+ La nécessité d'être reconnaissant :
-> "Tu prendras des prémices de chaque fruit récolté par toi dans le pays qu'Hachem ton D. t'aura donné, et tu les mettras dans une corbeille ; et tu te rendras à l'endroit qu'Hachem ton D. aura choisi pour y faire régner Son Nom. Tu te présenteras au Cohen qui sera alors en fonctions, et tu lui diras : "Je viens reconnaître en ce jour, devant Hachem, ton D. que je suis venu dans le pays qu'Hachem avait juré à nos pères de nous donner"." (Ki Tavo 26,2-3)
-> Le Kav haYachar (18) au nom du Baal ha'Harédim, que le sens de cette mitsva (des bikourim - les prémices) est de remercier et de louer le D. de bonté pour tous les bienfaits dont Il nous a gratifiés. Nos Sages ont commenté les mots de notre verset : "Et tu Lui diras" ainsi : "C’est pour dire que tu n'es pas ingrat". Ce qui découle donc de cette mitsva, en ce qui nous concerne, est l'obligation de reconnaissance pour tous les bienfaits qu'Hachem a accomplis et continue à accomplir pour nous.
Voici ce qu'il écrit :
"Il n'existe aucun homme qui n'ait bénéficié d'un miracle. En particulier dans nos générations où les épreuves ne cessent d'augmenter chaque jour : de terribles décrets et de redoutables guerres, le glaive, la famine, des villes assiégées, attaquées, les épidémies.
Celui que Hachem a éclairé d'un rayon de lumière et qui a été préservé de tous ces maux est tenu de se rappeler en permanence la bonté d'Hachem et de ne pas faire preuve d'ingratitude. Plus encore, celui qui jouit de la bénédiction Divine, qui a le mérite de résider chez lui dans la sérénité, la tranquillité et la sûreté, et qui a une subsistance régulière, devra louer et remercier Hachem pour cela."
Le Séfer ha'Harédim insiste énormément sur cette obligation qui, selon lui, est incluse dans le commandement positif : "Tu diras en ce jour à Hachem ton D. : 'je suis venu dans le pays'.".
"De là, dit-il, on apprend que tous ceux qui reçoivent les bienfaits du Ciel et bénéficient de l'abondance que Hachem déverse sur eux ont l'obligation de Le remercier, de Le louer, et de ne pas émettre de griefs contre Lui comme le font ceux qui ont un regard malveillant et se plaignent de Lui d'autant plus qu'Il leur prodigue ses bienfaits."
-> Certains commentateurs expliquent, d'après cela, la juxtaposition de la Paracha des prémices avec celle qui nous ordonne d'effacer le nom d'Amalek (à la fin de la Paracha précédente [Ki Tétsé]).
Nos Sages (Tan'houma Béchala'h 25) expliquent, en effet, que Hachem provoqua l’attaque d’Amalek à cause de l’ingratitude dont firent preuve les Bné Israël lorsqu'ils s'écrièrent : "Est-ce qu'Hachem est parmi nous?"
Hachem dit alors : "Que vienne Amalek l'ingrat (cf. Rachi 'Houkat 20,17) et fasse payer au peuple son ingratitude" (cf. Rachi Béchala'h 17,8 : "Je suis constamment avec vous et disposé à vous prodiguer tous vos besoins et vous dites : ‘Est-ce qu'Hachem est parmi nous ?’").
Ces 2 thèmes (les prémices et Amalek) sont donc juxtaposés pour nous suggérer : "Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek", lorsque vous étiez ingrats, c'est pourquoi : "Apportez vos prémices et remerciez ainsi Hachem en toute occasion, car c'est Lui qui vous prodigue tous les bienfaits!"
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+ Remercier Hachem constamment :
Le Chla'h haKadoch (12) rapporte le commentaire de Rachi sur le verset de notre paracha : "Tu te présenteras au Cohen qui sera alors en fonctions, et tu lui diras : "Je viens reconnaître"" : "tu lui diras", cela signifie que tu dois rappeler les bienfaits d'Hachem.
Et il le commente ainsi : "L'homme est ainsi tenu de se conduire vis-à-vis du Hachem, à chaque fois qu'Il lui amène un bienfait ou une réussite. Il devra Le louer et Le remercier pour avoir accompli cette chose, dans Sa bonté et Sa miséricorde."
-> Le Or ha'Haïm haKadoch écrit, pour sa part : "Il n'existe aucun moment ni aucun instant où Hachem n'agit pas en faveur de l'homme du point de vue de son corps ou de ses besoins."
-> L'Admour de Rofchitz ajoute, au nom de son père, Rabbi Ména'hem Mendel de Linsk :
"Il faut constamment remercier Hachem pour tous les bienfaits qu'Il accomplit à chaque instant et cela, pour toutes les sortes de bienfaits, qu'ils soient dévoilés ou dissimulés, comme le dit l’enseignement de nos Sages (guémara Yoma 22b) : "Combien l'homme ignore-t-il et ne ressent que c'est le Maître du monde qui l'a aidé!" "
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+ Remercier Hachem = c'est s'attirer les bénédictions :
-> Il est rapporté dans les livres saints : celui qui adopte comme conduite de remercier Hachem, attire sur lui un déversement de miséricorde et de bonté, et empêche les malheurs de l'atteindre.
La preuve, explique le Sfat Emet, est que nos Sages nous enseignent : "On n'interrompt pas la lecture de la to'hakha (תוכחה) [la paracha des "remontrances", dans les malédictions de Bé'houkotaï et de Ki Tavo], à savoir que l'on ne fait monter personne à la Torah au milieu de cette lecture.
La raison énoncée par nos Sages est que celui qui monte à la Torah doit commencer par dire : "baré'hou ét Hachem hamévora'h" ('Bénissez Hachem qui est béni') ; de ce fait, Hachem dit : "Il n'est pas légitime que Mes enfants reçoivent des malédictions alors que Moi, je reçois une bénédiction!"
=> On voit donc bien que lorsque la louange à Hachem est présente, elle repousse la malédiction.
Le Sfat Emet conclut :
"C'est pourquoi, mon conseil est d'accepter les épreuves avec amour, de remercier et de louer Hachem pour cela. Dès lors, il Lui paraîtra illégitime que l'homme qui Le bénit soit lui-même dans la souffrance, ce qui est facile à comprendre."
-> Le Tiféret Chlomo enseigne :
"On sait bien qu'un homme qui désire demander ce dont il aura besoin dans le futur, doit auparavant exprimer sa reconnaissance sur ce qu’il a eu dans le passé. Il pourra ensuite attirer sur lui la bonté d'Hachem concernant l'avenir.
C'est ce qui est écrit : "Louez Hachem qui est bon, parce que Sa bonté est éternelle" = lorsque l'homme loue Hachem sur le passé, il s'attire grâce à cela de nouveaux bienfaits."
Ce qui précède lui sert à expliquer également pourquoi les Guéonim ont institué de dire pendant les 10 jours de pénitence (Ecris pour une bonne vie tous les membres de Ton alliance - וכתוב לחיים טובים כל בני בריתך), au beau milieu de la bénédiction de "Modim" dans la Amida.
Quel rapport existe-t-il entre cette requête et la bénédiction qui est entièrement consacrée à remercier Hachem?
Et le Tiféret Chlomo de répondre qu'en remerciant Hachem sur l'année écoulée, l'homme est alors en mesure de prier pour une bonne année à venir.
-> Un des Tsadikim de notre génération en déduit la raison pour laquelle on lit la paracha des prémices (bikourim) à la fin de l'année.
Il dit : "C'est afin de suggérer, particulièrement à cette époque de l'année, l'obligation d'exprimer notre reconnaissance envers Hachem pour toutes les bontés dont Il nous a gratifiées durant l'année précédente, comme il y est écrit : "Et tu te réjouiras de tout le bien" (verset 11)."
Le verset du prophète Yéchayahou (55,12) : "Lorsque vous sortirez dans la joie", y fait allusion car il évoque que la sortie de l'année doit se faire dans la joie et la louange pour tout le bien reçu.
-> Il est écrit dans le Séfer Kadoch véNora Chémo :
la guemara (Béra'hot 20b) rapporte que les anges vinrent devant Hachem et Lui demandèrent : "Maître du monde, Tu as écrit dans Ta Torah" (Ekev 10,17) : "(Hachem) qui ne fait pas de préférence et ne se laisse pas corrompre", et pourtant, Tu te laisses corrompre puisqu'il est écrit : "Qu'Hachem dirige Son regard vers toi" (Nasso 6,26) (le terme employé est פנים ישא ,accorder sa préférence)?
- Comment ne leur accorderais-Je pas Ma préférence, leur répondit-Il, alors que J'ai écrit dans Ma Torah (8,10) : "Tu mangeras et tu seras rassasié et tu béniras Hachem ton D.", et eux, veillent (de leur propre initiative) à Me bénir déjà à partir du volume d'une olive ou d'un œuf!"
D'après la Torah, en effet, il n'y a d'obligation de réciter le 'Birkat Hamazon' que si on a mangé du pain à satiété, et les Bné Israël ont pris sur eux de dire déjà ces actions de grâce après avoir mangé seulement le volume d'une olive ou d'un œuf, même sans en être rassasié, et c'est pour cette raison qu'Hachem leur accorde Sa préférence.
=> De là, on peut tirer comme enseignement que même si un homme remercie Hachem sans être "rassasié de miracles ni de prodiges" ni ressentir que toute l'année s'est bien passée, malgré tout, s'il loue Hachem sur un "petit miracle du volume d'une olive'', il méritera que Hachem soit clément à son égard. Et qui n'a pas besoin de la clémence Divine le jour du jugement de Roch Hachana lorsque notre unique souhait est de mériter alors d'être jugé avec miséricorde? Voici donc un excellent conseil pour mériter une douce et bonne année!
-> autres commentaires sur cette guémara (Béra'hot 20b) : https://todahm.com/2021/01/21/39906
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-> b'h, voir également sur ce verset & la reconnaissance : https://todahm.com/2018/10/10/7274-2