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+ Hachem dit : "Si le peuple juif, qui dépend du 'hessed, s'engage dans le 'hessed les uns avec les autres, alors Moi, qui suis pur 'hessed, je dois certainement faire du 'hessed pour eux".
[midrach Béréchit rabba 33,3]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed 2,5) explique ce midrach. Lorsque nous faisons du 'hessed, cela permet aux 'hassadim (bontés) d'Hachem d'être introduits dans le monde.
Le 'Hafets 'Haïm ajoute que cela est particulièrement vrai à une époque comme aujourd'hui, où une midat hadin intense (Attribut de rigueur) est présent et où notre nation a désespérément besoin de salut (à la fois sur le plan individuel et sur le plan national). Aujourd'hui, le 'hessed est certainement la clé pour mériter la miséricorde d'Hachem.
Cette idée fait écho à la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10) : "Si vous voyez que le mérite des Patriarches a disparu et que celui des Matriarches s'est effrité, allez vous accrocher au 'hessed."

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-> Le Chlah haKadoch [à la fin de son commentaire sur masse'hét Pessa'him] écrit que le 'hessed est extrêmement vital. Sur la base du verset (Téhilim 52,3), "Le 'hessed d'Hachem dure toute la journée", il affirme que l'on ne devrait pas laisser passer un seul jour sans trouver un moyen de s'engager dans du 'hessed.

Penser aux autres

+++ Penser aux autres :

+ Prier pour autrui :

-> Rachi (guémara Shabbath 127b) écrit que prier pour les autres est une forme de guémilout 'hassadim (un acte de bonté).
Nous devrions toujours prier pour aider les autres si nous savons qu'ils ont besoin d'un certain type de salut, que ce soit en matière de santé, de parnassa, de shalom bayit, de réussite avec leurs enfants, ...

-> En effet, le Arizal (cité par Maguen Avraham 46) écrit qu'avant de prier, il faut avoir à l'esprit d'aimer chacun des membres du peuple juif et d'accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, qui est la source du 'hessed dans la Torah.

Le Arizal écrit qu'agir ainsi est un mérite qui va faire qu'Hachem acceptera notre prière.

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévorah - chap.3) ajoute qu'il faut prier pour les autres "comme s'il s'agissait de ses propres enfants".
Le roi David est un exemple d'un tel dévouement. Il dit : "Quant à moi, lorsqu'ils étaient malades, mon vêtement était un sac et je m'affligeais en jeûnant" (Téhilim 35,13).

-> La guémara (Shabbath 67a) nous dit qu'une personne frappée de tsaraat devait crier "Tamé, tamé" (je suis spirituellement impur" chaque fois que quelqu'un s'approchait d'elle.
La raison en est que lorsque les gens entendaient parler de sa détresse, ils ne manquaient pas de prier pour que sa tsaraat (sorte de lèpre) disparaisse.

Sur la base de cette idée, la guémara rapporte la coutume qui est née que si quelqu'un avait un arbre malade, il le peignait, sachant que toute personne voyant un tel arbre prierait certainement pour qu'il retrouve la santé afin que son propriétaire ne subisse pas de perte financière.
[par exemple, à l'époque du Temple lorsque tous les juifs montaient à Jérusalem, et sur le chemin lorsqu'il voyait un arbre marqué d'une couleur, ils priaient tous pour son rétablissement, pour le bien de son propriétaire. (à plus forte raison, on doit le faire pour un prochain juif)]

-> Le rav Avraham Tabor enseigne :
Chaque fois que nous voyons quelqu'un de malade ou en détresse, la réaction naturelle d'un juif devrait être d'offrir une courte prière ou de dire un verset de Téhilim.
Cela est particulièrement vrai si vous voyez un avis dans la synagogue demandant de prier pour quelqu'un que vous ne connaissez pas, ou si vous voyez une ambulance passer à toute allure, sirène hurlante et gyrophares allumés. Dans de telles circonstances, puisque la personne ne saura jamais que vous avez prié pour elle, il s'agit d'un 'hessed du plus haut niveau, car il est fait purement pour le 'hessed, sans arrière-pensée de recevoir quoi que ce soit en retour, pas même un remerciement.
Il s'agit d'un 'hessed lichma à l'état pur, qui a beaucoup plus de chances d'être exaucé par Hachem.
[de plus, en prenant quelques secondes pour imaginer et ressentir la douleur d'une personne et de ses proches (ex: quelqu'un de malade), on peut en arriver à rajouter de la force, du coeur, à notre prière. ]

Il est important d'ajouter que lorsque nous voyons quelqu'un souffrir et que nous prions pour lui, nous devrions également exprimer notre gratitude à Hachem pour ne pas souffrir de la même manière.
Nous oublions souvent les bénédictions et le bonheur infinis dont nous bénéficions et nous les considérons comme acquis.
La conscience de la myriade de bénédictions dont nous bénéficions, devrait nous amener à éprouver une extrême gratitude envers Hachem. Cela doit s'accompagner d'un engagement à utiliser correctement toutes nos bénédictions dans le but de servir Hachem de notre mieux.
[cette gratitude et cette engagement à s'améliorer (même très légèrement), constituent de sublimes mérites pour venir en aide à ceux qui nous ont provoqué de tels sentiments par leur situation difficile.]

Il y a un avantage secondaire à prier pour les autres, même si ce n'est pas la raison pour laquelle nous le faisons. La guémara (Baba Kama 92a) nous dit : "Si quelqu'un prie pour la miséricorde de quelqu'un d'autre et qu'il a lui-même besoin de la même chose, il sera exaucé en premier".
Le rav Pinkous (Chéarim beTéfila - p.90) ajoute que les Tossafot (Roch Hachana 16a) expliquent que la prière de quelqu'un qui prie régulièrement pour les autres a le statut de téfila bétsibour, la prière dite en communauté, par opposition à une prière individuelle, et nos Sages nous disent que la téfila bétsibour (en minyan) est indescriptiblement plus puissante que la prière d'un individu, et qu'elle n'est jamais rejetée par Hachem.

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-> Dans le même ordre d'idées, le rav Avigdor Miller avait l'habitude d'exhorter ses étudiants à "se creuser la tête" pour essayer d'aider les autres.
Si vous savez que quelqu'un a des difficultés, c'est merveilleux de prier pour lui, mais vous devez aussi essayer de trouver des moyens pratiques de l'aider.

-> Nos Sages mettent en avant qu'après notre mort on prendra conscience de l'impact incroyable que nos mots de prière on pu avoir : combien de personnes nous avons pu guérir, combien de parnassa nous avons amené, combien de mariage nous avons permis, ... et nous aurons des récompenses éternelles pour cela. [libre arbitre oblige, on ne voit pas concrètement l'impact de nos prières, mais tous les juifs étant liés, on profite du flux des prières des autres.]
A l'inverse, combien nous souffrirons éternellement en se disant que si j'avais plus pensé aux autres en priant pour eux, combien j'aurais pu leur être utile, combien j'aurais pu m'amener par ricochet des mérites et des bénédictions (celui qui bénit est béni), ...

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+ Donner des bénédictions :

-> La guémara (Sotah 38b) cite le verset (Michlé 22,9) : "Celui qui a une disposition généreuse doit être béni [yévora'h]" et dit qu'il peut également être lu : "La personne qui a une disposition généreuse doit bénir les autres [yévaré'h]".

Le contexte auquel se réfère la Guemara est qu'un invité devrait diriger le Birkat haMazon afin qu'il puisse dire la bénédiction pour le bien-être de l'hôte.
Cependant, le Pélé Yoets (Béra'hot) apprend d'ici que chacun devrait toujours chercher à accorder des bénédictions aux autres. Peut-être la bénédiction sera-t-elle prononcée à un moment favorable dans le Ciel, et Hachem la fera alors fructifier.
La Michna Béroura (347:7) ajoute que c'est du déré'h érets de souhaiter à quelqu'un de réussir dans quelque chose qu'il entreprend.

-> Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de ses bénédictions et penser que seuls les grands tsadikim peuvent donner des bénédictions, comme l'affirme la guémara (Méguilla 15a) : "Une bénédiction donnée par une personne ordinaire ne doit jamais être sans importance à vos yeux".
La guémara donne des exemples où les bénédictions de personnes simples ont été exaucées.
[tout juif est un enfant adoré d'Hachem, et toute prière venant du coeur a forcément un impact. Ainsi, on ne doit pas faire preuve de fausse humilité en ne priant pas pour autrui, mais au contraire on doit implorer notre papa Hachem d'aider notre frère juif. ]

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-> Le Pélé Yoets écrit qu'une bénédiction donnée de tout cœur et pleine de conviction est beaucoup plus puissante et a plus de chances d'être accomplie qu'une bénédiction dépourvue d'intention.
C'est pourquoi il exhorte les gens à faire tout leur possible pour que leurs parents les bénissent, car ils béniront certainement leurs enfants de tout leur cœur et de toute leur âme. [le Maharcha (Sota 38b) écrit une idée similaire. ]
Le Sforno (Vayétsé 32,1) écrit que cela est vrai même pour un père racha comme Lavan, le père de Ra'hel et Léa.

Le rav Avigdor Miller enseigne qu'à Slabodka, on suggérait qu'après avoir donné une bénédiction à quelqu'un, il fallait la répéter à voix basse pour soi-même. La première fois, on a probablement manqué de sincérité parce qu'on y a mêlé de la gentillesse sociale (du paraître extérieur). Le fait de répéter la bénédiction permet de s'assurer qu'elle est prononcée avec l'intention intérieure la plus complète et la plus pure.
[de même, dans la routine quotidienne on va dire : "bonjour/bonne journée!", mais est-ce qu'on le fait par habitude ou bien est-ce qu'on pense profondément le bénir d'une bonne journée?]

Le rav Miller dit aussi qu'on ne doit pas être radin en bénissant autrui. Cela ne coûte rien (à part quelques secondes), alors autant lui souhaitant le meilleur du meilleur!
Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6), citant le Zohar, écrit qu'il faut être généreux lorsqu'on donne des bénédictions. [on témoigne de notre générosité de cœur, de notre amour d'autrui, et du fait que Hachem peut tout sans limitation! ]

-> Le rav Its'hak Sher se promenait avec un groupe d'élèves et ils passèrent devant la maison d'un membre du personnel de la yéchiva. Le rav Sher commença à lui accorder d'énormes bénédictions, expliquant à ses étudiants perplexes qu'il n'y a aucune raison pour que le destinataire doive entendre la bénédiction.
De même, lorsque le rav Avigdor Miller (un des géants de sa génération) passait devant une maison avec une mézouza, il couvrait les occupants de chaleureuses bénédictions.
Il disait : "Tous les habitants de cette maison devraient être en bonne santé pour de nombreuses années heureuses, ils devraient avoir des moyens de subsistance confortables, du plaisir et de la satisfaction avec leurs enfants, les meilleurs chidou'him pour leurs enfants, uniquement des joies et des occasions heureuses dans leurs maisons, et rien d'autre que de la joie".

-> Outre le fait que l'on s'entraîne à prendre soin des autres et à les aimer en leur donnant des bénédictions, il y a un énorme avantage secondaire pour soi-même.
La guémara (Yérouchalmi Béra'hot 8,8) raconte qu'un non-juif dit un jour "shalom" à Rabbi Yichmael. Celui-ci répondit : "Votre réponse a déjà été donnée", ce qui signifie que vous n'avez pas besoin que je vous bénisse en retour, car le verset (Lé'h Lé'ha 12,3) écrit qu'Hachem a dit à Avraham : "Je bénirai ceux qui vous béniront".
Quiconque accorde une bénédiction à un descendant d'Avraham (un juif) est assuré par Hachem lui-même de recevoir beaucoup de bénédictions en retour.
[l'idée est incroyable : en bénissant autrui, je suis bénis par Hachem Lui-même! Alors, profitons-en, bénissons autant que possible autrui! ]

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+ Les chaussures sacrées :

-> " 'Hanokh marchait avec Hachem" (Béréchit 5,22).
Nos Sages expliquent que 'Hanokh était un cordonnier et qu'à chaque couture, il faisait des yi'houdim à Hachem. Les yi'houdim sont généralement compris comme une notion kabbalistique obtenue par des pensées élevées. Cependant, le rav Israël Salanter explique que cela ne peut signifier que son esprit se trouvait dans des sphères supérieures, car il est interdit à un travailleur rémunéré de s'impliquer dans quoi que ce soit d'autre que le travail pour lequel il est payé.
Nos Sages veulent plutôt dire que 'Hanokh avait à l'esprit que chaque point devait être solide et bien fait afin de produire un produit de qualité dont le client pourrait profiter. Ainsi, même en exerçant sa profession banale, 'Hanokh a fait des yi'houdim, c'est-à-dire qu'il a imité les nobles caractéristiques d'Hachem, qui consistent à faire profiter les autres et à leur apporter du plaisir.

Ce concept peut être appliqué à un nombre infini de scénarios.
Un traiteur doit avoir à l'esprit de rendre sa nourriture délicieuse afin que les invités apprécient le repas.
Une couturière doit faire en sorte que la robe soit la plus belle possible pour que la personne qui la porte se sente bien dans sa peau. Un mécanicien doit avoir à l'esprit la satisfaction du conducteur qui roule en douceur/sécurité sur la route.

Nous voyons que même lorsqu'une personne est impliquée dans sa profession, qu'elle fait pour gagner sa vie, elle peut y insuffler les niveaux les plus élevés de sainteté. En ayant simplement à l'esprit le bénéfice de son client (amour d'autrui), il peut transformer son travail en une grande émulation d'Hachem et une forme élevée de avodat Hachem.
[rav Avraham Tabor]

"Rabbi Avin enseigne que lorsqu'un pauvre se présente à votre porte, Hachem lui-même se tient à sa droite ... Si vous lui donnez de l'argent, sachez que Celui qui se tient à sa droite vous récompensera bien. Mais si vous ne lui donnez pas, Celui qui se tient à sa droite vous punira"
[midrach Vayikra rabba 34,9]

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-> Le Zohar écrit que si Hachem aime une personne, il lui envoie en cadeau un pauvre qui demande de l'argent.
[cité par le Yessod véChorech haAvoda - chaar 10 , chap.4]

-> "Plus que le riche ne fait pour le pauvre, le pauvre fait pour le riche".
[midrach Ruth rabba 5,9]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.29) écrit :
"Lorsque quelqu'un vous approche et vous offre une opportunité de 'hessed, pour lui, c'est une petite chose de gagner une petite somme d'argent. Mais pour vous, la personne qui peut faire le 'hessed, il offre une opportunité massive d'une mitsva, qui a une récompense infinie.
Vous devriez être rempli d'une énorme joie, l'accueillir avec un visage radieux, et saisir la mitsva aussi vite que possible".

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.17) dit que lorsque l'on voit quelqu'un d'autre dans une situation difficile, on devrait automatiquement être extrêmement reconnaissant à Hachem de nous avoir sauvé de la même situation.
La collecte de l'homme pauvre et désespéré est un rappel opportun pour nous d'apprécier la multitude et l'ampleur des bontés d'Hachem à notre égard.

-> Si le pauvre est quelqu'un qui est revenu plusieurs fois pour demander de l'aide, le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.22) conseille d'annuler les sentiments négatifs de ressentiment qui surgissent naturellement en se rappelant que nous faisons la même chose à Hachem.
D'innombrables fois, nous demandons de l'aide à Hachem dans les mêmes domaines et Il continue à nous gratifier de Ses bénédictions. Nous devrions aspirer à faire la même chose pour Ses enfants.

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-> Rabbénou Yona (Iguéret HaTéchouva 16) donne des indications sur la manière de saluer quelqu'un qui vient nous demander de l'argent (pour lui ou d'autres personnes dans le besoin) :
"Vous devez parler au cœur du pauvre de manière à lui remonter le moral et à le consoler de sa situation et de son découragement. Comme nous l'enseignent nos Sages, une personne qui donne un prouta à un pauvre reçoit 6 bénédictions, mais si elle le réconforte par des paroles, elle reçoit 11 bénédictions.
Comme l'écrit le verset : "Tu donneras ton âme à celui qui a faim" (Yéchayahou 58,10), ce qui fait référence au fait de le rassurer par des paroles et de lui montrer votre bonne volonté et votre désir de l'aider.
Réalisez que la récompense de cette action dépasse de loin celle des actions de tsédaka et que les bénédictions sont plus nombreuses et importantes."

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-> "Si vous offrez à votre ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais que vous le faites avec une expression aigre sur votre visage, la Torah considère que vous ne lui avez rien donné.
Mais si vous accueillez votre ami avec une attitude joyeuse, même si vous ne lui avez rien donné, la Torah considère que vous lui avez donné tous les meilleurs cadeaux du monde."
[Avot déRabbi Nathan 13,4]

-> "Tu lui donneras et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donneras" (Réé 15,10).

Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.17) explique qu'il arrive souvent qu'une personne ne veuille pas donner de l'argent, mais qu'elle le fasse quand même pour une raison ou une autre. Dans de telles circonstances, elle donne l'argent à contrecœur, le cœur lourd.
Ce n'est qu'après avoir donné l'argent qu'elle se console en se disant qu'au moins elle a fait une mitsva et que ce qu'elle a fait n'était pas du gaspillage.
La Torah met en garde contre cela : "Et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes". C'est au moment où l'on donne l'argent que l'on doit se réjouir d'avoir le mérite et le privilège d'accomplir la mitsva de 'hesed, et non pas seulement après l'avoir donné.

Le 'Hafets 'Haïm ajoute que nos Sages (Pirké Avot 3,4) nous enseignent : "Donnez-lui [à Hachem] de ce qui lui appartient, car vous et ce qui vous appartient est à Lui".
L'argent que nous possédons nous est prêté par Hachem afin que nous l'utilisions dans le but de donner de la tsédaka à Ses enfants dans le besoin. Ce n'est pas notre propre argent que nous donnons. La seule chose qui nous appartient est le choix de donner la tsédaka comme Hachem le désire.
Par conséquent, lorsque nous donnons de l'argent, nous devons déjà ressentir la joie de la mitsva, et celui qui le fait mérite l'accomplissement de la fin de ce verset : "car en faisant cela, Hachem, ton D., bénira toutes tes actions".
Quelqu'un qui donne de l'argent aux pauvres et se console ensuite en se disant qu'au moins il a fait une mitsva recevra quand même une récompense, mais le 'Hafets 'Haïm écrit qu'il minimise considérablement sa mitsva.

La charité sauve l’homme

+ La charité sauve l'homme

-> La guémara (Baba Batra 10a) dit qu'à Roch Hachana, Hachem détermine "mézonotav chel adamé, ce qu'un homme va gagner, ainsi que " 'hesronotav", ce qu'il va perdre. Si l'on a du mérite, l'argent qu'on est destiné à perdre ira aux causes charitables ; sinon, l'argent ira à des personnes qui ne méritent pas de le recevoir.
La somme d'argent qu'on est destiné à perdre est donc déjà décrétée au début de l'année, mais chacun peut décider la façon dont il s'en séparera.

-> Cette guémara le prouve grâce à une histoire : Rabbi Yo'hanan ben Zakaï vit en rêve que ses neveux allaient perdre au cours de l'année à venir 700 dinars, une somme d'argent très importante.
Rabbi Yo'hanan leur conseilla de donner des sommes conséquentes à la charité. Ils suivirent ses recommandations et donnèrent 683 dinars au total.

La veille de Yom Kippour, des employés du gouvernement vinrent recouvrer 17 dinars d'impôt auprès des neveux de Rabbi Yo'hanan. Ceux-ci eurent très peur que le gouvernement leur demande ensuite davantage.
Rabbi Yo'hanan les rassura qu'ils n'avaient rien à craindre. Il leur raconta son rêve et leur expliqua qu'en donnant 683 dinars à la charité, ils avaient réduit le décret à 17 dinars, et qu'ils ne devraient pas payer davantage.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed, Vol.2, chap.13) demande pourquoi faut-il deux décrets différents: combien gagner et combien perdre. Pourquoi Hachem ne décrète-t-Il pas simplement combien un homme va gagner au total (dans l'année à venir)?
Au lieu de décréter, par exemple, qu'il va gagner 100 000 euros et perdre 20 000 euros, pourquoi ne décrète-t-Il pas qu'il va gagner 80 000 euros?

Il répond que quand l'homme mérite une punition pour ses fautes, Hachem émet deux décrets séparés pour son bien, pour qu'il puisse obtenir l'expiation sans connaître de graves malheurs.
Par ces deux décrets séparés, l'homme peut "racheter" sa punition par des pertes d'argent. S'il gagnait simplement moins d'argent, la réduction ne compterait pas comme un "rachat" parce qu'il ne ressentirait pas la peine qu'il éprouverait s'il perdait cette somme.
En décrétant que l'homme gagne une certaine somme puis en lui faisant perdre une partie, Hachem lui cause un dommage qui sert de punition pour ses fautes, à la place d'une chose plus grave.

Le 'Hafets 'Haïm ajoute que, comme le dit la guémara, non seulement la perte d'argent le protège d'une punition plus grave, mais un don à la charité a le même effet.
La charité a donc un double bénéfice : elle réduit la quantité d'argent qu'on est destiné à perdre et deuxièmement, c'est une mitsva pour laquelle nous sommes largement récompensés.
Adopter cette idée rend la mitsva de donner la charité facile et agréable.

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-> La guémara (Shabbat 156b) rapporte que l'Amora Chmouel eut un jour une conversation avec un astrologue non-juif appelé Avlet.
Tôt le matin, ils virent une équipe de travailleurs se diriger vers la forêt pour couper du bois. Avlet montra l'un d'eux du doigt et dit à Chmouel que cet homme n'allait pas revenir vivant. Cet astrologue était capable de prédire que l'homme allait mourir ce jour-là.

Chmouel répliqua que si l'homme était juif, il reviendrait vivant.
Effectivement, à la fin de la journée, Chemouel et Avlet virent le groupe entier revenir des bois, y compris l'homme dont l'astrologue avait prédit la mort. Avlet était déconcerté. Ses prédictions s'étaient toujours avérées justes.

Ils allèrent demander à cet homme de leur raconter ses expériences de la journée. Alors qu'Avlet ôtait le faisceau de branches du dos du bûcheron, il fut stupéfait de trouver un serpent coupé en deux. Un serpent était apparemment couché dans les branches et quand le bûcheron les avait coupées, il avait tué le serpent.

Avlet avait raison : cet homme était bien destiné à mourir, mais un miracle lui avait sauvé la vie.
Chmouel lui demanda s'il avait fait quelque chose de spécial ce jour-là.
L'ouvrier répondit que chaque jour, avant de partir au travail, chaque membre du groupe apportait quelque chose pour le déjeuner et ils mettaient leur pain en commun. Ce jour-là, l'un des membres du groupe n'avait pas apporté à manger.

"Je ne voulais pas qu'il ait honte, dit-il, alors je me suis porté volontaire pour recueillir le pain de chacun. Nous nous sommes mis d'accord et, quand je suis passé devant lui, il a fait semblant de mettre quelque chose dans le sac. J'ai rétabli la différence en donnant davantage de ma propre nourriture."

"Tu as fait un acte de vraie charité!" s'exclama Chmouel.
Il enseigna plus tard que lorsque le verset dit : "La charité sauve de la mort", il veut dire non seulement que l'homme charitable est épargné d'une mort violente, mais il peut même échapper à la mort.

-> Nous pouvons remarquer qu'après avoir entendu la prédiction d'Avlet, Chmouel n'a pas couru prévenir le bûcheron qu'il était en danger. Cela ne pouvait pas le sauver s'il était destiné à mourir.
Chmouel ne lui a pas non plus conseillé de donner la charité, parce que bien que la charité soit une grande mitsva même si on la fait pour des motifs ultérieurs, dans l'espoir de recevoir une récompense, cette sorte de tsédaka pourrait ne pas donner suffisamment de mérite pour sauver la vie d'un homme destiné à mourir.
Chmouel a plutôt eu confiance qu'Hachem, dans Sa bonté infinie, allait donner au bûcheron le mérite dont il avait besoin pour annuler le décret.

Le verset dit : "Digne de louanges est celui qui agit sagement envers le pauvre ; D. le sauvera au jour du malheur" (achré maskil el dal béyom raa yémaltéhou Hachem - Téhilim 41,2).
Le Alchikh haKadoch explique qu'il y a certains "jours du malheur", c'est-à-dire un moment où un décret sévère est émis contre un homme, et à ces occasions, il peut être sauvé en aidant les pauvres.
Comme nous ne savons jamais quel jour nous sommes visés par un décret sévère, il est prudent de saisir chaque occasion qui se présente pour accomplir des mitsvot, en particulier, aider les pauvres avec sagesse en comprenant leurs besoins, comme l'a fait le bûcheron.
Nous devons nous rendre compte qu'Hachem nous envoie constamment ce genre d'occasions. À nous de rester éveillés et d'en tirer profit lorsqu'elles se présentent.

[rav David Sutton]

‘Hessed & importance d’imiter Hachem

+++ 'Hessed & importance d'imiter Hachem :

=> Pourquoi les midot (traits de caractère) constituent-ils une partie aussi fondamentale du juif?
Quelle est la raison profonde pour laquelle le rav 'Haïm de Volozhin exhortait ses enfants à se rappeler constamment qu'un homme n'est né que pour aider les autres ?

+ Un monde de bonté :

-> Dans le Birkat haMazon, nous décrivons Hachem comme "Le Bon, qui a fait le bien, qui fait le bien et qui fera le bien pour nous" (HaTov ... Hou hétiv, Hou métiv, Hou yétiv lanou).
Quelle est la définition du mot "bon" (tov)?

Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) explique : "On ne peut vraiment qualifier quelqu'un de bon que s'il fait du bien aux autres".
Hachem fait constamment du bien à toutes ses créations. Il les comble de vie, de santé, d'intelligence, de nourriture et de bien d'autres choses encore. En effet, le verset dit : "le monde a été créé pour la bonté" (olam 'hessed yibané - Téhilim 89,3).
Le désir d'Hachem est de faire du bien à Ses créations, et Il a créé le monde uniquement dans ce but, afin qu'il y ait des personnes pour lesquelles Il puisse faire preuve de bonté.

-> Quelle est la plus grande bonté qu'Hachem puisse faire pour nous?
Le Ram'hal (Déré'h Hachem (pt.1, ch.2) explique qu'Hachem est le summum de la bonté et que, par conséquent, la plus grande chose qu'Il puisse faire est de nous laisser nous attacher à Lui et profiter de cette connexion.
Ailleurs, le Ram'hal (introduction au Messilat Yécharim) écrit : "L'homme a été créé dans le seul but de se délecter d'Hachem et de se délecter de la splendeur de la Présence divine, ce qui constitue la joie ultime et le plus grand de tous les plaisirs de l'existence".

[un juif vit sa vie en s'efforçant de gagner la récompense ultime qui consiste à profiter d'avoir le plus de proximité avec la gloire d'Hachem dans le monde à venir, ce qu'il fait en accomplissant les mitsvot et en apprenant la Torah (qui sont des moyens de nous y attacher). ]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.2) ajoute une condition effrayante qui doit être remplie pour que l'on puisse recevoir cette récompense :
"Le fait que l'homme mérite ou non de se prélasser de la gloire d'Hachem dans le monde à venir dépend de son attachement à Hachem de toutes ses forces pendant qu'il est encore en vie.
[S'attacher à Hachem] signifie s'attacher à Ses Attributs. Tout au long de sa vie, une personne doit s'efforcer d'acquérir les Attributs Divins, qui consistent à ne faire que du bien et de la bonté.
Elle méritera alors de rester pour l'éternité devant Hachem et d'assouvir le désir de son âme. Cela n'arrivera pas à quelqu'un qui n'a pas vécu sa vie en essayant d'aider les autres. S'il agit à l'encontre des voies d'Hachem, comment pourra-t-il finalement s'attacher à Hachem dans l'autre monde?"

-> La guémara (Roch Hachana 17b) rapporte qu'Hachem a enseigné à Moché Rabbénou que si le peuple juif commet une faute, il doit dire les 13 Attributs Divins de Miséricorde, et Hachem lui pardonnera. Hachem a même fait une alliance pour qu'ils soient toujours exaucés de leur demande.
Pourtant, les commentaires notent que beaucoup ont essayé mais ne semblent pas avoir réussi.
Le Eitz Yossef, commentant la guémara, cite le Alchikh haKadoch et répond que la guémara ne dit pas que nous devrions dire les 13 Attributs, mais plutôt : "Ils feront devant Moi les 13 Attributs" (yéassou léfanaï kesseder hazé) = seule une personne qui met en œuvre concrètement ces traits de bonté et de miséricorde en elle-même (à l'image d'Hachem) a la garantie qu'Hachem répondra à ses prières lorsqu'elle sera elle-même dans le besoin.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - pt.2, ch.7) ajoute que quelqu'un qui nie la nécessité de faire du 'hessed est sévèrement étiqueté par nos Sages comme un hérétique qui nie les fondements du judaïsme.
La raison en est que : "Hachem est la source de tout bien et de toute bonté et Il a créé l'ensemble de la création dans le but que Ses créations acquièrent des mérites afin qu'à la fin, Hachem soit en mesure de leur donner Sa bonté et tous Ses bienfaits.
C'est dans ce but que la Torah et toutes ses mitsvot nous ont été données ... Par conséquent, si une personne nie le concept de 'hessed et se dit : "Qu'est-ce que le 'hessed a à voir avec moi?", elle est considérée comme si elle avait nié Hachem".

-> Une personne qui a passé sa vie à apprendre la Torah et à faire des mitzvos recevra certainement une récompense ; cependant, elle ne pourra pas jouir du plaisir exquis de s'attacher à Hachem si elle ne s'est pas transformée pour devenir un donneur comme Hachem.
[Il y a un nombre infini de niveaux à cela et plus on devient généreux, plus on est capable de s'attacher à Hachem. ]
Le but ultime de Sa création ne sera pas atteint et le désir d'Hachem de nous procurer un bonheur infini sera frustré.

L'insistance de la Torah sur l'importance des midot et du ben adam la'havéro (comportement avec son prochain) découle du but ultime du monde : le désir d'Hachem d'accomplir la bonté pour Ses créations.
Le Rav Chaim de Volozhin exhortait constamment ses élèves à aider les autres au mieux de leurs capacités.
Il leur disait : "Imitez Hachem! Faites de vous quelqu'un qui agit à l'image de D. et vous mériterez ainsi la félicité et le bonheur éternels de vous prélasser de Présence Divine d'Hachem dans le monde à venir."

Le Rachba (Responsa 1:149) explique la bénédiction de Boré Néfachot, prononcée après certains aliments, comme signifiant qu'Hachem a créé de nombreuses personnes qui manquent du nécessaire pour vivre (boré néfachot rabot vé'hesronot). Comment cela peut-il être considéré comme un éloge d'Hachem? Ne serait-il pas préférable de nous avoir créés complets?
Une explication est qu'en faisant en sorte que les gens manquent de tout ce dont ils ont besoin, Hachem a intégré dans la composition du monde la nécessité pour les gens de faire du 'hessed les uns avec les autres. Cela permet à chacun de L'imiter en donnant aux autres et d'atteindre ainsi la grandeur spirituelle.

-> Au moment de l'ouverture de la mer Rouge, le peuple juif a chanté le chant (chira) de la mer, et ils y ont proclamé : "Zé Kéli vé'anvéhou" (c'est mon D. et je Le glorifierai).
La guémara (guémara Shabbath 133b) nous enseigne que le mot "anvéhou" est composé de deux mots : ani et véhou (moi et Lui), et signifie : "Tout comme Il est miséricordieux, vous devez être miséricordieux ; tout comme Il est compatissant, vous devez être compatissants" (Ma hou ra'houm, af ata ra'houm, ma Hou 'hanoun, af ata 'hanoun).
=> La méthode dont nous disposons pour glorifier Hachem consiste à imiter Ses voies bienveillantes et à faire de notre mieux pour toujours aider les autres.

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+ Qu'est-ce qu'un Adam?

-> La Torah désigne l'être humain sous le nom d'adam (אדם).
[ Qui est appelé "Adam"? Seul Israël (les juifs) est appelé Adam et non les nations du monde. (guémara Yébamot 61a)]

Le Chla haKadoch écrit que ce mot peut être lu de deux façons, avec des significations opposées.
Si quelqu'un se conduit avec les midot d'Hachem et est donc lié à Lui, il est appelé adam, du mot adamé, qui signifie "j'imiterai". Il est le sommet de la création, ressemblant à Hachem lui-même. C'est l'image de l'homme que l'on trouve sur le Trône de Gloire d'Hachem, et à cet égard, l'homme est même plus grand que les anges.
Les anges ne peuvent faire que ce qu'on leur ordonne de faire, mais l'homme peut choisir de changer et de s'élever pour devenir une image ambulante d'Hachem dans ce monde.

Cependant, si l'homme n'a aucun lien avec Hachem et agit d'une manière contraire à aux bonnes midot d'Hachem, il est appelé adam, du mot adama (la terre). Il a été créé à partir de la terre et c'est là qu'il retournera, et il ne possède aucune grandeur au-delà de la terre d'où il a été tiré.

[le terme Adam ne renvoie qu'aux juifs, car il est l'état le plus élevé de la Création (même supérieur aux anges!), lorsqu'un être humain dépasse sa naturalité animale pour imiter les midot d'Hachem. ]

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-> Le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam - pt.2, ch.10) écrit que les âmes du Gan Eden seraient prêtes à renoncer à toute leur part dans le Monde à venir pour avoir l'opportunité de revenir dans ce monde et d'accomplir des mitsvot.

=> Une telle affirmation est basée sur le plus grand désir que l'on puisse avoir : le désir de la vie elle-même. La vie signifie la capacité d'imiter Hachem en devenant un donateur pour les autres, et cela ne peut se faire que dans ce monde.

-> Le rav Wolbe développe l'idée que la vie nous est donnée pour aider les autres, et la pulsion de vie inhérente est en fait le désir ardent de l'âme d'imiter Hachem et d'utiliser sa vie pour faire tout ce qu'elle peut pour le bien des autres.

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+ Un Ben Olam haBa :

-> La guémara (Taanit 22a) raconte que Rav Béroka 'Hoza'a rencontra Eliyahou haNavi sur la place du marché et lui demanda si quelqu'un sur le marché était un ben Olam HaBa (un membre du monde à Venir).
Eliyahou indiqua deux personnes qui entraient sur le marché et déclara qu'elles remplissaient les conditions requises. Rav Béroka se précipita vers eux pour leur demander ce qu'ils faisaient. Ils répondirent qu'ils étaient des comiques et que lorsqu'ils voyaient quelqu'un se sentir déprimé ou triste, ils lui faisaient une blague et lui remontaient le moral. S'ils voient deux personnes se disputer, ils s'efforcent de faire la paix entre elles.

Cela semble surprenant. Certes, nous pouvons en déduire l'importance qu'Hachem accorde au fait d'aider les autres et de les rendre heureux, car Il les récompense par le monde à Venir (olam haba). Mais étaient-ils les seuls, sur toute la place du marché, à mériter une récompense dans le monde à Venir? Il y avait certainement d'autres personnes qui apprenaient la Torah et accomplissaient des mitsvot, et qui méritaient également le Olam haBa.

Les commentateurs font une observation fascinante sur le langage de la guémara. Rav Béroka a demandé s'il y avait un ben Olam haBa "sur ce marché". Il ne voulait pas dire "qui ici va gagner une récompense dans le monde à venir".
Il demandait plutôt au prophète Eliyahou : "En ce moment même, qui sur le marché est une personne qui vit déjà comme une personne du Olam haBa ?".
Eliyahou a répondu : les deux comiques qui font tout pour remonter le moral des gens tristes. Leur seul intérêt est d'aider les gens qui souffrent, qui est la mida de ceux qui sont déjà dans le Olam haBa.
De même qu'Hachem se consacre exclusivement au bien d'autrui, tous ceux qui se trouvent dans le monde à Venir partagent cette mida. Et la personne qui la pratique dans ce monde a le statut de ben Olam haBa bien avant d'y arriver.

En revanche, nos Sages (Pirké Avot 3,11) disent que quelqu'un qui embarrasse publiquement une autre personne n'a pas de part dans le monde à venir.
Nos Sages du moussar expliquent qu'il ne s'agit pas d'une punition, mais que cela signifie plutôt qu'une telle personne n'a aucun lien avec le Olam haBa.

D'après le principe du 'Hafetz 'Haïm, il s'agit là d'un principe élémentaire. Le Olam haBa (monde à Venir) est l'endroit où l'âme se connecte totalement avec Hachem. Hachem est la source et l'ultime moyen de faire du bien aux autres. Une personne qui se soucie si peu des autres qu'elle est capable d'infliger à une autre personne la douleur insupportable d'une humiliation publique ne peut avoir aucun lien avec la source de toute bonté.

[pour un petit plaisir d'avoir le dernier mort, d'écraser autrui pour me se valoriser, ... on l'humilie (et on se donne bonne conscience : ça va c'est rien! c'est une petite nature!), et alors comme prix à payer on aura des regrets et une souffrance éternelle d'être plus éloigné de papa Hachem, réduisant la qualité de notre monde futur.
D'une certaine façon, un ben Olam haBa est quelqu'un qui a déjà la tête dans le monde à Venir (ex: notre passage dans ce monde est si rapide pour se prendre la tête avec autrui, aidons-nous plutôt!), et ainsi n'aborde pas les choses comme les non-juifs avec l'instinct naturel, mais plutôt avec la hauteur, la noblesse, d'un juif.]

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+ Le lachon ara :

-> Le lachon ara est considéré comme l'une des transgressions les plus graves de la Torah, au point que nos Sages l'assimilent aux 3 péchés capitaux réunis que sont : l'idolâtrie, le meurtre et les relations illicites. [c'est une faute 3 en 1]

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2) en donne l'explication suivante :
"Le fait que les gens parlent de lachon ara et d'autres paroles blessantes similaires est uniquement dû à l'énorme fossé qui existe entre elles et l'autre personne (sur laquelle elle parle). Ce fossé est si grand qu'elles ne ressentent pas [leur prochain] et ne le connaissent même pas. [n'essayant nullement d'être à sa place pour comprendre/expliquer son comportement, ... ]
En vérité, comment est-il possible pour quelqu'un de dire quelque chose de mal à propos d'une autre personne s'il dépensait ne serait-ce qu'une petite quantité de pensée pour cette personne. S'il entendait son cri, lorsqu'il supplie : "Ayez pitié de moi et ne me mettez pas dans l'embarras" ... "

[ainsi lorsqu'une personne dit du mal de quelqu'un d'autre, c'est parce qu'elle ne voit pas ou ne pense pas un seul instant à la personne dont elle parle, et qu'elle peut donc dire ce qu'elle veut sans se rendre compte de la terrible douleur qu'elle inflige.]

-> Il existe une coutume répandue qui consiste à dire les 10 Rappels (zékhirot) que nous devons avoir quotidiennement, après la prière de cha'harit. Il s'agit de : le Shabbath, la sortie d'Egypte, le don de la Torah sur le mont Sinaï, la faute du Veau d'or, l'obligation d'exterminer notre ennemi juré Amalek, ...
Le 8e Rappel consiste à se souvenir comment Myriam a été punie pour avoir parlé du lachon ara à propos de son frère Moché.
Qu'y a-t-il de si fondamental avec toute parole de lachon ara pour qu'il soit compris avec les Rappels les plus importants du judaïsme et qu'il soit prononcé tous les jours?

Le rav Chatzkel Lévenstein en tire la leçon suivante :
"Le principe fondamental de toute chose est d'imiter Hachem, qui est la source de tout bien et de toute bonté. Mais le lachon ara est méchant, l'exact opposé du but recherché qui est de s'attacher à la bonté".
Ce principe est si important qu'il faut s'en souvenir tous les jours.

Témoigner du ‘hessed à autrui = une question de vie et de mort!

+++ Témoigner du 'hessed à autrui = une question de vie et de mort!

-> "Si quelqu'un donne une prouta [une petite pièce de monnaie] à un pauvre, il reçoit 6 bénédictions ; s'il le console, même s'il ne lui a pas donné d'argent, il reçoit 11 bénédictions".
[guémara Baba Batra 9b]

[ le Maharcha note que si on a de l'argent à donner, on est certainement tenu de le faire. La guémara veut seulement dire que si on n'a pas d'argent, on recevra tout de même 11 bénédictions si on parvient à le consoler. Si on donne de l'argent et qu'on le console, on recevra 17 bénédictions. ]

-> Le simple fait de donner de l'argent à un pauvre est un acte de tsédaka et mérite une bénédiction. Il peut s'agir de donner froidement un euro à quelqu'un qui en a demandé un.
En revanche, consoler une personne exige de sortir de sa zone de confort personnelle. Cela implique de se mettre à la place de l'autre personne pour ressentir sa douleur et sa honte d'avoir à demander de l'aide.
Nos Sages enseignent que "les mots qui sortent du cœur entrent dans le cœur". Une personne n'est consolée que si elle entend une préoccupation sincère dans les paroles de celui qui parle.
Si elle entend que la personne qui lui parle ressent vraiment sa douleur et voit que le langage corporel de la personne qui lui parle exprime une préoccupation et une attention réelles, alors elle sera réconfortée et consolée.
S'il repart réconforté, c'est le signe que le donateur a atteint le niveau élevé de 'hessed dans lequel "il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour la personne pauvre" (Rachi - guémara Soucca 49b). Et pour cela, il mérite beaucoup plus de bénédictions que quelqu'un qui n'a donné que de la tsédaka.

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-> Imaginez que vous êtes dehors par une journée caniculaire, assoiffé, lorsque vous voyez soudain quelqu'un marcher dans la rue et distribuer des gobelets de lait glacé à tous les passants. Vous seriez impressionné par sa générosité et sa sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent de la chaleur.
Pourtant, la guémara (Kétoubot 111b) affirme que sourire à quelqu'un est encore plus important que de lui donner une tasse de lait.

[ le rav Shimshon Pinkous explique que la guémara a utilisé l'exemple d'une tasse de lait, car non seulement elle étanche la soif comme l'eau, mais elle contient également des nutriments qui renforcent et nourrissent le buveur.
(ainsi le fait de sourire va encore davantage donner des forces et des aliments au moral d'autrui)]

-> La michna (Pirké Avot 1,15) enseigne que nous devons saluer quelqu'un "avec un visage bienveillant" (bé'séver panim yafot).
Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.5) souligne qu'il ne s'agit pas d'un niveau élevé réservé uniquement aux grands tsaddikim. L'auteur de cette michna est le sage Chamaï. Tout au long de Talmud (du Shass), Chamaï est connu pour suivre strictement la halakha (sans ajout personnel).
Si Shamaï nous dit que nous devons saluer tout le monde de manière bienveillante/amicale, cela signifie qu'il s'agit d'une exigence fondamentale absolue de la loi de la Torah, et non d'un supplément facultatif.

La guémara (Béra'hot 6b) va jusqu'à dire que si quelqu'un souhaite le shalom à un passant et que celui-ci ne répond pas, ce passant est qualifié de voleur (guézel shalom).
Le rav Dessler prouve ici que je "possède" le droit d'être salué par vous, et que si vous ne me saluez pas, vous me volez quelque chose que je mérite légitimement.

[le fait de saluer agréablement autrui est une chose tellement vitale, indispensable, à la vie d'autrui que la loi juive e base nous impose de le faire. ]

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+ Etre honorer (kavod) = le plus grand besoin de toute personne :

-> L'importance de la manière dont nous nous traitons les uns les autres est résumée par nos Sages (Avot déRabbi Nathan 13,4) dans les mots suivants :
"Celui qui offre à son ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais qui le fait avec une expression amère sur le visage, la Torah considère que c'est comme s'il ne lui avait rien donné.
Mais celui qui salue son ami avec une expression agréable, même s'il ne lui a rien donné, la Torah considère que c'est comme s'il lui avait donné tous les meilleurs cadeaux du monde!"

[ le Shach (Yoré Déa 249,3) cite le Smag selon lequel il transgresse également le commandement négatif de "Ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes" (Réé 15,10).
La guémara ('Haguiga 5a) dit que Rav Yanaï a enseigné que si quelqu'un embarrasse publiquement un pauvre en lui donnant de l'argent, il vaut mieux ne pas lui donner du tout. ]

=> Pourquoi la Torah accorde-t-elle une telle importance au sourire et aux salutations amicales? Pourquoi le fait de donner avec une expression amère est-il considéré comme ne rien donner?

-> Le plus grand besoin émotionnel d'une personne est d'être validée, respectée et appréciée. C'est le besoin et le désir d'honneur (kavod), que les maîtres du moussar enseignent comme étant le plus grand et le plus puissant de tous les désirs humains.

Qu'est-ce que le kavod?
Tout ce qui existe dans ce monde a la valeur que nous lui donnons, qui est généralement mesurée par la somme d'argent que nous sommes prêts à payer pour l'acquérir.
Le prix élevé d'un diamant rare montre qu'il a de la valeur aux yeux des gens.

Le rav Shimshon Hirsch (Yitro 20,12) dit : "le kavod est l'expression de la valeur spirituelle et morale d'un être".
Par exemple, en nous comportant avec le plus grand respect dans une synagogue, nous montrons qu'il s'agit d'un lieu d'une extrême importance. En se levant devant un séfer Torah, on montre qu'on le respecte en tant qu'objet le plus important dans la vie d'un juif.

De même, le fait de montrer du respect et de l'honneur à une personne indique à quel point nous l'estimons. Plus je l'honore, plus je lui montre ce qu'il "vaut" en tant que personne.
La nourriture et l'argent peuvent être des nécessités pour vivre, mais l'honneur d'une personne touche à l'essence de ce qu'elle est.
Nos Sages (Béra'hot 6b) nous disent que chaque fois qu'une personne est forcée d'accepter la charité, c'est comme si elle était condamnée à être punie par le feu et l'eau.
Si ce sentiment s'accompagne de la pensée que "personne ne se soucie de moi, que je suis sans importance ou indésirable", il s'agit du sentiment le plus douloureux, le plus déprimant et le plus dangereux qu'une personne puisse éprouver.
Il peut atteindre un stade où il a l'impression (même inconsciente) qu'il n'a aucune raison de vivre et où il brûle de ressentiment et de haine envers lui-même et le monde.
Les conséquences sont trop souvent douloureuses et tragiques.

Servir de la nourriture à quelqu'un avec une mine mécontente ou une attitude colérique envoie le message suivant : "Je n'aime pas te donner et je suis contrarié de devoir le faire. Tu n'es qu'une nuisance".
Ce message peut causer une énorme douleur émotionnelle à la personne qui le reçoit. Elle est rabaissée, humiliée et se sent indésirable. Elle a l'impression qu'elle est ennuyeuse à côtoyer.
Tout avantage matériel qu'elle reçoit de la nourriture qu'elle mange est insignifiant comparé à la terrible douleur qu'elle ressent en même temps.
C'est pourquoi nos Sages nous disent que c'est comme si le donneur ne lui avait rien donné.

En revanche, sourire à quelqu'un, c'est lui dire que l'on est heureux de le voir.
Cela lui dit que vous pensez qu'il mérite de l'attention et de la reconnaissance et qu'il est désiré et aimé.
Vous lui montrez qu'il a quelque chose à offrir aux autres et que sa présence vous rend heureux.
Il n'y a presque rien qui puisse exprimer votre reconnaissance et votre validation d'une personne autant que de lui offrir un sourire sincère. Sourire à quelqu'un est infiniment plus puissant que de lui donner une tasse de lait nutritif, car le sourire nourrit son âme.

[ex: La guémara (Guittin 62a) stipule qu'il est interdit de se rendre dans la maison d'un adorateur d'idoles le jour de sa fête. Rachi explique que nous avons peur que le non-juif se sente tellement excité par le fait que le juif le considère comme important et digne de respect, qu'il courra louer et remercier son idole. (on voit à quel point un acte de valorisation donne de la force à autrui!)]

Par conséquent, si vous accueillez votre ami avec une expression agréable, même si vous ne lui apportez aucun avantage physique, nos Sages considèrent que c'est comme si vous lui offriez tous les meilleurs cadeaux du monde.

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-> Si toute trace de kavod était retirée à une personne, elle en mourrait.
[l'Alter de Slabodka - rapporté par le rav Wolbe - Alé Shour - vol.2)

[dans notre génération grâce à D. nous avons généralement des moyens pour subvenir à nos besoins nécessaires, mais par contre nous sommes tous très pauvres dans le kavod.
Ainsi, en souriant à autrui, en lui donnant de l'écoute, des mots positifs/d'appréciation, alors nous évitons qu'il soit trop affamé (donc mal dans son intériorité), nous évitons qu'il soit un mort vivant car sans une alimentation en kavod (le risque est qu'il perde sa vie à rechercher sa dose de kavod dans le regard des autres, en vendant ses valeurs pour cela).]

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+ L'exemple de la mitsva d'hospitalité :

-> Ce concept est illustré dans une halakha importante.
Le Rambam (Hilkhot Avel 14,1) énumère de nombreux types de 'hessed qu'une personne doit accomplir : visiter les malades, réconforter les personnes en deuil, accompagner les morts, subvenir aux besoins d'une mariée, raccompagner les invités, s'occuper de tous les détails de l'enterrement, rendre heureux les mariés et subvenir à leurs besoins.
De cette liste, quelle mitsva mérite la plus grande récompense?

Le Rambam écrit que le fait de raccompagner un invité après l'avoir accueilli reçoit la plus grande récompense de toutes, et que ce 'hessed unique a été institué par le pilier du 'hessed, Avraham Avinou.

Cela demande une explication. A priori, la partie essentielle de la mitsva est certainement de prendre soin de l'invité et de répondre à tous ses besoins (lorsque nous le recevons chez nous).
Mais le Rambam souligne que l'accompagnement de l'invité est plus important que l'accueil proprement dit.

-> "La récompense pour raccompagner une personne est sans limite"
[guémara Sotah 46b]
[nos Sages rapportent que même des non-juifs racha qui ont raccompagné les juifs (même 2-3-4 pas) ont reçu une grande récompense pour cela.]

-> Le Sma'h ('Hochen Michpat) enseigne que de nos jours nous devons accompagner notre invité jusqu'à la porte ou au moins sur une distance de 2 mètres.

-> Le Rambam (Hilkhot Avélout - chap.14,2) écrit : "La mitsva d'accompagner est supérieure à toute, c'est la loi qu'a érigée Avraham, l'hospitalité est plus grande que l'accueil de la Présence Divine, et il est plus important de raccompagner les invités que de les recevoir ...
Toute personne qui ne raccompagne un invité, c'est comme s'il avait fait couler son sang"

-> Rabbi Yits'hak Berkovits explique ces propos :
"La mitsva de recevoir des invités l'est essentiellement afin de leur garantir : nourriture et hébergement.
Cependant, accompagner un invité est considéré comme étant plus important que cela, car on lui témoigne de l'honneur, ce qui va développer sa confiance en lui, et qui l'aidera ainsi à faire face à la suite de sa vie."

-> Le Saba de Kelm donne l'explication remarquable suivante :
"Nos Sages nous ont révélé ce qui se trouve dans le subconscient profond de l'invité.
Il est assis dans la maison de son hôte, appréciant la délicieuse nourriture, mais de temps en temps, l'idée lui vient que l'hôte veut peut-être qu'il parte déjà.
Même après que l'hôte l'a nourri, lui a donné à boire, lui a fourni un endroit pour dormir et l'a traité comme un roi, l'invité est toujours tourmenté par le soupçon que l'hôte serait peut-être plus heureux s'il n'était plus là. Il en aura la preuve dès que je partirai ... il fermera immédiatement la porte derrière moi et poussera certainement un soupir de soulagement en se libérant enfin de moi (ex: enfin, bon débarras!).
Si l'invité quitte la maison avec le sentiment que son hôte est heureux qu'il parte enfin, l'hôte est considéré comme un meurtrier. L'invité se lamente dans son cœur d'avoir été un invité indésirable dont l'hôte ne demandait qu'à se débarrasser. Si l'invité se sent ainsi, c'est comme si son sang avait coulé!
En revanche, si l'hôte accompagne l'invité, ne serait-ce que 4 amot (2 mètres), l'invité aura le sentiment que l'hôte a apprécié sa compagnie et qu'il était heureux de l'accueillir.

De cette façon, il repart avec une joie qu'il était un invité désiré, et que l'hôte était heureux qu'il soit là. Le Saba de Kelm conclut : "Insuffler ce sentiment à un invité et lui faire sentir qu'il est heureux et désiré est le principe fondamental de la mitsva d'accueillir des invités".

Nous parlons d'un hôte qui a donné à son invité tout ce dont il avait besoin et qui l'a fait de manière agréable sans exprimer le moindre signe de contrariété ou d'insatisfaction. Pourtant, s'il n'a pas raccompagné l'invité, il n'a pas pu éliminer le sentiment fugace (jamais exprimé et peut-être même pas remarqué, totalement inconscient) de l'invité de se sentir indésirable. Provoquer un tel chagrin d'amour à quelqu'un équivaut à le tuer!
L'hôte n'accomplit pleinement la mitsva d'hospitalité que si l'invité repart en se sentant apprécié.

Accompagner l'invité prouve que toute la nourriture, la boisson, le logement et la compagnie fournis à l'invité l'ont été dans le même état d'esprit et dans le même but, transformant tout ce qui a été fait en un 'hessed parfait, comme l'exige la Torah.

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-> Selon la guémara (Sotah 46b), en raccompagnant son invité, on s'assure qu'il ne subisse pas de mal.

Le Maharcha (Sotah 45b) explique qu'en raccompagnant son invité, on permet aux "anges gardiens" de pouvoir accompagner notre invité après notre départ, le protégeant alors de tout danger jusqu'à sa destination.

Le Méam Loez (Vayéra 18,16) enseigne qu'il est extrêmement bénéfique de raccompagner son visiteur, car ainsi la Présence Divine l'accompagne et le protège sur la route du retour.

[on peut éventuellement dire qu'en faisant l'effort de raccompagner un invité, lui témoignant amour et considération, par cela on montre à Hachem qu'on aime sincèrement notre frère juif, et ainsi Hachem est tellement heureux qu'Il se joint à nous, et par conséquence l'invité est protégé sur son chemin.
On voit là l'importance de faire du 'hessed pour faire plaisir à papa Hachem, et pour amener sur nous Sa Présence et les plus belles bénédictions.]

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-> Nos Sages (Béra'hot 6b) nous disent que chaque fois qu'une personne est forcée d'accepter la charité, c'est comme si elle était condamnée à être punie par l'eau et le feu.
Elle brûle de la honte d'être un preneur et d'être considérée comme infructueuse. Cependant, si l'hôte fait sentir à son invité qu'il était heureux de l'avoir et de le servir, et qu'il a apprécié sa compagnie, il transforme son invité en donneur plutôt qu'en preneur.
Non seulement il élimine toute honte d'être un preneur, mais il transforme l'invité en donneur, en tant que personne qui a procuré du plaisir et du bonheur à son hôte.
Il y a un renversement complet des rôles. [en le raccompagnant, on lui fait comprendre qu'on a été honoré de profiter de sa présence, qu'il est quelqu'un de si bien et agréable, qu'on en a tiré beaucoup de joie. Certes cela nous a demandé des efforts de le recevoir, mais en comparaison de ce que sa présence nous a apporté ... ]

Faire ressentir à celui que l'on reçoit qu'il est vraiment celui qui donne le plus, est la vraie grandeur et la perfection ultime du 'hessed.

-> La guémara (Soucca 49b) nous enseigne que "Rabbi Elazar a dit : 'La tsédaka n'est récompensée qu'en fonction du 'hessed qu'elle implique'".
Rachi explique que le don d'argent proprement dit est appelé : tsédaka.
Il ajoute que la notion de : " 'héssed" signifie : "chénoten libo védaato létovato chél ani" = il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour le pauvre.
Dans notre scénario, la tédaka est l'accueil de l'invité, la nourriture et le confort fournis. Et le 'hessed de la mitsva est de s'assurer que l'invité reçoive le meilleur, c'est-à-dire le sentiment qu'il n'est pas un preneur mais un donneur.

=> Ce concept ne s'applique pas uniquement à l'accueil d'invités. Nous devons apprendre à l'appliquer à toutes nos interactions avec d'autres personnes, quelles qu'elles soient.
Si la personne avec laquelle nous avons interagi a le sentiment d'avoir été une gêne et un fardeau pour nous, ou que nous la considérons comme un raté/boulet de la société, alors nous avons échoué dans notre ben adam la'havéro (relation avec autrui).
Si elle repart avec le sentiment chaleureux que nous avons apprécié de passer du temps avec elle et que nous la respectons en tant que personne, alors nous avons réussi dans le domaine de la Torah et nous marchons dans les voies d'Hachem.

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[Hachem également nous donne tellement de chose à chaque instant, et pour nous épargner le "pain de la honte", Il va nous demander un petit service (qu'Il n'a pas besoin car étant parfait), et cela va effacer tout sentiment de honte (certes Hachem me donne beaucoup, mais j'ai la sensation d'agir également pour Lui, donc je n'ai pas une dette de redevabilité). ]
[naturellement une personne n'aime pas être en situation de redevabilité envers une autre, et c'est donc un grand 'hessed de permettre à autrui de perdre ce sentiment d'infériorité, d'être lié à nous retourner une faveur. ]

Une Torah de ‘hessed

+++ Une Torah de 'hessed :

-> La Torah commence par de la guémilout 'hassadim et se termine par des guémilout 'hassadim.
Son début est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : "Et Hachem fit pour Adam et sa femme des vêtements de peau et les habilla". Et sa fin est un accomplissement de bonté, comme il est écrit : Hachem l'enterra à Gaï".
[guémara Sotah 14a]

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (préface à son Ahavat 'Hessed), cela nous apprend l'importance considérable que la Torah accorde au 'hessed. Si la Torah commence et se termine par le sujet du 'hessed, cela signifie que le thème central de toute la Torah doit être le 'hessed.

Le 'Hafets 'Haïm commence alors à énumérer tous les endroits où l'on trouve des exemples de 'hessed dans le 'houmach. Après plusieurs pages, il cite un exemple tiré de la paracha Michpatim, puis il écrit :
"Je ne vais plus énumérer en détail tous les endroits où la Torah a parlé de 'hessed. La personne avisée réfléchira à ce que j'ai écrit et se rendra compte que le caractère de 'hessed est si saint que toute la Torah en est remplie et qu'une personne doit s'efforcer de le pratiquer toute sa vie".

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+ Ce n'est pas un mensonge :

-> Si votre ami a acheté un nouveau vêtement et vous demande si vous le trouvez beau, la halakha dit que vous devez en faire l'éloge, même si vous ne l'aimez pas du tout.
Cela nécessite une explication, car cela semble contredire le commandement de la Torah "il faut rester loin du mensonge" (Michpatim 23,7).
La guémara (Kétoubot 17a) répond que nous apprenons ici que : "il faut toujours s'efforcer de s'entendre avec les gens".
=> Cependant c'est difficile à comprendre : le fait de vouloir être amical et de n'offenser personne nous autorise-t-il à mentir?

Nos Sages nous enseignent quelque chose de très profond sur la psychologie humaine.
Rachi explique que la guémara nous enseigne qu'il est permis de "faire pour chacun ce qu'il veut".

Le rav Kalonymus Kalman Shapira of Piaseczna ('Hovat haTalmidim - p.64) explique plus en détail :
Si une personne vous demande ce qu'elle pense de son nouveau costume, elle n'est pas intéressée par votre opinion sur le fait qu'il soit beau ou non. Une personne ne supporte pas de perdre son amour-propre en s'entendant dire qu'elle a acheté quelque chose de mauvaise qualité ou de mauvais goût.
S'il pensait que vous pourriez dire que ce n'est pas bon ou qu'il ne vaut pas ce qu'il a payé, il ne vous l'aurait jamais demandé!
En vous demandant votre avis, il vous dit en réalité : "S'il vous plaît, faites-moi un compliment!
Le fait que vous disiez à quel point vous l'aimez n'est rien d'autre que le fait d'accéder à sa demande.

C'est ce que Rachi entend par "tu peux faire pour lui ce qu'il veut".
Ce n'est pas un mensonge, puisqu'il ne vous a jamais demandé de donner votre véritable avis.
C'est ainsi que la Torah attend d'une personne qu'elle se comporte avec les autres. Elle exige de voir les autres à travers la lentille d'un baal 'hessed, de voir, de sentir et d'entendre ce qu'ils veulent vraiment et de faire ensuite tout ce qui est en votre pouvoir pour le leur fournir.

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=> Que se passerait-il si quelqu'un ignorait le conseil de nos Sages et exprimait sa véritable opinion sur le vêtement?

Le Roch (Or'hot 'Haïm lehaRoch 91), écrit que cela causera à la personne un 'halichat hadaat, littéralement une "faiblesse de l'esprit". Elle se sentira inadéquate et embarrassée par sa propre stupidité d'avoir acheté un tel objet.
Le Roch qualifie un tel commentaire [de notre part sous couvert de dire la vérité] d'"acte d'imbécile".
Aux yeux de la Torah, seul un imbécile peut faire sentir à quelqu'un d'autre qu'il ne vaut rien et qu'il n'a pas réussi. L'homme sage est celui qui aide les gens à se sentir bien dans leur peau, dans toutes les situations.

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+ Le 'hessed dans un couple :

-> Le verset (Michpatim 21,3) écrit qu'à la fin de ses 7 années d'esclavage, l'esclave hébreu (l'éved ivri) est libéré et sa femme l'est également. ["s'il était marié, sa femme sortira avec lui" ]
Cela laisse perplexe, car sa femme n'a jamais été esclave.

Le rav Yonathan Eibshitz (Tiféret Yonathan) donne l'explication suivante :
"La Torah nous enseigne qu'un mari et sa femme sont comme une seule et même personne, et que s'il souffre, elle ressentira également cette douleur. Même si elle n'a pas été vendue et n'a pas servi d'esclave, néanmoins, puisqu'ils sont comme une seule personne, et qu'il souffre d'être esclave, c'est comme si elle était également esclave avec lui.
C'est pourquoi la Torah écrit que sa femme est libérée avec lui, parce qu'elle était aussi esclave"

-> L'expression ultime du 'hessed, qui est le fait de ressentir les sentiments d'une autre personne comme s'il s'agissait des siens, est pleinement possible dans le cadre du mariage. La Torah considère comme acquis qu'une femme est si profondément en contact avec les émotions et les expériences de son mari qu'elle les reflétera exactement et les vivra elle-même.
C'est le modèle que la Torah attend pour toutes les relations ben adam la'havéro (une personne avec son prochain).

-> Un jour, alors que sa femme avait mal à la jambe, le rav Arié Lévine répondit au médecin demandant la raison de leur visite : "Nous avons mal à la jambe".

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+ Le lachon ara

-> La Torah interdit de dire du lachon ara.
Le 'Hafets 'Haïm consacre plusieurs livres à la gravité et à l'énormité de cette faute, que nos Sages assimilent aux 3 péchés capitaux réunis que sont l'idolâtrie, le meurtre et les relations illicites.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.2) en donne l'explication suivante :
"Le fait que les gens parlent de lachon ara et d'autres paroles blessantes similaires est uniquement dû à l'énorme fossé qui existe entre elles et l'autre personne (sur laquelle elle parle). Ce fossé est si grand qu'elles ne ressentent pas [leur prochain] et ne le connaissent même pas. [n'essayant nullement d'être à sa place pour comprendre/expliquer son comportement, ... ]
En vérité, comment est-il possible pour quelqu'un de dire quelque chose de mal à propos d'une autre personne s'il dépensait ne serait-ce qu'une petite quantité de pensée pour cette personne. S'il entendait son cri, lorsqu'il supplie : "Ayez pitié de moi et ne me mettez pas dans l'embarras" ... "

=> Parler du lachon ara doit être considéré comme l'un des actes les plus cruels, les plus barbares et les plus honteux que l'on puisse imaginer. En effet, la Torah pousse une personne à être un baal 'hessed, à se concentrer sur les besoins et les sentiments de son prochain juif, grimaçant à l'idée de la douleur et de la honte ressenties par l'autre personne.
Il est impossible de ressentir cela et de lui causer froidement une blessure aussi insupportable.
[le lachon ara est tellement contraire au but de la Torah ('hessed = se mettre à la place d'autrui), qu'il est aussi grave que le cumul des 3 fautes très graves, qu'il y a autant d'avertissements de nos Sages sur la gravité d'en dire. ]

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-> Nos Sages nous enseignent qu'il est préférable d'être jeté dans une fournaise ardente plutôt que d'embarrasser une autre personne en public. [guémara Baba Métsia 59a]

-> La gravité d'embarrasser quelqu'un est évidente dans la halakha du motsi chem ra.
La Torah (Dévarim 22) parle d'un homme qui a faussement accusé sa fiancée d'adultère. Il est puni en devant payer une lourde amende "car il a répandu une mauvaise réputation sur une jeune fille juive".
Cela laisse perplexe : s'il avait réussi à l'accuser, elle aurait été mise à mort. Ne devrait-il pas être puni pour le crime bien plus grave d'avoir tenté de faire tuer une femme innocente?

Rabbénou Yona (Shaaré Téchouva 3,111) répond que la Torah nous enseigne que c'est une plus grande faute d'embarrasser une personne que de la faire tuer, "car la douleur de l'humiliation est pire que la mort".

La michna (Pirké Avot 3,11) ajoute que celui qui embarrasse une personne en public "n'a pas de part dans le monde à Venir".
[le 'Hafets 'Haïm (Chmirat haLachon 2,17) se basant sur le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,14), précise que cela n'est vrai uniquement pour celui qui agit ainsi de manière habituelle, et non si cela n'a lieu qu'une fois (très occasionnellement).]
Nos maîtres du moussar expliquent qu'il ne s'agit pas d'une punition, mais qu'une telle personne n'a aucun lien avec le monde à Venir (olam haba). Son essence est l'exact opposé des personnes qui méritent le monde à venir.
Quelqu'un qui se soucie si peu des sentiments d'une autre personne qu'il peut l'humilier publiquement est si éloigné de ce que désire Hachem qu'il n'aura rien avoir à faire avec Hachem dans le Monde à venir.

-> La guémara (Sotah 42a) nous dit que les personnes qui disent du lachon hara font partie de celles qui sont incapables de rencontrer la Ché'hina.

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-> Un autre exemple de la mitsva visant à éviter l'embarras d'autrui, est celui des soldats renvoyés du service militaire.
La Torah décrit de nombreuses catégories d'hommes qui ne sont pas autorisés à participer à une guerre et qui sont renvoyés chez eux depuis le front. Il s'agit notamment de ceux qui ont construit une nouvelle maison mais ne l'ont pas inaugurée, de ceux qui ont planté une vigne mais n'en a pas encore acquis la jouissance, de quelqu'un qui a promis mariage à une femme et ne l'a pas encore épousée, et également de ceux qui ont peur et dont le cœur est lâche (Choftim 20,5-8).

Dans la michna (Sotah 44a), Rabbi Yossé haGalili explique que le dernier type est celui d'une personne qui a peur d'aller au combat à cause des fautes qu'elle a commises.
Rachi explique que les trois premiers sont exemptés de la bataille parce que s'ils devaient aller à la guerre, chacun souffrirait d'une grande détresse à l'idée que quelqu'un d'autre inaugurerait peut-être leur maison, rachèterait leur vigne ou épouserait leur fiancée. Pour leur épargner ces stress, la Torah leur permet de rentrer chez eux.
Ce faisant, la Torah nous enseigne jusqu'où nous devons aller pour éviter de causer du stress à quelqu'un d'autre.

Rabbi Yossé ajoute une raison plus profonde à leur exemption du service militaire.
Le 4e type de personne a peur d'aller à la guerre parce qu'il a commis des fautes. En effet, en période de danger, une personne est susceptible d'être examinée par le tribunal céleste pour voir si elle mérite d'être sauvée et les fautes d'une personne peuvent l'empêcher de recevoir la miséricorde du Ciel.
Cependant, s'il était la seule personne exemptée d'aller à la guerre, alors il souffrirait d'un énorme embarras car les gens penseraient qu'il est forcément un fauteur.
C'est pourquoi, afin d'épargner une telle honte à un fauteur, la Torah ordonne que tous les autres groupes rentrent également chez eux. Le fauteur peut rentrer chez lui en toute sécurité, sachant que personne ne connaît la véritable raison de son départ.

=> La Torah considère qu'il vaut la peine de priver l'armée de nombreux bons combattants si, ce faisant, nous préservons le respect d'une seule personne, même d'un seul fauteur.

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-> Lorsqu'elle apportait un korban (sacrifice), une personne avait toujours le choix d'apporter soit un animal, soit un oiseau.
Les animaux étaient tués par ché'hita (trancher le cou avec un couteau), tandis que les oiseaux étaient tués par mélikah (le Cohen brise le cou avec son ongle).

Le Séfer ha'Hinoukh (124) suggère la raison suivante pour expliquer cette différence :
en général, seule une personne pauvre apportait un oiseau, car elle n'avait pas les moyens d'acheter un animal. La Torah nous enseigne que lorsqu'on a affaire à une telle personne, il faut être particulièrement attentif à l'aider le plus rapidement possible.
Le Séfer ha'Hinoukh explique que c'est pour ne pas faire perdre de temps au pauvre. C'est aussi pour qu'il n'ait pas l'impression que son korban est considéré comme moins important que celui, plus cher, de la personne riche.

Pour faire la ché'hita, il faut acquérir un couteau et s'assurer que la lame est aiguisée comme un rasoir, sans le moindre défaut. Pour éviter tout retard, la Torah ordonne au Cohen de tuer l'oiseau avec son ongle, afin que le korban soit apporté le plus rapidement possible. De cette manière, le temps et le respect du pauvre sont préservés.

Qu’est-ce que le ‘hessed?

+++ Qu'est-ce que le 'hessed? ;

-> Dès sa naissance, l'homme est par nature égoïste. Il prend soin de lui et fait tout ce qu'il peut pour s'assurer qu'il est à l'aise et en sécurité et que tous ses besoins sont satisfaits.
[en ce sens, un enfant va dire : c'est MOI qui fait, Moi je veux, ... ]
Il voit le monde et tous ses événements à travers le prisme de sa place dans le monde et de la manière dont ils l'affecteront. Toutes ses actions et tous ses processus de pensée sont fondés sur l'effort subconscient qu'il déploie pour s'avantager et améliorer sa propre situation.
Comme l'a dit le prophète : "ani vé'afsi od" = "il y a moi, et en dehors de moi, il n'y a rien" (Yéchayahou 47,8).

-> Le rav 'Haïm de Volozhin était le plus proche disciple du Gaon de Vilna, et dans l'introduction de son Néfech ha'Haïm, son fils écrit que son père avait l'habitude de les exhorter constamment : "C'est là tout l'objectif de l'homme. Il n'a pas été créé pour son propre bénéfice. Il a été créé dans le seul but d'aider les autres au maximum de ses capacités".

=> On est face à un paradoxe : l'homme a une tendance naturelle à ne penser qu'à son intérêt, son égo, et d'un autre côté la vision juive de la vie réside dans le fait de donner, d'être utile à autrui.

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+ Qu'est-ce que la notion de 'hessed?

-> La guémara (Soucca 49b) nous enseigne que "Rabbi Elazar a dit : 'La tsédaka n'est récompensée qu'en fonction du 'hessed qu'elle implique'".
Rachi explique que le don d'argent proprement dit est appelé : tsédaka.
Il ajoute que la notion de : " 'héssed" signifie : "chénoten libo védaato létovato chél ani" = il met son cœur et son esprit à trouver ce qui est le mieux pour le pauvre.
C'est-à-dire qu'il consacre du temps et des efforts à examiner la situation du pauvre (matériel, émotionnel) et à juger ce qui sera le mieux pour lui, et ce n'est qu'ensuite qu'il lui donne la tsédaka.

=> Rachi nous donne un éclairage sur ce qu'est le 'hessed = c'est exactement le contraire de "ani vé'afsi od" (il y a moi, et en dehors de moi, il n'y a rien). Au lieu de voir la situation à travers mes yeux, je m'efforce de la voir spécifiquement du point de vue de l'autre personne.
Je mets de côté mes désirs et je me concentre uniquement sur l'autre personne. Il s'agit d'un don pur pour le bien de l'autre, et non pour moi-même.

-> "Porter le fardeau de son ami" (nossé bé'ol im 'havéro - Pirké Avot 6,6).
En apparence, cela signifie que si votre ami a un problème, vous essayez de l'aider à le résoudre. Toutefois, cela ne suffit pas, car votre ami a toujours un problème.
Porter le fardeau de son ami = l'accepter sur nous de manière à ce qu'il devienne votre propre difficulté. Cela implique d'abord de reconnaître qu'il a un vrai problème qui le perturbe, puis d'essayer d'en comprendre la cause et la manière dont il l'affecte. [à mes yeux cela n'est pas une difficulté, mais je dois me mettre à sa place, voir avec ses yeux, son ressenti. (chaque personne est unique face aux choses de la vie)]
Nous devons essayer de ressentir ses émotions, d'imaginer sa douleur, ses craintes et ses doutes. Nous devons nous mettre, du mieux que nous pouvons à sa place, pour vivre ce qu'il vit.
Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrons commencer à le réconforter et à l'encourager d'une manière véritable et significative, et l'aider à trouver une solution.
[souvent en permettant à autrui de décharger en paroles son fardeau moral, alors il va beaucoup mieux, il se sent plus léger pour repartir de l'avant dans sa vie. ]

Il est à préciser : si une personne vient nous voir, affolée et sanglotant de manière incontrôlable, cela ne l'aidera pas si nous reflétons ce comportement. Au contraire, elle a besoin de quelqu'un de fort sur qui s'appuyer et qui la calme.
L'analogie est celle d'un maître-nageur qui sauve un homme en train de se noyer. Il doit se trouver dans la même situation que l'homme qui se noie, mais rester suffisamment calme pour pouvoir le sauver.
De même, l'aidant doit essayer sincèrement de ressentir l'état d'esprit et les sentiments de la personne afin de pouvoir faire preuve d'empathie, tout en gardant suffisamment de distance pour pouvoir apporter l'aide nécessaire.

-> Selon le rav Shlomo Wolbe (Alé Shour - vol. 1) : faire du 'hesed, où l'on ne s'intéresse qu'à l'autre personne (sans motifs purement intéressés), n'est possible qu'après avoir acquis l'amour du 'hessed.
Pour cela, il faut apprendre à apprécier à quel point il est important que les autres soient heureux et qu'on doit s'occuper d'eux, et à ressentir du bonheur lorsque les autres sont dans une bonne situation.

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-> Le mot gadol (גדל - grand) peut être divisé en deux parties, ג et דל (dal).
La lettre guimel s'écrit גימל, qui vient de la racine : guémilout 'hassadim (faire du 'hessed).
Dal (דל) signifie une personne pauvre.
Dans la Torah, un gadol est quelqu'un qui est gomel dal = il fait du 'hessed avec les personnes dans le besoin.

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-> Le Ramban (Mikets 42,21) explique que la principale faute des frères de Yossef en le vendant en Egypte n'était pas la vente elle-même, mais plutôt le fait qu'ils n'aient pas prêté attention à sa demande de pitié.
La cruauté d'être si insensible à la douleur d'une autre personne est le plus grand péché de ben adam la'havéro.

-> La tribu de Lévi a été épargnée par le terrible esclavage d'Egypte. Cependant, le midrach écrit qu'Hachem les a tenus pour responsables parce qu'ils n'ont pas ressenti la douleur de leurs frères au degré attendu d'eux. En conséquence, ils n'ont pas reçu leur propre terre en Eret Israel et ont toujours dû compter sur l'aide des autres. [cité dans le midrach Haggadah - p.32]

-> "L'enfant devint grand (vayigdal) ... Moché grandit (vayigdal)" (Chémot 2,10-11).
Rachi explique : "Il concentra ses yeux et son cœur (notèn énav vélibo) pour s'attrister à leur sujet".
Moché pouvait rester confortablement dans le palais de Pharaon, il n'avait pas à s'impliquer dans ce qui arrivait aux juifs. Tout juif qui aurait pu échapper à ce terrible esclavage aurait sauté sur l'occasion. [face aux horreurs et douleurs de l'esclavage égyptien]

Moché était grand, et alors que les petites personnes vivent pour elles-mêmes, les grandes personnes vivent pour les autres.
"notèn énav vélibo" = Moché a consacré du temps et des efforts à remarquer ce que vivaient les juifs et il a ressenti leur douleur, leur peur et leur lutte.
Le midrach dit que Moché a même enlevé le lourd fardeau du dos d'un juif brisé et l'a porté lui-même. Il s'est mis à leur place pour ressentir directement ce qu'ils vivaient. Ce faisant, il a été en mesure de leur apporter un soutien émotionnel en ces temps difficiles.
[ainsi la répétition de "vayigdal" nous apprend que si Moché est devenu ce si grand personnage de l'histoire juive (on a la Torah grâce à Lui!, il est inégalable en humilité ...), c'est parce qu'il a grandi autrui (ses frères juifs, fils adoré d'Hachem) en se mettant à sa place, et en conséquent mesure pour mesure, Hachem l'a grandi. ]

-> Nous trouvons un autre exemple de l'attention et du souci de Moché pour les autres lorsque Yéhochoua mena les juifs dans la bataille contre leur ennemi juré, Amalek.
Moché gravit la montagne et se tint là, les bras levés en prière pour leur succès. La Torah (Béchala'h 17,12) rapporte que ses bras devinrent lourds et qu'il s'assit sur un rocher. (tant que ses mains étaient levés ils gagnaient le combat).
En tant que chef du peuple, il aurait certainement été plus approprié de lui fournir un endroit respectable et confortable pour s'asseoir. La guémara (Taanit 11a) explique que Moché a refusé une telle option ; si le peuple juif était en détresse, il devait partager cette détresse.
La guemara apprend ainsi que nous devons ressentir la douleur des autres, que "celui qui souffre avec la communauté méritera et sera témoin de la consolation de la communauté".

-> Au buisson ardent, Rachi (Chémot 4,14) rapporte que Moché craignait que son frère aîné, Aharon, ne soit blessé par le fait que Moché ait eu l'honneur d'être le chef et le rédempteur. Le privilège d'être le chef n'en valait pas la peine pour Moché s'il devait causer de la peine et de la déception à Aharon.
Moché discuta donc avec Hachem : oui, fais sortir les juifs dès que possible (pas une seconde de souffrance en plus pour eux!), mais fais-le de manière à ce qu'Aharon ne ressente pas la moindre peine ou humiliation.
Ce n'est que lorsque Hachem assura à Moché qu'Aharon ne se sentirait pas du tout blessé, mais qu'au contraire, il serait heureux que Moché soit le chef, que Moché accepta.
Notre maître Moché, avec sa sensibilité à l'égard des autres, nous enseigne la leçon fondamentale selon laquelle la grandeur ne peut être atteinte au détriment des sentiments d'autrui.

"Si ton frère s'appauvrit, ... tu le soutiendras" (Béhar 25,35)

-> Le rav 'Haïm Vital, le disciple principal du Arizal, rapporte :
"Mon Maître donnait la tsédaka avec une grande joie et un bon cœur ...
Mon Maître disait aussi que chaque mitsva correspond à une des 22 lettres de l'alphabet hébraïque (toutes les mitsvot pouvant être regroupées en 22 correspondant aux 22 lettres). Lorsqu'un Juif accomplit une mitsva, la lettre correspondant à cette mitsva se met à briller sur son front (à qui sait le voir). Mais lorsqu'il réalise une autre mitsva, c'est la lettre correspondant à cette nouvelle mitsva qui apparaîtra, au détriment de la précédente mitsva, dont la lettre disparaîtra pour s'imprégner à l'intérieur même du front.
Cependant, la lettre correspondant à la mitsva de la tsédaka ne se retire pas aussi vite que les autres lettres correspondant aux autres mitsvot. Elle continue de briller sur le front du donateur tout au long de la semaine."

Donner la tsédaka = unir le Nom Divin

+ "Quant à moi, c'est dans la justice (tsédek) que je contemplerai Ta face" (Téhilim 17,15).
J'ai entendu dire, au nom du Baal Chem Tov, que lorsqu'on donne une pièce de monnaie à un pauvre, on réalise une unification [du nom divin יהוה].
La pièce représente la lettre youd [qui est un petit point]. Les cinq doigts du donateur font allusion à la lettre hé [qui équivaut au chiffre cinq]. Son bras étendu est comparable à la lettre vav. Et les cinq doigts du receveur correspondent à la dernière lettre, hé.
De cette manière, on attire la miséricorde Divine [qui est représentée par le nom divin יהוה]
[Mévasser Tsédek - Réé]