Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Avant de manger et de boire, une personne a deux cœurs, mais après avoir mangé et bu, elle n'a plus qu'un seul cœur" (guémara Baba Batra 12b).

-> La guémara ne dit pas quel cœur reste après avoir mangé et bu, car cela dépend : Si quelqu'un mange et boit juste pour satisfaire son désir physique et sa convoitise, alors le yétser ara est aux commandes, et le cœur après avoir mangé et bu est un cœur insensé qui suivra le yétser ara.
A l'inverse, si quelqu'un mange et boit avec sainteté, c'est-à-dire en se lavant les mains avant et après et en récitant des bénédictions, dans le but de servir davantage Hachem, alors son repas et sa boisson complètent son cœur et le rendent tout entier à son Père céleste.
[rav Tsadok haCohen]

L’importance de faire la volonté de D. avec joie

+ L'importance de faire la volonté de D. avec joie :

-> Pourquoi Jérusalem a-t-elle été détruite?
C'est parce que le peuple juif n'a pas récité la Birkat HaTorah avant d'étudier la Torah.
[guémara Nédarim 81a]

-> La guémara a besoin d'une explication, car est-ce vraiment la seule chose que le peuple juif a fait de mal que de ne pas réciter la Birkat HaTorah avant d'étudier la Torah?
De plus, bien que nous sachions qu'il est obligatoire de réciter une bénédiction avant d'étudier la Torah, ne pas le faire est-il une faute si grave que le Temple a été détruit parce qu'ils n'ont pas récité cette bénédiction?
En vérité, il n'y a pas un seul juif qui ne soit pas plein de mitsvot, comme le dit la guémara (Sanhédrin 37a), les fauteurs au sein du peuple juif sont remplis de mitsvot comme une grenade.

Le principal problème est qu'ils n'ont pas servi Hachem avec joie, car ils se sentaient obligés de le faire.
Lorsqu'ils remplissaient leur obligation et n'avaient plus à accomplir cette mitsva, ils étaient très heureux de l'avoir achevée et de ne plus avoir à la faire. Ils la considéraient comme un joug désagréable.
C'est là l'essentiel de la faute du peuple juif ; à cause de cela, nous nous trouvons dans un exil long et amer.

Hachem a créé le monde, pas parce qu'Il en a besoin, mais pour que nous accomplissions ses mitsvot et que nous en recevions la récompense. Si une personne ne réalise pas les mitsvot avec une attitude positive et joyeuse, c'est comme si elle était kofer le ikar (c'est un hérétique), comme si elle disait que Hachem "a besoin" de son service.

... Hachem n'a nullement besoin de ce que nous faisons, et donc, si nous accomplissons Ses ordres avec une grande joie, Hachem est content de nous.
Cependant, si une personne réalise les commandements rapidement parce qu'elle les considère comme un fardeau et veut s'en débarrasser le plus vite possible, alors Hachem sera en colère contre elle.
[le principal n'est pas la réalisation d'une mitsva, mais l'état d'esprit, les sentiments que l'on a : de loyauté, de fierté, de joie, ... de faire la volonté d'Hachem. ]

La bénédiction de Birkat HaTorah comprend les mots suivants : "acher ba'har banou mikol aamim vénatan lanou ét Torato" = nous bénissons Hachem parce qu'il nous a choisis parmi toutes les nations du monde pour nous offrir le cadeau le plus précieux, la Torah.
Si nous n'étudions pas la Torah et ne réalisons pas les paroles de la Torah avec joie, alors pourquoi le bénir de nous avoir donné la Torah?
Si nous la considérons comme un simple fardeau, il est évident que nous n'en voulons pas vraiment.
C'est comme réciter une béra'ha lévatala (une bénédiction vaine), car nous ne cherchons pas vraiment à Le bénir pour cela.

=> C'est la faute du peuple juif, qu'ils n'ont pas servi Hachem avec joie, et donc ils n'ont pas récité Birkat HaTorah parce qu'ils ne le voulaient pas vraiment. Ils considéraient cela comme un fardeau, même s'ils le faisaient.
[ rav Yonathan Eibshitz - Tiféret Yonathan - Ekev 11,13 ]

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[de même dans chaque bénédiction nous disons : "acher kédéchanou bémitsvotav" (qui nous a sanctifié par Ses mitsvot) = chaque mitsva est un cadeau d'Hachem, qui nous rend plus saint et proche de Lui, ...
Avons-nous vraiment conscience de ce que cela implique? Voulons-nous vraiment avoir une éternité au plus proche de papa Hachem?
Comment pouvons-nous voir les mitsvot comme un fardeau (et non un cadeau), comme une contrainte (je fais ce que D. a besoin!? ) ?

Notre yétser ara essaie de nous rendre prisonnier de la routine, pour enlever tout sentiment dans notre servir d'Hachem.
Ne pas servir Hachem avec joie, n'est pas facultatif, c'est grave au point de causer notre exil si long et dur! ]

+ "Exaltez Hachem avec moi" (gadélou l'Hachem iti - Téhilim 34,4)

-> Le terme "iti" (avec moi - אתי) est l'acronyme de : émouna (אמונה), Torah (תורה) et yira (יראה).
Les aspects les plus fondamentaux du judaïsme sont la confiance en Hachem (émouna), l'étude et le respect de la Torah, et la crainte d'Hachem (yirat).
[ rav 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm ]

L’obscurité de l’exil nous exempte du guéhinam

+ L'obscurité de l'exil nous exempte du guéhinam :

-> Il est dit dans le séfer Haguérouchin de rabbi Moché Cordevero que le sar (ange gardien) d'Egypte a été retiré de sa position élevée et est devenu l'ange gardien du Guéhinam.
Je pense que la raison pour laquelle le sar d'Egypte a été démis de ses fonctions et placé comme sar sur le Guéhinam était qu'il ne régnerait pas sur le peuple juif. Il a été placé en tant qu'ange gardien sur le Guéhinam, car l'exil (avec ses difficultés, ses souffrances) exempte le peuple juif d'aller au Guéhinam, et donc le peuple juif ne serait pas là pour qu'il puisse régner sur eux.
[Chlah haKadoch]

La sagesse = observer les mitsvot simplement parce que Hachem nous l’a ordonné

+ La sagesse = observer les mitsvot simplement parce que Hachem nous l'a ordonné :

"Tous ceux qui étaient sages ... apportèrent. Et ils firent tout ce qu'Hachem avait ordonné" (Vayakel 35,10)

-> Le Baal Shem Tov explique que la chose la plus intelligente que l'on puisse faire est d'obéir à la volonté de Hachem, simplement parce que c'est ce qu'Il a ordonné, sans chercher à tout comprendre par soi-même.

En conséquence, le verset dit que "tous ceux qui étaient sages" ont fait preuve de sagesse en "faisant tout ce que Hachem a ordonné", ce qui signifie qu'ils ont obéi à Hachem sans poser de questions et ont fait ce qu'Il leur a ordonné simplement, car c'est ce qu'Il leur a ordonné de faire.

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+ Savoir que l'on ne sait pas :

-> Le séfer Cheshba Tova cite le rav Henoch d'Alexandre qui affirme que le Zohar Hakadoch (2, 82b) qualifie les mitsvot de : itim (conseil), car elles apportent sagesse et connaissance.

Il pose la question de savoir si cela est compréhensible pour les mitsvot dont nous connaissons la raison d'être. Nous pouvons certainement acquérir la sagesse et comprendre comment servir au mieux Hachem en apprenant ces mitsvot. Mais que pouvons-nous apprendre d'une mitsva comme Parah Adouma, dont nous ignorons la raison d'être?

Il répond que "savoir que l'on ne sait pas" est en soi une forme de grande sagesse.
Le Chlah Hakadoch écrit dans ce sens que le but de toute connaissance est de permettre à une personne de reconnaître qu'elle ne sait pas vraiment.

Lorsque l'on comprend que le but de ce monde est l'élévation spirituelle, qui est un investissement qui dure pour l'éternité, la douleur, la souffrance physique et l'absence de biens matériels ne troublent plus notre sérénité intérieure.
Le vrai bonheur vient de la reconnaissance du fait que ce monde n'est qu'une préparation à l'éternel.
[rav 'Haïm Mordé'haï Katz ]

L’importance d’avoir du zèle dans les mitsvot

+ L'importance d'avoir du zèle dans les mitsvot :

-> "La justice marche au-devant de lui, et trace la route devant ses pas" (Téhilim 85,14)

-> Il y a des gens qui vont accomplir une mitsva, prier, ... et qui s'arrêtent en chemin pour parler avec d'autres personnes.
Même si elles accomplissent la mitsva par la suite, elles ont fauté en ne le faisant pas rapidement.
Après leur mort, leur punition est réciproque, comme le montrent de nombreux livres.
Leur âme doit traverser un fleuve sur un passage très étroit. Ce passage est très douloureux pour l'âme et lui inspire crainte et effroi. Elle doit courir très vite pour traverser. Cependant, au milieu du chemin, Hachem envoie un ange pour la bloquer.
Il s'agit du même ange qui a été créé lorsque la personne a accompli la mitsva (chaque mitsva créant un ange).
Cet ange avait auparavant souffert de la douleur, car lorsque la personne a pensé à faire la mitsva dans sa maison, elle a créé l'âme de l'ange ; alors que lorsqu'elle a accompli la mitsva, elle a créé le corps de l'ange. Mais parce qu'elle a tardé à créer le corps en s'arrêtant pour parler, l'ange vient également l'arrêter au milieu du chemin, de sorte qu'il ne peut pas courir et qu'il a peur.

C'est le sens de "La justice marche au-devant de lui".
La signification simple est que toutes les mitsvot d'une personne la précèdent après sa mort. [chaque mitsva va créer un ange, dont l'aspect va dépendre de notre kavana (ex: intention, joie, enthousiasme/zèle, ...) dans sa réalisation.
Cependant, nous devons nous assurer que lorsque nous allons accomplir une mitsva ou prier à la synagogue, nous le faisons rapidement, et non pas mollement, afin qu' "trace la route devant ses pas" = les anges ne nous arrêteront pas lorsque nous traverserons le fleuve.
[Baal Chem Tov - Tsava'at HaRivach - p.14a ]

La kavana = libérer les étincelles de sainteté

+ La kavana = libérer les étincelles de sainteté :

-> L'extraction de ces étincelles de sainteté sont le but de toutes les actions d'un juif, dans l'étude de la Torah, l'accomplissement des commandements et dans les intentions mystiques de manger.
Chaque étincelle trouvée dans ces niveaux inférieurs d'existence a une forme complète, avec 248 organes [spirituels] et 365 tendons.

Cependant, tant qu'elle se trouve à ce niveau, elle est emprisonnée, avec sa tête sur ses genoux et son ventre, incapable d'étendre ses mains et ses pieds.
Une personne qui a de bonnes pensées et intentions peut soulever l'étincelle de sainteté de ces niveaux et l'amener à la liberté.
Il s'agit là du plus grand accomplissement de la mitsva de racheter les captifs. Et puisque c'est le fils du roi lui-même qui est en captivité (l'étincelle de sainteté), une personne qui travaille à le libérer de son emprisonnement recevra certainement une récompense abondante.
Néanmoins, tout suit le jugement supérieur qui a mis fin aux ténèbres et a déterminé combien de temps une chose restera emprisonnée, quand elle méritera d'en sortir et par qui elle atteindra la liberté.
[Ben Porat Yossef - p.74b - d'après le Baal Chem Tov ]

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-> Selon le Arizal, à la suite de la faute d'Adam, des étincelles de sainteté se sont dispersées dans toutes les choses de ce monde, à tous les niveaux d'existence : minéral, végétal, animal et même humain.
D'une part, la chaîne alimentaire produit un processus naturel d'élévation, puisque les plantes poussent à partir du sol, que les animaux les mangent et que l'homme mange l'animal.
Cependant, les êtres humains élèvent également les étincelles des règnes minéral et végétal en les consommant directement ou en les utilisant d'une autre manière.

La liste du Baal Shem Tov inclut également les êtres humains, car si tous les êtres humains peuvent participer au processus d'élévation des étincelles, tous ne le font pas réellement. Cela dépend de la manière dont une personne utilise sa vie. Celui qui met au service d'Hachem la force qu'il reçoit en mangeant élève les étincelles qui se trouvaient dans la nourriture.
[chacune de nos actions est possible par l'énergie de ce qu'on a mangé/bu, et si l'on utilise pour le bien cette énergie, alors on permet l'élévation de la sainteté qui y était.
La kavana, la joie, ... a faire une mitsva, une bénédiction, donne beaucoup plus de puissance à ce qu'on fait, et permet une extraction sublime, un beau kidouch Hachem (de cette partie de Divinité emprisonnée). ]

Par contre, une personne qui mange pour la satisfaction de ses désirs physiques, et qui n'investit pas son énergie dans de bonnes actions, ne fait qu'enfermer les étincelles dans un niveau de corporalité supplémentaire.

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-> De même qu'un être humain possède des membres et des organes disposés selon un certain schéma, l'organe prééminent étant la tête, et allant de là jusqu'aux pieds, de même chaque étincelle sainte possède une stature spirituelle complète.
Rabbi Na'hman de Breslev parle de chaque commandement de la Torah ainsi : les "pieds" du commandement représentant son aspect le plus bas, la partie du commandement dont les détails sont les moins observés, ou les moins accomplis avec enthousiasme.

[selon nos Sages, les mitsvot ne sont qu'un moyen en vu du principal : avoir de la kavana, de la joie, de l'enthousiasme, de la fierté, ... à faire la volonté divine. Hachem désire le coeur, et cela implique de laisser s'exprimer nos sentiments en faisant les mitsvot.
On rend alors les mitsvot sublime spirituellement, avec toute leur tête (chaque mitsva génère un ange, qui ne sera complet et magnifique qu'avec notre kavana). ]

-> Tant que l'étincelle de sainteté, dont la source est l'être humain lui-même, est enfermée dans le monde non humain, elle ne peut s'exprimer pleinement au service d'Hachem.
Le Baal Shem Tov utilise l'image d'un fœtus replié sur lui-même, la tête sur les genoux. Ce n'est que lorsque cette étincelle est incorporée dans un être humain, qui sert Hachem, qu'elle peut atteindre son état réalisé.

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-> En mangeant et en buvant, par exemple, nous élevons les étincelles de sainteté qui étaient au milieu des différents éléments du monde physique, et dans les endroits les plus bas.
[Ohr HaGanouz LaTzaddikim - Vayé'hi]

-> Le Baal Chem Tov (Tsivot haRivach - p.13a) enseigne :
La guémara (Roch Hachana 27a) dit : "La Torah est prudente avec l'argent d'un juif".
Pourquoi cela? Parce que dans tout ce qu'un juif utilise, qu'il s'agisse de vêtements, de nourriture ou d'ustensiles, il y a une force de vie spirituelle dont il tire du plaisir. Sans cette énergie, l'objet ne pourrait exister. [toute chose a une étincelle de sainteté divine qui lui donne son aspect et la capacité d'exister. ]
De plus, ces étincelles de sainteté sont liées à l'âme de la personne, ce qui explique pourquoi une personne aime un objet, tandis qu'une autre le déteste et aime autre chose. Et même si une personne utilise l'objet, ou mange la nourriture, juste pour se nourrir, elle peut encore réparer ses étincelles, si elle sert ensuite Hachem avec la force qu'elle a reçue de l'objet.
Cela explique pourquoi, parfois, après qu'une personne ait réparé les étincelles d'un objet lié à son âme, Hachem le lui retire et le donne à quelqu'un d'autre, parce qu'il contient encore d'autres étincelles provenant d'une source différente.

Le Baal Shem Tov dit : "Nous mangeons des gens, nous buvons des gens et nous utilisons des gens" = en référence aux étincelles qui se trouvent dans chaque chose.
Par conséquent, nous devrions faire attention à nos possessions, en raison des étincelles qu'elles contiennent. Nous devrions avoir de la compassion pour nos propres étincelles de sainteté.

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-> Le rabbi 'Haïm de Chernovitz (dans son Béer Mayim 'Haïm - commentaire sur la Haggada) écrit :
"Le Baal Shem Tov a dit : "Si trois personnes ont mangé à une même table et n’y ont pas prononcé de paroles de Torah, c’est comme si elles avaient consommé des sacrifices offerts aux morts" (Pirké Avot 3,4).
Il s'agit des âmes des défunts qui s'incarnent dans la nourriture humaine, afin que les gens partagent avec elles des paroles de Torah. Grâce à cela, "les morts sont ressuscités" (c'est-à-dire réparés).
Cependant, s'ils ne partagent pas la Torah, c'est comme s'ils avaient sacrifié cette âme et l'avaient jetée au niveau des objets inanimés."

Aspirer à davantage de spiritualité & l’impact de la douleur de constater notre état actuel

+ Aspirer à davantage de spiritualité & l'impact de la douleur de constater notre état actuel :

-> Que se passe-t-il si l'on désire ardemment grandir [spirituellement] mais que l'on n'a pas l'impression de grandir? Si le désir de croissance [spirituelle] engendre la croissance, comment expliquer une situation où l'on désire mais où l'on ne grandit pas?

Il y a plusieurs niveaux de "désir". Il y a des "désirs" de niveau inférieur et des "désirs" de niveau supérieur :
- les désirs de niveau inférieur sont ceux que l'on souhaite avoir ;
- Les désirs de niveau supérieur sont ceux que l'on désire désespérément.

La croissance dans un domaine particulier, ou en général, ne peut pas être simplement un souhait. On doit le vouloir désespérément.
Comment savoir si l'on veut désespérément ou si l'on souhaite simplement?

Tout d'abord, il faut être clair sur ses objectifs de croissance, c'est-à-dire sur les domaines dans lesquels on veut progresser et sur ce que l'on veut accomplir. Si l'on n'a pas d'objectifs de croissance clairs, cela peut indiquer un certain manque de détermination.
L'aspiration à la croissance [spirituelle] à un niveau général n'est pas une véritable aspiration à la croissance.
C'est un souhait. Il faut avoir des objectifs clairement définis pour soi-même, à court et à long terme.

Deuxièmement, il faut avoir une sorte de plan pour atteindre ses objectifs.
Le degré de volonté d'une personne de se développer est mesuré par la quantité de planification qu'elle a faite pour réussir à se développer. Si une personne se contente de "vouloir" mais n'a pas de plan d'action, elle ne veut pas suffisamment grandir, ce n'est qu'un souhait.
Une personne qui a l'impression de ne pas réussir à grandir doit se demander s'il y a des choses qu'elle pourrait faire pour mieux faciliter sa croissance. Si c'est le cas, c'est qu'elle ne veut pas encore grandir suffisamment, et sa prochaine étape devrait consister à élaborer des plans pour atteindre ses objectifs de croissance.

Si ces deux étapes ont été franchies et que l'on a l'impression de ne toujours pas progresser, il faut se demander si l'évaluation selon laquelle on ne progresse pas est exacte.
Les domaines à évaluer sont les suivants
- Si le niveau de désir a augmenté depuis la dernière fois qu'on l'a examiné. Veut-on grandir davantage [spirituellement] aujourd'hui qu'auparavant? Si c'est le cas, on a grandi.
- Si on aurait nécessairement pris ces mesures pour atteindre ses objectifs de croissance avant aujourd'hui. Aurait-on été assez courageux, auparavant, pour planifier comme on le fait maintenant? Si ce n'est pas le cas, on est plus fort qu'on ne l'était et on a grandi même si on n'a pas encore atteint nos objectifs.

Si, après évaluation, on a l'impression qu'on ne grandit pas, il y a un autre niveau à explorer.
Il y a une nuance dans le langage de la guémara (Zéva'him 53b) concernant Binyamin et sa plainte selon laquelle Yéhouda a empiété sur son territoire.
[Binyamin était peiné par le fait qu'une bande de terre de Yéhouda traversait sa portion et réduisait son territoire en terre d'Israël. La guémara dit que grâce à cela il a mérité d'être un "hôte d'Hachem", c'est-à-dire d'avoir le Temple dans sa portion.]
Ce n'est pas simplement que Binyamin voulait la sainteté. La guémara dit qu'il était "mitstaer", peiné de ne pas l'avoir. La formulation n'est pas anodine. La guémara laisse entendre que la douleur, la souffrance, liée au désir de sainteté est en fait une étape essentielle pour l'obtenir.

L'idée est que notre ratson, notre désir de sainteté, crée un tsinor, un conduit (tuyau), pour que cette sainteté nous parvienne du Ciel. Cependant, chaque fois qu'un conduit est créé entre le Ciel et la Terre, les forces négatives, qui veulent déconnecter le matériel du spirituel, tenteront d'interférer avec la connexion et de bloquer le conduit, diminuant ainsi le flux et son effet positif.
Par conséquent, le fait même de vouloir la spiritualité peut ne pas suffire à la faire descendre le conduit (tsinor). Les forces négatives qui interfèrent doivent être neutralisées.
Lorsque nous voulons tellement grandir que cela nous fait mal, cette douleur absorbe en fait les forces négatives, permettant à la spiritualité de nous atteindre.

Le fait d'avoir mal à la spiritualité facilite notre croissance en libérant la canalisation des interférences négatives.
Le fait que Binyamin ait souffert de sa sainteté compromise est exactement ce qui lui a permis d'atteindre la sainteté. Il en va de même pour nous.
Il faut vouloir grandir si fort que cela fait mal. Cette douleur (souffrance) que nous ressentons face à notre état spirituel défaillant absorbera les forces négatives, libérera le conduit, et notre croissance [spirituelle] viendra.

C'est ce que Rabbi Akiva voulait dire (guémara Béra'hot 61b) dans sa réponse à ses élèves sur le chemin de sa mort. Il disait la lecture du Shéma, et ses élèves lui demandèrent : "Ad kan?" (jusqu'ici? Jusqu'à ce jour?). Leur question semblait porter sur la capacité de Rabbi Akiva à dire le Shéma dans des circonstances aussi difficiles.

Il répondit que toute sa vie, il avait été "mitstaer", en proie à la douleur, parce qu'il n'avait pas eu l'occasion d'accomplir la mitsva de "bé'hol nafché'ha", c'est-à-dire de donner sa vie pour sanctifier le nom d'Hachem. Maintenant que l'occasion est arrivée, "lo akayeménou" (je ne l'accomplirai pas?).

Ce que rabbi Akiva voulait dire, c'est que ce n'était pas simplement parce qu'il voulait accomplir cette mitsva. Au contraire, il souffrait de ne pas pouvoir l'accomplir.
Sa ratson (volonté) et sa douleur combinés lui permettaient en fait d'accomplir la mitsva au plus haut niveau, sans être perturbé par la torture qu'il subissait.
Sa réponse "lo akayeménou?", réponda à la question "comment ma mitsva pourrait-elle être perturbée? Je la désirais tellement, je souffrais pour elle, mon désir et ma douleur ont généré ma capacité à accomplir cette mitsva au niveau le plus élevé.

Vouloir, définir et planifier la croissance génère la croissance. Le fait que nous soyons désemparés par nos défis spirituels peut être exactement ce dont nous avons besoin pour les surmonter.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Ekev 5701 (1941) ]

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=> Si quelqu'un veut grandir mais ne grandit pas, c'est qu'il ne veut pas grandir suffisamment.
[nos souffrances sur notre état spirituel actuel dans une optique d'aspirer à davantage, ne doit pas nous pousser à désespérer, au contraire c'est un actif énorme aux yeux d'Hachem, qui permettra au conduit de transmettre de belles choses du Ciel sans que les forces négatives puissent y toucher. ]

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+ Donner de la profondeur à notre aspiration :

-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira (Tsav vézirouz - ot 24) conseille à quelqu'un qui désire ardemment grandir spirituellement d'imaginer qu'il est un tsadik et il doit penser à la puissance de son âme à la racine, et à la gloire qu'il aura lorsque Hachem et Ses saints viendront être avec lui et marcheront avec son âme dans le Gan Eden.
[on peut imaginer la place que l'on aura éternellement, ou bien nos ancêtres, nos proches, qui verront tout ce qu'on aura pu faire de notre vie (sur ce qu'on aurait pu faire). ]
Le rav Shapira écrit que pour celui qui fait cela : "il est impossible que nous ne soyons pas incité à (traiter notre âme avec) une plus grande prudence pour ne pas salir sa splendide grandeur (pour) lorsqu'elle sera remise dans les bras du Roi du Monde (après la mort). Et le désir de mériter cela sera éveillé en vous, (un désir) qui s'étendra jusqu'à la fin de votre âme".
En général, la stratégie consistant à imaginer la personne que l'on veut être peut être utile pour identifier les domaines sur lesquels on doit encore travailler.

[l'idée est que le désir de grandir spirituellement, doit devenir quelque chose de vivant, et pas seulement théorique, de simples paroles/pensées. Au quotidien, on doit trouver des choses qui nous motivent à aspirer au maximum à être proche d'Hachem, à davantage Le connaître, faire Sa volonté, ... ]

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+ Avoir confiance en sa valeur interne :

-> Selon le rav Shapira :
Un "désir" doit avoir un plan et doit être accompagné d'une conviction sincère pour être réellement accompli.
En général, la croissance [spirituelle] exige que l'on croie en sa propre valeur et en sa capacité d'accomplissement.

-> Le Zéra Kodech (Lé'h Lé'ha) va encore plus loin en déclarant : peu importe d'où l'on vient, même s'il s'agit des plus profondes bassesses spirituelles, il faut croire en ce que l'on peut devenir.
Il écrit que c'est le message qu'Hachem a adressé à Avraham lorsqu'il lui a dit : "Lé'h Lé'ha". [certes fais téchouva, mais quitte cette réalité de toi (pouvant être horrible) pour un désir d'un idéal très élevé.
D'une certaine façon : "lé'h lé'ha" = quitte ce mauvais/mal spirituel qui est un fait extérieur, et va vers ton essence, ce que tu es au fond de toi (une partie de D. qui reste toujours pure), et qui peut atteindre des hauteurs spirituelles infinies (à l'image d'Hachem). ]
Sans cela, notre désir n'est pas un désir mais un souhait, et on n'atteindra pas nécessairement le résultat espéré.

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-> Lorsque le rav Shapira parle de devoir souffrir de vouloir tellement grandir spirituellement, on peut expliquer que le désir de grandir devrait nous rendre mal à l'aise avec la façon dont les choses sont actuellement, et plus nous sommes mal à l'aise, mieux c'est.
Il est évident que le Rabbi ne nous encourage pas à nous sentir mal à l'aise avec nous-mêmes ou avec ce que nous sommes.
[selon nos Sages "saméa'h bé'helko" (satisfaire de ce que l'on a dans la vie), implique être content avec ce que l'on a matériellement, et spirituellement. Certes on doit être joyeux de notre vie, mais on doit avec de courts moments quotidien où l'on exprime notre tristesse, notre insatisfaction, comme une prière, un cri de désespoir à Hachem (je veux plus Te connaître, étudier, faire de mitsvot, avoir des ressources pour faire Ta volonté, ...). ]
Le rav Shapira nous encourage à reconnaître notre potentiel de grandeur, à être stupéfaits par ce que nous pouvons devenir, à désespérer de le devenir et à souffrir de ne pas l'avoir encore fait.

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-> Dans les mots exactes du le rav Shapira :
"Ce qu'il (Binyamin) a tant accompli en vertu du fait qu'il en a été peiné n'est pas seulement parce qu'il (la douleur) crée plus de volonté, mais parce que le ratson fonctionne pour faire descendre la bonté et la lumière, et la douleur qu'il a ressentie a fonctionné pour supprimer le din (Rigueur) et la contraction [de la lumière] qui cachait et dissimulait le flux et l'influence d'en-Haut.
Il en résulte que le ratson (désir, volonté) facilite la lumière et que la douleur s'oppose à la dissimulation de la lumière ...

Par le fait qu'il l'a désiré et qu'il a également souffert (de ne pas l'avoir), alors par son grand désir d'une portion de sainteté, il l'a méritée ...

Par conséquent, dans la mesure où un juif veut servir Hachem et devenir saint avec Sa sainteté, et aussi [qu'il est] peiné par ses défauts qu'il trouve en lui-même et qu'il n'a pas [encore] rendus saints, cela (la douleur) fonctionne pour supprimer la contraction et la dissimulation [qui est] en lui, et tirer vers le bas Sa sainteté [d'Hachem], véritablement sur lui."

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-> Le Baal Chem Tov donne l'analogie pour nous renforcer lorsque l'on est confronté à des défis de croissance et à des échecs.
Un roi qui entoure son palais de murs, de portes, de rivières et de feu, autant d'illusions d'optique.
Ceux qui veulent désespérément voir le roi tenteront d'escalader les murs et les portes, de traverser les rivières et de sauter par-dessus le feu, avant de découvrir qu'il ne s'agit que d'illusions.
Ceux qui ne sont pas intéressés par le défi rentreront simplement chez eux.

L'idée du Baal Chem Tov est que les défis auxquels nous sommes confrontés en servant Hachem ont été mis en place par Hachem. Nous pouvons avoir l'impression qu'Hachem nous empêche de nous rapprocher de Lui, mais ce n'est qu'une illusion.
Ceux qui veulent et sont prêts à dépasser les limites verront qu'il n'y a rien d'autre à faire. Ceux qui veulent et essaient mériteront de voir le Roi.

[ainsi la vie est un chemin avec des embûche personnalisée par Hachem, et nous but est de toujours garder l'espoir, le désir et l'ambition d'avancer le plus possible pour être au plus proche d'Hachem dans l'éternité du monde à Venir. ]

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-> Il est important de garder à l'esprit que même avec les conseils de ce dvar Torah, il peut s'écouler un certain temps avant que la croissance ne se fasse sentir ; il est rare que quelque chose se produise immédiatement.

L’importance de transformer notre désespoir de grandir spirituellement en un désir ardent

+ L'importance de transformer notre désespoir de grandir spirituellement en un désir ardent :

-> Que fait-on si l'on est tellement brisé par les circonstances de la vie que l'on a l'impression de ne pouvoir rien faire pour notre spiritualité, même pas pour avoir de la émouna que ses difficultés sont pour le bien? Quel type de croissance peut-on faire lorsque l'on n'a pas la force de grandir [spirituellement]?

Chaque circonstance est une opportunité de croissance, même lorsque l'on a l'impression d'abandonner la croissance. La façon de grandir lorsque l'on a renoncé à grandir est de transformer ses sentiments de désespoir en désir ardent.

Le désespoir, c'est quand on a l'impression qu'il est impossible de grandir.
Le désir ardent [à aspirer à davantage de spiritualité] est le désir de grandir même si cela semble impossible.

La différence est légère mais cruciale. Le désir ardent reconnaît le sentiment que la croissance est impossible, mais en même temps il le canalise en un désir profond de surmonter les circonstances, malgré le sentiment que c'est impossible.

En pratique, l'approche à adopter face à un sentiment de désespoir dans sa croissance [spirituelle] est de s'autoriser à le ressentir. Lorsque ce sentiment est intense, le canaliser en un désir profond et une aspiration désespérée à surmonter l'impossibilité et à croître.

Le fait même de transformer son désespoir de grandir en un désir de grandir est un acte de croissance en soi, puisqu'il a transformé ses sentiments négatifs à l'égard de la croissance en une motivation à le faire.

De plus, ce changement permet d'atteindre la sainteté et, en fait, un niveau de développement spirituel qui répond exactement à ce que signifie faire partie du peuple juif.
En d'autres termes, le travail du peuple juif consiste à faire ressortir la sainteté de tout ce qui se trouve dans ce monde physique. Tout peut, et doit, être rendu saint.
Les sentiments doivent également être sanctifiés. En transformant nos sentiments de désespoir en sainteté, on a sanctifié notre désespoir.
Le désespoir éloigne d'Hachem, alors que l'aspiration [à davantage de grandeur spirituelle] est sainte.
Les sentiments de désespoir sont des occasions de sainteté si nous les canalisons en désir. "
[...]

Tout peut être rendu saint. En transformant le désespoir en désir (aspirations), c'est exactement ce que nous avons fait, et c'est un acte de croissance.

Mais l'idée va encore plus loin. Ce n'est pas simplement que le désir de croissance est lui-même une croissance et rend le désespoir saint, mais qu'en fait, le désir de croissance génère plus de croissance.

Le guémara (Zéva'him 53b) dit que Binyamin était peiné par le fait qu'une bande de terre de Yéhouda traversait sa portion et réduisait son territoire en terre d'Israël. La guémara dit que grâce à cela il a mérité d'être un "hôte d'Hachem", c'est-à-dire d'avoir le Temple dans sa portion.
La Guemara est difficile. Pourquoi la réponse d'Hachem à la plainte de Binyamin a-t-elle été que le Temple serait dans sa portion? Binyamin était contrarié par la terre ; pourquoi le Temple le satisferait-il?

Cependant, la Guemara nous révèle que c'est le désir même de spiritualité qui l'engendre.
Binyamin voulait la sainteté. Il voulait plus de terre d'Israël parce qu'il voulait la sainteté.
Il voulait la sainteté, et il l'a obtenue, il a obtenu le Temple, le lieu ultime de la sainteté.
Le [grand] désir de Binyamin pour la spiritualité l'a finalement générée.

Lorsqu'une personne transforme son désespoir en désir ardent, elle ne réussit pas seulement à grandir et à atteindre la sainteté, mais elle génère en fait sa propre croissance.
Le désir de spiritualité engendre la spiritualité.
En ce qui concerne la spiritualité, plus on le désire, plus on l'aura.

Des sources (ex: Sfat Emet Béchala'h 5651 ; Toldot Yaakov Yossef - Vaét'hanan) soulignent que le mot "ratson" (désir - רָצוֹן), a les mêmes lettres que "tsinor" (un conduit, un tuyau).
Ils expliquent que le désir que nous avons pour la spiritualité crée en fait un conduit pour l'amener à nous.
Lorsque nous luttons spirituellement, le désir ardent que les choses changent est ce qui peut faire changer les choses.

En transformant ses sentiments de désespoir en désir ardent, on peut parvenir à la croissance et à la sainteté. Même si les circonstances qui rendent les choses difficiles ne changent pas, nous pouvons changer ... si nous le voulons.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Ekev 5701 ; Vaéra 5702 ]

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=> Transformer un désespoir de grandir [spirituellement] en désir ardent de grandir [spirituellement] est un acte de croissance, génère de la croissance et nous rend saints.

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-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira rapporte souvent dans ses ouvrages que :
chaque circonstance de la vie dans laquelle une personne se trouve doit être canalisée vers la avoda (service d'Hachem), même les moments où l'inspiration manque.
La définition de avodat Hachem est de dédier chaque moment de sa vie à Hachem, et pas seulement les moments où nous sommes inspirés (ex: fatigué, malade), [où tout se passe comme on le veut].
[ ma avodat Hachem n'est pas top top, mais c'est dans cet état qu'Hachem désir que je Le serve, alors je le fais de mon mieux avec joie et confiance. ]

-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira (Déré'h haMélé'h - Vayigach 5689) enseigne :
les sentiments de désespoir et d'inquiétude que l'on ressent en pensant à son faible état spirituel sont en fait notre âme qui nous parle. C'est l'étincelle de sainteté (nitsots kédoucha) en nous qui veut désespérément s'améliorer.
Ces sentiments de désespoir peuvent en réalité nous amener à la joie lorsque nous réalisons qu'ils sont les voix de la partie de nous-mêmes qui est encore inspirée. Et elles nous appellent malgré notre manque d'inspiration.

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-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira (Déré'h haMélé'h - Ekev) écrit que le désir de croissance spirituelle est en réalité, d'un point de vue pratique, une étape importante vers la croissance. Il conseille à une personne d'imaginer et de rêver à ce qu'elle serait si elle atteignait un ou plusieurs objectifs spirituels particuliers, sa grandeur, sa fierté, sa stature, sa sainteté.
Il explique que le fait d'imaginer ce que l'on serait si l'on atteignait son objectif peut être un puissant facteur de motivation pour l'atteindre. En d'autres termes, il faut penser à ce que l'on pourrait être, rêver à ce que l'on peut devenir.
Ce faisant, on allume le "ratson hapénimi" (volonté intérieure) pour le devenir.

Selon le rav Shapira (Déré'h haMélé'h - Shavouot), chaque juif n'a pas seulement un désir intérieur de faire le bien, mais une aspiration à la grandeur [spirituelle], et qu'il faut être sensible et ressentir sa poussée intérieure naturelle pour réaliser son potentiel personnel.

[la joie est quand notre intériorité est en accord avec nos actes, nos aspirations sincères. Ainsi, une vie où l'on n'a pas d'ambition spirituelle, est en décalage avec la nature de notre intériorité, et cela génère un sentiment de mal être intérieur. ]

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-> Le Tiféret Shlomo (Likoutim - drouch léMatan Torah) va jusqu'à dire que le désir (ratson) même de faire une mitsva quand on ne peut pas est considéré par Hachem comme si on avait fait la mitsva.

[voir également le Réchit 'Hokhma - Mahadourat Yérouchalayim - Hakdamat Hame'haber - ot 22-23, qui tire ce concept de nombreux endroits dans nos Sages et les Richonim. ]

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-> "Le pouvoir du désir d'un juif vient du fait qu'il est connecté au désir d'Hachem, et lorsqu'il est enflammé à l'intérieur du juif, il active celui d'Hachem."
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - 'Hovat haTalmidim - chap.11 ]

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+ La grandeur de tout juif = Aspirer à davantage permet de changer la réalité :

-> Il s'agit là d'un point crucial. Le point de vue du rav Shapira n'est pas que si nous voulons vraiment que nos circonstances changent, elles changeront. Ce qu'il veut dire, c'est que nous pouvons changer, même si nos circonstances ne changent pas, si nous le voulons suffisamment.
Hachem contrôle nos circonstances, mais c'est nous qui contrôlons notre croissance. Hachem peut décider que nos circonstances doivent être d'une certaine façon, et si c'est le cas, notre désir que les choses soient différentes n'y changera rien.
Notre travail consiste à nous développer. Le reste dépend d'Hachem.

Néanmoins, le rav Shapira (Aish Kodech - Béhaaloté'ha 5700) recommande une stratégie pour changer les circonstances en souhaitant que les circonstances changent dans l'intérêt de notre croissance spirituelle.
Bien qu'en fin de compte, c'est Hachem qui détermine si les circonstances changeront ou non, le rav Shapira conseille cette stratégie comme étant efficace.

Le fait même que nous prions pour un avenir meilleur peut affecter notre avoda même aujourd'hui. Le désir sincère qu'Hachem mette fin à la douleur d'une personne afin qu'elle puisse mieux Le servir peut en fait engendrer la fin de la douleur aujourd'hui.
Notre désir ardent d'être proche d'Hachem peut mettre fin à la douleur qui nous en empêche, puisque le désir crée la réalité.

Le fait de vouloir davantage de spiritualité crée davantage de spiritualité et dissout les obstacles qui interfèrent avec la spiritualité, y compris la douleur et la souffrance.
Par conséquent, une prière pour la spiritualité génère une fin à la douleur qui l'annule, parce que le fondement de la prière est le désir ardent, et le désir ardent crée la réalité.
[voir aussi à ce sujet le Noam Elimélé'h - Haazinou]

Lorsque notre situation rend la avodat Hachem difficile, la avoda consiste à vouloir que les circonstances changent afin d'améliorer la avoda.
Le fait d'aspirer à une meilleure avodat Hachem demain peut en fait générer une meilleure avoda aujourd'hui.

L'aspiration à la spiritualité peut générer une réalité spirituelle. [notre réalité dépend de notre aspiration! ]
Tout juif peut déterminer sa réalité en la voulant dans l'intérêt de la croissance et de la spiritualité, est en fait une composante de la grandeur d'être de tout juif.

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-> Rabbi Elimélé'h de Lizhensk (dans sa Téfila Kodem HaTéfila) écrit : "Nous devrions mériter d'atteindre les niveaux élevés de nos saints ancêtres Avraham, Its'hak et Yaakov."
Cette prière, explique le rav Shapira, est par essence l'expression d'un désir de croissance et, à la lumière de ce qu'il écrit ici, génère en fait une croissance lorsque nous la prononçons.

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+ Le remède à la paresse = l'aspiration à la grandeur spirituelle :

-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira enseigne :
La racine de la paresse est la terre, l'opposé du Ciel.
La terre est la nourriture d'Amalek, comme le dit le verset lorsque le serpent est maudit (Béréchit 3,14) : "Et tu mangeras de la (poussière de la) terre", et dans Yéchayahou (65:25), ""Et pour le serpent, la terre est son pain"(véhana'hach afar la'hmo).

Pourquoi le fait que la racine de la paresse soit la terre l'empêche d'être canalisée positivement. Apparemment, une personne paresseuse devrait être capable de canaliser sa paresse, par exemple, pour ne pas faire le mal. Pourquoi ne serait-ce pas quelque chose de positif?

Le rav Shapira explique que la paresse est en conflit avec la nature même de l'âme juive.
L'âme juive est indescriptiblement élevée, plus élevée que ce que nous pouvons percevoir du Ciel. La terre basse de la paresse en est la dimension la plus éloignée. La paresse éloigne l'âme de ses racines élevées.

Le rav Shapira explique ensuite que la paresse est la racine du désespoir, et c'est ce qui rend le désespoir si dangereux. Celui qui est enfermé dans le désespoir a enchaîné son âme à la terre, à l'endroit le plus éloigné de sa racine, et cela commence lentement à lui nuire.
[il ajoute que c'est la raison pour laquelle, lorsqu'on est désespéré, on peut avoir l'impression de perdre la émouna. La émouna est l'état naturel de l'âme d'une personne. ]
Lorsqu'on est atteint par le désespoir, notre âme, la source de notre émouna, est tirée vers le bas, et notre émouna peut également être atteinte.

[selon le rav Shapira, le fait de vouloir et d'avoir envie d'Hachem fait partie de la mitsva de la émouna. Si quelqu'un a développé un plus grand désir de grandir, il a construit une émouna plus forte. ]

Quoi qu'il en soit, c'est la raison pour laquelle le processus de sanctification du désespoir exige de transformer le désespoir en désir ardent et non pas simplement de le sanctifier, comme c'est le cas pour les autres midot.
Le désespoir est enraciné dans la paresse, et la paresse est la terre, qui est l'opposé du Ciel. Par conséquent, il ne peut pas devenir saint et doit être transformé en désir ardent.