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Avoir émouna dans la stature particulière du peuple juif

+ Avoir émouna dans la stature particulière du peuple juif :

-> Nous proclamons dans les prières des Chaloch Régalim : "Tu nous as choisis parmi tous les peuples, Tu nous as aimés et tu as trouvé grâce à nos yeux, Tu nous as élevés au-dessus de toutes les langues et Tu nous as sanctifiés par Tes commandements. Tu nous as rapprochés, notre Roi, pour nous servir et tu as proclamé sur nous ton grand et saint Nom."

-> Hachem nous dit : "Vous serez Mon trésor entre tous les peuples" (Yitro 195)

-> "C'est toi qu'Il a choisi, Hachem, pour Lui être un peuple spécial (am ségoula) entre tous les peuples répandus sur la terre" (Réé 14,2)

Le Yalkout Chimoni de commenter :
L'expression "c'est toi qu'Il a choisi", nous enseigne que chacun des membres du peuple juif est aimé de D., plus que tous les autres peuples de la terre."
[b'h, voir également : https://todahm.com/2019/10/02/10766-2 ]

-> La relation éternelle entre le peuple juif et Hachem est garantie directement par Hachem à de nombreuses reprises dans le Tana'h, par exemple : "Et J'établirai Mon alliance entre Moi et entre vous et entre vos descendants après vous, de génération en génération, comme une alliance éternelle" "Lé'h Lé'ha 17,7) ... et "Car les montagnes s'en iront et les collines chancelleront, mais Ma bonté ne s'éloignera pas de vous" (Yéchayahou 54,10).

-> Le Nétivot Shalom enseigne :
Au début du processus de rédemption, Hachem a envoyé par l'intermédiaire de Moché un message révélant son grand amour pour ses enfants, en les désignant par des termes très affectueux : "ainsi parle Hachem : Israël est Mon premier-né!" (béni bé'hori Israël - Chemot 4,22). Ce message est d'autant plus puissant qu'il a été délivré alors que Israël (les juifs) se trouvait encore en Egypte, à une époque où son état spirituel était assez faible.

Bien qu'ils soient descendus, comme le racontent nos Sages, au 49e des 50 niveaux d'impureté, Hachem n'hésite pas à proclamer son amour éternel pour eux. Car les juifs sont toujours Ses enfants, peu importe jusqu'où ils peuvent tomber et peu importe ce qu'ils peuvent faire.
Le prophète fait référence à une telle circonstance en déclarant : "l'amour couvre toutes les transgressions" (al kol pécha'im té'hassé aava - Michlé 10,12).

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-> La base du statut transcendant du peuple juif est enracinée dans notre ze'hout Avot inégalé, le mérite extraordinaire de nos ancêtres, comme l'exprime le verset : "ce sont tes Pères qu'a préférés Hachem, se complaisant en eux ; et c'est leur postérité après eux, c'est vous qu'il a adoptés entre tous les peuples, comme vous le voyez aujourd'hui" (Eikev 10,15).
[voir le Yalkout Chimoni - Bamidbar (25:773). Le Maharal écrit également longuement sur ce sujet dans son livre Nétsa'h Israël. ]

-> Il est également écrit :
"Si Hachem vous a préférés, vous a distingués, ce n'est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous ; c'est parce que Hachem vous aime, parce qu'il est fidèle au serment qu'il a fait à vos ancêtres ; voilà pourquoi il vous a, d'un bras puissant, arrachés et sauvés de la maison de servitude, de la main de Pharaon, roi d'Egypte" (Vaét'hanan 7,7-8).

-> Bien que nous partagions avec l'ensemble de l'humanité le trait de tsélem Elokim (création à l'image Divine), le peuple juif est exceptionnellement élevé par son statut raréfié de "banim laMakom" (d'enfants d'Hachem).
La michna (Pirké Avot 3,14) le dit succinctement : "Bien-aimé est le peuple d’Israël pour être appelé "enfants de D." ; c’est un surcroît d’amour que de leur avoir fait savoir qu’ils sont les enfants de D., car il est dit : Vous êtes les enfants d'Hachem votre D." (Réé 14,1).

-> Toute la création peut être classée en 4 catégories : les objets inanimés/minéraux, les végétaux, les créatures vivantes (animaux) et les êtres parlants (humains) (domem, tsoméa'h, 'haï, médaber).
Dans le Séfer haKouzari (4e hakdama du maamar 5), le rav Yéhouda haLévi ajoute une 5e catégorie : le peuple juif (am Israël).

=> Dans les mots du Kouzari : "Les plus bas (spirituellement) parmi les enfants de la Torah d'Hachem sont plus élevés que même les plus élevés parmi les nations qui n'ont pas la Torah. Car la Torah, qui vient d'Hachem, insuffle à l'âme les qualités et la nature des anges".

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+ La nature unique du peuple juif :

-> Les âmes des juifs sont taillées dans un lieu de gloire sous le Kissé Hakavod d'Hachem, le Trône de Gloire.
En effet, le Zohar (III, 29:2) affirme : "Toutes les âmes [juives] sont sculptées de sous le Trône de Gloire", et la guémara ('Haguiga 12b) fait également allusion à ce concept.
[selon nos Sages, d'une façon imagée, l'âme des juifs provient de l'intériorité d'Hachem, tandis que celles des non-juifs provient de Son extériorité. ]

-> Chaque juif possède par héritage les traits innés et nobles.
[notre génétique spirituelle est influencée par les incroyables midot de nos ancêtres. ]

"Hachem s'est choisi (בחר) Yaakov, Israël pour son trésor." (Téhilim 135,4)
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yehoyada) commente :
Israël (les juifs) présente 3 caractéristiques distinctives : ils sont miséricordieux (ra'hmanim - רַחְמָנִים), ils ont honte (baïchanim - בַּיְישָׁנִין) et ils accomplissent des actes de bonté (gomlé 'hassadim - גוֹמְלֵי חֲסָדִים). [guémara Yébamot 79a]
Le mot בחר (choisi - ba'har), est composé des premières lettres de ces 3 caractéristiques : רַחְמָנִים et בַּיְישָׁנִין et גוֹמְלֵי חֲסָדִים
Les 2e lettres de ces mots forment le mot יחוס (une lignée - yi'houss).
Ces 3 caractéristiques montrent qu'une personne est d'origine israélite (juive).

-> Le peuple juif possède la Torah, qui lui a été offerte par Hachem en exclusivité. En revanche, un non-juif n'a même pas le droit d'étudier la Torah.
[la guémara cite cette décision dans Sanhédrin (59a) et 'Haguiga (13a). L'étude des portions de la Torah relatives à l'observance des 7 mitsvot des Bné Noa'h constitue une exception. ]
Le Shabbath est un autre exemple de cadeau offert exclusivement au peuple juif, alors qu'il est interdit à un non-juif de garder le Shabbath.

-> Un juif a la possibilité d'accomplir des mitsvot et d'accomplir la volonté d'Hachem pratiquement à chaque pas et dans chaque circonstance.

-> Les prières du peuple juif ont une puissance accrue unique.
Le verset (Vaét'hanan 4,7) fait allusion à cette exclusivité : "Quel est est le peuple assez grand pour avoir des divinités accessibles, comme Hachem, notre D., l'est pour nous toutes les fois que nous l'invoquons?"
Egalement, le rav de Brisk explique que les bénéfices de la prière en tsibour ne sont accordés qu'au peuple juif, tout comme le puissant mérite de réciter les 13 Attributs de la miséricorde.

-> Les actions du peuple juif sont singulières dans leur capacité à avoir un impact sur la création dans son ensemble et à exercer une influence dans les mondes spirituels.
En ce sens, le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar alef) explique que les pensées, les paroles et les actes d'un juif peuvent créer et détruire des mondes entiers. En revanche, "l'impact cosmique" des actions d'un non-juif dans ce monde ne s'étend qu'à lui-même.
[le Ram'hal dit également qu'à chaque moment un juif peut élever ou rabaisser le monde entier.
Le rabbi de Berditchev dit que le rôle d'un juif dans ce monde est d'élever le Ciel par son comportement (chaque acte impactant les sphères célestes), et en ricochet cela impactera notre monde. ]

-> Il existe un niveau d'existence unique et exclusif dans l'autre monde, réservé au seul Klal Yisrael.

-> Le judaïsme ne peut être classé comme une race ou une ethnie, car la Torah offre à chaque être humain la possibilité d'accéder à la beauté, au sens et à l'éternité que le judaïsme a à offrir par le biais de la conversion.
Une fois qu'un non-juif a suivi le processus rigoureux de conversion, il devient un membre à part entière du peuple juif avec tout ce que cela implique.

[ c'est ce qui ressort des paroles du Rambam (Hilkhot Issouré Bia 14,4) : "Et ils disent [à un futur converti] : "Sachez que le monde à venir est réservé uniquement aux justes, au peuple de d'Israël!".
(On pourrait mettre en doute cela en se basant sur les mots du Rambam (à la fin du 8e chapitre des Hilkhot Méla'him), qui indiquent qu'un non-juif qui observe les 7 mitsvot des Bné Noa'h gagne en fait une portion dans le Monde à Venir.
Cependant, nous devons conclure que le Rambam susmentionné fait référence à une dimension plus élevée du Olam Haba (monde à Venir) qui ne peut être atteinte que par le peuple juif). ]

Torah & crainte du Ciel

+ Torah & crainte du Ciel :

-> Le lien entre l'étude et l'ahavat Hachem (amour d'Hachem) comprend deux étapes. Tout d'abord, une personne qui étudie la grandeur et la bienveillance d'Hachem est remplie d'amour pour Hachem et du désir de Le connaître. Cet amour l'incite à se consacrer à l'étude de la Torah au maximum de ses capacités.
En apprenant la Torah, une personne découvre qui est Hachem, ce qui, à son tour, développe en elle un amour plus profond et plus grand pour Hachem et un lien avec Lui.

Dans les enseignements de nos Sages, nous trouvons une corrélation parallèle entre yirat chamayim (crainte du Ciel) et l'étude de la Torah.
La guémara (Shabbath 31a) compare quelqu'un qui étudie la Torah mais qui n'a pas de yirat chamayim à un trésorier qui possède les clés du coffre intérieur mais pas celle extérieure pour y accéder.
Sa possession des clés est inutile, car il est incapable d'accéder à l'intérieur.
Cela implique que la yirat chamayim est le tremplin qui permet à une personne d'acquérir la Torah.

Cependant, la guémara continue à déplorer les perspectives d'une telle personne qui étudie mais n'a pas de yirat chamayim, la comparant cette fois à quelqu'un qui possède une porte qui sert d'entrée à une cour, mais qui n'a pas de cour derrière cette porte.
Cela suggère que l'étude de la Torah est l'outil nécessaire pour acquérir la yirat chamayim.
=> Ainsi, les deux affirmations de cette guémara semblent se contredire : la yirat chamayim mène-t-elle à la Torah, ou la Torah mène-t-elle à la yirat chamayim?

La réponse est que, tout comme il y a 2 niveaux de ahavat Hachem, il y a 2 niveaux de yirat chamayim.
En vérité, l'ahavat Hachem n'est qu'une facette de yirat chamayim.
La yirat chamayim est généralement traduit par crainte d'Hachem, mais la racine du mot : "yira" signifie en fait "voir". Le rav Shimshon Raphael Hirsch explique que la yirat chamayim ne signifie pas avoir peur/craindre Hachem, mais plutôt être constamment conscient de Sa présence.
Le rav Hirsch écrit ('Horev) : "la pensée de Sa grandeur ne vous quitte jamais, et partout, toujours et en toute chose, vous voyez le D. tout-puissant, grand, créatif, omniprésent et régnant sur tout. La yirat Hachem signifie, au sens strict, voir Hachem partout et sentir sa propre petitesse dans Sa grandeur."

-> Le résultat d'une telle prise de conscience sera qu'une personne aura peur d'Hachem et craindra de Lui désobéir, mais en même temps elle sera remplie d'amour et d'admiration envers Lui.
L'amour d'Hachem et la crainte d'Hachem sont des résultats directs de la conscience d'Hachem, atteinte par l'étude des merveilles de la Création et par l'étude de la Torah.
La yirat chamayim a deux étapes. La première est la prise de conscience d'Hachem, acquise à travers les merveilles de la Création. Cette prise de conscience incitera l'individu à s'engager dans l'étude de la Torah avec le dévouement et l'assiduité nécessaires. À cet égard, la yirat chamayim conduit à l'étude de la Torah.
Cependant, c'est en étudiant correctement la Torah qu'une personne atteint le niveau le plus élevé de yirat chamayim, la reconnaissance la plus claire d'Hachem, "parce qu'à travers la Torah, on reconnaît Celui qui a parlé et qui a fait naître le monde".
En effet, le but ultime de l'étude de la Torah est d'atteindre le niveau élevé de la conscience maximale d'Hachem, et c'est ce que la guémara veut dire en affirmant que la Torah mène à la yirat chamayim.

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-> Le Rambam (Yessodé haTorah 2,2) dit explicitement que l'étude des merveilles de la Création inspire un sentiment à la fois d'amour et de crainte d'Hachem :
"Quel est le moyen de parvenir à l'amour et à la crainte d'Hachem? Si une personne étudie tout ce qu'Hachem a fait, Ses grandes et merveilleuses créations, et qu'à travers elles elle reconnaît l'incommensurable et infinie sagesse d'Hachem, elle ressentira immédiatement de l'amour [pour Hachem], Le louera et Le glorifiera, et sera remplie d'un immense désir de connaître Son Grand Nom ...
Et lorsqu'il considérera ces concepts, il reculera immédiatement, effrayé, et il réalisera qu'il n'est qu'une création chétive et basse ... en comparaison avec l'Intelligence Suprême."

Kavana – l’essentiel n’est pas la quantité, mais d’y mettre notre cœur :

+ L'essentiel n'est pas la quantité, mais d'y mettre notre cœur :

-> La Michna Béroura, commentant le Choul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 1,4) déclare qu'il est préférable de faire quelques prières avec concentration que beaucoup sans se concentrer, et écrit ce qui suit :
"Si une personne se rend compte que si elle fait beaucoup de prières, elle ne pourra pas se concentrer, et qu'elle dit donc moins de prières mais avec plus de concentration, Hachem considère que c'est comme si elle avait eu plus de temps et qu'elle avait dit beaucoup de prières avec concentration.
Nos Sages disent à ce sujet : "Que vous fassiez beaucoup ou peu, l'essentiel est que vous fassiez ce que vous pouvez pour l'amour d'Hachem".
Il en va de même pour l'étude de la Torah. La seule chose qui compte aux yeux d'Hachem est de savoir si vous avez fait tout ce que vous pouviez en fonction de vos capacités."

"Craindre Hachem pour être épargné d'une punition est bien en deçà du niveau de ahavat Hachem.
La crainte d'Hachem devrait être comparable à l'amour entre un mari et sa femme. Il a peur de faire quelque chose qu'elle désapprouverait parce qu'il ne veut pas gâcher l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre.
De même, une personne devrait avoir peur de désobéir à Hachem, de peur de ruiner l'amour d'Hachem ... C'est la peur qui naît de l'amour!"
[Or'hot Tsadikim - Aava]

Selon le Gaon de Vilna, sans la souffrance, nous ne survivrions pas à ce monde [dans le contexte, il fait référence au monde à Venir].
['Hafets 'Haïm - Chem Olam - Chaar Chemirat Shabbath - chap.3]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam) écrit :
"L'idée est que lorsque l'âme s'élève, une sorte de balance apparaît devant elle pour peser ses actions et voir si les mérites l'emportent sur les fautes ou inversement. Elle entend une voix céleste lui annoncer que tous les mérites qu'elle a accumulés au cours de sa vie doivent se rassembler, et cette voix est entendue dans tous les mondes où son âme est enracinée.
Immédiatement, tous les [anges] positifs qui ont été créés à partir des mitzvos se rassemblent et se placent du bon côté de la balance.
Puis une voix céleste se fait entendre pour dire que toutes les fautes qu'il a commises dans sa vie devraient être rassemblés, et alors des masses [d'anges] vêtus et enveloppés de noir se rassemblent, et il y en a une quantité stupéfiante, et la balance penche presque du côté des fautes à cause de leur nombre, et aussi parce que les anges méritants ne sont pas aussi forts, puisque les mitsvot n'ont pas été accomplis avec l'intention ou le désir appropriés, contrairement aux fautes, qu'il a commises avec excitation et désir.
Lorsque la personne voit cela, elle est très inquiète et se demande ce qui va se passer à la fin : ils vont certainement annoncer que je suis méchant, puisque le côté des péchés l'emportera.
C'est alors qu'une voix céleste se fait entendre et annonce : Où sont les souffrances qu'il a eues en ce monde?
Aussitôt, toutes les souffrances qu'il a eues tout au long de sa vie se rassemblent et se précipitent du bon côté, et la balance se décide par une grande marge, parce que par la souffrance, beaucoup de ses fautes sont expiées, et il reste présumé juste …"

-> Note du 'Hafets 'Haïm :
le Séfer 'Harédim écrit une phrase similaire : "Lorsque j'entendrai tous ceux qui me critiquent et me maudissent en public, je placerai une balance à côté de moi, d'un côté mes fautes, de l'autre les malédictions et les critiques, et je verrai que les fautes descendent très bas, je me tairai et validerai mon jugement, et il en sera de même pour chaque type de souffrance en parole ou en action. "
Dans le Séfer 'Hassidim (siman 649), on raconte l'histoire d'un homme pieux à qui l'on demandait : "Comment avez-vous pu vivre si longtemps?" Il répondit : "Je n'ai jamais répondu à quiconque m'a maudit ou blasphémé, mais je l'ai supporté et j'ai pardonné à quiconque m'a opprimé".

"Tant que l'âme ne remplit pas son rôle, son pouvoir s'amenuise"
[Ram'hal - Déré'h Hachem]

[si le corps reste ancré dans les désirs matériels, l'âme est perdante, car elle ne peut pas répandre tout son rayonnement. ]

La mission des juifs dans l'univers est similaire à celle de l'âme dans le corps : insuffler la vie spirituelle à un vide sans vie.
Tout comme l'âme apporte la vitalité au corps tout entier, le peuple juif insuffle la vraie vie à l'univers, [et ce par] la Torah représentée comme l'arbre de vie.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5663, 5664]

"Chaque prière est une nouvelle leçon de crainte du Ciel (yirat Chamayim)"
['Hazon Ich]

La prière, que l'on appelle le "service du cœur", permet d'atteindre le cœur de quelqu'un.
Or, le fondement même de la prière est qu'Hachem est celui qui dirige le monde entier.
Plus on ressent qu'Hachem est le Roi (sur nous-même, et sur l’univers tout entier), plus on est conscient de Lui, et plus on a de la crainte du Ciel.

Nitsavim & Roch Hachana – Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel

+ Nitsavim & Roch Hachana - Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel :

-> Rachi nous rapporte que lorsque le peuple juif a entendu les 98 malédictions qui s'abattraient sur quiconque n'accomplirait pas la Torah, il a été terrifié.
Moché tenta de les rassurer : "Regardez, vous êtes vous êtes ici aujourd'hui (nitsavim ayom), bien que vous ayez mis Hachem en colère à de nombreuses reprises (Devarim, Rachi 29:12)".

Il semble que Moshé essaie d'être rassurant. Cependant, Moché poursuit : "Peut-être y a-t-il parmi vous un homme ou une femme ... dont le coeur se détourne d'être avec Hachem ... et lorsqu'il entendra ces malédictions ... il dira : 'La paix sera avec moi, même si je suis les désirs de mon coeur' ... Hachem ne sera pas disposé à lui pardonner ... et toutes les malédictions de ce Livre viendront sur lui, et Hachem effacera son nom de dessous les cieux ! (Nitsavim 29,17-19)."

=> À qui Moché s'adresse-t-il? La nation entière vient d'entendre les malédictions et tous sont terrifiés. Comment Moché pouvait-il penser qu'il y aurait encore quelqu'un qui pensait pouvoir faire tout ce qu'il voulait sans que rien ne se produise? Qui serait assez fou pour penser cela?

-> Le rav 'Haïm Friedlander explique qu'il existe en effet une personne capable de penser de cette manière : quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir).
Son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel. Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Moché indique clairement qu'une telle personne commet une grave erreur. Pour un tel comportement, Hachem appliquera toutes ces malédictions. De plus, Il punira même les fautes involontaires comme s'ils avaient été commis délibérément (voir Rachi - Nitsavim 29,18). Enfin, le nom du fauteur sera effacé du monde.

=> Cette mesure semble inhabituellement sévère. Après tout, le fauteur peut certainement prétendre qu'il s'est oublié lui-même à ce moment-là (je n'étais plus moi-même!). Il était incapable de penser logiquement. Est-il vraiment si terrible?
Pourtant, l'avertissement de Moché à ce fauteur est que le fait de permettre à à son désir d'écarter Hachem de son esprit est une forme grave de rébellion contre Lui.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava. Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava.
Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

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-> Le rav Yé'hezkel Lévenstein rappelle que Roch Hachana et Yom Kippour sont connus sous le nom de Yamim Noraïm, littéralement les jours redoutables.
Le Rambam (sur la michna Roch Hachana 4:7) écrit que ce sont des jours où un juif doit craindre le jugement d'Hachem et s'y préparer en se repentant de ses fautes passées.

Pendant les Yamim Noraïm, Rav Levenstein exhortait les gens :
"Hachem nous a donné ces jours pour que nous sachions que nous sommes sur le point d'être jugés, afin que nous nous repentions. Il exige que nous le craignions! Si quelqu'un ne le fait pas maintenant, pendant ces jours uniques, il est certainement coupable de 'suivre les désirs de son cœur et d'ignorer Hachem'."

Le rav Lévenstein avertit ensuite :
"J'hésite à le dire, mais une telle personne peut encourir les punitions que Moché a énumérées dans la paracha Nitsavim, à D. ne plaise.
Il se peut qu'Hachem ne veuille pas pardonner à une telle personne, car même maintenant, avec le spectre du jugement qui se profile devant elle, elle ne ressent rien.
Il observe donc les mitsvot, mais qu'en est-il de la crainte d'Hachem? Pourquoi se comporte-t-il comme s'il n'avait pas à se repentir? Quel est le problème de cette personne?"

-> De même, le rav Israël Salanter (Ohr Israël 7) écrit :
"Ne voyons-nous pas que chaque année, il y a des gens, même jeunes et en bonne santé, qui ne parviennent pas à la fin de l'année? Comment ne pas avoir peur? Il faut au moins qu'un sentiment s'exprime!"

-> Le rav Lévenstein a trouvé cette idée dans le récit de la guémara (Béra'hot 28b) sur la fin de la vie de Rabban Yo'hanan ben Zakaï. Il y est dit qu'alors qu'il était alité, ses élèves vinrent lui rendre visite.
Lorsqu'il les vit, il pleura. Ses élèves lui demandèrent pourquoi il pleurait, après tout, il pouvait certainement s'attendre à une grande récompense dans le monde à venir (au regard de ses incroyables mérites spirituels). Il a répondu que s'il était sur le point de faire face à un juge humain, qui ne pourrait que le condamner à un châtiment dans ce monde, il aurait certainement peur.
Il sera bientôt jugé par Hachem, dont le châtiment est pour l'éternité. Il est évident qu'il serait terrifié dans ce cas!

Le rav Lévenstein commente :
"Il semble, d'après le récit, que Rabban Yo'hanan ben Zakaï ne pleurait pas avant l'arrivée de ses élèves.
Si c'est le cas, pourquoi a-t-il pleuré à ce moment-là ? Ce n'était certainement pas pour montrer sa piété ...
Rabban Yo'hanan ben Zakaï avait plutôt l'intention de transmettre un enseignement à ses élèves.
[A l'approche de Roch Hachana et Kippour,] nous devons imaginer que nous sommes confrontés à un véritable procès. Imaginons que nous soyons convoqués devant un juge humain, qui a le pouvoir de nous punir. Nous aurions certainement peur!
La crainte que nous ressentirions est le minimum absolu que nous devrions ressentir lorsque nous nous trouverons bientôt devant Hachem. Nous devrions nous demander si nous avons au moins aussi peur de Roch Hachana."

-> Ceux qui ont connu le grand de la génération, le rav Elazar Shach ont témoigné qu'il vivait avec une telle peur tout au long de l'année. Tout au long de sa journée, il se disait (et parfois se demandait même à haute voix) : "Serai-je capable d'expliquer pourquoi j'ai agi ainsi lorsque je me tiendrai devant la Cour céleste?"

En particulier à Elloul et pendant les dix jours de repentir, son sentiment de peur était palpable.
Son comportement semblait demander : "Comment puis-je me tenir devant Hachem en jugement ?"
Une fois, pendant le mois d'Elloul, le petit-fils du rav Shach, le rav Isser Zalman Bergman, lui a dit que l'un de ses fils allait bientôt devenir bar mitsva et qu'une réception serait organisée dans quelques jours.
"Une célébration maintenant? Pendant Elloul?" Rav Shach est choqué. "Comment puis-je me rendre à une fête pendant ces jours-ci? Pourriez-vous la reporter après les Yamim Noraim?"

[Roch Hachana et Kippour impliquent de développer en nous une profondeur crainte, frayeur, de la gravité de ce moment (le jugement est de Vérité, avec Rigueur, impitoyable [ex: aucune pensée n'est cachée de D.]). Et ce n'est qu'ensuite qu'on peut y ajouter de la joie, de l'amour, d'avoir papa Hachem comme juge, qui nous aime infiniment, rempli de miséricorde.
On doit respecter cet ordre, car alors l'un (crainte) alimente l'autre (la joie, amour). Plus on a conscience de la gravité de la situation, plus on apprécie la bonté d'Hachem, de L'avoir en permanence s'occupant de nous pour notre mieux éternel. ]

"Chaque fois que le chemin semble plus facile, c'est probablement le yétser ara qui [nous] parle".
[Ram'hal - Messilat Yécharim chap.6]

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[en hébreu le terme "amal" (effort) est composé des mêmes lettres que "méal" (au-delà).
Avancer [spirituellement] dans la vie nécessite des efforts, et si c'est trop facile, c'est que le yétser ara est aux commandes. ]