourquoi ce passage de la Haggada se lit ainsi : "L'Araméen [Lavan] désira détruire mon père. [Lorsque cela s'est avéré un échec, ] il [Lavan] descendit en Égypte [pour détruire les juifs].
Lavan a essayé [de persuader Pharaon] de tuer tous les juifs, mais Pharaon [n'a suivi son conseil que dans la mesure où ] il détruit les mâles".

-> Selon le Ritva, c'est pour démontrer à quel point nos Patriarches ont pu éprouver des difficultés sans relâche au cours de leur vie, comme accomplissement du décret de Brit ben haBétarim.

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+ Le territoire de Gochen :

=> Pourquoi Yossef a-t-il choisi la terre de Gochen comme lieu pour établir la famille de Yaakov au moment de leur descente en Egypte?

-> Selon le Ramban (Vayigach 45,10), Yossef savait que Yaakov ne voudrait pas que sa famille vive à proximité du palais royal, ainsi il les a installés dans la banlieue de Gochen.

-> Selon le Pirké déRabbi Eliézer (26), lorsque Pharaon a enlevé Sarah, il lui a donné la ville de Gochen comme un cadeau pour sa grande affection pour elle.
Les Baalé Zékénim miBaalé haTossafot (Vayigach 46,29) ajoute que c'est pour cela que lorsque les enfants de Yaakov sont arrivés en Egypte, ils ont choisi la ville de Gochen pour leur résidence, sachant que les égyptiens ne protesteraient pas de ce choix de localisation.

-> Le midrach (cité dans Kaftor vaFérach - chap.11) affirme que la terre de Gochen a le statut de la terre d'Israël, et que c'est pour cette raison que Hachem a fait en sorte que les descendants de Yaakov vivent à Gochen pendant leur exil en Egypte.
Si les juifs auraient choisi de ne rester qu'en terre de Gochen, et se consacrer totalement à des activités spirituelles, les égyptiens auraient été incapables de les soumettre à l'esclavage.
Comme la Torah le rapporte, l'esclavage n'a commencé que lorsque les juifs ont quitté les limites de Gochen afin d'être pleinement intégrés dans la société égyptienne.
[ "ils remplissaient la contrée. Un roi nouveau s'éleva sur l'Égypte, lequel n'avait point connu Yossef" - Chémot 1,7-8]

Hachem a dit à Avraham à la Brit ben haBétarim, que : "Sache-le bien, ta descendance sera étrangère sur une terre qui ne sera pas la sienne, où elle sera asservie et opprimée" (Lé'h Lé'ha 15,13).
Les termes : "sur une terre qui ne sera pas la sienne" (béérets lo lahem) en apparence superflus, nous apprennent que la servitude ne commencera qu'à partir du moment où ils quitteront Gochen, qui est en fait leur propre terre d'Israël, et qu'ils empiètent sur le territoire d'Egypte, une terre qui n'est pas leur.
[Maharil Diskin al haTorah - Lé'h Lé'ha 15,13]

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+ L'exemption religieuse :

-> La tribu de Lévi n'était pas soumise à l'esclavage en Egypte (midrach Chémot rabba 5,16 ; Rachi Chémot 5,4).
=> Pourquoi le racha Pharaon a-t-il fait une chose aussi incompréhensible que de libérer totalement une tribu toute entière d'Israël de l'esclavage?

1°/ Rabbi Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Vayigach 47,27) enseigne :
En tant que vice-roi d'Egypte, Yossef a institué que les prêtes recevraient une allocation de Pharaon et seraient exemptés de payer des impôts. Cela a ancré dans la culture égyptienne que l'on doit accorder des privilèges particuliers aux responsables religieux.
Il en a résulté que Pharaon a reconnu la tribu de Lévi comme une caste de prêtes, et il les a ainsi exemptés de l'esclavage auquel il a soumis les autres tribus.

2°/ Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan - Vaéra) explique que Pharaon a été informé par les astrologues que le sauveur d'Israël était destiné à provenir de la tribu de Lévi. Pharaon a bien compris que c'est uniquement une personne qui a pu souffrir ensemble avec ses frères juifs qui peut mériter de devenir leur dirigeant.
En dispensant la tribu de Lévi de l'esclavage, Pharaon pensait qu'il pourrait ainsi faire obstacle à la délivrance du peuple juif.
["[Moché] fut témoin de leurs souffrances" (Chémot 2,11), Rachi commente : Il s’appliqua de tous ses yeux et de tout son cœur à souffrir avec eux. ]

3°/ Le Maharal (Gour Aryé 5,4) enseigne :
Pharaon était conscient que la prophétie d'Hachem était que les descendants d'Avraham soient esclaves sur une terre étrangère, mais finalement la nation qui les aura persécutés sera elle-même punie.
Il a bêtement pensé qu'il pouvait échapper à la punition Divine s'il dispensait une tribu de l'esclavage.
Il a choisi la tribu de Lévi, puisqu'elle était la plus élevée spirituellement de toutes les tribus.

Le Maharal développe l'idée que Pharaon pensait avoir trouvé un "vide juridique" dans la prophétie Divine prédisant à un malheur final (pour avoir fait du mal à outrance au peuple juif).
Dans la Brit ben Habétarim (l'alliance entre Hachem et Avraham), il est écrit : "Sache-le bien, ta descendance sera étrangère sur une terre qui ne sera pas la sienne, où elle sera asservie et opprimée ... mais à son tour, la nation qu'ils serviront Je la jugerai" (Lé'h Lé'ha 15,13-14).
Ainsi, puisque les égyptiens ne rempliraient pas la première partie de la prophétie Divine, puisqu'ils ne vont pas réduire à l'esclavage l'intégralité de la descendance d'Avraham (Pharaon en ayant épargné la tribu de Lévi), la partie suivante de la prophétie, qui rapporte la punition destinée à la nation qui les asservira, sera également non réalisée.
Pharaon s'est trompé en considérant la tribu de Lévi comme une partie de la descendance d'Avraham, alors qu'en réalité ils étaient considéraient comme "la portion d'Hachem" et ils n'ont jamais été destinés à être soumis à l'esclavage.
[le rav Binyamin Wurzburger explique que "la descendance d'Avraham" renvoie uniquement aux tribus qui partagent le minuscule manquement de émouna d'Avraham (voir guémara Nédarim 32a), et elles devaient subir un processus de purification par l'exil égyptien. ]

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+ Le rôle central de la tribu d'Efraïm :

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.48) rapporte que les Bné Israël vivaient en toute sécurité en Egypte jusqu'à ce que Yagnoum, de la tribu d'Efraïm, a faussement prophétisé que Hachem lui a ordonné de faire sortir les juifs d'Egypte.
Les membres de la tribu d'Efraïm, qui sont des descendants de Yossef, se sont vantés de leur ascendance royale et d'être de bons guerriers, et ils ont quitté de force l'Egypte avec leur famille.
Les égyptiens les ont poursuivit et les ont tués, et c'est après cela qu'ils ont commencé à réduire à l'esclave tous les juifs.

Le Pirké déRabbi Eliézer rapporte ensuite que pendant la période de l'esclavage, les hommes, les femmes et les enfants ont été forcés de piétiner la paille pour en faire des briques, et du sang coulait de leurs pieds se mélangeant avec le ciment.
Il y avait une certaine femme enceinte nommée Ra'hél, de la tribu d'Efraïm, qui a perdu son fœtus à la suite d'avoir piétinée la paille, et il s'est mélangé avec le ciment pour former une brique.
Elle a crié d'angoisse à Hachem, et l'ange Mikhaël a pris cette brique et l'a amenée devant le Trône de Gloire d'Hachem.
Cela s'est produit la nuit du 15 Nissan, et à ce moment Hachem a ordonné que tous les premiers-nés égyptiens soient tués au même moment l'année suivante.

-> Le Radal explique le lien entre ces 2 événements.
De même que les membres de la tribus d'Efraïm ont commencé les persécutions de l'exil égyptien, de même la délivrance a commencé en conséquence d'une femme de la tribu d'Efraïm.

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+ Le "brillant" plan de Pharaon :

-> Pharaon a dit à ses compatriotes : "Agissons avec sagesse contre lui (le peuple juif) afin qu'ils ne deviennent pas nombreux" (Chémot 1,10-11), et il a décidé de les rendre esclaves.
=> Qu'est-ce qui était si brillant à propos du plan de Pharaon ("avec sagesse")? N'y avait-il pas des solutions plus simples pour limiter l'augmentation de la population juive?

Le rav Yonathan Eibschutz (rapporté dans le Maayané ha'Haïm 2) répond que Pharaon avait peur que les égyptiens deviennent si admiratif du comportement exemplaire des juifs, que cela entraînerait une conversion de masse parmi la population égyptienne.
[le rav Binyamin Wurzburger explique qu'ainsi "afin qu'ils ne deviennent pas nombreux" ne fait pas référence à l'augmentation naturelle des juifs, mais plutôt à l'augmentation de leur nombre en conséquence de la conversion de masse.]
Le plan astucieux de Pharaon était de rendre esclaves les juifs, car alors ils seraient une nation méprisable, opprimée, et ils ne seraient plus regardés avec admiration.
[qui aura comme ambition de devenir un "sale" esclave! ]

La veille de Pessa’h – Quelques enseignements

+ La veille de Pessa'h - Quelques enseignements :

1°/ Le jeûne des premiers-nés :

-> Selon le Rama (Ora'h 'Haïm 470,1), il est de coutume que les premiers-nés masculins jeûnent la veille de Pessa'h.

-> Certains commentateurs disent que c'est en souvenir de la nuit de Pessa'h durant laquelle tous les premiers-nés égyptiens ont été tués, tandis que les les premiers-nés juifs ont été épargnés.
Cette raison semble difficile, car non seulement les premiers-nés masculins ont été sauvés, mais également les féminins.
De plus, dans les maisons égyptiennes où il n'y avait pas de premier-né, Hachem a tué le membre le plus âgé de la famille.
=> Si c'est ainsi, pourquoi les premiers-nés féminins et les membres les plus âgés du foyer (peu importe qu'il ou elle soit premier-né) devraient également jeûner?

-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach répond que cette coutume que les premiers-nés masculins jeûnent la veille de Pessa'h, n'est pas liée à leur sauvetage miraculeux, mais elle provient du fait que spécialement en jour, ils sont accablés de chagrin et d'un profond sentiment de perte.

Initialement, les premiers-nés mâles étaient affectés pour accomplir le service dans le Temple.
Ils ont reçu ce rite sacré à la suite de la plaie des premiers-nés. En épargnant leur vie, Hachem les a sanctifiés pour qu'ils deviennent Ses serviteurs.
Cependant, à la suite du péché du Veau d'or, les premiers-nés ont perdu leur statut sanctifié, et le droit de réaliser le service du Temple a été transféré à Aharon et ses descendants.

Aucun autre jour de l'année ne souligne davantage la perte des premiers-nés que la veille de Pessa'h.
A l'époque du Temple, tous les juifs se rassemblaient à Jérusalem en ce jour afin d'apporter leur sacrifice Pessa'h au Temple, et ainsi pas moins de 600 000 offrandes étaient apportées en ce seul jour.
Tandis que les Cohanim s'immergeaient totalement dans le saint service de ce jour, les premiers-nés regardaient d'un air découragé, témoins de leurs propres yeux de l'étendue de leur perte.
A chaque offrande/sacrifice supplémentaire, leur angoisse et leur sentiment de perte s'intensifiaient davantage, puisqu'ils se rappelleraient comment le service du Temple pourrait être le leur s'ils n'avaient pas participé à la faute du Veau d'or.
=> Leur douleur était si importante la veille de Pessa'h, qu'ils n'arrivaient pas à manger ou à boire.
C'est comme cela qu'il arrivait que les premiers-nés jeûnaient la veille de Pessa'h.

[ainsi en l'absence du Temple les premiers-nés ne ressentent pas cette douleur, mais le jeûne la veille de Pessa'h doit nous relier à cela, et à espérer en la venue du machia'h avec laquelle les premiers-nés auront de nouveau une part dans le service du Temple.]

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-> Le Yaavets (Siddour Yaavets, Inyané Erev Pessa'h) écrit que pendant le jeûne des premiers-nés, les personnes pieuses jeûnent également.

=> Avant Pourim, il y a le jeûne d'Esther, et avant Pessa'h, il y a le jeûne des premiers-nés. Pourquoi jeûne-t-on tout particulièrement avant ces 2 fêtes?

-> Le Maguid Mécharim (p.74) explique :
il existe un ange céleste du "côté du mal", qui encourage les gens à boire et à s'amuser.
Ensuite, cet ange monte au Ciel et accuse ces personnes pour leur imprudence.
A Pourim et à Pessa'h, nous avons l'obligation de boire une quantité considérable de vin.
Le fait de jeûner avant Pourim et Pessa'h va affaiblir cet adversaire céleste, l'empêchant d'émettre des accusations contre nous.
Le fait de jeûner en ces jours, démontre que notre consommation de boissons pendant la fête n'est pas pour satisfaire nos désirs corporels, mais uniquement afin de servir notre Créateur.

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=> Il en résulte : on peut se poser la question suivante : est-ce qu'on doit faire un effort délibéré pour éviter de susciter la colère des anges et des démons lorsque l'on accomplit une mitsva?

-> Il y a plusieurs sources qui indiquent que c'est effectivement le cas :
1°/ nos Sages ont institué que la déclaration avec laquelle nous annulons le 'hamets avant Pessa'h (le Kol 'Hamira), doit être faite en araméen.
Le Séder Hayom (séder biour 'hamets) dit que la raison pour cela est que cette déclaration éveille les accusations d'anges contre les juifs pour avoir parlé de manière désobligeante du pain ("soient considérés comme inexistants et sans valeur, comme la poussière de la terre").
Puisque les créatures célestes ne comprennent pas l'araméen (cf. guémara Béra'hot 12b), ils ne peuvent pas comprendre ce qui est dit pendant l'annulation du 'hamets.

2°/ Le Shibolé haLéket (Pessa'h 218) dit que la raison pour laquelle "Ha La'hma anya" (l'ouverture de Maguid de la Haggada, où l'on convit à notre Séder tout celui qui a faim), est récité en araméen afin que les démons (mazikim) ne puissent pas comprendre notre invitation. En effet, sinon, ils viendraient et feraient des ravages à notre repas.

3°/ Le Ritva (Haggada Chel Pessa'h) rapporte une autre raison pour laquelle nous lisons le passage "Ha La'hma anya" en araméen, c'est afin d'empêcher les anges d'élever des accusations contre les juifs.
En effet, dans cette déclaration de "Ha La'hma anya", nous nous enorgueillissons de notre stricte observance des mitsvot, au point que nous affirmons plein de confiance que "l'année prochaine à Jérusalem".
Si les anges avaient la possibilité de comprendre notre déclaration, ils rappelleraient nos péchés et affirmeraient en retour que nous ne sommes pas méritants de la délivrance.
[ à ce sujet, voir également : https://todahm.com/2018/04/22/a-lahma-anya ]

-> Cependant, d'après d'autres opinions, on ne doit pas se préoccuper du mécontentement des créatures célestes lorsque l'on accomplit une mitsva.
Le principe directeur dans ce domaine est : "Celui qui observe les mitsvot ne connaîtra pas de mal" (chomer mitsva, lo yéda davar ra - Kohélét 8,5).
D'ailleurs, le midrach (Kohélet rabba chap.8) applique ce verset spécifiquement à la mitsva de se débarrasser du 'hamets avant Pessa'h.
Cela s'applique d'autant plus pendant la nuit de Pessa'h qui est appelée : "lél chimourim" (une nuit de protection), que la guémara interprète comme signifiant : "une nuit qui est gardée des esprits nuisibles".
[rabbi Binyamin - le frère du Shibolét haLéket ]

C'est pourquoi ces autorités apportent d'autres explications sur la nécessité de réciter ces textes en araméen :
1°/ puisque l'araméen était le dialecte parlé à Bavél, les Sages babyloniens ont institué que ces déclarations soient récitées dans la langue que tout le monde comprend. [Shibolé haLéket]
Les Sages qui vivaient en Israël ont en effet formulé une version en hébreu de l'annulation du 'hamets, puisque c'était la langue couramment parlée à cet endroit.
[voir la guémara Yérouchalmi Pessa'him 2,2, qui rapporte une version en hébreu de l'annulation du 'hamets.
Le Shibolé haLéket dit qu'en réalité même les résidents de Jérusalem récitaient une version araméenne, puisque l'araméen est "une langue joyeuse".]

2°/ La matsa n'est pas seulement un signe de délivrance, mais elle rappelle également ce qui se passe lorsqu'on ne se débarrasse pas du 'hamets.
Il est écrit : "Yéhouda est allé en exil, accablé par la misère (mé'oni - מֵעֹנִי)" (Eikha 1,3), et nos Sages (midrach Eikha rabba 1,28) commentent : ils sont allés en exil à cause du fait d'avoir mangés du 'hamets à Pessa'h ("oni" [misère] fait référence à "lé'hem oni", l'autre nom de la matsa).
Le "Ha La'hma anya" commence par la phrase : "voici le pain de misère" (ha la'hma anya). Nous lisons ce passage dans une langue étrangère (l'araméen) pour se rappeler que la raison de l'exil a été leur non vigilance à manger de la matsa et à avoir consommé du 'hamets à la place.

Rabbi Binyamin (dans le Shibolé haLéket - Pessa'h 218) donne cette explication, et ajoute que le restant du "Ha La'hma anya" continue sur ce même thème :
- "quiconque a faim qu'il vienne et mange" = nous assurons aux invités qu'ils peuvent se sentir à l'aise de manger chez nous, car nous mangeons uniquement de la matsa, et aucunement du 'hamets.
- "aujourd'hui nous sommes ici" = nous réalisons que la raison pour laquelle nous sommes en exil est parce que nous avons transgressé l'interdiction de manger du 'hamets à Pessa'h ;
- mais "l'année prochaine nous serons en terre d'Israël" = puisque nous ne transgressons plus la faute de manger du 'hamets à Pessa'h, nous sommes confiants que notre délivrance est imminente.

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2°/ La matsa la veille de Pessa'h :

-> On ne doit pas manger de matsa la veille de Pessa'h afin de pouvoir la manger avec appétit pendant le Séder.
Nos Sages (guémara Yérouchalmi Pessa'him 10,1) disent que celui qui mange de la matsa la veille de Pessa'h est comme celui qui se lie avec sa fiancée alors qu'elle est toujours dans la maison de son père.

=> Quelle est la comparaison entre ces 2 actions en apparence si différentes?

-> à un niveau simple, cette analogie a pour but de montrer comment une même action peut être un grande mitsva, mais peut aussi avoir des conséquences dévastatrices si en raison de notre désir effréné nous la réalisons prématurément.

-> Le Shibolé haLéket (208) ajoute une facette plus profonde à cette analogie.
Il doit y avoir 7 bénédictions (shéva bra'hot) que l'on récite avant qu'un mari et sa femme ne puissent vivre ensemble. D'une façon similaire, nous devons réciter 7 bénédictions au Séder avant d'avoir la permission de manger la matsa.
Il s'agit de :
1°/ haguéfen ;
2°/ mékadech Israël vé'azémanim (également dans le kidouch) ;
3°/ ché'hékhiyanou ;
4°/ haadama (pour Karpass) ;
5°/ acher guéalanou (à la fin de Maguid) ;
6°/ hamotsi ;
7°/ al akhilat matsa.
[la bénédiction de nédilat yadaïm n'est pas comptée car ce n'est pas une mitsva spécifique au Séder.
Le Lévouch (Ora'h 'Haïm 471) donne une autre façon de compter les 7 bénédictions avant de manger la matsa, mais l'idée reste la même.]

-> Selon le Ritva (guémara Pessa'him 50a), la matsa est comparable à une fiancée, puisque la matsa a été la première mitsva qui a été donnée à la fiancée d'Hachem, qui est le peuple juif, et ce à leur sortie d'Egypte.

+ L'événement de la libération d'Egypte pendant le mois de Nissan n'est pas une coïncidence.
Selon Rabbi Yéhochoua (guémara Roch Hachana 11a), de même qu'en Nissan s'est déroulée la guéoula d'Egypte, de même dans le futur c'est en Nissan qu'aura lieu la guéoula finale.
Ainsi, le mois de Nissan est le mois de la guéoula.

Cependant, la notion de guéoula ne fait pas uniquement allusion au fait d'acquérir une liberté physique, mais également à une guéoula juive spirituelle et à la capacité de se libérer de l'emprise du yétser ara.
Puisque Nissan est le 1er mois de l'année, cela donne à chacun l'opportunité de se renforcer et de renouveler sa relation avec Hachem et la Torah.
[Rabbi 'Haïm Stein - roch yéchiva de Telshe]

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-> Le midrach (Chémot rabba 15) enseigne : "Lorsque Hachem a choisi Son monde, Il y fixa des raché ‘hodachim (têtes de mois) et des années ; et lorsqu’Il choisit Yaakov et ses enfants, Il y fixa le roch ‘hodech de la Délivrance dans lequel (au cours du mois) Israël a été délivré d’Egypte et dans laquelle plus tard il sera délivré, comme il est dit : ‘Comme aux jours où tu sortis d’Egypte, Je lui ferai voir des merveilles’ (Mi'ha 7,15)".

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-> b'h, voir également : le mois de Nissan - fêter l'inauguration du 3e Temple : https://todahm.com/2022/05/18/le-mois-de-nissan-feter-linauguration-du-3e-temple

Les jours de Nissan sont des jours de repentir, comme Tichri.
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan - 2e tome - Torah 4,6-9]

Pessa’h = un accélérateur du machia’h

+ Le Séder de Pessa'h = un accélérateur de la venue du machia'h :

-> Chaque nuit du Séder de Pessa'h rapproche l'arrivée du machia'h.
La venue du machia'h est un processus. L'exil (galout) a plusieurs épaisses "couches d'impureté" qui ont besoin d'être "coupées" afin que la guéoula puisse arriver.
Cela est semblable au fait de découper un morceau de viande. Il ne peut pas l'être en un seul mouvement, on doit faire plusieurs fois des allers-retours avec le couteau afin de pour le couper complètement.

Chaque année, pendant la nuit du Séder de Pessa'h, c'est comme si on faisait une autre entaille dans la viande et la coupure devient plus profonde.
Au final, nous couperons tout et le machia'h viendra.
C'est pour cela que chaque année, le Séder de Pessa'h se termine par les mots : "léShana aba'a béYérouchalayim" (à l'année prochaine à Jérusalem [avec le Temple reconstruit]) : nous affirmons qu'avec l'entaille de cette année dans la gualout, nous sommes pratiquement arrivés à obtenir le machia'h.
[d'après le Ram'hal - maamar haa'Hokhma - Inyan Séder lél Pessa'h]

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-> Le midrach (Téhilim 18) dit que le machia'h et Eliyahou "grandissent" pendant la nuit du Séder de Pessa'h.
Cela signifie que la réelle "venue du machia'h" est une réalité en constante évolution qui se développe par étapes, dans le temps.

-> Dans la Amida, nous disons : "oumévi go'él livné vénéhem" (Il amène le sauveur aux enfants de leurs enfants [des Patriarches]).
Pourquoi le terme "Il amène" (oumévi) est-il au présent? N'aurait-il pas été plus approprié d'employer : "Il amènera le sauveur"?
Selon de nombreux commentateurs, cela témoigne du fait que la guéoula est un processus permanent, qu'elle se développe par étapes.

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-> Le rav Moché David Valle cite le Ram'hal ci-dessus, affirmant qu'à chaque Pessa'h, Hachem rapproche le machia'h encore davantage.
C'est un processus sur plusieurs années, faisant que chaque Pessa'h rapproche automatiquement la guéoula.

Le rav Valle ajoute : les préparations pour la guéoula se passent principalement au Ciel. Ainsi, nous ne pouvons pas voir ce que nous sommes en train d'accomplir dans le processus de la guéoula.
Ce n'est qu'à la fin, une fois que la guéoula sera apparue, qu'on pourra prendre conscience de tout ce qui a pu être fait.
Il est possible qu'au Ciel les préparations pour la venue du machia'h se terminent en Nissan ou Tichri, mais ensuite que le machia'h ne se révèlera à nous qu'ensuite. Et c'est pour cela qu'on doit l'attendre à tout moment (a'haké lo bé'hol yom chéyavo), il peut arriver d'une façon soudaine (pitom), inattendue pour notre intellect.

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-> En se basant sur le Gaon de Vilna, le 'Hafets 'Haïm explique que l'exil (galout) est comparé à une grossesse, et la guéoula à une naissance.
Le moment fixé pour que l'exil se termine est comme la date prévue pour une naissance.
De même qu'un bébé peut naître quelques semaines avant ou après la date prévue, l'exil peut se terminer à n'importe quel moment dans un délai raisonnable autour de son moment de fin fixé.
Ainsi, la guéoula qui est comparée à une naissance, est un processus d'une durée indéterminée.

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-> Selon la guémara (Sanhédrin 97a) : "Le monde a une duré de 6 000 ans : 2 000 années de tohou (de vide, de chaos), [ensuite] 2 000 années de Torah, et [enfin] 2 000 années qui sont la période [de l'arrivée] du machia'h (yémot hamachia'h)."

=> Il en découle que depuis 1 782 ans nous sommes engagés dans cette période de l'arrivée du machia'h.

[plus on avance dans le temps, plus nos Sages disent que la guéoula devient une réalité encore plus tangible.
Le 'Hafets 'Haïm a écrit qu'à son époque on était déjà entré dans l'ère de : "ikvéta déMechikha" (on entend les pas du machia'h qui arrive).
Le rav 'Haïm Kanievsky enseigne qu'on est actuellement arrivé à une partie bien plus avancée de cette ère (ikvéta déMechikha), on est déjà dans le : "keits mégoulé" (ex: les signes annoncées il y a des milliers d'années, se sont accomplis).

Un exemple de cela est dans la guémara (Sanhédrin 98a) : "Rabbi Abba a dit : Il n’y a pas de signe de la fin des Temps plus évident ('Kéts Mégoulé' - קץ מגולה) que ce verset : ‘Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos branches et vous porterez vos fruits pour Mon Peuple Israël, car ils sont près de revenir’ (Yé'hezkiel 36,8)."
Rachi commente : Lorsque la terre d’Israël donnera ses fruits avec générosité alors la fin des temps sera proche". ]

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-> Le temps de la guéoula :
La Torah raconte qu'Avraham et Lot ont tous deux mangé des matzot à Pessa'h (voir Bereishis
19:3 avec Rachi, et Rabbeinu Bachya sur Bereishis 18:8). Cela semble étrange.
La Torah nous dit que nous mangeons des matsot pour commémorer les événements qui se sont produits lors de la sortie d'Égypte, quelques centaines d'années plus tard (Bo 13,8 avec Rachi).
Pourquoi mangeaient-ils des matsot? Que commémoraient-ils?

En réalité, le pouvoir de la rédemption a été imprégné dans les jours de Pessah depuis le temps de la création et n'a porté ses fruits d'une manière si immensément reconnaissable que lors de la rédemption du peuple juif d'Égypte.
Avraham et Lot ont ressenti l'énergie intrinsèque de la libération au cours de ces journées. Ils savaient que la force intrinsèque de l'époque était la liberté et que manger de la matsa en était l'expression.
Il convient de noter que le 15 Nissan est une période de libération et que c'est pour cette raison que la sortie d'Egypte a eu lieu ce jour-là, et non l'inverse.

Cela ne se limite pas à ce qui s'est passé à Pessa'h, explique rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.1), mais chaque fête a son propre pouvoir spirituel. En fait, le rav Dessler explique qu'il n'est pas exact de dire que le temps passe à côté de nous, mais plutôt que c'est nous qui passons à côté du temps.
Cela signifie que le temps fonctionne comme une bobine qui se déplace vers le haut, chaque année formant une nouvelle courbe dans la bobine. La force spirituelle intégrée à chaque période est la même que celle dont nous faisons l'expérience chaque année.
Par conséquent, lorsque nous vivons Pessah, nous faisons l'expérience de la même force de liberté que le peuple juif a connue à l'époque.

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-> Le mot matsa (מצה) avec les lettres écrites pleinement (bémilouï) : מם צדי הא , a pour valeur numérique 190, celle du mot : "kéts" (קץ - la "fin" de l’exil).
[si l'on réalise les mitsvot liées à la matsa, comme il faut, alors on peut être méritant de voir la guéoula. ]
[Ora'h 'Haïm ]

+ "Hachem nous sortit d'Egypte, non par l'intermédiaire d'un ange, non par l'intermédiaire d'un saraf, et non par l'intermédiaire d'un émissaire, mais seulement par Son intervention personnelle, comme il est dit : Je passerai dans le pays d'Egypte cette nuit-là ... Moi et non un ange, et Je frapperai toute la terre d'Egypte, Moi et non un saraf" (Haggada de Pessa'h)

-> Le Maguid de Koznitz rapporte une explication du Arizal.
Il explique que la sortie d'Egypte ne pouvait avoir lieu uniquement que par l'intervention directe d'Hachem et non pas par l'intermédiaire d'un ange ou d'un saraf (créature céleste la plus élevée), car l'impureté de l'Egypte était si puissante que si un ange y était descendu, il aurait été englouti dans l'impureté de la klipa (force d'impureté) égyptienne.

Le Maguid de Koznitz souligne la grandeur des âmes du peuple juif qui restèrent 210 ans exilés en Egypte, source de l'impureté sur la terre, et qui réussirent à en sortir, épreuve à laquelle les anges et les créateurs célestes les plus élevées (sérafim) n'avaient pas la capacité d'y rester même pour une courte durée, sans y être retenus prisonniers pour toujours.

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[le corps de l'homme fait de matière est beaucoup moins élevé qu'une créature spirituelle tel un ange de service qui vit dans les mondes supérieurs, mais en ce qui concerne l'âme d'un juif, elle donne à ce dernier la capacité d'atteindre des niveaux spirituels auxquels les anges n'ont pas accès.
D'ailleurs, c'est pourquoi lorsque Moché s'éleva au Ciel pour recevoir la Torah, il dit aux anges : "Etes-vous descendu en Egypte? Avez-vous été asservis par Pharaon? Pourquoi la Torah resterait-elle parmi vous?" (guémara Shabbath 88b ; Sanhédrin 38b).
Moché a démontré aux anges la grandeur des âmes juives et ainsi il convenait de transmettre la Torah au peuple juif et non aux anges de service.]

[combien nous devons nous réjouir du fait d'être une créature aussi élevée, et agir en responsabilité.
Combien nous devons éviter de désespérer, de nous sous évaluer (comme le yétser ara nous y incite), car nous avons toujours des capacités largement supérieures aux anges les plus élevés.
C'est pour cela qu'on rappelle aussi souvent la sortie d'Egypte, pour toujours renforcer en nous le fait que Hachem nous aime infiniment plus que tout, et qu'Il nous a doté d'une âme nous rendant supérieur à tout (les anges, les non-juifs, ...)]

-> On peut citer par exemple :
"Chaque juif est important et cher aux yeux d'Hachem, comme il est dit : "Mon fils, Mon aîné Israël" (béni békhori Israël).
Pour Hachem, si un seul de Ses fils souffre, c'est comme si le monde entier souffrait, car chacun de Ses enfants est un monde entier et unique."
[rav Yaakov Neuman - Darké Moussar
- expliquant les paroles de Rava - guémara Baba Métsia 61b]

La Torah a été donnée au mont Sinaï, qui est aussi connu sous les noms de : "Har Paran" et "Har 'Horev".
Les premières lettres de ces 3 noms (Paran Sinaï 'Horev - פארן סיני חורב) forment le mot : Pessa'h (פסח).
Cela nous enseigne que tout l'objectif de la sortie d'Egypte était de recevoir la Torah au mont Sinaï.
['Hodech ha'Aviv - p.55]

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-> Lorsque l'on écrit pleinement les lettres du mot Pessa'h (פסח), on a : 85= פה (Pé) et 120= סמך (samé'h) et ainsi que 408= חת (tét), soit un total de : 613, qui est le nombre de mitsvot dans la Torah.
Cela montre également que le point de Pessa'h est d'accepter la Torah sur nous-même.
[Panim Yafot - Bo]

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-> "Il n’est d’homme libre que celui qui se consacre à l’étude de la Torah" (Pirké Avot 6,2)

Le Méiri de commenter : "La Torah est une source de liberté qui permet à l'homme d'être fidèle à lui même et à son âme divine, d'être libre de pouvoir vivre en harmonie avec sa véritable intériorité.
A défaut de cela, il est esclave de ses passions, des mœurs de la société, ..."

Le Ramban, dans une lettre à son fils, écrit : "Soumets ton corps à ton âme, car d'une telle soumission naît la liberté dans ce monde et dans le monde futur".

+ En infligeant un terrible esclavage aux Bné Israël, les égyptiens avaient l'intention de causer de la peine à Hachem.
Puisque nous savons que dans toutes les détresses que les Bné Israël peuvent traverser, Hachem en ressent la souffrance comme si c'était la Sienne, ainsi les égyptiens avaient l'intention d'infliger de la douleur à Hachem.
[imaginons la scène : lorsque les égyptiens frappaient les juifs, en réalité à leurs yeux c'est comme s'ils frappaient directement Hachem! Chaque souffrance que ressent un juif, Hachem également la ressent! Plus un juif croulait sous la douleur, plus les égyptiens étaient content car ainsi ils espéraient faire mal à Hachem! ]

C'est le sens de "afin de L'accabler de leur dure labeur" (léma'an anoto bésivlotam - Chémot 1,11).
En vérité, cette conscience de la souffrance d'Hachem (si l'on peut dire), était le plus douloureux pour les juifs, et c'est cela qui les a poussés à crier à Hachem de mettre un terme à leur esclavage.
[Imré Noam]

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[l'esclavage était tellement atroce qu'ils étaient obligés d'en arriver à souffrir, mais malgré cela ils souffraient encore davantage du fait que cela causait des souffrances à Hachem.
On doit essayer de s'inspirer de nos ancêtres, en évitant de souffrir inutilement pour la moindre petite chose (évitant ainsi des souffrances inutiles à Hachem), et en demandant d'être sauvés de nos difficultés non pas pour nous mais pour Hachem, car nous ne voulons pas causer de douleur à D. à cause de la nôtre!
("Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir" - Vaét'hanan 6,5).

On doit apprendre des égyptiens qu'à chaque fois que nous causons une souffrance à un juif, c'est comme si nous causions cette souffrance à Hachem!]

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-> b'h, également sur cette notion de souffrance d'Hachem : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi