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"Si quelqu'un juge Hachem favorablement et accepte que les moments difficiles [dans sa vie] sont bons, cela sert de mérite pour lui afin d'alléger sa souffrance ...
Le fait de trouver la bonté d'Hachem ('hessed) dans le din (rigueur) le transforme en véritable 'hessed."
[Baal Chem Tov - rapporté par le Ben Porat Yossef - Vayéchev ]

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-> Il y a une tradition du Maharam de Rottenberg (Chéeilot ou'Téchouvot - 'hélek 4), selon laquelle une personne qui meurt al kiddouch Hashem ne ressent pas de douleur pendant qu'elle meurt.

Le Arvé Na'hal explique que la raison en est qu'en décidant de mourir al kiddouch Hachem (en sanctifiant le nom d'Hachem), on s'élève à une dimension supérieure, au-dessus du royaume de la douleur.

Le rabbi de Piaseczno dit qu'il en va de même pour toute souffrance qu'un juif traverse. S'il canalise sa douleur, sa souffrance, vers la spiritualité et l'accepte comme un moyen de se purifier de ses fautes et de se rapprocher d'Hachem, dans cette mesure, sa souffrance sera considérée comme une mort partielle al kiddouch Hachem et deviendra plus légère et plus facile à supporter.

-> Le rabbi de Piaseczno (Aish Kodech - Réé 5701) écrit :
"La souffrance est un moment où en apparence Hachem se cache (hastarat panim). C'est pourquoi, lorsque vous voyez même en elles la main d'Hachem, Sa justice et Sa vérité, alors vous supprimez l'obscurité et Le révélez, même de l'intérieur de l'obscurité et du jugement.
Et, par conséquent, (maintenant) que le jugement, la rigueur est en train de se passer (sur nous), alors il y aura de la bonté et de la révélation et la lumière de Son visage".

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-> "Ani lédodi védodi li" (Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi - Chir haChirim 6,3).

-> Le terme "mon bien-aimé" fait référence à Hachem. Lorsque nous décidons de considérer Hachem comme notre "Bien-aimé", c'est exactement ce qu'Il est : "mon Bien-aimé est à moi".

[ l'idée est que par le mérite de voir Hachem avec bonté, et ce même en période de souffrance, alors nous transformons Sa rigueur en bonté, et nous voyons clairement que "mon Bien-aimé (Hachem) est à moi".
Notre vision sur la vie a le pouvoir de changer notre vie. Plus nous considérons toute chose comme venant à la racine de notre "Bien-aimé" (ani lédodi), plus Hachem nous donnera des occasions de le voir sous son apparence extérieure de "Bien-aimé" (dodi li). ]

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-> Notre douleur sera ce que nous en ferons. Si nous grandissons et changeons à travers la douleur que nous traversons, et que nous nous concentrons sur le plaisir de la croissance (ex: elle nous purifie, nous apporte des mérites spirituels éternels), nous ressentirons du plaisir.
Mais si nous nous concentrons sur notre douleur et sur le fait qu'il est douloureux de grandir, nous ne ferons que ressentir la douleur et nous serons détournés du plaisir.
[...]

Plus nous parvenons à ressentir l'amour d'Hachem dans la douleur, plus nous diminuons la douleur et le prix à payer [de cette souffrance].
L'idée est que toute réalité est un manifeste d'Hachem (rien ne peut se produire sans un décret du Ciel), même notre douleur. En ressentant le plaisir dans la douleur (par émouna), nous trouvons Hachem à l'intérieur de notre douleur et nous révélons Hachem à l'intérieur du "hester panim" (une apparente dissimulation d'Hachem - cf. Vayélé'h 31,18).
Plus nous Le trouverons là, moins il y aura de hester panim, et par conséquent, moins nous aurons mal.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Réé 5701]

Avoir conscience qu’Hachem partage chacune de mes douleurs

+ Avoir conscience qu'Hachem partage chacune de mes douleurs :

-> Une caractéristique de l'émotion humaine est qu'une douleur fait moins mal lorsqu'elle est partagée avec quelqu'un d'autre. Lorsque l'on se sent seul dans sa douleur, celle-ci est plus difficile à supporter.
Le fait d'avoir un ami qui comprend notre douleur la rend plus tolérable. Lorsque l'on se sent seul, comme si personne ne savait ce que l'on traverse, la douleur peut devenir insupportable.

Lorsque Yaakov donne une bénédiction aux fils de Yossef, Efraïm et Ménaché, la Torah (Vayé'hi 48,14-15) introduit le texte en disant que Yaakov a donné une bénédiction à Yossef. Mais ce n'est pas vrai. La bénédiction a été donnée aux fils de Yossef, et non à Yossef. Pourquoi la Torah dit-elle que la bénédiction a été donnée à Yossef?
Le Zohar explique qu'une bénédiction à un enfant est une bénédiction à son père, le père ressent la joie de son fils et se réjouit de sa bonne fortune.
Par conséquent, le fait que Yaakov ait donné une bénédiction aux fils de Yossef était, par essence, une bénédiction à Yossef lui-même, d'où la formulation du verset .

Il en est de même en ce qui concerne la souffrance, un père ressent la douleur de son fils et souffre également avec lui.
Hachem, notre Père céleste, souffre avec nous et ressent notre douleur lorsque nous souffrons.
Le verset dit : "Imo ano'hi bé'tsara" (Je suis avec lui dans sa douleur - Téhilim 91,15).
Aucun juif ne souffre jamais seul. Hachem souffre toujours avec lui.
Chaque once de douleur qu'un juif ressent, Hachem la ressent également. Comme le dit le prophète : "Il souffre de toute leur douleur" (Yéchayahou 63,9).
La guémara ('Haguiga 15b) écrit que lorsqu'une personne souffre, la Chékhina dit : "Malheur à ma tête, malheur à mon bras".
Hachem souffre lorsque nous souffrons. Lorsqu'un juif souffre, Hachem le ressent également. Lorsque nous pleurons, Il pleure.

Si tel est le cas, alors même dans les moments les plus difficiles, lorsque l'on se demande si quelqu'un sait ce que l'on traverse dans les détails, il y a toujours quelqu'un qui le sait : Hachem.
Il ressent exactement ce que nous ressentons.
Savoir qu'Il sait ce que l'on vit peut rendre les choses moins douloureuses.
Hachem nous aime profondément. Il ne veut jamais nous faire de mal, mais si c'est ce dont nous avons besoin (d'avoir un souffrance pour notre bien ultime), Il se joint à nous dans la douleur.

Vivre dans la douleur est difficile. Vivre dans la douleur en sachant que quelqu'un sait à quel point vous souffrez, rend les choses plus tolérables. Un juif n'est sommes jamais seul dans notre douleur, dans aucune difficulté.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Vayé'hi 5702 ; Michpatim 5702 ; Matot 5702]

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-> Lorsque tout juif pleure et souffre, même pour ses préoccupations personnelles, tous les mondes (supérieurs) pleurent avec lui, même la Chékhina, pour ainsi dire, pleure avec lui."
[rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - Roch Hachana leil beit 5690]

-> Hachem ressent la souffrance de chaque juif individuellement, et pas seulement celle de la communauté.
[Mékhilta déRabbi Yichmaël 12,40]

-> La douleur qu'Hachem ressent lorsqu'un juif souffre n'est pas seulement celle du peuple juif dans son ensemble, mais même lorsqu'un juif individuel souffre, cela cause également de la douleur à Hachem, et Il souffre en même temps que cette personne.
[rabbi de Piaseczno - dans son Aish Kodech - Toldot 5701]

-> "La douleur qu'un juif ressent face à sa propre obscurité [c'est-à-dire ses lacunes spirituelles], c'est la douleur de la Chékhina [qui réside à l'intérieur de lui, c'est-à-dire son âme]".
[rabbi de Piaseczno - dans son Déré'h haMélé'h - parachat ha'Hodech 5685]

-> La Torah laisse généralement un espace blanc de quelques lettres entre chaque paracha. Cependant, entre celle de Vayigach et Vayé'hi, il n'y en a pas, c'est stouma (fermé). Rachi (Vayé'hi 47,28) explique que la douleur de la mort de Yaakov fut si intense qu'elle "ferma les yeux et les cœurs du peuple juif.
C'est pourquoi la paracha est écrite "fermée". La Torah est la plus grande expression d'Hachem. Si la Torah est "fermée", Hachem était "fermé". Il a ressenti la douleur de ses enfants.
[rabbi de Piaseczno]

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-> Le rabbi de rabbi de Piaseczno (Aish Kodech - 'Hazon 5702) demande pourquoi le Shabbath qui précède le 9 Av est appelé "Shabbath 'Hazon". Il est vrai qu'il tire son nom de la haftarah de cette semaine (Yéchayahou 1,1), de la même manière que nous appelons le Shabbat qui précède Yom Kippour "Shabbat Shouva" (retour à D.) et le Shabbat qui suit le 9 Av "Shabbat Na'hamou" (consolation suite destruction Temple), mais le Shabbat 'Hazon semble unique dans le sens où, contrairement aux noms de ces autres Shabbat, le mot 'hazon (vision) ne semble pas avoir de lien thématique avec ce Shabbat.

Le Rabbi de rabbi de Piaseczno explique : la vue est puissante. Ce que l'on voit a plus d'impact.
Si c'est le cas, la question est la suivante : si Hachem m'aime vraiment, comment peut-il me voir souffrir?
Hachem ne peut pas détourner les yeux, Il voit tout. Mais si vous aimez quelqu'un, vous ne pouvez pas le regarder souffrir. Alors comment peut-Il me regarder souffrir?

Le rabbi répond qu'Hachem ne tourne pas les yeux parce qu'Il veut ressentir notre douleur de la manière la plus aiguë. Il veille malgré Son amour parce qu'Il veut que nous sachions à quel point Il nous aime et qu'Il sait ce que nous traversons, profondément dans les moindres détails ... même si personne d'autre ne le sait.
Le Rabbi explique que le Shabbath 'Hazon, nous essayons de générer la réaction d'Hachem à la vue de notre souffrance, jusqu'au point où Il "ne peut plus tolérer" notre douleur, et nous sauvera de cet exil difficile.

Le Rabbi de Piaseczno rapporte un midrach (Chir haChirim 3,6) selon lequel il y a dix langages qui expriment la prophétie. La plus dure d'entre elles est le " 'hazon". Elle est "kacha chébékoulam" (la plus difficile). La raison en est qu'au niveau du 'hazon, la prophétie d'un prophète n'est pas entendue ou communiquée, mais vue.
L'idée est voir les souffrances potentielles du peuple juif est très douloureux.
[on peut rapprocher les mots de la Amida : "réé on'yénou" (vois mon affliction), ainsi que la formulation du ta'hanoun : "abhét miChamayim ouré ki hayinou laag vakéles bagoyim" (regarde du Ciel et vois que les nations du monde se sont moquées de nous et se sont moquées de nous).
Ces deux textes font référence à la vue. Non seulement Hachem souffre avec nous, mais en plus de la forme la plus difficile : en nous regardant souffrir, sans détourner sa vision pour alléger sa peine. (combien plus qu'un parent qui voit son enfant adoré sous une grande souffrance!) ]

[d'un côté, Hachem a conscience d'à quel point la souffrance est nécessaire (pour notre bien) [ex: comme nous purifier de nos fautes pour une souffrance ici, qui sinon après notre mort sera infiniment plus forte], mais d'un autre côté, Il souffre avec nous dans la totalité de notre douleur, principalement parce que nous souffrons, qu'Il nous aime, que tout juif est important et précieux à Ses yeux. ]

Avraham, Its’hak et Yaakov partagent chacune de nos souffrances

+ Avraham, Its'hak et Yaakov partagent chacune de nos souffrances :

-> L'un des aspects les plus difficiles de la souffrance est le sentiment que personne ne la comprend. La solitude qui accompagne la souffrance peut parfois être pire que la douleur. Qui peut vraiment savoir ce que je vis?
Après tout, personne ne souffre exactement de la même chose et chaque situation est différente. La douleur de se sentir seul rend la souffrance bien pire, mais comment quelqu'un pourrait-il vraiment apprécier ce que je ressens? [personne ne peut vraiment être à place, avec mes émotions, mon vécu, ... ]

Lorsque le peuple juif quitta l'Egypte, Hachem donna à Moché les instructions suivantes : "Parle, je te prie (daber na), aux oreilles du peuple, et qu'il emprunte, chaque homme à son compagnon et chaque femme à sa compagne, des vases d'argent et d'or" (Bo 11,2).

La guémara (Béra'hot 9a) est gênée par le fait qu'Hachem ait dit "s'il te plaît" (na), ce qui implique que le peuple juif Lui ferait une faveur en prenant les objets des égyptiens et en s'enrichissant. C'est difficile à comprendre. L'enrichissement du peuple juif semble être un avantage pour lui-même, et non pour Hachem. Pourquoi Hachem dit-il "s'il te plaît" ?

La guémara explique qu'Hachem implorait le peuple juif parce qu'Il avait promis à Avraham qu'ils quitteraient l'Egypte "avec de grandes possessions" (béré'houch gadol - Lé'h Lé'ha 15,13-14), et s'Il n'accomplissait pas Sa promesse, Avraham en aurait été contrarié.
Hachem demandait au peuple juif (s'il vous plaît) de l'aider à tenir sa promesse, afin de ne pas contrarier Avraham.

La question est la suivante : l'implication de la guémara est que si Avraham n'aurait pas été contrarié, Hachem n'aurait pas ressenti le besoin de tenir Sa promesse. Cela n'est pas possible. Hachem ne romprait jamais Sa promesse, même si personne n'en était contrarié.
En effet, une promesse est une promesse, alors pourquoi la guémara suggère-t-elle que la demande d'Hachem que le peuple juif parte avec des richesses était seulement pour empêcher Avraham d'être contrarié?

De plus, dans la paracha 'Houkat, Moché Rabbénou envoie des messagers au roi d'Edom pour lui demander la permission de traverser son pays.
Moché décrit la sortie des juifs d'Egypte et mentionne que "les égyptiens ont fait du mal à nous et à nos Patriarches" (vayaré'ou lanou Mitsrim véla'Avoténou). La déclaration de Moché est confuse. Où voyons-nous que les égyptiens ont fait du mal à Avraham, Yitzchak et Yaakov (Avoténou - nos Avot)?

Rachi explique qu'à partir d'ici, nous voyons que "nos Patriarches sont peinés dans leur tombe lorsque des calamités s'abattent sur le peuple juif" (haAvot mitsta'arim békever kéchépour'anot baa al Israïl).
Si le klal Yisrael souffrait lorsqu'il était à Mitzrayim, nos ancêtres souffraient également.

La promesse d'Hachem à Avraham, de "sortir avec de grandes possessions, richesses" (yétsou bé'réchouch gadol), a été faite en partant du principe que le peuple juif resterait en Egypte pendant 400 ans.
Hachem les a sorti maintenant prématurément, après seulement 210 ans, et par conséquent Hachem n'était pas lié par la promesse faite à Avraham.
Néanmoins, "nos Patriarches sont peinés dans leur tombe lorsque des calamités s'abattent sur le peuple juif". Ainsi, Avraham serait peiné si le peuple juif quittait l'Egypte dans le dénuement, car un tel départ serait douloureux pour les juifs. Afin de ne pas contrarier Avraham Avinou, Hachem demanda aux juifs de "bien vouloir" prendre l'argent des égyptiens.
Hachem ne voulait pas qu'Avraham souffre.

Nos Avot (Patriarches) ont mal quand nous avons mal, ce qui signifie que nous ne sommes jamais seuls dans notre douleur.
Avraham, Its'hak et Yaakov nous connaissent et savent exactement ce que nous ressentons. Un juif n'est jamais seul dans sa douleur, dans sa difficulté. Il y a des gens qui souffrent avec lui [et pas n'importe qui : nos Avot! ].

Le verset [de la chirat hayam] qui précède le Az Yachir dit : "Et Israël vit" (vayar Israël - Béchala'h 14,31).
Le Zohar (Hachmatot 261b) dit que "Israël" fait allusion à Yaakov Avinou, et l'implication est que Yaakov Avinou a vu les événements d'Egypte, y compris la douleur du peuple juif.
Par conséquent, il a souffert avec eux. Hachem ne voulait pas que Yaakov souffre, Il a donc sauvé les juifs, et ensuite "az yachir Moché", Moché a chanté en réponse.

Nos Avot (Avraham, Its'hak et Yaakov) nous observent, souffrent avec nous, pleurent avec nous.
Quel que soit le sentiment de solitude que peut éprouver un juif, il n'est en réalité jamais seul. Savoir cela peut rendre les choses plus faciles.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Shévi'i shel Pessa'h 5700 (1940) ]

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-> Parmi les 50 miracles de la mer Rouge, le Méam Loez (Béchala'h - chap.5) rapporte que selon une opinion, Hachem ressuscita les 3 Patriarches : Avraham, Its'hak et Yaakov, et les posta sur la rive de la mer Rouge pour qu'ils assistent au miracle.
[sachant qu'ils ont dû souffrir du terrible esclavage de chacun des juifs en Egypte, on comprend leur présence lors de la mer Rouge.
D'une certaine façon, chaque coup de fouet était aussi ressenti par nos Patriarches, et ils ont vu les égyptiens qui ont souffert avant de mourir, chacun selon les souffrances qu'ils ont pu faire aux juifs. Les Patriarches ont pu faire le lien entre chacun, puisque ayant été concernés par ces douleurs. ]

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-> Dans le yéhi ratson avant de réciter les Téhilim, nous disons : "Tout comme nous disons devant Toi des chants dans ce monde, nous devrions mériter de dire devant Toi des chants et des louanges dans le monde à venir".
Cela sous-entend que même dans le monde à venir, nous louerons Hachem.

-> Cela n'est pas en contradiction avec le verset : "les morts ne peuvent pas louer Hachem" (lo hamétim yéhalélou Ka -Téhilim 115,17), puisque le mot "mort" est une métaphore pour ceux qui sont spirituellement déficients (même de leur vivant les réchaïm sont considérés comme morts).

-> Le Rabbi de Piaseczno dit que c'est l'intention de la bénédiction que nous disons à la fin du Hallel, "ki lé'ha tov léhodot ... ki méolam véad olam ata Kel" (parce qu'il est bon de Te louer ... parce que d'un monde à l'autre, Tu es D.).
Cela signifie que nous louons Hachem dans les deux mondes. [voir également Maor vaChémech - Rimazim léZayin chel Pessa'h. ]

Cependant, tout dans ce monde est pour l'honneur d'Hachem (Yoma 38a), ce qui signifie que non seulement nos chants et notre joie louent Hachem, mais que même nos larmes, d'une certaine manière, louent Hachem.
Si c'est le cas, louer Hachem dans l'autre monde comme nous le faisons dans ce monde ne se fait pas seulement avec nos chants et notre joie, mais aussi avec des larmes.
Où y a-t-il des larmes au Paradis?
Le Rabbi de Piaseczno explique que ces larmes sont celles de nos Avot (Patriarches), qui pleurent lorsque nous avons mal, que nous souffrons.
Le point de vue du Rabbi de Piaseczno est qu'Hachem devrait arrêter notre souffrance pour leur bien. Pourquoi devraient-ils souffrir?

L’acceptation de nos difficultés

Parfois, nous nous sentons coupables d'admettre que nous souffrons.
Ne devrais-je pas être pleinement heureux de ce qu'Hachem fait (puisque c'est pour mon bien)? Le fait que je souffre signifie-t-il que je n'ai pas de émouna? Comment pourrais-je me sentir blessé par les actions d'Hachem, qui sont toutes bonnes et aimables?

Mais la vérité est qu'il n'y a rien de mal à souffrir. La douleur est une réalité, pas une faiblesse.
Le fait d'admettre que l'on souffre ne fait pas de nous un moins bon croyant en Hachem (maamin). En fait, le fait même de réaliser que notre douleur vient d'Hachem indique que nous savons que c'est Lui qui dirige le monde.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - 'Hayé Sarah 5701]

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+ Accepter la décision d'Hachem :

-> En entendant le douloureux décret d'Hachem, Eli HaCohen proclame : "C'est Hachem. Il fera ce qui est bon à Ses yeux" (Shmouël II 3,18).
Eli nous a appris à aborder le présent, à l'accepter comme bon et à l'embrasser, à grandir à partir de Lui, à changer à partir de lui, et certainement pas à lui résister.
Hachem nous aime et fera ce qu'il y a de mieux pour nous, même si ce n'est pas ce que nous espérions.
Lorsque nous apprenons à accepter les décisions d'Hachem, nous considérons le présent comme bon, malgré la douleur, et nous apprenons à grandir à partir du présent qu'Hachem nous a donné et à en ressentir du plaisir en même temps que de la douleur.

On ne peut pas considérer le présent comme un obstacle à un avenir meilleur, le présent lui-même a de la valeur, même s'il est douloureux. On peut grandir à partir de la blessure d'aujourd'hui.
Accepter aujourd'hui comme la façon dont Hachem veut que ma vie soit aujourd'hui, c'est vivre pleinement aujourd'hui.
Si l'on se concentre sur l'attente du lendemain, on ne profitera pas de la journée d'aujourd'hui.
Vivre aujourd'hui signifie vivre dans le présent. Lorsque l'on accepte que la douleur, la souffrance, d'aujourd'hui a une raison d'être, le jour présent prend de la valeur. Hachem m'aime, et ma douleur est la meilleure pour moi, aujourd'hui.
Aujourd'hui est tel qu'il est parce que j'ai besoin qu'il en soit ainsi aujourd'hui! Accepter cela est la clé de la croissance et du plaisir de la croissance, et c'est cela la véritable émouna.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Za'hor 5702]

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-> La personne qui souffre doit trouver un équilibre très délicat entre l'espoir et l'acceptation :
D'une part, elle doit toujours espérer que sa situation s'améliore et que les choses s'arrangent. Hachem peut tout faire, et il faut espérer être sauvé.
En même temps, cependant, on doit accepter qu'Il ne m'a pas encore sauvé et qu'Il pourrait ne pas le faire. Ce qui est le mieux pour moi, c'est ce qui est et ce qui sera, même si ce n'est pas nécessairement ce que je souhaite.
Il faut apprendre à accepter les circonstances du présent et à en tirer profit, tout en espérant des lendemains meilleurs.
Cet équilibre est au cœur même de la notion d'émouna. La émouna consiste à savoir que si Hachem peut faire n'importe quoi, cela ne signifie pas qu'Il le fera. Il fera ce qui est le mieux pour une personne, même si ce n'est pas ce qu'elle espère (sur le moment avec la perception limitée d'un humain dans ce monde).

-> Hachem ne permettra une difficulté que si cette réalité est dans l'intérêt de la personne. En fin de compte, seul Hachem peut comprendre comment tous ces concepts s'imbriquent les uns dans les autres. Sa manière infiniment profonde de diriger le monde dépasse largement la capacité du faible esprit humain à la saisir.
Le rabbi de Piaseczno écrit que le fait d'atteindre ce niveau de émouna, cet équilibre entre l'espoir et l'acceptation, la résignation, rend en fin de compte une vie douloureuse plus tolérable.
Il est douloureux d'accepter que ce que nous voulons ne se produise pas, mais il est encore plus douloureux d'accepter que ce que nous croyions ne se produise pas.

C'est ce à quoi le roi Shlomo fait référence lorsqu'il dit : "Un espoir prolongé entraîne une maladie du cœur" (Michlé 13,12).
Le rabbi de Piaseczno enseigne : "Lorsque l'on combine [l'acceptation de sa souffrance] avec l'espoir du salut, d'une délivrance personnelle ... les sentiments amers de la négativité et des douleurs de la souffrance s'affaiblissent et s'apaisent, et l'on peut alors les tolérer davantage. Et la grande force de l'espoir a la capacité de gonfler une personne avec l'esprit de vie même si, à D. ne plaise, le salut ne vient pas au moment où il l'espérait".

Moché est avec nous dans chacune de nos difficultés

+ Moché est avec nous dans chacune de nos difficultés :

-> La guémara (Sotah 13b) affirme que Moché n'est pas mort. Comment devons-nous comprendre cette affirmation?

Moché est le fidèle berger du peuple juif, et même s'il est physiquement décédé, son rôle n'a pas changé. Moché continue à ressentir notre douleur, la moindre de notre souffrance.
Moché continue d'implorer Hachem de pardonner au peuple juif ses fautes, comme il le faisait lorsqu'il était encore en vie.
C'est ainsi que nous devons comprendre la déclaration talmudique selon laquelle Moshé n'est pas mort.
[ rav Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 1 ]

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-> Rabbi Shnéour Zalman de Liadi (Tanya), écrit que chaque juif a en lui une étincelle de Moché.

-> "Une partie de Moché réside dans chaque génération" (Tikouné Zohar - p.469).

Lorsque malgré la souffrance, une personne se réjouit (par confiance en Hachem), alors Hachem se joindra à elle dans sa douleur et la sauvera.
[Zohar - Pin'has 219b ]

=> Il en ressort que le fait de s'efforcer d'être joyeux, même lorsqu'on souffre, peut en fait avoir pour conséquence qu'Hachem soulage la douleur elle-même.

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-> "Hachem se joindra à elle dans sa douleur"
Sans doute l'intention est qu'Hachem se joigne à cette personne dans une mesure encore plus grande que d'habitude, car de base déjà : "Je suis avec lui [tout juif] dans sa difficulté" (Téhilim 91,15).
Naturellement, on se dit que puisqu'on souffre c'est qu'Hachem s'est éloigné de nous (sinon pourquoi une telle situation désagréable s'Il m'aime vraiment?), mais en réalité c'est le contraire, c'est une occasion d'avoir beaucoup plus de proximité avec Hachem.

L’unité peut supprimer nos souffrances

+++ L'unité peut supprimer nos souffrances :

"Rassemblez-vous et je vous dirai ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1)

-> Le Imré Noam explique ce verset en citant le verset : "Leurs dents sont comme des lances et des flèches, et leur langue est comme une épée tranchante. Sois élevé au-dessus des cieux, Hachem" (Téhilim 57,5-6).
Nos Sages (midrach Téhilim 7) affirment que le roi David a dit à Hachem : "Puisqu'il y a parmi eux des gens qui provoquent des querelles et qui parlent du lachon ara, retire Ta Chékhina du milieu d'eux."
Nous voyons par là que la discorde et le lachon ara font que la Chékhina quitte la nation juive, tandis que l'unité fait que la Chékhina demeure parmi nous.
Lorsque la Chékhina est parmi nous, nous sommes appelés "Knesset Israël" (l'assemblée d'Israël), car Hachem n'est avec nous que lorsque nous formons une assemblée unifiée.

Le verset déclare : "Dans toutes leurs souffrances (à chaque juif), Il (Hachem) souffre avec eux, et l'ange de Sa présence les a sauvés. Il les a rachetés par Son amour et par Sa pitié" (Yéchayahou 63,9).
La façon dont ce verset est écrit est différente de la façon dont il est lu. Il est écrit "lo tsar", avec un alef (לא צָר - il ne souffre pas avec eux), mais il est lu "lo tsar", avec un vav (לוֹ צָר - il souffre avec eux).
Ainsi, le verset semble dire à la fois qu'Hachem ne souffre pas avec une personne lorsqu'elle souffre et qu'Hachem souffre avec la personne qui souffre.

Les premiers commentateurs expliquent cela par la parabole d'une mère dont le fils unique a commis un crime et a été condamné par le roi à recevoir de nombreux coups de fouet. La mère se rendit auprès du roi et se plaignit : "Il est vrai que mon fils a commis un crime et qu'il mérite une punition, mais je n'ai rien fait de mal. Pourquoi mériterais-je d'être punie? Si vous fouettez mon fils, je souffrirai encore plus que lui. Il n'est donc pas juste de lui faire subir cela!"
Le roi accepta ses paroles et pardonna à son fils la punition qu'il méritait vraiment.
De même, le verset dit qu'Hachem ressent la douleur de du peuple juif. C'est pourquoi Il fait en sorte qu'ils n'aient "aucune douleur", car la Chékhina ne mérite pas de souffrir à cause de leurs fautes.

Cela n'est vrai que dans les moments où le peuple juif est uni. Dans ces moments-là, la Chékhina est avec nous et toute douleur que nous ressentons est ressentie par la Présence Divine (Chékhina).
En revanche, en période de division et de conflit, la Chékhina n'est pas avec nous et ne ressent pas notre douleur, notre souffrance, ce qui nous expose au risque d'être sévèrement punis pour nos fautes.

Cela explique pourquoi Yaakov a demandé à ses fils de se rassembler. Il leur disait d'être unis, et s'ils le faisaient, il serait en mesure de leur raconter tout ce qui se passerait jusqu'à "la fin des jours", ce qui est une référence à la Chékhina éternelle.
Il disait ainsi que s'ils avaient de l'unité entre eux, la Chékhina serait toujours avec eux et supprimerait toute douleur et toute souffrance parmi eux. [au point de mettre un terme à l'exil ("arrivera la fin des jours"), avec la venue du machia'h]

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=> ainsi, plus les juifs font en sorte d'être unis, plus Hachem retire des souffrances, malheurs, qui devaient nous arriver.
L'impact de notre unité est si puissant que cela peut déclencher immédiatement (hayom!) la guéoula.

Torah & Hachem souffre beaucoup plus que nous de nos propres souffrances

+ Torah & Hachem souffre beaucoup plus que nous de nos propres souffrances :

-> Parfois, une personne peut avoir l'impression que son existence ne sert à rien. Sa vie est une souffrance. Sa journée consiste à gérer sa douleur. Son observance des mitsvot s'en trouve gravement compromise.
À la fin de sa journée, la seule chose qu'elle a l'impression d'avoir accomplie, c'est d'avoir réussi à passer le cap de la journée. Au bout d'un certain temps, inévitablement, la perception que l'on a de soi-même peut devenir très négative.
On peut avoir l'impression d'exister pour rien, de ne rien accomplir et de ne rien apporter au monde.
Comment une telle personne est-elle censée réagir face à de tels sentiments?

Le midrach (Eikha rabba- Pesichata 24) raconte que lorsque Hachem a détruit le Temple, il s'est mis à pleurer (voir aussi Béra'hot 59a).
L'ange Matat a supplié Hachem d'arrêter de pleurer, disant qu'il était honteux pour le Roi de pleurer devant ses serviteurs.
Matat proposa alors de pleurer pour Hachem, car cela serait moins déshonorant.
Hachem répondit qu'il voulait pleurer, et que si Matat ne le lui permettait pas, Il se cacherait dans un endroit où Matat ne pourrait pas entrer et continuerait à pleurer seul.

Quelle est la profondeur de ce midrach? Quelle honte y a-t-il à ce qu'Hachem pleure, et que signifie le fait que Matat ait proposé de pleurer pour lui et qu'Hachem se soit caché?

Hachem ressent la douleur de chaque juif. Lorsqu'un juif souffre, Hachem souffre avec lui et ressent sa douleur, littéralement.
Si cela est vrai, comment se fait-il que la souffrance d'un juif demeure? On pourrait imaginer que si quelque chose blessait le roi, il le détruirait (Hachem peut tout faire!). Comment notre douleur peut-elle continuer à nous blesser si elle blesse également le Roi?

L'idée est qu'Hachem ne se contente pas de souffrir avec nous, mais qu'Il souffre plus que nous.
Quelle que soit l'intensité de notre souffrance, nous sommes limités, et donc notre douleur l'est aussi.
Hachem est infini et, par conséquent, Sa souffrance est également infinie.
Nos capacités limitées ne nous permettent pas de comprendre l'étendue de la douleur d'Hachem lorsque nous souffrons. Chaque fois qu'un juif souffre, Hachem souffre infiniment puisque Sa douleur, comme Lui, est sans limite.

Cela étant, Sa douleur est tout simplement trop grande pour ce monde fini.
Hachem pleure, mais ses larmes ne peuvent entrer. Il pleure, mais Son cri infini n'a aucun effet sur ce monde fini.
C'est ce que l'ange Matat a exclamé comme étant honteux. Comment le Roi peut-il pleurer de douleur et pourtant Sa souffrance continue? Il est honteux que le Créateur du monde soit blessé, et continue d'être blessé, par le monde même qu'Il a créé.

Matat a proposé de pleurer à la place d'Hachem. Le travail d'un ange est de faciliter l'entrée de l'influence infinie d'Hachem dans ce monde fini. Matat a proposé de le faire et d'éradiquer ainsi la source de la souffrance d'Hachem.

Mais Hachem n'a pas voulu cela. Si Matat avait pleuré pour Hachem, les larmes d'Hachem auraient effectivement pénétré dans le monde et détruit la source de la douleur.
Mais il n'était pas temps de mettre fin à la souffrance du peuple juif. Hachem était prêt à souffrir, infiniment, pour notre bien.
Hachem dit à Matat qu'il se cacherait dans une chambre intérieure où personne ne pourrait le voir, et qu'il pleurerait dans la solitude. De cette façon, ses pleurs ne seraient pas honteux.

Et aujourd'hui, Hachem réside dans cette chambre intérieure, pleurant sur le Temple détruit et sur la douleur de chaque juif.
Cependant, nos Sages (Shabbath 88a) révèlent qu'Hachem n'est pas seul dans sa chambre intérieure. La Torah est appelée " 'hemdaé génouza", un trésor caché. Où est-il caché?
Dans la chambre intérieure d'Hachem. Hachem est isolé avec la Torah dans sa chambre intérieure, pleurant seul.

La Torah est le moyen d'accéder aux larmes d'Hachem et de les canaliser dans notre monde fini. Plus nous nous efforçons d'observer la Torah, plus nous créons un pont, un canal, entre Sa chambre intérieure et notre monde, à travers lequel Ses larmes peuvent couler.
Le monde fini ne peut supporter Sa douleur et Ses larmes infinies. Comme le goutte-à-goutte d'un tube intraveineux, les larmes d'Hachem pénètrent dans ce monde par le canal, que nous créons et débarrassent le monde de la source de Sa souffrance, notre souffrance, puisqu'Il a mal parce que nous avons mal.

Celui qui s'efforce d'observer la Torah débarrasse le monde de la souffrance, et chaque tentative affecte le monde.
Même si quelqu'un n'a rien accompli d'autre dans sa journée, s'il a essayé d'avoir de la émouna, de faire des prières, d'être agréable aux autres, d'étudier la Torah (et d'accomplir les mitsvot), ... Il ne s'agit pas d'une existence inutile.

L'essentiel est d'essayer, d'essayer encore et de continuer à essayer. Plus on essaie de se rapprocher de la Torah, plus le canal de la chambre d'Hachem s'élargit, et plus la douleur dans ce monde s'atténue.

La guémara (Taanit 15a) dit que la coutume lors d'un jour de jeûne, était de sortir le Aron haKodech, l'Arche dans laquelle les rouleaux de la Torah sont conservés, de la synagogue dans la rue et de prier près de lui.
Le Zohar (vol.3,71a) écrit qu'en cas de calamité, ils allaient encore plus loin et sortaient la Torah de l'Aron pour prier à côté d'elle. La raison en est qu'en temps de calamité, la Torah est la clé de notre salut, de notre délivrance.
La Torah est avec Hachem dans Sa chambre cachée, et à travers la Torah, les larmes d'Hachem sont canalisées, et le monde souffre moins.

Apprendre à considérer ses tentatives de croissance comme des éléments constitutifs d'un monde meilleur peut aider à changer la perspective de l'existence, qui n'est plus inutile, mais profondément significative et pleine de sens.
Alors que la journée peut être remplie de souffrance et qu'il faut y faire face, les tentatives d'évoluer malgré cela changent littéralement le monde d'une manière très réelle, peut-être d'une manière que peu d'autres personnes peuvent faire. En effet, une telle vie est tout sauf inutile.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Michpatim (Shékalim) 5702 (1942) ]

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-> Il peut être difficile de comprendre comment, d'une part, Hachem ressent et connaît la souffrance de chaque juif, mais d'autre part, Il souffre infiniment lorsqu'un juif souffre. S'Il souffre infiniment, Il ne ressent pas vraiment ce que nous ressentons, Il souffre infiniment alors que nous souffrons finiment.
Néanmoins, Il ressent notre douleur et sait exactement ce que nous traversons, malgré le fait que notre douleur soit finie. Comprendre comment cela fonctionne, c'est comme essayer de saisir n'importe quel détail d'Hachem et de l'infini, c'est totalement hors de portée.

-> Le rabbi de Piaseczno dit : "Lorsqu'un homme (juif) souffre, que dit la Chékhinah? Malheur à ma tête. Malheur à mon bras ... (guémara 'Haguiga 15b). Et dans les livres saints, il est dit que bien plus qu'un juif(ve) ne souffre, Hachem souffre, pour ainsi dire, de la souffrance que cette personne endure.
Et peut-être [la raison pour laquelle Il souffre plus est] que puisqu'Il est infini ... par conséquent, Sa souffrancedue aux problèmes d'Israël est également infinie".

-> L'ange Matat, est une forme abrégée de son vrai nom, conformément à l'instruction du Arizal (chaar Hamitsvot - Chemot 11b) de ne pas se référer aux anges par leur nom complet, à l'exception de ceux dont les noms sont également des noms de personnes (voir Kav HaYachar 56).
Les anges sont les êtres qui permettent à l'influence infinie d'Hachem de pénétrer et d'affecter ce monde fini (voir Ram'hal - Adir Bamarom).
C'est exactement ce que Matat propose de faire.

-> Selon le rabbi de Piaseczno : "Puisque Sa douleur [à Hachem], pour ainsi dire, est infinie et plus grande que le monde, elle est par conséquent incapable d'entrer dans le monde [fini], et le monde n'en est pas ébranlé [c'est-à-dire Sa douleur]."

-> En ce sens, le rabbi de Piaseczno dit également :
"[Si les larmes d'Hachem entraient dans le monde,] le monde entendrait Ses cris et exploserait. L'étincelle de Sa douleur pénétrerait dans le monde et Ses ennemis seraient consumés.
... [on voit que malgré la souffrance d'Hachem sur notre grande souffrance dans l'exil actuel, le monde continue d'exister.] La raison en est que Sa douleur infinie est trop grande pour entrer dans ce monde fini. C'est pourquoi l'ange dit : "Je pleurerai pour Toi, et Tu n'auras plus besoin de pleurer" (l'ange serait le conduit pour canaliser les larmes d'Hachem dans ce monde fini, détruisant la douleur, la souffrance, qui cause Ses larmes, la douleur que nous traversons,] à ce moment-là, Hachem n'aurait plus besoin de pleurer."

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-> La guémara (Shabbath 88a) ne dit pas que la Torah est cachée dans la chambre intérieure d'Hachem, mais seulement qu'elle est une 'hemda génouza, un trésor caché.
Le rabbi de Piaseczno fait référence à ce qu'il a écrit dans la paracha précédente (dans son livre Aich Kodech - Yitro 5702), où il déduit l'emplacement de la Torah du fait que la guémara l'appelle un "trésor caché" plutôt que de dire qu'elle est cachée dans un beit guéniza, une "cachette".
La différence est que quelque chose appelé 'hemda guénouza est essentiellement caché, au-delà de ce monde par sa nature même, et non pas rangé dans un beit guéniza, qui ne fait que le dissimuler à l'œil.
Le midrach dit ici que l'endroit où Hachem "va" parce qu'Il est infini et au-delà de ce monde, essentiellement, c'est dans Sa chambre intérieure. Par conséquent, c'est là que doit se trouver la Torah, puisqu'elle est également cachée.

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-> "gam ki élé'h bégué tsalmavét" =même si je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
"lo ira ra = je n'ai pas peur du mal qui est ici.
Il y a cependant une chose qui est tout simplement trop difficile à supporter : "ki ata imadi" = que Toi, Hachem, Tu es avec moi dans cette déchéance, dans ma douleur, et que Tu es lié à moi dans ce exil humiliant ...
Que la Chékhina doive souffrir d'une telle indignité et d'une telle bassesse (par ma faute).
[rabbi Israël de Rouzhin - sur le Téhilim 23 ]

[à un niveau individuel comme collectif, notre principal souffrance vient du fait que nous entraînons Hachem à en souffrir également.
(de même lorsque nous fautons nous causons de la peine à Hachem qui voit les dégâts dans tous les mondes et les réparations nécessaires (en éloignement dans le monde à Venir et en souffrance par exemple, sauf téchouva). A l'inverse, lorsque nous faisons Sa volonté, nous Lui générons de la joie et de la fierté. ]

"Il M'appellera et Je lui répondrai ; Je suis avec lui dans la détresse, Je le secourrai et Je l'honorerai" (Téhilim 91,5).

-> Le rabbi de Kobrin commente en 2 temps ce verset :
Si quelqu'un pense qu'Hachem est loin et qu'il doit l'appeler, il se contentera de lui répondre.
Mais si l'on croit qu'Hachem est là avec nous dans notre détresse, souffrance, alors Il nous sauvera et nous honorera, et nous récompensera grandement.

Nous avons des épreuves sur mesure

+ Nous avons des épreuves sur mesure :

"Il a mis fin à l'obscurité" (Iyov 28,3).

-> Le midrach (Béréchit rabba 89,1) déclare : "Hachem a établi un temps pour le monde en fonction du nombre d'années qu'il passera dans l'obscurité" :

-> Le séfer Likouté Yéhouda cite une explication de ces mots au nom de son grand-père, le 'Hidouché haRim.
Hachem n'envoie jamais à une personne une épreuve qu'elle ne peut pas réussir. Il ne présente jamais un défi à une personne s'il est au-delà de sa capacité à le surmonter. C'est pourquoi les plus grands sont soumis à des épreuves plus difficiles.

À cet égard, le verset dit : "Il a mis fin à l'obscurité". Les défis auxquels une personne est confrontée sont comparés à l'obscurité. Ils empêchent une personne de voir le chemin qu'elle devrait emprunter.
Le midrach explique qu'Hachem impose des limites à l'obscurité et qu'Il ne mettra jamais une personne à l'épreuve d'une manière qui soit trop difficile pour elle.
Les plus grands sont soumis à des tests plus importants et les plus petits à des tests plus modestes (chacun adapté à ses capacités, son niveau), mais chaque test a ses limites et personne n'est mis à l'épreuve d'une manière qui soit trop difficile pour lui.

Les défis sont comparés à l'obscurité, en ce sens qu'il n'y a de l'obscurité que la nuit. Le matin venu, la lumière jaillit. De même, les épreuves provoquent une obscurité temporaire, mais à la fin, elles amènent une personne à une grande lumière.

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-> Le Steïpler ('Hayé Olam - vol.2,chap.13) écrit :
"Il faut savoir que les souffrances ne sont pas envoyés à une personne "plus ou moins" [de façon approximative], comme quelqu'un qui verse une grande quantité [qui ne prend pas soin d'être précis], mais plutôt avec une extrême précision ...
Selon la guémara (Avoda Zara 53a) : ... une maladie (souffrance) est établie avec un serment de l'heure précise où elle partira, ne restant pas un instant de plus.
Et dans la guémara ('Houlin 7b), il est dit : "On ne se cogne pas le doigt à moins que cela n'ait été décrété d'en haut".
Nous voyons ici que chaque détail des souffrances provient d'un décret spécifique de la Cour céleste."

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+ Chacun a son propre fardeau :

-> Le séfer Likouté Yéhouda (sur Mikets 42,35) écrit qu'il a entendu son grand-père, le Imré Emet, au nom du rav Bounim de Peshischa, dire que chaque juif a son propre "paquet" ('fardeau'). Chacun a son propre lot de défis et de difficultés qu'il traverse dans la vie de ce monde.
A l'avenir (dans le monde de Vérité), tous les "paquets" seront mélangés et chacun aura le choix de prendre celui qu'il veut, et chaque individu choisira son propre paquet (comme étant le meilleur, le plus approprié! ).
Chacun se rendra compte que les défis qu'il a relevés ont été plus faciles pour lui que pour n'importe qui d'autre.

-> C'est ce que disent les livres de moussar : une personne ne doit jamais penser que les choses seraient meilleures pour elle si les circonstances étaient différentes. Au contraire, chaque détail de la vie d'une personne est parfait pour elle.
Tout est parfaitement comme il se doit. [même si on était à la place de D., on ne pourrait pas faire mieux! ]
De même qu'une personne ne devrait pas dire qu'elle verrait mieux si elle avait 3 yeux, car il est évident que le fait d'avoir 2 yeux est la volonté d'Hachem, de même, une personne ne devrait pas penser que les défis de quelqu'un d'autre seraient meilleurs pour elle que ceux qu'elle a, car ce qu'Hachem lui a donné est clairement ce qu'il y a de mieux pour elle.